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Société Botanique

du Vaucluse
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9

La FRAXINELLE - Dictamnus albus


Une plante rare et protégée du Vaucluse
n°18 - mai 2008
-
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

Photographie : Flavien Feriolo


Sommaire
-Editorial P. 3

-Ont participé à ce numéro

-Botanique vauclusienne P. 4
-Nouveautés 2007 pour la flore vauclusienne- B. Girerd.- JP Roux.
Société Botanique -Clés de détermination aide-mémoire de la flore du département de
du Vaucluse Vaucluse - Introduction - B. Girerd
-Asplenium trichomanes et ses sous-espèces dans le Vaucluse - B. Girerd.
Siège Social -Suivi plantes rares et pastoralisme - G. Guende -R. Gaudin.
Lycée Agricole
-Ophrys aegirtica ou Ophrys fuciflora tardif du Vaucluse ? - M. Graille.
François PETRARQUE
Cantarel - route de Marseille -Actualités sur la Garidelle - G. Guende - D. Tatin.
-CEEP… c’est quoi ?
Adresse postale
BP 1227 -La Fraxinelle Dictamnus albus - R. Guizard.
Site Agroparc -Calendrier des arbres remarquables du Vaucluse. M.-T. Ziano.
84911 AVIGNON cedex 9
-La SBV en PACA P. 19
Adresse Internet -Week-end des 23 et 24 juin 2007.
Site SBV La Montagne de Lure et Alpes de Hautes Provence. - A. Chanu.
http://www.sbvaucluse.org -Genista radiata - R.Guizard
Courriel -Arceuthobium oxycedri - R.Guizard
info@sbvaucluse.org -Sortie Botanique dans le Var des 31 mars et 1er avril 2007 - F. Feriolo.
Réunion mensuelle -Séjour botanique en SARDAIGNE du 18 au 30 avril 2007 - P. Duthilleul P. 24
Tous les deuxièmes mardis du mois,
au Lycée François PETRARQUE -Contes d’apothicaire de Carpentras
Ou comment l’on se soignait au 18ème siècle - J.-M. Pascal P. 25
Cotisation annuelle
18 euros membres adhérents -Traditions calendales en Provence au travers des végétaux - J.-M. Pascal
9 euros membres associés
9 euros étudiants -Parutions récentes P. 30
demandeurs d’emploi -Note de lecture - F. Feriolo P. 31
Droit d’entrée
-Que danse la biodiversité !!.. - O. Mandron P. 31
7 euros nouvel adhérent

Bulletin de la SBV
-Encart couleur au centre du bulletin pages I à XII
Distribution
Le bulletin de la SBV est distribué gratuite- I - Garidelle - Garidella nigellastrum
ment aux adhérents. II - Fraxinelle - Dictamnus albus
III - Carte de répartition pour le Vaucluse de Dictamnus albus et Arceuthobium
Directrice de Publication oxycedri
La Présidente : Huguette ANDRE IV - Calendrier des arbres remarquables du Vaucluse
V - Ophrys aegirtica ou O.Fuciflora tardif du Vaucluse
Redaction VI - Salagon – Les Mourres
Les membres du bureau de l’association VII - Montagne de Lure (1)
VIII - Montagne de Lure (2)
Maquette: Denis Coquidé IX - Arceuthobium oxycedri
X - Genista radiata
Impression: Espace Dupont - 84130 Le Pontet XI - Orchidées de Sardaigne (1)
XII - Orchidées de Sardaigne (2)
N° ISSN : 1281-2676

Bulletin de la SBV - 2 - n°18 - mai 2008


Editorial
Vous avez reçu en Janvier le programme de l’année
2008, et vous avez constaté que la SBV organise une
exposition de printemps (si chère aux membres fon-
dateurs …au bon temps où elle se tenait à la Chambre
de Commerce, avenue de la République, à Avignon.
Ce lieu de passage a été très fédérateur dans les an-
nées suivant la création de la Société.
En effet, de nombreux adhérents actuels sont arrivés
entre 1981 et 1986 - c’est ce qu’indique le registre Ont participé à ce numéro
mémoire de la SBV - découvrant la Société et la botanique à travers les vitres de l’exposi-
tion ! En 1987 la Chambre de Commerce a modifié la destination de ses locaux, ce qui nous Huguette André
a obligés à rechercher d’autres lieux d’accueil - mais trouver une salle aussi centrale, at- 30250-Junas
andre.huguette@wanadoo.fr
trayante et facile d’accès n’est pas aisé - de plus la répétition annuelle de cette manifesta-
tion devenant pesante, entre 1990 et 1998 nous avons pris la décision de présenter une ex- Jean-Claude Bouzat
position tous les 2 ans. Je rappelle que nous étions aux côtés de la Société Mycologique du 26110-Condorcet
Vaucluse avec les « Fruits d’automne », devenue elle aussi, trop répétitive et de ce fait non jean-claude.bouzat@club-internet.fr
renouvelée depuis 2 ans.
..Au cours d’une réunion de bureau, en septembre 2007, l’idée de monter une exposition au Alain Chanu
printemps a été posée et décidée, à condition qu’elle se tienne à Avignon. Il fallait trouver 84000 - Avignon
alain.chanu@wanadoo.fr
une salle, et nous avons rencontré la municipalité - l’adjoint délégué à l’environnement - et
formulé notre demande. Cette dernière a été acceptée par madame Roig, maire d’Avignon. Pierre Duthilleul
La salle du péristyle, au rez-de-chaussée de l’hôtel de ville, est mise à notre disposition. 84000 - Avignon
Le thème retenu est « La flore du Vaucluse ». Les plantes seront installées et présentées
Flavien Feriolo
selon leurs habitats. 30330-Connaux
Une occasion de montrer aux vauclusiens le dynamisme et la compétence scientifique de la flavien.feriolo@dbmail.com
Société Botanique, de les sensibiliser à la richesse de leur patrimoine floristique.
Le Vaucluse, département le plus petit de France, compte 2200 espèces répertoriées (soit Régis Gaudin
40% de .la flore de France). ONF. Vaucluse.

Bernard Girerd
Bernard Girerd et Jean-Pierre Roux, nos conseillers scientifiques, rédigent actuellement 84250-Le Thor
le 3ième inventaire de la flore du département de Vaucluse, attendu dans un futur proche. bernardgirerd@cegetel.net

J’espère que cette manifestation permettra la participation active du plus grand nombre. Michel Graille
Par avance votre présidente (pour 2 ans de plus !) vous remercie de tous les efforts et 84310-Morières les Avignon
du temps que vous consacrerez pour réussir cette exposition micgrail@orange.fr

Georges Guende
Huguette ANDRÉ, présidente. 84400-Apt
georges.guende@parcduluberon.fr

Roselyne Guizard
84380-Mazan
rosedenoel@wanadoo.fr
Bureau 2007 – Elections du 11 mars 2008 - 12 membres.
Odette Mandron
Huguette André Présidente 38700- La Tonche
Roselyne Guizard Vice-Présidente ohirondelle@free.fr
Mireille Tronc Vice-Présidente Jeanne-Marie Pascal
Claire Ventrillard Trésorière 84210-Venasque
Nicole Chiron Trésorière – adjointe jmpascal84@wanadoo.fr
Michel Graille Secrétaire
Flavien Fériolo Bibliothécaire Jean-Pierre Roux
Jean-Claude Bouzat Coordonnateur des relevés botaniques 84200 Carpentras
Paule Daillant Communication et relations avec la presse cbn.84@wanadoo.fr
Autres membres : Alain Chanu, Hélène Pellecuer, Jacques Mus David Tatin
david.tatin@ceep.asso.fr
Conseillers scientifiques :
Bernard Girerd - Jean-Pierre Roux. Jean-Marc Tison
38080- L’Isle d’Abeau
Commission de vérification des comptes : Jmt6@wanadoo.fr
Jean-Marie Bernard-Henri Courtois- Robert Fournier.
Marie-Thérèse Ziano
84490-St. Saturnin d’Apt
mtziano@club-internet.fr

Bulletin de la SBV - 3 - n°18 - mai 2008


Botanique Vauclusienne
Nouveautés 2007 pour la flore vauclusienne
Cette dernière année 2007 n’a pas été très riche en découvertes
floristiques départementales. Nous pouvons quand même enre-
gistrer quatre espèces nouvelles très intéressantes aussi bien du
point de vue systématique qu’en ce qui concerne leur écologie
et leur chorologie. Nous compléterons cette actualisation par un
« avis de recherche » concernant 2 espèces devant se trouver
dans le Vaucluse, mais méconnues jusqu’à maintenant. Enfin,
nous présenterons des iconographies des Potentilla du groupe
« hirta-recta » évoquées l’année dernière à propos de Potentilla
pedata Willd. ex Hornem.

1 - Les quatre espèces nouvelles

Bromus secalinus L. - Ce brome annuel de 40 à 80 cm de haut


fait partie du sous-genre Bromus (genre Serrafalcus Parlat. des
anciennes flores), caractérisé par des glumes assez courtes
(moins de 9 mm), munies chacune de 3 à 7 nervures et à arêtes
sommitales naissant un peu au-dessous du sommet échancré.
Cette espèce est très proche de deux autres bromes déjà bien
connus dans le Vaucluse : Bromus arvensis L. et Bromus race-
mosus L. avec lesquels on peut le confondre. B. arvensis a ce-
pendant des épillets plus étroits (3 à 4 mm au lieu de 5 à 6 mm).
La ressemblance est plus grande avec B. racemosus (surtout
représenté dans le Vaucluse par la subsp. commutatus
(Schrader) Syme) et d’ailleurs, on admet une parenté entre les
deux avec des populations morphologiquement intermédiaires.
On peut noter, pour faire la différence, que les épillets de B.
secalinus ont des fleurs écartées et séparées les unes des autres
par un léger intervalle laissant voir les axes à maturité. De plus,
les lemmes ont des bords enroulés alors que chez B. racemosus,
les épillets sont denses, les fleurs étant serrées et imbriquées,
sans espace, et les lemmes ont les bords plans.
Il s’agit d’une messicole recherchant des sols peu ou non calcai-
res, rare et en régression dans le Midi et dont la présence est
exceptionnelle en région méditerranéenne. En revanche, ailleurs
en France, et tout particulièrement dans l’Est, elle se maintient
bien et semble même progresser localement. Pour notre région,
les citations dans les Bouches-du-Rhône sont anciennes et dans
la Drôme, elle est seulement connue dans le nord du départe-
ment. La découverte par l’un de nous (J.-P. R.) et par G.
GUENDE d’une population à Cadenet (Castelar) dans un
champ de céréales un peu négligé est donc très importante et
des recherches ultérieures sont à prévoir, principalement dans la
région de Pertuis.

Dipcadi serotinum (L.) Medikus - Liliacée bulbeuse


(actuellement rangée dans les Asparagacées) à feuilles linéaires
toutes à la base, plus courtes que les tiges ; celles-ci, haute de 20
à 40 cm forment des inflorescences spiciformes comportant de
nombreuses fleurs en forme d’entonnoirs, longues de 10 à 15
mm, penchées et de couleur variant du vert jaunâtre au brun
orangé.
Une petite population (quelques individus seulement) a été dé-
couverte par A. et N. CHANU à Avignon à la Courtine. Cette
plante a une répartition très irrégulière et même un peu énigma-
tique. Jamais vue dans le Vaucluse jusqu’à maintenant, on la
connaissait près d’Avignon, dans la Montagnette de Saint-
Michel-de-Frigolet. Elle a été considérée comme naturalisée Dipcadi serotinum (L.)
dans les Bouches-du-Rhône et elle est indiquée comme peu Scanner : Alain Chanu

Bulletin de la SBV - 4 - n°18 - mai 2008


fréquente dans le Diois (Drôme). En revanche, dans la région née mais jamais confirmée jusqu'à maintenant. Or, cette année,
Languedoc-Roussillon, elle est beaucoup plus régulièrement G. GUENDE en a observé une importante population à Pertuis,
observée et on la rencontre des basses collines de la région de sur les bords de l’Èze et une autre population a été vue par l’un
Rémoulin jusqu’ en Cerdagne. de nous (B.G.) à Mirabeau. De Plus P. KLAUSSNER l’a notée
à Rustrel et à Lagarde-d’Apt, mais en signalant la présence de
Festuca arvernensis Auquier, Kerguélen & Markgraf-
plantes intermédiaires.
Dannenberg - Sur le plateau sommital du Saint-Amand, à 700 m
Par ses feuilles non ou très peu décurrentes, donc à tiges totale-
d’altitude, on observe depuis longtemps une population très
ment nues ou presque, cette espèce est bien caractérisée. Nous
dense de Festuca du groupe « ovina », remarquable par sa cou-
pensons qu’elle n’est pas abondante dans le Vaucluse. Elle sem-
leur glauque bleutée ; les plantes sont de grande taille (40 à 50
ble absente des Bouches-du-Rhône et est considérée comme
cm) et forment des touffes compactes. Nos premières observa-
erratique dans la Drôme.
tions, trop partielles, nous faisaient hésiter entre Festuca laevi-
Concernant les plantes à caractères intermédiaires (feuilles à
gata Gaudin et Festuca burgundiana Auquier & Kerguélen et
moitié décurrentes), il faut signaler que F. BILLY (Monde Pl.
dans le même secteur, on peut aussi observer des Festuca mar-
463 : 27, 1998) a bien exposé ce problème qui semble avoir
ginata (Hackel) K. Richter bien typiques. Pour tenter d’en dé-
donné lieu à des interprétations diverses et parfois contradictoi-
coudre avec ces plantes énigmatiques, nous avons procédé cette
res, et il en conclut qu’en Auvergne, V. phlomoides est absent et
année au prélèvement d’une dizaine d’échantillons que nous
que V. densiflorum présente des morphologies très variables.
avons transmis à R. PORTAL, spécialiste bien connu que nous
Dans le Vaucluse et jusqu’à ces dernières observations, on pou-
remercions vivement. D’après lui, mais sous toutes réserves,
vait penser la même chose.
nos plantes devraient être rapprochées de F. arvernensis et plus
En conclusion et dans l’état actuel de nos connaissances, on
précisément de la subsp. costei (St-Yves) Auquier & Kergué-
peut admettre que seuls les sujets à tiges nues (ceux de Pertuis
len. Comme F. laevigata, la plante du Saint-Amand a des feuil-
ou de Mirabeau sont parfaitement conformes) doivent être attri-
les basales épaisses (plus de 0,7 mm de diamètre) mais avec un
bués à V. phlomoides. Tous les autres, à feuilles plus ou moins
sclérenchyme non continu, irrégulier, renforcé au centre et sur
décurrentes, entrent dans les variations de V. densiflorum, varia-
les côtés, formant 3 îlots plus ou moins bien individualisés alors
tions que des flores anciennes ont nommées Verbascum thapsi-
que chez F. laevigata, le sclérenchyme est généralement pres-
forme Schrader ou Verbascum australe Schrader.
que continu. Ces critères nécessitant des examens de détail, on
Il nous appartient maintenant d’affiner nos observations vauclu-
peut, sur le terrain, et pour une première approche, noter que les
siennes pour confirmer ce traitement, mais il faut faire attention
épillets sont plus petits chez F. arvernensis (moins de 9 mm)
aux confusions avec V. thapsus et à la présence d’hybrides tou-
que chez F. laevigata (plus de 9 mm et plus longuement aristés)
jours possibles.
et surtout prendre en compte la couleur bleutée du feuillage qui
constitue un bon repère ; d’ailleurs les anciens botanistes ont 2 - Avis de recherche
longtemps assimilé F. arvernensis à Festuca glauca Villars, Il y a des plantes que l’on découvre dans la nature, comme les
mais de façon très imprécise qui n’a pas été retenue. quatre espèces nouvelles décrites ci-dessus et il y a celles qui
Comme son nom l’indique, c’est essentiellement une plante du apparaissent dans les flores ! Ainsi, l’examen du projet de la
Massif central, restant presque toujours localisée à l’ouest du « Flore de la France méditerranéenne » qui va bientôt sortir
Rhône, sur sol siliceux (ce qui n’est pas bien le cas du Saint- nous révèle que deux espèces, jusqu’à maintenant ignorées par
Amand !), où elle est relativement abondante, notamment en manque de descriptions disponibles, doivent exister dans le
Ardèche. A l’est du Rhône, en revanche, sa présence devient Vaucluse. Pour orienter les recherches, nous les décrivons ci-
très rare, voire exceptionnelle. Quant au rattachement à la dessous.
subsp. costei, il faut rester prudent, la séparation en 2 taxons ne Orobanche grenieri F.W. Schultz (= O. lactucae Arvet-Touvet)
paraît pas admise de façon bien définitive. - Cette espèce pourrait bien correspondre en réalité à nos obser-
Quoique il en soit, cette fétuque apparaît bien comme très origi- vations d’Orobanche cernua Loefling et sans doute la rempla-
nale et confirme tout l’intérêt floristique du Saint-Amand où cer purement et simplement. C’est une plante méconnue
d’autres plantes remarquables comme Millium vernale M. Bieb. (absente de Flora Europaea, des flores de PIGNATTI et du
(extrêmement rare actuellement en France) sont régulièrement CNRS, de la monographie de KREUTZ et mise en synonymie
observées. avec O. cernua dans Flora Iberica).
Verbascum phlomoides L. - Les grandes molènes à feuilles Voici ce que nous écrit J.-M. TISON à ce sujet : « O. grenieri
blanchâtres et très longues inflorescences dressées et rigides est un taxon bien distinct et il est probable que toutes les
dépassant largement 1 m de haut, globalement appelées "cernua" du Vaucluse lui appartiennent. La vraie « cernua » est
« bouillon blanc », comprennent trois espèces qu’on a souvent très thermophile (confirmée en France seulement sur le littoral)
tendance à confondre car, de loin, elles ont à peu près le même et elle a vraiment des couleurs terribles, comme sur le bouquin
aspect. Pour reconnaître avec certitude la plus répandue dans de KREUTZ ».
tout le département, jusque dans les parties élevées du mont La différence entre les 2 peut se résumer ainsi :
Ventoux, c’est-à-dire Verbascum thapsus L., il faut examiner Orobanche cernua - Corolles non veinées, bicolores (base
les stigmates qui sont courts et arrondis ; ses feuilles sont très blanchâtre et sommet bleu acier), à extrémité fortement courbée
décurrentes sur les tiges. Par contre, si les stigmates sont allon- vers le bas en fin de floraison.
gés et décurrents sur les styles (caractère visible même après Orobanche grenieri - Corolles violacées, veinées, à extrémité
floraison au sommet des jeunes fruits) on peut être en présence sensiblement horizontale.
de deux autres espèces. L’une à feuilles décurrentes sur les ti- Il faudrait donc revoir nos populations déterminées O. cernua
ges, c’est Verbascum densiflorum Bertoloni (= V. thapsiforme qui d’ailleurs sont peu nombreuses et dispersées (Dentelles de
Schrader), plante assez souvent observée dans le département Montmirail, mont Ventoux, etc.). Il faut noter enfin, que nos
(quoique sans doute parfois confondue avec la précédente). observations ont porté sur des plantes parasitant justement des
L’autre est V. phlomoides, à feuilles non décurrentes sur les laitues cultivées ou sauvages, ce qui confirmerait la détermina-
tiges, dont la présence dans le Vaucluse a souvent été soupçon- tion d’O. grenieri.

