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Société Botanique

du Vaucluse
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9
n°17 - mai 2007
-
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

Inula bifrons (L.)

Vue dans une friche de Mazan (Vaucluse)


Plante protégée nationale
Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A. J. Scott.
( = Kochia arenaria )

Station de Mormoiron (Vaucluse)


Plante protégée en région PACA

Deux plantes rares du Vaucluse


Sommaire
-Editorial p. 3
-Ont participé à ce numéro
-Botanique vauclusienne p. 4
-Nouveautés 2006 pour la flore vauclusienne- B. Girerd.- JP Roux.
-Quelques recherches à faire en 2007, parmi d’autres !- B.Girerd.
Société Botanique -Bassia laniflora…- JP Roux et R.Guizard.
-Les Orchidées recensées- Un site dédiée.-Information.
du Vaucluse -Inula bifrons.. à Mazan et ..ailleurs dans le Vaucluse- JP Roux
et R. Guizard.
Siège Social -Le Safran… de l’or végétal !!- Crocus sativus L.- R. Guizard.
Lycée Agricole -Séjour botanique de la SBV dans le Gard et l’Hérault p. 11
François PETRARQUE (3-4 et 5 juin 2006)
Cantarel - route de Marseille – J.C. Bouzat.
-La SBV en Velay et Gévaudan (30 juin et 1-2 juillet 2006) P. 16
Adresse postale
– J.C. Bouzat.
BP 1227
Site Agroparc -Botanique générale : P. 21
-Essai de structuration du contenu disciplinaire de la botanique
84911 AVIGNON cedex 9 R.Delpech.
Adresse Internet -Au sujet des tourbières- J.C. Bouzat.
-Plantes à odeurs- J.M. Pascal.
Site SBV -Une plante du désert pour remplacer les puits de pétrole…!
http://www.sbvaucluse.org
-Chroniques : P. 28
Courriel -Plantes rares et jardin naturel-Sérignan-2006.
info@sbvaucluse.org -Mazan 2006-Exposition.
-Géraniums des villes et des champs -.Lyon 2006.
Réunion mensuelle -Wollemia nobilis- Lyon 2006.
Tous les deuxièmes mardis du mois, -Notes de lecture : p 30
au Lycée François PETRARQUE -Alphonse Karr… »Voyage autour de mon jardin » par J.M. Pascal.
-La plaine de L’Abbaye- Villeneuve les Avignon… par M.Graille.
Cotisation annuelle
-Bibliographie p. 31
18 euros membres adhérents
9 euros membres associés -La ronde des éléments - Odette Mandron. P. 32
9 euros étudiants
demandeurs d’emploi -Encart couleur au centre du bulletin pages I à VIII

Droit d’entrée Les photographies (noir /blanc et couleur) sont de :


7 euros nouvel adhérent Huguette André, Jean-Claude Bouzat, Mathieu Chambouleyron, Michel Graille, Rose-
lyne Guizard, Marie-Thérèse Ziano . Internet a été sollicité pour 2 documents.
Les dessins botaniques sont extraits de :
Flore de COSTE, Flore des champs cultivés de Philippe JAUZEIN et Grande flore
illustrée des Pyrénées de Marcel SAULE.
Bulletin de la SBV
Distribution Bureau 2007 – Elections du 14 mars 2006- 12 membres.
Le bulletin de la SBV est distribué gratuite- ( sans changement )
ment aux adhérents. Les non adhérents peu- Huguette André Présidente
vent se le procurer en adressant leur demande Roselyne Guizard Vice-Présidente
à l’association. Mireille Tronc Vice-Présidente
Claire Ventrillard Trésorière
Directrice de Publication Nicole Chiron Trésorière – adjointe
La Présidente : Huguette ANDRE Michel Graille Secrétaire
Flavien Fériolo Bibliothécaire
Redaction Jean-Claude Bouzat Coordonnateur des relevés botaniques
Les membres du bureau de l’association Marie-Jeanne Pascal Communication et relations avec la presse
Autres membres : Alain Chanu, Janine Vizier, Marie-Thérèse Ziano
Maquette: Denis Coquidé Conseillers scientifiques :
Bernard Girerd - Jean-Pierre Roux.
Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet Commission de vérification des comptes :
Jean-Marie Bernard-Henri Courtois- Robert Fournier.

Bulletin de la SBV - 2 - n°17 - mai 2007


Editorial Huguette André, présidente.

Historique et actualité
C’est au cours de l’année 1980 qu’un groupe de personnes autour de Maurice Heullant
(artisan menuisier) a désiré créer une section de botanique .Nous étions tous des adhérents
de la Société Mycologique. Nous faisions des sorties au printemps et en automne- période
propice au développement des champignons - et nous participions à l’exposition mycologi-
que de l’association vauclusienne. Durant plusieurs années consécutives la poussée autom-
nale des champignons a été peu productive et nos sorties se transformaient en herborisa-
tions, nous entraînant directement vers la botanique. Les objectifs étant différents, il n’était
pas possible de constituer une section au sein de la Société Mycologique. Aussi, après plu-
sieurs concertations, nous avons décidé de créer une association (loi de 1901) - Société Ont participé à ce numéro
Botanique du Vaucluse- dont les statuts ont été déposés en avril 1980. Ils stipulaient :
« Société ayant pour but de promouvoir et encourager l’étude, la connaissance et la
sauvegarde des végétaux, tant sur le point de vue scientifique qu’utilitaire ,cela par les Huguette André
moyens de sorties et excursions dans la nature, visites de parcs et musées, causeries, 30250-Junas
conférences, projections et expositions ».Six personnes en ont constitué le premier bu- andre.huguette@wanadoo.fr
reau : Mmes. Nicole Chiron, Laurence Peduzzi, Huguette André et Mrs. Maurice Heullant
- Président-, Fernand Perrin, André Laurencich. Le semestre qui a suivi a été consacré aux Jean-Claude Bouzat
sorties sur divers milieux -garrigue, montagne .etc .
26110-Condorcet
En 1981 réalisation d’une première exposition de plantes fraiches dans une salle de la
Chambre de Commerce située rue de la République à Avignon. Elle a attiré beaucoup de jean-claude.bouzat@club-internet.fr
visiteurs et beaucoup d’adhérents (40) qui sont encore, pour la plupart, présents! La SBV
démarrait bien ! Elle avait en plus la chance de disposer d’un Inventaire floristique du Mathieu Chambouleyron
département (Première parution en 1978) et surtout du soutien de son auteur, Bernard 13104- Mas Thibert
Girerd. Les conditions étaient réunies pour explorer le Vaucluse en toute saison. En moins gestion.mdv@wanadoo.fr
de 10 ans une centaine d’espèces supplémentaires sont retrouvées ou découvertes. Bernard
Girerd complète son inventaire et en 1990 une nouvelle version paraît- éditée en liaison René Delpech
avec la SBV -qui s’est engagée à publier chaque année les nouveautés s’il y a lieu .Une 84290-Sainte Cécile les Vignes
série de mises à jour ont suivi, de 1991 à 1999, d’abord sous forme de petits livrets et rene.georges.delpech@wanadoo.fr
actuellement intégrées dans le bulletin de liaison .Tout ces résultats ont été obtenus par des
recherches sur le terrain et avec les outils de détermination traditionnels- loupes et flo-
res .Actuellement nous participons à l’élaboration d’un 3ième inventaire en testant les clés Bernard Girerd
de détermination de quelques genres vauclusiens proposées par Bernard Girerd et 84250-Le Thor
Jean-Pierre Roux . bernardgirerd@cegetel.net
L’étude botanique ne se limite pas au seul département du Vaucluse ; elle s’effectue égale-
ment dans d’autres régions de France afin d’apprécier les autres milieux et aussi d’échan- Michel Graille
ger nos expériences avec des associations similaires .La conception des activités annuelles 84310-Morières les Avignon
proposées par Maurice Heullant a porté ses fruits ; j’ai dans ses grandes lignes gardé la micgrail@wanadoo.fr
même structure des programmes, qui s’avère, d’après les résultats de l’enquête proposée
dernièrement, convenir aux adhérents. Roselyne Guizard
Deux activités supplémentaires ont vu le jour avec le début de mes fonctions :
84380-Mazan
• La création d’un bulletin de liaison- projet entériné au dernier conseil d’administra-
rosedenoel@wanadoo.fr
tion que présidait Maurice (je n’y étais d’ailleurs pas favorable). Ce bulletin répon-
dait à la demande des sociétaires éloignés. Sachant que Daniel Mathieu maîtrisait
l’outil informatique et qu’il se chargeait de la maintenance, l’objectif de départ avait Odette Mandron
été fixé à 2 bulletins par an. Ce fut ensuite péniblement un seul !-la création est faci- 38700- La Tonche
le, assurer la pérennité est plus difficile ; il faut temps et technicité dans la durée. ohirondelle@free.fr
Michel Graille s’est à la suite investi et collecte vos textes et photographies….
• De même pour le site internet crée par Daniel, recrée à nouveau, mais il ne nous Jeanne-Marie Pascal
donne pas entière satisfaction. Il est donc nécessaire de réfléchir sur son maintien, 84210-Venasque
de le dynamiser afin qu’il devienne un outil d’information et d’échanges, reflet de jmpascal84@wanadoo.fr
l’activité de notre Société. En fin de séance de la dernière assemblée générale, j’ai
proposé, suite à une réunion de bureau, de constituer une commission chargée d’éta-
Jean-Pierre Roux
blir des objectifs précis liés à notre département, pour pouvoir modifier et moderni-
ser notre site.
84200 Carpentras
La commission, formée de membres du bureau et de deux volontaires présents à l’assem- cbn.84@wanadoo.fr
blée générale, se réunira au LEGTA fin avril 2007.
L’informatique un outil fantastique auquel la SBV ne peut se soustraire. Les paysages évo- Marie-Thérèse Ziano
luent, les botanistes aussi …nous ne sommes plus au temps de Linné! 84490-St. Saturnin d’Apt
Cette rétrospective m’a permis de faire un constat : la création de la SBV et son maintien mtziano@club-internet.fr
ont reposé sur le dynamisme et la disponibilité .A cela il faut ajouter la passion et l’amitié.

Bulletin de la SBV - 3 - n°17 - mai 2007


Botanique Vauclusienne
Nouveautés 2006 pour la flore vauclusienne

Nous présentons cette année une liste de 9 espèces à ajouter à l’inventaire de la flore du Vaucluse (dont une,
Potentilla collina Wibel dans les Alpes-de-Haute-Provence, mais très près du Vaucluse). Trifolium nigrescens
Viv., espèce assez fréquente dans toute la région méditerranéenne avait jusqu’alors échappé à la sagacité des
botanistes vauclusiens ! Une autre, Carex lepidocarpa Tausch, appartient au groupe très mal connu Carex fla-
va s.l. Deux d’entre elles sont des plantes citées autrefois dans le département mais dont on avait perdu la tra-
ce depuis 200 ans pour Bromus lanceolatus Roth et 150 ans pour Allium ursinum L. ; cela permet de rappeler
une nouvelle fois combien il faut être prudent avant de déclarer des espèces « disparues ». Le cas de Potentilla
pedata Willd. est intéressant car il fait surgir une espèce nouvelle à la suite d’une révision d’un groupe com-
plexe. Il en est un peu de même avec Alchemilla colorata Buser qui a toujours été confondue par manque
d’observations attentives. Enfin, l’apparition de deux espèces naturalisées (Euphorbia davidii Subils et Seta-
ria parviflora (Poiret) Kerguélen) rend compte d’un mouvement migratoire toujours d’actualité et qui risque
de s’amplifier dans les années à venir.

Alchemilla colorata Buser - Dans les Alchemilla, genre connu pulation a toujours existé mais qu’elle a simplement échappé
pour sa complexité, cette espèce appartient à la section des Pu- aux observateurs finalement peu nombreux.
bescentes Fröhner correspondant à Alchemilla hybrida L. de
P.Fournier et caractérisée par des feuilles peu profondément Bibliographie :
divisées, velues grisâtres et non soyeuses argentées comme les COLIGNON E., 1864 - Flore d’Apt. Tableau synonymi-
plantes de la section Alpinae E.G. Camus. que de quelques plantes qui croissent aux environs de cette vil-
Dans le mont Ventoux, on connaissait seulement, pour re- le. Ann. Soc. Litt. Apt 2 : 86-160.
présenter la section Pubescentes, Alchemilla flabellata Buser,
plante relativement fréquente dans toutes les parties élevées, Bromus lanceolatus Roth (= B. macrostachys Desf.) - Ce bro-
notamment sur le versant nord (Mont Serein et Contrat). Des me se différencie de tous les autres par ses épillets de grande
récoltes effectuées (herbier B.G.) sur les crêtes supérieures pro- taille (3 cm de long et plus), à arêtes fortement divergentes et
ches et à l’ouest du sommet (près du vieux pluviomètre) nous torsadées, courtement pédicellés et réunis en inflorescences
ont permis de détecter un taxon différent correspondant bien compactes. Par ces caractères, il ne peut donc pas se confondre
aux critères de A. colorata (sous-espèce de A. hybrida chez avec Bromus squarrosus L. qui lui ressemble un peu.
P.Fournier). La détermination a été effectuée par J.-M. Tison Une population a été observée (J.-P.R. et M. Barcelli) sur les
que nous remercions vivement. graviers de la Durance à Lauris (l’Amérique). Cette plante avait
C’est une plante plus petite (moins de 10 cm, sans doute à été signalée très anciennement à Avignon (Loiseleur-
cause du milieu) à feuilles dont les lobes sont nettement arron- Deslongchamps J.L.A., 1810) et jamais revue depuis.
dis et les pédicelles floraux (non les pédoncules ni les tiges !) C’est une espèce méditerranéenne, connue dans les Bouches-du
glabres ou presque, alors que chez A. flabellata, les lobes foliai- -Rhône et dans le Gard, mais très exceptionnelle plus au nord.
res sont tronqués et les pédicelles très velus.
Il s’agit d’un taxon morphologiquement très proche d’A. Bibliographie :
flabellata mais plus montagnard, passé inaperçu jusqu’à mainte- LOISELEUR-DESLONGCHAMPS J.L.A., 1810 - Notice sur
nant. Il conviendrait donc de multiplier les observations pour les plantes à ajouter à la Flore de France (Flora gallica) : [i-ii],
mieux localiser les 2 espèces. 1-172, pl. i-vi. Icones…21 tab. Paris.

Allium ursinum L. - « L’ail des ours » est remarquable par ses


feuilles larges de 4 à 5 cm, lancéolées et pétiolées et par ses
fleurs d’un blanc pur étalées en étoile et réunies en ombelles
terminales assez lâches. Il recherche les sous-bois humides où il
peut pousser en grandes masses, et quoique très fréquent dans
une grande partie de la France, il est réputé rare dans le Midi, et
de fait, il semble à peu près absent au sud du Vercors.
En ce qui concerne le Vaucluse, il a été cité jadis à Lagarde
-d’Apt (Colignon E., 1864) et à ce titre, il figurait dans l’inven-
taire de 1978. N’ayant apparemment jamais été revue depuis
plus de 100 ans, cette plante a été radiée de l’inventaire de 1990
et seulement citée à titre historique.
Or, en juin 2006, nous avons eu la chance d’en retrouver une
assez belle population dans les bois situés au nord et presque au ( Bromus lanceolatus )

sommet du Saint-Pierre à Lagarde-d’Apt. Il s’agit donc bien


d’une retrouvaille spectaculaire et on peut penser que cette po- Flore de Coste - Tome III

Bulletin de la SBV - 4 - n°17 - mai 2007


Carex lepidocarpa Tausch. - Des plantes observées à Rasteau, C’est peut-être un taxon méconnu qui mérite de nouvelles re-
à la Font de Taon, près de la maison de garde (J.-P.R.) peuvent cherches et particulièrement dans les contrées vauclusiennes
être rapportées à ce taxon, du moins d’après les données un peu voisines.
anciennes. Elles sont nettement différentes des populations jus-
qu’à maintenant observées sur les graviers de la Durance. Potentilla pedata Willd. - Il ne s’agit pas d’une espèce nouvelle
Il s’agit d’un groupe très complexe globalement nommé Carex pour le Vaucluse, mais d’une plante abondante et méconnue
flava s.l. et diversement subdivisé par les flores successives, pour ne pas dire ignorée et mal nommée. En effet, nous connais-
sans qu’aucun traitement définitif ne s’impose. Les plantes vau- sons depuis longtemps Potentilla hirta L. et Potentilla recta L.,
clusiennes n’appartiennent certainement pas à Carex flava L. taxons traités en espèces ou en sous-espèces suivant les flores,
(s.s.), et provisoirement il semble possible de les rapporter à justement parce que leur différenciation est parfois problémati-
Carex viridula Michaux, les populations de la Durance appar- que. La raison de ces hésitations réside dans le fait que certaines
tiendraient à la sous-espèce viridula et les sujets de Rasteau à la populations présentent des critères intermédiaires et donc diffi-
sous-espèce brachyrrhyncha (Čelak) B. Schmid (= C. lepido- cilement classables.
carpa).D’autres auteurs préconisent d’inféoder ces 2 sous- Cette situation n’a pas échappé à J.-M. Tison qui, dans le cadre
espèces non pas à C. viridula mais directement à C. flava. En de la rédaction de la « Flore de la France méditerranéenne » et
attendant des progrès dans ces recherches, il est vivement re- au vu des plantes vauclusiennes que nous lui avons transmises
commandé de collecter des échantillons pour affiner les études est arrivé à la conclusion que nous n’avons pas 2 espèces, mais
comparatives. trois. Entre P. hirta typique et P. recta également typique, on
peut observer une plante qui figurait déjà dans les flores ancien-
Euphorbia davidii Subils - Cette euphorbe, d’abord considérée nes sous le nom de Potentilla pedata Willd., inféodée à P. hirta
comme une variété d’Euphorbia dentata Michx. (E. dentata chez P.Fournier et à P. recta chez H.Coste, ce qui prouve bien
Michx. var. lancifolia Farwell in Robert L. Dressler, 1961), a la position incertaine de cette plante.
été assez récemment mise en évidence et décrite dans une revue En général, elle ressemble assez à P. hirta par sa forte villosité,
publiée en Argentine (Kurtziana 17 : 125- (128), 1984). mais elle est plus robuste et surtout les plus grandes folioles
Elle se caractérise surtout par une involucre à une seule glande sont généralement bordées de 7 à 15 dents, soit 3 à 7 de chaque
(c’est la seule de toutes les euphorbes françaises actuellement côté, alors que chez P. hirta il n’y en a que 3 à 7 (1 à 3 de cha-
connues) et appartient au sous-genre Poinsettia. C’est une plan- que côté) et que chez P. recta, on en observe jusqu’à 30. Une
te de 10 à 40 cm de hauteur, poilue sur la partie supérieure de la mise au point générale est prévue par un article dans un pro-
tige et la face inférieure des feuilles qui sont généralement lan- chain Monde des plantes.
céolées et dentées, souvent maculées de pourpre près de la ner- A la suite de cette réhabilitation (on peut d’ailleurs s’étonner
vation médiane. Les poils longs sont rigides et retrorses alors qu’elle n’ait pas eu lieu plus tôt) et après examen de nombreu-
qu’ils sont très fins chez E. dentata. L’inflorescence très ses récoltes vauclusiennes, on constate que, de tout ce groupe,
condensée se présente en un corymbe terminal. Les graines sont c’est P. pedata qui est la plus fréquente. Elle existe un peu par-
ovoïdes anguleuses et ornées de rides peu marquées (graines tout dans le département, alors que, pour le moment, nous ne
ovoïdes et sans rainures chez E. dentata). E. davidii est tétra- connaissons que deux ou trois stations de P. hirta (Malaucène
ploïde alors qu’E. dentata est diploïde. par exemple) et une seule pour P. recta (Gignac). Il faudra ce-
Originaire de l’Amérique du Nord, elle a été observée par N. pendant faire de nouvelles observations, maintenant que nous
Chanu à Avignon à la zone industrielle de Courtine, sur le bal- disposons de ces nouveaux éléments.
last d’une voie ferrée, au niveau de l’hypermarché Carrefour. Pour conclure, on doit constater que chez les potentilles, on est
Découverte en France par J. Maillet dans les années 2000 à Ro- très souvent en présence d’espèces intermédiaires à morpholo-
dilhan (Gard) dans une vigne dans laquelle elle est devenue gie variable. C’est donc le cas des deux espèces citées ici (P.
envahissante, elle a d’abord été rapportée à E. dentata. C’est collina et P. pedata) auxquelles on peut ajouter Potentilla pusil-
C.Girod qui, par la suite, l’a identifiée comme étant E. davidii à la Host (peut-être maintenant appelée P. filiformis ?) intermé-
la faveur de ses contacts avec le spécialiste américain de ce diaire entre P. neumanniana Reichenb. et P. acaulis L. (ex. P.
groupe (M. Mayfield qui prépare une thèse sur le sous-genre cinerea Chaix ex Vill.) et Potentilla inclinata Vill. intermédiai-
Poinsettia). Elle existe également dans trois stations du Sud- re entre P. argentea L. et P. recta L.
Ouest et de la Bourgogne.
Setaria parviflora (Poir.) Kerg.(= S. geniculata (Lam.) Beauv.,
Bibliographie : S. gracilis H.B.K. ) - Contrairement aux autres sétaires de notre
ROBERT L. DRESSLER, 1961 - A Synopsis of Poinsettia région, cette espèce est vivace, ce qui la distingue déjà formelle-
(Euphorbiaceae). Annals of the Missouri Botanical Garden 48 ment. Elle ressemble à S. pumila (Poir.) R. et S., mais ses inflo-
(4) : 329-341. rescences sont plus étroites et ses épillets moins longs, quoique
les différences soient faibles ; par contre les feuilles de S. parvi-
Potentilla collina Wibel - C’est à Simiane-la-Rotonde (Alpes- flora ont moins de 5 mm de large, alors que celles de S. pumila
de-Haute-Provence, mais à moins de 100 m de la limite du Vau- dépassent nettement 5 mm.
cluse) que G. Guende a découvert une population de cette espè- Une population de cette espèce jusqu’alors inconnue dans le
ce. Les plantes sont assez basses (15 cm environ) avec un port Vaucluse a été détectée à Mérindol, sur les graviers de la Du-
un peu comparable à celui de P. neumaniana Reich.(ex P. verna rance (près de la Barthelasse), par G. Guende. C’est une plante
auct., non L. !) mais avec des feuilles nettement grisâtres en originaire d’Amérique tropicale et subtropicale (Mexique ?) et
dessous et se rapprochant de celles de P. argentea L.. Ces critè- qui a été introduite dans de nombreux pays chauds sous des
res intermédiaires indiquent qu’on est sans doute en présence formes variables. Elle est actuellement naturalisée dans la partie
d’une espèce hybridogène fixée, mais avec des variations mor- occidentale de l’Europe (Belgique, Espagne, France, Italie et
phologiques allant tantôt vers l’un, tantôt vers l’autre des pa- probablement ailleurs). En France, elle a été observée dès la fin
rents présumés. du XIX ème siècle et le début du XX ème comme adventice

