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Ø Ce ne sont que des notes de cours, gratuites. Elles ne doivent en aucun cas
être vendues, revendues, bref monnayées d’une quelconque façon.
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Ø Ce ne sont que des notes de cours, perfectibles. La critique est donc toujours
la bienvenue, si tant est qu’elle soit constructive.
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Forme aM
Ø C’est pour des raisons de compatibilité, et d’affichage uniforme, que le fichier
est en PDF.
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Ø Par conséquent, et c’est ballo, d’une part, les niveaux de texte (partie, sous-
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D’autre part, les liens hypertextes ne sont pas disponibles dans la version
PDF, et il en est de même pour les notes de bas de page.
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Annotations
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Ø Un (x) signifie qu’un morceau manque à l’appel. Un –x–, --x– ou –x-- signifie
que le morceau qui manque à l’appel est plus gros, probablement un cours
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en moins.
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Ø Un (≈⋲) signifie que le morceau est à prendre avec des pincettes car
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Ces sociétés sans État sont fréquentes aux époques anciennes. Aux frontières de
Rome, on en retrouvait des brochettes. Les anciens francs, alamans, wisigoths ne sont que
des exemples parmi tant d’autres. Aujourd'hui encore, on arrive à en retrouver en Amazonie.
Ces sociétés sans État ont développé des processus de régulation des conflits qui
peuvent avoir un intérêt encore aujourd'hui. La résolution des conflits peut s’avérer plus
efficace par un mécanisme de pacification de la communauté. Le conflit était finalement utile
à la communauté dans la mesure où cela permet à la communauté de se rassembler. Le
conflit amène la communauté à se rencontrer, discuter, et à tenter de trouver une solution.
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Chapitre I
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Les sociétés sans État
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Les sociétés sans État sont en principe traitées sous l’angle de l’anthropologie. Leur
élément caractéristique, c’est le fait qu’il n’y ait pas de pouvoir central, pas d’instance
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Gentilice, de gens, famille au sens large. La cellule familiale est alors la structure de base.
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Chez les Écossais, on parle ainsi de clans. Le père y dispose généralement un rôle important,
la mère beaucoup moins souvent. Les pères ont un pouvoir qu’ils exercent sous le regard
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Qui dit société sans État suppose-t-il qu’il n’y ait pas de Droit ?
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Si l’on pense au Droit en tant que rassemblement de normes édictées par un État,
bah alors non. Mais dans les sociétés sans État, s’il n’y a pas de Droit, il y a de la norme. Elle
est même envahissante, saturante, oppressante. Elle n’est pas l’office d’un État, mais d’un
mythe, le récit des origines qui raconte comment les premiers Hommes sont arrivés sur
Terre. Ce mythe a pour fonction essentielle d’énoncer ce qu’il faut faire et ne pas faire. Ces
normes ressassent les actions des ancêtres, les coutumes, afin qu’elles soient répétées. Ces
sociétés sont obsédées par le passé. L’avenir n’est que la répétition du passé. Le mythe est
ramasse-miette. Il traite de tout domaine. Lieux sacrés, Mariage, nourriture, adultère, inceste.
L’inceste ne concerne pas seulement le père, la mère et les enfants, mais toute une catégorie
de population. La sanction coûte cher.
Chapitre II
La sanction des interdits
Il faut distinguer deux catégories d’infraction.
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Le coupable est exposé à la sacerte. Les Germains préfèrent eux la notion de bannissement.
Le coupable devient forban.
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Sacerte suppose que l’individu ne relève dorénavant plus des lois humaines. Brrr. Il
ne bénéficie plus de la protection des règles humaines. Il est remis entre les mains du ou des
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dieux offensés. Moralité. Il peut ou doit être mis à mort, et par n’importe qui. Au sacrilège on
répond le sacrifice.
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Le forban est lui hors du pouvoir royal. Il est lui aussi offert en sacrifice et advienne
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que pourra.
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nuisible pour les humains. Bon de toute manière pour lui aussi, le gros lot, c’est la mise à
mort par n’importe qui.
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Oui, car dans ces sociétés, il n’y a pas une personne qui est chargée de mettre à
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mort le sacerte. Tout le monde le fait. La communauté, enfin les anciens, se rassemble pour
discuter, vérifier et décider. Chez les aborigènes d’Australie, une Femme qui voit certains
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objets qu’elle ne devait pas voir, lorsqu’elle n’est pas mise à mort, et bah elle est violée par
tout le monde.
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Chapitre I
La Grèce & l’invention de la peine
Qui dit Grèce suppose un bon millénaire et demi. 3 périodes. L’époque archaïque
qui va du début du deuxième millénaire jusqu’au septième siècle av. J.-C. L’époque classique
du septième au quatrième siècle. Enfin, l’époque hellénistique, de la fin du quatrième au
premier siècle av. J.-C.
Ce sont les Grecs qui ont inventé la peine, au travers du concept Poiné, et la Loi.
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L’époque archaïque
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L’époque archaïque a été difficile à dépoussiérer. Les poèmes homériques ont eu ici
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un intérêt particulier.
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Paragraphe 1er Les structures politiques
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Chez Homère, vague ancêtre d’Homer, il y avait un Roi. Donc, le pouvoir avait été
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donné par les Dieux. Il tient le symbole du pouvoir, le sceptre. Ce Roi a une dimension
religieuse. Il est l’intermédiaire entre les Dieux et le peuple. Il descend directement de Zeus. Il
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a aussi une dimension guerrière. Il conduit les guerriers au combat. En matière juridique, il
n’a pas beaucoup de pouvoirs. À côté de ce Roi, d’autres personnages importants, chefs de
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grande famille, nobles, également d’ascendance divine, constituent le conseil du Roi, quitte
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au passage à s’octroyer le terme de Roi. Ils entendent empêcher ce Roi de dévier en Tyran.
Ce conseil a une importance juridique toute particulière. Enfin, il y a le peuple, le démos,
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défini comme la masse de ceux qui n’ont pas pris part au conseil. À l’époque archaïque, son
rôle est très limité. Il ne parle pas, ne s’exprime pas, ne décide pas. Il témoigne. Passif.
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Paragraphe 3e La vengeance
La Justice qui en découle n’a court que pour des transgressions jugées comme
graves, contraire à la Thémis. Cette justice ne s’applique pas pour des infractions considérées
comme banales, justifiées par la vengeance. Dans la Grèce archaïque, on se venge, on doit se
venger. Le noble qui ne se venge pas perd sa noblesse. Le meurtre pour laver un affront reste
légitime, ne donne pas lieu à la justice royale. Cette vengeance peut être menée de deux
façons, par les armes avec donc un peu de sauce tomate, ou par négociation, conciliation
après avoir vu se rencontrer les deux groupes ou familles. L’auteur du trouble donnera
quelque chose, ce quelque chose portant le nom de Poiné. La peine, mais surtout la
compensation pour recouvrer l’honneur.
Section 2
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Le Droit pénal de la Cité
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Paragraphe 1er Le contrôle de la vengeance
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promulgation de lois. Les plus connues, ce sont celles de Dracon, de Solon, parmi tout un
tas. Elles se fixent pour but d’en finir avec la vengeance, tout au moins, de la limiter.
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Parallèlement, elles voulaient mettre au cœur de la Cité le citoyen, sujet de Droit responsable
individuellement de ses droits.
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1 · Le commencement de l’individualisme
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Cela va de pair avec l’émiettement des pouvoirs du Roi. Il est concurrencé par les
grands. De grandes familles, les eupatrides, les biens nés, entendent juger eux-mêmes les
infractions de leurs concitoyens. Pour ce faire, ils mettent en place l’aréopage, ayant
compétence pour les grandes infractions.
Ce faisant, pour la première fois s’impose l’idée que des hommes puissent juger
d’autres hommes sans en passer par la justice divine.
Afin de donner une transparence à la Justice des Hommes, Dracon publia une Loi,
essentiellement pénale, révélant les droits du citoyen.
2 · Le procès
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a · La procédure est accusatoire
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Elle est opérée à l’initiative des parents de la victime, qui doivent accomplir deux
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actes solennels. Le premier, c’est le fait de se rendre auprès du magistrat responsable des
organisations des procès. L’Archonte Roi. Ensuite, ils doivent se rendre auprès de la sépulture
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de la victime pour y planter une lance.
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des adversaires politiques, tout au moins les écarter. L’accusé est infâme.
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parties exposent, se justifient. L’archonte roi administre ces phases, et qualifie le fait pour
saisir la juridiction. Une fois la juridiction saisie, une audience solennelle, commençant par un
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serment, voit les parties prêter serment, sous peine de malédiction sur lui, les siens, et sa
maison. Accusation et défense prononcent chacun deux discours. Il est entendu qu’au cas
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où l’accusé, à l’issue du premier discours, peut choisir pour l’exil histoire d’éviter d’être
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condamné. C’est lié à l’idée du fait que le citoyen soit un être libre.
Les parties peuvent faire appel à des avocats, les logographes, qui ne plaident pas,
qui ne parlent pas, mais qui écrivent les défenses. La procédure, accusatoire, suppose que les
parties elles-mêmes prennent en main leur défense.
Ces procédures vont être perverties peu à peu avec les sycophantes, accusateurs
professionnels.
La Loi prévoit la sanction. La sanction peut aller jusque la peine de mort, mais peut
se limiter à une peine, la Poiné. Cette peine est fixée par la Loi. On ne négocie plus. La peine
devient légale. La vengeance est désormais interdite. En cas d’infraction, les parties doivent
se présenter devant l’Archonte Roi.
En ce qui concerne la peine de mort, ce qui est possible dans plusieurs cas
déterminés, il n’y a toujours pas de bourreau. Qui aura ce bon plaisir ? L’exécution
appartient au « vengeur du sang ». L’exécution est déléguée.
Chapitre II
Les Gaulois & le châtiment des dieux
Les Celtiques n’auraient été que très relativement romanisés. Les anciens Gaulois
avaient pour manie de ne rien écrire. Pour César, c’était dans le but de renforcer le poids de
la mémoire. Le savoir était transmis auprès des druides, bardes. Essentiellement la
généalogie, histoire de justifier la noblesse des familles, et les coutumes. Les Gaulois ont été
en contact avec l’écriture, mais la cantonnent à la seule comptabilité, employant alors des
caractères grecs.
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retrouvé des tuiles écrites, même un calendrier, mais aussi des plats, des tablettes magiques
écrites en langue gauloise. Ces écrits datent de la période gallo-romaine.
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Les druides
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Ce terme pourrait faire allusion à la sagesse. D’après César ou Strabon, les druides
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étaient on ne peut plus influents. Religion, astronomie, mais aussi conflits. Les druides sont
chargés d’écouter les parties et de résoudre les conflits qui peuvent les opposer. D’où une
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position primordiale dans la société. À côté d’eux, on retrouve les chevaliers, les equites, les
nobles. Ce sont les deux grandes catégories hautes de la société.
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Section 2
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Chapitre III
La Rome ancienne
Trois grandes phases. La Rome royale, la Rome républicaine et la Rome impériale.
La Royauté va de 753 et des brouettes à 509 av. J.-C. S’en suit la République jusque
27 apr. J.-C., à partir de quoi débute l’Empire.
Dans la période ancienne, peu de sources ne sont parvenues jusqu’à nous. Les
sources sont postérieures. La question juridique est approchée par le mythe, ce dès la
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création de Rome, Remulus, Romus et compagnie.
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Il y a eu deux phases distinctes.
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La première, la royauté fédérale latine, la plus ancienne, et ensuite, avec l’arrivée
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des Étrusques. Il en résulte deux appréciations différentes de résolution des conflits.
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Dans un premier temps, sous la royauté fédérale latine, le système est la société
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gentilice, ou le pouvoir appartient au chef des grandes familles, les patres. Ces patres sont les
gardiens des mores, les mœurs, bref, les coutumes. Ces patres se réunissent en assemblée
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lorsque se présentent des questions sensibles. Cette assemblée prend le nom de Sénat,
prototype du futur sénat romain. Sénat dérive de senus, vieux. Cette époque marquée par la
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royauté. Le rex dirige, donne l’impulsion. Le Roi n’a pas encore de pouvoir de contrainte. Il
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quoi. Il est l’intermédiaire entre les dieux et le peuple. Pèse sur lui une « responsabilité »
objective. De sa bonne conduite dépend la prospérité de la communauté. S’il déconne, tout
le monde morfle. Dans un tel cas, la communauté met à mort le Roi. Alors, il est d’abord
chassé, et ensuite mis à mort. On retrouvera cette royauté magique durant le Haut Moyen-
Age.
Sous la royauté archaïque de Rome, ça marchait un peu pareil. Mais tout cela va
changer avec les Étrusques. Venus d’Asie, ceux-ci introduisent une nouvelle manière de
penser la société, de penser le pouvoir, un pouvoir qui est dorénavant vu contraignant. Le
Roi a désormais des symboles de ce pouvoir. Un sceptre, un fauteuil curule. Des appariteurs
–les licteurs– le précèdent, d’autres l’accompagnent, et eux aussi disposent d’instruments,
les faisceaux de verges entourant une hache pour décapiter, au cas où hein.
Section 2
La répression des infractions
Dans la royauté fédérale latine, la répression était traditionnelle. Pour les
infractions… normales, banales, bon bah on se venge. On rétablit l’honneur de la famille. La
vengeance permet d’éviter qu’une famille prenne l’ascendant sur une autre. La vengeance
doit être adaptée, proportionnée à l’infraction subie. La vengeance peut permettre la mise à
mort de l’offenseur ou d’un de ses parents si aucune conciliation n’a été trouvée. Enfin un,
pas vingt, il faut adéquation.
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de plus en plus sur une seule autorité, qui se place peu à peu au-dessus des patres. Ce Roi
entend être la source de ce qui prendra plus tard le nom de justice. Il va ainsi limiter la
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vengeance, au profit de sa justice, pouvant aller jusqu’à la mise à mort du coupable.
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La royauté prend fin en 509 av. J.-C. Les Rois étrusques auraient été chassés après
que les Tarquin aient eu une tentation un peu trop prononcée pour la tyrannie. Pour preuve,
le dernier des Tarquin se serait amusé à violer une matrone, avant de passer avec son char
sur son corps, poussant les patres à réagir. Enfin tout ça hein, c’est selon l’Histoire
traditionnelle. En réalité, les Rois étrusques auraient été tentés de s’appuyer plus sur le
peuple, sur la Plèbe, pour limiter le pouvoir des grandes familles patriciennes. Et du coup, les
rois auraient voulu sauver les meubles.
Bon enfin toujours est-il que la royauté, c’est fini. La res publica prend le relai. Avec
la République ne correspond pas l’avènement d’un système démocratique. La première res
publica est oligarchique. Bizarrement, les patriciens tirent leurs marrons du feu. Dans les
années 450, la république donne une place un peu plus importante au peuple. Sénat,
magistrats et peuple se partagent la société. C’est la Cité républicaine. Tous trois collaborent
pour légiférer, mais aussi rendre la justice. En -27, la République chute. L’époque impériale
point le bout de son nez. Le pouvoir redevient personnel, la méfiance est grande, car on
redoute le penchant tyrannique. Le Prince va peu à peu émerger, s’imposer comme la source
de la norme, comme le détenteur, l’administrateur de la Justice. Lui seul fait triompher
l’équité. Enfin, en réalité, il va, à partir du IVème siècle, l’empereur sera toujours plus cruel.
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Chapitre I
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La Loi des douze tableaux & les débuts de la pénalité
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En 509, le régime qui s’impose est de type oligarchique. Le pouvoir est désormais
entre les mains des patriciens, chefs de grande famille. Ils s’appellent patres car eux peuvent
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désigner leurs pères, donner une importance certaine à leur généalogie. Ces patriciens, en
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solennellement. La parole a une valeur performative. Le fait de dire donne une efficacité à ce
qui est dit. Cette parole, on la retrouve tant sur un plan public que privé. La société reste
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coutumière.
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Les gardiens de la coutume, ce sont les pères au niveau de la Famille ou les pontifes
au niveau de la Cité, des prêtres, eux aussi patriciens. Désormais, il y a des magistrats,
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macstarnats à l’origine du terme magistratus, celui qui est au-dessus des autres citoyens. Qui
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dit magistrat suppose autorité, auctoritas. L’auctoritas vient du mot augere, qui signifie
augmenter. Le magistrat dispose de l’autorité et d’un pouvoir, c’est l’imperium. Les
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magistrats ne peuvent être que des patriciens. Le consul ou le préteur sont deux exemples de
magistrature supérieure. L’imperium permet au magistrat de mener les armées au combat,
mais encore de contraindre, permettant la mise à mort de celui qui n’obéit pas à la
contrainte.
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plébéiens peuvent malgré tout avoir un pouvoir politique. Les patriciens en étaient restés au
pouvoir accaparé, alors pour eux, pas question d’assemblée ou de parole au peuple. Mais ils
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vont être obligés de lâcher du lest. Cette période s’écoule de 480 à 450 av. J.-C. En 450, il y a
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accord. Les patriciens reconnaissent le Tribun de la Plèbe. Il est légitime et a droit de parole.
Les plébéiens obtiennent également le Droit d’organiser des assemblées du peuple à Rome
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même. En outre, le principe de la promulgation d’une Loi est admis. Exit l’arbitraire des
magistrats. Le procès relevait de l’arbitraire, du pouvoir discrétionnaire du magistrat, non
encadré par la Loi. Désormais, le magistrat juge en vertu non pas de son pouvoir, mais d’une
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La Loi des Douze Tables en finit avec l'activité discrétionnaire du magistrat. Ce n’est
plus la fête du slip pour le magistrat. Il est lié par cette Loi qui limite donc son imperium. De
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cette Loi dépend le jus. Le magistrat dispose toujours de l’imperium, mais plus dans le cadre
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du procès. Cette Loi a été promulguée et est affichée publiquement sur le Forum. Quiconque
peut la consulter. Cette Loi des Douze Tables est ancrée et pour longtemps.
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Section 1
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Les infractions
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Les enfants, on les distingue selon qu’ils sont filles ou garçons. Jusque-là, ça a l’air
normal. Le père disposait d’un droit de vie et de mort sur ses fils, discrétionnairement. Cette
mise à mort ne devait cependant pas être sanglante. La mise à mort sanglante reste le
privilège de la Cité. Le Père reste parallèlement soumis au regard des autres citoyens.
Trancher tout ce qui bouge pourrait le voir contraint de s’en expliquer auprès du Censeur
qui, tous les 5 ans, recensait la population, donc posait des questions, et le cas échéant
Vu le jus gentium, les esclaves peuvent être mis à mort de manière totalement
arbitraire. Chaque père dispose de ses clients. Par la suite, il devra les assister.
Le père est… père, mais non pas parce qu’il a des enfants. La notion de paternité
est une notion juridique. Le père exerce un pouvoir viager. Tant qu’il est vivant, c’est lui le
pater. Il n’est pas tenu d’avoir des enfants de manière naturelle. Il peut adopter. Au IIIème
siècle, le célibat est à la mode. Pour transmettre les noms, cultes familiaux, l’adoption est une
solution. Un fils demeure soumis à son père tant que celui-ci est vivant. Le fils a une majorité
politique, mais au sein du domus, il est soumis au pouvoir de son père. Il n’a pas de capacité
juridique. La société est fondamentalement patriarcale et la Loi des Douze Tables n’y touche
pas.
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(≈⋲) Loi des Douze Tables. Elle reprend la forme « si… alors », bref le syllogisme
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judiciaire. En outre, elle revêt un caractère subsidiaire. L’action judiciaire n’intervient qu’à
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défaut de conciliation, qui reste préférée. Le recours devant le Juge était perçu comme
infamant, du moins chez les aristocrates. Le seul fait de se ramasser un procès ternit l’image.