Bulletin de la SBV - 5 - n°18 - mai 2008


Taraxacum aquilonare Handel-Mazzetti - C’est un pissenlit
d’altitude du centre et du sud-est de l’Europe (cf. Flora Euro- A tester !
paea et la flore de PIGNATTI), certainement peu connu en
France. Il est cité au mont Ventoux d’après une récolte de C. Clés de détermination aide-mémoire
BERNARD en 1975, dans une publication spécialisée
de la flore du département de Vaucluse
(KIRSCHNER & STEPANEK, 1985 - "Taraxacum hoppea-
num" and its allies (Studies in Taraxacum 4). Preslia (Praha)
57 : 111-134).
La plante doit avoir le port d’un Taraxacum laevigatum (Willd.)
Ce document regroupe 280 clés de détermination et
DC. (= T. erythrospermum Besser) qui est caractérisé par des cite près de 1700 espèces, soit les 9/10° de la flore du
fruits rouges, des bractées corniculées et des feuilles très décou- Vaucluse (seuls manquent les genres monospécifiques).
pées. De plus, beaucoup de sous-espèces sont prises en compte
La différence entre ces deux taxons peut se faire ainsi : et incorporées dans les clés.
Taraxacum laevigatum - Feuilles intérieures (les plus décou- En conformité avec le 3° inventaire actuellement en
pées) à pétioles non ailés à la base ; akènes mûrs dépassant rare- cours de rédaction (en collaboration avec J.-P. Roux),
ment 3,8 mm de longueur, cônes compris ; bractées fortement l’ordre systématique reste le même que celui des inventai-
corniculées. res de 1978 et de 1990 (celui de la flore de Fournier),
Taraxacum aquilonare - Feuilles toutes à pétioles ailés sur
c’est-à-dire sans tenir compte des bouleversements im-
toute la longueur (décurrence du limbe) ; akènes mûrs dépassant
normalement 4,5 mm de longueur ; bractées peu corniculées. Il
portants proposés par les travaux récents qui auraient en-
faudrait donc observer dans les parties hautes du mont Ventoux traîné des distorsions et par suite, une utilisation difficile.
(au-dessus de 1600 m d’altitude) des plantes à gros fruits rouges Par contre, la nomenclature est généralement (mais
mais à feuilles beaucoup moins profondément divisées et avec pas toujours !) alignée sur les tendances récentes ; il s’agit
des lobes plus larges que chez T. laevigatum. Il serait utile de de changements, parfois un peu désagréables, permettant
récolter des échantillons en prenant soin de prélever quelques une actualisation raisonnable et utile. Pour éviter les
fruits mûrs, à conserver dans des sachets. confusions provoquées par ces différences nomenclatura-
les, tous les noms utilisés par Fournier ou par l’inventaire
de 1990, lorsqu’ils sont différents, sont indiqués entre
3 - Potentilla hirta L., Potentilla recta L. et Potentilla pedata
parenthèses (mais pas les synonymes de toutes les autres
Willd. ex Hornem.
Dans le bulletin de la S.B.V. de l’année dernière, nous avons
flores !)
mis en évidence l’existence d’une potentille très répandue dans Ces clés sont essentiellement destinées à faciliter les
le Vaucluse, auparavant nommée tantôt P. hirta, tantôt P. recta déterminations sur le terrain. Elles sont sommaires et re-
et souvent avec hésitation, mais en réalité méritant le rang d’es- posent en général sur un nombre de caractères réduit mais
pèce autonome bien différente. d’observation facile (sauf exceptions). N’étant pas très
Comme annoncé dans cette rubrique, une étude vient de paraître rigoureuses, elles peuvent entraîner des difficultés lorsque
faisant une mise au point générale (TISON J.-M. & MALÉCOT les sujets sortent sensiblement de leur morphologie
V., 2007 – Potentilla pedata Willd. ex Hornem. (Rosaceae), moyenne. Dans tous les cas litigieux, il faut recourir à une
espèce française méconnue. Monde Pl. 493 : 5-18). des grandes flores actuellement utilisées.
Cet article comporte une planche d’herbier pour chacune de ces
S’agissant uniquement des plantes connues dans le
trois espèces concernées ; nous les reproduisons ci-après car elle
permettent de bien comparer la forme des feuilles ; elles per-
département de Vaucluse, l’utilisation de ces clés en de-
mettent aussi de bien constater que P. pedata présente une taille hors du département est certainement possible, mais avec
et une morphologie nettement intermédiaires entre les deux au- prudence. Bien entendu, les espèces découvertes depuis
tres. 1990 (et jusqu’à fin 2007) sont bien incorporées.
Voici par ailleurs la clé de détermination que nous proposons Il n’y a pas de table des matières, mais les 84 familles
pour les différencier : concernées sont numérotées et un index numérique figu-
rant en fin d’ouvrage (sans pagination) permet de les
Fleurs jaune clair ; folioles dentées tout autour (8 à 10 dents de trouver et ensuite de chercher le genre souhaité. Pour 2
chaque côté). Potentilla recta familles importantes (Poacées et Astéracées) les genre
Fleurs jaune d’or ; folioles sans dents à la base.
sont numérotés et listés en début de la famille pour facili-
Folioles ne comportant que 1 à 3 dents de chaque côté
Potentilla hirta
ter leur recherche.
Folioles comportant 3 à 8 dents de chaque côté Pour conclure, ces clés ne sont pas des « clés-
Potentilla pedata miracles ». Il faut bien penser que la détermination des
plantes comporte toujours une marge d’incertitude et
Bernard GIRERD et Jean-Pierre ROUX qu’une part de flair est nécessaire pour éviter les pièges !

Bernard GIRERD – 1° janvier 2008


Planches Potentilla reproduites pages 7, 8, 9
avec l’aimable autorisation (document distribué aux adhérents participant aux réunions
- des auteurs - J.-M. TISON et B.GIRERD. mensuelles et aux sorties botaniques)
- de G.LARGIER - Le Monde des Plantes.

Bulletin de la SBV - 6 - n°18 - mai 2008


Potentilla recta L. – L’Isle d’Abeau (Isère), juin 1990, herbier privé J.-M. TISON.

Bulletin de la SBV - 7 - n°18 - mai 2008


Potentilla hirta L. – Toulon (Var), mai 2007, herbier privé J.-M. TISON.

Bulletin de la SBV - 8 - n°18 - mai 2008


Potentilla pedata Willd. ex Hornem. Gordes (Vaucluse), mai 2006, herbier privé B.GIRERD.

Bulletin de la SBV - 9 - n°18 - mai 2008


Asplenium trichomanes et ses sous-espèces les identifier avec au maximum un microscope ; ce n’est pas
toujours possible, loin de là.
dans le Vaucluse Dans le groupe A. trichomanes, il y a eu d’abord la mise en
évidence de plantes diploïdes et tétraploïdes, d’où les sous-
espèces trichomanes et quadrivalens. Les premiers diploïdes
identifiés étaient silicicoles et plutôt montagnards, mais on a
déniché ensuite des diploïdes calcicoles, de plus basse altitude
et à morphologie assez différente ; ainsi est née la sous-espèce
inexpectans.
Les spécialistes se sont ensuite penchés sur la variabilité mor-
phologique des tétraploïdes et ont constaté que certaines formes
très particulières sont occasionnellement associées à des plantes
dont les spores fortement avortées traduisent l’origine hybride.
On est donc en présence de populations génétiquement distinc-
tes du banal quadrivalens, et les anciennes « variétés » pachyra-
chis et hastatum ont été promues au rang de sous-espèces.
Mais si ces sous-espèces existent bien, les reconnaître dans la
nature est une tout autre question. La moins difficile à identifier
est la sous-espèce trichomanes, dont les spores sont en moyen-
ne plus petites que celles de la sous-espèce quadrivalens. Ce-
pendant, les amplitudes de variation semblent presque jointives,
de sorte qu’en l’absence de comptage chromosomique une in-
certitude peut subsister.
La différence dans la taille des spores entre le diploïde inexpec-
tans et le tétraploïde quadrivalens n’est pas très marquée. On
considère généralement qu’il n’est pas prudent de déterminer un
inexpectans sans contrôle cytologique ; d’où le faible nombre
de points connus.
Quant à hastatum et pachyrachis, ils ne se distinguent pas du
quadrivalens par la taille des spores ; étant tous les trois tétra-
ploïdes, il n’y a donc que la morphologie foliaire. Dans ces
conditions, on ne peut nommer que les individus « typiques »,
qui sont en réalité des formes extrêmes. On se perd en hésita-
tions sur les individus moins marqués, ce qui conduit certains à
contester la validité de taxons si mal caractérisés.
C’est peut-être simplement parce que ces discontinuités généti-
Jusqu’à une époque récente (c’était le bon temps !), Asple- ques (mineures) ne se traduisent pas par des différences mor-
nium trichomanes était une fougère sans problèmes, populaire- phologiques nettes ; explication simple, mais qui ne solutionne
ment connue sous le nom de Capillaire, bien caractérisée et ty- pas notre problème d’identification.
pée avec ses pétioles noirs et brillants. Voilà, je crois, comment on peut présenter ce problème, incita-
Mais à partir des années 1960 on a vu apparaître successi- tion à rester modeste dans les déterminations » (fin de citation).
vement des sous-espèces (5 ou 6 en France, d’autres encore à
l’étranger !), sans parler des hybrides entre elles. Nous voilà donc fixés sur les aléas pour déterminer nos
Les descriptions morphologiques de ces nouveaux taxons sous-espèces d’Asplenium trichomanes. Le présent article n’a
ont donné l’impression, dans un premier temps, qu’il était facile pas pour but de décourager nos recherches régionales, mais de
de les reconnaître, mais il a fallu rapidement déchanter car les bien avertir des difficultés. Il peut tout aussi bien susciter des
limites susceptibles de faire les discriminations entre ces plantes vocations pour qui voudrait entreprendre des recherches préci-
variables se sont avérées très incertaines. ses dans ce domaine, ce qui serait très souhaitable.
Cette situation a bien été confirmée par les spécialistes tels Pour tenter de détecter des morphologies types puisqu’elles
que M. Boudrie et R. Prelli (que je remercie vivement pour leur existent, les silhouettes reproduites ci-dessous comparent les 5
collaboration) à qui j’ai soumis des échantillons dont un grand sous-espèces décrites en France, d’après des échantillons prove-
nombre sont revenus avec les mentions « cloniques » ou nant de mon herbier (1,2 et 3) ou transmises par R. Prelli (4 et
« hybrides » et les populations souvent « hétérogènes ». 5).
À ce sujet, je ne peux mieux faire que de recopier ici l’es-
sentiel d’une correspondance adressée par R. Prelli à J.-L.
Amiet, avec l’aimable autorisation de l’un et de l’autre. R. Prel-
li, le spécialiste bien connu et auteur de l’ouvrage magistral sur
les Fougères et plantes alliées (2002) y expose avec pragmatis-
me sa position sur le problème des sous-espèces d’A. trichoma-
nes.
« Il faut bien savoir que si les fougères sont parfois difficiles au
niveau spécifique, la détermination des sous-espèces relève sou-
vent de la mission impossible : les biologistes de laboratoires
ont montré qu’il existe des unités infraspécifiques génétique-
ment distinctes, et les botanistes de terrain voudraient pouvoir

Bulletin de la SBV - 10 - n°18 - mai 2008


Planche des 5 sous-espèces

Commentaires sur ces 5 sous-espèces : 2 - Sous-espèce quadrivalens : taxon tétraploïde considéré


comme le plus répandu dans notre région. Il n’est pas possible,
compte tenu des grandes variations individuelles (âge des sujets
1 - Sous-espèce trichomanes : taxon diploïde strictement silici- et situations stationnelles) de le définir morphologiquement de
cole, réputé facile à reconnaître : pennes petites, arrondies, es- façon certaine. Toutefois, ce sont généralement des plantes ro-
pacées et insérées obliquement sur le rachis. Toutefois la facilité bustes ; le sommet des feuilles, très effilé, avec des segments
n’est pas totale et J.-L. Amiet a collecté des plantes morphologi- terminaux de plus en plus petits est un bon indice. Des détermi-
quement bien typées mais à grosses spores comme chez quadri- nations « par défaut » peuvent être envisagées si on ne remarque
valens et d’autres qui se sont révélées tétraploïdes ! Dans l’état aucun des critères affectés aux autres sous-espèces - méthode
actuel de nos connaissances, cette plante, très abondante dans empirique qui, d’après R. Prelli, a été bien admise par le ptéri-
tous les massifs siliceux de la France, n’a pas été observée en dologue allemand Wilfried Bennert (université de la Ruhr), di-
Vaucluse ; à rechercher cependant dans nos massifs non calcai- sant, en observant un échantillon : « Y a-t-il une bonne raison
res. d’en faire autre chose que du quadrivalens ?»

