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du Vaucluse
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9
n°17 - mai 2007
-
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse
Historique et actualité
C’est au cours de l’année 1980 qu’un groupe de personnes autour de Maurice Heullant
(artisan menuisier) a désiré créer une section de botanique .Nous étions tous des adhérents
de la Société Mycologique. Nous faisions des sorties au printemps et en automne- période
propice au développement des champignons - et nous participions à l’exposition mycologi-
que de l’association vauclusienne. Durant plusieurs années consécutives la poussée autom-
nale des champignons a été peu productive et nos sorties se transformaient en herborisa-
tions, nous entraînant directement vers la botanique. Les objectifs étant différents, il n’était
pas possible de constituer une section au sein de la Société Mycologique. Aussi, après plu-
sieurs concertations, nous avons décidé de créer une association (loi de 1901) - Société Ont participé à ce numéro
Botanique du Vaucluse- dont les statuts ont été déposés en avril 1980. Ils stipulaient :
« Société ayant pour but de promouvoir et encourager l’étude, la connaissance et la
sauvegarde des végétaux, tant sur le point de vue scientifique qu’utilitaire ,cela par les Huguette André
moyens de sorties et excursions dans la nature, visites de parcs et musées, causeries, 30250-Junas
conférences, projections et expositions ».Six personnes en ont constitué le premier bu- andre.huguette@wanadoo.fr
reau : Mmes. Nicole Chiron, Laurence Peduzzi, Huguette André et Mrs. Maurice Heullant
- Président-, Fernand Perrin, André Laurencich. Le semestre qui a suivi a été consacré aux Jean-Claude Bouzat
sorties sur divers milieux -garrigue, montagne .etc .
26110-Condorcet
En 1981 réalisation d’une première exposition de plantes fraiches dans une salle de la
Chambre de Commerce située rue de la République à Avignon. Elle a attiré beaucoup de jean-claude.bouzat@club-internet.fr
visiteurs et beaucoup d’adhérents (40) qui sont encore, pour la plupart, présents! La SBV
démarrait bien ! Elle avait en plus la chance de disposer d’un Inventaire floristique du Mathieu Chambouleyron
département (Première parution en 1978) et surtout du soutien de son auteur, Bernard 13104- Mas Thibert
Girerd. Les conditions étaient réunies pour explorer le Vaucluse en toute saison. En moins gestion.mdv@wanadoo.fr
de 10 ans une centaine d’espèces supplémentaires sont retrouvées ou découvertes. Bernard
Girerd complète son inventaire et en 1990 une nouvelle version paraît- éditée en liaison René Delpech
avec la SBV -qui s’est engagée à publier chaque année les nouveautés s’il y a lieu .Une 84290-Sainte Cécile les Vignes
série de mises à jour ont suivi, de 1991 à 1999, d’abord sous forme de petits livrets et rene.georges.delpech@wanadoo.fr
actuellement intégrées dans le bulletin de liaison .Tout ces résultats ont été obtenus par des
recherches sur le terrain et avec les outils de détermination traditionnels- loupes et flo-
res .Actuellement nous participons à l’élaboration d’un 3ième inventaire en testant les clés Bernard Girerd
de détermination de quelques genres vauclusiens proposées par Bernard Girerd et 84250-Le Thor
Jean-Pierre Roux . bernardgirerd@cegetel.net
L’étude botanique ne se limite pas au seul département du Vaucluse ; elle s’effectue égale-
ment dans d’autres régions de France afin d’apprécier les autres milieux et aussi d’échan- Michel Graille
ger nos expériences avec des associations similaires .La conception des activités annuelles 84310-Morières les Avignon
proposées par Maurice Heullant a porté ses fruits ; j’ai dans ses grandes lignes gardé la micgrail@wanadoo.fr
même structure des programmes, qui s’avère, d’après les résultats de l’enquête proposée
dernièrement, convenir aux adhérents. Roselyne Guizard
Deux activités supplémentaires ont vu le jour avec le début de mes fonctions :
84380-Mazan
• La création d’un bulletin de liaison- projet entériné au dernier conseil d’administra-
rosedenoel@wanadoo.fr
tion que présidait Maurice (je n’y étais d’ailleurs pas favorable). Ce bulletin répon-
dait à la demande des sociétaires éloignés. Sachant que Daniel Mathieu maîtrisait
l’outil informatique et qu’il se chargeait de la maintenance, l’objectif de départ avait Odette Mandron
été fixé à 2 bulletins par an. Ce fut ensuite péniblement un seul !-la création est faci- 38700- La Tonche
le, assurer la pérennité est plus difficile ; il faut temps et technicité dans la durée. ohirondelle@free.fr
Michel Graille s’est à la suite investi et collecte vos textes et photographies….
