Professional Documents
Culture Documents
'A'TRAVERS ÎJIiJSTOIRE
e '
BEI F H H A N P F
Il m A 11
m I1 ùM
\ l T10IU fi
11' F T II
I pu I 1 il H
M F
El P t.. W II » H U EL
DES ZOUAOUA
(GSANDE KABYLIE)
S;A. BOULIFA V
À. 3Li& E!ï&
). BRINGAD, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
7, BOULEVARDÏ>E FRANCE, 7 - TÉL. 12-73
4t"©si;s<.
LE DJURDJURA
A TRAVERS L'HISTOIRE
OUVRAGES
Méthode de langue kabyle :
1° Cours de première année (2e édition) ; Grammaire, Exercices
et Dialogues.A, JOUBDAK, Alger.
2° Cours de deuxièmeannée: Etude linguistique et sociologique
sur la Kabyiie du Djurdjura (texte, zouaoua avec glos-
saire). A. JounDiVN,Alger.
Lexique Icabyle-irançais (extrait; A. JOJJBDAK, Alger. „,-,
Recueil cle Poésies fcafoyles, précédé d'une élude sur la femme
berbère cl d'une notice sur le chant kabyle (airs en musique).
A- JOUKDAK, Alger, (épuisé)
Texte J3erï3ûï"s 3« ï'At'as marocain, élude languislique cl
sociologiquedes ChL-nfimarocaine, ;:v;,c tradiiciion et observa-
tions gri'iinma'ikaies,Glissaiic. K: LKROUX,Paris.
ÎSSMOIFvES
Mémoire KEÎTl'EnseigneErent des Indigènes en Algérie
(réponse à une critique .parlementaire)paru clans le Bulletin de.
VEnseignementdes Indigènes: Editeur. Adolphe JOUHDAN. 1897,
A'iger.
Katioun d'Adni, texte et traduction avecnotice historique, publié
dans le Recueil de Mémoirescl de Textesde l'Ecole des Lettre s et
des Médersas, édité en l'honneur du XIV0 Congrès international
des Orientalistes, tenu à Alger en 1905.
Notice sur les Manuscrits berbers du Maroc (Mission,
Maroc), parue dans le Journal Asiatique, 1905, Paris.
Notice sur l'Inscription iibyque d'Ifïr'a (Mission, Haut-Se-
baou).,RevueArchéologique,de Perrot et S. Reidach. Paris, 1909.
NouvevUix. documents archéologiques : Stèlcxet inscriptions
libuqiie(Mission, Haut-Sebaou}, Revue Africaine (1ertrimestre
1911).
Nouvelle Sïlssion archéologique en Kabyiie : Rapport
adressé à M.le Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-
Arts, pufaiié dans le Bulletin afcliéologiqucdu Comité des tra-
vaux historiques et scientifiques.,eu 1912,Paris.
Trésors magiques de Kabyiie.. prochainement dans Revue
Africaine.
À'^RAVERS L'HISTOIRE
ORGANISATION ET INDÉPERDARCE
DES ZOUAOUA
(G R A.7ST
DE KABYLIE)
S. A. BOULIFA
CHARGÉ DU COURS DE LANGUE BERBÈRE
A LA FACULTÉ DES LETTRES D'ALGER
ET A L'ÉCOLE NORMALE DE BOUZARÊA
.A.I_iO E3R,
J. BRINGAD, IMPRIMEUR-ÉDITEUR
DE FRANCE,7 - TÉL. 12-73
7, BOULEVARD
19S5
Aux Maîtres
et à la Jeunesse
3° FOURNEL.
Etude sur la Conquête de l'Afrique par les Ara-
bes et. recherches sur les tribus berbères qui
ont occupé le Moghreb Central. In-4, Paris 1854.
4° G. BOISSIER.
Afrique romaine, Paris.
5° A. BEL.
Les Benou-Ghania, derniers représentants de
l'Empire Almoravide. (Bulletin de correspon-
dance africaine, in-8, Alger 1903).
6" P. CLANSOLLES.
L'Algérie pittoresque (partie ancienne), Paris
1843.
7° L. GALIBERT.
L'Algérie ancienne -et moderne, Paris 1844.
