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Organisation politique

Par Benoît Lemoine

Quelques pistes de réflexion pour éviter, avant même sa fondation, les vieilles ornières du
politique.

Un engagement sur une charte éthique

Définition des fondamentaux afin de garder le cap.


Pas de ligne dure de parti, mais un faisceau de principes, d’axes politiques, de
positionnements, de modes de fonctionnement précis.
Une base à toute réflexion, action, mais aussi un coupe-circuit a toute tentative de
manipulation, brouillage, récupération, pourrissement.

Les fondamentaux doivent êtres établis de manière démocratique et ne sont susceptibles d’être
remis en question que de la même façon.

Toute réunion doit faire l’objet d’une restitution (écrite, vidéo etc…) mise en ligne
rapidement, ce pour que l’info circule, mais aussi afin d’éviter toute captation de
l’information, ou de prise de décision par un groupe limité « d’initiés ». L’historique du
mouvement pouvant ainsi être rendu transparent et analysable, compréhensible par tous.

De même toute réunion doit être annoncée, son programme doit être afficher clairement,
ainsi que sa problématique, ses sources et arguments afin que chacun puisse y travailler en
amont et faire des propositions. IL faut prendre en compte dans son timing et dans son
organisation l’intervention des participants non annoncés. Permettre ainsi d’échapper aux
prestations successives des experts du sujet suivi, le temps imparti écoulé, des trois questions
du public. Une réunion doit toujours être une séance de travail ouverte et créative.

Pour éviter la bureaucratisation il est nécessaire de remettre régulièrement en question


l’organisation, les objectifs du mouvement, les mandats accordés.
Des assises doivent se tenir tous les x mois, x ans afin d’ausculter démocratiquement les
forces et les faiblesses du mouvement.
Non pas une grande messe ou les dirigeants viennent regonfler leurs troupes et frayer avec le
menu peuple des militant(e)s de base, mais une vraie séance de travail d’auto-régénération.
(Ce qui n’exclu absolument pas d’avoir un chantier « organisation » ouvert à tous, tout le
temps.)

Les outils informatiques contemporains permettent de mettre en place rapidement des


espaces de prise de parole, de forums, d’initiative, de groupes de travail par thèmes, de vote,
de circulation (et de vérification) de l’information qui permettent à la population de se
réapproprier le politique.

Une nouvelle géographie politique. Nul besoin d’être sur place pour avoir accès à l’info,
participer, etc…
Chacun peut choisir son temps, son mode de participation. Le cauchemar de la réunionite
aigue n’a plus de raison d’être, ne plus jamais s’entendre dire : il fallait y être….

La traçabilité des propos renforcera la responsabilisation des militant(e)s, tout en évitant la


palabre mortifère des discours régurgités ou narcissiques.

Est membre du mouvement qui y participe, se l’approprie, invente et non celui qui a payé sa
cotise et ronronne !

La géométrie du mouvement doit être ouverte, variable, souple, modulable en fonction des
besoins, de l’actualité, des compétences, des désirs.

Permettre aux militant(e)s à se regrouper par sujets ou thèmes, qu’ils choisissent, proposent,
se fédérant en groupe de travail autogérés. (réfléchir à des méthodologies de travail à
proposer…)

Définir les objectifs pratiques précis et non une ligne de parti idéologique.

La dissolution doit toujours être envisagée (si une majorité considère que la structure ne
répond pas à leurs attentes ou ne peut dans sa forme, ses moyens, permettre d’atteindre les
objectifs définis).

Anciens / nouveaux / experts

L’ancienneté dans un parti, une fonction, une association, un engagement, ne doit pas
conférer systématiquement une autorité.

Les vieilles habitudes et raisonnements politiques ont montré leurs limites.


Les tics et tocs des professionnels de la politique doivent laisser le champ libre aux élans
innovateurs, à l’imaginaire non encore formaté des personnes de toute la société civile.

C’est la vigueur de l’élan, la curiosité et la fraîcheur de l’engagement qui peuvent fournir des
pistes innovantes et non les habitudes acquises dans la soumission à la ligne du parti, aux
stratégies d’appareil, aux leaders.

Comme les experts, les vieux routards doivent plutôt jouer un rôle de modérateur, faire
bénéficier de leur expérience bienveillante, évitant ainsi à tous, les pièges, erreurs,
approximations en passant au crible de leurs échecs et insatisfactions les pistes nouvelles
proposées.

Cette complémentarité dynamique permettra d’explorer des champs jusque-là ignorés.


- Désinhiber la parole
- Élargir le chant engagé à des tessitures inconnues, des compétences ignorées
- Dé sécuriser la parole politique en acceptant d’entendre des voix qui ne sont pas
encore répertoriées, reconnues, jugées.
- Échapper aux triangulations relationnelles préétablies (quelque soit leur camp)
entre professionnels du politique.

Seule l’assurance d’être écouté et pris en compte sans avoir à se soumettre à un discours
dogmatique pré-établi permettra à la soi disante majorité silencieuse de se transformer en une
majorité politiquement active et autonome.
Les mauvaises habitudes techniques et mentales ne sont pas l’apanage du pouvoir en place,
mais sont tout aussi présentes dans les errances des oppositions.
Le politique ne doit plus être ce casino institué avec ses croupiers, ses compteurs et
distributeurs de cartes, ses tricheurs professionnels.
Les dès pipés et autres roulettes télécommandées doivent disparaître.

L’orateur, le candidat, les privilèges

Un effort pédagogique doit être fait pour inscrire dans l’imaginaire collectif la possibilité de
ne plus avoir un représentant élu unique.

Dans un premier temps, le principe du triumvirat offre une alternative au centralisme, limitant
la captation de parole de représentation, de pouvoir.

S’il faut des élus, des outils, des règles peuvent êtres mis en place afin de s’assurer que les
élus restent des militant(e)s, citoyens représentants temporaires du mouvement. (Non-
reconductibilité des mandats entre autres).

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