Bulletin de la SBV - 5 - n°17 - mai 2007


fugace. Puis elle a été découverte en Corse en 1946 dans la ré-
gion d’Ajaccio (de Litardière, R. Candollea 11 : 180, 1948) à Potentilla rupestris – Cette plante calcifuge n’a fait l’objet que
partir de laquelle elle s’est très vite répandue, principalement d’une observation en 1975 (L. Riousset) à Lagarde, friches si-
sur la côte orientale de l’île où son extension est spectaculaire tuées à 500 m du village en direction de St Christol, à l’ouest de
dans les vergers d’agrumes et les vignobles. Sur le continent, la route. Il faudrait la retrouver !!
elle existe actuellement dans le Sud-Ouest et en région méditer- Potentilla du groupe hirta/recta – A la suite de la mise en évi-
ranéenne sur le littoral varois (Hyères à Porquerolles et à Port- dence d’une 3° espèce (P. pedata) toutes les plantes de ce grou-
Cros ; le Lavandou ; le Rayol-Canadel). pe sont à contrôler en Vaucluse (nombreuses récoltes souhai-
tées).
Trifolium nigrescens Viv. - Trèfle annuel peu élevé (10 à 20 Ranunculus penicillatus – Plante à réceptacles velus. Mais R.
cm), grêle, étalé sur le sol, entièrement glabre, à folioles trian- fluitans à réceptacles glabres pourrait exister. Il faudrait collec-
gulaires d’un cm environ, à fleurs blanches ou rosées, en têtes ter au moins des capitules pour contrôler.
lâches portées sur des pédoncules beaucoup plus longs que les Rumex pulcher – Il faut rechercher la sous-espèce woodsii, à
feuilles adjacentes. feuille non en violon, (mais ce caractère ne suffit pas, il faut
Une station de cette espèce nouvelle pour le Vaucluse a été ob- examiner les valves plus courtes ainsi que les dents) – (voir
servée à Orange, sur le terrain militaire à Bel Enfant par A. et Jauzein, flore des ch. cult.).
N. Chanu. C’est une plante bien connue dans les Bouches-du- Saxifraga exarata – Pour en découdre avec les problèmes posés
Rhône, notamment en Crau et en Camargue. Jamais citée jus- par les 2 types cohabitants au sommet du Ventoux, des observa-
qu’à maintenant au nord de la Durance, cette station d’Orange tions précises sont à faire pour savoir s’il existent 2 espèces
pourrait bien être la plus éloignée de la mer, du moins à l’est du distinctes ou 2 formes avec des intermédiaires. Voici la note
Rhône. que je propose pour le 3°inventaire
Note : les populations du mont Ventoux comportent, en mélan-
Bernard GIRERD - Jean-Pierre ROUX ge, des sujets à grandes fleurs blanchâtres (pétales larges et ar-
——————— rondis et feuilles nettement sillonnées) et des sujets à petites
fleurs verdâtres (pétales étroits et allongés et feuilles partielle-
Quelques recherches à faire en 2007, ment sillonnées). Les premiers correspondent assez bien à S.
parmi d’autres ! exarata typique alors que les seconds sont énigmatiques ; ce
sont des plantes plus petites (coussinets, feuilles et tiges) et leur
Alchemilla colorata : Ventoux - C’est une plante plus petite que morphologie évoque partiellement S. moschata Wulf. Des ob-
Alchemilla flabellata (moins de 10 cm, sans doute à cause du servations plus précises sont nécessaires pour résoudre ce pro-
milieu) à feuilles dont les lobes sont nettement arrondis et les blème.
pédicelles floraux (non les pédoncules ni les tiges !) glabres ou Ce dimorphisme est sans doute à l'origine de citations diverses :
presque, alors que chez A. flabellata, les lobes foliaires sont S. pubescens Pourret, S. intricata Lapeyr. et également un cer-
tronqués et les pédicelles très velus. Pour le moment, n’a été tain S. moschatiformis Bouchard, taxon qui semble bien avoir
vue que sur les crêtes sommitales ouest, près du vieux pluvio- été attribué à nos plantes litigieuses mais qui n’a pas été conser-
mètre. A rechercher ailleurs. vé, peut-être à tort !
Artemisia campestris – Les 2 sous-espèces campestris et gluti- Sempervivum calcareum – Les joubarbes du Ventoux, attri-
nosa existent sans doute en Vaucluse, mais leur distinction n’est buées à cette espèce, posent un problème car les faces supérieu-
pas évidente. res des feuilles paraissent glabres alors qu’elles sont décrites
Corrigiola litoralis – Les plantes vauclusiennes (bords du Rhô- munies de poils glanduleux !
ne) devraient être observées pour détecter la présence éventuelle Scabiosa lucida Vill. – Ce taxon, appartenant au groupe de S.
de C. telephiifolia, espèce très proche (voir Jauzein, fl. des ch. columbaria-triandra pourrait peut-être exister à l’étage monta-
cult.). gnard du mont Ventoux : Il se distingue des deux autres par les
Cynoglossum pustulatum – Plante mal connue et longtemps arêtes calicinales très longues (5 à 6 mm), par ses feuilles gla-
confondue avec C. dioscoridis. La présence des 2 n’est pas bres (ainsi que toute la plante), ovales lancéolées aiguës et par
impossible et demande des observations. le faible nombre de capitules ; à rechercher
Fumana viridis (= F. thymifolia subsp. laevis) – Cette espèce Symphytum tuberosum – Il existe 2 sous-espèces (tuberosum et
bien différente de F. thymifolia (feuilles glabres, bien vertes, nodosum). Le première semble la plus probable en Vaucluse,
non glanduleuses) a été observée au sud du Luberon mais sa (plante robuste à tige épaisse et inflorescences à plus de 10
répartition est mal connue. À rechercher ailleurs. fleurs) mais il faudrait contrôler les stations (Ventoux, Rustrel,
Genista sagittalis – Il faudrait retrouver la station de Lagarde Buoux et Grambois) pour le confirmer.
(grand Bastide et croix des lavandes) découverte vers 1990, Typha angustifolia et domingensis – La différence formelle et
pour la confirmer et surtout contrôler la détermination car il concrète sur le terrain reste à faire, en particulier couleur des
existe un autre taxon : G. delphinensis, très proche (feuilles à épis : brun foncé chez le premier, brun pâle (café au lait) chez le
poils courts et appliqués) qui n’est pas impossible. 2°.
Herniaria incana et H. hirsuta mériteraient des observations En plus, chez angustifolia, les feuilles supérieures ont des oreil-
nouvelles car ont peut-être été confondues et pour différencier lettes arrondies très marquées et l’épi mâle est séparé du femel-
les sous-espèces cinerea de hirsuta (voir , Jauzein, fl. des ch. les par plus de 2, 5 cm – alors que chez domingensis, il n’y a
cult.). pratiquement pas d’oreillettes aux feuilles supérieures et les 2
Hieracium cydonifolium – Ce taxon a été récolté par J. Molina épis sont séparés par moins de 2,5 cm. T. angustifolia semble
en 1993 dans les parties hautes du versant nord du Ventoux. être une plante généralement plus robuste, mais ce n’est pas un
C’est un intermédiaire entre H. villosum et H. prenanthoides caractère donné par les flores et il est à confirmer.
ressemblant un peu à H. juranum mais à capitules fortement
hérissé et peu glanduleux. Il serait bien utile de le retrouver. Bernard GIRERD

Bulletin de la SBV - 6 - n°17 - mai 2007


Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A. J. Scott.
(= Kochia arenaria (Gaertn. & al.) Roth)
La bassie à fleurs laineuses est une Chénopodiacée centro-
asiatique/sud-européenne (de la France à l’ex-URSS et à l’Iran)
observée jadis en France dans la vallée du Rhône, le Gard, l’Au-
de et les Alpes-de-Haute-Provence. Aujourd’hui, elle n’existe
plus que dans le Vaucluse et dans deux ensembles : marges
orientales du bassin de Carpentras (secteur de Bédoin/
Mormoiron) et bassin d’Apt (Roussillon et vallée du Calavon où
de nouvelles stations ont été identifiées à la fin de l’année
2006). Il est à noter que dans ce département, elle était aussi
anciennement signalée à Avignon et à Carpentras. Elle s’obser-
ve souvent avec deux Caryophyllacées intéressantes, Silene
portensis L. (protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur)
et Bufonia tenuifolia L. (dans la vallée du Calavon, elle cohabite
avec Matthiola fruticulosa (L.) Maire et Linum austriacum L.
subsp. collinum (Boiss.) Nyman). C’est une steppique qui oc-
cupe un habitat très rare et hautement spécialisé qui pourrait
faire l’objet de la mise en évidence d’un nouveau syntaxon. A
Mormoiron, elle existe aussi avec d’autres Chénopodiacées,
Salsola kali L. et surtout Cycloloma atriplicifolium (Sprengel)
Coulter (c’est une des très rares populations françaises), curieu-
se plante originaire de l’Amérique du Nord, ramifiée en forme ( Kochia arenaria ) Flore de Coste - Tome III
de boule et qui s’ornemente, l’automne venu, de magnifiques
fruits ailés pourpres. B. laniflora pousse sur les pelouses à an-
nuelles des endroits sablonneux (d’ou l’ex-nom de l’espèce),
secs, arides et à très faible concurrence végétale. Bassia laniflora
En raison de son très grand intérêt patrimonial, toutes les sta- Flore des champs cultivés - Ph. Jauzein
tions vauclusiennes de cette espèce qui est protégée en région
Provence-Alpes-Côte d’Azur font l’objet d’un suivi. A Bé-
doin, elle existe en deux stations aux effectifs très réduits (l’une
est fortement menacée car elle est située en bordure d’une par-
celle exploitée). A Roussillon, la station observée pendant de
nombreuses années n’a plus été confirmée. A Mormoiron, la
station de Vacquière est très importante (plusieurs centaines
d’individus) et elle fait l’objet d’une gestion conservatoire. En
effet, acquise par l’entreprise SIFRACO à la faveur de mesures
compensatoires mises en place à la suite de l’extension de l’ex-
ploitation d’une carrière de sable, elle a été rétrocédée au CEEP
(Conservatoire Études des Écosystèmes de Provence) qui en
assure la gestion avec le Conservatoire botanique national médi-
terranéen de Porquerolles. De plus, ce site est concerné par un Botanique vauclusienne :
projet d’Arrêté de protection de biotope qui retiendra égale- les Orchidées recensées – Un site dédié.
ment d’autres espèces patrimoniales de la commune de Mor-
moiron. Les stations du Calavon devraient être intégrées dans
La Société provençale d’orchidophilie ( Roland Martin, prési-
un site Natura 2000 ce qui permettrait d’assurer leur pérennité.
dent ) a réalisé l’inventaire des orchidées sauvages du Vaucluse
C’est une plante annuelle de 10 à 50 cm, entièrement velue, à
– pas moins de 80 espèces ont été dénombrées suite à environ
tige herbacée, dressée, rameuse dès la base, à rameaux très
20000 données rassemblées.
étalés. Les feuilles très étroites et aiguës, sessiles, très petites
sont couvertes de poils nombreux et appliqués. Les fleurs sont
Avec le soutien financier du Conseil général du Vaucluse un
groupées en longs épis linéaires, feuillés, densément laineux
site Internet a été ouvert.
(d’où le nom de l’espèce). Elles sont verdâtres et visibles
d’août à octobre. Le calice s’aplatit à maturité. Les sépales
Il propose un atlas cartographique permettant de visualiser tou-
laineux sont appliqués sur le fruit et chacun d’entre eux porte
tes les espèces dans leur espace naturel. Toutes les espèces sont
sur le dos une aile membraneuse ovale- allongée, ainsi le fruit
photographiées.
est entouré de 5 ailes membraneuses. ( voir schémas et photos
- encart couleur I )
Il se veut également un outil pour sensibiliser le grand public et
les responsables de travaux de terrain sur la fragilité de ces plan-
tes.
Jean-Pierre ROUX - Roselyne GUIZARD
http://perso.orange.fr/Orchideesvaucluse/
Bulletin de la SBV - 7 - n°17 - mai 2007
Inula bifrons (L.) L.
Comme I. conyza :
à Mazan et ailleurs…dans le Vaucluse
− ses capitules petits, jaunes, assez nombreux, cylindracés,
L’aunée variable ou aunée ambiguë (Linné lui réunissait ne possèdent que des fleurs tubuleuses.
primitivement une autre espèce à ligules rayonnantes) est
une Astéracée sud-européenne (de la France à la Rouma- − les bractées de l’involucre des capitules sont sur plusieurs
nie). Dans le Vaucluse, elle possède deux foyers principaux, rangs, celles des rangs inférieurs sont recourbées en de-
le bassin de Carpentras (de Mazan à la vallée de la Nesque) hors.
où sa présence ancienne était bien plus importante (elle exis-
tait alors à Villes-sur-Auzon, Mormoiron, Carpentras, Saint- − elle fleurit de Juillet à Septembre (souvent Octobre)
Didier et Pernes-les-Fontaines) et surtout le bassin d’Apt où
d’assez nombreuses stations sont observées, particulière- Mais trois caractères sont spécifiques à I. bifrons :
ment près de la ville d’Apt et à Rustrel/Gignac. Ailleurs, elle
est beaucoup plus sporadique (vallée de la Durance à Beau- − des feuilles vert clair, sans poils, glanduleuses et vis-
mont-de-Pertuis, et piémont sud du grand Luberon à Vaugi- queuses sur les deux faces. (l’involucre est lui aussi
nes et Grambois). glanduleux). (la plante « pègue »)
Elle est protégée sur l’ensemble du territoire national car − des feuilles caulinaires, sessiles, embrassantes et ailées
elle reste globalement rare en France (elle n’a pas été confir- décurrentes.
mée dans certains départements et dans d’autres elle est en − des capitules jaunâtres (jamais rougeâtres).
régression). Il est donc important de la connaître, de la re-
connaître et de la distinguer d’ Inula conyza DC. Dans le Tous ces caractères visibles sur les photos (encart couleur II )
Vaucluse, elle se maintient dans de bonnes conditions et elle sont récapitulés dans le tableau comparatif ci-dessous.
n’est pas activement menacée (sa présence est par exemple
prise en compte par la ville d’Apt dans les documents d’ur-
Jean-Pierre ROUX - Roselyne GUIZARD
banisme).

INULA BIFRONS (L.) L. INULA CONYZA DC.


Aunée variable Herbe aux mouches
Bords des chemins, lieux incultes secs à frais, fruticées, lisières
MILIEU
De 30 à 90 cm
TAILLE
De Juillet au Septembre
PERIODE DE FLORAISON
Bisannuelles
CYCLE (I. conyza peut être vivace si une tige a été coupée)
Dans toute la France et l’Europe
France : Sud- Est et Limagne
REPARTITION (sauf régions siliceuses)
- Glanduleuses, visqueuses
- Velues, non glanduleuses
FEUILLES - embrassantes, ailées, décurrentes
- pétiolées
Bractées inférieures recourbées, souvent rou-
Bractées inférieures recourbées
INVOLUCRE geâtres (ainsi que la tige)
Légèrement fétide (d’où herbe aux mouches)
ODEUR

Flore de Coste
Tome II
Page 314
n° 1862
n° 1863

Bulletin de la SBV - 8 - n°17 - mai 2007


LE SAFRAN…. DE L’OR VEGETAL !! on le retrouve encore dans le bon vieux sirop Delabarre pour
calmer les gencives enflammées du nourrisson lors d’une per-
CROCUS SATIVUS .L. cée dentaire. Ses effets dans les cas de dépression ont été prou-
vés lors d’essais cliniques, des préparations à base de safran
sont vendues comme antidépresseur. ( par la société Salvia)
UNE LONGUE HISTOIRE - alimentaires : c’est l’épice des gourmets. Seul cet usage per-
siste vraiment de nos jours.
Originaire d’Orient ou de la Méditerranée orientale, le safran est Son odeur spécifique, âcre, chaude, légèrement poivrée se marie
connu depuis la plus haute antiquité, cité dans les Papyrus de avec toutes les saveurs, améliore tous les mets ; le safran fait
l’Egypte ancienne, dans le Cantique des Cantiques ( le Kar- partie de la culture culinaire de nombreux pays au monde.
koum que la Bible mentionne serait le safran), dans l’Iliade,
cultivé depuis très longtemps en Europe . (voir encart sur le A PRIX D’OR !!!
Vaucluse).
Dans la mythologie grecque, « Krokos et son ami Hermès, Ces fleurs sont cueillies une à une, à l’aube, tous les jours pen-
jouaient ensemble à lancer le disque. Krokos fut mortellement dant un mois environ (septembre- Octobre).
atteint au front, son sang s’écoula par terre. Là où le sang avait Après la cueillette, vient l’émondage consistant à séparer les
coulé, sortit de terre une belle fleur rouge et jaune : le safran qui stigmates de la fleur.
devint symbole de vie et de résurrection. » Par la suite, les stigmates sont mis à sécher ou à déshydrater au
Cette fleur était symbole de pureté chez les Assyriens qui fai- four à 45°.
saient cueillir les fleurs par de jeunes vierges. Ils sont conservés sous forme de filaments ou réduits en pou-
Elle était l’objet de culte chez les Phéniciens. C’est une fleur dre ; le safran est commercialisé sous ces deux formes. Pour un
sacrée chez les bouddhistes. kilo de safran, il faut environ 220000 fleurs …et beaucoup de
Son nom dériverait de l’arabe az-za’farân qui signifie temps passé à la cueillette, l’émondage et le séchage. Aussi, le
« jaune » (allusion aux propriétés tinctoriales.) safran est l’épice la plus chère du monde : de 15 à 20 euros le
gramme !!
UN PHYSIQUE ÉCLATANT Il ne faut donc pas s’étonner que ce produit soit sujet à contrefa-
çon.
C’est une plante vivace de 10 à 30 cm qui pousse à partir d’un
bulbe (ou corme) arrondi, charnu. (très prisé des animaux sou- TOUJOURS IMITÉ
terrains : courtilières, petits rongeurs). Elle vit dans les mêmes
conditions climatiques et géologiques que la vigne. Le safran est l’épice la plus falsifiée soit sous forme de fila-
C’est une IRIDACÉE : elle possède donc 6 tépales, 3 étamines ments ou de poudre.
et un ovaire infère. Le safran est souvent adultéré par les fleurs :
Ses feuilles linéaires, étroites, en gouttière sont ciliées au bord. de carthame (Carthamus tinctorius appelé aussi saflor ou
Ses fleurs très odorantes apparaissent par 2 ou 3 de Septembre à « bastard de safran »)
Octobre ; elles sont très grandes, d’une belle couleur violette de souci (Calendula arvensis)
intense. Les 3 anthères sont jaunes, le style jaune est terminé par d’arnica (Arnica montana)
3 stigmates rouge sang écarlate longs dépassant souvent les de maïs (Zea)
tépales. Ces stigmates à extrémités renflées, denticulées ressem- On peut aussi mélanger aux stigmates du Crocus sativus ses
blant à des cornets pendent en de longs filaments. étamines, un excès de styles (appelé feminelles), de la paille ou
(Crocus vient du grec crobé qui signifie filaments) des fibres de cheval colorées chimiquement. On peut aussi di-
voir photos (encart couleur III ) minuer le temps de séchage pour augmenter le poids malgré le
Comme l’indique son nom d’espèce (sativus), ce Crocus n’est risque de moisissure .
connu nulle part à l’état spontané. Quant à la poudre, elle contient souvent de la poudre de Curcu-
C’est une plante stérile qui ne produit jamais de graines et se ma…ou de la poudre de brique, du plâtre, de la craie… !
reproduit exclusivement par mode végétatif. Il vaut mieux choisir le safran en filaments et se laisser guider
Cette stérilité est sans doute à relier à son état triploïde, il s’agi- par le prix….élevé !
rait d’un hybride entre deux crocus sauvages. (dont peut-être
l’espèce grecque Crocus cartwrightanus). Ou bien cultiver les crocus dans notre jardin pour illuminer nos
automnes et nos repas.
DE GRANDES QUALITÉS
Les stigmates de cette fleur ont de multiples vertus : Roselyne GUIZARD
- tinctoriales ; ce pouvoir tinctorial a toujours été utilisé pour les
tissus et les aliments, il est dû à la présence de pigments, les
crocétines, qui sont des caroténoïdes. (En Egypte, le safran teint BIBLIOGRAPHIE :
les bandelettes des momies notamment celles de Toutankha- Les plantes des mille et une nuits. Clotilde Boisvert. Aubanel.
mon). Le safran remplaçait souvent l’or dans les manuscrits Les plantes tinctoriales dans l’économie du Vaucluse au XIXe
arabes pour écrire le nom de Dieu. Cette plante permet d’obtenir siècle. Etudes rurales 1975,60.
de très beaux jaunes dorés inégalés. Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples.
- médicinales : Le safran a toujours été recherché pour ces ver- Anne Varichon. Seuil.
tus médicinales très variées. « Le rôle du safran est de libérer Provence : terre de senteurs. Plantes médicinales de Provence.
l’énergie, l’allégresse, le désir, le sang des femmes, l’enfant qui Alain Tessier. Editons Medicis.
va naître. » Dans toutes les civilisations, il a été l’aphrodisiaque Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France.
par excellence. Fournier. Lechevalier
De nos jours, il est peu utilisé dans le domaine thérapeutique ;