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La Loi des Douze Tables s’intéresse tout particulièrement à l’intention. On distingue le fait
volontaire du fait involontaire. Il faut tuer dolo sciens, en pleine connaissance de cause. La
Loi des Douze Tables prend en compte la folie. Le dégivré, le furiosus, n’est pas pénalement
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responsable. L’injure, à l’époque, c’est tout acte contraire au Droit. Il a aussi un sens
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restreint, vise l’outrage à la personne pour différents délits. Ces injures recouvrent trois cas,
le membre rompu, l’amputation, ou toute lésion définitive à un membre, l’os fracturé ou
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l’injure en tant qu’outrage à la personne. Pour ces trois infractions, la peine du Talion
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intervient, mais là encore, à défaut d’accord. Œil pour œil, tout ça… mais contrairement à la
vengeance basique, ici la limite, c’est que seul le coupable est visé, pas toute sa famille. Pour
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l’os rompu, la compensation est financière. Il y a une poeina, une amende, fixe, 300 as pour
un homme libre, 150 au profit du maître si la victime est un esclave. En cas d’injure,
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l’amende, c’est 25 as. Une autre infraction, c’est le vol, le furtum, qui a donné furtif. Bon, si le
vol est commis la nuit, brrr, la Loi des Douze Tables prévoit pour la victime qu’elle puisse
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mettre à mort le voleur qui s’introduit de nuit chez elle. Justice privée ? Non, car dès le
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lendemain, il faudra aller voir le préteur, pour lui dire que y a un cadavre chez lui, et s’en
expliquer. Légitime défense ? Non plus, car ce sera théorisé plus tard, vers la fin de la
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République. Si le volume est opéré de jour et avec l’aide d’une arme, alors là aussi, pas de
souci, on peut le mettre à mort. La Loi des Douze Tables distingue vol manifeste et vol non
manifeste. Dans le cas du vol manifeste, pas de droit à mettre à mort. Le voleur est présenté
devant le préteur. C’est à la victime de le présenter. Le demandeur doit rencontrer sur la
place publique son adversaire, lui sortir des paroles solennelles, en présence donc du public,
et si le défendeur refuse, et bah il est saisi par la manus injectio, bref physiquement, et trainé
devant le préteur. Si le vol est bien manifeste, le préteur remet le voleur à sa victime, qui en
fait ce qu’il veut, y compris le mettre à mort. Pour le vol non manifeste, la peine est la
composition au double de l’objet volé. En cas de vol flagrant, le volé peut perquisitionner
chez le voleur. Le volé doit se présenter au domicile de celui dont il pense qu’il lui a taxé. Il y
va en petite tenue pour éviter qu’il ne s’amuse à cacher dans ses vêtements l’objet qu’il dit
volé.
Outre ces délits privés, il existe des délits plus graves, genre l’affectatio regni, le
putsch quoi. Un citoyen convaincu de tenter de s’accaparer le pouvoir risque tout
bonnement la mort. Autre délit public, c’est le parricide. À l’époque, ce n’est pas le meurtre
d’un père, mais celui d’un pair. Il va falloir une intention coupable, une dolo sciens. La
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deuxième, c’est l’action judiciaire devant un préteur qui est tenu par la Loi, sans pouvoir
arbitraire. En outre, cette Loi est faite par et pour les Hommes. Ce n’est plus Dieu. On laïcise
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un peu le Droit. De là va être permis l’avènement d’une science juridique. Cette Loi entend
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garantir l’égalité des droits, des mêmes droits entre citoyens. Avec cette Loi, une certaine
cohésion, réconciliation est retrouvée. C’est un facteur de paix. Par la suite, lorsque des
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problèmes similaires surviendront, genre les barbares, on allouera de nouveaux droits pour
assurer la paix.
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La Loi des Douze Tables n’est pas pour autant un code. Ce n’est pas un codex. A
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Rome, le codex, c’est le support de l’écriture non pérenne. C’est la petite tablette de cire. Le
papyrus (x)
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Section 2
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La procédure
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(x)
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bête sacrifiée, et particulièrement dans son foie. Le procès va peu à peu se laïciser. Avec
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l’affermissement de la res publica, les Hommes conquièrent la gestion du Droit. On date cela
autour du IV et du III. Le procès se déroule alors en deux phases. Le préteur, magistrat, a la
tâche de vérifier si l’on se place bien dans une des catégories prévues par la Loi des douze
des tables. Il le fait en principe de manière stricte. Si ce n’est pas le cas, il déboute et sinon, il
écoute les parties et nomme un Juge. Ce magistrat examine en Droit l’affaire, mais ne juge
pas. Le judex, alors lui, c’est un citoyen, une personne privée, mais pas n’importe quel
clodo. C’est un notable, qui est nommé ad hoc, avec pour tâche de juger l’affaire. Le
jugement est rendu par un citoyen. Lui va s’occuper des faits. Il va donc s’intéresser aux
preuves, en fonction desquelles il va rendre une sentence, sententia. Cette sententia remonte
au sentiment qu’a le Juge que les preuves sont ou non bien rapportées.
Cette sentence peut aller jusqu’à la peine de mort hein quand même. L’exécution
capitale, jusque dans les années 300, est laissée à la victime ou à sa famille au sein de la cité
romaine. L’exécution est déléguée. La Cité délègue à des personnes privées le soin
d’administrer la sanction capitale. C’est une manière de calmer les pulsions vindicatives.
Chapitre II
Les transformations du Droit en matière pénale
La procédure était purement accusatoire. Le procès n’avait cours que si la victime
déclenchait l’accusation. Mais quelques changements vont intervenir à partir des années 300
av. J.-C.
Tout ça partirait d’un fait divers. La Cité est alors en prise à une épidémie, qui ne
toucherait les hommes, mais pas n’importe lesquels, pas mal de magistrats passent à la
trappe. Jusqu’au jour où une servante va voir le Consul pour révéler ce pour quoi tout ça
arrive. Elle demande donc quelques garanties, à commencer par la vie, et ensuite la liberté.
Le Consul se tâte. Il en réfère au Sénat où on accepte de donner Droit à sa requête. En fait, ce
serait les propres épouses qui s’amuseraient à empoisonner leurs maris. À cette époque, la
pression des Hommes sur les Femmes augmente. L’esclave emmène des magistrats dans la
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demeure d’une de ses matrones, révèle l’endroit où étaient confectionnées ces potions. À
partir de ce moment-là, une évolution va avoir lieu, notamment sur l’intérêt à agir.
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Dorénavant, certaines affaires sont si importantes qu’elles mettent en jeu une
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notion nouvelle, l’intérêt public de la Cité. Il faut donc y adjoindre une procédure spécifique.
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Il faut permettre à tout accusateur d’ouvrir l’action. Cela va passer par des jurys spécifiques.
Section 1
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Voies judiciaires
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Certaines affaires sont suffisamment graves pour justifier la mise en œuvre d’une
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procédure spéciale. La Cité va se doter d’une personne à laquelle va être confiée l’exécution
de la peine de mort, c’est le carnifex, le bourreau.
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Un certain nombre d’affaires vont voir des magistrats abuser de leurs fonctions,
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faisant preuve de concussion, de fraude, surévaluant l’impôt. Ces magistrats sont poursuivis.
C’est tellement grave que n’importe quel citoyen peut agir. Un autre type d’affaires jugées
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particulièrement graves et intéressant la Cité tout entière, ce sont les affaires visant les
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mœurs, qui vient de mores, les coutumes familiales, dont le père est supposé être le gardien.
Le problème, c’est que ces mœurs vont évoluer, surtout à partir du IIème siècle av. J.-C.
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Le pater perd des tours. Une tension entre le père et les fils prend de l’importance au sein du
domus. L’emprise paternelle est trop importante. Cette aggravation va aller jusqu’à la
commission de parricides. Certains crimes familiaux, jusqu’alors couverts par le père, genre
le viol, l’inceste, sont de plus en plus ébruités. Elles vont faire l’objet de poursuites. D’où la
nécessité de mettre en place une nouvelle procédure.
La procédure des quaestiones, des jurys d’accusation populaire est mise en place.
Cette procédure, pénale, voit l’accusation laissée à tout citoyen. Il n’y a pas de ministère
public à Rome. Il appartient à tout citoyen de défendre l’intérêt public. Ce faisant, il fait
œuvre civique. Les sources révèlent que le « bon » citoyen est délateur. La delatio, la
délation, provient du premier acte de la procédure qui consiste à porter le nom de l’accusé.
C’est le deferre nomen. Le magistrat s’assure que le délateur a bien capacité à agir. Il mène
ensuite une très rapide enquête pour savoir si c’est du pipo ou non. Si les charges
apparaissent fondées, le magistrat inscrit sur un tableau blanc, un album, le reus, le nom de
l’accusé avec les charges qui pèsent sur lui. Le fait d’y figurer, c’est stigmatisant, infamant.
Celui qui est procès doit se retirer de toute vie politique. L’accusation devient une arme
politique. Le magistrat va ensuite confier à l’accusateur le soin de mener l’enquête pour
Ceux qui jugent se trouvent sur une estrade. Le magistrat, qui préside la séance.
Mais ce n’est toujours pas lui qui juge. Ceux qui jugent, ce sont les jurés. Eux, ce ne sont pas
non plus de simples badauds clodos. Ce sont des sénateurs. Pour chaque infraction, une Loi
qui détermine le cours de procédure, donc qui seront les jurés. Les jurés jugent… mais après
avoir entendu les parties. Ni l’accusé, ni l’accusateur ne viennent sans biscuits. Ils viennent
accompagnés d’amis, de clients, qui sont réputés démontrer combien le groupe auquel
appartient l’accusé ou l’accusateur, est fort. Le marginal, c’est le mal. Les avocats sont ceux
qu’on appelle à ce titre. Ils ne plaident pas. Avocat vient de advocati, et de vocare, appeler.
Ceux qui plaident, qui défendent, sont des orateurs, des oratores. Ces orateurs vont acquérir
un rôle de plus en plus important. Dans l’ancienne procédure des actions de la Loi, la parole
est solennelle, performative. Elle est formaliste, donc pas libre. Dorénavant, à partir du IIIème
et surtout du IIème siècle, on comprend l’importance de la parole. D’un bon usage, la parole
est redoutable. C’est une arme de persuasion massive. Bon alors en réalité, faut dire merci
ne
aux grecs qui ont pondu la rhétorique. D’où la création d’écoles de rhétorique, qui
enseignent en grec. Ce doit rester un art étranger. Les orateurs, ce ne sont pas des juristes.
hi
S’il y a des écoles de rhétorique, il n’y a pas encore d’école de Droit. Il faudra attendre
ac
l’Empire pour cela. Des citoyens d’origine généralement modeste apprennent l’art de
convaincre.
aM
Le Droit est une chose si sainte qu’on ne peut l’estimer en argent. De cet adage, on
en déduit que les consultations juridiques ne peuvent pas faire l’objet en principe d’une
/L
rémunération. Alors, on leur permet de demander de l’argent malgré tout, mais on ne leur
m
octroie aucune action pour obtenir recouvrement, payement de ce que l’on considère non
estimable en argent.
co
d.
L’accusé se présente au public dans une tenue négligée. Il doit faire acte de
contrition, émouvoir, se consterner. Bref, c’est le spectacle. À l’issue de ce procès, une
rib
décision est rendue par les jurés. Le président l’énonce au nom des jurés.
.sc
Pour lutter contre les délations un peu trop légères, on va demander à l’accusateur
w
ce que, dans le cas où il ne prouverait pas ce qu’il accuse, il subisse la peine qu’il recherchait.
Section 2
L’appel au peuple
La Loi des Douze Tables n’a pas apporté de limites au pouvoir coercitif du
magistrat. Ce pouvoir peut aller jusqu’à la mise à mort. Une protection existait malgré tout,
c’était la protection du tribun de la plèbe. Ce magistrat, plébéien, défendait ses camarades
des excès d’un magistrat. Résultat des courses, les portes de sa maison devaient toujours être
ouvertes, il devait pouvoir défendre en toute heure. Mais peu à peu, la distinction entre
patricien et plébéien s’estompe. En conséquence de cette mixité sociale, le tribun de la plèbe
en a eu finalement un peu marre de défendre des bouseux, hésitant à prendre parti pour un
plébéien de base quand son parent était visé. Une Loi est alors votée. Lorsqu’un citoyen se
voit visé par l’imperium d’un magistrat, son pouvoir de coercition, si l’atteinte est grave, il a
possibilité d’appeler le peuple, la provocatio ad populum. Le magistrat doit alors convoquer
Chapitre III
Le pouvoir impérial
Avant, on était dans la Cité, où la res publica est toute entière tournée vers le
citoyen, afin de garantir leur liberté. Du moins en théorie. Son corps est en principe
inviolable. On le torture pas. On va se tourner plutôt vers les esclaves. Lorsqu’un maître est
tué, on va ainsi tourmenter tous les esclaves du domus. La mise à mort du citoyen doit rester
ne
exceptionnelle. Avec la fin de la République, vu la guerre civile, les rivalités politiques, la mise
à mort revient au goût du jour. On la rend parfois infamante, et on déshonore le corps. On
hi
soumet les corps aux gémonies. Le bourreau traine le corps par un croc planté dans la tête
jusqu’aux gémonies endroit où le peuple pouvait ensuite s’en donner à cœur joie. En
ac
principe, le gars qui passe à la trappe doit trouver le repos éternel, le corps étant un Corpus
aM
religiosus. Avec les gémonies, c’est pas possible.
Avec l’Empire, le pouvoir personnel s’impose peu à peu, au détriment des citoyens,
/L
toujours plus considérés comme des sujets. Le Droit pénal va devenir toujours plus
prescriptif. Les Lois pénales vont devenir toujours plus nombreuses, quand, sous la
m
République, elles étaient somme toute assez peu nombreuses. Le prince leur dit ce qu’il faut
co
L’empire commence à -27 avec le principat. L’Empereur est alors princeps. C’est le
premier des citoyens. Dans un premier temps, officiellement, il a à cœur de sauver les
rib
meubles, de sauver la République, de sauver les libertés des citoyens. Les Lois sont alors
rares, rarement prescriptives, relevant rarement du Droit pénal. On les appelle d’ailleurs non
.sc
pas des lois, mais des senatus consultes. Avec le IIème siècle, les lois – lex – gagnent en
importance. Leur nombre augmente régulièrement. Alors au IIIème siècle, l’Empereur se fait
w
plaisir, ce qui est influence par les monarques hellénistiques. Avec le IVème siècle, on passe
w
dans le dominat, et l’Empereur est dominus. Il règne en maître sur ses sujets.
w
Section 1
L’emprise de la majesté impériale
La majestas, c’est un superlatif. Sous la république, on en parle à propos des dieux.
Alors sous l’Empire, l’Empereur est le plus grand. Il se fait appeler majestas. Il participe
même de la nature divine au cours des IV et Vème siècles.
ne
est affirmée. Elle existait déjà sous la République, mais ne s’attachait non pas à la sentence,
mais à la décision prise par le préteur de renvoyer l’affaire devant un Juge. Sous l’Empire,
hi
l’autorité de la chose jugée vise le jugement. Ce jugement est supposé exprimer une vérité
ac
judiciaire. Quoi de plus utile que la torture pour récolter les aveux, les confessions. De la
souffrance transpire la vérité. Sympa. La torture devient courante. Aux IV et Vème, dès lors
aM
qu’il y a des indices, on recourt au supplice.
/L
m
n’a pas encore le pouvoir de faire la Loi. Sous la république, Sénat, magistrats et peuple
permettent l’adoption d’une Loi. Le magistrat rédige un projet, projet ratifié par le Sénat, un
.sc
projet ensuite soumis au vote des assemblées du peuple. Dans un premier temps, c’est
pourquoi on en passe par les sénatus-consultes. Les lois sont donc assez rares, d’autant plus
w
C’est du moins le cas pendant les trois premiers siècles. L’Empereur incarne
l’équité. Durant les deux siècles suivants, l’Empereur écoute ses sujets, mais bon il en raz la
casquette. Son pouvoir est, il est vrai, maintenant bien établi. Son pouvoir personnel est
dorénavant bien ancré, alors l’idéal de justice, il s’en tape. Il préfère prescrire à ses sujets un
certain type de comportements. Si bien que se produit finalement une évolution. C’est à
mettre en relation avec l’avènement du christianisme. Le décalogue est passé par là.
La norme chrétienne, et / ou la norme impériale règlent le comportement de chacun. La Loi
pénale devient plus gourmande. Nul n’étant censé ignorer la Loi, mais les lois devenant
Section 2
La peine : un châtiment toujours plus cruel
Pour Sénèque, la peine a trois fonctions. Corriger, rendre meilleur par l’exemple du
châtiment et assurer l’Ordre public par l’élimination de ceux qui le troublent.
ne
Celui qui est dangereux pour ses congénères, qui représente une menace, doit être
hi
purgé. La prison n’existe pas. Bon le carcer existe malgré tout dès la République. Ce lieu
ac
n’est autre que celui où on attend parfois longtemps son jugement, son exécution. Sous
l’Empire, il y a toujours ce carcer, mais on n’y purge pas la peine. Sous l’influence de l’Église,
aM
de certains pères qui considèrent que le fait d’enfermer une personne puisse l’inciter à
méditer pour communiquer avec Dieu, l’emprisonnement en tant que lieu où est purgée la
peine, prend une importance à la fin de l’Empire. Le châtiment doit être le plus cruel possible
/L
pour être le plus exemplaire. Les assassins de grand chemin subissent le supplice de la croix
m
là où ils ont perpétué leurs crimes, histoire de dissuader les prochains, mais encore que les
parents, proches des victimes soient consolés. On pourra se partager le corps en chaque
co
endroit où a été commis un crime. On coupe la main, l’oreille, on coule du plomb fondu
dans la bouche, on tatoue. Les récidivistes, on les marque, mais à un endroit visible, genre au
d.
front. Bon alors cette façon de faire est quand même un peu trop trash pour Dieu, d’où un
rib
débat. Les esclaves fugitifs portaient des colliers les dénonçant comme tels, ce qui était une
alternative au tatouage d’un « F » sur une partie visible du corps. Bref, on laisse des traces.
.sc
Sous l’influence de l’Église, la croix est peu à peu abandonnée pour arrêter de faire
un amalgame avec le Christ. Sous le Bas Empire, Constantin ressuscite la peine du sac et
w
Au IV et Vème siècles, dans le champ privé, lorsqu’un créancier apprend que son
débiteur est à l’article de la mort ou venait de passer à trépas, il se rendait au domicile du
défunt pour empêcher la tenue des funérailles, pour empêcher au corps de trouver le repos
éternel, de devenir corpus religiosus. Le moyen étant d’obtenir réparation, mais encore
d’obtenir vengeance si personne ne paye sa créance. L’évêque de Milan, Saint Ambroise
trouvait cela bien normal.
Outre la grâce, il y a l’asile. L’asile existait déjà sous la Rome païenne. Les temples,
statues, sont lieux d’asiles. Dans l’Empire chrétien, les églises deviennent lieux d’asile. La
fréquence de l’asile va pousser les empereurs à légiférer, quand ils ne vont pas malgré tout
chercher les condamnés dans l’Église.
Section 3
La résurgence de la vengeance
ne
hi
ac
Paragraphe 1er Le discours du Prince aM
Depuis le début de la Cité, le Droit s’emploie à repousser la vengeance sur le bas
côté. Mais la vengeance persiste. On y retrouve même une certaine empathie. Le vocable des
/L
l’Empereur… L’Empereur qui interdit toujours aux parties de se venger, mais le vocabulaire
entend finalement valider au travers de l’Empereur la vengeance.
co
d.
rib
L’époque est plus tendue. Les usurpations, invasions sont légions. Assurer l’Ordre public
w
devient chaud. Les privatifs, les personnes privées vont être autorisées à se faire justice, à tuer
w
de leurs propres mains leurs agresseurs. Le vol de grand chemin est un exemple,
l’embuscade, celui qui voit sa vie menacée… Le vol de nuit aussi. Celui qui s’en prend aux
moissons de nuit peut prendre aussi cher. La justification de ces mesures repose sur le fait
que l’Empereur fait acte de contrition des lenteurs et de l’inefficacité de l’Administration. Ce
qui ne dédouane pas d’aller s’en expliquer le lendemain hein.