• De même pour le site internet crée par Daniel, recrée à nouveau, mais il ne nous Jeanne-Marie Pascal
donne pas entière satisfaction. Il est donc nécessaire de réfléchir sur son maintien, 84210-Venasque
de le dynamiser afin qu’il devienne un outil d’information et d’échanges, reflet de jmpascal84@wanadoo.fr
l’activité de notre Société. En fin de séance de la dernière assemblée générale, j’ai
proposé, suite à une réunion de bureau, de constituer une commission chargée d’éta-
Jean-Pierre Roux
blir des objectifs précis liés à notre département, pour pouvoir modifier et moderni-
ser notre site.
84200 Carpentras
La commission, formée de membres du bureau et de deux volontaires présents à l’assem- cbn.84@wanadoo.fr
blée générale, se réunira au LEGTA fin avril 2007.
L’informatique un outil fantastique auquel la SBV ne peut se soustraire. Les paysages évo- Marie-Thérèse Ziano
luent, les botanistes aussi …nous ne sommes plus au temps de Linné! 84490-St. Saturnin d’Apt
Cette rétrospective m’a permis de faire un constat : la création de la SBV et son maintien mtziano@club-internet.fr
ont reposé sur le dynamisme et la disponibilité .A cela il faut ajouter la passion et l’amitié.
Nous présentons cette année une liste de 9 espèces à ajouter à l’inventaire de la flore du Vaucluse (dont une,
Potentilla collina Wibel dans les Alpes-de-Haute-Provence, mais très près du Vaucluse). Trifolium nigrescens
Viv., espèce assez fréquente dans toute la région méditerranéenne avait jusqu’alors échappé à la sagacité des
botanistes vauclusiens ! Une autre, Carex lepidocarpa Tausch, appartient au groupe très mal connu Carex fla-
va s.l. Deux d’entre elles sont des plantes citées autrefois dans le département mais dont on avait perdu la tra-
ce depuis 200 ans pour Bromus lanceolatus Roth et 150 ans pour Allium ursinum L. ; cela permet de rappeler
une nouvelle fois combien il faut être prudent avant de déclarer des espèces « disparues ». Le cas de Potentilla
pedata Willd. est intéressant car il fait surgir une espèce nouvelle à la suite d’une révision d’un groupe com-
plexe. Il en est un peu de même avec Alchemilla colorata Buser qui a toujours été confondue par manque
d’observations attentives. Enfin, l’apparition de deux espèces naturalisées (Euphorbia davidii Subils et Seta-
ria parviflora (Poiret) Kerguélen) rend compte d’un mouvement migratoire toujours d’actualité et qui risque
de s’amplifier dans les années à venir.