Bulletin de la SBV - 9 - n°17 - mai 2007


CROCUS VERSICOLOR Ker.- G ….un Crocus sauvage. LA CULTURE DU SAFRAN EN VAUCLUSE EST TRES
ANCIENNE
Il est présent dans tous les massifs montagneux du Vaucluse
dans les étages collinéen et montagnard (chênaies blanches et Le safran semble avoir pénétré en France au XIVe siècle, l’es-
hêtraies). sentiel de la production provenait du Vaucluse, plus particuliè-
C’est un joli crocus mauve dont les tépales externes sont striés rement des environs de Carpentras et d’Orange. (On en trouvait
de violet. a u s s i d a n s l e G â t i n a i s ) .
Cette espèce se distingue de C. sativus par : Au début du XXVIIe siècle, la ville de Carpentras comptait plus
la période de floraison : Crocus versicolor fleurit au printemps de 160 safraniers. La culture régressa au XVIIIe siècle car la
dès le mois de Février. garance vint concurrencer le safran.
Les caractères de stigmates : Cette culture se retrouve à nouveau au début du XIXe siècle
les stigmates sont orangés et sont beaucoup plus courts que dans plusieurs villages du département tels que Malemort, Mor-
le périanthe, dépassant à peine les étamines. moiron, Pernes et surtout Mazan ; en effet, suite au blocus
(détails sur les photographies de l’encart couleur III ) continental mis en place à la fin de 1806 par Napoléon 1er (pour
ébranler l’Angleterre), le préfet du Vaucluse dans les années
LE SAFRAN EN VAUCLUSE … 1810 -1812 reçut l’ordre d’examiner les possibilités de remettre
aujourd’hui. en culture d’anciennes plantes notamment un certain nombre
de plantes tinctoriales dont le safran. A cette époque, Mazan
Depuis 6 ans, près du Barroux, dans les Dentelles de Montmi- produisait à peu près « vingt quintaux de safran sur cent sal-
rail, Mme et Mr Pillet cultivent avec passion les bulbes de cro- mées de terre » (la salmée = environ 62 ares).
cus sur 1000 m² et produisent un peu plus d’un kilo de safran Il existait deux variétés commerciales de safran : la plus estimée
avec 220000 fleurs. était celle dite « d’Orange » ; l’autre « safran commun » conte-
CONTACT : nait, outre les stigmates, d’autres parties de la fleur. Le débou-
Marie et François Pillet ché commercial du safran à cette période était le marché de
L’aube safran Carpentras d’où des marchands protestants le réexpédiaient vers
Chemin du patifiage le nord ; une partie était aussi vendue aux fabricants de vermi-
84320 Le Barroux celles des villes avoisinantes.
contact@aube-safran.com La culture de safran semble avoir cessé en 1840 à Bédoin, en
www.aube-safran.com 1850 à Mormoiron et à Villes, en 1860 à Malemort et en 1873 à
Camaret.
« Les plantes tinctoriales dans l’économie du Vaucluse au
XIXe siècle » dans Etudes rurales 1975, 60 par Alice Peeters.
Stigmates de crocus

Page préparée par Roselyne Guizard

La SBV transpire à « Aube - Safran »

Bulletin de la SBV - 10 - n°17 - mai 2007


Ces trois journées de botanique se sont déroulées sous le soleil. caussenard, dont une partie du territoire se situe toutefois dans
La vingtaine de personnes présentes a pu apprécier la richesse les schistes où nous allons débuter notre herborisation. Ce sera
floristique de ce secteur des Cévennes qui, entre les zones schis- notre seul arrêt en milieu non calcaire, et pour nous l’occasion
teuses au-dessus de Saint-Laurent le Minier, les dolomies du d’y rencontrer une flore bien différente.
Causse de Blandas et les vastes étendues calcaires du Larzac
Entre les relevés préparatoires et ceux fait ce jour là ce sont 114
méridional, ont permis de parcourir des milieux très divers.
espèces qui ont pu être notées. Il est constaté, et cela sera aussi
C’est sous la direction de Jean-Claude Bouzat que le groupe a le cas pour d’ autres secteurs, qu’en vingt ans la fermeture des
successivement herborisé dans les schistes aux environs de milieux est très rapide, rendant les parcours parfois pénibles, et
Montdardier et ensuite sur la dolomie vers Blandas (3 juin), puis entraînant un relatif appauvrissement de la flore, au moins sur le
sur le calcaire, au nord de Navas (4 juin) et sur Vissec et Sorbs plan quantitatif. Ici, seul Anogramma leptophylla noté en 1986
(5 juin). Ces journées se sont terminées dans la fraîcheur des par JCB n’a pas été revue malgré une recherche active.
gorges de la Vis, près de Gorniès en fin d’après-midi du 5 juin.
Les parois rocheuses de schistes hébergent nombre de fougères
Le groupe était logé à Montdardier, soit en gîte soit au camping et de sédum : Asplenium septentrionale, A. adiantum-nigrum,
pour certain, d’où partaient les excursions. Dans ce joli village Ceterach officinarum, Polypodium cambricum, Sedum forste-
de l’arrière pays gardois nous avons pu profiter de repas en ter- rianum, S. hirsutum, S. telephium subsp. maximum, Umbilicus
rasse et, malgré des nuits plus ou moins agitées en fonction des rupestris, Plantago holosteum.
festivités autour du camping, d’un repos bien mérité après les
Dans les terrains rocheux et rocailleux, entre ou au-dessus des
longues journées d’herborisation sous un soleil ardent.
parois sont présents : Cistus salviifolius, C. laurifolius, Erica
Enfin, chacun(e) a pu tester sa voiture sur les pistes caillouteu- arborea, E. scoparia, E. cinerea, Calluna vulgaris, Cytisus oro-
ses du causse… Certaines ont frotté, mais tout le monde est mediterraneus, C. scoparius, C. triflorus, Genista pilosa, Thy-
passé. mus nitens, Anarrhinum bellidifolium, Centaurea pectinata,
Arenaria montana, Silene armeria, S. inaperta (rare et localisé).
La liste presque complète des espèces observées durant ces
trois journées devrait être disponible sur le site Internet de Très localisés, quatre pieds de Cistus pouzolzii ont été observés
la S.B.V. par quelques membres seulement, sur un petit promontoire ro-
cheux, car malgré le GPS il n’a pas été facile de les retrouver
Dans les schistes aux environs de dans un environnement difficile du fait de la densité des végé-
Montdardier Gard (Alt. 330 à 540 mètres) taux ligneux et épineux (d’autres pieds notés par JCB en 1986
n’ont pas été revus, sans doute étouffés par la végétation arbus-
Le matin, après un regroupement à Ganges nous partons en di- tive qui s’est largement développée. Cistus pouzolzii est un rare
rection de Saint-Laurent-le-Minier (anciennes mines de plomb taxon endémique des Cévennes siliceuses qui aime bien les
argentifère, de zinc et aussi d’or) pour, après ce village, nous landes rocailleuses et arbustives, ses stations les plus importan-
engager sur une petite route départementale bordée de rochers tes sont dans la zone limitrophe du Gard et de l’Ardèche.
siliceux qui conduit à Montdardier, village essentiellement

Bulletin de la SBV - 11 - n°17 - mai 2007


Quand la pente est moins forte ou dans les fissures où s’accu- sur calcaires (Festuco Brometalia)
mulent un peu de sable on note tout un cortège d’espèces an- - Pelouses rupicoles calcaires ou basiphiles du Alysso-Sedion
nuelles ou plus spécifiques des pelouses, en particulier : Aira albi
caryophyllea, A. cupaniana, Anthoxanthum odoratum, Briza - Parcours substeppiques de graminées et annuelles du Thero-
maxima, Bromus madritensis, Cynosurus echinatus, Holcus Brachypodietea
lanatus, Melica ciliata, Melica nutans, Micropyrum tenellum, - Landes oro-méditerranéennes endémiques à genêts épineux
Anthericum liliago, Crepis capillaris, Logfia minima, Senecio - Formations stables xérothermiques à Buxus sempervirens des
lividus, Tolpis barbata, Jasione montana, Tuberaria guttata, pentes rocheuses (berberidion p.p.)
Lathyrus sphaericus, Vicia hirsuta, Trifolium glomeratum, Mi- - Pentes rocheuses calcaires avec végétation chasmophytique
sopates orontium. (groupement de plantes aptes à s’installer dans les fissures ro-
cheuses).
Dans la partie boisée où domine Castanea sativa accompagné
de Quercus ilex et de Q. pubescens, se rencontrent aussi : Arbu- Le causse de Blandas
tus unedo, Pteridum aquilinum, Cephalanthera rubra, Hyperi-
cum montanum, Teucrium scorodonia, Digitalis lutea, D. pur- Le vaste causse de Blandas situé à l'ouest du département du
purea. Gard, comprend les territoires des communes de Blandas, de
Rogues et de Montdardier. Les versants abrupts du causse do-
En début d’après-midi, après une rapide prise de possession de minent la Vis qui le borne au sud et à l’ouest, cette rivière coule
nos hébergements respectifs à Montdardier, nous prenons la au fond d’une profonde fissure qui sépare ce causse de celui de
direction de Blandas qui a donné son nom au causse sur lequel Vacquières et de Saint-Maurice (Larzac méridional) situé dans
nous nous trouvons. le département de l’Hérault où se trouve la commune de Nava-
celles qui a donné son nom au célèbre cirque ; la vallée du Vi-
Le causse
gan, où coule l’Arre, le limite au nord et le sépare des terrains
Le causse de Blandas, de même que les causses du Larzac et de anciens qui forment la masse des hautes Cévennes (massif de
Campestre-et-Luc, fait partie des Causses méridionaux. Cet l’Aigoual).
ensemble régional original unique en Europe est le plus grand
Ce causse a 16 kilomètres environ de longueur, de l’est à
ensemble de formations herbeuses sèches semi-naturelles en
l’ouest, sa plus grande largeur, du nord au sud est de 12 kilomè-
France et abrite un grand nombre d’espèces.
tres, il représente une superficie de 7913 ha, pour une altitude
La fiche de présentation de ces causses proposés au titre de Na- allant de 540 à 955 mètres. Entre le sommet de la Tessonne et le
tura 2000 nous indique qu’ils ont pour origine géologique des village de Madières, son altitude moyenne est de 650 mètres.
entrées maritimes vieilles pour la plupart d’environ 150 millions Mais comme les couches du calcaire oxfordien, qui constituent
d’années. Ils sont composés de calcaires, marnes et dolomies ce plateau, vont toutes en se relevant vers le nord, il en résulte
dans lesquels l’eau, aidée par des bouleversements géologiques, des sommets élevés pour cette extrémité du causse : 830 mètres
a créé au fil du temps des réseaux complexes typiques du kasrt. au-dessus de la Tessonne au nord ouest de Navas et 955 mètres
L’eau s’y infiltre donc rapidement, ce qui explique l’absence à la Serre Goutèze (le Tour d’Arre sur certaine carte) encore
actuelle de cours d’eau permanents en surface, l’ensemble du plus à l’ouest.
réseau hydrogéologique souterrain réapparaissant sur ses pour-
Comme sur l’ensemble des causses, la végétation était à l'origi-
tours. Mais, localement, des couches d’argile permettent l’exis-
ne constituée par la forêt dense. Suite à la déforestation et au
tence de petites nappes aquifères superficielle à l’échelle d’une
développement de l'élevage ovin, le plateau est aujourd’hui
colline. Elles sont utilisées en particulier pour alimenter certai-
recouvert de :
nes lavognes.
- pelouses xériques dont les espèces dominantes sont : Brachy-
En surface, ce sont les glaciations successives et l’eau qui ont podium retusum, Bromus erectus, Festuca sp.(souvent dénom-
modelé le paysage par érosion et décomposition chimique (pour mée duriuscula par les anciens botanistes), la plus fréquente
l’eau), en jouant sur les différences de nature ou de dureté des étant sans doute F. auquieri, en particulier dans la moitié sud du
substrats. Ces facteurs sont à l’origine des poljés (dépression causse ;
étendue au fond argileux, comme l’ancien lit de la rivière orien- - landes à buis et genévriers sur les croupes et les coteaux cal-
té Nord/Sud parcourant les causses de Blandas et du Larzac), les caires ;
gorges ou canyons encore actifs, les avens (gouffres), les doli- - landes boisées et des taillis de Chêne pubescent :
nes (cuvettes à fond argileux) et les chaos dolomitiques ruinifor- - parcelles de céréales, de plantes fourragères ou de prairies
mes. artificielles subsistent encore dans les dépressions argileuses.
Ces phénomènes, certains accélérés par les défrichements, Notre parcours d’herborisation de la fin d’après
aboutissent superficiellement à des affleurements de roches sur midi se fera en terrain dolomitique sur la com-
les endroits les plus exposés (pentes, comme certaines dolines
ou puechs, chaos dolomitiques) et à l’accumulation de bonnes mune de Blandas (Gard) entre les hameaux de
terres souvent empierrées dans les dépressions (poljés, dolines). Belfort et de la Rigalderie (730 à 792 mètres)
A cette uniformité du paysage, s’ajoute une végétation peu va- Sans avoir l’ampleur des pelouses des sables dolomitiques que
riée, largement dominée par les pelouses qui donnent cet aspect l’on peut rencontrer sur le Larzac voisin nous avons pu voir, en
de pseudo-steppe à ce causse. Sous cette relative uniformité, le particulier au pied des zones rocheuses, des accumulations de
paysage recèle cependant une mosaïque de couverts végétaux, sables recouvert d’une végétation clairsemée appartenant à l’Ar-
résultat de la dynamique de la végétation et des différentes utili- merium junceae, les espèces ci-après ont été notées : Armeria
sations du terroir par l’homme. girardii, Arenaria aggreagata, Silene otites, S. conica, Carex
Proposé pour un classement Natura 2000 les causses sont riches liparocarpos, Hornungia petraea Clypeola jonthlaspi, Linaria
de plusieurs habitats prioritaires, notamment : supina, Helianthemum incanum (s’agissait-il de la subsp. pour-
- Pelouses sèches semi-naturelles et faciès d'embuissonnement retii ?).

Bulletin de la SBV - 12 - n°17 - mai 2007


Dans les pelouses formant le fonds de la végétation on relèvera :
Après le hameau de Navas nous prenons une piste qui nous
Orchis mascula, Gymnadenia odoratissima, Anacamptis pyra-
permet d’aller en voiture jusqu’à un kilomètre au nord, à proxi-
midalis, A. coriophora subsp. fragrans, Carex humilis, Melica
mité d’une lavogne (715 m) où nous notons Alisma planta-
ciliata, Sesleria caerulea, Euphorbia flavicomma, E. duvalii,
aquatica et Groenlandia densa.
Aster alpinus, Crepis albida, Leontodon crispus, Leucanthemum
graminifolium, Inula montana, Scorzonera purpurea, S. hirsuta, Entre ce point d’eau et le Roc de la Femme, sur le flanc ouest
Minuartia capillacea, Fumana procumbens, F. ericoides, Ono- de la Serre de la Labagne nous traversons une mosaïque de mi-
nis striata, Linum leonii, L. suffruticosum, Coris monspeliensis, lieux constitués de pacages, de landes, de bosquets de chêne
Ranunculus gramineus, Neatostema apulum, etc. pubescent, de haies, de pierriers.
Très localisés quelques pieds de Lithodora fruticosa accompa- On relèvera particulièrement la présence de : Carex muricata,
gnés de Aristolochia pistolochia, et Ononis pusilla. Bromus erctus, Koeleria vallesiana, Narcissus assoanus, Gla-
diolus italicus, Himantoglossum hircinium, H. robertianum,
Sur un ensemble de rochers dolomitiques, au SW de Belfort,
Orchis mascula, Ophrys scolopax, Bupleurum baldense, Cir-
nous pouvons noter diverses espèces appartenant au Kernero
sium ferox, Achillea odorata, Scorzonera hirsuta, S. hispanica
saxatilis- Arenarietum hispidae : Arenaria hispida (endémique
subsp. glastifolia, Iberis pinnata, Euphorbia nicaense, Ranun-
caussenarde), Kernera saxatilis, Asplenium ruta-muraria, A.
culus monspeliacus, Vicia onobrychoides, Onobrychis supina,
trichomanes subsp. quadrivalens, Ceterach officinarum, Sedum
Prunella laciniata, Ajuga genevensis, Salvia pratensis, Stachys
dassyphyllum, Hormathophylla spinosa, Minuartia rostrata,
germanica, Potentilla hirta, Primula veris, Valeriana tuberosa,
Hieracium lawsoni, Viola rupestris, Teucrium aureum.
etc.
Dans la végétation arbustive, outre les buis, les amélanchier, les Ce secteur abrite une vaste pelouse à Thapsia villosa (plusieurs
prunellier et genévrier, on notera Pirus sylvestris, Lonicera pe- milliers de pieds de cette Ombellifères, par ailleurs peu commu-
riclymenum, Ribes alpinum, Rhamnus saxatilis, Prunus maha- ne) avec Iris lutescens, Crupina vulgaris, Inula montana, Iberis
leb. Pierrette nous a montré Rosa canina, R. agrestis et R. rubi- pinnata, Euphorbia duvalii, E flavicoma, Ranunculus grami-
ginosa. neus, Cytisus sessilifolius, Valeriana tuberosa, Leontodon cris-
pus, Onosma fastigiata, Orchis simia, etc.
La journée du dimanche est consacrée à l’explora-
tion du nord du causse de Blandas, depuis le villa- Au-dessus de la Tessonne, en bordure du causse, dans des lan-
des à Buis situées sur la commune de Bez et Esparon, nous no-
ge de Navas jusqu’à sa bordure septentrionale qui tons : Anthericum liliago, Asphodelus cerasiferus, Platanthera
domine les pentes du bois de la Tessonne et la val- chlorantha, Centaurea maculosa subsp. albida (taxon inscrit au
lée de l’Arre livre rouge), rare endémique des Cévennes, connu du Gard et de
Cette partie du causse est façonnée dans divers calcaires, plus l’Ardèche, (il convient toutefois de rappeler l’extrême variabili-
té et le polymorphisme saisonnier que l’on rencontre chez les
Centaurée, ce qui relativise la valeur de certains microtaxons),
Crepis albida, Inula montana, Senecio provincialis, Onosma
fastigiata, Campanula persicifolia, Phyteuma orbiculare, An-
thyllis vulneraria subsp. praepropera, Teucrium polium, Plan-
tago argentea, Geum sylvaticum, etc.
Dans ces mêmes landes, à proximité du Roc de la Femme, vers
705 mètres, petite station de Serratula nudicaulis avec Narcis-
sus assoanus, Polygonatum odoratum, Carex humilis, Bupleu-
rum falcatum, Bunium bulbocastanum, Laserpitium siler, Cen-
taurea montana subsp. axillarioides, Arabis hirsuta, Noccaea
caerulescens subsp. occitanicum, Anthyllis montana, Antirrhi-
num majus, etc.
Le rocher du Roc de la Femme (710 mètres), chicot dolomitique
au milieu des pentes environnantes qui, en vingt ans, se sont
ou moins argileux, tendres, du Séquanien-Rauracien, qui peu- abondamment couvertes de ligneux, rendant très difficile leur
vent être parfois dolomitisés en masse irrégulières, dégagées par exploration, au détriment d’espèces intéressantes. Sur ce secteur
l’érosion, formant alors des ensembles ruiniformes dominant les n’ont pas été vus par exemple Leucanthemum subglaucum, Hy-
falaises du Bathonien. pericum hyssopifolium et Molopospermum peloponnesiacum
qui étaient AC en 1986. De même Potentilla caulescens, Daph-
Comme le souligne J. Mathez dans sa présentation du secteur
ne alpina, Hieracium amplexicaule, vus également en 1986 sur
pour la 113éme session extraordinaire de la S.B.F., cette région
la base du rocher n’ont pu être repérés, celle-ci étant maintenant
est d’une grande richesse floristique ; elle fut explorée dès le
envahie par la végétation. Ont pu toutefois être notés sur le ro-
19éme siècle mais c’est J. Braun-Blanquet qui, entre 1912 et
cher : Asplenium trichomanes subsp. quadrivalens, Ceterach
1932, en fit l’inventaire le plus complet. Il y cite une espèce
officinarum, Narcissus pseudonarcissus, Arabis verna, Horma-
découverte en 1914, le Nectaroscordum siculum (= Allium sicu-
tophylla spinosa, Dianthus sylvestris subsp. longicaulis, Rham-
lum), qu’en vain de nombreux botanistes ont depuis recherché.
nus alpina et Saxifraga cebennensis, endémique des Cévennes
Entre Montdardier et Navas, vers 630 mètres d’altitude, nous
calcaires, déjà noté lors d’une sortie de la SBV le 11 avril 2004
pouvons admirer le Phlomis herba-venti, très belle espèce qui
dans sa station la plus méridionale, sous le château de Montfer-
est donnée commune sur ce causse, et que l’on va retrouver
rand, au Pic Saint Loup au nord de Montpellier.
jusqu’au littoral languedocien.