Bulletin de la SBV - 11 - n°18 - mai 2008


3 – Sous-espèce inexpectans : plante diploïde très comparable à bien des entités biologiquement distinctes puisque les génomes
la précédente, dont la principale différence morphologique est le ne sont pas entièrement compatibles, ce qui se traduit par une
sommet des feuilles brusquement rétréci, non effilé, le lobe ter- stérilité des descendants (spores avortées).
minal étant très large. Découvert dans les années 60 dans les
gorges de la Nesque, ce taxon y a été revu ensuite par M. Bou- Asplenium trichomanes des gorges de la Nesque : On trouvera
drie (accompagné d’hybrides avec A. quadrivalens) puis par les ci-après une planche réalisée par J.-L. Amiet regroupant des
botanistes vauclusiens. Il a également été signalé à Buoux par spécimens collectés dans trois stations différentes des gorges de
une chercheuse allemande (Helga Rasbach) et par moi-même la Nesque, localité classique d’inexpectans. Ils ont tous été ana-
(au fond des gorges, 2007). On peut penser que cette plante se lysés en cytophotométrie dans le laboratoire du Professeur Via-
trouve ailleurs en Vaucluse, encore non observée. Dans le sud ne, en Belgique. Le spécimen de quadrivalens a été reconnu
de la Drôme, J.-L. Amiet en a observé plusieurs populations, tétraploïde, alors que les inexpectans sont diploïdes ; quant aux
mais il précise dans ses « fiches botaniques 2007 », non pu- hybrides dont la morphologie est identique aux inexpectans, ils
bliées, qu’il constate des différences morphologiques avec les n’ont pu être reconnus que parce qu’ils sont triploïdes. Ce genre
plantes de la Nesque et aussi, ce qui est plus gênant, avec les d’étude qui n’est pas à la portée des amateurs situe parfaitement
critères donnés par D. Lovis (1964), le descripteur de ce taxon. le niveau de la recherche qui nous préoccupe.

4 – Sous-espèce hastatum : taxon tétraploïde très proche de


quadrivalens, surtout caractérisé par des pennes allongées, peu
dentées, les inférieures plus ou moins munies d’oreillettes leur Conclusions
donnant un aspect nettement hasté. Il s’agit du taxon le plus
récemment décrit d’après des récoltes faites dans le Luberon, Que faut-il retenir de tout ce qui précède ?
notamment à Buoux (Jessen S., 1995) où je n’ai pas réussi à le Tout d’abord, que l’étude de nombreuses fougères est
retrouver mais j’ai récolté une feuille (peu typique) à Malaucè- maintenant passée entre les mains des biologistes et que les
ne, au pont du Toulourenc de Veaux (19.10.2000), déterminée botanistes de terrain doivent en tirer les conséquences. De plus
par R. Prelli (non retrouvé en 2007). C’est une plante énigmati- il faut s’attendre à d’autres surprises dans les futures recherches
que qui mériterait d’être recherchée car c’est la moins connue qui ne manqueront pas d’apporter bientôt d’autres changements
en Vaucluse de nos 4 sous-espèces. importants ; il paraît, en effet, que ces sous-espèces que nous
avons beaucoup de difficultés à reconnaître, seront prochaine-
5 – Sous-espèce pachyrachis : les pennes de ce taxon tétraploï- ment érigées en espèces, mais on est pas encore là et nous pou-
de sont normalement allongées et étroites, profondément den- vons rester classique, sans nous couvrir de honte !
tées ou crénelées, et les feuilles, à rachis épais et cassant, sont Nous devons donc faire preuve de beaucoup de prudence
fortement plaquées sur le rocher, épousant ses aspérités. Ce dans nos déterminations. Sachant que pour la plupart de nos
dernier caractère a parfois été pris comme déterminant à lui observations ou récoltes nous ne sommes pas en mesure de me-
seul ; or, ce n’est pas le cas, car on peut souvent rencontrer des surer les spores, ni encore moins de dénombrer les chromoso-
quadrivalens également appliqués sur les rochers. mes, nous devons faire les citations avec réserves.
J.-L. Amiet qui a minutieusement étudié les pachyrachis de la Je suggère donc que, dans les listes d’observations, on
région de Nyons a constaté une importante variation morpholo- mentionne par exemple : Asplenium trichomanes cf. quadriva-
gique et aussi la présence d’hybrides avec quadrivalens ; il a lens, même dans le cas d’une détermination « par défaut » com-
également remarqué que ce taxon recherche les parois ne rece- me suggérée plus haut, si probable soit-elle puisque seul le ni-
vant pas directement la pluie et il a écrit à ce sujet, dans ses veau de ploïdie sépare cette sous-espèce des sous-espèces tri-
fiches botaniques 2006, la précieuse remarque suivante : chomanes et inexpectans.
« Dans des conditions de vie particulièrement rigoureuses, la Par contre, on peut tenter de distinguer les sous-espèces
banale sous-espèce quadrivalens peut acquérir un faciès hastatum et pachyrachis d’après la morphologie foliaire en pre-
« pachyrachidien », avec des frondes contractées et sinueuses nant soin de prélever, pour étude, des feuilles à l’état adulte,
appliquées sur le support. Il semble que le meilleur caractère bien entières et rapidement pressées et séchées. Il faut aussi
distinctif entre les « faux » et les « vrais » pachyrachis réside examiner l’ensemble des plantes d’une population et non des
dans la présence, chez ces derniers, d’un lobe dentiforme à la sujets isolés.
base des pennes, sur leur bord postérieur et aussi, dans certaines Voilà donc quelques pistes à suivre. Bonne chance et bon
populations, sur le bord antérieur (les pennes étant alors plus ou courage aux botanistes vauclusiens !
moins cunéiformes) » (citation autorisée par J.-L. Amiet que je
remercie vivement pour son amicale collaboration). Bibliographie
Dans le Vaucluse, plusieurs récoltes attribuées à ce taxon ont
été faites : à Avignon, au rocher des Doms (J.-P. Jacob 1996), à Jessen S., 1995 - Asplenium trichomanes L. subsp. hastatum,
Malaucène, au pont de Veaux (mars 2007) et à Buoux (mars stat. nov. - eine neue Unterart des Braunstiel-Streifenfarn in
2007). C’est encore une plante à rechercher car nous sommes Europa un vier neue intraspezifische Hybriden (Aspleniaceae,
loin des débuts où toutes les plantes appliquées sur les rochers Pteridophyta). Bern. Bayer. Bot. Ges. 65 : 107-132).
lui étaient attribuées ! Lovis J.D., 1964 –The taxonomy of Asplenium trichomanes in
Europe. Brit. Fern. Gaz. 9 : 147-160
Hybrides : Il faut bien savoir aussi qu’il existe des hybrides Prelli R. (coll. M. Boudrie), 2002 – Les Fougères et plantes
entre toutes ces sous-espèces ; ils sont caractérisés par la forte alliées de France et d’Europe occidentale. Paris, (Belin) - 1 vol.
proportion de spores avortées (et même parfois des sporanges très illustré, 431 p.
avortés). D’après J.-L. Amiet : « ils nous apportent la preuve
que les « sous-espèces » ne sont pas des vues de l’esprit des
ptéridologues « coupeurs de cheveux en quatre » mais que, sous Bernard GIRERD, 22 mars 2008
des morphologies fluctuantes et seulement indicatives, il y a

Bulletin de la SBV - 12 - n°18 - mai 2008


Planche réalisée par : J.-L AMIET

Bulletin de la SBV - 13 - n°18 - mai 2008


Suivi plantes rares et pastoralisme Ophrys aegirtica ou Ophrys fuciflora tardif
du Vaucluse ?
Depuis trente ans le Parc Naturel Régional du Lube-
ron (PNRL) a épousé la cause du pastoralisme et a Lors de la sortie botanique du 2 juin 2007,
mené un vaste programme de réhabilitation et d’étu- M. Duthilleul nous a présenté, sur les bords de
des de ses milieux ouverts rares et sensibles ; dont L’Eygues , à Sérignan du Comtat, une belle station
l’objet est la gestion des habitats et espèces qui en d’un ophrys qui suscite bien des interrogations.
font la qualité biologique.
De nombreuses missions d’expertises techniques, Description :
scientifiques et d’inventaires ont été menées. Elles
-tige robuste, élancée, pouvant atteindre 60 cm.
ont mis en évidence que ces milieux nécessitent la
dent du bétail entre autre, pour maintenir la qualité
-fleurs moyennes à très grandes, en épi lâche.
pastorale et biologique de ces habitats.
Cependant les types d’élevages se sont modifiés .Les
-sépales - ovales, lancéolés, de couleur blan
petits effectifs d’autrefois (200-500 bêtes) gage du
che à rouge avec une nervure médiane verte.
maintien de milieux naturels diversifiés se sont redé-
ployés de nos jours en systèmes à gros effectifs
-pétales - triangulaires, allongés, de couleur
(1000-1500 bêtes).
rose foncé à rouge pourpre
Ceux ci peuvent comporter un risque de perturba-
tions notoires concernant les espèces patrimoniales
- labelle moyen à très grand, entier, de forme
les plus rares donc les plus fragiles.
arrondie à trapézoïdale, étalé ou légèrement
Dans le cadre du suivi des Mesures Agri-
convexe, de couleur brun foncé – à sa base se
Environnementales (MAE) territorialisées, il a été
trouvent deux bosses sur les côtés qui se nom
convenu en 1999 que le PNRL et l’Office National
ment gibbosités. La macule occupe la partie
des Forêts (ONF) réalisent un suivi annuel de l’im-
centrale du labelle. L’appendice triangulaire ou
pact du pastoralisme, sur 12 espèces végétales à for-
à trois dents est vert- jaunâtre, souvent inséré
te valeur patrimoniale:
dans une échancrure.
Gagea luberonensis, Gagea granatelli, Cette orchidée rare pousse en terrain calcaire ou li-
Ephedra distachya, Ephedra major, Ophrys moneux sur les rives des rivières fraîches, de pleine
aurelia, Brassica repanda subsp saxati- lumière à mi ombre.
lis ,Ranunculus gramineus, Euphorbia fla- Sa floraison à basse altitude, en climat chaud, est tar-
vicoma, Serratula nudicaulis,Thapsia villo- dive – fin mai à fin juin.
sa, Anemona hortensis,Tulipa sylvestris Il existe des possibilités de confusion avec
subsp australis, Genista villarsii, Arenaria O.Fuciflora subsp. elatior, des différences avec O.
aggregata, Allium flavum. aegirtica sticto-sensu Delforge 1996, des formes qui
font penser à une transition avec O. scolopax…
Après bientôt 10 ans de suivi les résultats de cette
étude démontrent que l’interprétation des résultats Ces plantes vauclusiennes nécessitent des études plus
concernant les effets du pastoralisme est fortement approfondies.
brouillée selon les espèces par ceux du climat Michel GRAILLE
(facteur déterminant également fortement le vivant).
D’après :
Par ailleurs, depuis 2003 il est confirmé que les effets - Rémy Souche – Les orchidées sauvages de
du réchauffement climatique sont devenus prépondé- France – grandeur nature.
rants et les plus prégnants sur la biologie des popu- - Roland Martin – Les orchidées sauvages du
lations de ces espèces, au point d’affecter durable- Luberon et site Internet – orchidées du Vauclu
ment la lisibilité de l’importance de la variable pasto- se.
rale. - Marcel Bournérias – Les orchidées de Fran
ce, Belgique et Luxembourg
Georges GUENDE (PNRL)-Régis GAUDIN (ONF)
Voir encart couleur page V

Bulletin de la SBV - 14 - n°18 - mai 2008


Actualités sur la Garidelle
Le Parc Naturel Régional du Luberon (PNRL) et le Conserva-
toire Etudes des Ecosystèmes de Provence (CEEP) travaillent
depuis de nombreuses années (1997) à la réhabilitation entre
petit Luberon et Durance de la dernière parcelle de Garidelle
(Garidella nigellastrum) française pérenne.
La gestion menée depuis a permis de restaurer les conditions de
fonctionnement et de développement nécessaire à cette espèce
rarissime protégée au niveau national, et de redynamiser consi-
dérablement sa population.
2007 aura été une année particulièrement favorable : plus de
3000 pieds de Garidelle ont été inventoriés, soit prés du double
des résultats obtenus les meilleures années.
En 2007 l’ancien agriculteur gestionnaire du site en pré-retraite
a souhaité passer la main. Une nouvelle convention a été établie
avec un nouvel agriculteur de Mérindol. Cette nouvelle conven-
tion est semblable à la précédente sauf que le site ne sera plus
pâturé faute de moutons. Une clause expérimentale a été égale-
ment introduite sur la densité des semis (Deux lots différents de
8O et 130 Kg/ha) afin d’avoir des informations plus fines sur la CEEP…c’est quoi ?
biologie et le comportement de l’espèce.
La commune de Mérindol vient d’acquérir une parcelle attenan- Le 5 février 2008,
te ,aussi porteuse de Garidelle en faible quantité,mais également David Tatin, responsable de la
d’un cortége floristique des plus intéressants (plus de cent espè- mission du Vaucluse nous a
ces végétales répertoriées au total dont certaines d’intérêt patri- présenté le Conservatoire- Etu-
monial).L’objectif de l’acquisition est notamment d’utiliser des des Ecosystèmes de Pro-
cette parcelle comme aire de stationnement lors de manifesta- vence (CEEP).
tions ponctuelles .Par convention tripartite
(Commune,CEEP,PNRL) les signataires se sont engagés Association régionale privée de protection de la nature
conjointement à rendre compatible l’utilisation de ce site com- ( liée à une Fédération ), disposant de nombreux parte-
me aire de stationnement avec la protection du patrimoine natu- naires publics et privés, qui œuvre pour la conservation
rel et la qualité environnementale de cet espace (ni goudron,ni de la diversité biologique des espaces naturels remarqua-
gravier,jours d’utilisation limités). bles de la région PACA.
Georges GUENDE (PNRL) - David TATIN (CEEP) Les moyens d’action sur le patrimoine naturel sont
-maîtrise foncière et maîtrise d’usage
(par conventions, locations ou acquisitions).
-connaissance scientifique par études et suivis de
terrain (faune, flore… espèces sensibles, pelouses sè-
ches, milieux humides…).
-information et sensibilisation du public et des
décideurs.

CEEP- Mission 84 -11 sites sont concernés soit 532


Ha. (dont 420 pour Valescure-Fontaine de Vaucluse ).
voir dossier Garidelle à cette page.
Exposition milieux aquatiques - 2007.

Contacts : CEEP 84 – Mairie, salle polyvalente – 84660


MAUBEC.
-david.tatin@ceep.asso.fr
-www.ceep.asso.fr

Garidelle : voir bulletin SBV n°5 - janvier 1998


Article de G.GUENDE - « Protection de la Garidelle »

Voir encart couleur I


Illustration extraite de « Inventaire des plantes
protégées de France » - Ed. Nathan 1995

Bulletin de la SBV - 15 - n°18 - mai 2008


La FRAXINELLE
Dictamnus albus L.
Rutacées
(= Fraxinella dictamnus)
Díctame blanc

RÉPARTITION:
On rencontre cette plante sur les coteaux pierreux, dans les bois et
dans les montagnes de l’Est et du midi de la France où elle préfère
les terrains calcaires. On peut l’observer jusqu’à 800m d’altitude.
C’est une plante assez rare qui bénéficie d’un statut de protection
régional en Provence Alpes Côte d’Azur, en Alsace, en Bourgogne
et en Rhône- Alpes.