Alchemilla colorata Buser - Dans les Alchemilla, genre connu pulation a toujours existé mais qu’elle a simplement échappé
pour sa complexité, cette espèce appartient à la section des Pu- aux observateurs finalement peu nombreux.
bescentes Fröhner correspondant à Alchemilla hybrida L. de
P.Fournier et caractérisée par des feuilles peu profondément Bibliographie :
divisées, velues grisâtres et non soyeuses argentées comme les COLIGNON E., 1864 - Flore d’Apt. Tableau synonymi-
plantes de la section Alpinae E.G. Camus. que de quelques plantes qui croissent aux environs de cette vil-
Dans le mont Ventoux, on connaissait seulement, pour re- le. Ann. Soc. Litt. Apt 2 : 86-160.
présenter la section Pubescentes, Alchemilla flabellata Buser,
plante relativement fréquente dans toutes les parties élevées, Bromus lanceolatus Roth (= B. macrostachys Desf.) - Ce bro-
notamment sur le versant nord (Mont Serein et Contrat). Des me se différencie de tous les autres par ses épillets de grande
récoltes effectuées (herbier B.G.) sur les crêtes supérieures pro- taille (3 cm de long et plus), à arêtes fortement divergentes et
ches et à l’ouest du sommet (près du vieux pluviomètre) nous torsadées, courtement pédicellés et réunis en inflorescences
ont permis de détecter un taxon différent correspondant bien compactes. Par ces caractères, il ne peut donc pas se confondre
aux critères de A. colorata (sous-espèce de A. hybrida chez avec Bromus squarrosus L. qui lui ressemble un peu.
P.Fournier). La détermination a été effectuée par J.-M. Tison Une population a été observée (J.-P.R. et M. Barcelli) sur les
que nous remercions vivement. graviers de la Durance à Lauris (l’Amérique). Cette plante avait
C’est une plante plus petite (moins de 10 cm, sans doute à été signalée très anciennement à Avignon (Loiseleur-
cause du milieu) à feuilles dont les lobes sont nettement arron- Deslongchamps J.L.A., 1810) et jamais revue depuis.
dis et les pédicelles floraux (non les pédoncules ni les tiges !) C’est une espèce méditerranéenne, connue dans les Bouches-du
glabres ou presque, alors que chez A. flabellata, les lobes foliai- -Rhône et dans le Gard, mais très exceptionnelle plus au nord.
res sont tronqués et les pédicelles très velus.
Il s’agit d’un taxon morphologiquement très proche d’A. Bibliographie :
flabellata mais plus montagnard, passé inaperçu jusqu’à mainte- LOISELEUR-DESLONGCHAMPS J.L.A., 1810 - Notice sur
nant. Il conviendrait donc de multiplier les observations pour les plantes à ajouter à la Flore de France (Flora gallica) : [i-ii],
mieux localiser les 2 espèces. 1-172, pl. i-vi. Icones…21 tab. Paris.
Flore de Coste
Tome II
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n° 1862
n° 1863
La subsp. hirsutissima est connue au Roc Blanc, à la Tes- Après la ferme des Baumes nous empruntons la piste qui nous
sone où nous l’avons vue, sur la Serre du Pin sur la- Ser- mène au terrain d’aviation, au sud du Roc de Mérigou, à partir
rane (commune de St Maurice) et au-dessus de Saint- duquel nous herboriserons entre la Serre Pelée et le Puech Tu-
Privat vers le plateau de Courcol (trouvée par Jérémie ges, passant, sans nous en rendre compte, du Gard à l’Hérault et
Barret du CEN LR). Ensuite il faut la retrouver dans les des communes de Vissec à celles de Sorbs ou de Saint-Michel.