8° CARETTE.
1° Ebude sur la Kabyiie proprement dite, 2 vol.
in-4, Paris 1848.
2° Recherches sur i'origine et les migrations
des principales tribus de l'Afrique septentrio-
nale, in-4, Paris 1853 (très intéressante).
VHI—•
9° MAC-CARTY.
La Kabyiie et les Kabyles. Alger 1847-48.
10° E. MERCIER.
Histoire de l'Afrique septentrionale (Berbérie),
in-8, 4 vol., Alger 1888-1891.
*l/i°BERBRUGGER.
Les époques militaires de ïa Grande-Kainjlie,
in-8, Paris 1850.
(Ouvrage intéressant traitant spécialement des
événements militaires de la Kabyiie).
12° HAËDO (Prêtre espagnol).
Histoiredes rois d'Alger, traduction par de
Grammont, Alger 1881.
13° DE GRAMMONT.
Relations entre la France et la Régence d'Alger .'
Correspondance des consuls d'Alger de 1G0G-
1742. Alger.
J4" LE GÉNÉRALDAUMAS.
La Grande Kabyiie', in-8, Paris 1847.
15° E. MASQUERAY.
Formation des Cités chez les populations séden-
taires de l'Algérie. (Kabyiie, Aouras et Mzab),
Paris 1886.
2° Chronique d'Abov Zakaria, Alger, 1878.
16.° HANOTEAUET LETOURNEUX.
1° La Kabyiie et les coutumes Kabyles, 3 vol.
gr. in-8,, Alger 1872-1873.
2° Chants populaires de la Grande-Kdbylie,
Alger.
—: ïx —
1° DftNS L'ftNTl&tUTE
SOMMAIRE
2
histoire se permettre de vivre de son isolement absolu.
Bien souvent, elle fut, soit par voie diplomatique ou
par des concessions onéreuses, soit par la force des
armes, obligée de se donner de l'air et de s'ouvrir un
passage vers le dehors. Les nécessités de l'existence
la forçaient donc à ouvrir les portes de sa prison.
« Nécessité oblige », c'est une loi que nul ne peut
enfreindre sans péril. Nombreux sont les cas où, pous-
sée par cette nécessité, elle ne put mieux faire, dans
son désir de sociabilité et de vie, que de rompre elle-
même son isolement et de chercher, par des relations
avec l'extérieur, à assurer son existence.
Selon l'histoire, la Kabylie 'fut, dès l'antiquité, con-
nue pour avoir participé précisément à l'une des pre-
mières manifestations de l'intelilgence humaine. On
sait que le « lac intérieur », la Méditerranée, a été,
pour l'Orient d'abord et pour l'Occident ensuite, le
foyer de grandes civilisations dont l'action s'est étendue
à tous les rivages baignés par ses eaux.
Se trouvant sur une des rives du lac et à proximité
du rayonnement du foyer, la Kabylie ne put qu'être
une des premières régions éclairées.
En effet, la civilisation carthaginoise qui avait régné
sur tout le bassin méditerranéen ne semble pas avoir
négligé de comprendre le Djurdjura dans son champ
d'action. Formant une bonne clientèle, les nombreuses
populations du « Mons Ferratus » durent, dès l'anti-
quité, être recherchées par le trafic carthaginois : par
mer ou par terre, la Kabylie devait, en échange de ses
fruits, de ses essences et peut-être aussi de ses riches-
ses minérales, recevoir aisément de Carthage ce qui lui
—5—
SOMMAIRE
Et il ajoute :
« De nos jours, les tribus zouaviennes les plus mar-
« quantes sont : les Beni-Idjer, les Beni-Manguellat, les
<( Beni-Itroum, les Beni-Yanni, les Beni-Boughardan,
« les Beni-Itouregh, les Beni-Bou-Youçaf, les Beni-
« Chaïeb, les Beni-Eïci, les Beni-Sadca, les Beni-
« Guechtoula, les Beni-Ghobrin. » (2)
SOMMAIRE
(1) Nous signalons cefait pour montrer que les Kabyles du Djur-
djura furent intimement mêlés aux événements politiques et reli-
gieux qui agitèrent, dès le XIIe siècle, toute l'Afrique du Nord.