Section 4
L’Église et le Droit pénal
L’Empire romain se christianise progressivement. Le premier à s’être converti, c’est
Constantin, au IVème siècle, avec la vision du Pont Milvius le jour précédent une baston. En
dessinant les initiales du christ sur les boucliers, et bah ça correspondait aussi aux païens
germains (runes) et celtiques (ogam). Avec l’Édit de Milan en 313, la religion chrétienne est
autorisée, licite, à égalité avec les autres cultes. C’en est fini de ces persécutions. Peu à peu,
le christianisme va prendre l’ascendant. Mais bon, à cette époque, la religion chrétienne,
c’est peu ramasser les miettes. En 380, l’Édit de Thessalonique fait du christianisme la religion
officielle. En 390, le paganisme est interdit, détruit.
Mais est-ce que le Droit qui s’était construit dans la cité païenne pouvait continuer
à régir une société dorénavant chrétienne ?
Certains auteurs chrétiens vont tenter de démontrer qu’il n’y avait pas de
ne
problème. Un d’entre eux a entendu comparer les commandements de Moïse avec le Droit
romain. Mais bon, tout n’était pas clair. En matière matrimoniale, en matière de filiation, ça
hi
restait plus compliqué. Le mariage était ainsi un consentement à répéter. Le divorce était
ac
ainsi tout à fait licite. C’est déjà un petit tempérament. En matière de Droit pénal, l’influence
de la christianisation est moins manifeste.
aM
/L
m
Le problème, c’était de savoir si l’individu agissait librement, s’il disposait d’un libre
rib
arbitre, ou si son action était déterminée par Dieu. Certains considéraient qu’un sujet pouvait
agir de manière contrainte. Les pères de l’Église affirment le principe fondamental de la
.sc
liberté. Chacun est responsable de ses actes, que l’on soit en matière spirituelle ou
temporelle, le crime est un péché, volontaire. La simple tentative est punissable. La lucidité
du sujet a une importance. Le furiosus, le fou, est toujours considéré irresponsable (Merci la
w
La légitime défense, quant à elle, depuis la fin de la République, a été théorisée. Les
juristes l’envisageaient dans certaines situations. Il faut permettre à qui est victime d’une
agression de se défendre, proportionnellement à la gravité de l’acte. L’Ancien Testament
l’admet aussi. Mais les pères de l’Église y sont bien plus opposés. Jusqu’au milieu du IXème
siècle, ils y sont en général hostiles. Certains pères, genre Saint Ambroise, l’évêque de milan,
y est favorable.
Pour les juristes, la peine doit servir à montrer l’exemple. C'est pourquoi il doit être
public, intimidant, dissuasif. Plus c’est sévère, mieux c’est. La peine avait en outre une
fonction sociale, écarter, voire éliminer, l’individu nuisible. Pour les pères de l’Église, la peine
doit avoir une fonction spécifique. Ce doit être de permettre l’amendement du coupable. On
entend lui permettre de méditer sur ses actes pour revenir sur le chemin de la raison. Bref, la
peine doit permettre une rédemption. C’est pourquoi il faut isoler le coupable. La prison
prend peu à peu son sens actuel. Jusqu’ici, c’était plus un lieu de détention, un lieu de
passage avant l’exécution de la sanction, mais pas un lieu où s’exécute la sanction. Mais
l’Église a horreur du sang. Enfin, en théorie. Seul Dieu aurait la maîtrise de la vie. En principe,
les pères de l’Église sont donc opposés à la peine capitale. Saint Ambroise, évêque, mais
aussi administrateur sous Rome, recommande au Juge qui agit comme bras de Rome de ne
Le marquage, c’est pareil, Dieu crée l’Homme à son image et on ne saurait tolérer
qu’il soit défiguré par un autre Homme. les pères de l’Église y sont donc généralement
opposés. Alors bon, on évitera de marquer la face. Le marquage sera quand même conservé
par la majorité des empereurs.
ne
hi
ac
Paragraphe 2e L’action des évêques en matière pénale
aM
Dans la société du Bas Empire, les évêques sont des notables qui disposent donc
d’une place sociale importante. Certains évêques sont même patrons. Ils sont aussi influents.
/L
Surtout qu’eux ont généralement un passé d’administrateur. Ils ont une culture notamment
m
juridique. Les juges, si intègres et brillants dans les premiers temps de l’Empire, aux IVème et
Vème siècles, nombreux sont ceux qui se laissent acheter. Les justiciables perdent toute
co
confiance en la justice laïque. La Justice, décriée, est en prime onéreuse. La Justice, payante,
est également lente.
d.
rib
transaction. Le Droit pénal interdit en principe la transaction. La pratique s’avère toute autre.
La deuxième pratique, c’est l’arbitrage. Plutôt que d’en recourir au Juge, les parties peuvent
w
faire des compromis d’arbitrage, prévoir qu’ils confiront leur litige à un arbitre en cas de
soucis. Et très souvent, ce choix se portera sur un évêque. Cet arbitrage va grandement
w
progresser aux IVème et Vème siècles. L’arbitrage est gratuit et toujours plus efficace.
w
L’esclavage existe parallèlement toujours. Les prisons étaient un bon filon. Certains
barbares et trafiquants n’hésitaient pas à enlever pour revendre sur des marchés aux
esclavages. Nombreux sont les évêques qui vont aller racheter la vie des captifs. Il ne s’agit
pas de racheter la vie de barbares. Non eux, on s’en branle. Mais si le captif était au départ
un Homme libre, là, ça vaut plus le coup.
Les évêques ne sont pas aussi blancs comme neige. Saint Ambroise, toujours le
même, se dit être témoin d’une scène qui n’est pas très chrétienne. Un créancier apprend la
mort de son débiteur. Il se rend à son domicile. Mais pas pour y adresser ses condoléances. Il
entend seulement interdire la sépulture. Si plusieurs créanciers s’y présentent, tous
pourraient se partager le corps. Cette pratique perdure au IV et au Vème siècle. Et bah pour
Saint Ambroise, c’est normal, c’est conforme au Droit funéraire de l’époque.
Chapitre IV
L’application particulière du procès pénal
en Gaule et en île de Bretagne
ne
Les sources sont donc différentes. Ce sont des prières judiciaires. Ce sont au départ
hi
des defixiones, des tablettes contenant des demandes adressées à un Dieu. Elles sont
généralement maléfiques, de la forme d’une carte postale, en plomb. Elles sont
ac
généralement déposées dans les lieux où opèrent les divinités invoquées. Tombe, puits, etc.
aM
cette pratique vient d’Orient. Alors bon, généralement, ça n’a pas grand-chose à faire avec le
Droit. Le but, c’est de pourrir la vie. Amour, travail, courses, etc. cette pratique arrive
d’Orient. Elle passe logiquement par Rome avant d’être répandue dans les régions
/L
romanisées. Et peu à peu, ces defixiones deviennent des prières judiciaires. Une autre
variante, ce sont les ordalies.
m
co
d.
Là, on est sur l’île de Bretagne, à Bath, station thermale réputée. Les archéologues
.sc
vont sortir de terre moult de ces tablettes de plomb. Elles sont datées entre le II et le IVème
siècle apr. J.-C. Elles visent la restitution d’objets volés auprès de certaines divinités. Ces
w
tablettes sont rédigées dans un latin… vulgaire, préfigurant le latin médiéval. Outre ce détail,
w
Mais bon, dans tous les cas, pour le vol, une véritable procédure existe. Première
étape, le demandeur, plutôt que de camper au tribunal, va au temple, expose son affaire aux
prêtres, qui ont éventuellement le rôle de conciliateur. En cas d’échec, le demandeur va
procéder à l’affichage de sa plainte. Le demandeur nomme son adversaire et il le menace de
faire intervenir une divinité pour lui faire subir la pire géhenne. Brrr. L’adversaire s’entête. Pas
de problème. Deuxième étape, le demandeur, éventuellement accompagné du suspect,
mais en tout cas du prêtre, se rend à la source supposée habitée par la divinité, histoire que
celle-ci rende justice. Si le suspect n’est pas identifié ou qu’il refuse, on en revient à la
tablette maléfique. La justice laïque est moins appréciée que la justice divinisée. Les
provinciaux sont encore très imprégnés du mode de réparation vindicatif. Et Rome laisse
faire, espérant que ces provinciaux intègrent peu à peu le principe d’une justice verticale,
mais encore qu’ils s’habituent à un vocabulaire juridique plus romain.
Les sources qui ont une importance ici, c’est avant tout l’épigraphie, mais pas
seulement. L’épigraphie envisage dans un premier temps le recours à l’ordalie. Alors ici, on
ne fait pas de mixture entre une eau sacrée et quelques gouttes de sang du demandeur.
Non, ici, on plonge une main dans un chaudron d’huile bouillante pour aller prendre un
anneau. On laisse reposer quelques jours. Si la main cicatrise bien, on a raison. Sinon, et bah
on est coupable. L’ordalie est supposée être un mode de résolution subsidiaire à la
conciliation. L’ordalie commence par des prestations de serment. Alors le parjure, c’est le
mal hein. Parjurer, c’est devenir sacer. L’ordalie, qui n’est pas d’origine romaine, mais plus
d’origine celtique, est intégrée dans la procédure pour juger les barbares. C’est une forme de
contrôle de l’accusation. En fonction des dires de la divinité intervient ensuite un Juge, en
ne
l’occurrence, un Juge militaire (les barbares sont des deditices, avant tout des soldats).
hi
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Exit l’Empire d’Occident. Pouf. On se retrouve au Haut Moyen Âge, avec les
Mérovingiens et Carolingiens. Les Mérovingiens sont des Francs qui squattaient déjà l’Empire
depuis un certain temps. Ils en ont même servi les rangs. Ils n’entendent pas rompre avec les
acquis de l’Empire. Les Carolingiens se présentent comme les restaurateurs de l’Empire
romain, rénovant la manière d’appréhender le pouvoir et le Droit. Ils entendent raser toutes
les différences contreproductives, centraliser pouvoir et droit. Bon, manque de pot, les fils de
Louis le Pieu vont se disputer l’Empire, explosant ce dernier, permettant aux princes
territoriaux de morceler les volontés carolingiennes. Le pouvoir s’émiette à nouveau. La
féodalité, de feo (qui donne fief, cadeau), commence.
Chapitre I
L’époque franque : le système pénal du Royaume franc
Désormais prévaut le système de la personnalité des lois. L’origine permet
ne
d’appliquer la Loi propre à celle-ci. Cette personnalité des lois renvoie à l’agonie de l’Empire
romain. Il en découle un cosmopolitisme, d’abord dans le Nord puis dans le sud de la Gaule.
hi
La France a donc des racines cosmopolites. Lapalissade ? La Loi transige entre les coutumes,
les traditions et l’Ordre public. Pour beaucoup, ces premières lois trouvent leur origine à
ac
l’époque romaine. La Loi salique est un bon exemple. Tout cela, sans oublier l’Église, loin
aM
s’en faut.
Section 1
/L
Le système pénal du Royaume franc se caractérise par le fait que n’est laissée
d.
la Loi le détermine. On ne le négocie pas. On entend éviter de retomber dans les travers
propres à la vengeance. Le but premier des lois, c’est d’interdire la vengeance.
.sc
tiers va au Roi. L’auteur de l’infraction trouble la paix du Roi, et doit donc également
w
l’indemniser.
w
Si l’esclave continue à trinquer, l’Homme libre lui voit son intégrité physique
dorénavant respectée. La société traditionnelle voit la liberté matérialisée par cette intégrité
physique. Alors donc, on ne torture pas, sauf cas exceptionnel, genre lèse-majesté.
Loi salique, loi des Celtes, des Burgondes sont des exemples de ces lois
personnalisées. Différentes, mais similaires dans leur forme, dans leur présentation. Les
constitutions impériales étaient devenues peu à peu des discours de propagande. Le Code
théodosien, en 438, ne disparaît pas dans les cendres de l’Empire. Mais il est un peu
poussiéreux, indigeste. Les lois barbares se présentent comme de simples catalogues
d’infraction. Les dispositions sont courtes, plus pratiques. Elles sont ainsi rédigées selon le
modèle de la Loi des Douze Tables. Si… alors… Ces lois donnent une place importante au
jugement précédent. Comme le Code théodosien finalement. Ces lois compilent les cas les
plus critiques.
Section 2
Les juridictions
Au sommet, il y a le tribunal du palais.
ne
Lui, il se place dans la continuité de la juridiction exercée sous l’Empire par
hi
l’Empereur. C’est un devoir pour rétablir chacun dans ses droits. Le Roi ne juge pas seul.
ac
Sinon, c’est un tyran. Il est donc aidé de conseillers. Mais bon, le choix de ces derniers est
laissé à sa discrétion. Sa compétence n’est en tout cas pas limitée. Il peut agir d’office ou
aM
non. C’est surtout vrai sous les Mérovingiens. Charlemagne essaiera de réintroduire ce
principe. Le Roi se garde les affaires les plus graves, celles où il a ou y a un intérêt. Il peut
faire usage de la gratia, la grâce, sans doute sous l’influence de l’Église. Le Roi intervient
/L
avec le procès intenté au Juge. La pratique qui se développe au Haut Moyen Âge vise le Juge.
d.
rib
Paragraphe 2e Le mallus
.sc
Ça, c’est le tribunal ordinaire. À Rome, le siège du tribunal, c’était la Cité, ici, c’est
w
La justice est donc populaire rendue par les hommes libres, en âge d’être en arme.
Elle est par essence coutumière. Cette justice ne fait pas en principe l’objet de voies de
recours. La possibilité étant de démontrer que le jugement a été rendu sous la pression du
Comte, du Centenier, des rachimbourgs, etc. auquel cas, il y a nouveau procès.
Section 3
Les grands traits du procès
ne
il reste mieux vu de se venger que d’aller au procès. Du sang, du sang. Et avec la résurgence
de la vengeance, la responsabilité familiale reprend du poil de la bête. On peut taper sur
hi
l’auteur ou n’importe quel membre de sa famille. Celui qui se venge, c’est la victime ou
ac
n’importe quel membre de sa famille. C’est un devoir qui lave l’affront fait à l’honneur
familial. La vengeance se retrouve à tous les niveaux de la société. Le procès n’intervient
aM
donc qu’à défaut de vengeance ou en parallèle d’un processus prônant la vengeance.
/L
Devant Dieu, au besoin en touchant des reliques, le serment est purgatoire. Le plus
d.
souvent, l’accusé ne jure pas seul. La société est à l’époque segmentaire, où les
groupements priment sur l’individu. On attend du groupe auquel appartient l’accusé qu’il
rib
manifeste sa solidarité. Les cojureurs, témoins de moralité, des fidéjusseurs qui apportent
leur foi, leurs fides. Le nombre de ces témoins est variable, fixé par la Loi et par le Juge selon
.sc
Le problème est qu’avec le temps, de plus en plus de faux serments vont être
opérés. Malgré la christianisation, le paganisme perdure. Le serment perd des tours.
w
Paragraphe 3e L’ordalie
Cette charmante pratique existait déjà sous l’Empire romain. Elle a été appliquée
avec la Loi salique qui l’évoque à reculons. Buk. C’est une épreuve infamante. Les esclaves,
ceux qui ne peuvent pas rapporter des témoins de moralité… ça dure comme ça jusqu’aux
Carolingiens. Avec la rénovation de l’Empire voulue par les Carolingiens, Le Roi entend
exercer une autorité bien plus forte sur ses sujets. Charlemagne entend assujettir ses sujets à
l’ordalie dans un capitulaire autour de 800. L’ordalie, c’est l’épreuve et la preuve.
Charlemagne veut en finir avec les faux serments. Qu’à cela ne tienne. Le rituel est magnifié,
exalté, enrobé ? Dans la Loi salique, on parlait d’épreuve du chaudron. Maintenant, on
l’entend comme le jugement de Dieu.
Ce serait par le biais de lettrés irlandais que ce lien entre l’épreuve et la vérité aurait
été établi.
L’ordalie passe par l’eau. On jette le suspect à l’eau, mais pieds et poings liés. Alors
bon, s’il se noie, c’est qu’il est pur. S’il remonte à la surface, c’est que l’eau, symbole de
pureté, le rejette. L’ordalie marche aussi avec le feu, ou eau et feu et on en repasse alors au
chaudron. Mais ce n’est pas tout. L’ordalie fonctionne aussi avec la baguette. On étrangle le
suspect avec des baguettes d’osier. Celui qui s’étrangle est coupable. L’ordalie se prépare
aussi avec des aliments confectionnés par des prêtres et compagnie. L’ordalie se joue aussi
en faisant la croix. Celle-ci ne serait pas d’origine chrétienne, remontant à des rituels établis
par des druides. Mais cette dernière se rapprochant trop du sacrilège, elle a été rapidement
abandonnée.
Avant l’épreuve, le… « patient » est dépouillé de ses vêtements. Nu, ou vêtu
d’habits religieux, il passe son épreuve publiquement avec la collaboration des prêtres aux
côtés du Juge.
ne
Bon, mais l’ordalie n’intervient qu’en dernier recours. Avant, on va faire rencontrer
hi
les parties, les faire s’entretenir avec des prêtres, etc. pour concilier les parties. Le procès doit
ac
permettre le retour à la paix dans la communauté. aM
L’ordalie sera finalement interdite au début du XIIIème siècle par l’Église, qui
considère que cette épreuve est sacrilège, car elle tenterait Dieu.
/L
m
Ou ordalie bilatérale.
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Il s’agit ici d’un combat entre l’accusateur et l’accusé. Alors bon, en théorie il n’y a
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pas de représentation, mais fonction des cas, il peut y avoir représentation par un champion.
w
C’est la Loi des burgondes, en 501, qui l’évoque pour la première fois. Relativement
appliquée jusqu’au IXème siècle, l’épreuve se généralise ensuite, au grand dam de la papauté
w
qui en 967 condamne le duel judiciaire et l’interdit à l’usage des clercs. Le duel répond à une
w
Chapitre II
L’époque féodale : la justice seigneuriale
Le projet de rénovation carolingienne de l’Empire tourne cour courant du IXème
siècle, pour des raisons notamment de succession après Louis le Pieux. Des cadeaux
entourent les prestations de serment. Ce sont des dons, des feoh. À l’origine, le terme vise
une rune. Le problème, c’est que ces dons vont être fonciers. D’où la création de
principautés, où le pouvoir de ban est délégué. Dans leurs fiefs, les princes disposent de la
capacité d’exiger la corvée, du pouvoir de contrainte, du pouvoir judiciaire. Ce sont des
banalités, l’exercice d’un pouvoir au nom du ban.
Section 1
L’établissement des seigneurs
Les prérogatives sont très étendues. Elles sont voisines de la souveraineté. Cela
permet de trancher les conflits, de prendre des mesures générales. Celui qui transgresse les
injonctions issues de ces mesures générales peut être sanctionné par des amendes.
ne
C’est l’ancienne justice publique, celle qu’exerçait le comte au nom du Roi. Le
seigneur l’usurpe.
hi
ac
A · La Haute justice aM
Celle-ci vise tout domaine. Au civil, on vise essentiellement les personnes, au pénal,
la justice de sang, bref, les crimes où le sang a été versé ou si la sanction encourue est la
/L
seigneur qui juge accroît son prestige. Les gibets, potences qu’il dresse dans sa seigneurie
l’illustrent.
d.
B · La Basse justice
rib
.sc
Elle ne s’exerce que sur les vassaux et les tenanciers du seigneur et qui a sa source
dans les liens de dépendance qui les relient.
ne
l’était naguère. Le seigneur se sert de la Justice comme d’un mode de prestige, de pouvoir,
mais plus matériellement d’enrichissement. Les amendes qu’inflige le seigneur lui
hi
permettent d’accroître sa richesse. D’où une Justice inquisitoire, et une politique répressive.