Pyrénées-Orientales au Montoulié de Périllos, en limite de
Il s’agit ici d’un secteur du Larzac visuellement très différent de
l’Aude, et sur le massif du Coronat à Nohèdes et à Conat. celui que l’on a l’habitude de voir plus à l’ouest, autour de l’A
75 par exemple mais, ici aussi, la préservation de ce vaste espa-
J. Molina souligne que la position d'espèce se justifie car ce naturel remarquable passe par le maintien des activités pasto-
toutes les Ancolies endémiques (de reuteri à pyrenaica) rales extensives. Il semblerait toutefois que ponctuellement cet-
sont à placer au même rang. On aurait pu choisir d'en faire te pression soit assez forte, et au début du mois de juin la Serre
des variétés ou des sous-espèces de vulgaris, mais cela Pelée méritait bien son nom.
troublait trop les habitudes, donc il a été opté pour l'espè- Dans le prolongement du terrain d'aviation, au pied de la Serre
ce. Pelée, vers 710 mètres, Nicole et quelques autres se sont attar-
dés aux abords d’une culture où ont été notés : Bupleurum ro-
Il eut été intéressant d’explorer les falaises dolomitiques, mais tundifolium, Caucalis platycarpos, Scandix pecten-veneris, Ibe-
en l’absence de débroussailleuse, nous n’avons pas pu poursui- ris pinnata, Neslia apiculata, Legousia hybrida, Acinos arven-
vre l’aventure où elle était prévue…les pierriers densément cou- sis, Papaver rhoeas, Asperula arvensis.
verts d’arbustes auront eu raison du groupe.
L’alimentation en eau provient de sources et de ruisselle- Bien que le niveau des eaux de la Cariçaie soit un peu inférieur à
ment le long de la bordure du maar tandis qu’un déversoir, celui de la ceinture externe et qu’il fluctue davantage en cours d'an-
un ruisseau affluent de la Fioule, se situe au Nord-Est. Il née (maxi en hiver), ici aussi le substrat est toujours humide
s’agit donc d’un marais topogène (avec quelques apports (mésotrophe à oligomésotrophe) car nous sommes sur le prolonge-
soligènes) ment du radeau commencé avec les Comaret, les Menyanthe et la
Prêle des eaux, d’ailleurs toujours présents dans le tapis de bryo-
Outre son intérêt intrinsèque le marais de Limagne permet phytes et de sphaignes. Sous ce radeau l’épaisseur d’eau, de tourbe
une approche pédagogique de ce type de milieu humide car, fluide ou de vase peut dépasser 2 mètres. Outre Carex lasiocarpa
particulièrement bien structuré en deux grands ensembles, il qui le caractérise on note : Carex rostrata, C. elata, C. vesicaria, C.
présente tous les gradients écologiques, depuis les bords de curta, C. diandra, et le Carex de bourbiers, Carex limosa, espèce
type minérotrophe, colonisé par des végétations flottantes ou rare et protégée. Autre espèce protégée Eriophorum gracile. On
hygrophyles, au centre de type ombrotrophe, mosaïque de note également : Agrostis canina, Drosera rotundifolia, Epilobium
groupements de tourbières à Sphaignes, en cours de coloni- palustre, Galium palustre, Viola palustris, Cirsium palustre, Scu-
sation par les Pins sylvestres et les bouleaux. tellaria galericulata.
Compte tenu du sol acide et des conditions climatiques et Depuis la place de l’église nous empruntons, sur trois kilomètres
altitudinales la végétation de la Margeride, pour la partie environ, une piste jusqu’à la cote 1324 où celle-ci recoupe la Seuge
supérieure à 1050 mètres, appartient essentiellement aux qui, au centre d’une vaste cuvette fait là une boucle de plusieurs
étages montagnard moyen (Hêtraie sapinière acidiphile) et centaines de mètres de rayon, avant de repartir vers le nord, consti-
supérieur (Hêtraie d’altitude acidiphile), toutefois le Pin tuant un magnifique marais qui remonte en amont dans le fonds de
sylvestre qui jouit d’une grande amplitude écologique peut la prairie. Ce secteur est connu sous le nom de tourbière du bois du
être aussi très présent, s’installant notamment sur les terres Chardonnet et couvre environ 5 ha entre des altitudes de 1320-
abandonnées par l’activité agricole, depuis le milieu du XIX 1330 mètres.