DESCRIPTION :
C’est une grande plante vivace, herbacée de 50 cm à 1m20, à
odeur forte de cannelle et de citron, très feuillée, couverte de poils
glanduleux. Elle forme des touffes dressées, non ramifiées, robus-
tes.
- Les feuilles sont opposées, les inférieures sont simples, les autres
sont composées de 7 à 15 folioles (= feuilles imparipennées) ; les
folioles grandes et sessiles sont ovales, lancéolées, légèrement
denticulées, ponctuées de poches à essence (points transparents).
Les feuilles ressemblent à celles du frêne (= Fraxinus) d’où le
nom de « fraxinelle »
- Les fleurs : la floraison a lieu de Mai à Juillet .Les fleurs sont
groupées en grappe terminales lâches.
Les fleurs spectaculaires atteignant 3 à 5 cm de diamètre sont
irrégulières.
- le calice : composé de 5 sépales inégaux est caduc, il ne persiste
p a s à l a b a s e d u f r u i t
- la corolle est composée de 5 pétales ovales, lancéolés, roses ou
blancs veinés de pourpre. Les pétales sont inégaux, les 4 supé-
rieurs sont dirigés vers le haut, l’inférieur est descendant.
- les étamines au nombre de 10 sont courbées vers le haut, leurs
filets sont longs, glanduleux, velus à la base; elles sont plus lon-
gues que les pétales. D’après Internet – Flora von Deutschland,
- le fruit est une grosse capsule à 5 loges terminées par une pointe Österreich und Schweiz – 1885
(ressemblant à l’anis étoilé). Ce fruit s’ouvre brusquement à l’air
sec : la partie interne de l’enveloppe du fruit dont la structure est
différente de la partie interne se contracte sous l’action de la séche-
resse et se détache avec élasticité.

Remarque : l’écorce de la racine convolutée, aromatique est blan-


che d’où le nom d’espèce, sans doute.

PROPRIÉTÉS :

Dans la Bible, une candidate sérieuse au «Buisson Ardent» ou


la botanique au secours des exégètes !

Par un temps chaud et sec, les soirs d’été, toutes les parties de la
fraxinelle exhalent une essence végétale très volatile, abondante,
capable de s’enflammer autour de la plante si l’on approche une
allumette en combustion. La plante offre ainsi le curieux spectacle
d’une auréole lumineuse qui n’endommage pas la plante; la plante
semble brûler sans se consumer….signe étrange, inhabituel choi-
si par Dieu pour s’adresser à Moïse au pied du Sinaï ??

D’autres hypothèses sont avancées pour nommer le buisson ardent


de la Bible :
- une ronce arbustive : Rubus sanguineus.
- une aubépine blanche : Crataegus monogyna ou C. azero-
lus
- un acacia qui se couvre parfois d’une sorte de gui, Loran-
thus acaciae, petit parasite dont la multitude de petites fleurs rouge
brillant peut donner l’impression d’une flamme.

Buisson Ardent Base « Enluminures » - Internet


Manuscrit - Rouen - Heures à l’usage de Rome – vers 1510 -1525

Bulletin de la SBV - 16 - n°18 - mai 2008


Un remède à tous les maux ?

On a attribué au dictame blanc des propriétés curatives uni-


verselles.
Sa culture comme plante médicinale et ornementale remonte
au Moyen Age.
La partie la plus utilisée était l’écorce de sa racine mais aus-
si les feuilles et les fleurs.
L’écorce était réduite en poudre, on utilisait les feuilles en
infusion ou un alcoolat obtenu par macération de feuilles et
de fleurs.
Cette plante rentrait dans la composition de l’orviétan, de
l’opiat de Salomon et du baume de Fioravanti (supprimé du
codex en 1949)
Les fleurs servent à préparer une eau distillée qui est em-
ployée comme cosmétique ; en Sibérie, on fait une sorte de
thé en faisant infuser les feuilles.
Dictamnus albus fait partie de la liste des remèdes homéopa-
thiques et rentre dans la composition du complexe homéopa-
thique Poconéol n° 32 (remède des troubles épileptiques).
Attention aux doses !! : la fraxinelle contient un alcaloïde
toxique, la dictamine (action sur l’utérus) ; le contact avec
la plante peut provoquer des dermites, des cloques avec sen-
sation de brûlures.

Et chez les Grecs ?

Cette plante pourtant étonnante n’a pas été remarquée par


les Anciens. La plante qui figure sous le nom de Dictame Illustration extraite de « description exacte des îles de l’archipel »
dans les écrits de l’Antiquité Grecque était le dictame de O. DAPPER, édition française, Amsterdam, 1703.
Crète, Origanum dictamnus, une lamiacée. (écrivain, voyageur flamand)

Voir encart couleur II - III Voir encadré


Origanum dictamnus – Dictame de Crète
Bibliographie :
Le Dictame de Crète, Origanum dictamnus, fait partie des herbes
- Gaston BONNIER - la grande flore illustrée Ed.
médicinales magiques des Anciens. Cette plante était aussi appelée
Belin – 1992.
« artemidion » d’après le nom d’Artémis, déesse de la chasse, qui
- P.FOURNIER - Le livre des plantes médicinales et
blessait avec ses flèches empoisonnées, mais pouvait aussi guérir
vénéneuses de France. Ed. Lechevalier. – 1948
les blessures. Les pouvoirs merveilleux de cette plante ont été célé-
o Hellmut BAUMANN - Le bouquet d’Athéna – Les
brés jusqu’au IV ème siècle après J.-C. par au moins 24 écrivains.
plantes dans la mythologie et l’art grecs – Flammarion – La
Endémique de Crète où on la rencontre à partir du niveau de la mer
Maison Rustique – 1984 – épuisé.
et jusqu’à 1600 mètres d’altitude, cette plante fut certainement très
recherchée pour l’exportation déjà à l’époque, car Hippocrate l’uti-
- Christophe BOUREUX – Les plantes de la Bible et leur
lisait à Cos contre les maladies de la vésicule biliaire, la phtisie et
symbolique – Ed. Le Cerf - 2001
en cataplasmes vulnéraires. Dioscoride (3.34) soignait les blessures
provoquées par les lances à l’aide de cette plante. Aphrodite prodi-
gua ses soins au héros troyen Enée avec du dictame de Crète
(Virgile, l’Enéide 12.412). L’aspect le plus miraculeux des pou-
voirs de cette plante nous est fourni par Aristote qui raconte que les
chèvres sauvages du mont Ida, lorsqu’elles sont frappées par des
flèches empoisonnées, mangent du dictame, ce qui a pour effet de
faire partir les flèches de leur corps et guérit leurs blessures. Théo-
phraste (9.16.1) répète cette affirmation de son maître et la fable
est reprise jusqu’au XVIIème siècle dans les récits de voyages. Au
Moyen Age, on fabriquait dans les cloîtres la célèbre liqueur des
Bénédictins à partir de ce dictame et aujourd’hui encore on parfu-
me le vermouth avec cette plante très aromatique.

Extrait de - Hellmut BAUMANN – Le bouquet d’Athéna


– Les plantes dans la mythologie et l’art grecs.-
Ed. Flammarion – La Maison Rustique – 1984 – épuisé.

R. Guizard

Bulletin de la SBV - 17 - n°18 - mai 2008


Un Calendrier pas ordinaire…..
pour 2008 à admirer et à garder !!
Celui des"ARBRES REMARQUABLES
du VAUCLUSE"
Dans le prolongement d'un inventaire réalisé par
le parc naturel régional du Luberon, il y a eu un pro-
gramme initié par la Direction Régionale de l'Environ-
nement (DIREN), dans le cadre de l'opération
"Arbrem": celui de réaliser un inventaire le plus com-
plet possible sur les arbres remarquables de la région.
A l'échelle du Vaucluse, le Syndicat Mixte Fo-
restier (SMF) et le Conseil d'Architecture d'Urbanis-
me et de l'Environnement (CAUE) ont effectué ce tra-
vail en collaboration avec l'association "Etudes popu-
laires et initiatives".

Ce fut un travail colossal qui a duré plus d'un an


et demi (entre juin 2005 et fin 2006). Même s'il y avait
déjà des données, il a fallu faire une recherche systé-
matique de ces arbres emblématiques véritables té-
moins de notre histoire.

Mais comment juge t'on un arbre remarquable?


Ces arbres se démarquent soit par leurs caractères phy-
siques (l'âge et/ou la taille) soit par leurs caractéristi-
ques culturelles. Une hiérarchisation a même été mise
en place et classe les arbres remarquables de 1 à 3. Le
premier rang (R1) est attribué aux sujets les plus ex- Le « gros chêne » de Murs
ceptionnels qu'il faut considérer comme des témoins Photos - Michel GRAILLE
irremplaçables. Parmi les 706 arbres recensés, 120 su- 8 mars 2008
jets ont été classés en R1!

Tout le monde ou presque… connaît le majes-


tueux Chêne pubescent (blanc) de Murs, mais il y a
aussi celui de Vénasque avec ses 28 mètres de haut, le
Pin d'Alep du Beaucet avec ses 29 mètres, le Genévrier
oxycèdre de Séguret qui atteint 12 mètres …… et petit
à petit….. l'idée de faire partager ces merveilles s'est
imposée et a abouti à la réalisation d'un calendrier. Le
plus difficile fut de choisir les douze arbres qui allaient
symboliser les douze mois de l'année, mais vous dé-
couvrirez vite en tournant les pages que les auteurs ont
trouvé plein d'astuces pour mettre le maximum de pho-
tos avec en prime des commentaires!

Vous pourrez ainsi admirer au fil des mois un


Chêne vert plusieurs fois centenaires de dimension
remarquable (circonférence de 4,1m) à Grambois
(photo 1); un Cerisier marqueur paysager de dimension Si d'aventure, au cours de vos sorties, vous remarquez
imposante (circonférence de 2,8m) à St Christol (photo un arbre que vous jugez remarquable, signalez-le aux sites
2); une page consacrée aux différentes écorces (photo indiqués ci-dessous, vous y trouverez les critères de remar-
3); une autre sur le Cyprès de Provence; une sur les quabilité et des fiches descriptives à remplir.
arbres aux formes étranges etc.….
www.archi.fr/CAUE84
Enfin, dans ce calendrier extraordinaire vous découvri-
www.syndicatmixteforestier.com
rez deux propositions de circuits l'un à bicyclette sur la
commune de Mormoiron, l'autre pédestre, au pied des Voir encart couleur IV
Marie-Thérèse ZIANO
Dentelles de Montmirail.

Bulletin de la SBV - 18 - n°18 - mai 2008


La S.B.V. en P.A.C.A.
Week-end du 23 et 24 juin 2007. Guidé par François Tessari, nous avons parcouru les lieux nous
intéressant en particulier nouveaux jardins présentant des plantes de
La Montagne de Lure et Alpes de tous les continents et au Conservatoire de céréales et de plantes
Hautes Provence. médicinales :

Dans cet article, nous ferons le tour des lieux visités, nous
mentionnerons les espèces les plus caractéristiques et celles
qu’on a pas l’habitude de voir en Vaucluse ;il ne s’agit bien
entendu pas d’un inventai-
re de toutes les espèces
rencontrées

Le prieuré de
Salagon :
C’est à Mane, non loin de
Forcalquier, que nous
nous sommes donné ren-
dez-vous, au prieuré de A.Chanu
Salagon, monument re-
marquable construit au « Semées en quantités suffisantes pour permettre des mini-
Moyen Age, il abrite un moissons, toutes les graminées cultivées traditionnellement en Hau-
musée départemental eth- te Provence (blé, épeautre, blé poulard…), et plus généralement par
nologique et des jardins l’ancienne société, sont représentées. Les cultivars locaux sont pri-
exceptionnels. vilégiés.
Les jardins de Salagon, Aux céréales sont associées les plantes messicoles les plus intéres-
créés à partir de 1986, ont santes de la région (bifora, bleuet, nielle, grémil des champs…). On
été conçus par Pierre tente, en recréant le stock de graines du sol, de favoriser l’établisse-
Lieutaghi, ethnobotaniste ment permanent de plusieurs associations d’adventices aussi pro-
et écrivain, qui en est aus- ches que possible de celles des champs non soumis aux désher-
si le conseiller scientifi- bants ».
que. Il est aujourd’hui
sous la responsabilité de Nous avons été surpris par la richesse de ces jardins qui mérite-
François Tessari. raient une visite plus longue.
Les jardins sont divisés
en plusieurs entités spéci-
fiques comme :

Le jardin médiéval Qui


se distribue en trois espa-
ces majeurs, le potager, les carrés médicinaux et le jardin
floral. S’y ajoutent quelques parterres à thèmes : médicina-
les, plantes textiles et tinctoriales, herbes magiques.

Le jardin des simples :Qui rassemble la flore utile de base


de la société traditionnelle haut provençale, celle des lieux
habités, du bord des chemins, des champs cultivés et des
friches pâturées. On y trouve des plantes de la pharmacopée
populaire, les salades des champs et autres légumes de ra-
massage, certaines ornementales utilisées comme remèdes, "
mauvaises herbes " du pied des murs, des décombres, des
abords de bergeries.

Le jardin des senteurs :Conçu au départ pour illustrer un


parcours de découverte des aromatiques et des plantes à par-
fum cultivées en Haute Provence, ce jardin s’est enrichi peu
à peu d’autres plantes odorantes, parfois d’origine lointaine.
Trois familles sont privilégiées : les Labiées (collection de
sauges), les Composées (collection d’armoises) et les Om-
bellifères, pour le plus grand plaisir des yeux et du nez.