Et un recours aux prisons. Les peines sont pécuniaires. Elles peuvent être corporelles, mais
ac
convertibles en argent sauf cas exceptionnels.
aM
Cette justice, oppressante, est en prime souvent arbitraire.
Section 2
/L
m
Les tempéraments
co
d.
rib
L’Église considère que s’il y a un temps pour la guerre, il doit y avoir un temps
pour la paix, ce par égard pour Dieu. Le mouvement de christianisation des chevaliers va le
permettre. Pâques est un bon exemple. Le dimanche aussi. L’Église conçoit aussi la trêve,
avec pénitences et pèlerinages à la clé.
Aux XIème et XIIème siècles, avec la résurgence du Droit romain, colportée par l’Église
concurremment avec le Roi, la justice est avancée comme la garante pour l’utilité commune.
Il en découle la nécessité d’y mettre de l’ordre.
ne
En matière pénale, les compilations de Justinien montrent un Droit pénal tourné
vers la sécurité, où le jugement doit réaliser l’expression d’une vérité. Il est tourné vers
hi
l’utilité commune. Le Droit pénal met à l’écart ceux qui troublent l’ordre, des « méchants ».
ac
Dans les villes, au sein des juridictions municipales, les textes de Droit romain sont ressortis
des étagères. Le mouvement part de l’Italie, passe en Provence, avec les justices des
aM
consulats, qui renouent avec des procédures inquisitoires. La procédure accusatoire reste
réclamée par certaines villes du nord pour échapper à l’emprise d’un pouvoir seigneurial
arbitraire. Lorsqu’il n’y pas ce risque, la procédure inquisitoire est préférée, avec pour
/L
objectif la sécurité de tous, l’utilité commune. A Arles, la charte de 1152 et 1160 voit les
m
consuls corriger, châtier, punir les vols, les rapines, adultères, rapts, homicides, meurtres et
autres méfaits et turpitudes. Le vol, c’est le pire. On ne peut lui faire confiance, alors ouste.
co
chrétienne naît l’idée que l’argent ne suffise pas à expier les crimes. La sanction ne doit pas
rib
être simplement réparatrice. Il y a un intérêt public au procès pénal. La sanction doit être
châtiment pour protéger la communauté. Même dans le cas d’un meurtre d’esclave.
.sc
w
w
w
ne
hi
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aM
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Chapitre I
La relation entre pouvoir et justice
Section 1
Justice des Hommes & Justice de Dieu
Le Mollah NASR-ED-DIN, qui rôde en Turquie, est un personnage légendaire, sage
et paradoxal. Alors, il se promène et rencontre des enfants qui se disputent à propos de noix.
Intervention de NASR-ED-DIN. Il prend les douze noix, en donne une à chacun des quatre
enfants, et le reste au dernier. Il leur explique que c’était leur choix. Car il leur avait demandé
de choisir entre la Justice divine et la justice des Hommes. Dans les religions monothéistes, la
Justice de Dieu est incommensurable. Les hommes ne peuvent se faire les interprètes de la
ne
volonté de Dieu.
hi
Outre la Justice de Dieu comme palliatif, l’Église interdit l’ordalie qui tente Dieu.
Elle est interdite dans tout le territoire de la chrétienté. Même chez les grands Bretons. Mais
ac
la justice n’est pas appliquée de la même manière partout. Le Juge français revêt un caractère
sacré.
aM
Section 2
/L
Le Juge français
m
co
Moyen-Age et sous l’Ancien Régime, le fait qu’on l’appelle parfois Dieu, que le lieu de justice
soit conçu comme un temple une église, qu’il juge sous un crucifix, dans un certain
rib
accoutrement, selon un certain rituel, démontre que le Juge décide au nom de Dieu. Le Juge
qui peut jusqu’à mettre à mort doit exercer son pouvoir avec parcimonie, puisqu’il s’expose
.sc
Chapitre II
w
w
L’organisation de la Justice
Le grand principe, c’est l’idée d’une justice déléguée, d’une justice retenue.
Le Roi considère qu’il est la source de toute justice. Le Roi tient son pouvoir de
Dieu. Il a pour mission de rendre justice à ses sujets. Au Moyen-âge, pour ne pas être
grandiloquent, on parle de fontaine de justice. Mais il ne peut pas rendre justice à
l’ensemble de ses sujets. Fichtre. Il doit donc déléguer sa mission à des juges. Cette
délégation n’est en rien définitive. Si le Juge rend au nom du roi la justice, le Roi peut à tout
moment sur cette délégation, même intervenir dans le procès.
Cette conception voit le Roi l’imposer, non sans mal. Le Roi l’impose au fur et à
mesure qu’il parvient à restaurer son autorité, son pouvoir. Alors évidemment, cela se fait au
détriment des autres juridictions.
Section 1
L’organigramme de la Justice
ne
Le Roi, par l’intermédiaire de ses juristes, de la propagande, répand l’idée que toute
hi
justice s’enracine sur la justice royale, prépondérante. Ce qui va avec l’idée d’une pyramide
judiciaire qui remonte jusqu’à lui. Les fondations de cette pyramide reposent dans la terre,
ac
les fiefs. Le Roi rétablit avec l’aide de ses juristes le système de l’appel, né dans l’Empire
aM
romain. Ce que voient d’un très bon œil les seigneurs. D’où conflit. Il faudra attendre le
XVIème pour que l’appel soit véritablement ancré. Il peut y avoir 5 ou 6 degrés d’appel sauf
cas spécial avant d’arriver devant le Roi.
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L’ordonnance de 1561 l’exprime. Le seigneur doit juger dans un endroit convenable. Pas
co
question de juger au macumba, enfin dans un cabaret. Pas question de juger sous un arbre,
l’auditoire doit être décent. Les prisons doivent être « convenables », saines, et ne doivent
d.
Ce mouvement passe encore par un certain nombre d’amendes imposées par le roi
w
Sous le règne de Louis croix bâton v, avant la grande réforme 1667 sur les
procédures civiles, un juriste révèle que ces justices seigneuriales sont un corps sans
contenance, quand un autre soutenait que le Roi pouvait le faire par droite justice. Mais
Louis XIV s’arrêtera au fait de racheter les droits de justice. La fronde l’a marqué. Et malgré
tout, ces justices seigneuriales fonctionnent tant bien que mal. Les juges seigneuriaux
agissaient avec une certaine proximité, favorable à une meilleure résolution des litiges.
Mouais.
B · La Justice ecclésiastique
L’Église avait grandement profité du dépècement du pouvoir royal pour asseoir sa
compétence. Ce mouvement avait commencé dès les Carolingiens en matière matrimoniale.
Le mariage est ainsi une chose sacrée. L’engagement est pris devant Dieu. C’est un
sacrement.
Dès Philippe le Bel, le Roi va vouloir traiter de tout domaine. Dès lors que le
temporel l’emporte sur le spirituel, il est compétent. Les justices d’Église perdent ainsi les
affaires testamentaires… En matière de procédure, le moyen mis en œuvre passe par
« l’appel comme d’abus ». À l’origine, c’est un recours à la justice laïque contre l’abus d’une
sentence ou un acte provenant d’une juridiction ecclésiastique. Les Parlements vont faire de
cette procédure une arme pour faire une queue de poisson aux juridictions ecclésiastiques.
ne
sénéchaussée.
hi
Le tribunal du prévôt a compétence pour toutes les causes simples, dès lors que la
ac
cause n’est pas dévolue à une autre juridiction. Dès lors que l’affaire n’intéresse pas un
noble, ou un établissement ecclésiastique, le tribunal peut être compétent. Le prévôt peut
aM
intervenir en appel d’une décision rendue par un seigneur établi dans son ressort.
du XVIème siècle. Les tribunaux du bailli sont itinérants. Dans un premier temps, ils tiennent
des accises où ils jugent des appels formés contre les décisions rendues par les prévôts. Ils
.sc
ont une lettre de mission, interviennent donc dans un temps déterminé pour une mission
déterminée. Au siècle suivant, le bailli se fixe dans une circonscription au sein de quel il tient
w
En matière criminelle, le bailli connaît de toutes les affaires considérées comme trop
graves pour être laissées à la compétence du prévôt. En 1552, en première instance, ils jugent
des causes des nobles. Les cas royaux sont soustraits aux juridictions seigneuriales. Ils
interviennent également en appel contre les sentences rendues par le prévôt.
Mais lui aussi, petit à petit, il se fait dépouiller, par le lieutenant criminel. En 1522,
dans chaque tribunal de baillage, un lieutenant criminel était instauré pour avoir
connaissance, juger, et décider de tout cas, crime, délit et offense faits, commis et perpétrés
aux baillages et sénéchaussées. Ce lieutenant criminel va être gourmand. Il va s’entourer
d’accesseurs, formant peu à peu ses conseillers permanents, des officiers.
Les justiciables n’hésitent pas à faire appel des décisions des seigneurs, prévôt,
baillis ou lieutenants criminels. Le Roi pond une instance entre les baillages et les parlements.
On entend gérer le flux d’appels. Henri II constate déjà en 1552 que la plupart des sujets
emploient leur temps et argent au procès. Derrière cet argument, le Roi y a toujours un
Finalement, les Parlements vont faire les blaser. Les procès sont source
d’enrichissement pour les juges, notamment en raison de payements en épices, ce que
n’apprécient guère les parlementaires.
ne
savoir. Ce sont en réalité les premiers légistes. Ces séances revêtent toujours plus ce
caractère technique, ce qui donne la nausée aux vassaux et proches. Finalement, la curia
hi
regis se scinde en formations diverses, avec d’un côté le Conseil du Roi qui restera toujours
ac
proche du Roi, qui l’accompagne dans ses déplacements, qui vise l’administratif et le
politique. De l’autre côté, le Parlement, qui s’occupe de tout ce qui est judiciaire.
aM
Le Parlement, c’est l'Assemblée où l’on parle, où l’on délibère. C’est la curia in
parlamento. Si, dans un premier temps, le Parlement fonctionnait de manière souple, peu à
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peu, le fondement devient permanent. Alors qui y trouve-t-on ? Peu de vassaux, donc
m
souverain, qui n’an pas de contact avec les juridictions subalternes. Avec le temps, le
d.
nombre de procès augmentant, leur technicité, leur longueur s’aggravant, une véritable
procédure apparaît. L’organisation de cette cour se perfectionne. Un calendrier se met en
rib
place. On passe de 4 séances chez Saint Louis à une session unique qui dure de la Toussaint
au 15 août sous Philippe Le Bel. Les affaires vont être dissociées par leur nature. Des
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chambres vont donc apparaître au sein du Parlement, où les magistrats sont répartis en
formations. On y retrouve ainsi la chambre des enquêtes, des requêtes, du premier, de
w
La chambre criminelle apparaît quant à elle fin du XIVème siècle. Elle ne rassemble
w
que des conseillers laïcs. Il y a chaque année une rotation des conseillers, du personnel,
affecté à cette chambre. Cela tient au fait que l’accoutumance à faire mourir et condamner
les hommes altère la douceur naturelle du Juge, et le rend cruel et inhumain. On appelle la
chambre criminelle la tournelle criminelle. Mais bon, ce pourrait être aussi dû au fait qu’elle
siège dans une petite tour nommée la tournelle.
Sous l’ancien régime, et bah c’est pas pareil qu’aujourd'hui. Toute affaire
particulière tend à disposer de sa juridiction. Ceci rend l’organisation judiciaire extrêmement
complexe. Chaque organe administratif particulier a une compétence juridictionnelle qui lui
permet de sanctionner, juger les affaires qui se sont développées sous son autorité. C’est la
théorie de l’administrateur Juge. Ce à quoi s’ajoute une certaine vénalité. La charge de juge
s’achète. Plus il y a de juges, plus il y a de recettes. Moralité, il y a plein de juridictions.
Les juges des greniers à sel visent la gabelle. Le commerce maritime est visé par les
ne
tribunaux du siège de l’amirauté. Les juges des eaux et forêts s’intéressent eux aux cours
d’eau, forêts, à la chasse, à la pêche. Le faux monnayage est traité par les cours des
hi
monnaies. Une autre juridiction importante, c’est la juridiction consulaire. Ces juridictions
ac
consulaires ont leur origine qui remonte aux foires, notamment les grandes foires de
Champagne ou de Saint-Denis. Elles traitent des litiges commerciaux. Ces dernières
aM
juridictions ne duraient que le temps de ces grandes foires, et vont acquérir un rôle
institutionnel au XVIème siècle, devenant donc des juridictions consulaires. En 1563, un Édit
étend les tribunaux des juges et consuls à toute ville qui le souhaite. À la fin du XVIIème siècle,
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ces juridictions sont définitives. Les juges sont élus. C’est peut-être bien pourquoi ils ne
m
qui avaient pour tâche de juger toutes les infractions qui pouvaient être commises par les
rib
gens de guerre, bref, les soldats. Avec la Guerre de Cent Ans, il devient permanent. Sa
compétence est donc déterminée, par rapport aux lieutenants criminels des tribunaux de
.sc
baillage et de sénéchaussée. D’où une certaine concurrence. Le critère retenu, c’est le lieu de
commission de l’infraction. Dès lors que l’infraction est commise en dehors de la ville, c’est
w
le prévôt des maréchaux qui est compétent. Avec pour nuance le cas des infractions
commises par les vagabonds. Là, même si l’infraction est commise à l’intérieur de la ville, le
w
prévôt des maréchaux reste compétent. Le prévôt des maréchaux est supposé sans cesse
w
faire des chevauchées pour traquer le gibier de potence. Ils sont aux aguets, un peu comme
des radars automatiques. Une fois les coquins arrêtés, ils ont compétence pour les juger,
sommairement, de manière expéditive. Condamnation à mort, aux galères, etc. ses
sentences sont exécutoires, sur le champ, sans appel possible, du moins dès lors que le
prévôt des maréchaux juge avec 7 officiers royaux. Cette juridiction est en tout cas efficace,
d’où sa popularité. Les cahiers de doléance demanderont ainsi régulièrement leur
augmentation.
E · Le Ministère public
C’est un corps d’officiers chargé de représenter le Roi auprès des diverses
juridictions. Ces officiers ne sont pas des juges. Ils ne font pas partie des tribunaux. Ils sont
simplement établis auprès d’eux. Le ministère public regroupe les gens du Roi, ou le
Parquet.
Son origine est encore controversée. L’expression même de Parquet désigne le lieu,
le parc, où les gens du Roi se rassemblent pour entendre les rapports qui leur sont adressés,
ou pour prendre des conclusions. Parfois aussi parce qu’ils se tiennent debout. Bref, le
ne
parquet trouve son origine dans la nécessité qu’a le Roi de défendre ses intérêts d’abord
fiscaux. Ainsi, en France, nul ne plaide par procureur, hormis le Roi. Le Roi, et ben il est Roi. Il
hi
intervient au nom d’un intérêt supérieur, en tant que souverain. Le passage de la suzeraineté
ac
à la souveraineté n’y est pas pour rien. Le Roi se voit reconnaître la possibilité d’avoir des
gens spécialement affectés. Petit à petit s’affirme la notion d’intérêt public. Les gens du roi
aM
doivent aussi avoir pour mission de défendre l’intérêt public, de promouvoir, d’inciter à
poursuivre tout ce qui attrait à l’Ordre public. C’est au XVème que cela a lieu. Au XVIème siècle
ils deviennent de véritables officiers. Il y a désormais des gens du Roi auprès de toute
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et un avocat. En revanche, pas de gens du Roi au Conseil du Roi. Tout simplement parce que
le Roi est toujours censé y être présent. Ces gens du Roi forment un collège indivisible, le
co
parquet.
d.
indépendance. Le Parquet s’intéresse à ce qui touche l’Ordre public, la société, mais aussi les
w
incapables supposés être sous la tutelle du Roi. Les informations, interrogatoires, doivent leur
être communiqués. Une ordonnance de 1579 de Blois enjoint au Procureur de faire diligente
poursuite et recherche des crimes. Il leur appartient d’intervenir d’office. Une fois la sentence
rendue, les gens du Roi veillent à l’exécution de la sentence, mais encore à ce que les parties
ne s’entendent pas pour transiger ou éviter l’exécution de cette sentence.
Les lettres de cachet se distinguent des lettres patentes, forme plus ordinaire et
ouverte. Les lettres de cachet sont closes, cachetées par le sceau du Roi. Les lettres de cachet
permettent au Roi d’exercer une Justice confidentielle, personnelle. Alors là, pas besoin de
procès. Ces lettres de cachet ont été très fréquentes sous l’Ancien Régime. Entre 1740 et 1750,
on compte ainsi 18000 lettres contre des laïcs, 6000 contre des clercs. Certaines sont prises à
l’initiative du Roi lui-même, genre pour l’affaire des colliers de la Reine, ou contre Voltaire,
Diderot, etc. Dès lors que la sécurité publique, que l’intérêt public est spécial, le roi peut
prendre la liberté de juger lui-même l’affaire. Mais il arrive encore des cas où les familles les
demandent. Par exemple lorsqu’une famille entendait étouffer certaines frasques…
Forcément, ces lettres plaisent… c’est l’expression d’un pouvoir tyrannique dénonçaient les
anciens. Les cahiers de doléance les dénoncent. Il faudra attendre 1789 pour les voir
disparaître. Il serait à la mode de réhabiliter les lettres de cachet. Ce ne seraient finalement
ne
pas l’expression d’un absolutisme royal, mais plus le moyen pour des familles de sauver les
meubles, leur honneur.
hi
ac
Le jugement des placets est la possibilité pour le Roi de répondre personnellement
aux demandes de justice que ses sujets peuvent lui présenter. Cela rappelle les rescrits. Cette
aM
demande peut être orale, au cours par exemple des déplacements du Roi dans son Royaume.
La demande peut encore être par écrit, par des placets. Cette justice est bien plus populaire.
En 1584, il est ainsi demandé au Roi de recevoir un jour durant ses sujets. Plus tard, Louis XIV
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réservait certaines matinées à l’audition de ses sujets. Le Roi écoute, en compagnie de ses
m
conseillers, en compagnie de ses sujets. Les requêtes dont est fait droit peut entraîner la
condamnation de son administration.
co
d.
officiers, qui leur permettent de passer outre les règles normales de procédure.
w
choisit des personnes de confiance, et les nomme par voie de lettre comme Juge de l’affaire
w
en question. Ce sera le cas lorsque l’affaire est particulièrement délicate. En 1579, cette
pratique finit par être interdite avec une Ordonnance de Blois. Mais malgré tout, la pratique
perdure, surtout en matière criminelle. Fouquet, arrêté en 1661 par D’Artagnan, est jugé par
une Chambre réunie par voie de lettre de commission. L’affaire des poisons est réglée sur le
même modèle. Généralement, les membres ne sont pas choisis pour leur magnanimité.
Le Roi peut intervenir dans un jugement pour atténuer une règle de Droit
particulièrement rigoureuse. Il le fait par la voie des lettres de justice. Le Roi est ainsi
intervenu fréquemment en faveur de débiteurs malheureux. Le Droit romain permettait
d’éluder la force obligatoire d’un contrat affecté par une lésion ou un vice du consentement.
Le contrat étant annulé, le débiteur échappait à la sanction qu’il encourait.