Bulletin de la SBV - 13 - n°17 - mai 2007


Dans une canaule en forme d’éboulis à très forte pente, au pied Le lundi sur le Larzac méridional, entre Saint Mi-
du rocher, non fleuris, plusieurs pieds de Lilium martagon avec chel (Hérault) et Vissec (Gard)
Laserpitium gallicum, Arabis turrita, Viburnum lantana, Ame-
lanchier ovalis, Sorbus aria, Buxus sempervirens, etc. Après un agréable petit déjeuner en terrasse, malgré l’air vif du
matin, et une fois l’ordre remis dans nos affaires nous prenons
A quelques centaines de mètres à l’ouest du Roc de la Femme la route du départ pour rejoindre Blandas, à la sortie duquel, en
un important éboulis encore actif, de plus de 200 mètres de long direction de Vissec, nous faisons l’arrêt touristique incontourna-
descend depuis la partie supérieure du plateau pour atteindre les ble pour « jeter un oeil » sur le fameux cirque de Navacelles, au
falaises dolomitiques du Bathonien. Quelques personnes n’ont fond des éboulis abritant l’association du Centranthus lecoquii.
pas hésité à en faire la descente, parfois périlleuse ( ?), pour Après la traversée de la Vis dans le village de Vissec nous re-
aller à la rencontre de : Laserpition gallicum, Campanula spe- montons vers le sud pour atteindre les pentes du causse de Vis-
ciosa, Leucanthemum subglaucum, Hypericum hyssopifolium, sec « qui n'est, à proprement parler, qu'une fraction du grand
Rumex scutatus et de la rare Aquilegia viscosa. causse de Vacquières et de Saint-Maurice, situé dans le départe-
ment de l’Hérault et attenant à la chaîne de la Séranne. Le roc
Aquilegia viscosa était connue de Magnol qui dès 1676 citait Mérigou (779 m), rocher de dolomie oxfordienne, d'un aspect
une ancolie hirsute sur les bords de la Jonte vers Meyrueis, mais très remarquable, forme le point culminant du causse de Vis-
c’est Gouan qui se référant à Magnol et Tournefort, publiera sec », on peut géographiquement rattacher cet ensemble au Lar-
l’espèce en 1765 qui sera retenue par Linné (1767). La délimita- zac méridional.
tion de cette espèce est devenue ensuite très confuse, cette ques-
tion évoquée par Loret dans la flore de Montpellier s’est ensuite
compliquée avec la prise en considération d’un taxon décrit du
Conflent et des Corbières, l’A. hirsutissima, distinct de la plante
caussenarde. Dans une publication de Breistroffer parue en
1981 (bulletin de la SBF tome 128) dont le titre est "Sur la défi-
nition taxonomique et la nomenclature de l'Aquilegia viscosa »
l’évolution de cette question est étudiée, mais cet article a semé
du trouble, dans la mesure où à sa lecture on est tenté de penser
que les taxons seraient séparés géographiquement, ce qui n'est
pas le cas.

Je remercie James Molina du CNBP (communication per-


sonnelle) des informations qu’il m’a fournies et desquel-
les il ressort que la plante de la Tessone est la même que
celle des Pyrénées à savoir A. viscosa Gouan subsp. hirsu-
tissima (Timb.-Lagr.) Breistr. (taxon nommé à partir d'une
plante cueillie sur le Montoulié de Périllos par Timbal-
Lagrave, où Timbal dit que c'est la même que l'hirsutissi- Avant d’atteindre le plateau, lors de la sortie de reconnaissance
ma de Lapeyrouse des Pyrénées et dont il donne une dia- en avril, nous nous étions arrêtés dans un bois de Chêne pubes-
cent et d’Alouchier où nous avions noté : Tulipa australis,
gnose qui justifie le nom). Le vrai viscosa de Gouan (A.
Paeonia officinalis subsp. microcarpa, Thalictrum minus,
viscosa Gouan subsp. viscosa) est une endémique causse- Daphne laureola, etc. Nous n’aurons pas le temps d’y conduire
narde, c’est la plantes des gorges du Tarn, des parois ro- le groupe, d’autant que les espèces intéressantes seraient défleu-
cheuses en balmes et non pas des éboulis. ries.

La subsp. hirsutissima est connue au Roc Blanc, à la Tes- Après la ferme des Baumes nous empruntons la piste qui nous
sone où nous l’avons vue, sur la Serre du Pin sur la- Ser- mène au terrain d’aviation, au sud du Roc de Mérigou, à partir
rane (commune de St Maurice) et au-dessus de Saint- duquel nous herboriserons entre la Serre Pelée et le Puech Tu-
Privat vers le plateau de Courcol (trouvée par Jérémie ges, passant, sans nous en rendre compte, du Gard à l’Hérault et
Barret du CEN LR). Ensuite il faut la retrouver dans les des communes de Vissec à celles de Sorbs ou de Saint-Michel.
Pyrénées-Orientales au Montoulié de Périllos, en limite de
Il s’agit ici d’un secteur du Larzac visuellement très différent de
l’Aude, et sur le massif du Coronat à Nohèdes et à Conat. celui que l’on a l’habitude de voir plus à l’ouest, autour de l’A
75 par exemple mais, ici aussi, la préservation de ce vaste espa-
J. Molina souligne que la position d'espèce se justifie car ce naturel remarquable passe par le maintien des activités pasto-
toutes les Ancolies endémiques (de reuteri à pyrenaica) rales extensives. Il semblerait toutefois que ponctuellement cet-
sont à placer au même rang. On aurait pu choisir d'en faire te pression soit assez forte, et au début du mois de juin la Serre
des variétés ou des sous-espèces de vulgaris, mais cela Pelée méritait bien son nom.
troublait trop les habitudes, donc il a été opté pour l'espè- Dans le prolongement du terrain d'aviation, au pied de la Serre
ce. Pelée, vers 710 mètres, Nicole et quelques autres se sont attar-
dés aux abords d’une culture où ont été notés : Bupleurum ro-
Il eut été intéressant d’explorer les falaises dolomitiques, mais tundifolium, Caucalis platycarpos, Scandix pecten-veneris, Ibe-
en l’absence de débroussailleuse, nous n’avons pas pu poursui- ris pinnata, Neslia apiculata, Legousia hybrida, Acinos arven-
vre l’aventure où elle était prévue…les pierriers densément cou- sis, Papaver rhoeas, Asperula arvensis.
verts d’arbustes auront eu raison du groupe.

Bulletin de la SBV - 14 - n°17 - mai 2007


Au SE de la Serre Pelée, sur la commune de Vissec, entre le Et pour terminer : ripisylve de la Vis en amont de
terrain d'aviation et la limite communale (altitude 700 à 710 la maison forestière du Grenouillet sur la commu-
mètres environ) nous parcourons une lande à buis, des pelouses,
des secteur surpâturés et une bordure de culture, beaucoup d’es- ne de Gorniés (Hérault)
pèces parmi lesquelles nous retiendrons : Asphodelus cerasife- En aval de Madières les gorges de la Vis entaillent et séparent
rus, Carex humilis, Ornithogalum umbellatum, Anacamptis le causse de Blandas de la Montagne de la Séranne et consti-
pyramidalis, Bromus erectus, Koeleria vallesiana, Bupleurum tuent le seul milieu frais dans un environnement souvent aride.
baldense, Scandix australis, Achillea odorata, Bombycilaena Jusqu’à la confluence avec le fleuve Hérault, se développe une
erecta, Carduncellus mitissimus, Carduus nigrescens, Carlina végétation arborescente linéaire caractéristique des bords des
acanthifolia, Carthamus lanatus, Centaurea aspera, C. pectina- eaux, constituant un corridor d’arbres à feuillage caduque, faci-
ta subsp. supina, Cirsium vulgare, Crupina vulgaris, Echinops lement identifiable au milieu des chênes verts peuplant les ver-
ritro, Inula montana, Jurinea humilis, Leontodon crispus, Scor- sants de la vallée.
zonera hirsuta, Tragopogon dubius, Campanula rapunculus, La fiche de présentation de ce secteur, classé en ZNIEF, souli-
Helianthemum apenninum, H salicifolium , Convolvulus canta- gne que « la rivière et les formations arborescentes qui l’entou-
brica, Euphorbia cyparissias, E flavicoma, E. nicaeensis, An- rent, constituent en région méditerranéenne, les reliques d’une
thyllis montana, A vulneraria subsp. praepropera, Genista sa- végétation des régions tempérées. Jadis très étendue, cette for-
gittalis, Trigonella gladiata, Globularia bisnagarica, Lavandu- mation ne subsiste plus que le long des berges des cours d’eau
la angustifolia, Phlomis herba-venti, Salvia pratensis, Onobry- et est souvent réduite à une simple haie. La ripisylve de la Vis
chis supina, Teucrium aureum, T. polium, T. chamaedrys, Thy- offre une zone d’intérêts écologique et paysager remarquables,
mus vulgaris, Linum leonii, L. narbonense, Althaea hirsuta, elle est en effet une zone de passage et de reproduction pour de
Filipendula vulgaris, Geum sylvaticum, Scrophularia canina nombreuses espèces d’oiseaux, d’origine plus nordique, qui
subsp. juratensis, etc. trouvent là les seuls milieux favorables à leur maintien sous un
climat méditerranéen, et une zone de refuge pour une flore spé-
Sur les pelouses à l'extrémité est de Puech Tuges (commune de
cifique, diversifiée et très riche. »
Sorbs Hlt.) nous notons de beaux peuplements de Genêt de Vil-
lars et de Jurinée, deux taxons présents çà et là sur l’ensemble Après le village de Madières, dans cette ripisylve, (Altitude 215
du secteur. Un relevé ponctuel fait autour des ces deux espèces, mètres environ) à structure et essences très variées, qui peut
vers 722 mètres, donne : Carex humilis, Koeleria vallesiana, prendre quelquefois la forme d’une véritable forêt "galerie" où
Bombycilaena erecta, Carduncellus mitissimus, Filago vulgaris, s’enchevêtrent arbres, arbustes et lianes nous avons noté, en
Jurinea humilis, Genista pulchella subsp. villarsii, Teucrium cheminant sur le sentier qui borde la Vis : Fraxinus angustifo-
aureum, Thymus vulgaris, Linum narbonense. lia, F. ornus, Alnus glutinosa, Acer campestre, A. monspessula-
num, A. opalus, A. pseudoplatanus, Corylus avellana, Ostrya
Sur cette même pelouse, mais beaucoup plus localisés deux carpinifolia, Ligustrum vulgare, Phillyrea media, Platanus x
petits peuplements de serratule, un relevé fait à 731 mètres don- hispanica, Populus nigra, Salix eleagnos, S. purpurea, Tilia
ne : Juniperus communis, Pinus sylvestris, Muscari comosum, platyphyllos, Eriobotrya japonica, Prunus avium, Euonymus
Serratula nudicaulis, Genista pulchella subsp. villarsii, Teu- europaeus, Cornus mas, Robinia pseudoacacia, Cercis siliquas-
crium aureum. trum, Laurus nobilis, Hippocrepis emerus.
Sur les pelouse de crête à Genêt de Villars et Jurinée, en limite Le sous-bois luxuriant est parfois impénétrable avec Clematis
des communes de Sorbs et de Vissec, vers 725 à 735 mètres vitalba, Hedera helix, Rubus sp., Ruscus aculeatus, Smilax as-
environ, Gagea pratensis avait été noté en avril 1996, nous y pera, Asparagus acutifolius, Buxus sempervirens, Viburnum
avons rencontré : Lithospermum arvense, Iberis saxatilis, Ono- tinus.
nis striata, Lamium amplexicaule, Saxifraga tridactylites. Très
ponctuellement quelques rares pieds de Scorzonera austriaca La strate herbacée est riche en Poaceae avec : Arrhenatherum
subsp. bupleurifolia. elatius, Brachypodium sylvaticum, Dactylis glomerata, Festuca
arundinace, Piptatherum paradoxum, Poa nemoralis, Roegne-
Plus localisé sur les pentes de la Serre Pelée on peut relever : ria canina (= Agropyrum caninum), auxquelles vont se joindre
Muscari botryoides (déjà défleuri en avril), Muscari neglectum, Epipactis helleborine, Pimpinella major, Eupatorium cannabi-
Scilla autumnalis, Iris lutescens, Achillea odorata, Lithodora num, Lithospermum purpurocaeruleum, Arabis turrita, Silene
fruticosa, Potentilla hirta ainsi que nombre d’espèces déjà no- vulgaris, Euphorbia amygdaloides, Geranium nodosum, Aqui-
tées. legia vulgaris, Helleborus foetidus, Hepatica nobilis, Lathraea
Après ces magnifiques moments qui nous ont permis de parcou- clandestina, Linaria repens.
rir un milieu d’une grande richesse fût venu l’heure du repas ; Un rocher est recouvert par Adiantum capillus-veneris et Asple-
l’absence d’ombre nous conduisit à rechercher ailleurs et à quel- nium trichomanes subsp. quadrivalens.
ques kilomètres de là un reboisement de Pins d’Autriche qui pu A défaut de parcourir l’arboretum appartenant à l'Office Natio-
accueillir notre groupe ; à proximité une culture était quasiment nal des Forêts, composé de nombreuses essences plantées, rares
envahie par les bleuets, Chantal ne manquât pas d’en faire un et exotiques en association avec des essences de reboisement
magnifique bouquet. classiques, c’est en longeant la route que nous retournerons à
nos véhicules et pour retarder le temps de la séparation certains
Une fois que Roselyne eut terminé sa sieste, le groupe prit la s’attarderont devant les tapis de verdure du talus et des fossés
direction de Saint-Maurice de Navacelles afin de redescendre pour deviser sur : Lapsana communis, Mycelis muralis, Rhaga-
vers la Vis, que la route longe sur plusieurs kilomètres au milieu diolus stellatus, Lithospermum purpurocaeruleum, Saponaria
de la magnifique forêt domaniale de la Séranne, nous ferons un officinalis et Geum urbanum.
ultime arrêt vers la maison forestière du Grenouillet.
Un merci à tous les participants pour la bonne ambiance et les échan-
Jean-Claude Bouzat avec la collaboration de ges de connaissance qui nous ont permis de mieux connaître nombre
Mathieu Chambouleyron d’espèces rares ou endémiques des Cévennes schisteuses ou calcaires.

Bulletin de la SBV - 15 - n°17 - mai 2007


mes souvent bien conservées, certains ont vu s’installer un lac (lac
du Bouchet) qui a souvent évolué en tourbière (marais de Limagne,
la Sauvetat, narces de Landos…).
Le versant Loire permet d’observer l’empilement des coulées sur
plus de 100 mètres d’épaisseur. Le versant Allier, plus pentu, a
permis aux coulées de descendre jusqu’à la rivière en d’impression-
nant ensembles prismés (Chanteuges, Prades, Monistrol d’Allier, le
Nouveau-Monde…), sur cette bordure occidentale (haute-vallée de
l’Allier) apparaît localement le socle hercynien de granite et de
gneiss.

Même si la description qu’en faisait en 1883 l’auteur (Adolphe


Joanne) d’un petit livre de géographie sur la Haute-Loire, évoquant
La S.B.V. en Velay et Gévaudan «…les neiges qui s’amoncellent pendant six mois de l’année dans
( 30 juin, 1et 2 juillet 2006 ) cette Sibérie méridionale, où il gèle souvent au mois de juin… »,
n’est plus la réalité, le Devès, malgré des influences méditerranéen-
C’est en Haute-Loire, présentée aujourd’hui par les circuits nes qui peuvent remonter jusqu’à son niveau, reste un pays rude, au
touristiques comme le Sud de l’Auvergne, que les botanistes climat rigoureux (les chutes de neige en avril ou mai ne sont pas
de la S.B.V. se sont retrouvés, en bonne compagnie puis- exceptionnelles) et assez humide, qui ne permet qu'une faible agri-
qu’ils étaient accompagnés des meilleurs représentants lo- culture principalement concentrée sur les plaines. L'élevage bovin
caux de cette science « aimable ». Le vendredi 30 juin 2006, est fait sur de petites exploitations familiales.
en fin d’après-midi, le village de Siaugues-Sainte-Marie Le réseau hydrographique des plateaux se résume à quelques ruis-
accueillait pour deux jours une vingtaine de personnes dont selets, localisés sur les pourtours du plateau et qui vont se terminer
la plupart arrivait du Sud-Est, dans le but de découvrir quel- en cascades dans la Loire ou l’Allier.
ques milieux où le calcaire laisserait la place à d’autres ro- Les paysages sont variés, alternant les plateaux couverts de bois et
ches. de landes et les vallées plus fertiles. C’est sur la longue arête dorsa-
le que s’étale une importante forêt longue de 10 km et large de
Le séjour devait leur permettre en effet de passer de la rive trois, constituée de plantations de sapins et d’épicéas mélangées
droite de l’Allier, cette rivière que remonte encore le sau- avec les quelques espèces qui à l’étage montagnard accompagne les
mon, où sur un substrat basaltique une hêtraie et une tour- fayards. Le taux de boisement reste assez faible. Ponctuellement
bière étaient au programme du samedi, tandis que le diman- des zones humides, bas-fonds plus ou moins marécageux, locale-
che après le RV à Langeac, sur la rive gauche, l’objectif ment appelés sagnes ou narces se trouvent au milieu des cultures,
était les plateaux granitiques de la Margeride. parfois il peut s’agir de véritables marais ou tourbières qui ont
commencés en Haute-Loire à se former dès le retrait des derniers
Dans le Devès… glaciers il y a 15000 ans (glaciation du Würm).
Situé en Velay, dans le département de la Haute Loire, le Comme cela est développé par ailleurs (Cf. l’article sur les tourbiè-
Devès est le plus vaste plateau basaltique de France avec 80 res dans le présent numéro), une tourbière commence son histoire
km de long du NNW au SSE et 15 km de large ; le plateau dans des eaux stagnantes (lac, étang,…) à la périphérie desquelles
s'étend entre les vallées de l'Allier (qui la sépare de la Mar- des plantes aquatiques vont croître et se décomposer, cette décom-
geride) et de la Loire qui occupe le bassin sédimentaire du position se fera très imparfaitement dans une eau immobile et peu
Puy en Velay et l’entaille profondément en amont, les gor- oxygénée donc sans activité microbienne, conduisant, après des
ges de la Loire coupant le plateau qui occupe une surface siècles, au colmatage du plan d’eau et à la régression des plantes
restreinte sur la rive droite du fleuve. D’une altitude moyen- aquatiques. Sur le nouveau support qui s’est formé (la tourbe noire)
ne élevée, supérieure à 1000 mètres, il culmine au Mont ainsi que sur le radeau qui subsiste encore en surface et dans les
Devès à 1421m où se situe un gigantesque relais, point de régions ayant un climat approprié (pluviométrie et température) s’y
repère dans le paysage, dépassant les conifères développe une végétation où la présence des Sphaignes joue un rôle
essentiel ; si les facteurs climatiques n’étaient pas présents, on as-
Le plateau basaltique est constitué d'un empilement de cou- sisterait à une simple banalisation du marais.
lées prismées (orgues volcaniques) d'origine fissurale et très
riches en éléments de socle et en nodules de péridotite du C’est sur une tourbière qui « figure parmi les plus beaux fleurons
manteau supérieur. Elles reposent soit sur le socle granito- des tourbières française » que Maryse Tort nous a conduit, le ma-
gneissique soit sur les sédiments du bassin du Puy et dessi- rais de Limagne, situé sur les communes de Siaugues-Sainte Marie
nent l'ancien réseau hydrographique. et Saint-Jean de Nay, dont les abords constituaient, avant la créa-
tion des départements, la limite entre l’Auvergne et le Velay qui
C’est le plus bel exemple de fissure éruptive de France où était rattaché à la province du Languedoc et à la sénéchaussée de
les cônes sont quasi agglomérés, plus de 200 cônes de sco- Beaucaire.
ries (les gardes) constellent le massif, volcans de type
stromboliens, déportés sur la frange Ouest du plateau, cer- …autour du marais du maar Limagne
tains conservant leur cratère (Mont Bar) et recoupé par plu-
sieurs dizaines d'appareils d'origines phréatomagmatiques Localisé au Nord-ouest du plateau basaltique, le marais de Lima-
(éruption qui résulte de l’interaction d’un magma ascendant gne, qui occupe environ une trentaine d’hectares, a pris place dans
avec une nappe d’eau souterraine) édifiant une cinquantaine un maar de 70 hectares, à 1080 m d’altitude, dominé par plusieurs
de maars (cratère d’explosion en forme de cuvette, entouré cônes de scories et par des accumulations de tufs et brèches volca-
d’un rempart mince et bas de débris volcaniques) aux for- niques.

Bulletin de la SBV - 16 - n°17 - mai 2007


leurs en forte régression. A noter que les autres stations française
ne semble pas dépasser l’altitude de 700 mètres.

Le marais de transition, qui occupe une surface d’environ 4,5


ha abrite une Cariçaie à laîche filiforme avec des sphaignes et
le Carex des bourbiers

Dans le marais de Limagne, le marais de transition occupe deux


positions. Tout d’abord une position de ceinture qui domine la plus
grande partie de l'anneau périphérique. position transitionnelle,
entre le pseudo-lagg évoqué ci-dessus qui le cerne à l’extérieur et la
tourbière centrale active. Une seconde position, morcelée et réduite
en surface, est notée en limite des gouilles du haut marais.

L’alimentation en eau provient de sources et de ruisselle- Bien que le niveau des eaux de la Cariçaie soit un peu inférieur à
ment le long de la bordure du maar tandis qu’un déversoir, celui de la ceinture externe et qu’il fluctue davantage en cours d'an-
un ruisseau affluent de la Fioule, se situe au Nord-Est. Il née (maxi en hiver), ici aussi le substrat est toujours humide
s’agit donc d’un marais topogène (avec quelques apports (mésotrophe à oligomésotrophe) car nous sommes sur le prolonge-
soligènes) ment du radeau commencé avec les Comaret, les Menyanthe et la
Prêle des eaux, d’ailleurs toujours présents dans le tapis de bryo-
Outre son intérêt intrinsèque le marais de Limagne permet phytes et de sphaignes. Sous ce radeau l’épaisseur d’eau, de tourbe
une approche pédagogique de ce type de milieu humide car, fluide ou de vase peut dépasser 2 mètres. Outre Carex lasiocarpa
particulièrement bien structuré en deux grands ensembles, il qui le caractérise on note : Carex rostrata, C. elata, C. vesicaria, C.
présente tous les gradients écologiques, depuis les bords de curta, C. diandra, et le Carex de bourbiers, Carex limosa, espèce
type minérotrophe, colonisé par des végétations flottantes ou rare et protégée. Autre espèce protégée Eriophorum gracile. On
hygrophyles, au centre de type ombrotrophe, mosaïque de note également : Agrostis canina, Drosera rotundifolia, Epilobium
groupements de tourbières à Sphaignes, en cours de coloni- palustre, Galium palustre, Viola palustris, Cirsium palustre, Scu-
sation par les Pins sylvestres et les bouleaux. tellaria galericulata.

Marais dangereux du fait de nombreux trous d’eau cachés,


notamment dans sa partie Est, il convient d’être particulière-
ment vigilant lorsqu’on y pénètre ; on peut toutefois faire un
transect en partant du Nord à environ 350 mètres de la mai-
son du Lac pour rejoindre la rive Sud, soit environ
500 mètres. On constate que la végétation est organisée en
ceintures concentriques, certaines externes, dans une dépres-
sion aquatique dépourvues de ligneux, tandis que dans les
secteurs les plus internes se développe le Pin sylvestre et le
Bouleau verruqueux.