Bulletin de la SBV - 19 - n°18 - mai 2008


Les Mourres à Forcalquier : ressé de l’ermite, nous nous admirons les grands tilleuls et un noyer
de taille exceptionnelle, sans doute un des plus gros de France.
Les rochers calcaires érodés en forme de têtes ont donné le Nous nous trouvons dans la hêtraie que nous n’explorons pas pour
nom du site (tête se dit mourre en provençal). pouvoir nous consacrer au sommet.
Ces roches se sont déposées dans un milieu lacustre à l’Oli- Le sommet :
gocène supérieur, l’érosion a emporté les marnes les plus
fragiles, laissant en relief les zones les plus compactes, d’où Premier arrêt sur les pelouses proche du sommet, qui présentent
ces figures originales. quelques différences avec celles du Ventoux , on y trouve la grande
gentiane Gentiana lutea prélevées en grande quantité autrefois pour
la confection d’un apéritif : « la gentiane de Lure », mais aussi
Gentiana verna, Pedicularis giroflexa, Dactilorhysa sambucina,
Tulipa australis. Des plantes que l’on trouve au Ventoux comme
Filipendula vulgaris, Antenaria dioica, Eryngium spinalba, Des-
champsia flexuosa, Androsacea vitaliana, Polygala alpestris….
Fritillaria filiformis et Festuca spadicea sont signalées sur ces pe-
louses, mais nous ne les avons pas vu.
Les pelouses laissent place en montant à une formation dense à
Genista radiata, ce genêt rare et protégé est une originalité de Lure
(on ne trouve que deux stations en France), c’est un arbrisseau, gris
vert, argenté, qui présente des fleurs jaunes disposées en croix,
c’est le seul du genre en France à avoir des ramifications opposées.
Deuxième arrêt au Pas de la Graille (1 6OOm). Le point de vue
indique immédiatement que nous sommes à proximité des grandes
A.Chanu
Alpes.
L’exposition, la réflexion des rayons solaire par les roches La Hêtraie occupe le lieu, on y trouve le Saule Marsault (Salix ca-
claires, la faible épaisseur du sol en font un milieu particu- prea), l’Erable Sycomore (Acer pseudoplatanus), Le Cytise des
lièrement sec sur lequel poussent le genet de Villard Alpes (Laburnum alpinum), le Nerprun des Alpes (Rhamnus alpi-
(Genista Pulchella) accompagné de Lomelosia graminifolia, na), le Sorbier des Oiseleurs ( Sorbus aucuparia) ,mais surtout,
Scorzonera austriaca, Santolina chamaecyparis- autre originalité botanique du lieu Sorbus hybrida, intermédiaire
sius ,Sideritis hirsuta, Onosma fastigiata, Tulipa austriaca entre le Sorbier des Oiseleurs et l’ Alisier blanc, espèce apogami-
(défleurie), Xéranthemum cylindraceum….. que, qui se reproduit par des fruits non fécondés, et qui semble être
Mais surtout les genévriers oxycèdres et communs, sont particulière à Lure (information P. Lieutaghi).
colonisés par Arceuthobium oxycedri. Ce parasite de la mê- En herborisant tout autour, nous trouvons : Polygonatum verticilla-
me famille que le gui (Loranthacées) est plutôt rare dans le tum, des Luzules (L. sylvatica et L. nivalis), Prenanthes purpurea,
Vaucluse ou il vit surtout sur le genévrier de Phénicie. Epilobium montanum, Rosa pendulina…et sur les rochers Adenos-
tyles alpina, Sedum sexangulare, Senecio viscosus .
Le Gite d’étape de Prè Giraud : En descendant le long de la route, on peut observer des espèces
franchement alpines absentes du Ventoux comme :Ranunculus pla-
L’équipe était hébergée au Gite « Pré Giraud » prés du vil- tanifolia, Senecio fuchsii, Silene dioica, Paris quadrifolia, Aconit
lage de Sigonce. Avant le repas du soir, un petit groupe part lycoctonum, Stellaria nemorum, Aruncus dioicus et aussi la pré-
explorer les alentours de la ferme. On y trouve, entre autre, sence du Bouleau (Betula pendula).
des nitrophiles : Verbascum blattaria , Xanthium spinosum,
Centaurea soltitialis, Centaurea calcitrapa, Onopordon
acanthium. Une astéracée peu fréquente dans le Vaucluse :
Xeranthemum cylindraceum. Dans les champs quelques
messicoles: Ajuga chamaepitys, Ranunculus arvensis,
Consolida regalis et Consolida ajacis. Au bord de la rivière,
Circium montpelliensis, Molinia caerulea, Pulicaria dysen-
terica, … mais aussi : Ptychotis saxifraga, Ononis fructicosa
sans doute descendus de la montagne de Lure proche.

Après la petite balade, tout le monde c’est retrouvé autour


de la table bien garnie de nos hôtes Marie Christine et
Alexis, dans une ambiance conviviale.

La Montagne de Lure :
La chapelle : Petit détour à la chapelle Notre dame de Lure,
située à 1 200m d’altitude, reste d’une abbaye bénédictine
du XIIe siècle, elle est toujours un lieu d’ermitage et de pè-
lerinage.
Le site est remarquable par sa fraîcheur, sa source abondan-
te, et l’ambiance mystérieuse des lieux. Sous le regard inté-

Bulletin de la SBV - 20 - n°18 - mai 2008


Le jas Madame (1 100m) :

L’heure du repas était dépassée, et nous sommes descendus,


coté Nord, pic-niquer dans les forêts de pins noirs, autour du Jas
Madame.
Un troupeau y avait élu domicile, empêchant toute herborisation
à proximité du jas (bergerie), lors de la préparation, nous y
avions trouvé, entre autres, Thlaspi arvense, Cynoglossum offi-
cinalis, Hyoscyamus niger, Asperugo procumbens et nous
avions cherché en vain Nepeta nuda qui nous avait été signalé
par P Lieutaghi.

Repas terminé, nous nous engageons sur le chemin du « Pas des


Portes » et dés l’entrée du chemin nous tombons sur une des
plantes les plus rares de France Stachys heraclea.

La suite ne nous a pas déçu, et l’énumération des espèces trou-


vées serait trop longue, signalons néanmoins au bord du che-
min: Hypericum hysopifolia, Astragalus vesicarius, Fraga veri-
dis, Aconit anthora et A. lycothonum. Dans les prairies : Lathy-
rus nissolia, Armeria arenaria et au Col des Portes, devant un
paysage magnifique et une forêt d’ubac parsemée de tilleuls
sauvages (Tilia platyphyllos) une station de Lilium Martagon
resplendissante, sur les rochers, une floraison de saxifrages :
Saxifraga cuneifolia, Saxifraga linguata, Saxifraga oppositifo-
lia, Saxifraga exarata.
Ce petit séjour nous a permis d’appréhender la richesse et la
complexité de la flore d’un lieu, qui pour être mieux connu né-
cessiterait un séjour bien plus long.

Alain CHANU

Voir encart couleur VI - VII - VIII


Genista radiata - illustration Dominique MANSION d’après
Flore forestière de France – Tome 2 – page 580 – Ed. IDF.
GENISTA RADIATA (L.)
Elle bénéficie d’un statut de protection de niveau régional,
Scop. Genêt à rameaux rayonnants. Provence Alpes Côte d’Azur.
FABACÉES On la rencontre dans les bois clairs, les pelouses, les pentes
rocailleuses des zones calcaires de l’étage montagnard de 800 à
(Cytisanthus radiatus, Asterocytisus radiatus, Spartium 2000m.
radiatum,Telineria holopetala, Telinaria radiata, Carte d’identité :
Enantiospartum radiatum…….champion de la synonymie!!) C’est un arbrisseau de 10 à 50m, touffu, très rameux, sans épi-
ne ; les rameaux striés, étalés, argentés partent d’un seul point
C’est une plante rare qui s’observe dans quelques localités des (d’où le nom d’espèce).
Alpes et du Tessin. Les rameaux portent des feuilles peu nombreuses, opposées,
En France elle s’ob- trifoliées ( ce qui lui avait valu sa place dans le genre Cytisan-
serve seulement dans thus) ; les 3 folioles étroites soyeuses se détachent rapidement
de rares stations (où et les pétioles dilatés persistent en devenant très durs simulant
elle pousse en mas- des rameaux.
se) : sur la montagne 05 Cette plante fleurit abondamment de Mai à Juillet :
de Lure (Alpes de - les fleurs d’un jaune clair sont groupées par 2 à 7 en
Haute Provence - 04) tête terminale.
et sur la montagne 04 - le calice velu, soyeux à lèvres presque égales est beau-
de Ceuze (Hautes- coup plus court que la corolle.
Alpes - 05). - l’étendard pubescent égale la carène velue.
- le fruit est poilu, soyeux de 5mm de long.
Genista radiata-
carte –détail. Roselyne GUIZARD
Chorologie extraite
de Tela Botanica Voir encart couleur X

Bulletin de la SBV - 21 - n°18 - mai 2008


ARCEUTHOBIUM OXYCEDRI (DC.) - Les fleurs pistillées (femelles) terminales et axillaires, pos
sèdent un calice adhérent à l’ovaire, surmonté de 2-3 dents
M.Bieb avec un style court, épais, presque conique.
VISCACÉES (= Loranthacées) - Les fruits verdâtres sont translucides, ovoïdes, charnus,
monospermes, de 2mm de long. Les fruits sont mûrs en D é -
(incluses dans Santalacées) cembre de l’année suivante.
(=Arceuthobium juniperum, = Viscum oxycedri) Ces fruits s’ouvrent brusquement, avec élasticité et pro-
Arceutobe de l’oxycèdre, petit gui du Genévrier jettent à grande distance la seule graine qu’ils contiennent
Ce tout petit sous-arbrisseau (de 2 à 10 cm) parasite les en même temps qu’une substance mucilagineuse (la visci-
genévriers, principalement Juniperus oxycedrus mais aussi ne) adhérente à la graine.
J. communis, phoenicea et sabina ; ce végétal provoque des Les graines sont éjectées à plusieurs mètres et se collent sur
malformations semblables aux « balais de sorcières » et aus- de nouvelles branches de l’hôte.
si la mort de ses hôtes. A la germination (si les conditions sont favorables), la grai-
ne forme des suçoirs qui se développent entre le bois et l’é-
En France, ce végétal est une espèce rare ; on peut le ren- corce de l’hôte et peuvent ressortir çà et là en donnant des
contrer dans quelques stations, notamment en Provence pousses nouvelles.
(Vaucluse, Alpes de Haute Provence, Bouches du Rhône Ainsi, un pied de parasite, d’abord unique, peut envahir tou
…), nous avons observé avec la SBV une station importante tes les branches du genévrier.
aux Mourres près de Forcalquier. Les oiseaux pourraient être aussi des agents de dissémina-
tion à plus grande distance.

Bibliographie :
Article J. Bot.Soc. Bot. France 21 :37-48 (2003) J-P MANDIN
La grande flore illustrée de BONNIER
Le livre des Arbres, Arbustes et Arbrisseaux – Pierre LIEUTAGHI-
Actes Sud - 2004

Roselyne GUIZARD

Voir encart couleur III - IX

Répartition d’Arceuthobium oxycedri en France


En Europe centrale et en Asie, cette espèce peut être très
fréquente.
Sa répartition dans le monde est très fragmentée.

Cartes de répartition - article de JP MANDIN


CARTE D’IDENTITÉ
Ce curieux végétal forme de petites touffes jaunâtres plus ou
moins serrées le long des rameaux de l’arbuste qu’il parasi-
te.
1 - Ces touffes sont formées de petites tiges glabres, arron-
dies, articulées, divisées en fourches successives ; les feuil-
les sont réduites à de petites écailles triangulaires.
2 - Ce végétal est une espèce dioïque, on trouve donc des
pieds mâles et des pieds femelles ; ces pieds portent des
fleurs petites, isolées, plus ou moins jaunâtres.
La floraison a lieu en Septembre-Octobre.
- Les fleurs staminées (mâles) terminales, sessiles
sont formées de 3 sépales (ou 4) et de 3 étamines ; les
sacs polliniques s’ouvrant par une fente transversale Fleur mâle Fleur femelle
sont réunis au sépale qui les porte par un très court
prolongement. Après l’émission du pollen, chacun de
ces sacs polliniques à l’aspect d’une petite coupe. D’après – Flore de France – Abbé H.Coste – Tome III

Bulletin de la SBV - 22 - n°18- mai 2008


Chili, 550 mm à Marseille, 900 mm à Perth en Australie), des
températures relativement douces, présentant parfois des
écarts importants.
Pour revenir à la botanique, le Domaine du Rayol présente
quelques belles espèces naturelles de la flore méditerranéen-
ne française, parfois protégées et rares : Pistacia lentiscus,
Erica arborea, Arbutus unedo, Ceratonia siliqua, Chamae-
rops humilis, Artemisia arborescens, Anthyllis barbojovis,…
En espèces « exotiques », le jardin propose des plantes
remarquables comme Acacia caven et Echinops chilensis du
Chili, Erica bauera d’Afrique du Sud ou Xanthorrea pressii
d’Australie.
Le lieu propose en outre une exposition sur les paysages,
une riche librairie, des visites guidées. Il est à visiter en toute
saison grâce à ses floraisons reparties sur l’année.
Sortie Botanique dans le Var Le dimanche 1/04 devait être consacré à la découverte du
31 mars et 1er avril 2007 Cap Lardier grâce à l’aimable présence d’Annie Aboucaya
du Conservatoire du Littoral. Mais le temps n’était pas au
Une fois n’est pas coutume, la Société Botanique a rendez-vous et Annie nous a gentiment proposé une explora-
quitté les sentiers de randonnée, les sacs à dos et les tion des collines situées autour du Château d’Hyères. Le pa-
herbiers pour le charme d’un jardin (attention, ici au- norama est superbe et intéressant botaniquement. Quelques
cune cueillette n’est autorisée !). plantes croisées au fil de la balade : Callicotome spinosa,
Le Domaine du Rayol est un endroit rare et précieux Cistus monspelliensis, C. salviifolius, Artemisia arborescens,
sur la côte d’azur, véritable havre de paix le long de ce Chamaerops humilis, Pistacia lentiscus, Quercus suber, La-
littoral trop mal mené par les bétonneurs en tout genre. vandula stoechas, Daphne gnidium, Adenocarpus telonensis
Nous avons visité ce lieu le samedi 31/03 sous une (endémique), Genista pillosa, Lavatera olbia, Trifolium pur-
pluie battante, ce qui ne nous a pas empêché d’admirer pureum,…
sa superbe flore en début de floraison. Le jardin, situé La sortie au Cap Lardier a été reportée au 27/04/08 en espé-
dans le département du Var, sur la commune du Rayol- rant une meilleure météo !
Canadet, entre Le Lavandou et St Tropez, surplombe
sur plusieurs hectares la Méditerranée. Site naturel pro- Flavien FERIOLO
tégé, propriété du Conservatoire du littoral depuis
1989, il propose un voyage en Méditerranée(s) à la Coordonnées du Domaine du Rayol :
découverte des différentes régions du monde soumises Tel. 04 98 04 44 00
au climat méditerranéen : le bassin méditerranéen Web : www.domainedurayol.org
(60% de la zone), le Sud-ouest de l’Australie (22%), le
chaparral de Californie (10%), le centre du Chili (5%), Bibliographie :
le sud-ouest de l’Afrique du Sud (3%). A travers un Végétation du continent européen, Paul Ozenda,
itinéraire numéroté de 2 kms, la végétation s’offre à Ed. Delachaux et Niestlé, 1994.
nous dans un calme parfait, loin de la fureur des villes Plant life in the world’s mediterranean climates,
et des centres commerciaux ! Peter R. Dallman, Ed. University of California Press, 1998.
Pour rappel, les zones méditerranéennes sont parmi
les plus riches du monde végétal : 20% des espèces
(soit environ 50 000 espèces !) sur seulement 2% des
terres émergées ! Les plantes présentent des morpholo- En préparant déjà le bulletin 19 !!
gies semblables malgré la grande diversité des familles
(Protéacées, Ericacées, Cistacées, ..) car soumises à Sont recommandés
des conditions climatiques, environnementales et géo-
logiques similaires. Le climat méditerranéen se retrou-
-Textes sur Word – police Times New Roman –
ve sur presque tous les continents, toujours situés en taille 12 - sans mise en page
façade ouest, sur une bande côtière plus ou moins lar-
ge, du niveau de la mer à la haute montagne (comme -Photographies, dessins et scanners en JPEG
l’Atlas, le Taurus, la Sierra Nevada,..), entre le 30° et
le 45° parallèle nord ou sud. Les caractéristiques géné- Transmettre par e-mail, en pièces jointes à
rales sont une sécheresse estivale plus ou moins longue un message à
(2-3 mois en Provence, 6 mois à Malte, toute l’année à . micgrail@orange fr
Cabo de Gata en Andalousie !), des pluies surtout hi-
vernales, en quantité variable (360 mm à Santiago du

Bulletin de la SBV - 23 - n°18 - mai 2008


Séjour botanique en SARDAIGNE 4- Le 26 avril, départ pour le Sud à la recherche des deux dernières
endémiques… Arrét à l’hôtel « Antiche Mura Hôtel » Domusno-
du 18 au 30 avril 2007. vas- 09015, région d’Iglesias, à côté de Perdu Carta et Arena….de
nombreux sentiers à parcourir à pieds, tous magnifiques…
Trouvés…Ophrys chestermanii (VIII)- (E. de Sardaigne), magnifi-
Voyage exceptionnel sur cette magnifique île, grâce aux que espèce au gros labelle brun foncé, rare, une centaine de pieds
indications de Lucien FRANCON, orchidophile et photogra- observés (145 pour être précis !), Ophrys normanii (IX)- (E. de
phe de talent…Car pour découvrir les quatre ophrys endémi- Sardaigne), au labelle encore plus gros que celui de l’espèce précé-
ques, il faut être informé – l’île est très vaste – trois fois la dente, mais plus clair, très rare (44 pieds observés), deux espèces
Corse ! et les ophrys sont rares… ! vraiment magnifiques qui justifient le déplacement ! …
Autour sont remarqués Ophrys conradiae en bouton, Limodorum
J’embarquais à Toulon le 17 avril à 21 h.- traversée en cabi- trabutianum (40 pieds), Epipactis tremolsii (100pieds), microphylla
ne – arrivée à 7 h. à Ajaccio. J’ai passé une journée à herbo- (15 pieds)…et une très belle station de Paeonia mascula, de Ga-
riser sur les anciennes stations que je connaissais…déçu car gea bohemica, G. granatelli.
beaucoup ont été détruites par l’urbanisation !
En résumé…9 espèces nouvelles en 12 jours, 2500 Km. parcourus
1- Puis le 19, arrivée en Sardaigne, puis une longue route … pour 1089 euros…un beau voyage botanique ! et une île à dé-
vers les premières stations ; au centre de l’île les surfaces couvrir.
calcaires sont peu nombreuses. Pierre DUTHILLEUL
En dehors des orchidées, la flore locale est très riche avec
des Romulea, Leucoium , Gagea , Narcissus, Paeonia, Cy- Notes :
nomorum, Clathrus, Pancratium, Allium, Euphorbia, … E. : endémique
J’ai passé 7 nuits à l’hôtel Guzana (08020 GAVOI), en plei- 1-2-3-4 correspondent à la carte de Sardaigne.
ne nature, près d’un lac, pas cher et très bon accueil !
Voir encart couleur XI - XII
Autour du lac j’ai trouvé – Orchis papilionacea, longicornu
( les deux espèces les plus courantes), lactea, provincialis,
Ophrys tenthredinifera ( commun), morisii, incubacea, Se-
rapia lingua, Dactylorhiza insularis.