Enfin, le Roi peut intervenir par voie de lettre, pour accorder sa grâce. Cette grâce
n’efface pas le crime, mais épargne la peine. Ces grâces ont été fréquentes au Moyen Âge,
sous l’ancien régime. Elles dépendent un peu du calendrier, d’un anniversaire, du beau
temps, d’une bonne baston, etc. Les lettres de grâce sont accordées moyennant finance et
certains crimes ne peuvent pas en faire l’objet, comme le duel.
ne
être clerc, il faut être tonsuré. Certains en profiteront. Les pèlerins, les croisés, les étudiants
(ahhh) aussi. L’Église a également prétendu connaître de toutes les infractions relatives à la
hi
discipline religieuse. Le blasphème, l’hérésie, la sorcellerie sont de bons exemples. Pour
ac
l’hérésie, une juridiction toute particulière est créée en 1231 en Italie et en Allemagne. En 1233
dans la France du Nord, 1234 pour la France du midi. C’est l’inquisition. Franciscains,
aM
dominicains la dirigeaient. Ils étaient directement rattachés au Pape. À la fin du XIIIème siècle,
pour faire droit aux revendications de la population méridionale en proie aux abus des
inquisiteurs, Phil, Philippe Le Bel, animé par la volonté de casser les genoux du Pape, place la
/L
répression de l’hérésie sous la responsabilité des évêques devant siéger avec l’inquisiteur ou
m
son délégué.
co
repentir. Dans les cas les plus bénins, les juges ecclésiastiques vont avoir tendance à
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graves, quand l’Église est convaincue que le coupable est relaps, qu’il est perdu, alors, il est
condamné à mort. Sarah Connor, pardon, Jeanne d'Arc fût ainsi considérée comme relapse.
w
Avec la théorie des cas privilégiés, le roi affirme la compétence des juridictions
w
laïques, même lorsque le coupable est un clerc. On entend restreindre le privilège du for.
Section 2
Les sources du Droit pénal
Nullum crimen nulla sine. Pas de peine sans Loi.
Le Roi intervient rarement en matière pénale. Durant les premiers temps des
Carolingiens, des capitulaires, inspirés de modèles romains, étaient pris pour réglementer les
comportements des sujets. Il en résultait nombre de prescriptions en matière pénale. Avec la
féodalité, la Loi est délaissée. Chez les Capétiens, le Roi perd de fait son pouvoir législatif.
Philippe le bel, conseillé par ses légistes, en même temps qu’il recompose son domaine, en
même temps qu’il réaffirme sa souveraineté, va s’imposer peu à peu comme une source
législative. La Loi doit être consentie, notamment par ses concurrents, les seigneurs. La Loi
n’intervient alors que si elle est justifiée par l’utilité commune. Elle ne saurait être prise
contre une coutume, le Roi en étant le gardien. Finalement, le Roi ne légifère que s’il crée
une incrimination nouvelle, ou pour réglementer la procédure. L’essentiel des sources en
matière pénale reste la coutume.
ne
Paragraphe 1er Le Droit pénal coutumier
hi
ac
Si l’on regarde la doctrine du XVIIIème siècle, les lois du Roi sont en haut de la
hiérarchie des sources. Mais bon, c’est plus alors le reflet d’un souhait que celui de la réalité.
aM
Au Moyen Âge, il y a d’abord les chartes municipales, adoptées par les premières
villes, souvent après négociation avec les seigneurs. Elles entendent mettre en place des
/L
réaction à l’arbitraire du seigneur. Le plus souvent, ces chartes prévoient des peines fixes,
pécuniaires, tarifées en fonction de l’importance de l’infraction. À la fin du Moyen Âge, ces
co
Il y a en outre les coutumes territoriales. Ces coutumes sont, sauf celle de Bretagne,
rib
très laconiques en matière pénale. Elles s’intéressent aux méfaits. Les plus graves, au Moyen
Âge, c’est le vol. Le Vol un signe de trahison. Le voleur trahit la confiance que chacun doit
.sc
pouvoir avoir avec autrui. Celui qui vole se place en dehors de la communauté, et han tu vas
avoir des problèmes toi ! Ensuite, il y a dans le même genre trahison. L’incendie coûte aussi
w
cher. La peine sera, fonction des coutumes et des époques, la mutilation, d’un pied, d’une
main, d’une oreille, ou plus simplement, la mort. Ces coutumes illustrent l’influence du
w
Droit romain. C’en est ainsi lorsqu’elles se préoccupent de donner une définition, d’énoncer
w
des catégories. La coutume du Beauvaisis définit ainsi le larcin comme le fait de prendre la
chose d’autrui à l’insu de celui à qui elle appartient, dans l’intention d’en faire son profit au
détriment du propriétaire. La coutume du Beauvaisis s’attache encore aux circonstances. Il y
a le vol flagrant, le vol de nuit, avec escalade, entre proches parents… Complicité, recel sont
également traités.
Les juristes entendent donner une place toujours plus importante à l’élément
intentionnel. Le suicide est un crime capital. Il entraîne la mort. Dur… si le suicidé était en
état de démence, puisque le fou ne sait pas ce qu’il fait, ça va, on ne tuera pas le suicidé.
Voler soixante sous doit être plus sévèrement puni que de voler un oison. À délai
égal, les paysans et autres gens rustres le seront moins que les autres parce qu’ils sont
excusables d’ignorer le Droit.
ne
Reconquis sous la Royauté médiévale, comme le monopole de la frappe, ces droits
hi
permettent au Roi de prévoir que celui ou ceux qui oseraient faire monnaie semblant à la
monnaie du roi, bref faire de la fausse monnaie, tombe sous le coup d’une incrimination
ac
pénale. De même, la lèse-majesté, qui vise le roi, ses proches, ses biens, créée sous Rome, et
tombée après les francs un peu dans l’oubli, est redécouverte dans la renaissance du Droit
aM
romain. La lèse-majesté va permettre la création de nouvelles infractions. Comme en
témoigne le principe d’une armée permanente, affirmé suite à la guerre de Cent Ans. Le Roi
prend une ordonnance courant XVème siècle par laquelle il qualifie de crime de lèse-majesté
/L
les agissements des particuliers qui oseraient lever, conduire, mener, et recevoir compagnie
m
public va permettre de poursuivre tous les trafiquants genre ceux du sel. Il va également se
tinter de religion chrétienne pour sabrer ceux qui agissent de manière contraire à l’Ordre
rib
public chrétien. Nombreuses sont les ordonnances prises dès le XIIIème contre ceux qui
avaient pour lubie de blasphémer. François Ier en prend une ainsi en 1523, contre les…
.sc
mangeurs de peuple. Le blasphémateur irrite Dieu, Dieu qui va se venger et balancer moult
calamités sur l’ensemble de la Nation française. Brrr. Fin XVIème on reconnaissait cependant le
w
Le duel a aussi un effet quant à l’Ordre public. La pratique apparaît aux tous débuts
w
Le port d’arme, longtemps licite, est finalement interdit courant XVIème. L’État se
police peu à peu. Les vagabonds sont errants, dangereux, donc interdits. La mendicité aussi.
Le Roi intervient par voie législative, envoie les Hommes aux galères à perpétuité, enferme
dans les hôpitaux les Femmes.
Les bohémiens, égyptiens prennent ainsi cher. En 1682, ils sont condamnés aux
galères à perpétuité.
ne
second cas, c’est ouvrir la porte au secret et à la torture.
hi
Une autre ordonnance est elle prise en 1539, par François Ier, c’est celle de
ac
Villers-Cotterêts. Elle aborde de nombreux sujets, de la langue à la matière criminelle. La
langue est donc plus accessible, les dispositions sont complétées, la procédure extraordinaire
aM
est alourdie, la présence du ministère public est affirmée dans tout procès. Toute instruction
criminelle nécessite la participation conjointe de deux magistrats. Le procès est divisé en
deux, instruction et jugement. L’instruction permet de rechercher toutes les preuves. Le Juge
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Ces deux ordonnances de 1498 et 1539 sont fondamentales dans l’histoire du Droit
co
pénal. Pour la première fois, un Roi détermine avec méthode des règles régissant la
procédure. Pour autant, à l’époque, bof. Les juristes consultes ne sont pas particulièrement
d.
demande aux principaux membres du Conseil d’État d’établir, en procédure pénale, ce qui
est pourri et ce qui ne l’est pas. Le plus souvent, ce qui est critiqué, c’est la justice
w
seigneuriale, la justice ecclésiastique, c’est aussi les épices. Mais bon, le Roi ne peut pas
w
Oui alors non, le Code vise pas une matière obscure, mais s’intéresse aux esclaves…
Il y en a plusieurs. Le premier réglemente en 1685 la vie des esclaves noirs dans les
colonies françaises. 60 articles, touchant au civil comme au pénal. L’Église est hostile à
l’esclavage, de même que certains Parlements. Le Code noir, critiqué, représente malgré tout
une certaine amélioration de leur condition, surtout en matière pénale. L’esclave reste certes
une chose. Mais le Code affirme cependant que les esclaves doivent être baptisés. Leurs
maîtres doivent les nourrir, vêtir correctement, leur donner des funérailles dignes de la
religion chrétienne. Ils doivent être soignés. Quand ils sont vieux, leurs maîtres ne doivent
Mais bon, malgré le Code, les pratiques perdurent, de même que la torture ou les
prisons privées.
Section 3
Les gens de Justice
Qu’elle soit déléguée, d’exception, ou droit commun, les justices sont composées
dès la fin du Moyen-Âge par des officiers. L’officier, titulaire de sa charge, du fait du système
ne
de la patrimonialité des offices, va avoir tendance à… amortir son investissement. Le fait que
les caisses royales soient toujours vides n’améliore pas tout ça. Le plaideur passe donc à la
hi
caisse.
ac
La Justice est payante.
aM
L’officier, titulaire de sa charge, est inamovible, sauf cas spécial genre la forfaiture.
/L
Peu à peu, les corps judiciaires vont acquérir une certaine indépendance par
co
rapport au Roi. Les membres des Parlements se regroupent et énoncent pour théorie celle
des corps parlementaires, en vertu de laquelle les parlementaires se situent dans la
d.
mouvance des anciens plaids francs. Ce sont les représentants de la nation contre le Roi. Dès
rib
À la base, les magistrats sont des officiers, des officium, ce qui désigne toute
fonction publique remplie au nom du Roi et par délégation de son autorité.
Outre les officiers, on a les commissaires. Eux aussi sont délégués par le Roi. Eux
reçoivent la délégation pour un temps déterminé, pour une tâche précise. La lettre de
commission le précise. Les officiers, depuis 1467, sont inamovibles, contrairement au principe
initial voulant que celui qui a reçu la délégation du Roi puisse voir ce dernier lui retirer
comme bon lui semble. Les offices s’achètent, pour le plus grand bienfait des caisses royales.
Dixit Louis XIV « la plus belle prérogative des rois de France est que lorsque le Roi crée une
charge, Dieu crée aussitôt un sot pour l’acheter. Mais bon, certains offices permettent
l’anoblissement. Sous Colbert, 70000 officiers de judicature. Un siècle plus tard, la
savonnette à vilain marche à plein régime. Il y en a 90000 de plus. La fonction étant trop peu
rémunératrice, les officiers vont se faire payer des épices.
À l’origine, les épices sont des cadeaux spontanément donnés par les plaideurs, a
priori en remerciement. Traditionnellement, il s’agissait d’épices. Chemin faisant, la pratique
perdure, s’institutionnalise, guise de travail accompli au cours d’un procès. Mais bon, les
épices aiguisent la soif… pour les historiens, ces épices ne dépasseraient tout compte fait pas
Une fois la charge achetée, il est quand même requis du magistrat qu’il dispose de
certaines connaissances de la matière juridique. Il lui faut un diplôme de droit. Droit
enseigné à l’époque en 3 années. Les deux premières années étaient consacrées le droit
romain, quand la dernière visait plus précisément le Droit français (du moins à partir de
1679). L’enseignement du Droit est critiqué, d’abord parce que la part des coutumes y est
faible, ensuite parce que les enseignants sont un peu des branquignols ou des poivrots.
L’absentéisme était déjà fréquent. Bon, d’un autre côté, nombreux sont les étudiants qui
payaient leurs camarades pour les représenter.
Age, diplôme, absence de parenté avec les magistrats déjà en place, le candidat
doit ensuite se présenter. Sauf obstacle, il est installé dans sa charge. Il peut y rester jusqu’à
sa mort. La retraite, connaît pas. Faut dire que la charge de magistrat confère un certain
nombre de privilèges, genre celui de juridiction, genre des exemptions fiscales, sur la taille,
sur les impôts indirects. Dispense d’hébergement des gens de guerre… généralement, les
magistrats sont illustres. Généralement. Au criminel, les audiences ne pouvaient avoir lieu
que le matin, de façon à s’assurer l’attention du magistrat.
ne
hi
ac
Paragraphe 2e Les auxiliaires de justice
aM
A · Les huissiers
/L
L’huissier doit aussi avoir certaines compétences. Tout est relatif. Il doit savoir
rib
écrire. Avec le temps, ses fonctions sont diversifiées. L’huissier va être chargé de différents
actes de procédure. Il sera chargé de la citation des parties. Ce sera encore lui qui sera chargé
.sc
de l’exécution de la décision. Dans certaines situations, l’huissier allait même s’installer chez
le débiteur condamné, aux frais du débiteur.
w
w
B · Les notaires
w
Le notaire apparaît dans l’Italie médiévale, dans le nord, dans les villes. Les relations
commerciales y sont particulièrement florissantes et importantes. Elles requièrent une
confiance réciproque, dont on attend parfois qu’elle soit renforcée. Les notaires sont
supposés être les garants de la foi publique. Peu à peu, le notariat va se développer. Certains
notaires vont se placer directement au service du Roi, notamment au Parlement, où il y a
ainsi des notaires du Roi chargés de suivre et consigner par écrit ce qui se passe à l’audience.
C · Les greffiers
On les appelle les greffiers. Eux aussi sont titulaires d’un office. Il y a le greffier à la
peau pour l’expédition des actes. Il y aussi le greffier… au sac, qui range dans ce sac tous les
actes de la procédure. D’où… l’affaire est dans le sac ! Enfin, il y a le greffier des arbitrages.
Mais lui, on en parle pas. Les greffes ont d’abord travaillé sur… un rouleau, où était reporté le
texte de tous les arrêts d’une session. À partir de ce rouleau, on reportait le texte des arrêts
D · Les avocats
Les avocats sont à l’origine ad vocati. Ce sont ceux qu’on appelle pour témoigner
en sa faveur, pour témoigner de sa moralité. Ce sont à l’origine des amis, des clients, des
parents. L’orateur, le rhéteur s’occupe de porter la parole de son client. Sous l’Empire, il y a
glissement sémantique. Dorénavant, celui qui plaide est avocat. Il a pu suivre des études de
droit, sans que ce soit nécessaire. Il lui faut en tout cas avoir suivi des études de rhétorique.
Mais il ne reste pas très très bien vu, d’autant plus au vu de ses honoraires parfois
exorbitants. Alors que le Droit est une chose si sainte qu’on n’est pas supposé estimer en
argent. La profession s’organise sous l’Empire.
Ils ressurgissent avec la renaissance du Droit romain. L’avocat qui plaide d’un côté,
ne
le procureur qui mène la procédure d’un autre côté. La première ordonnance royale sur les
avocats remonte à 1274. Ils prêtent alors serment une fois par an. Leurs honoraires sont
hi
plafonnés. Il n’est supposé plaider que des causes… justes. Les avocats ont en tout cas le
ac
monopole de la plaidoirie en matière civile. En matière criminelle, avec l’ordonnance de 1328
et plus tard avec l’ordonnance de 1670, les accusés doivent répondre seuls, sans en passer
aM
par le ministère d’avocat. L’avocat peut défendre son client, mais par voie écrite. On
considérait que le but du procès était toujours d’obtenir la vérité. On ne veut pas que
l’avocat fausse les propos de son client. En matière civile, on s’en tape. Même s’ils palabrent.
/L
m
L’ordre des avocats remonte après la fronde parlementaire du XVIIème. Les avocats
sont jusqu’alors sous la tutelle des magistrats. Il n’y a pas encore de corporation. Après la
co
Fronde, les avocats instituent cet ordre. Le bâtonnier le dirige. Il tenait un bâton contenant
les saintes reliques de Saint-Nicolas.
d.
rib
E · Les procureurs
.sc
Ce sont aussi des officiers. Ils sont les rivaux des avocats. Les procureurs se
développent d’abord devant les officialités, les juridictions ecclésiastiques, au XIIème siècle.
w
L’institution va être ensuite reprise par les juridictions laïques. L'activité du procureur est
w
réglementée. Ils sont regroupés dans une corporation sous l’autorité ecclésiastique. Les
w
procureurs prêtent serment, de respecter le client, d’éviter de prendre trop son pied à
tartiner la procédure. La Monarchie va organiser le monopole de la postulation, sans cesse
critiqué par les avocats et par les plaideurs.
Chapitre III
La Justice à l’œuvre
Section 1
L’instance
ne
Entre la fin du XIIIème et le XVème, la procédure subit un petit coup de tuyau
hi
d’arrosage. On va passer d’une procédure accusatoire à une procédure inquisitoire. Par
ailleurs, et de plus en plus, on va abandonner l’irrationnel. On va faire appel à des experts,
ac
des techniciens…
aM
Ces transformations ont lieu en partie grâce à l’Église. Au XIIIème siècle, l’Église met
au point une procédure mise au point sous l’Empire romain.
/L
Les officialités poursuivent les délits ecclésiastiques, non les péchés. Pendant
d.
1 · Le flagrant délit
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w
Pour le canoniste, c’est le délit manifeste, le délit notoire. Ça, c’est un crime su de
tous. Puisque tout le monde le sait, l’Église considère que le Juge peut poursuivre d’office le
w
coupable, sans pour autant avoir été saisi par un accusateur. Il devra faire la preuve du
w
2 · La dénonciation
Première forme, la dénonciation évangélique. Ah, saint Matthieu. Elle s’appuie sur
la déclaration « si ton frère vient à pécher, vas le trouver et reprends-le, seul à seul. « S’il
t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi un ou deux
autres pour lui coller une bonne tarte, que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou
trois témoins. S’il refuse encore, dis-le à la communauté. S’il refuse même d’écouter la
communauté, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain ». Han. Moralité, poursuite
d’office, reposant sur la dénonciation basée sur la charité. Mais oui. Il faut le ramener sur le
droit chemin pour que lui soit administré un juste châtiment canonique.
3 · L’inquisition
L’inquisition a été instituée pour réprimer, du moins au départ, les délits
imputables aux ecclésiastiques, genre simonie, le concubinage ou l’hérésie. SATAN Ahhh. Le
Juge pouvait alors poursuivre d’office, sans attendre qu’un accusateur se présente. Cette
procédure a été mise en place pour la première fois en 1198, consacrée en 1215.
Le Juge va s’efforcer de susciter des témoins, témoins qui vont déposer à charge,
mais sans la présence de l’accusé. C’est plus simple comme ça.
Si l’accusé est reconnu coupable, la peine appliquée sera en général plus douce
ne
que celle prévue par le droit canonique, parce qu’il n’y a pas eu d’accusation préalable. Le
Juge entend arbitre. Il modère la peine en fonction des circonstances.
hi
ac
La peine répond à une nécessité, ramener le coupable vers le droit chemin.
aM
L’inquisition a été utilisée par l’Église pour débusquer les hérésies. En Espagne tout
particulièrement, en France, du côté des albigeois du XIIIème au XVème siècle. La procédure
commençait par une tournée dans les régions concernées. L’inquisiteur formule des
/L
harangues au cours desquelles il invite la population à dénoncer les hérétiques, et pousse les
m
Celui qui se fait chopper est jugé. La procédure est solennelle. Le coupable est souvent vêtu
rib
de rouge et de jaune, où sont cousus des diables, des langues de feu. L’inquisiteur n’est pas
non plus en reste.
.sc
Le plus souvent, les peines semblent être en réalité modérées. Là aussi… tout est
w
relatif, car les sanctions allaient de la prison à la flagellation ou pouvaient toucher tout un
groupe. On détruisait par exemple une maison. La mort pouvait être prononcée, mais plus
w
rarement. Les relaps passaient eux au grill. D’après des chiffres rassemblés par des historiens,
w
Bernard Gui, grand inquisiteur, entre 1307 et 1323, grand inquisiteur, a prononcé 42
condamnations à mort. Dans certains cas, l’inquisition a pu faire le procès d’hérétiques, mais
déjà morts et enterrés en terre sainte. Bah là, on le déterre, on jette son cadavre sur la voierie.