Une ceinture externe d’environ 7 ha, véritable radeau


amarré à la rive par les rhizomes entrelacés sur plu-
sieurs dizaines de centimètres des Comaret, Menyanthe
et Prêle des eaux, constitue le bas-marais périphérique

Il s'agit là du secteur le plus humide de la tourbière, pseudo-


lagg ou anneau aquatique qui recueille les eaux de ruisselle-
ment des pentes environnantes chargées en sels minéraux. Le haut-marais ombrotrophe occupe le centre du marais sur
Sur ce substrat vaseux, noirâtre, toujours humide et par ail- environ 21 ha, il se caractérise par la présence de buttes peu
leurs nettement minérotrophe, plusieurs faciès ont été identi- humides, parfois asséchées, de type oligotrophe,…
fiés. Sans entrer dans ces détails, affaires de spécialistes,
nous avons notés, outre Potentilla palustris, Menyanthes Dans cette tourbière flottante du maar de Limagne, le centre du
trifoliata et Equisetum fluviatile : Carex rostrata, C. vesica- marais est occupé par un tapis de sphaignes, d’épaisseur irrégulière,
ria, Lemna minor, Sparganium erectum subsp. neglectum, avec des buttes visibles çà et là. Véritable mosaïque de groupe-
Angelica sylvestris, Cirsium palustre, Mentha arvensis, Scu- ments végétaux, qui évoluent en fonction du degré d’humidité, qui
tellaria galericulata, Epilobium palustre, Galium palustre. varie de la base de la butte à son sommet, on est ici sur la partie où
Comme la Lentille d’eau la présence de Marchantia poly- la tourbière n’est alimentée que par l’eau de pluie ou météorique,
morpha (Hépatique à thalle) atteste de la minéralisation de c’est la partie active de la tourbière.
cette partie du marais.
Le fond de la végétation des buttes est constitué de plusieurs espè-
Sur le secteur Est, dont l’accès est particulièrement dange- ces de Sphagnum (Spagnum centrale est omniprésent) ainsi que
reux, se trouve un faciès qui abrite une belle population de d’autres Bryophytes, les Spermaphytes qui y trouvent place sont
Grande douve, Ranunculus lingua, l’une des deux stations très spécialisés et adaptés à ce milieu, ce sont des espèces acidiphi-
auvergnates de ce taxon (l’autre étant sur un autre marais du les et oligotrophes, capables pour certaines de compenser les défi-
Devès) qui figure sur la liste des espèces protégées, par ail- cits du substrat. C’est ainsi que Drosera rotundifolia, plante de 10 à

Bulletin de la SBV - 17 - n°17 - mai 2007


20 cm de hauteur, avec des feuilles rondes de couleur rouge, d’une manière extensive sur lesquelles sont présentes la Carline à
étalées en rosettes, dotées de poils glanduleux avec lesquels feuilles d’acanthe et le Liseron de Biscaye, en cours de fermeture
elle capture en les engluant des petits insectes de passage, du fait de l’installation d’une friche avec des fourrés d’épineux et
digérés à l'aide d'enzymes, pallie au manque de composés des bosquets de Chêne pubescent vers le sommet, c’est au Nord et
azotés du sol. Outre la Rossolis à feuilles rondes ont été no- à l’Est que la hêtraie occupe une place importante.
tés sur les buttes : Carex limosa, C. nigra, Eriophorum vagi-
Avant d’être couvert par la forêt le mont Briançon, terre sans gran-
natum, Molinia caerulea, Potentilla erecta, Calluna vulgaris
de valeur agricole, constituait un pâturage ovin, c’est l’abandon
et Vaccinium myrtillus ainsi que certains ligneux comme
progressif du pastoralisme qui a permis à la fruticée et ensuite à la
Pinus sylvestris et Betula pendula, apparus depuis le milieu
pinède de s’installer. L’emploi de cette forêt pour le bois de chauf-
du XX siècle, sans pour autant correspondre au stade de fin
fage a favorisé l’installation du hêtre au détriment du pin, systéma-
de vie de la tourbière, dont des études récentes indiquent au
tiquement éliminé, accélérant ainsi une évolution naturelle qui se
contraire qu’il s’agit d’un haut-marais encore jeune.
poursuit actuellement au bénéfice des sapins qui occupent les espa-
…il est parcouru par un réseau de dépressions, gouilles ces disponibles. Comme le précise Maryse Tort, les graines du sa-
remplies d’une eau stagnante et très acide pin ne germent qu’à l’ombre protectrice d’arbres déjà installés,
tandis que les akènes du hêtre souffrent des substances inhibitrices
Maryse Tort souligne que « Les textes de la Directive Habi-
des sapins adultes.
tats (2004) ont contribué à une clarification du statut des
cuvettes et chenaux aquatiques ou humides qui parsèment le Du Cephalanthero Pinion, caractérisé par Cephalenthera rubra,
haut-marais et ont beaucoup aidé à leur interprétation. Cer- venue avec le Pin sylvestre, on est passé à une hêtraie du Cepha-
taines dépressions, les plus profondes, sont occupées par des lanthero fagion avec l’arrivée de la Cephalenthère à longues feuil-
îlots de bas-marais frangés ou non de la végétation des ma- les et de la Cephalenthère de Damas, espèces en train de se raréfier,
rais de transition : on les observe dans presque toutes les indiquant que la forêt évolue vers une hêtraie à aspérule de type Eu
tourbières hautes. Par contre, (pour la Haute-Loire s’entend) -Fagion sylvaticae.
c’est dans le seul marais de Limagne qu’à été observée jus-
A l’intérieur de la hêtraie (Altitude 900 à 1040 mètres)
qu’ici la végétation du Rynchosporion albae typique des
gouilles (Tort & al., 1986,1988) ». Outre le Hêtre et le Sapin pectiné sont présents quelques fougères,
Dryopteris filix-mas et Gymnocarpium dryopteris, les trois cépha-
Ont été observé à ce niveau : Lycopodiella inundata espèce
lentères, Cephalanthera rubra, C. damasonium et C. longifolia
pionnière des zones tourbeuses et dénudées, longuement
ainsi que deux autres orchidées fréquentes en hêtraies Neottia nidus
inondées, c’est la seule station de Haute-Loire, la famille des
-avis et Epipactis helleborine. Parmi les espèces indicatrices de
lycopodes est très ancienne puisque ce type de plantes est
milieu il convient de mentionner Luzula nivea, l’Aspérule odorante,
apparu à l'ère primaire (Dévonien, soit environ 400 millions
Galium odoratum, Oxalis acetosella, Scilla bifolia, Cardamine
d'années). Les quelques espèces qui subsistent actuellement
heptaphylla, C. impatiens, Lathyrus vernus, Lamium galeobdolon.
sont donc des témoins très intéressants de l'évolution biolo-
On peut noter également Polygonatum multiflorum, Poa nemoralis,
gique des végétaux, Carex limosa, C. rostrata, Scheuchzeria
Sanicula europaea, Phyteuma spicatum, Stellaria nemorum, Mer-
palustris, Juncaginacée des tourbières, espèce protégée,
curialis perennis, Anemone nemorosa et Daphne mezereum.
Utricularia minor, plante carnivore dont l’appareil végétatif
immergé est doté de petites outres qui s’ouvrent vers l’inté- Sur les lisières de la partie inférieure de la hêtraie se retrouvent
rieur, constituant des pièges qui vont lui permettre de captu- des espèces qui réclament plus de lumière.
rer des petits crustacés et des insectes, Menyanthes trifoliata.
Des arbres comme Quercus robur, Sorbus aria ou Salix caprea
Maryse Tort précise que Drosera longifolia, notée en 1988 ainsi que d’autres ligneux, Rhamnus cathartica, Viburnum lantana,
(seule station d’Auvergne connue), n'a pas été revue depuis les sureaux, le Sureau noir et le Sureau à grappe (par ailleurs le
1996; cette espèce n’a pas été retrouvée. Hièble est également présent), Ribes alpinum, ainsi que le Genêt à
balais, Cytisus scoparius.
Souhaitons que cette tourbière, qui abrite neuf espèces pro-
Egalement sont notées Dactylis glomerata, Festuca heterophylla,
tégées et presque tous les représentants des espèces rares et
Poa nemoralis, Chaerophyllum temulum, Heracleum sphondylium
typiques des tourbières acides, longtemps utilisée par l’hom-
subsp. sphondylium, Arctium lappa, Campanula patula, C. trache-
me qui allait y pêcher la sangsue ou y tirer le canard, puisse
lium, Euphorbia amygdaloides, E dulcis, Astragalus glycyphyllos,
être préservée et se maintenir dans ce site remarquable.
Lathyrus linifolius subsp. montanus, L. pratensis. subsp. pratensis,
… sur le mont Briançon, L. sylvestris, Trifolium alpestre, Geranium nodosum, G. pyrenai-
cum, Hypericum hirsutum, Melittis melissophyllum, Malva moscha-
dans une hêtraie thermophile ta, Epilobium angustifolium, Ranunculus tuberosus, Digitalis gran-
Sur la commune de Saint-Arcons d’Allier, d’une altitude diflora, D. lutea, Scrophularia nodosa, Valeriana officinalis.
allant de 770 à 1040 mètres à son sommet, le mont Briançon subsp. repens.
est un ancien volcan à la forme massive, situé à l’extrémité La hêtraie du mont Briançon, de caractère plutôt continental, évo-
Nord-Ouest du massif du Devès, avant que celui-ci ne s’a- lue sur un sol d’origine volcanique, plutôt neutrocline à calcicole,
baisse vers la Petite Limagne de Brioude. Aujourd’hui ce elle est le résultat d’une dynamique progressive naturelle favorisée
massif abrite une hêtraie, d’installation récente, puisque les par l’intervention humaine. Si la densification du couvert entraîne
archives de l’ONF que cite Maryse Tort nous apprennent un appauvrissement de la flore forestière il faut souligner la riches-
qu’il y a à peine plus d’un siècle ces sectionnaux étaient se floristiques des lisières.
occupés par une pinède utilisée pour la production de bois
de chauffage. (Nombre d’éléments rapportés ici sont tirés du CR de Maryse Tort
et Bernard Belin repris dans « La flore de quelques hêtraies du
Le contraste est marqué entre les flancs Sud et Nord-Est : au Massif-Central » in Digitalis n°5 année 2006. Cet article présente
Sud on note des pelouses xérothermophiles, encore pâturées rapidement une typologie des hêtraies du Massif-Central).

Bulletin de la SBV - 18 - n°17 - mai 2007


Les hauts plateaux de la Margeride siècle, notamment de l’élevage des ovins et des grands troupeaux
transhumants ; certains secteurs où l’altitude est supérieures à 1450
et les tourbières relictuelles glaciaires mètres se situent dans le subalpin (landes à Callune et Myrtille). Le
document d’objectifs NATURA 2000 « Montagne le la Margeri-
Région naturelle, la de » d’où sont tirés partie de ces éléments indique également que
Margeride apparte- certaines formations végétales peuvent être indépendantes des dé-
nait à l’ancienne pro- coupages bioclimatiques : landes sèches des lithosols, végétation
vince du Gévaudan, rabougries des crêtes ventées et surtout formations hygrophiles et
devenue Lozère lors tourbières qui se sont largement développés profitant à la fois des
du découpage en dé- fonds plats et des pentes longitudinales faibles, de ruisseaux cou-
partement (le projet lant en surface et peu drainant et d’une arène sableuse qui, gorgée
initial prévoyait qu’il d’eau, se charge d’argiles. Dans la plupart d’entre elles, c’est de-
devait s’appeler puis le dernier âge glaciaire que la tourbe s’y accumule (0,2 à 1 mm
« département des par an) grâce à une température moyenne froide, aux précipitations
sources »). Une partie et au substrat acide qui favorise sa formation. Ce sont des eaux
de la Margeride, en froides et acides qui sont à l’origine de ces tourbières soligènes et
gros l’actuel canton oligotrophes qu’en Margeride on rencontre fréquemment aux éta-
de Saugues, a été ges montagnard supérieur et subalpin, où les mousses occupent une
rattaché à la Haute- place importante.
Loire tandis que le
NE, au delà du Mont Notre herborisation sur la Margeride se fera en Haute-Loire sur la
Mouchet, l’était à commune de Chanaleilles, au SE du Truc de la Garde qui de ses
celui du Cantal. 1486 mètres domine d’une cinquantaine de mètres les sources de la
Seuge et celles du Pontajou, ces dernières sur la commune de Gré-
Située au cœur du Massif Central, cette « Montagne » lon- zes. Sur ce territoire, ainsi que sur celui de la commune lozérienne
gue de près de 80 kilomètres, « un des plus vieux murs de la voisine de Lajo, se trouvent des tourbières remarquables à Bouleau
France » s’étend de la vallée de l’Alagnon à celle du Lot, nain et Saule des lapons. Mais c’est plus bas, vers 1324 mètres, sur
entre les plis où coulent la Truyère à l’ouest et l’Allier à les bords de la Seuge, que nous débuterons notre journée.
l’est, séparant les eaux de la Garonne de celle de la Loire.
Montagne très ancienne, elle constitue l’un des plus vastes Située sur la Via Podiensis empruntée par les pèlerins de Saint-
massif granitique d’Europe (granite porphyroïde à biotite et Jacques de Compostelle venant du Puy, Chanaleilles, vieux village
roches métamorphiques cristallophylliennes). Sans atteindre de granit à 1100 mètres d’altitude, était un prieuré bénédiction dé-
l’altitude des sommets volcaniques auvergnats elle culmine pendant de l'abbaye de Saint-Chaffre. L'église romane (12ème siè-
à 1552 mètres au Truc de Fortunio (où se trouve aujourd’hui cle) construite en granit est intéressante par la présence d’un clo-
une tour relais) et à 1551 mètres au signal de Randon voisin. cher peigne, ajouré de quatre arcades surmontées de deux autres,
En comparaison avec la hauteur relativement modeste de ces d'adjonction plus tardive(15ème).
sommets, l’altitude moyenne de la région et celle des cols
est élevée.

Tout en étant à un carrefour climatique cette altitude confère


à la Margeride un climat rude de type montagnard, la pério-
de hivernale est longue et rigoureuse, les précipitations dont
une part importante se manifeste sous forme d’orage ou de
neige sont importantes mais leur répartition dans l’année
n’empêche pas des risques importants de sécheresse estivale
(si les étés sont courts, ils sont chauds et secs). De plus les
vents sont fréquents.

Géomorphologiquement, relief ondulé d’une série de crou-


pes, la Margeride se « présente comme une structure alvéo-
laire : succession de buttes convexes aux sommets très ar-
rondis, de replats sur les versants de ces buttes et de dépres-
sions très largement creusées. Ces alvéoles sont le produit
d’une altération différentielle du granite au cours du tertiaire
et du quaternaire par des phénomènes périglaciaires. »

Compte tenu du sol acide et des conditions climatiques et Depuis la place de l’église nous empruntons, sur trois kilomètres
altitudinales la végétation de la Margeride, pour la partie environ, une piste jusqu’à la cote 1324 où celle-ci recoupe la Seuge
supérieure à 1050 mètres, appartient essentiellement aux qui, au centre d’une vaste cuvette fait là une boucle de plusieurs
étages montagnard moyen (Hêtraie sapinière acidiphile) et centaines de mètres de rayon, avant de repartir vers le nord, consti-
supérieur (Hêtraie d’altitude acidiphile), toutefois le Pin tuant un magnifique marais qui remonte en amont dans le fonds de
sylvestre qui jouit d’une grande amplitude écologique peut la prairie. Ce secteur est connu sous le nom de tourbière du bois du
être aussi très présent, s’installant notamment sur les terres Chardonnet et couvre environ 5 ha entre des altitudes de 1320-
abandonnées par l’activité agricole, depuis le milieu du XIX 1330 mètres.

Bulletin de la SBV - 19 - n°17 - mai 2007


Autour de la tourbière du Chardonnet podium clavatum, Deschampsia flexuosa, Nardus stricta, Epikeros
pyrenaeus, Potentilla erecta, Galium saxatile, Veronica officinalis,
Nous ne pénétrerons pas le bas-marais qui occupe une partie Viola lutea, etc..
de la boucle de la Seuge, sur une surface d’environ 5 ha, où
des peuplements de Carex constituent des magnocariçaies et Sous le Truc de la Garde
des parvocariçaies. Dans la partie non pâturée s’élèvent de
Après le déjeuner nous nous dirigeons vers la Tourbière à Sphai-
hautes buttes à sphaignes hébergeant Drosera rotundifolia et
gnes des sources de la Seuge, au SE du Truc de la Garde
Vaccinium oxycoccos, elles sont surmontées par Eriophorum
(Altitude 1392 à 1400 mètres) où sont notées Betula nana, taxon
vaginatum et des Ericacées dont Vaccinium vitis-idaea. Im-
maintenant bien connu des sociétaires de la SBV car déjà rencontré
portante station de Betula nana.
dans le Jura en France et en Suisse (en Margeride le Bouleau nain
A cet endroit la Seuge n’est qu’à deux kilomètres de ses est une relictuelle vraie, des études de pollens assurent sa présence
sources, la pente est très faible,. Les ruptures de pente en- continue depuis le tardiglaciaire), Salix lapponum, S. repens, Callu-
traînent la formation de marais tourbeux qui s’étalent sur les na vulgaris, Vaccinium myrtillus, V. vitis-idaea, V. oxycoccos, Ca-
replats. L’ensemble prend un aspect dendroïde (en forme rex pauciflora, espèce discrète car les fruits tombent rapidement,
d’arbre). La végétation est en relation étroite avec le niveau elle croît sur les parties les plus jeunes des tourbières en voie de
hydrique des ruisselets, très variable à quelques décimètres bombement, Eriophorum vaginatum et Drosera rotundifolia. Il
près, aussi contrairement au marais de Limagne, on n’a pas convient de préciser qu’il ne s’agit pas ici de tourbières bombées,
ici le schéma classique de ceintures végétales se succédant dans le secteur seule une petite tourbière de ce type, de quelques
en fonction des caractéristiques du substrat mais une organi- dizaines de m2, est présente dans une clairière de pinède, le Bois du
sation en mosaïque des associations rendant leur détermina- Prieur (1300 mètres), au dessus de Chanaleilles.
tion difficile de prime abord sans l’utilisation des méthodes
phytosociologiques. Autour, plusieurs bois et fourrés de saules sur sol tourbeux
(Altitude 1340 à 1395 mètres) avec notamment Pinus sylvestris,
Nous nous attarderons sur le secteur en partie drainé, en Betula pendula, B. pubescens, B. X fennica (B. nana X B pendula),
amont de la boucle de la Seuge, pour étudier la parvoca- Sorbus aucuparia, Salix aurita, S. cinerea, S. pentandra. Les saules
riçaie (peuplement à petites laîches), présente en mosaïque à port buissonnants, ramifiés depuis la base, installés en peuple-
avec d’autres habitats. Les eaux froides de la Seuge coulent ments denses signalent des marais localement perturbés.
entre, de part et d’autre, un ourlet plus ou moins large,
qu’infiltre l’eau de la rivière, bandes sur laquelle les Bryo- A l'est de la piste à hauteur de la cote 1392 la Seuge franchit une
phytes occupent une place importante. Sur ce tapis de mous- rupture de pente au travers de rochers. Il y a là une mosaïque de
ses prospèrent plusieurs espèces de Carex appartenant à l’al- milieux dans un secteur où le bétail est peu présent : bord de l'eau,
liance du Caricion fuscae dont Carex nigra, C. echinata, C. rochers, pelouses de diverses nature, ourlet en bordure de la forêt,
pilulifera, accompagnés de Eriophorum angustifolium, Jun- etc… où l'on a rencontré nombre d’ espèces, certaines non vues lors
cus acutiflorus (espèce absente du Deves), Festuca rubra, de l'exploration de la tourbière et des milieux qui lui sont associé :
Molinia caerulea, Epikeros pyrenaeus, Scorzonera humilis, Dryopteris expansa, Poa chaixii, Meum athamanticum, Achillea
Epilobium palustre, Ranunculus flammula, Veronica scutel- millefolium, Leontodon pyrenaicus, Campanula lanceolata (= rec-
lata, Viola palustris, etc. ta), Jasione laevis (=J. perennis), Dianthus sylvaticus (endémique
du massif-Central), Genista sagittalis, Lathyrus linifolius subsp.
montanus, Epilobium tetragonum, Rumex acetosa, Anemone nemo-
Les berges des ruisselets aux abords de la Seuge abritent rosa, Ranunculus tuberosus, Sanguisorba officinalis, Salix caprea,
des espèces appartenant à l’alliance du Cardamino- Thesium alpinum, Viola lutea subsp. lutea, etc.
Montion, association des eaux froides et acides où ont été
notées Cardamine pratensis, Montia fontana, Carex nigra, C’est ici que se termine notre périple, sur les hauts plateaux du Gé-
Juncus bulbosus, Festuca rivularis, F. rubra, Glyceria flui- vaudan où, à quelques centaines de mètres de là à l’Est, toujours
tans, Myosotis scorpioides, Lotus pedunculatus, Myriophyl- sur les bords de la Seuge, à la Coustasseire du Villeret, que le 12
lum spicatum, Epilobium palustre, Caltha palustris, Galium Janvier 1765, cinq garçons et deux filles de 9 à 12 ans, tous armés
palustre, etc. d'un bâton avec une lame de couteau fixée au bout, gardaient les
troupeaux et durent faire face à la « Bête ». Dirigée par le plus vail-
Les prairies en continuité avec le bas-marais au nord de lant, Jacques André Portefaix, 12 ans, la petite troupe, non sans mal
la piste appartiennent aux groupements à Carvi verticillé pour le benjamin et après un combat risqué, arrive à faire lâcher
et Jonc acutiflore ou de Nardaies avec çà et là des toura- prise au loup qui s’était emparé de l’enfant, et à le faire fuir. Pour
dons à Canche cespiteuse. Ont été relevées Carex ovalis, son acte André Portefaix reçut du roi 300 livres ; il fit des études
C. pilulifera, Juncus acutiflorus, Juncus squarrosus, Luzula payées par l'Etat et devint officier d'artillerie. Les autres enfants se
multiflora subsp. congesta, Dactylorhiza maculata, Agrostis partagèrent 300 livres.
canina, Anthoxanthum odoratum, Briza media, Festuca ru-
bra, Holcus lanatus, Molinia caerulea, Nardus stricta, Ca- Nous remercions Maryse Tort, Robert Portal, Bernard Belin et tou-
rum verticillatum (espèce absente du Deves), Epikeros pyre- tes les personnes de l’association altiligérienne botanique Digitalis
naeus, Scorzonera humilis, Succisa pratensis, Calluna vul- pour leur aide, leurs conseils et toutes les informations qui nous ont
garis, Lotus pedunculatus, Ranunculus flammula, Potentilla été transmises lors de leur accompagnement sur le terrain. Des ren-
erecta, P. palustris, Galium uliginosum, etc. seignements complémentaires sur les tourbières de la Haute-Loire
peuvent être trouvées dans « Tourbières et marais en Haute-
Dans les secteurs où l'assèchement, naturel ou suite au Loire » (Maryse Tort), in Cahiers de la Haute-Loire (année 2005)
drainage, est le plus prononcé vont apparaître les landes Archives Départementales, le Puy-en-Velay, dont nombre d’élé-
à Ericacées, stade qui précède celui de la forêt (Altitude ments du présent article sont issus.
1330 à 1350 mètres) avec notamment Calluna vulgaris, Jean-Claude BOUZAT
Vaccinium myrtillus, V. vitis-idaea, Genista anglica, Lyco-

Bulletin de la SBV - 20 - n°17 - mai 2007


Botanique Générale
ESSAI DE STRUCTURATION DU CONTENU DISCIPLINAIRE DE LA BOTANIQUE
René DELPECH
Note liminaire : La botanique peut être envisagée dans un sens large qui inclut la biologie végétale (aujourd’hui compartiment des
« Sciences de la Vie ») ou dans un sens restrictif correspondant à celui en usage du 16è au 19è siècle (Césalpin, Tournefort, Linné)
qui s’applique uniquement à la description et à la classification des végétaux (cf. L. Plantefol, article « Botanique », Encyclopaedia
Universalis 1975).
A) Sens restrictif
Il comprend :
des disciplines à caractère général :
Morphologie végétale (incl. teratologie végétale)
Histologie et anatomie végétales (incl. ultrastructures, phytodermologie)
Systématique végétale (classique, cladistique, synthétique)
Nomenclature
2) des disciplines spécialisées
Palynologie et Sporologie * Phénologie
Dendrologie (incl. Dendrochronologie) * Floristique
Xylologie * Chorologie
Carpologie * Phytogéographie
Séminologie * Phytosociologie
Phytopathologie descriptive (incl. phytosociologie
Anthracologie (incl. pédo-anthracologie) expérimentale
Paléobotanique * Cartographie géobotanique
Ethnobotanique, Phytohistoire
Herbiers et collections végétales
On peut aussi envisager l’étude des grands groupes végétaux :
Phanérogamie Cryptogamie (Pteridologie, Bryologie, Phycologie)
Enfin, on adopte parfois des limites géographiques à la botanique (Botanique tropicale par ex.)