Notons également le passage des « Mrabtin » en Kabylie avec les
Benou-R'ania, dont quelques partisans ont dû trouver refuge et
protection dans le Djurdjura après leur expulsion de Bougie et
d'Alger,
— 48 —
SOMMAIRE
*
*#
DES BEUODH1
KZo-u.fe.OTJ. et Giiela/a,
SOMMAIRE
(1) Il est étonnant que cet événement, qui est des plus importants
dans l'Histoire d'Alger, Haëdo n'en fasse même pas allusion dans
son «Epiiame de los Rcijcs de Argcl». — Cependant la retraite, la
• fuite de Rhaïr-Eddin et la prise du pouvoir à Alger
par les Zouaoua
étaient là des faits d'une importance capitale qui ne pouvait passer
inaperçue que devant l'indolence et l'incapacité des Espagnols. —
On ne s'explique pas, en effet; la raison pour laquelle ceux-cin'aient
pas cherché à profiter de cette occasion pour donner un peu plus
d'air à leurs malheureuses garnisons emprisonnées dans les forte-
resses de Bougie et du Penon de Argel. — Le caractère espagnol
reste toujours le même, emballé ou apathique. Dans cette circon-
sttnce leur réserve ne s'explique guère.
Ce qui est certain, c'est que pendant les « sept ans de règne » de
Bel-Kadhi, Alger nJa éprouvé aucune inqxiiétude de la part des
Espagnols du Penon ou d'ailleurs.
— Iè9 —
(1) Haèdo qui relate tous ses détails, extraits sans doute d'un
document écrit, ne se doute pas de toutes les erreurs contenues
dans ces quelques lignes :
Tout d'abord, le rôle attribué, ici, à Bel-K'adhi, lors de l'expédi-
tion de Charles-Quint contre Alger, nous parait plus que fantaisiste.
Il n'est pas admissible qu'en effet le Djurdjura, qui lutte depuis
des années pour délivrer Bougie des mains des Espagnols, ait
en pareille circonstance, acceptéà verser le sang de ses enfants pour
ces mêmes Espagnols pour lesquels il n'avait, d'ailleurs jamais eu
que du mépris et de la haine ; avec son intervention en faveur
d'ennemis depuis longtemps abhorrés, il serait donc en contra-
diction catégorique avec ses propres sentiments.
Haëdo, de qui nous tenons les renseignements cités ci-dessus, a
eu tort de prendre à la lettre ce qu'il a, peut-être, lu dans quelque
document. Que Bel-K'adhi,acheté, ait pris l'engagement, même par
écrit, de fournir son concours au moment voulu, c'est possible et
c'est même indispensable pour toucher la prime promise en paie-
ment de son intervention. Mais Bel-Kadhi, qui n'était pas LeDjur-
djura, ne pouvait se présenter au col de Beni-Aïcha avec 3.000
fantassins et presque autant de cavaliers kabyles.
En l'occurence Bel-K'adhi s'était joué de la naïveté espagnole,
en lui soutirant, par supercherie, son or. Le Djurdjura ne pouvait
être complice de cette malhonnêteté.
' Haëdo s'est abusé, à son tour, en croyant que l'exécution de la
promesse de Bel-K'adhi, a été effectivementréalisée dans toutes ses
parties, car si les montagnards étaient réellement au moment du
désastre, aux environs de Matifou, à la vue de taut de richesse,
rien ne les aurait empêché de s'approcher de la plage de l'Harrach
et de recueillir et piller les riches épaves des escadres échouées
sur la côte de Fort-de-1'Eau et d'Hussein-Dey.
Cependant selon l'opinion générale des êvrivains la compromis-
sion de Bel-K'adhi avec les Espagnols ne présente aucun doute. —
Nous verrons, après le départ des Espagnols, Alger diriger une
colonne expéditionnaire contre la Kabylie accusée d'avoir pactisé
avec ces derniers. Bel-K'adhi apparemment coupable, abandonné
par la masse kabyle, sera châtié et vaincu, obligé de s'humilier
devant les Turcs.
— Î44 —
(I) Voir «Histoire des Rois d'Alger », page 65, par Haëdo,
traduction de Grammont.