2- Le 20 avril, virée autour du col d’Ortuabis (80 Km.), au


travers de magnifiques paysages, avec des routes très si-
nueuses…Sur des dizaines d’hectares, plus de 20 taxons, des
milliers de pieds, de nombreux hybrides… C’est le site le
plus riche de Sardaigne. C’est un véritable plaisir de parcou-
rir ces étendues fleuries et d’y découvrir tant d’orchidées
rares, peu ou pas connues dans notre flore.

Ma première coche : Orchis ischnusae , proche de Orchis


mascula ), très commun ( I), ( E. de Corse et Sardai- 3
gne),Orchis papilionacea, longicornu, lactea, provincialis,
picta, laxiflora, Ophrys speculum (je n’en avais jamais tant 1
vu !), bombyliflora, morisii, incubacea, eleonorae ( proche
d’iricolor), corsica (ex minor), lepida (II)- (E. et récemment
décrite, proche de lutea, espèce valable), zonata (III)- (E., 2
quelques pieds en Corse, difficiles à trouver), Aceras an-
thropophorum, Serapias lingua.

Sur une autre station, Ophrys annae (IV)- (E., quelques


pieds en Corse du Sud), tenthredinifera, Himantoglossum
robertianum, les hybrides : Orchis papilionacea X Orchis
longicornu, Orchis ischnusae X Orchis provincialis, Ophrys
tenthredinifera X ophrys Ophrys bombyliflora, Ophrys ten-
thredinifera X Ophrys morisii, Ophrys tenthredinifera X
Ophrys incubacea…
On trouve en plus Romulea bulbocodium, ligustica, Leu- 4
coium aestivum.

3- Le 21 avril virée vers Dorgali ( côte Est), à côté des grot-


tes d’Ispignoli…et c’est Orchis brancifortii (V)-(E. de Sicile
et de Sardaigne), Ophrys panattensis ( VI)-(E.),rare, espèce
proche de morisii….et 11 espèces déjà mentionnées !, Limo-
dorum trabutianum (VII), rare en France , Gynandriris sisy-
rinchium, Pancratium illyricum( des touffes énormes !).

Bulletin de la SBV - 24 - n°18 - mai 2008


reconnaissables à leur tristesse tandis que les colériques se distin-
guaient par leur promptitude à réagir et à s’emporter.

Molière a très bien décrit la médecine de l’époque dans sa fameuse


pièce « le médecin malgré lui ». les personnes fortunées, même en
bonne santé, subissent moult purges et autres actes comme les sai-
gnées etc. … il faut à l’époque évacuer les mauvaises humeurs qui
en stagnant dans notre corps, pouvaient inciter la maladie à s’ins-
taller. D’où, le nombre incalculable de saignées, purgatifs, vomi-
tifs et clystères qui sont administrés à titre préventif ou curatif.

Molière met en scène une épreuve au cours de laquelle un jeune


postulant au baccalauréat (diplôme de médecine de l’époque) ré-
pond toujours la même chose à des situations de patients souffrant
de pathologies pourtant différentes. Le refrain qui revient tout le
temps est : « clysterium donare, postea saignare ensuita purga-
re ». En témoignent les scènes avec les singes apothicaires en ca-
maïeu de bleu. Vous constaterez qu’effectivement, nombreux sont
les médicaments destinés à purger (les médecines), faire vomir et
soigner après la saignée. En cas de pléthore, c’est à dire excès des
humeurs, on saignait tandis qu’en cas de cacochymie (altération
des humeurs) on purgeait. Les remèdes dits galéniques, toujours
d’actualité dans nos pharmacies, qui consistent à procéder par les
contraires (contraria contrariis curantur) y sont utilisés. Paradoxa-
lement, des drogues dont les effets avaient été détectés par la théo-
rie des signatures sont également prescrits. La démarche est alors
opposée puisque l’on soigne par des critères communs observés
Contes d’apothicaire de Carpentras entre la maladie ou l’organe touché et la plante. Par exemple, la
chélidoine, dont le suc est orangé, est utilisée pour soigner les ver-
Ou comment l’on se soignait au 18ème siècle
rues. A titre d’anecdote, sachez que les provençaux qui mirent
cette théorie des signatures en application en vinrent à utiliser la
Office de tourisme - Carpentras
pariétaire. Sa tige rougeâtre, semblait indiquer que la plante était
un excellent dépuratif sanguin. Une autre utilisation qui peut nous
Cet article fait suite à la visite effectuée par la S.B.V. à l’hô- paraître folklorique maintenant, est celle des cigales. Ayant remar-
tel-dieu de Carpentras. Cette découverte fut motivée par la qué lorsqu’on en approche la main, le petit jet de liquide émis par
part importante des végétaux dans la pharmacopée de cette notre musicienne les provençaux en déduisent alors qu’il est possi-
période (80%). ble de soigner les problèmes urinaires. C’est ainsi, qu’encore au
La pharmacie de Carpentras date du siècle des lumières. Elle 19ème siècle, les cigales étaient attrapées, passées au travers d’un fil
présente la particularité d’être restée intacte depuis cette et mises à sécher en chapelet. Fort heureusement pour notre sym-
époque. Riche de pots-canons, chevrettes, albarelli et grands bole provençal, certaines utilisations des plus fantaisistes liées à la
pots de montre en faïence de Moustiers, elle revêt également théorie des signatures ont été infirmées par la science tandis que
un intérêt patrimonial non négligeable. d’autres ont été confirmées comme pourla spirée, le buis, le saule,
la pulmonaire, le pissenlit…
La devise de ces lieux était : herbis non verbis fiunt medica-
mina vitae »… c’est avec les plantes et non avec les mots Les nouvelles plantes de l’époque figurent en bonne place dans la
que l’on soigne. pharmacie : quinquina, ipécacuana, gaïac. Les plantes orientales
connues depuis plus longtemps restent utilisées : encens, myrrhe,
Les remèdes étaient adaptés, bien sûr, à la maladie du pa- galbanum, rhubarbe, réglisse. Les arabes nous avaient déjà trans-
tient, mais aussi à son budget. Lorsqu’un patient était trop mis l’utilisation de la bourrache, du fumeterre, du romarin, de la
pauvre pour s’offrir les dernières drogues en provenance des rose etc. …
Amériques, une drogue locale aux effets approchants était
délivrée. Nous pourrions y voir les prémices de nos généri- LE CONDITIONNEMENT DES DROGUES :
ques actuels.
LES TIROIRS :
LE CONTEXTE MEDICINAL DE CETTE PERIODE : A l’apothicairerie, les tiroirs contenaient les drogues sèches, fleurs,
fruits, racines ou tiges. Quatre-vingts pour cent de ces drogues
Tout d’abord, remettons-nous dans le contexte ce siècle. étaient végétales, le reste étaient des minéraux tels que le soufre,
Apothicaires et médecins recourraient encore à la théorie l’alun ou bien des matières issues du règne animal, comme la cor-
humorale d’Hippocrate revue par Galien. Maladies et per- ne de cerf, ou humain avec la momie.
sonnes étaient classées en différentes catégories qui faisaient
référence aux quatre éléments (eau, feu, air, terre) et aux LES CHEVRETTES :
quatre qualités physiques (chaud, froid, humide, sec). A Les chevrettes (ainsi nommées en raison de leur bec verseur rappe-
cela, il fallait ajouter les tempéraments attribués à chaque lant de les cornes de jeunes chevrettes) servaient à conserver plutôt
patient. Les sanguins étaient chaleureux et aimables, les des substances liquides (huiles, sirops, électuaires..).
flegmatiques plutôt lents et apathiques, les mélancoliques

Bulletin de la SBV - 25 - n°18 - mai 2008


LES POTS CANON Les fourmis
Les pots-canon étaient réservés aux conserves » (inscription Mises dans l’alcool, on en faisait « l’eau de ma-
sur le pot : conserva ou C.) . Ces dernières étaient à base de gnanimité » utilisée en frictions sur les paralysies
plantes mises à sécher au soleil, réduites en pulpe puis ou bien en tant que cordial, stomachique et aphro-
conservées à l’aide de sucre. disiaque.
Les lombrics.
LES VERRES A PIED DU PLACARD DE CHIMIE : Dans l’huile contre le rachitisme et la paralysie
Dans le placard de chimie, diverses poudres aux noms étran- Les cloportes
ges comme sang de bouc ou yeux d’écrevisse (concrétions Leur sirop était rajouté au bouillon avec de l’al-
calcaires trouvées dans la carapace de ces crustacés en fait) cool de menthe en cas d’obstruction des viscères.
étaient conditionnées dans des verres à pied recouverts de Les limaçons de figuiers
papier huilé. En sirop expectorant. Nota : on utilise encore la
bave d’escargot dans le sirop helicidine vendu en
LES GRANDS POTS DE MONTRE : pharmacie
Ils contenaient les remèdes de type universel (bons pour Le chien : sa graisse
tout, bons pour rien- comme on dit en Provence). La théria- Vulnéraire, détersive, en massage sur les douleurs
que figure parmi les contenus de ces pots de grandes tailles de goutte…
qui étaient mis en valeur à l’apothicairerie en raison de leur Les sangsues
très grandes vertus. Ce symbole absolu de la polypharmacie Des vertes et des grises qui provenaient des ma-
fut utilisé durant environ 2000 ans ! Son utilisation déclina rais. On les conservait dans des pots en grès ou en
considérablement par la suite en raison de son inefficacité terre dont l’eau était changée tous les jours. On
durant les grandes pestes de Provence. Elle fut finalement incitait la sangsue à se fixer sur la personne à
supprimée. Ce remède composé d’un soixantaine d’ingré- l’aide d’une pomme crue. Ne pouvant pas suppor-
dients fit l’objet de nombreuses falsifications qui obligèrent ter l’acidité, elle se jetait ensuite avidement sur la
les apothicaires à la fabriquer en public, en grande pompe, peau du patient qui leur était présenté. Leur ou-
devant les autorités médicales de la ville chargées de contrô- vrage achevé, on leur mettait du sel marin afin
ler les ingrédients. On avait ainsi droit à la présentation de la qu’elles de détachent.
thériaque nouvelle dans les grandes villes, cérémonie com- Nota : elles sont de nouveau utilisées pour leurs pro-
parable à notre présentation de vin primeur actuellement. La priétés anticoagulantes et anti-infectieuses, notam-
plus réputée était celle de Venise. Chaque ville avait sa re- ment lors des greffes de la main.
cette mais certains ingrédients étaient récurrents comme les Les « yeux » d’écrevisse
vipères et l’opium (à l’origine du pouvoir calmant de cet Poudre issue en fait de la carapace de ce crus-
électuaire). tacé, elle était utilisée pour son pouvoir absor-
Un autre grand pot de montre porte la mention « C. DAMO- bant hémostatique et anti-acide. Mais doit-on
CRES » il s’agit d’une autre sorte de thériaque, le Mithrida- le considérer comme aliment ou véhicule ser-
te. vant à faire avaler les drogues ?
Le bouillon de poulet : ce qui est le plus souvent
prescrit lorsqu’on consulte le registre des ordon-
nances.
Le mou de veau : servait à édulcorer les tisanes pec-
torales
Le sang de bouc desséché dans le placard de chimie :
Sudorifique, apéritif, résolutif, dissolution du
sang caillé..
Office de tourisme - Carpentras
2) LES DROGUES ISSUES DU REGNE VEGETAL
L’absinthe : feuilles et fleurs
Deux autres grands pots arborent les titres suivant : « V. Vulnéraire, digestive, diurétique, emménagogue.
aureum » et « V. album ». très souvent les V étaient en fait Faisait aussi partie des espèces anthelminthiques
des U stylisés par les fabricants du pot et il faut y voir la (contre les vers) avec la tanaisie, la camomille et
signification d’Onguent pour Unguentum. J’ai effectivement les graines appelées semen contra. Ces dernières
trouvé trace dans un inventaire de la pharmacie de Pernes les étaient des graines de trois armoises différentes
Fontaines, antérieur à cette période, d’un onguent doré utili- (contra, judaïca et santonica)
sé contre les problèmes de nerfs et d’un onguent blanc utili- L’aigremoine : semences
sé en cas de brûlure, on peut donc supposer qu’il s’agit de la Dépuratives et astringentes
même chose. L’aristoloche : racines
Pour favoriser l’accouchement
LES DROGUES, QUELQUES EXEMPLES DES DIF- Asperge : racines en tisane, fait partie du thé aux cinq
FERENTS REGNES : racines diurétiques (ache, fenouil, persil et petit
houx).
1) LES DROGUES ISSUES DU REGNE ANIMAL
Bouillon blanc : fleurs classées parmi les pectorales
Les vipères
avec la mauve, le coquelicot, la guimauve, le pied
Servaient à confectionner la thériaque (par
de chat, le tussilage et la violette.
exemple 6 douzaines en ont été achetées
en 1761).