B · Le développement de la procédure inquisitoire dans les cours laïques à la fin du XIIIème et au début du XIVème
Dès l’époque féodale, on relève des germes de procédure d’office. En cas de
flagrant délit notamment. Le seigneur pouvait alors agir d’office.
Lorsque le duel est interdit, par Saint Louis, la solution va être de recourir à un Juge.
Le début de la procédure reposant sur la dénonciation. Avec le développement de la
dénonciation, le Ministère public va enquêter.
Aux XIVème et XVème siècles, les formes inquisitoires sont fixées. La saisine du Juge
peut se faire par dénonciation, plus rarement par accusation de partie formée (c'est-à-dire
Pour des causes simples, c’est la voie ordinaire. Pour les crimes « énormes », pour
les grands crimes, là c’est la voie extraordinaire. Secret et torture sont les maîtres mots. On
soumet à la question l’accusé, jusqu’à cinq fois. C’est au Juge d’en décider. Le procès ayant
toujours pour objectif de révéler la vérité, sous le regard de Dieu. On entend parvenir aux
aveux, les arracher par la torture. Genre l’eau. Une fois les aveux obtenus, ils doivent être
réitérés en dehors de la question. Si jamais l’accusé s’entête, qu’il s’était entraîné à résister,
bah là, n’ayant pas avoué, il est lavé de toute accusation. M’enfin bon, faut réussir à résister.
Le jour du jugement, il est mis devant ses juges, sur la sellette. L’accusé doit réitérer ses
aveux, la sentence prononcée.
ne
Paragraphe 2e L’ordonnance de 1670
hi
ac
Ø La procédure aM
La procédure est inquisitoire. Le Juge a un rôle actif. Son pouvoir se manifeste
notamment au niveau de l’instruction. Il peut s’immiscer véritablement dans la vie des
intéressés. Il peut se rendre sur place… le Juge peut se faire assister par des techniciens. Une
/L
grande importance est donnée aux rapports que peuvent rendre des experts, des experts
m
médecins ou chirurgiens, des experts sanitaires… (cf. le boucher qui s’amuse à refourguer de
la viande pourrie). Au-delà de cette volonté de rationaliser les modes de preuves, A l’époque
co
cadavre est supposé identifier son coupable. Les plaies sont supposées saigner lorsque le
vilain passe devant lui. Un autre mode de preuve consiste à attacher le suspect au cadavre. Si
.sc
le vivant s’en sort indemne, c’est qu’il n’était pas coupable. Sinon, bon… pour le Parlement
de Bretagne, la cruentatio est la preuve par excellence.
w
Une fois l’instruction rondement menée, le procès a lieu. L’accusé comparaît. Il est
w
même interrogé. Il est sur la sellette, devant ses Juges. Seul. Du moins pour les crimes
w
capitaux. Pour les autres, qui présentent un caractère technique, genre ceux relatifs aux
banques, aux péculats, l’accusé peut bénéficier du concours de son avocat. L’interrogatoire
reste bref. En fait, la religion du Juge est en général déjà acquise. Il a déjà pu se faire une
opinion auparavant. Si le suspect a été torturé, et qu’il en est ressorti des aveux, ceux-ci
doivent être réitérés. Le jugement est ensuite rendu.
Moralité, le Juge est le garant du procès. C’est lui qui prend l’ordonnance de corps,
dont l’exécution est assurée par les sergents de la juridiction, qui doivent donc arrêter le
suspect. C’est encore le Juge qui décide ou non le recours à la torture.
ne
Section 2
hi
ac
Le Jugement
aM
En quelle langue déjà ? À partir de 1539, c’est en Français. Le Latin est dorénavant
en tant que langue judiciaire. Tous les actes, lois doivent être rédigés en Français.
/L
m
co
la Cour… »
Jusqu’en 1276 environ, le Roi siège en son conseil. Le Roi entend les parties,
w
demande à ses conseillers de lui donner leur avis, en suite de quoi il rend sa sentence. Ces
w
jugements relèvent des raisons. À partir de cette date, lorsque le Roi en a gros sur la patate,
w
qu’il préfère aller chasser que jouer au Juge, la décision est prise à la majorité. L’absence du
Roi modifie donc le mode de décision, mais aussi le mode de justification. Le Roi exige de ses
conseillers qu’il ne dise pas le pourquoi de la décision. Le Roi exige seulement le dispositif. Le
motif, qu’importe. La règle est consacrée aux alentours des années 1330. Ça va durer comme
ça jusqu’à la Révolution. À la différence des Anglois, chez les fromages qui puent, pas de
règle du précédent. L’arbitraire prime. Les juristes de l’époque invoquaient la théorie
l’essence divine de la Justice, en vertu de quoi il est impossible de remettre en cause la
décision du juge. Autre argument, c’est le fait que les voies de recours soient épuisées. Si tel
est le cas, bah plus besoin de motiver, tout en sachant qu’il reste la possibilité du pourvoi.
Au premier degré, en matière criminelle, les décisions sont motivées. Elles sont
susceptibles de voies de recours. Certaines décisions rendues par les présidiaux doivent être
motivées, même si elles sont rendues en dernier ressort, mais du fait de l’importance des
personnes visées.
ne
hi
L’appel est ouvert à tout homme de condition libre, noble ou roturier.
ac
L’appel comme d’abus est une variante. La mode est au gallicanisme, qui incite le
aM
Roi à étendre sa compétence contre les officialités. Le Roi va considérer que les officialités
font preuve d’abus pour certaines questions, qui relèvent par nature du laïc. Les officialités
jugent donc de manière abusive. Le Roi sort donc cette carte de l’appel comme d’abus
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chaque fois qu’une autorité ecclésiastique est un peu trop gourmande. Moralité, cet appel
comme d’abus se rapproche de la notion d’excès de pouvoir. Cette procédure va être
m
consacrée à la fin du XVème siècle. L’appel comme d’abus est ouvert à tous, laïcs comme
co
clercs. Le plaignant défère au Parlement ou au conseil du Roi l’acte qui est supposé abusif. La
Liste des motifs fondant ainsi ce genre de recours ne cesse de s’élargir. Cette liste n’est pas
d.
limitative. Il suffit de prouver qu’il y a eu… abus. Les juges laïcs étant quant à eux indulgents
quant à l’appréciation d’abus. Le Parlement ou le Conseil a donc pouvoir de casser la
rib
décision rendue par le tribunal ecclésiastique. C’est davantage une cassation. Dans le cas où
il y a cassation de la décision, le tout est renvoyé à la juridiction ecclésiastique pour qu’elle
.sc
C · Le recours en cassation
Dans un premier temps, il est inenvisageable. Peu à peu émerge l’idée que le
jugement rendu par la plus haute juridiction puisse être été mal rendu. L’idéal de bonne
justice impose donc l’idée d’un recours contre la violation de la Loi. Au départ, on l’appelle
proposition d’erreur. Au XIVème siècle du moins. Cette proposition d’erreur disparaît dans la
première moitié du XV mais ressurgit. En 1579, l’ordonnance de Blois consacre ce qu’on
appelle désormais la cassation, recours en révision, qui prend donc une nouvelle dimension.
Les parties elles-mêmes agissent contre une décision définitive, et visent une erreur de droit,
genre violation des ordonnances et coutumes, incompétence ou excès de pouvoir, violation
d’une formalité essentielle…
Section 3
La peine
La peine doit infliger une souffrance équivalente à ce que la victime a subi. Petit à
petit, c’est la notion d’Ordre public qui a été mise en avant. La peine doit servir l’Ordre
ne
public, doit permettre de mettre à l’écart le coupable. La peine doit aussi servir à éviter la
répétition de l’infraction. On s’intéresse alors à l’effet exemplaire de la peine. Le châtiment
hi
doit marquer les esprits, être publique. Bref, il doit être dissuasif.
ac
Les fonctions de la peine varient selon que l’on se place du côté spirituel ou
aM
temporel. Le Droit pénal ecclésiastique s’attache d’abord à une répression rétributive et
perfectionnelle. Petit problème pour les ecclésiastiques, c’est de savoir si l’Homme a la
possibilité de juger son semblable. Pour les ecclésiastiques, la fonction fondamentale de la
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peine est l’amendement du coupable. Le reste, ça relève de Dieu. Les hommes peuvent
m
essayer de remettre dans le droit chemin celui qui a péché. Mortification, pénitence
corporelle, pèlerinage, aumône, emprisonnement doivent permettre à celui qui s’est égaré
co
c’est le pain de tristesse et l’eau d’angoisse. Brrr. Finalement, la prison sert à ceux qui n’ont
rib
pas forcément été condamnés, mais qui souhaitent se retirer spontanément pour méditer.
C’est la réclusion. Pour les pairs de l’église, il y a encore d’autres possibilités. Le coupable
.sc
peut se voir interdire l’entrée dans l’église, l’interdiction de la communion. Han… l’officialité
a horreur du sang et ne peut prononcer la peine de mort. C’est seulement dans les cas
désespérés que c’est possible, lorsque le coupable erre dans l’erreur. Genre les relapses.
w
w
L’emprisonnement n’est pas prévu. Certains coutumiers, à la fin du Moyen Âge, utilisent la
prison comme un lieu de purgation de la peine. C’est le cas pour des délits généralement
mineurs. Le prisonnier y est enfermé à ses frais. La peine a une vertu essentiellement
expiatoire et exemplaire. La peine frappe celui qui a péché. La peine doit aussi servir à éviter
la commission de mêmes infractions. Le crime est apparu très tôt, dès que l’État est apparu
comme une menace pour l’Ordre public. D’où la mise en place du recours à la force et à des
sanctions cinglantes. « il faut contenir par la crainte des châtiments ceux qui ne sont pas
retenus par la considération de leurs devoirs ». Domat affirme quant à lui que la Justice doit
contenir par la vue et la crainte et des peines ceux qui ne s’abstiennent des crimes que par
cette crainte ». La peine est moins tournée vers la victime que vers l’Ordre public. D’où
d’ailleurs le pouvoir inquisitoire de la procédure.
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Sous l’influence des lumières, on commence à s’intéresser à l’amendement du
hi
pouvoir… à l’amélioration de la situation du coupable, bref à sa réhabilitation, histoire de le
réintégrer. Certains magistrats vont ainsi prononcer des peines d’emprisonnement en
ac
remplacement d’une sanction légale.
aM
1 · La peine de mort
/L
peine de mort était relativement rarement prononcée. Vu les registres d’écrou du châtelet, à
la fin du XVème, le nombre des criminels condamné à la mort ne dépassait 1 %, alors même
co
que le prévôt de Paris était réputé pour être strict. À partir du XVème, et surtout lors du XVIème,
la peine de mort prend de l’importance, mais reste minoritaire. Le rituel de la mise à mort n’y
d.
est pas indifférent. Le condamné qui marche au supplice qui rencontrer une jeune femme
rib
vierge qui le demande en mariage, le voilà gracié ipso facto. Sous la République romaine,
celui qui marchait vers son triste sort qui rencontrait une vestale pouvait espérer la rémission.
.sc
Le condamné, destiné à être pendu, dont la corde se rompt, est le signe d’une intervention
divine, que le procès a donc été vicié, qu’il fallait au moins le gracier. De même, pour une
w
décapitation, en cas d’erreur (genre ?!), et bah on peut gracier ou rejuger le condamné.
w
L’erreur judiciaire fait toujours un peu peur. On flippe que le condamné à mort
w
injustement revienne d’entre les morts pour hanter ceux qui l’auront mal jugé. Si une
sentence est mal rendue, mais qu’on s’en est rendu compte un peu trop tard, bon bah
l’autorité judiciaire peut être contrainte à une sorte de procès inverse. Le Juge qui a
condamné sera condamné à défendre le supplicier, quitte à exhumer la dépouille de la
victime, et à lui donner un baiser de paix.
Concernant le supplice proprement dit, pour les faux monnayeurs, c’est cuisson à
point. On le fait bouillir. Les roturiers, on les pend. Pour les voleurs de grand chemin, pour
les parricides, pour les crimes d’une certaine ampleur, on les envoie à la roue. Briser bras et
jambes à coup de barre de fer. Pour les plus chanceux, éviscérer. Ensuite, exposer le résultat
sur la roue, jusqu’à ce qu’il crève. Le retentum est une mention apportée au jugement pour
que le bourreau l’étrangle préalablement pour lui éviter le supplice, mais attention. Le fait
discrètement, pour que la foule n’y voit que du feu. Foule qui apprécie en tout cas ce genre
de spectacle. Pour les mères infanticides, les jeunes femmes doivent être exécutées sur le lieu
même où elles ont commis leur crime, histoire de marquer les esprits. Pour les voleurs de
grand chemin, les juges sont assez sévères et prévoient dans certains cas que le corps du
mecton soit débité en autant de parties que de lieu où il avait volé.
La peine peut aussi servir à renflouer les caisses de l’État. On veut rentabiliser la
peine. Les galères sont un bon moyen. La mise au travail des mendiants également, dans le
bâtiment ou l’artisanat.
ne
adultérine. Jusqu’au XVIème, dans le sud, on pouvait faire… courir nu le convaincu d’adultère,
dans toutes les rues de la ville. L’Homme porte à son cou un écriteau marqué adultère. Pour
hi
les excités du sexe, on les condamnait au plongeon, là aussi dans le plus simple appareil. Le
mari, qui laisse sa femme tomber dans la débauche, peut être condamné à se promener
ac
derrière un âne dans toutes les rues de la ville. La même peine est appliquée au proxénète.
aM
On peut aussi exposer au pilori avec un écriteau expliquant la raison pour laquelle
la personne a été condamnée.
/L
Pour le récidiviste, lui ouh, on l’aime pas. La peine ne l’a pas calmé. On va donc le
d.
marquer sur le corps, pour le stigmatiser. Le corps est souvent associé à la peine comme
élément marqueur. Les galériens sont marqués GAL sur l’épaule. Le voleur, d’un V. le
rib
famille. Les biens du coupable confisqués, sa maison rasée, la femme, les enfants, les
w
ascendants, bannis. Et on fait disparaître son patronyme. Les villes qui s’amusent à la
rébellion, à la violence collective, sont tenues pour responsables. La communauté dans son
w
Dans certains cas, on pouvait intenter des procès contre les animaux. La mère qui
jette son enfant dans une porcherie voit la truie qui l’a bouffé être convoquée au procès et
être condamnée à mort. On peut aussi les condamner pour hérésie. Une ânesse est jugée,
mais meurt avant l’exécution de sa peine. Du coup, on rachète une ânesse pour qu’elle
subisse la peine. Il ne semble pas que l’animal soit pour autant reconnu comme sujet de
droit. Les animaux n’ont pas d’intention. Ce sont… des bêtes. Saint Augustin, à propos de ce
« problème », évoquait que l’exécution des animaux devait se comprendre comme la
nécessité de ne pas donner lieu au souvenir du crime. Une autre justification pouvait être de
purifier le tout. Laisser survivre la truie qui a bouffé l’enfant serait lui permettre de récidiver.
ne
précède la peine. L’influence du Droit romain est encore notable. La victime évalue elle-
même le montant de son préjudice.
hi
En cas d’homicide, forcément, c’est plus compliqué. Généralement, le gars qui fait
ac
l’homicide répare la famille du défunt. Mais là encore, comment concilier ce principe avec les
aM
textes de Droit romain, sachant que ceux-ci excluaient toute possibilité d’évaluer en argent la
vie d’un Homme. Pour Gaius, au IIème siècle, « le corps d’un homme ne peut donner lieu à
une estimation en argent », enfin pour un Homme libre. On a ainsi admis une réparation au
/L
titre des œuvres perdues, genre les gains dont le défunt aurait pu faire profiter sa famille. On
entend indemniser la perte de chance. Finalement, pour l’homicide, il y a indemnisation non
m
pas au titre de la vie elle-même, toujours inestimable, mais à raison des conséquences
co
pécuniaires du décès.
d.
l’Église. Frais d’obsèques, frais de dernière maladie, misère économique de la famille, quitte à
piocher dans les biens du coupable.
.sc
w
Chapitre IV
w
w
Ces modes ont été introduits dans les années 1970. Ils sont désormais plus que bien
ancrés. Ils tendent à mettre en place une justice qualifiée parfois de réparatrice, restauratrice.
L’idée est que, plutôt que d’administrer une sanction par l’intermédiaire d’un Juge, la
qualification, tout ça, bien vaut tenter de développer des solutions qui reposent sur la
volonté des parties elles-mêmes. Ces solutions permettant de réparer le préjudice causé par
l’infraction. Cette justice s’occupe davantage de rétablir du tissu social que de distribuer des
coups de bâton. On a l’impression que l’opération de qualification est trop rigide. Ces
Pour tenter de sauver les meubles, les pays de droit romain se sont tournés vers
d’autres modes. Ça a été notamment le cas dans les pays de common law. La conciliation est
un bon exemple. Les recours à la conciliation, à la médiation sont le reflet de solutions
coutumières dans des sociétés traditionnelles, des solutions adoptées par la communauté.
Alors quand les juristes vont décider de les appliquer, au civil, au pénal, pfioulala. Les
instances européennes vont inciter ce mouvement. En 2005, en Belgique, une Loi pénale
prévoit la médiation à toutes étapes de la procédure. Elle prévoit même qu’une fois le
jugement rendu, il soit possible aux parties de se rencontrer. Bon tu m’as tué, mais
finalement, hein, on doit pouvoir s’entendre. En France, en matière de droit du travail, en
matière de droit de la consommation, de droit de la famille (…), la conciliation prend des
galons. Un droit collaboratif apparaît pour éviter le procès. En droit pénal, la difficulté, c’est
que la matière soit en principe indisponible. La médiation pénale tendrait plus vers
l’oxymore.
ne
Mais bon, toujours est-il qu’elle se développe. Son développement a forcément
hi
entraîné des critiques. Ne serait-ce qu’en matière pénale, les critiques fusent sur le rôle du
ac
parquet qui dépasserait alors un peu ses attributions. Et la présomption d’innocence en
prend un coup. Et c’est peut-être aussi une tendance à s’intéresser d’affaires peu
aM
importantes qui, jusqu’ici, seraient passées au travers des filets de la justice. Et c’est peut-être
instaurer une justice à deux vitesses, comme si ça ne l’était pas déjà.
/L
Section 2
m
On se base là aussi sur l’anthropologie. Leurs travaux ont incité les historiens à
rib
reconsidérer la question de la résolution des conflits dans le passé. Faut-il se fier aux seules
sources officielles ou bien s’intéresser à d’autres sources ? Bah pour Rome, pour le Moyen
.sc
âge, les historiens ont compris que se fier à une seule source, bah c’était pas futfute. Les
registres du Parlement, au Moyen âge, montrent que peu de plaintes sont déposées. Mais on
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sait que la France du Moyen Âge et de l’Ancien Régime voit la baston être à la mode, entre
hommes, entre femmes, et entre hommes et femmes.
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La transaction, via un pacte de paix, est licite jusqu’au XIIème siècle. En matière
pénale, ces pactes tendent à devenir illicites. Enfin en France, car en Castille par exemple, ces
pactes restent licites. Ces pactes, bien qu’illicites, continuent d’être appliqués jusqu’au…
XVIIIème siècle, avec le concours des notaires.
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ac
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d.
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Chapitre I
Justice & réformes : une nécessaire redéfinition de la Justice
Cette Justice comporte un certain nombre de lacunes, régulièrement dénoncées
dans les cahiers de doléance et plus tard par les lumières.
Un problème majeur, c’est celui consécutif au fait qu’a été empilé tout un tas de
réformes sans jamais profondément ravaler l’ensemble.
Section 1
Les dysfonctionnements de la Justice
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Paragraphe 1er Multiplication & enchevêtrement des juridictions ac
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Dixit LOYSEAU, « la justice royale n’est plus qu’une cascade de juridictions, qui de
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chute en chute, traine les justiciables dans un gouffre où très peu ont le bonheur de ne pas
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être engloutis ».
co
compétentes. Malgré cette complexité de la procédure, les justiciables arrivent à s’en sortir
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ou à en tirer profit, histoire de faire durer le procès. Le XVIIème siècle voit un engouement
pour la procédure.