— 146 —
(1) Sur cette date, comme sur bien d'autres, les auteurs algériens
ne sont pas d'accord. M. Berbrugger, en outre, porte l'assassinat
de Bel-K'adbi à la date de 1523. Cependant, si Khaïr-Eddin est
tenu loin d'Alger, après sa défaite des Isser, qui a lieu en 1520,
pendant sept ans, son retour de Tripoli n'a pu s'effectuer qu'en
1527, année pendant laquelle Sidi-Ah'mcd ou El-K'adhi a clé as-
sassiné.La date de 1523ne pourrait donc être acceptée, ni pour noter
le départ des Zouaoua d'Alger, ni pour marquer l'année de débar-
quement de Khaïr-Eddin en Kabylie,
Le retour de Khaïr-Eddin, la mort de Sidi-Ah'med ou El-K'adhi
et la fin du règne des Zouaoua à Alger sont des événements qui se
sont produits à quelques jours d'intervalle. La date de 1523, que
nous donne Berbrugger, est donc fausse, à moins que les Bel-K'adhi
n'aient séjourné à Alger que trois ans, au lieu de sept ans. Ce qui
est peu probable, car la date 1527, marquant le retour de Khaïr-
Eddin à Alger semble indiscutable pour tous les historiens de Bar-
berousse.
Quant au nom à'Âhmed, donné au fils de Sidi-El-H'aoussin, il
n'y a là qu'une similitude de formes et non de personnages. —
Commetous ceux qui ont écrit sur les Bel-K'adhi ne parlent que
à'Ahmed ou El-K'adhi, la confusiondes deux personnages, quoique
H
— 148 —
*
**
(1) Il ne faut pas oublier, en effet, que. les frégates qui parlaient
en course, soit de Djidjelli, soit de Bougie, ne devaient avoir
comme équipage que des kabyles. — Connus pour leur intrépidité
et leur endurance, les montagnards durent fournir une large part
au recrutement des beh'ria pour l'armement de la marine algé-
rienne. — A la suite d'un échange de prisonniers entre Alger et.
l'Espagne, nous ferons remarquer plus loin que la plupart des
esclaves musulmans, libérés par les chrétiens, étaient des kabyles
Zouaoua capturés dans la Méditerrannée.
Ici comme là, nous ne nous basons que sur des pro-
babilités, des suppositions que l'histoire n'admet pas,
— nous le savons — pour essayer de découvrir quel-
que chose de précis sur ce passé si obscur de la dynas-
tie des Aït-El-K'adhi « rois de Koukou », dont l'avène-
| ment en Kabylie ne remonte pas, nous l'avons déjà dit,
i au delà du XVIe siècle.
'
D'après tout ce que nous venons de dire sur « Kou-
kou », il se dégage que l'histoire des seigneurs kaby-
les, les Bel-K'adhi, sur le passé desquels quelques écri-
- 179 —
ET L'INDÉPENDftNCE KftBYLE
SOMMAIRE
SOMMAIRE
"
(1) Revue africaine n» 101, page 304 et suivantes : Notes sut
l'organisation des Turcs dans la Grande' Kabylie ", par Robin.
(2) Voir plus loin un chapitre spécial relatant le rôle ioué par
celte famille guerrière. Nous verrons comment les Aïtb-ou-K'aci,
en se mettant à la tête, d'une partie des A'mraoua, arrivèrent sans
peine, à se déclarer indépendants et comment, par suite, d'une
politique des plus habiles, ils s'opposèrent à l'infiltration de l'in-
fluence turque dans le Haut-Sebaou.