B) Sens large (dont certains biologistes récusent aujourd’hui le rattachement à la botanique)


1) disciplines à caractère général
Morphogénèse, organogénèse, ontogénèse végétales
Cytologie végétale
Caryologie
Physiologie végétale
Energétique végétale
Phytochimie et histochimie végétale
Phytogénétique (incl. Cytogénétique, Phylogénie, Phytogénomique)
Biosystématique
Taxinomie expérimentale, taxigénétique, taxinomie numérique
Chimiotaxinomie végétale
Ecophysiologie végétale
Biologie des populations végétales
* Autoécologie végétale
2) disciplines spécialisées
Hydrobiologie végétale * Synécologie végétale
Cryobiologie végétale * Phytoclimatologie
Physiopathologie végétale * Phytoédaphologie
Biologie florale * Biologie de la dissémination
* disciplines parfois regroupées sous le nom de Géobotanique
Selon le niveau d’organisation auquel elles s’appliquent, ces disciplines peuvent concerner principalement ou exclusivement :
le niveau de l’individu organisme
un niveau inférieur (organe, tissu, cellule, organite, génome, gène, molécule)
un niveau supérieur (population, communauté, formation végétale)
Parallèlement aux niveaux d’organisation – et à ne pas confondre – interviennent (surtout pour les disciplines dites « de terrain ») les
échelles de perception et d’étude, dans l’espace et dans le temps, des faits et phénomènes se rapportant au « tapis végétal » et à ses
constituants :
- dans l’espace : échelles des peuplements, des formations, des paysages, des biomes ;
- dans le temps: échelles du nycthémère, saisonnière, annuelle, pluriannuelle, décennale, séculaire, millénaire, historique,
géologique.

Bulletin de la SBV - 21 - n°17 - mai 2007


C) A côté de ces disciplines plus ou moins spécialisées, il convient aussi de faire une place à des préoccupations à caractère plus
général, voire philosophique, telles que la terminologie, l’épistémologie, l’histoire de la botanique ainsi que les bases de données.

Domaines d’application de la botanique


Ils sont nombreux et variés et font intervenir des disciplines diverses. La liste ci-après n’est pas limitative.

- Agriculture, arboriculture fruitière, viticulture (amélioration des plantes, contrôle des semences et plants, malherbologie,
pomologie, ampélographie, …)
- Horticulture (incl. arboriculture d’ornement, floriculture, gazons, jardins botaniques, …)
- Sylviculture et Foresterie
- Paysagisme
- Aquaculture
- Apiculture (incl. melissopalynologie)
- Pastoralisme (agrostologie, bromatologie, coprologie des herbivores)
- Pharmacie (pharmacognosie, toxicologie végétale, herboristerie)
- Industrie (industries agricoles et alimentaires, parfums et cosmétiques, teintures végétales)
- Répression des fraudes (produits végétaux)
- Bioindicateurs végétaux (des carences, déséquilibres ou pollutions de l’air, des eaux et des sols)
- Protection de la Nature, conservation et restauration de la biodiversité

Remarque finale : On peut donc dire que la botanique est devenue aujourd’hui une « science multidisciplinaire ». Bien entendu
cette constatation ne s’oppose pas à l’existence, pour des finalités déterminées, de relations interdisciplinaires entre deux ou plu-
sieurs « compartiments » de la botanique (par exemple : Morphologie et Systématique, Biosystématique et Phytosociologie, …) ou
entre une (ou plusieurs) discipline(s) botanique(s) et une (ou plusieurs) discipline(s) non botanique(s) (ex. Chorologie et Paléogéo-
graphie, Phytosociologie et Pédologie, Physiologie végétale et Biophysique, etc.).

NB en italique : disciplines propres à la botanique

( Cet article a été mis en ligne par Tela Botanica et l’encyclopédie Wikipédia )

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qui ne permet pas la dégradation rapide et complète de la matière


organique et des résidus de végétaux qui croissent dans cet environ-
nement humide (Bryophytes et Spermaphytes), le résultat de cette
dégradation dans des conditions anaérobie (absence d’oxygène),
c’est la tourbe. Plus scientifiquement « les tourbières sont des éco-
systèmes formés de végétaux dont la croissance, dans certaines
conditions climatiques, parfois topographiques, engendre l’accu-
mulation d’importante quantité de matière végétale. Celles-ci, après
une transformation modérée biochimique et mécanique
(décomposition très lente et très incomplète), forment une roche
combustible renfermant jusqu’à 50% de carbone : la tourbe. »
L’élément essentiel pour qu’une tourbière apparaisse et se dévelop-
pe, c’est l’eau, sans laquelle elle meurt. Outre la nécessité d’un sol
toujours imbibé d’eau pour garantir une humidité permanente, donc
Ces dernières année les sorties de la SBV nous ont conduit, en climat à pluviosité forte et régulière, il faut que le bilan hydrique
diverses régions de France ou de Suisse, sur des sites d’habitats (différence entre les apports et les pertes) soit équilibré ou positif.
humides et notamment ceux que l’on qualifie de « tourbières ». Il
s’agit là de milieux que nous ne rencontrons pas dans notre région
Les arrivées de l’eau dans la tourbière sont multiples, et comme
méditerranéenne et qui nous sont un peu étrangers. La littérature nous le verrons ci-après, elles peuvent être retenues pour faire une
sur les tourbières est souvent complexe, affaire de spécialistes, les typologie des tourbières : apport direct part les précipitations at-
systèmes de classification et les appellations sont multiples, varia- mosphériques, par les sources, par ruissellement, par la circulation
bles selon les zones biogéographiques. Aussi j’ai souhaité faire une dans le sol, par transfert latéral phréatique, par les rivières et ruis-
note permettant d’aller un peu plus loin dans mes connaissances, seaux, par les crues ; les pertes en eau résultent de l’évapotranspira-
elle n’apportera rien aux spécialistes ni à ceux qui ont connaissance tion (il est donc important que la t° soit relativement basse, même
des publications citées en bibliographie, dont elle s’inspire très en été), d’infiltration, d’un émissaire, par transfert latéral phréati-
largement. que.
Ces conditions climatiques induisent que la répartition géographi-
Une tourbière c’est d’abord la longue histoire (plusieurs
que des tourbières est limitée au nord par la faiblesse des précipita-
siècles et même millénaires) d’une rencontre spécialisée
tions et au sud par un taux élevé d'évaporation. La plupart des ré-
entre de l’eau, un sol imperméable et des végétaux ; lorsque
gions tempérées et boréales de l'hémisphère Nord offrent des
les conditions climatiques le permettent et que le topogra-
conditions favorables au développement des tourbières. Les hivers
phie l’y autorise, l’eau provenant des précipitations ou du
y sont froids et humides, ce qui compense l'évaporation qui se pro-
ruissellement va stagner, c’est une eau pauvre en oxygène,
duit l'été.
Bulletin de la SBV - 22 - n°17 - mai 2007
L’eau et la température, cette dernière dans ses incidences sécheresse épisodique. Ces tourbières peuvent associés aux trois
quant au devenir de cette eau et du climat local, sont les fac- types de marais précédents.
teurs nécessaires mais pas suffisants pour l’installation des
La dynamique des tourbières
tourbières, les autres éléments importants tiennent à la topo-
graphie des terrains, et aux caractéristiques physiques et Les tourbières, milieux humides abritant des espèces spécialisées et
chimiques des sols et des roches en place (une roche mère adaptées à un habitat saturé en eau et peu oxygéné sont rarement
acide (granite) est néanmoins un facteur d’accélération de homogènes et leur surface est une mosaïque fine et complexe de
l’évolution en tourbières à sphaignes). Il faut souligner fosses et de dépressions, de buttes et de touradons, de zones ouver-
qu’au fur et à mesure de sa constitution la tourbière va édi- tes ou boisées, en fonction des divers stades d’évolution ou de ra-
fier son propre « sol » en accumulant la biomasse morte des jeunissement de leurs composants qui se trouve imbriqués les uns
végétaux qui y vivent (c’est ainsi que dans des secteurs plu- avec les autres : de la tourbe à nu aux buttes à sphaignes, aux for-
tôt secs et dominés par le calcaire, comme dans le Jura, les mations à base d’Ericacées, voire aux tourbières boisées.
tourbières vont constituer des « oasis organiques, acides et
Une tourbière est un écosystème ayant un dynamisme propre qui
relativement humides »).
évolue dans le temps et dont l’édification passe par différents sta-
Les tourbières peuvent être classées des d’évolution : bas-marais, tourbières de transition et tremblants,
à partir de différents critères : puis premières buttes à sphaignes colonisées par les Ericacées, cô-
toyant des dépressions parfois remplies d’eau (gouilles). le stade
- le type d’alimentation hydrique (d’où provient l’eau qui
terminal peut aller jusqu’à un boisement peu dense de Pin ou de
alimente la tourbière ?) : on parlera de tourbière ombrotro-
Bouleaux. ce mécanisme est dû aux Sphaignes qui ont la particula-
phique (bogs en anglais) si son alimentation est uniquement
rité de continuer à croître sur leur partie morte faiblement décom-
assurée par des eaux météorites (pluies, neige, brouillard) et
posée. Peu à peu, la matière organique s’accumule et la tourbière
de tourbière minérotropique (fens en anglais) lorsque la
s’élève jusqu’à s’affranchir de la nappe d’eau. Cette évolution se
tourbière est alimentées en eau à la fois par les précipitations
fait en plusieurs milliers d’années. Voyons d’un peu plus dans le
et par les eaux de ruissellement de surface ou souterraines
détail les étapes de cette évolution.
(ces eaux entrent en contact avec les éléments minéraux du
sol et s’enrichissent en éléments nutritifs) ; - eaux libres, une topographie en creux, d’origine glaciaire ou vol-
- en fonction du gradient climatique (dont l’incidence aura canique, associée à un sol plus ou moins imperméable, permet de
une influence sur le niveau hydrique) : on parlera de type recueillir les eaux, un climat frais et humide va favoriser leur future
boréal, alpin, atlantique, etc. ; évolution en marais tourbeux. Il se forme des lacs si la dépression
- le chimisme de l’eau et de la tourbe mesuré par le niveau est bien marquée, mais il peut s'agir aussi de fonds plats mal drai-
trophique (eutrophe si le milieu est riche en éléments nutri- nés où l'eau stagne. Dans les massifs montagneux, surtout dans le
tifs, mésotrophe s’il est moyennement riche et oligotrophe contexte de la période post-glaciaire, dans ces eaux froides, oligo-
s’il est très pauvre), l’acidité mesurée par le pH (on parlera trophes, il n'y a presque rien qui pousse (des algues diatomées, des
de tourbière très acide si ce pH est >3, très basique si <8, ou renoncules aquatiques...). Les plus anciennes tourbières de nos ré-
neutre vers 5,5, de nombreux types de végétation changent gions ont ainsi commencée leur édification après la période glaciai-
autour de cette valeur ainsi que les formes d’humus) et la re, il y a environ 12 à 15000 ans.
richesse en calcaire actif ; - bas-marais, c’est un marais inondé durant la plus grande partie
- le gradient hydrique et les stades de la dynamique pro- de l’année, premier stade d’installation de la végétation, dans le-
gressive (quel est le stade atteint par la tourbière, voir ci- quel affleure la nappe d’eau. Le bas-marais est acide et plus ou
après) en précisant toutefois qu’une zone humide donnée moins mésotrophe.Des ceintures végétales enserrent les eaux libres,
forme un complexe écologique où, compte tenu de la topo- constituées de plantes non enracinées sur le fond mais fixées aux
graphie et des stades successifs d’évolution de certains sec- rives par de longs rhizomes, comme des Carex, des Ményanthe et
teurs dans le temps, on trouve toute une gradation de mi- certaines autres espèces, vont former un tapis végétal, groupement
lieux tourbeux. pionnier qui progresse vers le centre, sous la forme de tremblants
ou marais flottants sur l’eau, des Sphaignes s'installent entre les
La classification actuellement retenue par la plupart des touradons.
scientifiques est basée sur l’origine et le fonctionnement
hydrologique
- les marais topogènes lorsqu’ils se développent dans un
creux de la topographie alimenté par des eaux de ruisselle-
ments ou de drainage de leur bassin versant ;
- les marais soligènes lorsque l’alimentation en eau combi-
ne précipitations et ruissellement, sur des pentes moyennes à
faible, d’eaux froides courantes provenant des sources, suin-
tements et ruisselets ainsi de percolation sous la surface du
sol ;
- les marais limnogènes se constituent sur les eaux d’un lac
ou d’un étang (par atterrissement à partir de radeaux flot-
tants ou tremblants, ou de plantes aquatiques, la végétation
va gagner sur les eaux libres) ;
- les tourbières qui sont uniquement sous l’influence des
précipitations sont dites ombrogènes, ce sont les « vrais »
tourbières à sphaignes ou tourbières bombées, qui vont se
trouver au dessus du niveau de la nappe et connaître une

Bulletin de la SBV - 23 - n°17 - mai 2007


La matière organique issue des plantes mortes (nombreux nent dans leurs cellules les eaux de pluie. Sur ces buttes, au milieu
Carex et autres plantes vasculaires) se décompose mal et des Bryophytes et de Lichens du genre Cladonia on rencontre la
partiellement dans l'eau froide, elle s'accumule et y forme la Molinie bleue, la Linaigrette vaginée et, tout au sommet la Callune
tourbe noire . Peu à peu, le radeau s'épaissit, et la végétation et parfois des Genévrier. Les gouilles, surcreusements humides sont
évolue, les Trèfle d'eau, le Comaret et quelques sous- bordés de Carex, de Linaigrette à feuilles étroites, de Lycopodes,
abrisseaux de petite taille tels que la Canneberge et l'Andro- de Droséra, espèces qualifiées de boréales, très spécialisées et in-
mède enrichissent ce tapis végétal avec les Droséra, Linai- féodées à ces biotopes.
grette à feuilles étroites et Violette des marais. Ces tourbières sont entourées d’une dépression périphériques qui
- tourbières de pentes, cas particulier d’un bas-marais, rassemble les eaux acides et très pures qui en sont issues, c’est ce
prennent naissance sur une pente ou à sa base et sont ali- que l’on appelle un lagg.
mentées en eau par une circulation de celle-ci dans ou sur le En l’absence d’intervention humaine ce complexe reste stable tant
sol . On y rattache les marais de fond de vallon, toujours en que les conditions climatiques, pluviosité forte et régulière et tem-
contact étroit avec les pentes adjacentes. ce sont, sauf excep- pérature relativement basse même en été (t° moyen de 2 à 6°C)
tion (comme au Mézenc ou au col de Prat de Bouc dans le permettent un bilan hydrique positif ou au moins équilibré. La pré-
massif du Cantal) des tourbières qui ne couvrent pas de sence continuelle de l’eau est à l’origine d’un phénomène de régu-
grandes surfaces d’un seul tenant ; lation thermique, créant un microclimat : l’évaporation de l’eau
- marais de transition, stade de passage qui conduit du bas- abaisse la température et transforme le climat local en réduisant les
marais, en train de s’affranchir de l’alimentation en eau par écarts thermique.
la nappe, à la tourbière, alimentée par les seules eaux météo- Le haut-marais ou tourbière bombée est le modèle vers lequel les
riques. Peu à peu le radeau s'épaissit, grâce notamment à autres types de marais peuvent théoriquement évoluer, si les condi-
certaines sphaignes qui forment des coussinets piégeant l'eau tions climatiques le permettent. Le climat idéal pour leur formation
atmosphérique. On a alors les tremblants ou radeaux flot- et leur maintien, est un climat à tendance boréal, assez frais, voire
tants de « Haut-marais ». Les sphaignes continuent à coloni- très froid, en hiver et humide toute l’année.
ser horizontalement et verticalement cet écosystème particu- - landes tourbeuses qui occupent la périphérie du haut-marais où
lier jusqu'au comblement de la cuvette où se trouve la tour- croissent des sous-arbrisseaux (Ericacées…) qui précèdent une
bière. Sous ce tapis végétal vivant, une matière brunâtre ou évolution vers la formation d’une lande plus ou moins humide et un
jaunâtre, imbibée d'eau est en train de se constituer, c'est de boisement progressif par des conifères…Elles présentent des
la tourbe blonde. L'eau remonte par capillarité et le proces- convergences avec la catégorie des tourbières bombées en fin d’é-
sus de turbification s'accentue. volution : pauvreté et acidité du milieu, sécheresse apparente en
- haut-marais (encore appelé tourbière bombée ou tour- été, forte influence des eaux de pluies, importance des sous-
bière à sphaignes), ce type correspond à l’idée qu’on se fait arbrisseaux de la famille des Ericacées.
habituellement des tourbières et qu’on pourrait appeler
« tourbières » au sens strict. Le terme bombé vient du fait
qu’il faut monter par un talus de plusieurs décimètres (voire
mètres) pour accéder au centre de la tourbière. Ces bombe-
ments résultent du développement de Sphaignes (et de la
tourbe accumulée lors de leur dégradation) au cours de pé-
riodes longues de plusieurs milliers d’années.
A un moment du processus d’évolution, lors de la phase
marais de transition, (qui est un marais de type topogène ou
soligène), l’élévation des buttes à sphaignes est arrivée à un
niveau rendant l’alimentation en eau à partir de la nappe
impossible (l'eau d'origine, celle du lac, est maintenant à
plusieurs mètres en dessous, inutilisée), seules les précipita-
tions, sous forme de pluie ou de neige, assurent alors les
besoins hydriques. L’absence de relation avec la nappe pri-
mitive fait qu’à partir de ce moment, les plantes ne peuvent
plus avoir accès à l’eau enrichie en minéraux provenant des
terres avoisinantes et cela enclenche un processus menant à
la formation d’une tourbière ombrogène : la disponibilité des
minéraux diminue significativement, les conditions d’acidité
s’installent et les communautés végétales dominées par les L’assèchement du haut-marais
Sphaignes, seules capables de supporter de telles conditions
oligotrophe, remplacent peu à peu la végétation composée Sauf dans les régions où l’humidité est présente toute l’année, l’as-
de Carex. C’est dans le haut-marais que va s’accumuler la sèchement guette la majorité des tourbières par diminution de l’hy-
tourbe blonde à partir des sphaignes qui ne subissent que dromorphie de surface, conséquence d’une modification durable de
très peu de modifications lors de leur dégradation la répartition des températures et de précipitations. Nombre de tour-
Dans cette partie centrale de la tourbière la surface est sou- bière bombées de nos régions sont fragiles car relictuelles, les
vent irrégulière, constituée de petits dômes de sphaignes, conditions originelles de leur apparition se sont en effet modifiées.
bombements ou touradons, et de trous d’eau (gouilles). Ces L’intervention humaine (drainage, exploitation de la tourbe mal
bombements d’une superficie de quelques mètres carrés conduite) ne fait qu’accroître le phénomène et l’accélérer.
résultent de la croissance exacerbées des Sphaignes, leur Pour comprendre la dynamique qui peut conduire à l’assèchement
sommet est d’autant plus asséché que les Sphaignes, qui sont du haut-marais il faut partir de la nature de la tourbe, celle-ci se
les végétaux les plus typiques et les mieux adaptés, retien- définit comme un histosol (sol organique hydromorphe) qui peut