Bulletin de la SBV - 26 - n°18 - mai 2008


Bourrache : en conserve Jujube : en pâte pectorale ou pour gélatiner et mas-
Sudorifique, adoucissant, diurétique et quer le goût des pilules.
faisait partie des cinq fleurs cordiales qui Lierre : feuilles
soignaient le cœur détersif, vulnéraire et contre les poux.
Bourse à pasteur : Millepertuis : en huile
Contre les hémorragies. Vulnéraire, hystérie, affecte agréablement les
Camomille : en sirop ou en tisane nerfs, soulage douleur et fatigue.
Fébrifuge En eau vulnéraire contre entorses et contusions
Capillaire : en sirop (additionné à du thé, il fut mais aussi pour falsifier la gomme-gutte (ne for-
alors servi par les limonadiers sous le nom mait alors pas émulsion)
de « bavaroise à l’eau », on en consomme Nerprun : en sirop purgatif
encore au Portugal avec de l’eau un zeste Olive : huile
de citron). Béchique, tonique, diurétique. A la base de nombreuses préparations.
Cétérach : « feuilles » Nota : les grignons (déchets après passage sous
Mal de poitrine, vessie, vermifuge. presse pour la fabrication de l’huile d’olive) ser-
Chicorée : en sirop dépuratif. vaient à falsifier de nombreuses drogues exoti-
Citrouille : en cucuphe, c’est à dire que l’on ques et coûteuses.
coupait la citrouille en deux, on l’évidait et Pariétaire : dans une chevrette « m. parietaria »
on la posait sur la tête des hystériques afin diurétique
qu’ils gardent la tête froide. Pêcher : fleurs en sirop
Nota : les cucuphes étaient aussi des sa- Légèrement purgatif (très souvent prescrit).
chets médicinaux remplis de drogues que Plantain : en eau pour les collyres
l’on posait sur la tête du patient. Sur le Polypode : rhizomes dans tiroir
même principe, on faisait aussi des ceintu- Laxatif doux
res médicinales. Roses : en huile ou conservées dans du miel
Coquelicot : en sirop Rue : huile
Béchique, narcotique et adoucissant. Dans chevrette, contre les vers, la colique et les
Cynoglosse : la racine en pilules, mélangée enflures, les ulcères et la gale.
avec de l’opium et d’autres substances. Entrait avec le romarin dans la composition d’un
Fenouil : en sirop purgatif avec séné, sureau, et esprit cordial contre vents et nausées ainsi que
anis vert. Semences dans tiroir, faisaient dans la composition du Mithridate (avec figues et
partie des semences chaudes avec anis, noix)
carvi et coriandre. Saponaire : en sirop dépuratif
Figues : fruits Sureau : en rob dans des pilules anti-laiteuses et mé-
Parmi les fruits pectoraux avec les jujubes, langé avec d’autres substances.
les raisins et les dattes. Térébenthine : résine liquide extraite de conifères qui
Galles appelées noix de galles : astringent entre dans la composition de très nombreux remè-
(pouvait être falsifiées par des billes d’ar- des tels que onguents, emplâtres… nota : la téré-
gile) et paradoxalement, servaient aussi à benthine de Venise provenait du mélèze.
vérifier si on avait affaire à de la vraie Tilleul : bractées et fleurs
quinquina. De plus, on utilisait aussi les En infusion calmante.
galles pour falsifier la poudre de noix vo- Violette : fleur
mique, d’ipéca. Expectorante, laxative, béchique et émolliente.
Genièvre : fausses baies dans le tiroir
Apéritif, fébrifuge, désobstruait les viscè- 3) LES DROGUES ISSUES DU REGNE MINERAL
res, maladies cutanées, sirop purgatif. Ses Antimoine
galbules entraient dans la composition de les pilules perpétuelles à base d’antimoine étaient
l’orviétan, sorte de thériaque du pauvre à utilisées dans les familles et se transmettaient car
laquelle on avait ôté tout ce qui coûtait elles étaient rejetées intactes dans les selles et
trop cher. récupérées.
Guimauve : les racines Nota : une légende pro-galénique expliquerait ce
En sirop, infusion… utilisée pour ses mu- nom en raison d’un nombre élevé de moines dé-
cilages mais aussi pour calmer la douleur. cédés alors qu’ils faisaient des recherches sur ce
Iris : rhizome dans tiroir corps. Une autre explication : antimoine viendrait
On les utilisait comme pois à cautère qui d’anti-monos qui signifie jamais seul. Mais préci-
entretenaient la suppuration des plaies. On sons aussi que Louis XIV fut sauvé in extremis
le considérait aussi comme expectorant et par une administration d’émétique à base d’anti-
diurétique si sec, purgatif si frais et vomitif moine après avoir déjà reçu l’extrême onction.
en cas de surdosage ! Bol d’Arménie : terre argileuse
L’iris entrait aussi dans la composition des Astringente et hémostatique.
trochisques blancs avec du sucre, de l’ami- Hyacinthe : ne vous fiez pas aux apparences, la
don et de la réglisse. En général, on en conserve d’hyacinthe n’est pas une conserve de
ajoutait à de nombreuses sortes de trochis- jacinthe mais une conserve à base, entre autres,
ques afin de masquer les odeurs désagréa- de pierres précieuses et bien d’autres ingrédients
bles. comme de la myrrhe, des semences de citron,
Bulletin de la SBV - 27 - n°18 - mai 2008
des racines de tormentille, des feuilles de dicta- • Electuaire : médicament à pâte molle (poudre dans sirops,
me de Crète….Ce minéral porterait ce miel, pulpes, extraits, sels…)
nom en raison d’une similitude de teinte
avec une des espèces de jacinthe de l’épo-
• Elixir : teinture composée au mortier + 2 fois sucre dans pot
vernissé mis au soleil un mois et remué tous les jours.
que. Cette conserve ou confiture était pres-
crite contre les vers. • Embrocation : préparation huileuse ou graisseuse pour usage
Litharge : oxyde de plomb utilisé pour les externe
emplâtres • Emplâtre : substance + résine
Terre sigillée : • Julep : potion composée de sirop ou d’eaux distillées destinée
Astringent, antivénérien et hémostatique à servir de véhicule à d’autres médicaments plus actifs
• Médecine : ancien nom des potions purgatives
• Miels et oxymels : 4 mesures de miel pour une mesure de vi-
naigre plus plantes
• Mixtures : tous les médicaments préparés par mixtion destinés
à être pris en goutte sur du sucre ou dans un verre d’eau
• Onguent : plutôt avec résines
• Oxéolats : vinaigres par distillation
• Oxéolés : vinaigres par macération
• Pilules : enrobées dans pâte de jujube pour gélatiner et mas-
quer leur goût. Nota : Avicenne dorait les pilules
• Pommade : à base de graisse (et pomme à l’origine)
• Rob : nom d’origine arabe qui désigne un sirop très épais.
• Sirop : viendrait de l’arabe « scharâb » pour breuvage
• Tablettes : à base de mucilages
• Trochisques : ancêtres de nos pilules avec mucilages, sucs de
végétaux, mie de pain (étaient conservés dans le placard de chi-
mie).nota : à un moment donné on les a colorés en jaune avec du
nerprun.

LA PHARMACIE ET SON FUTUR :


De grands travaux ont été entrepris afin de transformer l’hôtel-dieu
de Carpentras en pôle culturel, gageons que l’apothicairerie sera
encore mieux mise en valeur et ses archives enfin accessibles à
tous.

Jeanne-Marie PASCAL
Office de tourisme - Carpentras

Remerciements à :
Petit glossaire de l’apothicaire : l’Office de Tourisme de Carpentras pour le prêt des diapositives.
• Apozème : décoction La Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras et son personnel.
• Bols : pilules grosses comme une olive et plus molles. Monsieur Bruno François des Hospices de Beaune.
Bol de terre argileuse appelée terre sigillée en raison du
sceau (sigillum) dont étaient marqués les bols. Bibliographie :
• Bougies médicinales : étaient introduites dans le canal « rencontres » n°67 inventaire de la pharmacie 17ème siècle
de l’urètre « histoire de la pharmacie » par Patrice Boussel et Henri Boinne-
• Brutolés ou brytolés : bières médicinales main
« connoissance pratique des Médicaments les plus salutaires » par
• Cataplasmes ou épithèmes : cataplasmes maturants ou M. Lewis (1775)
suppurants (tous deux contenaient des figues) « pharmacopée royale galénique et chimique » par Moïse Charas
• Cerat ou oléo cerolés : médecines externes de consistan- (1676)
ce molle à base de cire, d’huile, de blanc de baleine « encyclopédie méthodique, médecine par une sté des médecins »
• Condit ou confiture : fruits ou racines cuits entiers ou Panckouke (1792)
coupés dans du sucre « la pharmacopée universelle » par Nicolas Lemery (1697)
« études vauclusiennes » n°38 décembre 1987 où l’on trouve l’in-
• Confectio : électuaire liquide ventaire de la pharmacie en 1763.
• Crème : préparation à base de lait, jaune d’œuf, sucre et « poudres végétales du codex et leurs falsifications » thèse d’Au-
substance soignante guste CHEVALY présentée le 21/05/1924.
• Drogue : substance naturelle servant à la confection de
remède

Bulletin de la SBV - 28 - n°18 - mai 2008


Traditions calendales en Provence trois nappes de l’autel : nativité, circoncision et épiphanie). Les
trois coupelles de graines germées, les petits pains calendals déco-
au travers des végétaux rés de fragon agrémentent encore la table de nos jours.
(Du 4 décembre au 2 février) Les treize desserts : Ils étaient dégustés seulement au retour de la messe
de minuit qui était souvent précédée du pastrage (offrande de l’agneau
Avant d’évoquer en détails toutes les traditions autour de la période vivant à Jésus). Ils font allusion au nombre de personnes présentes lors de
de Noël, il faut d’abord rappeler qu’avant d’être découpée en dé- la Cène. Leur grand nombre proviendrait d’une tradition païenne au cours
partement du Vaucluse, notre région comportait d’une part, le de laquelle la maîtresse de maison sortait tous les desserts disponibles à
Comtat Venaissin et d’autre part, le Comté d’Avignon (c’est d’ail- cette période en signe de profusion, de prospérité là aussi. Voilà pourquoi
leurs pour cela qu’on dit aller en Avignon et non aller en Arles) car il n’existe pas vraiment de liste, ne vous querellez pas sur la composition
il s’agissait d’états à part entière qui sont restés sous autorité papale des treize desserts et faites à votre convenance.
durant cinq siècles. Les provençaux du coin sont donc particulière- Saviez-vous que la bûche de Noël a pour origine notre tradition du
ment attachés à leurs traditions car ils ne parlèrent le franchiment cacho fio, (feu caché en provençal) ? elle représente le feu mourant qui
que contraints et forcés. A défaut de la langue, ils conservèrent ressuscite, ancienne tradition païenne adaptée à la sauce chrétienne. Au-
donc leurs coutumes. trefois, le plus ancien et le plus jeune de la famille prenaient une longue
bûche d’arbre fruitier coupée dans l’année (elle devait se consumer dou-
Le 4 décembre : la Sainte Barbe cement du 24 décembre au 1er janvier, d’où le nom de feu caché). Ils fai-
C’est le jour où blé et lentilles (elles ont été cultivées sur les saient trois fois le tour de la table avant de la déposer dans l’âtre en pro-
terrasses de Venasque, Méthamis et ailleurs…) sont répartis nonçant une formule en provençal : « joie ! que Dieu nous laisse en joie !
dans trois assiettes sur du coton imbibé d’eau. Le chiffre trois la bûche de Noël arrive, tout va bien. Dieu nous fasse la grâce de voir l’an
correspond à la trinité. La maîtresse de maison veillait à ce qui vient, si nous ne sommes pas davantage, que nous ne soyons pas
que les graines germent convenablement car il y allait de la moins ! ». Le papé bénissait alors la bûche avec le rameau d’olivier trem-
prospérité de l’année à venir, on ne plaisantait pas avec cela. pé dans du vin cuit (qui avait été béni par le prêtre lors des rameaux).
Cette bûche fut ensuite agrémentée de friandises dissimulées dans les
• Le 24 décembre : interstices du bois, se transformant petit à petit en vrai dessert. La bûche
Construction de la crèche (mangeoire en provençal). du cacho fio se transformait en morceaux de charbon de bois et on en
Vous remarquerez que la date de construction de la crèche a avan- gardait pour les coups durs (maladies, orages…). le paysan leur accordait
cé. Même si la construction d’une crèche requiert une bonne dose aussi une qualité fécondante puisqu’il en disposait aux angles de sa pro-
de créativité, il y a toutefois des éléments de la nature que l’on priété avec le blé et les lentilles germés.
retrouve de façon récurrente : quelques lauzes, du sable disposé Quant aux autres desserts, il y a bien sûr les fruits d’hiver, comme les
autour d’un miroir pour figurer un plan d’eau, des branches de kakis* (ils contiennent beaucoup de vitamine c, surtout la peau). les men-
thym bien tordues qui rappelleront des oliviers au tronc noueux, les diants, fruits secs dont les couleurs rappelaient la couleur des robes des
lichens (on a parfois pensé qu’une sorte de lichen pouvait être à ordres où l’on faisait vœu de pauvreté. (figues : franciscains ; amandes :
l’origine la manne évoquée dans la bible), la mousse qui sera légè- carmes ; noix ou noisettes : augustins, raisins : dominicains). Le nougat
rement séchée car dans les familles se transmettent parfois des noir et le nougat blanc, (à l’origine à base de noix, le mot nougue signi-
santons en argile non cuite (et pour éviter tout problème électrique fiant noix en patois du Dauphiné), puis à base d’amandes, il figurait la
avec la guirlande dont on cache quelques lampes dans la grotte de lutte entre le bien et le mal. Les amandes étaient cassées lors des veillées,
Jésus). On peut aussi faire une crèche avec des petits plans d’eu- une fois chez l’un, une fois chez l’autre, comme pour les lessives. On se
phorbe characias ayant germé sous la mousse, mais dans ce cas on racontait des galéjades et on se chauffait avec les coquilles. On en gardait
a intérêt à la laisser humide. On obtient ainsi de magnifiques pal- parfois un peu pour en faire une infusion avec les feuilles d’amandiers en
miers qui donneront un aspect plus biblique. cas de toux. Les galéjades déviaient vite, une fois les enfants couchés car
l’amande, par analogie avait une forte connotation sexuelle (les arabes la
Quelques personnages de la crèche : tenaient pour aphrodisiaque). Les prévisions de récolte se faisaient en
En dehors de la sainte famille, on trouve des personnages fonction de la période de floraison de l’amandier : en février, un panier ;
que l’on retrouve dans les pastorales comme Bartoumièu en mars, un plein sac.
On trouvait aussi la pâte de coing. Marie Mauron, auteur provençale
(valet simplet et généreux portant de nombreux gilets troués conte qu’il était de tradition de voler le coing du voisin pour fabriquer le
superposés), Pistacié (coureur, buveur, ayant vendu son om- coudoun (vin cuit avec un coing) et de se laisser voler ses coings en prélu-
bre au gitan, appelé lou boumian). A noter que notre person- de à la communion qui règne entre les gens au moment de Noël. A noter
nage porte ce nom en raison des prétendues vertus aphrodi- que les convives masculins portaient aussi un peu de coing sur eux puis-
siaques attribuées par analogie aux pistaches. Attention, on qu’à un moment donné on a fabriqué un mélange fixateur pour cheveux
ne met ni chat ni cochon dans une crèche. appelé bandoline. Tandis que les femmes, influencées par Colette s’étaient
Décoration de la maison avec du houx. Autrefois, les ger- certainement faites belles avec la lotion « peau d’ange » à base de semen-
mains en paraient leur maison afin de célébrer les esprits de ces de coing.
la forêt. (l’expression se faire houspiller tire son origine de Les vins cuits : ils étaient à base de noix, orange ou micocoules
(ce dernier était appelé sauve-chrétien et consommé le 24
cet arbre). Ensuite, on a dit qu’il représentait la vie du décembre uniquement).
Christ : fleurs blanches, la pureté ; fruits rouges, son sang et Les calissons d’Aix figuraient parfois au menu des familles
feuilles épineuses, sa couronne. Les Hommes savaient tou- aisées.
jours où en trouver car ils utilisaient la deuxième écorce du
houx pour fabriquer la glue qui servait à attraper les oiseaux. Le 25 décembre :
Le gros souper qui, contrairement à son nom était maigre Fin du jeûne, on passe à la gastronomie. Les volailles farcies et truf-
(on jeûnait depuis le 1er décembre). Il comportait sept plats à fées remplacent les plats maigres.
base de morue ou escargots avec des épinards en gratin
(tian), cardes en sauce blanche truffée éventuellement, lé- Le 26 décembre :
Jour férié en Provence, on mange une bonne aïolli sans œufs pour se
gumes d’hiver en anchoïade à l’huile d’olive nouvelle…. Il remettre l’estomac en place. Certains faisaient juste une aïgo bouilli-
faut noter que ce jour là, tous les plats étaient mis en même do avec deux feuilles de sauge. On rend visite aux amis, aux proches
temps sur la table car la maîtresse de maison mangeait à qui n’étaient pas là à Noël.
table avec les convives. Le couvert était disposé sur trois
nappes blanches mises les unes sur les autres, (allusion aux