17
— 244 —
'
Les Mokrani, descendants des seigneurs de la Gue-
la'à des Beni-Abbas étaient une grande et puissante
famille dont l'influence s'étendait de la Medjana, sur
tout le Hoclna et même sur le Zab. Les Mokrani étaient
naturellement les seuls maîtres de la Medjana ; quoi-
que divisés entre eux sur l'attitude à prendre, à l'égard
des Turcs, ceux des membres de cette famille, qui
étaient partisans des Turcs, avaient jusqu'alors main-
tenu leurs frères dans l'ordre et la neutralité ; mais
ceci ne put durer longtemps ; bientôt certains d'entre
eux, mécontents du gouvernement d'Alger poursuivant
de leur mépris et de leur haine les Turcs qu'ils consi-
déraient comme des intrus, finirent par se soulever et
se déclarer ouvertement ennemis du Dey d'Alger. Les
premiers effets de celle révolte devenue inévitable, ne
fardèrent pas à. rendre les communications entre Alger
et Constantine des plus précaires. Le passage des ca-
ravanes par les Biban était rendu, du fait des brigan-
dages, inabordable. Cette route coupée, toutes les pos-
sessions turques de l'est et du sud-est se trouvaient
isolées et leur existence fortement menacée. En pré-
sence d'une situation aussi critique le gouvernement
d'Alger ne pouvait mieux faire que de rechercher les
moyens de faire disparaître le danger.
Vers 1813, une colonne turque envoyée par le bey
de Constantine dégagea la voie et arriva jusque clans
la haute vallée de l'oued Sah'el; là voulant poursuivre
et châtier une bande de pillards commandés par des
Mokrani dissidents, elle se laissa entraîner dans une
gorge où les Kabyles l'entourèrent et lui tuèrent près
de 200 hommes.
Pendant ce temps, le bey de Médéa qui guerroyait
dans le H'odna chercha à attaquer les mêmes Mokrani
par le Sud; après y avoir remporté quelques succès, il
— 279 —
SOMMAIRE
(1) Voir sur l'agha Yah'ia les notices publiées dans la " Revue
Africaine^" n° 103 pages 62, 68, 73 et suivantes ; n° 104 pages 89,
112 et suivantes, etc... etc.. .par M. Robin.
(2) Robin : Organisation des turcs dans la Kabylie, *' Revue
Africaine " n° 98 page 140, n° 99, pages 68 et suivantes- etc...
— 301 —
(1) ' Cité par Berbrugger dans son ouvrage " Epoques Militaires
(le la Grande Kabylie ", page 305.
— 318 —
nue plus tard une simple unité politique dont les limi-
tes sont déterminées par les intérêts moraux et maté-
riels, géographiques et historiques; d'une façon géné-
rale, la question économique est la prédominante dans
la détermination des frontières de la tribu.
Aussi, selon les intérêts du moment et les événe-
ments du jour, la tribu se développe, grandit et forme
une confédération où elle se désagrège, s'éparpille et
se rétrécit en une simple communauté.
Vers le XIV0 siècle ,l'influence de la Confédération
des Aïlh-Irathen, selon le témoignage dlbn-Khaldoun,
élendait ses frontières jusqu'à Bougie; de nos jours, le
territoire de la dite tribu est limité et réduit à la super-
. ficie de la crête de Fort-National. Les Aïth-Fraoussen
eux-mêmes, qui étaient des plus puissants dans l'an-
tiquité, sont actuellement fort réduits, tant en densité
de leur population qu'en étendue de leur territoire; la
naissance, la formation de nouvelles tribus dans leur
sein a réduit leur territoire et diminué leur influence.
Seule, leur capitale Djema'a-Sahridj a conservé sa
vieille réputation de cité belle et riche.
Malgré ces oscillations auxquelles la tribu se trouva
exposée de tout temps, celle-ci qui fut la force vive du
Djurdjura, ne cessa pas un seul instant d'assurer, à
travers les siècles, l'indépendance kabyle .Par son ac-
tion énergique et constante, son pays fut protégé et
resta longtemps fermé aux grands conquérants de
l'Afrique du Nord. On sait qu'à partir du XVII 0 siècle,
les Turcs, comme les- Romains, ne rencontrèrent pas
d'autre résistance dans leur tentative de domination en
Kabylie, que celle que la tribu leur opposa. Comme
force de résistance, comme barrière à opposer à l'en-
vahisseur, c'était plutôt faible, et par cette faiblesse,
le Djurdjura faillit plus d'une fois perdre ses libertés
'- et son honneur.