- Agriculture, arboriculture fruitière, viticulture (amélioration des plantes, contrôle des semences et plants, malherbologie,
pomologie, ampélographie, …)
- Horticulture (incl. arboriculture d’ornement, floriculture, gazons, jardins botaniques, …)
- Sylviculture et Foresterie
- Paysagisme
- Aquaculture
- Apiculture (incl. melissopalynologie)
- Pastoralisme (agrostologie, bromatologie, coprologie des herbivores)
- Pharmacie (pharmacognosie, toxicologie végétale, herboristerie)
- Industrie (industries agricoles et alimentaires, parfums et cosmétiques, teintures végétales)
- Répression des fraudes (produits végétaux)
- Bioindicateurs végétaux (des carences, déséquilibres ou pollutions de l’air, des eaux et des sols)
- Protection de la Nature, conservation et restauration de la biodiversité
Remarque finale : On peut donc dire que la botanique est devenue aujourd’hui une « science multidisciplinaire ». Bien entendu
cette constatation ne s’oppose pas à l’existence, pour des finalités déterminées, de relations interdisciplinaires entre deux ou plu-
sieurs « compartiments » de la botanique (par exemple : Morphologie et Systématique, Biosystématique et Phytosociologie, …) ou
entre une (ou plusieurs) discipline(s) botanique(s) et une (ou plusieurs) discipline(s) non botanique(s) (ex. Chorologie et Paléogéo-
graphie, Phytosociologie et Pédologie, Physiologie végétale et Biophysique, etc.).
( Cet article a été mis en ligne par Tela Botanica et l’encyclopédie Wikipédia )
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Limitée au nord par l’arc des collines et au sud par le bras vif du
Rhône, protégée, drainée et mise en valeur par les moines de l’Ab-
baye Saint André, la plaine de l’Abbaye constitue de nos jours un
ensemble naturel d’une grande richesse patrimoniale. Cette zone a
mon livre préféré : subi de nombreux remaniements dus aux caprices du cours de l’an-
cien fleuve
Alphonse Karr, romancier, journaliste pamphlétaire à ses
La canalisation du Rhône dans les années 70 a profondément retra-
heures, était aussi bien un observateur attentif qu’ un amou-
vaillé les milieux (relèvement du niveau du Rhône, création de
reux inconditionnel de la nature. Alors qu’il était réfugié
digues en sol ingrat). Une déprise agricole importante vient com-
politique à Saint Raphaël (Italienne à cette époque), il
pléter le tableau.
« inventa » la culture des fleurs sur la Côte d’Azur. Il fut
Après un historique des lieux l’ouvrage aborde l’inventaire des
l’un des premiers, vers 1855, à cultiver des fleurs de façon
espèces rencontrées :
extensive afin d’envoyer sa production de violettes et de
-Alain Camard traite des castors, de la faune piscicole du
graines à Paris.
contre-canal, des insectes.
« voyage autour de mon jardin » fut écrit en 1845 et connut -Olivier Peyre décrit les oiseaux, les mammifères,
un franc succès. Il est issu d’une réaction à la mode des les batraciens et les reptiles.
voyages exotiques de l’époque. Dans ce livre, il fait le pari
d’épater un voisin en lui écrivant quotidiennement une lettre La détermination des espèces les plus fréquentes de plantes a été
contenant les observations issues de son jardin. Ces derniè- réalisée par Mireille Tronc sur les différents milieux rencontrés -
res le conduisent parfois à des pensées philosophiques qui garrigue, ripisylve et plaine- une illustration par Sigrun Reineking
émaillent agréablement ce livre. complète la partie botanique.
Un regret de taille ! Le regroupement des plantes par famille s’est
Quelques exemples de lettres :
fait à l’aide d’une classification ancienne sans avoir sollicité pré-
La lettre n°10 sur le bonheur nous rappelle les défauts de alablement le visa de Mireille. Un erratum l’indique…
l’humanité qui court toujours après l’impossible alors que le A noter que ce territoire se situe à peu près en face de l’Islon de la
bonheur se trouve parfois tout près de nous, il suffit de le Barthelasse que connaissent bien les membres de la S.B.V.
saisir lorsqu’il se présente.