Bulletin de la SBV - 24 - n°17 - mai 2007


contenir entre 75 et 100% (masse sèche) de matière organi- à leur croissance. Ce fragile équilibre entre la végétation et l'hy-
que, et entre 80 et 90% d’eau dont la formation est le résul- drologie est à la base du fonctionnement des tourbières ombrotro-
tat .d’un long processus, dans lequel on distingue deux ni- phes. Si pour une raison ou une autre (par exemple sécheresse pro-
veaux hydrologique : l'acrotelme et le catotelme : longée) l'acrotelme n’est plus en contact avec la nappe les consé-
- le catotelme ("catos" : en dessous et "telma" : couche), quences seront néfastes pour le milieu et les tourbes peuvent per-
couche profonde saturée d’eau, en permanence sous le ni- dre une partie de leurs propriétés, qu’elles ne pourront pas toujours
veau de la nappe phréatique. Le catotelme est composé récupérer par la suite, lorsque les conditions seront redevenues
d'une couche de tourbe compactée de plusieurs mètres d’é- normales. En effet une fois la chaîne de capillarité coupée on assis-
paisseur, plus ou moins décomposée, qui possède une très te à la rétractation et au tassement de l’histosol (qui accélèrent
faible conductivité hydraulique, qui n’a plus d’incidence sur l’expulsion de l’eau), la tourbe va durcir en surface et former une
la biologie des végétaux de surface. Dans ces conditions croûte imperméable qui va s’enrichir en sels minéraux. Le proces-
anaérobies, avec une perméabilité réduite, la faune et la flore sus de minéralisation entraîne la disparition des espèces caractéris-
sont quasi absentes ; tiques et attire des plantes nouvelles. On passera alors, en fonction
- l’acrotelme ("acros" : partie supérieure), horizon supé- du niveau trophique, à des pelouses à Molinie, à des pelouses rases
rieur, beaucoup plus récent, représente la partie vivante des à Trichophore cespiteux, à des landes à Ericacées ou à des fourrés
tourbières ombrotrophes. Son épaisseur varie habituellement ou bois tourbeux. Comme toujours, sous nos latitudes, l’arbre ou
entre 30 et 50 cm et dépend en grande partie de l'habitat l’arbuste prendront le dessus…
(butte ou dépression) et correspond à la zone exploitée par
On ne peut que se réjouir de l’intérêt qui depuis quelques années
les racines et radicelles des végétaux ; presque toute l'activi-
est porté sur ces milieux qui constituent un patrimoine naturel et
té biologique de la tourbière s'y produit et l’essentiel de la
culturel qui recèlent l’histoire écologique des quinze derniers mil-
biomasse végétale y est consommé par des organismes aéro-
lénaires, il s’agit là d’un héritage que nous devons nous efforcer à
bies (bactéries et champignons), la production de matière
mieux connaître afin de le protéger efficacement.
vivante et la décomposition y sont les plus élevées.
L'acrotelme. c’est surtout la couche où se produisent les Bibliographie : la présente note essaie de synthétiser diverses études sur
fluctuations de la nappe phréatique, sa limite inférieure cor- les tourbières, elle reprend très largement des données trouvées dans les
respond au plus bas niveau atteint par cette nappe. Ce sont ouvrages et sites Internet ci-dessous :
les fluctuations du sommet de la nappe, alimenté essentielle- - Le monde des tourbières et des marais (O. Manneville, coordonateur),
ment par les précipitations, qui entraînent une alternance de chez Delachaux et Niestlé (réed.2006) ;
conditions aérobies et anaérobies. Sa structure très lâche - Tourbières et marais en Haute-Loire (Maryse Tort), Cahiers de la Haute-
permet d'emmagasiner et de libérer de grandes quantités Loire (année 2005) ;
d'eau, régulant les fluctuations de la nappe ; l’eau s’échappe - Cahiers d’habitats Natura 2000 T 3 Habitats humides, téléchargeables
de l’acrotelme par évaporation directe ou transpiration des sur :
http://natura2000.environnement.gouv.fr/habitats/cahiers3.html
plantes (80% de la perte pendant l’été), par infiltration ou - Pôle relais tourbières : http://www.pole-tourbieres.org/
par ruissellement de surface à partir du bombement. - Visite guidée d’une tourbière : http://www2.ecol.ucl.ac.be/tourbiere/doc/
Si les Sphaignes dépendent de l'eau pour leur croissance et questce.html
sont responsables de la formation de l'acrotelme, celui-ci A lire également l’article de J.P.Jacob « Des tourbières topogènes aux
contribue en retour à maintenir la nappe phréatique près de tourbières ombrogènes » paru dans le bulletin SBV n° 11 de janvier 2001.
la surface et fournit aux Sphaignes les conditions nécessaires
Jean-Claude BOUZAT

Bulletin de la SBV - 25 - n°17 - mai 2007


Plantes à odeurs culture constitué de tubercules broyés. Il a pu ainsi prouver que les
graines palliaient au manque d’albumen en s’associant avec un
Jeanne-Marie vous met au parfum… champignon.
Lettre de ma colline à Fonssargoule près de Venasque Toujours à la même période,
même aux heures les plus froides
A l’heure des vols ultrasoniques, c’est donc à un voyage de l’hiver, le romarin Rosmari-
autour de ma colline que je vous convie. Au fil de ces mo- nus officinalis L. nous offre un
destes lettres transmises à la S.B.V., je vous invite à vous spectacle incomparable. Ses
laisser mener par le bout du nez. Je vous incite à vous poser fleurs d’un bleu lavé de violet
un peu et prendre le temps de regarder, observer, sentir ce sont visitées par les quelques
qui vous entoure. insectes présents, un peu engour-
dis par le froid. Le miel si réputé
Pourquoi commencer par les plantes à odeurs plutôt que par dit « de Narbonne » est en fait un
ce que l’on voit me direz-vous ? Tout simplement parce que miel de fleurs de romarin. Les
lorsqu’on mémorise une odeur, on n’oublie plus jamais ce romains qui avaient pressenti ses
qui s’y rattache. Les odeurs passent par une partie de notre vertus antioxydantes l’em-
cerveau qui fait appel à notre subconscient. Elles ont ainsi le ployaient au quotidien dans leur
pouvoir de déclencher des comportements dont nous n’a- cuisine car il participait non seu-
vons pas forcément conscience. Ce n’est pas par hasard si Coronilla glauca
lement à l’aromatisation des
des neurologues les utilisent dans des centres réservés aux mets, mais aussi à leur conserva-
graves accidentés afin de déclencher des réactions, si infi- tion.
mes soient-elles. Les odeurs ont donné naissance à une nou-
velle façon de soigner : l’olfactothérapie qui permet aussi de L’odeur la plus forte de la garri-
soigner les phénomènes d’accoutumance au tabac ou autres. gue est, à ma connaissance, celle
Notre société mercantile a même créé une nouvelle discipli- de la rue Ruta angustifolia
ne : le marketing olfactif. Nous sommes déjà manipulés par (Pers.). La rue est vivace, de cou-
les odeurs à notre insu. Le problème est qu’aucune législa- leur vert-bleu au feuillage très
tion ne régit encore cette pratique. Parfois peut se poser un découpé et à l’odeur inoubliable.
problème de publicité mensongère. Par exemple, imaginons Si vous en frottez un échantillon
des odeurs de fraises diffusées en grande surface près de entre vos mains, mieux vaut les
fraises vertes hors saison, ayant beaucoup voyagé, à la laver ensuite rapidement car non
consistance de betteraves et vous laissant croire qu’elles seulement l’odeur reste long-
exhalent un parfum de fraises mûres à point. Mais non, ce temps mais en plus cette plante
n’est que de la fiction, bien sûr ils n’oseront jamais faire peut provoquer des réactions
ça… Ruta angustifolia allergiques. Comme son apparen-
ce ne l’indique pas du tout, elle
Une chance pour nous : toute l’année la garrigue nous offre appartient à la famille du citron-
des parfums à humer. nier (on comprend mieux pour-
quoi lorsqu’on observe ses
A la fin de l’hiver, nous pouvons commencer à accoutumer fleurs). Roselyne m’a un jour fait
notre nez par une orchidée la barlia, Himantoglossum rober- remarquer la particularité botani-
tianum (Loisel.). Une odeur suave d’iris émane de cette pré- que suivante : ses fleurs ont tou-
coce. Elle émet tout d’abord une rosette de feuilles dès que tes quatre carpelles sauf celle qui
les jours décroissent en octobre. Son inflorescence apparaît fleurit en premier et qui se trouve
ensuite lorsque les jours commencent à rallonger fin février. au centre. Ce dernier en contient
Mieux vaut ne pas les cueillir même si elles ne bénéficient cinq. . Il faut préciser que c’est
pas du statut privilégié de la plante protégée. Elles furent un phénomène botanique rare, en
déjà suffisamment l’objet de cueillettes durant longtemps en général le nombre de carpelle est
méditerranée en raison d’une réputation sulfureuse. Les bul- le même. Ruta, comme tout poi-
bes des ophrys en particulier étaient séchés, réduits en pou- son qui se respecte, est aussi un
dre, vendus sous le nom de salep. Par analogie on leur avait excellent médicament
attribué des vertus aphrodisiaques. Mais le pillage des orchi- (homéopathique). Les Romains
dées s’est étendu à d’autres genres par ignorance ou confu- en usaient et abusaient dans la
sion. Enfin, amateurs d’arrachage de plantes des collines, confection des plats servis au
abstenez-vous. En effet, leurs milliers de graines, sans albu- cours des orgies des périodes
men, infiniment petites ne germent qu’en présence d’un décadentes. Elle entre dans la
champignon-hôte dans le sol, d’où la générosité de cette composition d’une boisson al-
plante en matière de graines. Quoi que vous fassiez, la natu- Himantoglossum robertianum
coolisée italienne, mais tout est
re seule décidera d’où et quand poussera cette merveille. Il question de dosage certainement.
faut parfois accepter de ne pas tout maîtriser ! N. Bernard a Au printemps l’air de la colline nous offre de multiples effluves,
découvert que « l’infestation de certaines régions limitées toutes aussi agréables les unes que les autres.
des plantules a pour conséquence une modification générale
des propriétés physico-chimiques de la sève ». Il est parvenu Ma préférée est la coronille glauque Coronilla valentina subsp.
à faire germer des graines d’orchidée en rajoutant des quan- glauca. (L.) Batt. Son inflorescence en couronne nous rappelle
tités de sucre de plus en plus importantes sur un milieu de

Bulletin de la SBV - 26 - n°17 - mai 2007


qu’elle est bien la reine du printemps. Elle affectionne tout savoir si ce procédé fut renouvelé pour nos euros. Notre bailleuse
particulièrement les sous-bois de chêne blanc. Son feuillage aux corneilles fut aussi fort appréciée des Romains qui la considé-
de couleur glauque, est persistant durant l’hiver et se prête raient comme sacrée : ils purifiaient leurs mains et les autels en les
tout à fait à l’art topiaire. Amateurs d’arbustes taillés, n’hé- frottant de thym. Enfin à l’époque des téléphones portables, jeune
sitez pas à la planter ! Les jardineries commencent à nous en homme si votre forfait est terminé, sachez que vous pouvez rempla-
proposer et c’est très bien car étant adaptée à notre climat, cer un texto de déclaration d’amour par une branche de thym plan-
elle ne nécessite que peu d’eau après deux ans de plantation. tée dans la jardinière de votre belle (cette tradition oubliée s’appe-
lait le mai). Solution qui a l’avantage d’être beaucoup plus romanti-
Au détour d’un chemin, vous avez peut-être déjà croisé cette que et moins nuisible à l’orthographe ! mais encore faut-il que la
orchidée ébouriffée dont les labelles se vrillent en tire- récipiendaire en connaisse la signification…puissions-nous grâce
bouchon et lui donnent un air décoiffé. Son odeur n’est pas aux bulletins de la S.B.V. redonner goût à de telles pratiques !
forcément agréable comme l’indique son nom populaire
d’orchis bouc. Elle porte en ce moment le nom d’Himanto- *la badasso est un terme provençal qui désigne des plantes très
glossum hircinum (L.). Spreng. différentes suivant les localités et les personnes ! ça va du Dorych-
nium pentaphyllum Scop. au Plantago sempervirens Crantz en pas-
Un jour, alors que j’arpentais la colline, une odeur soufrée sant par le Thymus vulgaris L., voir même Lavandula parfois. En
me conduisit directement au rocher du renard (ainsi surnom- effet, on désigne par le mot baillasièro les lieux arides et pauvres
mé par la famille car sous ce grand bloc rocheux de nom- où poussent toutes ces plantes.
breux renards y ont établi leur logis, un véritable immeuble
avec logements les uns au-dessus des autres !!!). Dans la Nota : les noms scientifiques ont été pris dans la flore numérique sur téla botanica.
pierre, un « arbre à balai » Amelanchier ovalis Medik. s’était
installé et parvenait à vivre, fleurir et embaumer toute la Jeanne-Marie PASCAL
garrigue. Ses fleurs émaillent les monts de Vaucluse de ta-
ches blanches. Autrefois, les anciens le rabattaient régulière-
ment de façon à avoir des repousses bien droites, vigoureu-
ses avec lesquelles ils confectionnaient des balais, d’où son
surnom d’escoubadiero en provençal. Lorsque le printemps
est un peu humide, on peut déguster ses fruits qui ont un
goût délicieux. Mais ne comptez pas satisfaire une grosse
faim car très souvent, en cas de sécheresse, ils ne compren-
nent que la peau et les graines. Des amélanches furent re-
trouvées sur de nombreux sites préhistoriques, preuve que
l’Homme les consomme depuis toujours.

J’espère que mes petites histoires ne déclenchent pas chez


vous une irrépressible envie de bailler, auquel cas vous ne
feriez qu’imiter les fleurs de thym dont la plante est parfois
appelée badasse *, du verbe badar qui signifie bailler en
provençal. Toutes les plantes de cette famille comme le ro- Jatropha pandurifolia
marin, la lavande, la sarriette… ont pour point commun
d’arborer une fleur qui rappelle étrangement une bouche
grande ouverte comme en plein bâillement. Comme vous le Une plante du désert pour remplacer
savez certainement l’ex nom de la famille (labiées) provient les puits de pétrole… !
d’ailleurs du mot lèvre. Toutes les plantes de la famille ont (Le Monde- 11-12-02 -2007)
aussi en commun la présence d’huile essentielle qui leur
confèrent des odeurs d’autant plus fortes qu’elles sont si- Les pays émergents ont peut-être trouvé la source providentielle de
tuées à des emplacements ensoleillés. Saviez-vous que le biocarburant à moindre coût : le Jatropha pandurifolia ( hasta-
thym n’aura pas la même odeur suivant sa situation, exposé ta,integerrima ), Euphorbiacée – un arbuste à fleurs rouges qui
au vent ou en station plutôt abritée ? Si vous êtes originaires prolifère dans les zones semi-arides.
d’une contrée plus au Nord, peut-être aurez-vous déjà re- L’arbuste, très résistant, donne annuellement et pendant plus de
marqué qu’un plant de thym, romarin ou sarriette poussera trente ans 2 à 3 kg. de fruits dont est tirée une huile facile à trans-
sans peine mais n’aura pas la même odeur. En fait, la plante former en biodisel. Chaque graine contient environ 35% d’huile.
produit son huile essentielle, non pas pour nous, les hu- Huit kilos de récolte permettent de produire plus de 2 litres de bio-
mains, mais pour elle-même, afin de pouvoir réguler sa tem- carburant.
pérature et éviter de trop transpirer. Mais revenons-en au L’Inde a lancé un programme sur 10 ans afin de faire passer cette
thym, une partie de son huile essentielle, le thymol, aurait culture encore artisanale au stade intensif (dans l’Andhra Pradesh ,
été utilisée dans la composition de la pâte à papier des billets au sud-est du pays ). La plante est cultivée sur des terres habituelle-
de banque. On peut supposer que la raison en est son pou- ment délaissées sans risque de grignoter les terres de l’agriculture
voir antifongique et désinfectant. En effet le pire ennemi du nourricière. Mais les biologistes cherchent à améliorer la producti-
papier est le champignon. Dans les bibliothèques d’ouvrages vité du Jatropha par la mise au point d’une plante génétiquement
anciens, de grandes précautions sont prises afin d’éviter leur modifiée… d’ici 5 ans !!
apparition. J’ai trouvé cette information dans le «Guide du Le Jatropha pousse aussi bien en Egypte qu’à Madagascar ou au
naturaliste dans le midi de la France » par H. Harant et D. Guatemala. L’Indonésie et le Brésil ont également des projets sur
Jarry aux éditions Delachaux et Niestle. Je serais curieuse de ce végétal.

Bulletin de la SBV - 27 - n°17 - mai 2007


Quelques escapades dans les environs nous ont permis de voir une
Chroniques station d’ Inula bifrons (Mazan) et le site de Mormoiron où se
retrouvent associées Bassia laniflora , Salsola kali et Cycloloma
atriplicifolia.
Cette année, autour du
thème « histoires de plan-
tes, histoire des hommes
« la S.B.V. participait
avec :
- une présentation péda-
gogique sur les plantes
toxiques pour l’homme à
l’aide de tableaux de type
posters et illustrations.
-une exposition de 198
plantes fraîches dont la La ville de Lyon a organisé au cours du mois de septembre une
signalétique permettait exposition horticole au jardin botanique de la Tête d’or, sur le
d’identifier les sujets thème « Géranium des villes, Géranium des champs . »
considérés comme toxi- Une journée était consacrée à la visite des pépinières de la ville où
ques ( étiquettes barrées je ne suis pas allée et une journée de conférences suivies de la visi-
de rouge )- les commen- te d’une serre tropicale où a eu lieu la plantation du« Pin wollemi
taires oraux des membres » (voir texte et illustration dans ce bulletin ).
de la S.B.V. en réponse Dans le jardin 500 taxons de Géraniacées étaient disséminés et
aux questionnements associés à d’autres plantes sous forme de massifs représentant le
fréquents et intéressés milieu d’origine, montagne, vallée, garrigue, France,Afrique, Asie,
des visiteurs élargissant etc
le débat. La famille des géraniacées originaire des régions tempérées et sub-
tropicales, comprend 3 genres :
-une conférence sur « les plantes toxiques de la flore Geranium
vauclusienne « par Huguette André à travers un diapora- Erodium
ma explicité (photos et scanners). Pelargonium
Dans le programme de ces journées figuraient des thèmes
Il faut savoir que les géraniums de nos balcons et jardins appar-
récurrents tels que – plantes comestibles et salades sauvages
tiennent tous au genre Pelargonium .
– le feu et l’homme (qui a fait l’objet d’une conférence pour
Ce genre présente une grande variété de feuillages et de parfums
la S.B.V. en février 2006 par Benoît Garonne). Pierre
(pomme, citron, rose, carotte, menthe)
Lieutaghi a disposé d’un temps un peu limité pour évoquer
Le Pelargonium botanique n’existe pas dans notre flore, il est ori-
« de la cueillette à la culture – histoire des plantes fondatri-
ginaire d’Afrique du Sud, introduit au XVIIème siècle par les An-
ces du jardin européen « .
glais. Il a fait l’objet de multiples croisements (le «géranium com-
munément appelé lierre est un hybride de pélargonium). Le genre
A propos des plantes toxiques quelques lectures :
comporte en Afrique de nombreuses espèces- la diversité botani-
-dans le bulletin 13 ( janvier 2003 ) de la S.B.V. l’article de
que correspond à la diversité des milieux ;ainsi elles peuvent pren-
Michel Hortigue- A propos des plantes toxiques ren-
dre l’aspect de Cactus ou de plante alpine. La fleur est zygomor-
contrées en randonnée.
phe (symétrie bilatérale)
-F. Couplan et E. Styner - Guide des plantes sauvages co-
mestibles et toxiques (dont 80 toxiques ) – Delachaux et
Au cours de la journée plusieurs conférenciers se sont succédés :
Niestlé.
horticulteurs, producteurs ainsi que le directeur du conservatoire
-Jean Bruneton – Plantes toxiques : végétaux dangereux
national d’horticulture situé à Bourges. Le conservatoire est géré
pour l’homme et les animaux – Lavoisier.
par la société d’horticulture du Cher qui regroupe des amateurs et
des professionnels. Elle est affiliée à la Société Nationale d’Horti-
Mazan 2006 culture de France (SNHF). La Société d’Horticulture du Cher gère
Non prévue au programme 2006 et organisée par Roselyne la collection, assure des cours de jardinage, d’art floral, organise
Guizard avec l’Association pour la sauvegarde de la santé et des visites guidées de jardins et participe aux expositions nationa-
de l’environnement (A.S.S.E.M.) de Mazan, s’est tenue une les. Le conservatoire national du Pelargonium a été fondé en 1982
exposition de plantes fraîches sous la dénomination par le directeur des espaces verts de la ville de Bourges avec la
collaboration du chef de cultures.
« Fleurs et fruits d’automne », les 14 et 15 octobre 2006. Actuellement 800 espèces et cultivars de Pelargonium sont réunis.
Belle réussite avec 392 plantes exposées et succès d’af- C’est une collection unique et reconnue comme Collection Natio-
fluence dans un lieu adapté et attractif…la Cave coopérative nale du Pelargonium. Le conservatoire se visite toute l’année sur
de Canteperdrix ! Ambiance studieuse et conviviale confor- rendez-vous. La meilleure période est de mai à septembre.
tée par une météo .très favorable. Une grande quantité de
cucurbitacées et les « Fruits oubliés » complétaient la pré- Renseignements: Société Horticulture du Cher - Hôtel de Ville
sentation. 18 020 Bourges Cedex