Bulletin de la SBV - 29 - n°18 - mai 2008


Le 6 janvier : l’épiphanie Véronique MURE.
On célébrait autrefois l’arrivée des rois mages dans chaque village. Jardins de garrigue.
Ce sont eux qui apportaient les cadeaux en Provence. On place Edisud - nouvelle édition 2007- 160 pages - 20 Euros.
ce jour là leur santon dans la crèche ou on les rapproche de la sain-
te famille si on les avait placés juste au bord de la table ou du pé- Acta Botanica Gallica- volume 154 - numéro 3 - octobre 2007
trin. On distingue : Colloque du 150 ème anniversaire de la Société Botanique de
Gaspar : jeune homme imberbe qui présente France.
l’encens, représente l’Afrique, sur- 150 ans d’histoire pour préparer la botanique de demain.
nommé le roi maure. (l’encens, tou-
jours utilisé dans les églises pour F . MELKI et M. BRIOLA.
communiquer avec dieu). Ventoux, géant de la nature. Guide des richesses botaniques du
Balthazar : d’âge mûr apporte la myrrhe (qui Mont Ventoux.
vient de Perse pour être mêlée aux Biotope- Collection Parthénope- 2007- 248 pages- 39 Euros.
parfums de grande qualité, embaumer
les morts ou se soigner, désinfecter), Le Mont Ventoux- Encyclopédie d’une montagne provençale.
de type européen, la famille des Baux Coordonné par Guy BARRUOL.
et le prince Reinier prétendent en Ed. Alpes de Lumières –Forcalquier - numéro 155/156- 2007- 348
descendre. pages – 40 Euros.
Melchior : vieillard qui apporte l’or dans un Le chapitre « Forêt et flore » est rédigé par Bernard Girerd.
coffre. Par ce geste, il reconnaît l’en-
fant en tant que futur roi Jamal BELLAKHDAR.
Hommes et plantes au Maghreb.
Le 2 février : la chandeleur Eléments pour une méthode en ethnobotanique.
On confectionne aussi des crêpes en provence. Ed. Le Fennec – Casablanca – 2008 – 388 pages – illustré – 42
C’était le jour où l’on rangeait les santons dans leur boite
( on ne laisse la crèche jusqu’à cette date que dans les églises
Euros. Version téléchargeable – 22 Euros.
maintenant). Avant de les ranger, les santons étaient tous tour- Michel GARCIA
nés vers la grotte de Jésus, en espérance qu’il n’y ait personne De la Garance au Pastel – L’herbier des plantes tinctoriales.
sans logis dans l’année « Le jardin des teinturiers ».
La chandeleur est aussi le jour des relevailles** de la vierge.
Dans la crèche, il y a souvent un personnage qui apporte une
Aquarelles de M.F.Delaroziere.
poule noire. Autrefois, les jeunes mamans devaient manger un Edisud – 2007 – 126 pages – 18 Euros.
bouillon de poule noire le jour de leurs relevailles. C’est éga- Michel CHAUVET.
lement la fête des lumières. Dans certains villages, on mettait
Petite flore méditerranéenne – Nos légumes et leurs cousins
un peu de cire avec une mèche dans des coquilles de noix et
on laissait ces lumières filer sur les sorgues. On retrouve notre
sauvages.
symbole du feu nouveau transformé. La bougie représente le Ed. Romain Pages – 2007 – 96 pages – 12,5 Euros.
Christ : la cire, sa chair ; la mèche, l’âme et la partie lumineu- Publié avec le soutien de la Région Languedoc-Roussillon et du
se, la divinité. Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles.
Jeanne - Marie PASCAL Le Var et sa flore. Plantes rares et protégées.
Ouvrage collectif de l’Association pour l’inventaire de la flore du
• *kaki – fruit du plaqueminier - arbre aussi utilisé en teinture et Var sous la direction de Roger CRUON.
on s’est rendu compte qu’il avait en même temps des vertus de non Ed. Naturalia Publications – 04250 – Turriers – 528 pages.
conduction de la chaleur. Souscription toujours en cours – 40 Euros -à paraître en 2008.
**relevailles : la jeune maman devait garder le lit longtemps et
c’est le jour où elle en sortait. Jean-Marc DROUIN
L’herbier des philosophes.
Ed. Le Seuil – Collection « Science Ouverte »- 2008 – 314 pages
– 22 Euros.
Parutions récentes
Le Domaine du Rayol – Le Jardin des Méditerranées.
Pascal MARNOTTE, Alain CARRARA (CIRAD- Labora- Sous la direction de Sonia LESOT et Henri GAUD
toire de Malherbologie ) avec la participation de - Estelle Coll. « Regards » - Ed. Gaud.
DOMINATI et Fanny GIRARDOT.
Sur les traces d’Augustin Pyramus De Candolle.
Plantes des rizières de Camargue. Pyrénées, l’aventure botanique.
CIRAD -2006-264 pages- illustré- 22 Euros. Alain FEUX, responsable du projet.
Introduction sur les milieux naturels et la riziculture ;
178 plantes autochtones et introduites en même temps que Ed. Association TERRANOOS – En souscription –
les semences sont décrites, poussant dans les rizières et à 160 pages – 33 Euros.
leur abord, considérées par les riziculteurs comme de mau- http:// www.terranoos.org
vaises herbes. En 1807, De Candolle, mandaté par le Premier Empire, réalise
Gérard CAVATORE. l’inventaire de la flore du sud de la France et traverse les Pyrénées
Mimosas et acacias pas à pas. de Collioure à Saint Jean de Luz pendant deux mois.
Edisud – 2008 – 14,5 Euros. Du 23-06 au 30-08-2007 une équipe de l’association Terranoos
reprend l’itinéraire, constitue un herbier de référence (à comparer
André VIGOUROUX. avec celui de De Candolle) et envisage un suivi et une exploita-
Le platane-portrait-botanique-maladies.. tion de ces résultats. L’ouvrage présenté est un des éléments de
Edisud - 2007- 128 pages- 17 Euros. cette action.

Bulletin de la SBV - 30 - n°18 - mai 2008


Note de lecture par Flavien FERIOLO QUE DANSE LA BIODIVERSITE !!…..
Un scientifique inquiet, Wilson, inventa le mot avec le titre de
son ouvrage : "Sauvons la biodiversité!"

" Que danse la biodiversité! " " Que chante la


Vie!
" Que se perpétue le Vivant!"

S'il est un savoir bien délaissé, c'est celui de l'observation car


il nécessite du temps, temps "perdu" qui s'oppose au mode de
fonctionnement de l'immédiateté de notre siècle au temps renta-
The Genus Lavandula, S. Andrews et T. Upson, Timber Press, 2004
(anglais)
ble, mais….les nouvelles technologies de l'imagerie n'offrent-
elles pas précision et possibilités de comparaison à l'observa-
Un magistral ouvrage publié à l’initiative du Jardin Royal de Kew qui teur doué d'esprit d'analyse et ne permettent-elles pas de redo-
présente de façon exhaustive le genre Lavandula. Certainement le meil- rer le blason des chercheurs patients et minutieux en tous do-
leur ouvrage sur le sujet qui propose les 39 espèces et 400 cultivars de maines et en botanique par excellence…Oui, la Nature dont
lavande connus à travers des planches de toute beauté (aucune photo), nous ne sommes qu'une infime parcelle fragile sur ce vaisseau
d’une remarquable précision. Chaque espèce y est présentée avec une spatial qu'est la terre , reste et restera notre Mère… cf. Terre-
description précise, sa planche des fleurs et des feuilles, sa culture, ses Mère, homicide volontaire ? de Pierre Rabhi .
synonymes, sa distribution avec une carte et ses utilisations par l’Hom-
me. Un livre comme on aimerait en voir plus souvent dans nos étagè-
res !
" Que danse la biodiversité !" " Que chante la
vie ! "
" Que se perpétue le Vivant !"
L’Amarante
Pour devenir un bon scientifique, il faut, en particulier, poser
Maïs, haricots, amarante constituaient les bases de l’alimenta- quelques hypothèses…et quoi de plus efficace que l'observation
tion des habitants du Mexique précolombien. L’amarante parti- précise du terrain pour aider à la vérification de ces hypothèses
cipant aux sacrifices humains, elle fut interdite par le clergé à l'aide d'échanges d'observations interdisciplinaires ?
catholique colonial Comme Linné nous y invite (de l'embranchement à l'espèce -
On l’utilise en Afrique - en passant par la classe, puis par l'ordre et la famille et le genre
(jeunes pousses en légu- -- sur le mnémotechnique "ecofage"), il existe un besoin bien
me), en Asie (comme cé- humain à classer, à répertorier … afin de nous rassurer en
réale), en Europe (ce sont sortant de l'aléatoire, de l'incertain... car le hasard dérange et
les plumets rubiconds de inquiète toujours…Par contre, Buffon osait les comparaisons et
nos bouquets.. !). contestait parfois ce besoin réducteur de classer…Le vivant ne
En 1975, un livre consacré se révèle -t-il pas toujours plus complexe que la réalité suscepti-
aux « plantes tropicales ble d'être captée par nos "pauvres moyens"?
sous exploitées et à fort
potentiel « ramène l’atten- " Que danse la biodiversité ! " " Que chante la
tion sur l’amarante. Il en vie !"
existe plus de 60 variétés, " Que se perpétue le Vivant ! "
avec une production
moyenne de 1 tonne par Oui, que danse la biodiversité en un ballet virevoltant de
hectare, sur terre aride… multiformes inventions de passerelles en passerelles inimagi-
citons Amaranthus hypo- nables!
chondriacus. Cette céréale
ne contient pas de gluten, Oh! Comme serait morne et triste un monde de clones en gé-
elle est plus riche que le blé mellité multiple plus mortifère que créatif… où tout se fon-
en protides, lipides non drait dans l'indifférencié …
saturés, fibres, calcium et
fer. Les graines chauffées Lorsque trottinent des milliers de fourmis dans leur hâte tra-
donnent un « pop-corn »… vailleuse au sein de leur fourmilière, elles apparaissent toutes
comme le quinoa au Pérou. semblables à nos yeux de myopes face à ce microcosme four-
Transformée en farine et millant…Oui, à nos cinq sens émoussés de routiniers de la vie,
mélangée au maïs elle peut une forêt n'est habitée que d'arbres, ( terme générique qui satis-
participer à la « tortilla » ! fait trop souvent le quidam)…la prairie que d'herbes ; la monta-
Enfin on en extrait la squa- gne, que de fleurs ; etc…ce qui vole est "insecte" ou oiseau"…
lène utilisée en cosmétolo-
gie.
Une graine d’avenir ?

M. Graille d’après jp géné – Le Monde 2 – 12 janvier 2008.

Bulletin de la SBV - 31 - n°18 - mai 2008


Regardez danser les pâquerettes (Bellis perennis) à la bruine de Allez, les botanistes débutants ou plus experts, loupe en mains,
rose, se haussant silencieusement sur leurs courtes tiges sans œil et nez fureteurs, exercez avec entêtement vos cinq sens que
jalouser leurs grandes sœurs "Leucanthemum" ou "Matricaria", binoculaires et microscopes amplifieront et sous vos yeux et
chacune "inventant" sa taille, la forme de ses feuilles et ses cou- votre précision affinée, les variétés se multiplieront jus-
leurs. Et la petite graine, si infime soit-elle, sait qu'en elle rési- qu'à ? jusqu'à …l'infini …peut-être…de l'infiniment grand
de l'intelligence de la vie et sous des aspects multiformes : ron- à l'infiniment petit? jusqu'au vertige!….et avec notre philo-
des, torsadées, falciformes, réniformes ou ailées…. sophe Pascal , nous pouvons murmurer : " Le silence de ces
Chaque arbre aussi, avec son architecture de chêne ou de frê- espaces infinis m'effraie!" Le silence? Non, pas seulement…
ne ou de tilleul ,(etc) danse dans le vent, plie ou rompt mais mais les parfums, les sons, les formes, les goûts et surtout avec
chaque famille, à la fois en ressemblance, sait inventer quelques Charles Baudelaire, observons la biodiversité aux multiples
fantaisies personnalisées… correspondances possibles:
"Les parfums, les couleurs et les sons se répon-
--- Ainsi, le chêne dit au roseau: "Oui, je danse le vivant dent"
mais à ma manière, à ma fantaisie / Et vous avez bien sujet d'ac-
cuser la diversité. / Oui, pour vous, un chêne est un chêne / Et Mais tous ces "comment", répertoriés par les botanistes, ne
la moindre fantaisie qui d'aventure / vous invite à reconnaître suffisent point lorsqu'ils ne sont pas accompagnés par leurs
les surprises de la vie, / vous semblez la refuser. compagnons indissociables : les " pourquoi"…
" Que danse la biodiversité! " " Que chante la
---Votre perspicacité, lui répondit le roseau, est juste / je me vie! "
perçois souvent comme un roseau semblable/ à cent mille au- " Que se perpétue le Vivant ! "
tres roseaux et pourtant / un certain philosophe Pascal m'a
comparé à l'homme / " L'homme est un roseau, le plus faible de Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pour-
la nature, mais un roseau pensant " / Ainsi, il existe d'autres quoi ? Pourquoi?
roseaux : le roseau pensant, n'est-ce pas ?/ Ronde incessante de questions dont certaines ne trouveront
pas de réponses satisfaisantes et d'autres… une réponse ponc-
Ainsi, nos yeux de néophyte botaniste ne voyaient qu'un Hera- tuelle souvent remise en question.
cleum mais peu à peu ils distinguèrent Heracleum sphondy- Pourquoi la biodiversité? ---pour la beauté de notre
lium , aux fleurs blanchâtres et Heracleum sphondylium subsp. terre? ---pour l'harmonie du monde ? ---pour la sur-
sibiricum aux fleurs verdâtres… Il en fut de même, n'est-ce vie du vivant? ---pour alimenter la curiosité des cher-
pas, pour Veratrum album et Veratrum album subsp. lobelia- cheurs? ---pour l'équilibre de notre monde fragile? ---
num… pour rabaisser l'orgueil des hommes ? e t c … L'expé-
De même, au nez déficient et trop peu pourvu de curiosité, la rience ne nous a-t-elle pas démontré que la monoculture ren-
violette est la violette y compris toujours parfumée alors que la dait l'écosystème instable avec le cruel souvenir de la famine
seule qui offre, à cette discrète fleur, sa renommée est : Viola irlandaise et le mildiou de la pomme de terre, hélas!
odorata , au parfum si envoûtant… Et que plus grande était la biodiversité, plus l'écosystème
De même, aux yeux trop évasifs, Cicerbita est Cicerbita et conservait une certaine stabilité en tant que facteur d'équilibre
pourtant Cicerbita alpina se fait remarquer par des poils glandu- de tout le Vivant!
leux dans le haut…brrr, il fait froid dans les Alpes, il faut se
couvrir ! tandis que Cicerbita plumieri ne s'en revêt point ! "Pourquoi la biodiversité ? " " Pourquoi chanter la vie ? "
" Pourquoi agissons-nous contre le Vivant? "

D’après scanner : Ch.GROSCLAUDE

Et Juniperus communis subsp. communis est arbuste dressé Wikipédia


aux feuilles s'écartant à angle droit du rameau tandis que Juni-
perus communis subsp. nana est un arbuste couché aux feuilles
un peu arquées …. A chacun sa fantaisie et sa différence dans la Et que penser de WELWITSCHIA MIRABILIS du désert de
biodiversité ambiante ! Namibie???
Et les Ophrys aux multiples imitations d'abeille, d'araignée, de Odette MANDRON
bourdon… ces orchidacées aux si multiples étrangetés, quelle
diversité!

Bulletin de la SBV - 32 - n°18 - mai 2008

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