— 363 —
(1) Sur ce point, l'Histoire nous rappelle bien des faits relatifs à
l'honneur et à la probité du Berbère. Sans parler de l'anathcme
devenu classique que lança Jugurtha contre Rome, pour la fragilité
de la consciencede ses sénateurs et du mépris de Chemsi à l'égard
du sultan mérinide qui avait cru, moyennant finance, arriver à
ébranler sa conscience de protectrice, nous rappelons la réponse
que fit il y a une cinquantaine d'années un fellah' à qui l'on propo-
sait à l'occasion d'une électionde céder, moyennantune récompense,
sa voix pour un candidat désigné : « Avecde l'argent, dit-il, on
achète chez nous une chèvre, mais jamais une conscience».
Des faits de ce genre où se manifeste nettement la grandeur
d'âme du Kabyle se rencontrent fréquemment dans la vie commune
du montagnard. Cependant si le Berbère a de l'honneur et de la
dignité le sentiment le plus élevéet le plus noble, il ne reste pas
moins sensible aux richesses d'ici-bas. La corruption a autant de
;. prise sur lui que sur les autres êtres humains. Les princes de
i Koukou et de Guela'a, pour ne citer que ceux-là, ont été les jouets
i des Turcs et des Espagnols dont ils se laissaient fasciner par leur
| or. Une société facilement corruptible est celle qui connaît le luxe
set la richesse.— Le Djurdjura ayant toujours été un pays bien
[ pauvre, son habitant aux moeurs simples mais honnêtes, pourrait
bien se scandaliser et se révolter contre les effetsdu «bakchich»turc.
— 367 —
Tels sont les voeux les plus chers que nous ayons à'
formuler pour l'oeuvre de civilisation que la France a,
plus que jamais, le devoir de réaliser en cette Kabylie.
L'expérience est faite; l'excellence des résultats obtenus
démontre, une fois de plus que l'école reste, ici comme :
ailleurs, le meilleur instrument de progrès et de civi-
lisation.
•Le terrain berbère est encore aussi riche et aussi
fertile qu'à l'époque de Rome; que la France défriche
et sème dru, la récolte n'en sera que plus belle! L'ave-
nir est plein cle promesses, si l'on pense que la
33erbérie a été cle tous temps le berceau de régénéra-
tion pour les civilisations du passé. L'Europe épuisée,
et le foyer cle lumière déplacé, l'avenir reste à l'Afrique
où de futurs Etats-Unis ne tarderont pas à se former.
FIN
APPENDICE 1
Zaouïa de Sidi-Mançour
des Rjlh Djennad (Kabylie)
TRADUCTION
b) Deuxième division-
Les élèves de cette division sont également « moq'ad-
dem », mais leur rôle consiste à pousse)' leurs condisciples
au travail intellectuel et à l'exercice des pratiques reli-
gieuses, à veiller à ce que la prière soit faite aux heures
réglementaires et en commun dans les rangs.
Leur nombre varie entre 5 à 70 et quelquefois davantage,
selon les années. Ils ont le commandement sur tous les
étudiants; la durée de leur service, qu'ils exercent à tour
de rôle, est d'un mois. A'"oic:ien quoi consiste la. fonction
de chacun d'eux :
Après l'appel et la prière di; « Dhohour », le t'aleb-mo-
niteur, précédant les autres étudiants, entre le premier dans
la mosquée (salle d'étude); il repasse un « h'izeb » (1) cl
quatre fois le contenu de sa planchette; puis (il va), dans
la salle d'étude où il passe en inspection, un à un, tous
les étudiants. S'il constate dans les groupes qu'un élève
est absent, celui-ci est puni d'une corvée consistant, à aller
chercher de l'eau à la fontaine, ou à être occupé à la cui-
sine pour faire cuire le couscous ou la galette. Il en est
de même pour une absence constatée clans les rangs aux
heures de la prière.
Une corvée est également imposée à. quiconque n'aura
pas récité le « h'izeb » en même temps que ses camara-
des; nonobstant la punition qui lui est infligée, l'étudiant,
quel que soit son âge, grand ou jeune, est obligé d'appren-
dre et de réciter sa leçon.
c) Troisième division.