Promenades dans la plaine de l’Abbaye - dessin Sigrun Reineking
La lettre 11 nous fait part de son émerveillement devant les
abeilles et autres insectes qui assurent une correspondance
entre plantes en « portant de l’époux à l’épouse des caresses
parfumées ». il nous explique ainsi, avec le langage châtié
de l’époque, la pollinisation.
La lettre 13 nous confirme avec beaucoup d’humour que la
classification botanique n’est et ne sera jamais définitive :
« des savants ont classé, il y a longtemps, l’ophyoflosse, et
ont dit que c’était une osmonde ; mais cette fougère a été
depuis démasquée par d’autres savants ; elle a été chassée
des osmondes comme une intrigante ; elle n’est plus qu’un
bostrichium. ».
La lettre 40 décrit avec truculence l’accouplement de deux
escargots après la pluie. Alphonse Karr nous décrit alors les
mœurs de ce type d’animaux : « la nature, par un bizarre
caprice, s’est divertie à assaisonner l’amour de voluptés
toutes particulières pour les êtres, qui, par leur aspect, sem-
blent le moins faits pour de pareilles sensations. Les colima-
çons et les lombrics réunissent à la fois toutes les joies de
l’amant qui obtient et de l’amante qui accorde… »)De nom-
breuses observations sur les papillons et les galles ponctuent
également cet ouvrage. Alphonse Karr a ainsi remarqué que
certains insectes pondent sur l’œuf d’un autre afin que leur
larve s’en nourrisse. Il avait aussi pressenti le phénomène
des phéromones. Les amateurs de botanique et d’entomolo-
gie apprécieront la précision des descriptions du microcos-
me de son jardin. Jeanne-Marie PASCAL
A.Karr– 1808 - 1890 - Coll. Ressources - Ed. Slatkine
(cet ouvrage peut aussi se trouver chez les bouquinistes Ed Nelson)
AIR… FEU…
invisible et impalpable, tu te mets au service complice de certains végé- du soleil couchant, feu de la Saint Jean
taux. Oui, le vivant enraciné ne peut aller et venir à son gré… Feu de la guerre, feu de Lucifer
"Je sème à tout vent" chantonnent en vol les aigrettes du Pissenlit Feu du mal ardent, fièvre du sang
(Taraxacum sp.) et du Salsifis Feu de l'incendie, feu de l'artillerie
(Tragopogon pratensis), les faucilles plumeuses des Epilobes Flamme d'une chandelle à la rêverie bachelardienne
(Epilobium angustifolium) au bord de l'automne et la houppe plumeuse Flamme d'une flambée vespérale gardienne
des Benoîtes spiralées (Geum sp.) et des Pulsatilles anémophiles Flamme du soleil levant aurore magicienne
(Pulsatilla sp.) comme la petite Pulsatille soufrée au pouls battant au
Du Pyrancantha , biblique buisson ardent, au Mélampyre des bois
rythme du vent.
(Melampyrum nemorosum)qui sème ses flammèches à la lisière des
Et le Cyprès chauve (Taxodium distichum) du golfe du Mexique, ne
bois. Du feu de la fièvre apaisée par le Pyrèthre (Chrysanthemum sp.)
trouvant pas la terre à son goût, se
ou par la Reine des prés (Filipendula
fabrique des racines aériennes qui lui
ulmaria). Et dans la chaleur d'un été
procurent son dessert d'oxygène en
exceptionnel, la Fraxinelle (Dictamnus
pneumatophore convaincu ! La Gentia-
alba) enflamme ses arômes volatils et
ne pneumonanthe (Gentiana pneumo-
se consume. Tel le Phoenix , resurgit-
nanthes) fut un cadeau du bon sens
elle de ses cendres ?