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médiévale, composé de droit romain et de principes canoniques, cuit dessus dessous par les
commentaires des médiévaux, la doctrine de l’époque, la doctrine savante, le tout sur un lit
de tribunaux.
La divergence entre les pays de coutume et les pays de droit écrit a une importance
plus conséquente. On est plus dans une optique pratique. Le Royaume de France vit sous le
règne de la coutume, mais il y a des coutumes, très différentes selon que l’on soit au Sud ou
au nord du Royaume. Au Nord, et bah ce sont des pays de coutumes, par essence différentes
selon les régions. Ces coutumes sont peu à peu couchées sur le papier, perdant de leur
caractère coutumier. Au Sud, l’influence romaine est plus importante. On les appelle parfois
pays de droit écrit. Enfin, bon, même s’il y a eu romanisation, même au Sud, ce droit romain
La renaissance du Droit romain s’observe plus au Sud qu’au Nord, tout en restant
notable dans celle-ci.
Outre les coutumes, il y a les ordonnances royales qui veulent favoriser une
certaine unité, mais qui en rajoutent une couche.
Et l’octroi des privilèges, privilèges, de privata lex, la loi particulière, bref, l’Ancien
Régime en est friand. Chaque groupe veut avoir son privilège. On a ainsi parlé de forêt de
privilèges. Les pays – régions – en obtiennent à foison. Coutumes, fêtes, poids et mesures,
usages, etc. les communautés de personne – les classes sociales, les corporations et Cie – en
obtiennent également à tort et à travers.
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Les officiers sont les plus casses-genoux. Ils ont acheté leur charge, et entendent un
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retour sur investissement. D’où l’histoire des épices. Leur mission passe après. Il n’est pas
rare qu’ils s’absentent un peu tout le temps. Il faut donc les remplacer. On en vient à
aM
permettre à des notaires ayant plus de 10 ans d’expérience de les remplacer.
Le prince de Monaco est sommé en 1754 par le Parlement de faire procéder sous 15
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jours aux réparations des prisons et à la construction d’un véritable auditoire. Toute
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seigneurie judiciaire doit avoir un auditoire et des prisons décents, séparés du château.
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Il a été prévu dans la deuxième moitié du XVIII de supprimer les officines. Mais bon,
le projet a été avorté, d’une part pour les risques politiques, d’autre part pour le risque de
d.
Les pouvoirs acquis par les parlementaires qui s’estiment dépositaires des droits de
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la Nation, ensemble des personnes nées dans un même pays, sur un même sol. Bref la
Nation, c’est l’origine commune. À l’origine, il désigne de petits groupes, les habitants d’une
même province. Au Moyen Âge, on l’employait au niveau de l’université en regroupant des
groupements d’étudiants en nations.
Le terme de Nation est, pendant le XVIIème, accaparé par les parlementaires dans
leur quête de légitimité vis-à-vis du Roi. On oppose désormais aux droits du Roi ceux de la
Nation. Les parlementaires sortent de leur chapeau un argumentaire historique quitte à
broder au passage. Les nobles représentaient le peuple, la Nation, au moment des plaids, et
portaient les désidératas du peuple à la connaissance du Roi. Pour les membres du
Parlement, il y aura continuité historique entre les nobles francs et les parlementaires.
Section 2
La Justice & l’évolution des idées
Le XVIIIème est un siècle qui voit les nouvelles idées grouiller. Ce n’est pas le seul fait
des élites, théoriciens, intellectuels, etc. la société dans son ensemble s’excite dans des
cercles de réflexion, des journaux… le regard sur la société est voulu critique, voire
comparatiste. L’Angleterre est alors présentée comme un modèle. La Justice va être un point
de focalisation des critiques.
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papier. Pamphlets, lettres, romans, écrits satiriques, cyniques sont autant d’armes
disponibles.
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Le But, améliorer la société. aM
Une fois les idées dégagées, elles sont développées, partagées.
L’origine divine du pouvoir est critiquée. Le Roi qui guérit, on n’y croit plus trop.
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Les critiques visent aussi sur la procédure criminelle, sur la peine de mort, la
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torture. Ces critiques remontent quand même au XVIème siècle avec la gestion du procès
pénal. Au XVIIème siècle, la grande ordonnance de 1670 avait vu être posée la question de
d.
savoir s’il était intéressant ou non de maintenir la torture. En 1688, dixit LABRUYERE (≈⋲), la
rib
question est une invention merveilleuse et tout à fait sûre pour perdre un innocent qui a la
complexion faible et sauver un coupable qui est né robuste. Jusqu’à la Régence, ces critiques
.sc
globale de la société. Désormais, on s’intéresse un peu plus à l’Homme, à son libre arbitre,
w
L’Angleterre voit l’habeas corpus (1679) et le Jury ainsi mis en lumière. Un citoyen
anglais arrêté devait voir lui être notifiée l’accusation sous 24 heures. Toute personne qui
s’estime irrégulièrement détenue peut s’adresser au Juge d’une juridiction supérieure, et
celui-ci demander au gardien de le représenter afin de vérifier le motif de sa détention. Sauf
cas spéciaux, toute personne arrêtée pouvait obtenir sa remise en liberté sous caution. 20
jours après l’arrestation, le prévenu devait être traduit devant un premier jury, le grand jury,
dont la mission est d’examiner si les charges sont suffisantes ou pas dans la justification des
poursuites, sans quoi il devait être relaxé. Si les charges sont maintenues, le prévenu est
déféré devant un second jury de jugement. Pendant tout ce laps de temps, pas de torture. La
procédure est en tout cas considérée comme idéale. Notamment pour MONTESQUIEU qui
s’en fait un des ardents défenseurs. Il la rapproche de plusieurs procédures, genre la
procédure romaine républicaine, ou la procédure féodale. Dans ces cas, la procédure est
accusatoire, largement orale, et publique. BECARIA (≈⋲) et d’autres s’y rallient. Une justice
efficace doit être l’émanation du peuple. TURGOT, lui, exprime ses doutes.
Et alors les lettres de cachet. Houlala tu vas avoir des problèmes toi. Malesherbes,
en 1770, objurgue la mode des lettres de cachet, particulièrement celles en blanc. Après les
chèques en blanc, les lettres de cachet en blanc permettaient de se faire plaisir.
Les incriminations et peines ont également été sous le feu de moult critiques. Pour
les Lumières, les manquements à la religion ne devraient plus être sanctionnés par le Droit.
MONTESQUIEU compare lois divines et humaines. Ces lois diffèrent par leur origine, par leur
objet par leur nature. Ce sont deux ordres incompatibles. Il ne peut y avoir non plus de
confusion. « Il faut donc éviter les lois pénales en fait de religion ». BECARIA considère lui que
ne
l’infraction est un dommage causé à la tranquillité ou sécurité publique et c’est à ce seul titre
qu’elle doit être réprimée. Aucune considération morale n’est supposée intervenir dans
hi
l’appréciation de l’infraction. La peine n’est qu’une mesure dictée par l’utilité sociale de la
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peine. Il ne faut plus punir cuja pecatum, à cause du péché. Seule l’utilité sociale de la peine
compte. On entend éviter que, dans le futur, il y ait récidive.
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MONTESQUIEU est hostile à l’office de judicature, qui conduit à la confusion des
pouvoirs.
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Les sources du droit sont également fustigées. La Loi doit être la source de la
Norme. Et la Loi, c’est ce qui est contenu dans un livre, un code. Il faut pour cela mettre à
co
plat les droits pour en finir avec les disparités et donc imposer un modèle unique de droits.
d.
À la question de savoir privilégier quoi entre les coutumes et le droit romain, l’École
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du Droit naturel entend permettre la mise en place d’un Droit favorisant la promotion de
chacun au sein de la société, quand d’autres entendent défendre le Droit romain supposé
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plus efficace.
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Le Roi, surtout Louis croix v bâton, aidé de ses conseillers, a tenté quelques
réformes. Il avait prévu la rédaction d’un code de droit privé. COLBERT le souhaitait. D’autres
projets voient le jour, mais sont rejetés par les parlementaires. Toutes ces réformes sont
perçues comme remettant en cause les privilèges acquis par chacun. Moralité, il aurait fallu
en finir avec les parlementaires, les officiers, mais bon…
Malgré tout, en 1779, Un Édit supprime le servage. En 1787, les protestants ont libre
pratique du commerce, artisanat, professions libérales, etc. leur est également assuré un état
civil, laïc, car tenu par les officiers royaux de leur domicile. En 1788, le recours à la question
est enfin dégagé. Depuis 1750 la censure est assouplie. Tout est relatif, mais en 1788, elle est
supprimée, ce qui favorise une certaine liberté d’expression. Les physiocrates ont une
importance sur le plan économique. Il en découle le libre passage, démantèlement de la
police des grains…
Chapitre II
L’œuvre de la Constituante
Après 175 ans, les États généraux sont de nouveau réunis. Le Parlement décide de
muter en Assemblée constituante, puis Assemblée nationale, renforçant un peu plus le statut
de ses membres au passage. Il va en découler la DDHC du 26 août 1789 est le reflet des idées
des Lumières. Exit la hiérarchie des ordres. Égalité devant la Loi, égalité devant l’impôt,
égalité devant la fonction publique… le critère qui prime, c’est la capacité de chacun à
exercer un emploi. La liberté est un droit naturel, imprescriptible, dont découle le droit à la
sûreté. Nul homme ne peut être accusé, arrêté, détenu que dans les cas déterminés par la Loi
et selon les formes qu’elle a prescrites. La liberté de conscience, d’expression, d’opinion est
aussi pondue.
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Section 1
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Du terrible pouvoir de juger
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plan que le pouvoir législatif ou exécutif, ce qui passe par la mise en œuvre de la séparation
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des pouvoirs.
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Ainsi, interdiction doit être faite au juge d'empiéter sur le législatif ou sur les
fonctions administratives. Désormais, le rôle du juge est pensé par rapport à la Loi. Le rôle du
juge ne doit être que d’appliquer la Loi, expression de la volonté populaire, claire, limpide,
ne laissant plus au juge que le soin d'appliquer cette Loi.
Cette façon de penser le rôle du juge va de pair avec une nouvelle manière de
penser le jugement.
Dès lors, l’idée qui s'impose est celle d’un juge qui ne soit qu’une « bouche », une
bouche qui prononce les paroles de la loi, pour plagier Montesquieu.
ne
Ø Le juge doit se contenter de prononcer la loi.
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D’où des conséquences très strictes tirées de cette primauté de la Loi, tel le principe
en vertu duquel les délits et les peines doivent être strictement déterminés par les textes
ac
législatifs. Les mêmes délits doivent être punis par les mêmes peines. Le Code pénal déclare
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la fixité des peines, la loi n'établit pas un minimum et un maximum, mais prescrit, pour
chaque infraction, une sanction déterminée, histoire que le juge n'ait aucun pouvoir
d'appréciation en la matière.
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Sous l’Ancien Régime, l’office du juge était exalté, jugeant sous le regard de Dieu.
Pour les révolutionnaires, il faut envisager la justice de façon radicalement différente. Le juge
d.
C’est un arbitre des conflits. Cette fonction lui incombe à lui et à lui seul.
Le pouvoir judiciaire a bénéficié de l’exaltation du principe de la séparation des pouvoirs.
w
La DDHC met sur un même plan l’ensemble des pouvoirs. Le pouvoir judiciaire est le gardien
w
retenue. Cette justice retenue, trop liée au souverain, est désormais incompatible avec le
principe de séparation des pouvoirs. Ça profite au juge, au pouvoir judiciaire.
La Loi est considérée comme n’étant rien de moins que parfaite, limpide, ou claire.
Dans la mesure où elle émane du peuple, elle incarne et réalise cette volonté populaire. Il ne
reste plus qu’au juge à l’appliquer de façon automatique, mécanique. Donc nul besoin de
l’interpréter, ce qui lui est d’ailleurs interdit. Le Juge constate et qualifie les faits par
l’intermédiaire du fameux syllogisme.
ne
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C’est une autre œuvre de la constituante qui voit les délits et les peines doivent être
déterminés par la loi. Et ainsi naquit le premier Code pénal, avec la loi des 25 septembre et 6
ac
octobre 1792. Ce code ne s’intéresse toutefois qu’aux crimes. Ce premier Code pénal entend
aM
en finir avec le ramassis de crimes à l’arrière-goût de religion (hérésie, homosexualité,
adultère, sorcellerie...). Il n'envisage que les crimes vraiment nuisibles à la société.
/L
révolutionnaires est encore récente et fragile. On trouve aussi des infractions de nature
co
économique, comme les infractions à la personne... Le principe est que ne sont considérées
comme criminelles que les activités répertoriées dans ledit code.
d.
qu’il ne faille pas reconnaître au juge le pouvoir d'arbitrer la peine. Reste quand même la
possibilité de reconnaître des circonstances aggravantes.
w
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Pour beaucoup, la peine de mort était l’illustration du passé, et son interdiction n’était
qu’une réaction avec l’époque précédente. Ils n'ont pas été entendus et la peine de mort
demeura. En revanche, la torture a été interdite.
Le bagne, le gros lot en somme, c’est la déportation avec travaux forcés pour les
crimes les plus graves.
L’emprisonnement, avec fers et régime protéiné assuré.
Lʼemprisonnement classique, finalement, c’est un peu le cachot des lopettes.
ne
Ø L’encouragement de la conciliation et l’arbitrage
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La loi des 16 et 24 aout 1790 invoque la nécessité de simplifier les formes et
raccourcir les procédures, encourageant la conciliation et l'arbitrage.
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Certains avaient pourtant déjà prôné l'exemple anglais, dont il découlait un
courant de pensée divergente, donnant un corps certain à la conciliation. Sous l’Ancien
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Régime, bon nombre d'affaires étaient en effet résolues par voie de conciliation. Cette voie-là
m
perdure à notre époque, portée par l'idée que, dans la mesure du possible, il faille laisser la
nature opérer. Mais bien sûr. Ce courant prône la sensiblerie, on croit en la bonté de la
co
nature humaine. Le juge intervient de façon subsidiaire, car, dans un premier temps, mieux
vaut tenter la conciliation. C’est une référence aux autres droits. En Hollande, Angleterre, une
d.
L'arbitrage est le moyen le plus raisonnable de mettre fin aux contestations entre
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les citoyens. Il n'est pas possible de faire appel des sentences arbitrales. D'une façon
générale, si les affaires ne sont pas supérieures à 100 livres, avant d'aller devant un tribunal
w
de district, les parties doivent tenter de se concilier devant un bureau de paix (composé du
Juge de paix et ses assesseurs). En d’échec, il fallait produire un certificat de non-conciliation
w
Une autre application vise la matière familiale. La même Loi établit des tribunaux
de famille, histoire de « prévenir les divisions et les haines qui s'élèvent souvent dans les
familles pour des rasons d'intérêt ou pour la mauvaise conduite d'un de leurs membres ».
Il en découle des tribunaux de familles qui traitent de tout litige entre les membres d'une
même famille, mari versus femme, ascendants versus descendants... On y trouve des arbitres
désignés parmi les parents, les amis ou voisins de la famille. Chaque partie peut désigner
deux arbitres. Ce tribunal de famille rend un véritable jugement, une véritable décision de
Bordeaux-chesnel susceptible d'appel devant le tribunal de district. Sous l'AR, un bon
nombre d’affaires familiales était résolu de manière obscure, par le biais des lettres de cachet.
Elles manifestaient ces jugements arbitraires. Ces lettres de cachet ont été interdites.
ne
A · L'exemple anglais sur les jurys
hi
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Ø L’idée est ici d’une collaboration directe des citoyens à la justice.
aM
Le principe du syllogisme judiciaire conforte cette idée. Si le jugement consiste en
une simple application de la loi, il est admis d'envisager une collaboration active du peuple.
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Il est alors permis d'imaginer que les faits puissent être constatés par le peuple, si
m
bien qu’on fait fi d’une quelconque compétence, quitte à laisser le sale boulot de l’opération
co
Sur ces bases, DUPORT et quelques autres constituants ont proposé l’organisation
de tout un système judiciaire caractérisé par le fait que des jurys seraient appelés à statuer
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sur les faits, que l'on soit au civil ou au pénal, pour constater les faits. Ça lui permettait au
passage de reprendre son idée de justice ambulante, quitte à ressortir des coffres à souvenir
.sc
l’exemple carolingien avec les missi dominici qui allaient au-devant des justiciables...
w
convoquerait les citoyens pour qu'ils se prononcent sur les faits du litige.
w
Les Jurés peuvent rencontrer des difficultés lors de certaines questions techniques
et / ou complexes. Mis à part ça, une autre petite inconnue, c’est la passion. Les jurés
peuvent en effet être choisis sur les lieux du litige, et on peut raisonnablement se demander
si l’objectivité est de mise. Il pourrait arriver que certains jurés se trouvent bizarrement
impliqués dans l’affaire qu’il traite, directement ou non. Une autre difficulté encore plus
fondamentale est soulevée par TRONCHET, qui évoque que, quand bien même la distinction
entre les faits et le droit serait séduisante intellectuellement, en pratique, il puisse apparaître
bien plus tendu d'opérer cette distinction. Fait(s) et droit(s) st parfois si intimement liés que
la distinction peut être artificielle.
Finalement, l’Assemblée est sensible aux critiques, et opte pour une solution de
compromis. Il y aura des jurés en matière criminelle, mais pas en matière civile. Le 30 avril
1790, la Constituante établit des jurés en matière criminelle, histoire démarquer le juge pénal
du juge civil. C’est en matière pénale que le peuple doit participer à l'exercice de la justice.
ne
C’est un tout autre projet, de compromis, qui est adopté. Les juges seront toujours
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élus, mais au lieu que ce soit ad vitam æternam, c’est pour 6 ans, tout en sachant que la
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réélection est possible. Dans certains cas, les juges doivent effectivement avoir déjà exercé
des fonctions judiciaires ou être au moins assimilées. Les premières élections judiciaires
aM
durant l'hiver 1790-91. Son succès est tel qu’elles n’auront lieu que cette fois-là. En 1802, plus
rien de subsiste de ce choix.
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Reste le problème de l'intervention du Roi. Les juges élus devraient-ils être investis
m
par le Roi ? L'idée que toute justice vienne du roi est toujours répandue. D'autres font
cependant valoir qu'il faille au contraire faire table rase du passé, que le Roi n'est en aucun
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Il faut ancre le pouvoir judiciaire et fonder son autonomie totale par rapport aux
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autres pouvoirs. Cette solution est compromise. On veut que les juges élus soient institués
par lettre patente du Roi, qui ne pourrait les refuser.
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À part les juges de paix, les candidats aux fonctions de juge doivent donc avoir
w
exercé une fonction judiciaire ou parajudiciaire pendant au moins 5 ans, voire 10 ans pour les
juges de cassation. Aucun diplôme de droit n'est exigé. Le rêve. Ou le cauchemar. Le
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lendemain même du jour où est adopté ce compromis, les constituants font des concessions
w
Si nombreux ont été les projets menés à propos des juges par la suite, rares ont été
ceux qui ont souhaité revenir à cette élection des juges. Cet épisode aura finalement été bref,
alors même que les juges élus semblent avoir été de bons juges. Pauv’ bête.
Section 2
L’organisation de la Justice
Cette organisation est dominée par une distinction fondamentale entre justice civile
et justice criminelle.
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Les juridictions civiles sont ciblées par la loi des 16 et 24 aout 1790, qui distingue 3
sortes de juges.
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Ø Les arbitres
Ø Les juges de paix
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Ø Les juges ordinaires (juges des tribunaux de district)
A · Les arbitres
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Ils s'imposent du fait de cette idée qu'il faut s'efforcer de promouvoir une justice
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naturelle.
d.