Nous avons également, un troisième groupe dont les élè-
ves sont « oukils »• Le nombre de ces derniers pourrait
atteindre jusqu'à 10 unités; contrairement à ce qui a lieu
pour les deux précédentes divisions dont les membres sont
désignés sous le nom de « Moq'addemin », les « oukils »
sont plus nombreux et leurs fonctions différentes. Leur
service de surveillance est assuré à tour de rôle et à rai-
son d'un mois pour chaque élève.
Le rôle de l'oukil est de veiller sur les approvisionne-
ments, l'alimentation (du personnel de l'Etablissement); il
doit déterminer et procurer la quantité de nourriture néces-
saire aux t'olbas et aux hôtes; il s'occupe de toutes les pro-
visions alimentaires : eau, huile et sel, etc.
A tout moment, il doit se rendre compte de l'augmenta-
tion ou de la diminution du nombre des personnes qui ont
à prendre leur repas clans la Zaouia; il veilleg également
à ce que le repas de jour ou de nuit soit prêt à l'heure.
Si l'oukil commet une négligence ou une faute, le moq'ad-
dem de la première division est ' en droit de lui en deman-
der raison.
— 408 —
d) Quatrième division.
Tous ces élèves -chargés du service intérieur composent
une quatrième division.
Dans notre Zaouia,. le délai de stage dans la fonction
de servant ou novice, est de un à deux ans. Si le débutant
est déjà âgé, il peut, au bout d'une année de stage, chan-
ger de fonction et de grade et passer dans la division sui-
vante où il acquiert alors le titre de « t'aleb »; si, au con-
traire, le nouvel arrivé est encore jeune, il reste « servant »
pendant deux ans.
Quelque soit leur nombre, les servants sont spéciale-
ment occupés au service de propreté, comme le balayage;
il en est parmi eux qui sont chargés d'aller au village faire
des commissions. Quelques-uns s'occupent des visiteurs et
de leur hébergement; certains sont préposés à la garde des
locaux ou magasins renfermant les provisions de bouche
de la Zaouia.
— 4Ô9—
* » •*
BÀ„Û (_*£ CjS' ^ 4._>U!1J.C VyftliaVjjU)\ J.^ U..ÏJj_9
X>V»j_=_>_}\
J^U-j * u"\>-\ j *U^ <U») L* ^"^ \A^j
»TSV)I Oj<aS>-\ ^Ujli j-flà; li«»i>- (_} _^**i A ^v^-i J *JÎ~-^
jj<ai* (j -Uw>i>U*«M
«ù AJU-«M j^£ ^i A»>d (^j^i AiwJif"^3«-
- 1 -
I » " Y *
pL_«J VJAJJ«S
jjîjiiA et)>S_,«A^- eJ * \A j Â_«ij)i A. â*_î)i
<W>- (_5—J«>
<*5\„?IjJi iWv* ^rb- j& _y *_j*' <—*__>-*'
jjf _)b-î A>_gl\ {JI J_A <_i"«» «*jb-9 jiiaJi cij j _jîV
-• T *- -
•
_)A> ** i_j,V»a" ,y _> I^J\ _)VçîJ- UfeJUj*-^! ^ (_Jj\-_7
' <
'•,;;: \\ ' ' \" . rr; ;
\ Pages
V-'. /
Avertissement". -,_._.,,^-.y I
Chapitre I. -^MnsTAntiquité 1
— II. — Période arabe 10
— III. — Période berbère 35
— IV. — Période turque 85
— V. — a) Avènement et Puissance des
Bel-Kadhi.--Koukou et Guela> 109
— VI. — Les Marabouts et l'Indépen-
b)
dance kabyle 186
— VII. — c) La Kabylie contre la domination
turque. — Tentatives de la
colonisation turque en kabylie
de 1650 à 1830 237
— VIII. — d) Libération de la Kabylie : Z'a-
moum, Mh'ammed, Naith-Kassi
et les derniers Gaïeds turcs. . 291
Conclusion 333
N F Z 43-120-11
*^^^^ - ' " ~~~
- ,/„
dresse* /« Service
Oervicç., CSrtoqraphique
j /- 7
, , r r-„^.j/ae-r;s
<t au
su Soa.oon!
, /*/•
Extraie d*!*Carte Alger,* _ rAlièriè
r ,*n-»r„>nt General de l.Algérie