populaire pour nos poumons fragilisés
ainsi que la Pulmonaire (Pulmonaria
Feu du volcan qui tonne où Héphaïstos
affinis) qui vérifie la théorie des signa-
forge les armes des tremblements de
tures.
terre et des laves incandescentes, élé-
Ô fumeurs repentis,
ments minéraux surgis du creuset de
ne les oubliez pas !
l'Athanor terrestre, fécondés par l'hu-
De la brise douce d'un crépuscule em- mus qui remercie les végétaux de leur
baumé de nostalgie à la bise perfide nudité automnale, offrande de leur
qui mord à plaisir et hurle sur les feuillage nourri du feu du soleil et de
monts chauves, l'air peut rassembler l'oxygène de l'air pour s'entasser en
ses forces et se déchaîner en violence strates annuelles sur les roches inferti-
destructrice…Si l'air attise le feu, privé les pour nous offrir la… terre...
d'air il s'éteint !
TERRE… EAU…
Oui, même le Géotrope, Sisyphe mini- Source bienfaisante au Cresson ( Nas-
ature, roule ses boulettes de terre dans turtium officinale) ainsi qu'au Saxifrage
la conscience instinctive des pouvoirs des eaux froides (Saxifraga stellaris).
de la Déesse-Mère "Gaïa". Ruissellement fécond à l'Arabette des
Si la Noisette ( Corylus avellana) se cueille le nez levé, sa jumelle, la Cévennes ( Arabis cebennensis) ainsi qu'au Myosotis (Myosotis sylvati-
Noisette de terre ( Conopodium majus )se cache sous la terre protectri- ca ), tous deux rêveurs de pénombre.
ce et nourricière. Etangs appréciés du Plantain d'eau ( Alisma plantago-aquatica) et de la
Le Fumeterre (Fumaria officinalis), lui, fume un parfum nauséeux com- Lentille ( Lemna minor ) qui se rit de sa petite taille en se démul-
me les feux follets fumeux du méthane sur un tas de fumier! Quant au tipliant à plaisir pour couvrir toute la surface d'eau offerte. L'Utriculai-
Tribulus terrestris à trois pointes , il salue sa sœur marine l'étoile de re ( Utricularia minor), futée, sait utiliser ses petites outres ,comme des
mer et se donne le droit de se surnommer "étoile de terre". Quant au pièges, par expulsion d'air pour mieux aspirer l'insecte insouciant…
Millepertuis couché (Hypericum humifusum), il sait chercher protection Lacs enorgueillis de Nymphéas ( Nymphaea alba ) chers à Claude
au contact de la terre… Monet ainsi que de Lotus ( Nelumbo nucifera ) chers au peuple mysté-
La Bible ne nous raconte-t-elle pas que tout provient de la terre et que rieux des Lotophages.
Dieu se servit d'argile et de glaise pour façonner l'homme ? Tourbières peuplées d'espèces qui n'apprécient point d'avoir les pieds
au sec et du Trèfle d'eau ( Menyanthes trifoliata ) qui rêve de capter
Mais écoutez…écoutez… la terre assoiffée gémit dans le désert en l'attention d'un trèfle à quatre feuilles, aux petits soleils perlés de notre
dunes mouvantes…Oui, la Terre gémit aux oreilles et à la conscience Drosera (Drosera rotundifolia), chacune se sent bien les pieds mouillés!
des humains: "De l'eau…de l'eau…ne réchauffez pas trop le climat…"
Ainsi tournoie la ronde des éléments dont chacun sait le besoin des trois autres….pour que vive le Vivant…..
Odette MANDRON
Illustration - de Bartholomaeus Anglicus
Les quatre éléments- manuscrit « De proprietatibus remun » Autun- fin XIII ème siècle
( Base Internet - Enluminures )