Bulletin de la SBV - 28 - n°17 - mai 2007


La famille des Géraniacées a été présentée par G-G. Guit- La détermination assez difficile n’a pu être décisive qu’à la suite
tonneau sous forme d’une vidéo-projection . de plusieurs visites du si-
Elle se caractérise par des plantes herbacées à feuilles alter- te .Ce n’est pas un pin, ni
nes ou opposées de formes variables/ une fougère arborescente
• Les fleurs actinomorphes ou légèrement zygomorphes mais une espèce nouvelle-
une araucariacée- officiel-
• 5 sépales accrescents lement baptisée :Wollemia
• 10 étamines nobilis d’après le nom du
• 1 ovaire supère surmonté d’un bec ou rostre(correspond lieu où on l’a trouvé et le
au prolongement de l’axe floral) nom de du garde-chasse.
• 5 carpelles biovulés à placentation axiale Cette espèce était connue
Fruit sec appelé capsule à déhiscence paraplacentaire sous forme fossile ; désor-
prolongé par une arête mais il est considéré comme
un fossile vivant apparu il y
Notre flore se limite aux 2 genres Geranium et Erodium . a 90 millions d’années et
présumé disparu depuis 2
La détermination des espèces vous sera possible en millions d’années. De nom-
consultant la clé donnée par Guy-Georges Guittonneau breuses recherches ont été
dans le tome 2 de la Flore du CNRS -Pages 738-749. effectuées en une dizaine
d’années. Actuellement une
Le genre Geranium en France comprend 22 espèces, dont centaine de pieds a été re-
une est endémique des Pyrénées occidentales et très rare- censée. Le site a fait l’objet
Geranium endressiï Gay. d’un programme de protec-
tion. La culture est considé-
Le genre Erodium comprend 17 espèces dont 6 sont endé- rée comme l’élément clé de
miques : sauvegarde de l’espèce.
• Erodium corsicum comme son nom l’indique se ren
contre sur les rochers et garigues du littoral corse « Un pin wollemi dans chaque jardin et parc du monde entier
(cyrno-sarde) réduira le risque pour la population naturelle, en évitant la
• Erodium crispum endémique des rochers et éboulis cal visite illégale du lieu de sa découverte »
caires des Corbières et Pyrénées orientales
Voilà pourquoi la ville de Lyon a opté pour l’introduction d’un
• .Erodium foetidum(=E.petraeum ) endémique des ébou plant de Wollemia nobilis dans le parc.
lis calcaires de la bordure cévenole jusqu’à la Clape
(Narbonne) Vous voulez tout savoir sur le pin Wollemi ?
• Erodium glandulosum (=E.macradenum) endémique Consultez le site : www.wollemipine.com
pyrénéo-cantabriques sur les schistes et roches cris
tallines des Pyrénées Compte-rendu et photographie par :
• Erodium rodiei endémique des Préalpes de Grasse Huguette ANDRÉ
(A-M) région du Pas de la Faye
• Erodium manescavi endémique des Pyrénées
occidentales entre Cauterets et la vallée d’Ossau Documents téléchargeables :
En 1989 était publié par la SBCO Les Festuca de la flore de
France (Corse comprise), par M. KERGUÉLEN et F. PLONKA-
Voici le Wollemi pine Avant-propos du Prof. J. LAMBINON. Cette publication épuisée
Plantation officielle le 14 septembre 2006 dans la serre et recherchée par de nombreux botanistes a été numérisée ; elle est
tropicale du Parc National de La Tête d’Or à Lyon en parte- disponible sur le site de la SBCO à la rubrique Publications/
nariat avec la jardinerie Botanic de Villeurbanne (69). numéros spéciaux : http://sbco.free.fr/public/framacceuil.html
Durant le mois de septembre et octobre plusieurs arbres ont (fichier de 27425 Ko)
été plantés en France, introduits dans les jardins de Nancy,
Lille, Bordeaux, Paris. Flore de Rouy : cette flore publiée de1893 à 1913 en 14 volumes
C’est l’arbre le plus vieux du monde, considéré comme le et un supplément, qu’avec beaucoup de chance on ne pouvait trou-
plus rare et dont l’histoire remonte à l’époque des dinosau- ver que chez les bouquinistes, à un prix élevé, a été numérisée,
res. grâce à B.BOCK. Elle est désormais téléchargeable sur :
Il a été retrouvé par hasard en 1994 dans une vallée secrète http://florerouy.free.fr/ ( 15 fichiers représentant eu tout 280
d’Australie (à 200km à l’ouest de Sydney), et cela devient
une des plus grandes découvertes du XXe siècle. La Garance Voyageuse
Un garde-chasse australien, David Noble, au cours d’une Un cédérom multimédia pour les 18 ans de la revue.
excursion dans le Parc National Wollemi ( en Nouvelles Ed.- La revue- 35 euros.
Galles du Sud ) découvre une espèce d’arbre inconnue : ses
feuilles- vert foncé- ressemblent à celles des fougè- A noter au sommaire :
res ?, l’écorce est couleur chocolat , l’arbre atteint 40m de -les numéros 20 à 39 de la revue (format pdf imprimable).
haut !! La curiosité aiguisée, il décide de prendre un rejeton -un moteur de recherche multicritères
pour l’identifier à Sydney. Ce document figure à la bibliothèque de la SBV.

Bulletin de la SBV - 29 - n°17 - mai 2007


Notes de lecture De l’autre côté du Rhône… Villeneuve les Avignon.
De terre et d’eau…la plaine de l’Abbaye.
Edité par l’association - Vivre la Plaine de l’Abbaye.
123 pages-2005- 18 euros.

Limitée au nord par l’arc des collines et au sud par le bras vif du
Rhône, protégée, drainée et mise en valeur par les moines de l’Ab-
baye Saint André, la plaine de l’Abbaye constitue de nos jours un
ensemble naturel d’une grande richesse patrimoniale. Cette zone a
mon livre préféré : subi de nombreux remaniements dus aux caprices du cours de l’an-
cien fleuve
Alphonse Karr, romancier, journaliste pamphlétaire à ses
La canalisation du Rhône dans les années 70 a profondément retra-
heures, était aussi bien un observateur attentif qu’ un amou-
vaillé les milieux (relèvement du niveau du Rhône, création de
reux inconditionnel de la nature. Alors qu’il était réfugié
digues en sol ingrat). Une déprise agricole importante vient com-
politique à Saint Raphaël (Italienne à cette époque), il
pléter le tableau.
« inventa » la culture des fleurs sur la Côte d’Azur. Il fut
Après un historique des lieux l’ouvrage aborde l’inventaire des
l’un des premiers, vers 1855, à cultiver des fleurs de façon
espèces rencontrées :
extensive afin d’envoyer sa production de violettes et de
-Alain Camard traite des castors, de la faune piscicole du
graines à Paris.
contre-canal, des insectes.
« voyage autour de mon jardin » fut écrit en 1845 et connut -Olivier Peyre décrit les oiseaux, les mammifères,
un franc succès. Il est issu d’une réaction à la mode des les batraciens et les reptiles.
voyages exotiques de l’époque. Dans ce livre, il fait le pari
d’épater un voisin en lui écrivant quotidiennement une lettre La détermination des espèces les plus fréquentes de plantes a été
contenant les observations issues de son jardin. Ces derniè- réalisée par Mireille Tronc sur les différents milieux rencontrés -
res le conduisent parfois à des pensées philosophiques qui garrigue, ripisylve et plaine- une illustration par Sigrun Reineking
émaillent agréablement ce livre. complète la partie botanique.
Un regret de taille ! Le regroupement des plantes par famille s’est
Quelques exemples de lettres :
fait à l’aide d’une classification ancienne sans avoir sollicité pré-
La lettre n°10 sur le bonheur nous rappelle les défauts de alablement le visa de Mireille. Un erratum l’indique…
l’humanité qui court toujours après l’impossible alors que le A noter que ce territoire se situe à peu près en face de l’Islon de la
bonheur se trouve parfois tout près de nous, il suffit de le Barthelasse que connaissent bien les membres de la S.B.V.
saisir lorsqu’il se présente.
Promenades dans la plaine de l’Abbaye - dessin Sigrun Reineking
La lettre 11 nous fait part de son émerveillement devant les
abeilles et autres insectes qui assurent une correspondance
entre plantes en « portant de l’époux à l’épouse des caresses
parfumées ». il nous explique ainsi, avec le langage châtié
de l’époque, la pollinisation.
La lettre 13 nous confirme avec beaucoup d’humour que la
classification botanique n’est et ne sera jamais définitive :
« des savants ont classé, il y a longtemps, l’ophyoflosse, et
ont dit que c’était une osmonde ; mais cette fougère a été
depuis démasquée par d’autres savants ; elle a été chassée
des osmondes comme une intrigante ; elle n’est plus qu’un
bostrichium. ».
La lettre 40 décrit avec truculence l’accouplement de deux
escargots après la pluie. Alphonse Karr nous décrit alors les
mœurs de ce type d’animaux : « la nature, par un bizarre
caprice, s’est divertie à assaisonner l’amour de voluptés
toutes particulières pour les êtres, qui, par leur aspect, sem-
blent le moins faits pour de pareilles sensations. Les colima-
çons et les lombrics réunissent à la fois toutes les joies de
l’amant qui obtient et de l’amante qui accorde… »)De nom-
breuses observations sur les papillons et les galles ponctuent
également cet ouvrage. Alphonse Karr a ainsi remarqué que
certains insectes pondent sur l’œuf d’un autre afin que leur
larve s’en nourrisse. Il avait aussi pressenti le phénomène
des phéromones. Les amateurs de botanique et d’entomolo-
gie apprécieront la précision des descriptions du microcos-
me de son jardin. Jeanne-Marie PASCAL
A.Karr– 1808 - 1890 - Coll. Ressources - Ed. Slatkine
(cet ouvrage peut aussi se trouver chez les bouquinistes Ed Nelson)

Bulletin de la SBV - 30 - n°17 - mai 2007


Bibliographie Par leur diversité morphologique foliaire et florale, les Saxifrages
Parutions récentes ne laissent pas indifférents. De l’étage montagnard à l’étage nival,
les différentes espèces se pressent en coussinets ou se blotissent au
creux des rochers, au milieu des éboulis, des pentes caillouteuses
S. ARNASSANT et F. DABONNEVILLE
ou le long des moraines. Pendant la courte saison estivale, elles
Les Orchidées de Camargue, espèces fragiles dans des
étalent leur multitude de corolles lumineuses, ou s’élancent en de
milieux sensibles.
longues inflorescences. A l’aide des différentes clés d’identifica-
Ed. Zerynthia- 2006 –Plaquette de 20 pages- 3 euros.
tion, ce livre permet au botaniste amateur ou professionnel de dé-
L’inventaire porte sur 35 espèces d’Orchidées dont 21 plus
couvrir, par son sens d’observation, l’identité de la Saxifrage in-
fréquentes sont détaillées (avec illustration). Un tableau re-
connue.
groupe également les 69 plantes protégées en Camargue
avec leur statut de protection dont 7 sont détaillées. Cette Jean-Pierre REDURON
plaquette, destinée au grand public, a été réalisée de manière Les ombellifères de France.
à servir de base à la découverte des milieux camarguais- de
Un ouvrage très attendu qui traite des 356 espèces différentes
préférence dans les sites ouverts du Conservatoire du Litto-
d’Ombellifères du territoire français quelque soit leur statut
ral, ce qui limite la fréquentation des zones sensibles.
(indigènes, naturalisées, subspontanées, adventices, cultivées, po-
P.MARMOTTE, A.CARRARA, E.DOMINATI, tentielles), hier et aujourd’hui. Il renseigne sur leur identification
F.GIRARDOT. (y compris au stade floral), leur biologie, leur constitution chimi-
Plantes des rizières de Camargue. que, leur répartition, leur taxonomie intraspécifique et les nomen-
Multiédition-dont PNRC, Cemagref , Inra- 2006- 22 euros. clatures associées accompagnées de nombreuses typifications.
Illustré de photos, scanners sur les plantes fraîches et de détails en
Henri COUMOUL et Hervé MINEAU
noir et blanc. Il expose de façon détaillée la méthodologie de révi-
Jardins de l’Autoroute. Histoire de graines, d’herbes et
sion de cette famille au niveau national.
de rocailles.
Ed. Actes Sud – A.S.F.- 2006- 44 euros. L’ouvrage comprendra 5 volumes en parution échelonnée.
Les auteurs, un jardinier et un écologue, donnent un éclaira- Date de parution du Tome I : 2ème trimestre 2007.
ge inédit sur les paysages du Midi bouleversés par l’arrivée Volume de 564 pages, comportant les clés (214 pages) et les mo-
de l’autoroute. La nature montre comment faire pour l’aider nographies de 23 genres par ordre alphabétique (d’Aciphylla à
à reprendre possession de la rocaille. A travers les garrigues, Bunium) .
les bords de routes …la nature a su se satisfaire d’une aridité En souscription à la SBCO- 33 euros- ensuite 44 euros. Voir for-
comparable aux lieux vierges que l’autoroute a crées. C’est mulaire sur le site de la SBCO ou sur le site de tela-botanica.
la part belle faite à la graine et à l’herbe folle qui participent
O. MANNEVILLE, V.VERGNE, O.VILLEPOUX
à la reconstitution des paysages dégradés.
et le Groupe d’études des tourbières.
Les Ecologistes de l’Euziere- Ouvrage collectif. Le monde des tourbières et des marais-, France, Suisse, Belgi-
Points de vue sur la garrigue. que, Luxembourg.
30 panoramas du Gard et de l’Hérault. Ed. Delachaux et Niestlé- 2006- 312 pages- 41 euros.
Décembre 2006- 24 euros.
Nouvelle édition entièrement mise à jour et corrigée, abondam-
Depuis 30 belvédères célèbres ou singuliers, que l’on peut ment illustrée pour apprendre à connaître ces milieux originaux et
atteindre à pied ou en voiture, ce livre propose des repères menacés. Il présente la diversité et l’état actuel des milieux tour-
pour une lecture simple et plaisante des paysages, afin de beux- écosystèmes fragiles- en Europe du centre ouest. Il considè-
comprendre l’évolution de la garrigue et saisir les enjeux de re l’ensemble de ces tourbières sous tous leurs aspects : naturaliste,
ce territoire familier et méconnu, dont la « sauvagerie » ap- historique et économique. Le lecteur y trouvera facilement les no-
parente doit beaucoup aux hommes et pour lequel l’avenir tions de base, les clefs de compréhension, les définitions et les
reste encore à imaginer. classifications unifiées. Une sélection d’environ 200 sites, souvent
aménagés pour la visite, des quatre pays concernés est présentée.
Philippe JAUZEIN
Flore des champs cultivés A rapprocher de l’article de Jean-Claude BOUZAT dans ce bulletin.
Ed.Quae c/o Inra -1995 – 898 pages- 59 euros.
Marcel BOURNERIAS et Christian BOCK.
Cette réimpression constitue un remarquable ouvrage de Le génie des végétaux.
détermination de plus de 1200 plantes herbacées présentes Ed. Belin- 2006-288 pages- 24 euros.
dans les parcelles agricoles. Les botanistes y découvriront
Créateurs de notre atmosphère voici plus de trois milliards d’an-
l’intérêt des zones cultivées et peut-être une motivation à les
nées, garants de la survie du monde animal et de nos civilisations,
parcourir tout en préservant leur richesse.
les végétaux ne sont-ils pas les » bons génies » dispensateurs de
Il comporte 92 photos couleur et 2000 dessins dont on a pu
bienfaits sur notre planète ? Ce livre, écrit par deux botanistes ré-
apprécier la précision dans les éditions antérieures, une dé-
putés, vise à rappeler quelques aspects du rôle primordial des plan-
marche de détermination explicitée, l’analyse des familles,
tes, et à esquisser les processus évolutifs qui leur ont permis la
des propositions de nouvelles combinaisons nomenclatura-
conquête de la majeure partie de notre planète. La réussite des
les, des références et index.
végétaux tient à leur prodigieuse diversité, à leur admirable harmo-
André GONARD nie fonctionnelle et à leur formidable pouvoir de synthèse. Mais
Saxifragacées - Flore pratique adaptée à la France : ces êtres d’une opiniâtre activité évolutive sont, en dépit des appa-
utilisation des espèces horticoles et. Ornementales rences, fragiles et menacés par l’Homme, à la puissance sans limi-
Ed.- Publications de l’Université de Saint-Etienne- 2006- te, qui use et abuse, de façon trop souvent irréfléchie, des multiples
40 euros. opportunités que lui offrent généreusement les plantes.

Bulletin de la SBV - 31 - n°17 - mai 2007


La ronde des éléments
Au milieu des neutrinos venus du lointain cosmos, tournoie un fragile vaisseau spatial appelé Terre sur lequel s'agitent maladroitement de petits
hommes, qui parfois, humblement intelligents, s'éveillent à la beauté à la fois cruelle et bienveillante de la Nature.
Alors les quatre éléments AIR , FEU, TERRE, EAU, se font nos indociles serviteurs afin que "chacun se sente bien dans son élément" dans la
synergie des quatre qui se fait pourvoyeuse mythique de tout le vivant.
Ô homme, observe et décrypte les runes venus des lointains pays celtes, hardis aventuriers qui ont signé leur passage de menhirs et de dolmens.
Seul celui qui a appris non seulement à examiner mais également à relier ses observations, saura lire ces signes déposés ici et là car Dame Curiosité
émerveillée est ici la Reine…

AIR… FEU…
invisible et impalpable, tu te mets au service complice de certains végé- du soleil couchant, feu de la Saint Jean
taux. Oui, le vivant enraciné ne peut aller et venir à son gré… Feu de la guerre, feu de Lucifer
"Je sème à tout vent" chantonnent en vol les aigrettes du Pissenlit Feu du mal ardent, fièvre du sang
(Taraxacum sp.) et du Salsifis Feu de l'incendie, feu de l'artillerie
(Tragopogon pratensis), les faucilles plumeuses des Epilobes Flamme d'une chandelle à la rêverie bachelardienne
(Epilobium angustifolium) au bord de l'automne et la houppe plumeuse Flamme d'une flambée vespérale gardienne
des Benoîtes spiralées (Geum sp.) et des Pulsatilles anémophiles Flamme du soleil levant aurore magicienne
(Pulsatilla sp.) comme la petite Pulsatille soufrée au pouls battant au
Du Pyrancantha , biblique buisson ardent, au Mélampyre des bois
rythme du vent.
(Melampyrum nemorosum)qui sème ses flammèches à la lisière des
Et le Cyprès chauve (Taxodium distichum) du golfe du Mexique, ne
bois. Du feu de la fièvre apaisée par le Pyrèthre (Chrysanthemum sp.)
trouvant pas la terre à son goût, se
ou par la Reine des prés (Filipendula
fabrique des racines aériennes qui lui
ulmaria). Et dans la chaleur d'un été
procurent son dessert d'oxygène en
exceptionnel, la Fraxinelle (Dictamnus
pneumatophore convaincu ! La Gentia-
alba) enflamme ses arômes volatils et
ne pneumonanthe (Gentiana pneumo-
se consume. Tel le Phoenix , resurgit-
nanthes) fut un cadeau du bon sens
elle de ses cendres ?
populaire pour nos poumons fragilisés
ainsi que la Pulmonaire (Pulmonaria
Feu du volcan qui tonne où Héphaïstos
affinis) qui vérifie la théorie des signa-
forge les armes des tremblements de
tures.
terre et des laves incandescentes, élé-
Ô fumeurs repentis,
ments minéraux surgis du creuset de
ne les oubliez pas !
l'Athanor terrestre, fécondés par l'hu-
De la brise douce d'un crépuscule em- mus qui remercie les végétaux de leur
baumé de nostalgie à la bise perfide nudité automnale, offrande de leur
qui mord à plaisir et hurle sur les feuillage nourri du feu du soleil et de
monts chauves, l'air peut rassembler l'oxygène de l'air pour s'entasser en
ses forces et se déchaîner en violence strates annuelles sur les roches inferti-
destructrice…Si l'air attise le feu, privé les pour nous offrir la… terre...
d'air il s'éteint !

TERRE… EAU…
Oui, même le Géotrope, Sisyphe mini- Source bienfaisante au Cresson ( Nas-
ature, roule ses boulettes de terre dans turtium officinale) ainsi qu'au Saxifrage
la conscience instinctive des pouvoirs des eaux froides (Saxifraga stellaris).
de la Déesse-Mère "Gaïa". Ruissellement fécond à l'Arabette des
Si la Noisette ( Corylus avellana) se cueille le nez levé, sa jumelle, la Cévennes ( Arabis cebennensis) ainsi qu'au Myosotis (Myosotis sylvati-
Noisette de terre ( Conopodium majus )se cache sous la terre protectri- ca ), tous deux rêveurs de pénombre.
ce et nourricière. Etangs appréciés du Plantain d'eau ( Alisma plantago-aquatica) et de la
Le Fumeterre (Fumaria officinalis), lui, fume un parfum nauséeux com- Lentille ( Lemna minor ) qui se rit de sa petite taille en se démul-
me les feux follets fumeux du méthane sur un tas de fumier! Quant au tipliant à plaisir pour couvrir toute la surface d'eau offerte. L'Utriculai-
Tribulus terrestris à trois pointes , il salue sa sœur marine l'étoile de re ( Utricularia minor), futée, sait utiliser ses petites outres ,comme des
mer et se donne le droit de se surnommer "étoile de terre". Quant au pièges, par expulsion d'air pour mieux aspirer l'insecte insouciant…
Millepertuis couché (Hypericum humifusum), il sait chercher protection Lacs enorgueillis de Nymphéas ( Nymphaea alba ) chers à Claude
au contact de la terre… Monet ainsi que de Lotus ( Nelumbo nucifera ) chers au peuple mysté-
La Bible ne nous raconte-t-elle pas que tout provient de la terre et que rieux des Lotophages.
Dieu se servit d'argile et de glaise pour façonner l'homme ? Tourbières peuplées d'espèces qui n'apprécient point d'avoir les pieds
au sec et du Trèfle d'eau ( Menyanthes trifoliata ) qui rêve de capter
Mais écoutez…écoutez… la terre assoiffée gémit dans le désert en l'attention d'un trèfle à quatre feuilles, aux petits soleils perlés de notre
dunes mouvantes…Oui, la Terre gémit aux oreilles et à la conscience Drosera (Drosera rotundifolia), chacune se sent bien les pieds mouillés!
des humains: "De l'eau…de l'eau…ne réchauffez pas trop le climat…"

Ainsi tournoie la ronde des éléments dont chacun sait le besoin des trois autres….pour que vive le Vivant…..

Odette MANDRON
Illustration - de Bartholomaeus Anglicus
Les quatre éléments- manuscrit « De proprietatibus remun » Autun- fin XIII ème siècle
( Base Internet - Enluminures )

Bulletin de la SBV - 32 - n°17 - mai 2007

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