Ces arbitres st considérés comme des juges. C’est dire la confiance que leur
manifestent les parties. La solution aura valeur de sentence judiciaire. Ces arbitres peuvent
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même une obligation, l’arbitrage est imposé, par exemple pour les affaires de familles par
w
exemple. Les procès entre proches parents doivent être jugés par des arbitres (chaque partie
w
en choisit deux).
Cette institution a toutefois fort mal fonctionné en matière familiale. Les parties se
st méfiées du manque d'objectivité de ces arbitres. La Loi précisait pourtant que ce devait
être des parents, amis, voisins... Mais les familles ont tendance à choisir des gens extérieurs,
souvent d'anciens juristes, quitte à leur accoler le titre de parents. On retourne vers un
professionnalisme que la loi avait pourtant voulu éviter.
Ces juges de paix remplacent les juges seigneuriaux, les prévôts de l'époque
antérieure. Il y a au moins un juge de paix par canton. Ils st élus pour 2 ans, et reçoivent une
faible indemnité. Ce sont souvent des notables, des bourgeois, qui st attirés par le prestige
que peut octroyer cette fonction.
C'est là qu'exercent ces juges élus pour 6 ans, à condition qu'ils aient déjà une
expérience de 5 ans, et qu’ils aient aussi un certain âge (au moins 35 ans).
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Ces juges exercent de façon collégiale (on se méfie toujours du juge unique). Il y a
cinq juges par tribunal avec en prime un magistrat chargé du ministère public, lui, nommé
hi
par le Roi à vie, j’ai nommé, le commissaire du roi.
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Il y a bizarrement une certaine suspicion envers le commissaire du roi. Mais le Roi a
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pris soin de choisir à chaque fois des personnes de compromis, après consultation avec les
députés de chaque département.
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du commissaire du roi.
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En principe, ils sont abolis. C’est lié d'abord à l'abolition des privilèges, à
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La pratique, c'est quand ça marche, mais que l'on ne comprend pas. La théorie,
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c'est quand on comprend, mais que ça ne marche pas. Finalement, théorie et pratique se
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Bref, en pratique, on constate que, très souvent, les parties ont tendance à
s'adresser à d'anciens avocats pour leur défense. L’effet pervers est qu’il n'y a plus d'avocat,
qu’il n'y a plus de corps, ni de réglementation, si bien qu’ils peuvent fixer eux-mêmes leur
rémunération.
E · La procédure
Il y un souci qui s'impose. On a comme point d’orgue la simplification, en
favorisant au maximum la conciliation préalable.
1 · conciliation
Au début de la procédure, la première étape obligatoire est l'essai de conciliation.
Cette première étape se déroule devant le juge de paix. Ce n'est qu'en cas d'échec de la
conciliation que l'affaire sera portée devant un juge.
2 · Appel
Là, problème était de savoir s’il était possible de maintenir l'institution de l'appel ?
Si les juges st élus par le peuple, comment admettre une erreur de la part d'un
représentant du peuple ? Aie, contradiction.
On craint de voir ressusciter des cours souveraines. Les constituants ont décidé
malgré tout d'admettre le principe de l'appel.
ne
Bon, mais alors, devant qui porter l’appel ?
hi
On craint aussi le retour des anciens parlements.
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Pr éviter ce désagrément, les constituants ont institué comme deuxième degré de
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juridiction un système d'appel circulaire. On fait appel de la décision d’un tribunal de district
devant un autre tribunal de district. On fait appel des décisions des juges de paix et
tribunaux de famille devant un tribunal de district.
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tribunaux de district les plus proches de celui qui a rendu le jugement. Ce système a
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Les causes commerciales ont, elles, toujours suivi un destin particulier : elles ont été
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Les causes administratives ont fait jaser. Les administrateurs étaient souvent juges,
d’où un problème, un problème qui n’a pas empêché ce système de perdurer.
A · La police municipale
C’est le degré inférieur de la justice pénale, pour les petites affaires, genre les
infractions aux arrêtés municipaux, et les petits délits entraînant une amende de 500 livres
maxi, ou un emprisonnement de 8 jours au plus.
B · La police correctionnelle
Les délits correctionnels punis d'amende et d'emprisonnement avec pour
maximum de 2 ans sont de la compétence d'un tribunal de police correctionnelle.
Ce tribunal est formé dans le cadre du canton, par le juge de paix du canton, qui va
être assisté de quelques citoyens, vu l’histoire de la justice populaire. Ces citoyens
n'interviennent que comme accesseurs, et n’ont qu’un rôle consultatif.
La mise en œuvre de l'action publique est laissée aux citoyens. Les citoyens sont
chargés de surveiller le respect de la loi, et sont chargés de dénoncer.
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La dénonciation est encouragée, notamment par le procureur de la commune,
sorte de cocktail raté entre administratif et judiciaire. Les décisions rendues par ce tribunal
hi
sont susceptibles d'appel devant le tribunal de district.
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C · Le criminel
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C'est au criminel que s'appliquent les principes de la nouvelle Justice pénale.
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La loi du 7 février 1791 prévoit une procédure compliquée, censée protéger les
m
Ça commence par une instruction préparatoire réalisée par le juge de paix, suivie
d.
par la procédure de mise en accusation, réalisée par un jury, censé être l’émanation directe
du peuple.
rib
Ce jury est composé de 8 membres, tirés au sort sur une liste de 200 citoyens
.sc
dressée par les autorités départementales. Ils constituent le jury d'accusation, présidé par le
juge du district. C'est à ce jury qu'il appartient de poursuivre ou non.
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l'accusé une ordonnance de prise de corps et le procès sera alors porté devant le jury de
jugement qui, lui, compte 12 membres.
Ces tribunaux ont été confrontés à une grande charge de travail, et à beaucoup de
délations abusives. Fallait pas.
C'est sans doute ce qui explique que les jurés ont souvent fait preuve d'une très
gde indulgence. La sévérité du Code explique également leur indulgence aussi. Les peines
prévues étaient sévères, si bien qu’ils pouvaient décider des faits non établis, alors qu’ils
l’étaient à l’évidence.
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hi
Alors là, on a toujours le spectre du parlement qui rôde. Mais prévalait également
ac
un autre argument, à savoir nécessité d'unifier la jurisprudence, mais encore le souhait de
contrôler l'activité de ce quarteron de juges.
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La multiplicité des tribunaux de district, avec l’appel circulaire, et la nouveauté de
cette administration l’ont finalement emporté et le tribunal de cassation, institué.
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A · Ses fonctions
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Une décision de justice ne peut être cassée que dans le cas où elle entachée d'une
d.
inobservation des formes ou d'une violation de la loi. Le tribunal de cassation est le « gardien
suprême de la Loi ». Il doit donc surveiller l'application de la loi, et sanctionner son non-
rib
respect, sans oser interpréter cette loi. Oui, car sa compétence ne lui permet pas de broder
sur la loi, ah ça, non et non. Tout juste doit-il se contenter de constater le non-respect à la
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Loi.
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En théorie, le problème ne se pose pas, car la loi est censée être claire, limpide.
w
tape une double cassation et un double renvoi, bon on peut commencer à se poser des
questions, et on renvoie la loi à ceux qui l'ont faite, on demande au législateur d'élucider le
problème. Alors là, magnifique. C’est le référé législatif, bonjour la séparation des pouvoirs.
On demande au législateur un décret déclaratoire de la Loi.
B · composition
Qui trouve-t-on au tribunal de cassation ?
Tout un tas de trainées élues pour 4 ans, à raison d'un juge par département. Ont
été généralement élus des hommes chevronnés, c'est-à-dire le plus souvent… des
parlementaires qui ont été séduits par l’idée de la révolution, ou celle de ne pas perdre la
tête, au choix. Bref, vive la fourberie.
C · Procédure
C’est toujours celle fixée par l’ordonnance de 1667. C’est dans les vieux pots qu’on
fait la meilleure crème. Bon je n’en profiterai pas pour faire une blague salace, mais ça me
démange.
Toujours est-il que la recevabilité du pourvoi est en premier lieu examinée par une
formation de quelques juges. Ensuite, une décision est rendue par le tribunal tout entier.
Paragraphe 4e Moralité
Le bilan de « l’œuvre » de la constituante est des plus mitigés.
ne
« On avait voulu supprimer la procédure, mais on ne supprimera pas les procès »
hi
L'aspiration des constituants était de parvenir à une procédure plus rapide, plus
simple, où participaient les citoyens, histoire d’en finir avec les obscurs procès, avec tout le
ac
secret qui va avec. Résultat, on a abouti à l’effet inverse, en multipliant les procès.
aM
Les constituants avaient voulu instaurer le principe d’une justice gratuite, mais on a
là aussi abouti à l’effet inverse. En effet, les défenseurs officieux se faisaient plaisir
/L
Mais ce n’est pas tout. Les constituants ont voulu mettre le citoyen au cœur du
co
procès. Bah là aussi, bonjour l’infarctus, les parties sont certes plus présentes qu’auparavant,
mais les constituants n’ont pas réussi à débarrasser le procès des « parasites » de la justice
d.
que sont avocats, avoués qui pouvaient accabler les parties de frais de justice.
rib
Concernant les juges, certes, beaucoup sont de bonne volonté, mais certains
d'entre eux sont, disons, patauds. Dans l'appréciation des faits au civil, les magistrats sont
.sc
parfois, bon ok, souvent béats devant la mauvaise foi des parties ou leur manque
d’expérience. Finalement, il apparaît aux constituants que la mission du juge est bizarrement
w
Cela dit, dans l’obligation de motiver, l’existence d'une codification pénale rend
beaucoup plus facile la motivation des décisions, au pénal. Les jugements sont donc plus
motivés. En revanche, au civil, la gaucherie des juges, qui ne disposent pas de code les voit
motiver dans le plus grand flou artistique.
La Justice donne une image plus rassurante, ce qui est dû aux efforts des juges de
paix, artisans d'une bonne justice, promoteurs d'une justice compréhensive et équitable. Le
juge de paix est d’ailleurs parfois appelé homme des champs. Lui n’a pas obligation de
motiver, car juge plutôt en équité.
Chapitre III
La justice révolutionnaire
On se trouve là après Varenne, lorsque Louis croix v bâton perd des points dans les
sondages, et sa popularité continue de s’effriter lorsqu’il abuse de son droit de véto,
convainquant ainsi le peuple qu’il est contre la Constitution. Moralité, il faut le condamner.
Section 1
Le procès du Roi
Forcément, il débute par une instruction, qui dure 4 mois. Mais un premier
ne
problème, c’était de savoir si le Roi pouvait être jugé. Pour certains, la procédure normale n’a
pas été respectée. Ce n’a pas été le cas en raison de la condition particulière du Roi. Il n’est
hi
pas un simple citoyen. L’instruction a été poursuivie par des commissions spéciales,
nommées ad hoc. Une première Commission, dite commission des tuileries, a eu pour tâche
ac
de mettre sous la sauvegarde des lois les papiers trouvés au Château. Après que ce travail ait
été effectué, la Commission des 24 a eu pour objectif de rassembler tous les problèmes
aM
juridiques qui pouvaient empêcher la tenue du procès. Son impact est relativement faible.
Un comité de législation a rendu un rapport qui a eu plus d’effet. Moralité, le roi peut être
/L
jugé. La personne royale n’est pas inviolable. En effet, l’inviolabilité ne joue pas, car le Roi et
le peuple sont étrangers l’un de l’autre. Le roi n’existe qu’en vertu de la Constitution.
m
L’inviolabilité est donc constitutionnelle. La Nation, elle, existe sans le Roi. La Nation n’est
co
pas liée par les règles constitutionnelles. Bon, le Roi peut être jugé, reste à savoir par qui, et
qui s’y colle ? La Convention, naturellement, qui représente la Nation.
d.
Ensuite, les débats s’ouvrent devant l'Assemblée, avec pour principe la légalité des
rib
délits et des peines, ce qui empêche que le roi soit donc condamné. Ce principe s’impose en
effet à tous. Mais pour certains, le Roi, puisqu’il n’est pas un citoyen lambda, puisqu’il est
.sc
étranger au pacte social, est sous le coup de la Loi naturelle antérieure à la création de la
notion de citoyen. Moralité, il faut le faire passer à trappe. Le 11 décembre 1792, une première
w
séance a lieu, durant laquelle le Roi ne se défend pas. Une deuxième séance a lieu. Les
w
défenseurs du Roi arguent du fait que les députés ne sont pas juges. La séparation des
pouvoirs n’y est pas étrangère. D’autres s’émeuvent de la peine de mort. D'autres encore
w
critiquent la rétroactivité de lois pénales plus rigoureuses. Bref, les débats sont houleux. Le 7
janvier 1993, la Convention clôt les débats. La culpabilité est établie… par scrutin, le 15
janvier. Le Roi est déclaré coupable de conspiration contre la liberté de l’État, attentat contre
la sécurité générale de l’État et allez, pour finir, trahison. Un autre vote a lieu sur
l’opportunité de soumettre ce jugement à la ratification du peuple. Bizarrement, le vote est
négatif, car la Convention redoute que le peuple soit trop clément. Les députés votent
ensuite la condamnation à mort du Roi.
Section 2
La Terreur
Le roi a été exécuté. Moralité, les insurrections, interventions étrangères vont de
plus belle. La Convention passe à la vitesse supérieure. Il faut faire régner un climat de
terreur pour que la Loi, la Nation soit protégée. Il en va de la révolution pour Roro. L'activité
législative est importante, très souvent liée au domaine sécuritaire, intérieur ou extérieur. Tu
touches à la nation, je t’éclate la gueule !! moralité, une « justice révolutionnaire » prend
forme. Les principes de la défense se ramassent des tartes. En parallèle de quoi des tranches
de citoyens sont distinguées. Ceux qui collaborent ont des bénéfices, genre la légalité des
délits et peines. On doit se méfier d’autres, qui menacent la Nation. Eux n’ont pas les droits
acquis par la Révolution. Droits de la défense par exemple. Ces mauvais citoyens, il faut s’en
débarrasser.
ne
Paragraphe 1er Les nouvelles tendances concernant les juges
hi
ac
La Convention décide de renouveler les juges pourtant élus. Mais vu le climat…
aM
délétère, la Convention décide qu’ils seront maintenant nommés par les administrations
locales. L’entorse au principe de la séparation des pouvoirs est flagrante. La Convention
intervient dans l’administration de la Justice, dans la nomination et même dans les
/L
jugements qu’elle peut casser. Cette emprise du politique va enserrer la société, permettant
m
Des lois vont le permettre, genre les lois sur les immigrés, c'est-à-dire ceux qui sont
sortis de France après le 1er juillet 1789 et qui ne sont pas rentrés avant mai 1792, ou tous ceux
d.
qui ne peuvent justifier d’une résidence ininterrompue en France depuis mai 1792. La
rib
sanction ? Le bannissement, la confiscation des biens, et s’ils se font arrêter, et bah c’est la
peine de mort. Pour le prouver, rien de plus simple, une déclaration conjointe de deux
.sc
est déferré devant une Commission militaire qui rassemble 3 à 5 juges militaires, assistés de
w
expéditive, extraordinaire. Leurs jugements ne sont bien entendu pas susceptibles d’appel. Si
l’immigré n’est pas arrêté les armes à la main, il est envoyé devant la juridiction ordinaire, ce
qui ne veut pas dire qu’elle soit plus clémente ou laxiste. L’immigré est toujours mauvais
citoyen. La procédure est donc simplifiée. Et l’immigré ne comparaît pas devant un jury.
Puisqu’il est mauvais citoyen, il n’a pas à être jugé par les bons citoyens. L’immigré
comparaît devant le tribunal criminel du département, devant des juges nommés. Le
jugement n’est pas susceptible d’appel. Il est prévu que la peine soit exécutée… sous 24h
chrono.
Les prêtres réfractaires sont aussi des mauvais citoyens. S’ils se font chopper, c’est
aller simple pour la Guyane.
D’autres citoyens vont être peu à peu considérés comme mauvais. À partir du
printemps 1793 notamment. Les auteurs de révolte, ceux qui y participent…
En parallèle est instaurée la mise hors la loi. Pour la Convention, certains citoyens
doivent être mis hors la loi en raison du danger qu’ils représentent.
ne
ennemis du peuple est « toute espèce de document ». La preuve peut donc être matérielle,
morale, verbale, écrite, bref tout ce qui permet d’obtenir l’assentiment de tout esprit juste et
hi
raisonnable. Mais bien sûr.
ac
Alors, l’instruction est toujours plus expéditive. Le tribunal préfère condamner
aM
qu’établir une quelconque vérité. Le tribunal a très peu recours au témoignage, sauf à
trouver des témoins à charge.
/L
La Terreur met également en place une nouvelle catégorie de citoyens, à côté des
m
mauvais citoyens. Ce sont ceux qui sont douteux, à la moralité douteuse. Il faut donc les
surveiller. La même Loi du 10 mars 1793 le prévoit. On les appelle suspects. Il faut les
co
l’objet de rumeurs.
rib
.sc
Section 3
w
Les juges sont à nouveau élus. En pratique, on constate toutefois que ce principe
subit nombre de tempéraments. Les élections des juges ont lieu tous les 5 ans, par bloc. Si
un Juge passe à trappe, le directoire est autorisé à nommer, au moins provisoirement, les
places laissées vacantes. Le pouvoir ne se prive pas de confirmer les choix des électeurs. Le
Juge est donc élu, mais une fois élu, il doit être désigné. La confirmation des juges est plus
ne
poussée que sous la Royauté. Le directoire peut en effet refuser la confirmation du Juge selon
son bon vouloir. Moralité, en pratique, l’exécutif squatte toujours le judiciaire. Des
hi
commissaires du directoire, nommés par le directoire, révoqués par le directoire, rôdent dans
les tribunaux.
ac
aM
B · L’organisation judiciaire
/L
demandes de renvoi pour suspicion légitime ou sûreté publique, les règlements des juges et
co
commissaire du pouvoir exécutif donc nommé par le directoire, et un greffier, lui nommé par
le tribunal. Ce tribunal correctionnel gère les infractions punissables de 3 jours à 2 ans de
w
prison. Il est prévu que les décisions rendues puissent être frappées d’appel, l’appel étant
formé devant le tribunal criminel.
Le Juge de paix, mis en place en 1791, est repris. Il gère les infractions de police
municipale, bref la vie quotidienne. Il est saisi sur requête de la partie lésée ou un
commissaire du directoire.
Chapitre IV
Les codes napoléoniens
La Constitution de l’an III dure un peu plus de 4 ans. Elle devient peu à peu trop
rigide. Les tentatives de renversement se multiplient. Le complot babouviste, du nom de
Gracchus Babeuf, est une illustration, manifestée par la conjuration des égaux, mais réprimée
dans le sang. Napoléon Bonaparte va aussi tenter son coup avec plus de succès.
Lui voulait au départ un seul code pour la matière pénale, criminel, correctionnel et
de police. Pour lui, la matière pénale doit être marquée par la force, la sévérité.
ne
évitant ainsi la case populaire. Un Juge, unique, procède à l’instruction préparatoire, secrète,
et écrite.
hi
Devant la Cour d’assises, dénomination de feu le tribunal criminel, les débats sont
ac
oraux, publics, contradictoires. L’accusé peut être défendu par un avocat.
aM
On transige entre l’ancien et le nouveau droit.
/L
pas le coupable. Pour beaucoup, la peine doit sanctionner. L’homme peut recourir à la
co
vengeance, qui doit être interdite. Il faut y renoncer et même au niveau de la peine. La peine
doit écarter le coupable pour qu’il ne nuise plus aux autres citoyens. Le récidiviste sera de
d.
nouveau marqué au fer rouge. En cas de meurtre aggravé, on coupe le poing du condamné
à mort, exécuté en suite en public. Les cadavres des suppliciers sont exposés, avec un
rib
écriteau expliquant les faits reprochés. La peine de mort est fréquente. Elle est conçue
comme un mal nécessaire. Archaïque ? Inhumain ? penses-tu. La Loi prévoit également la
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Napoléon, pour qui le modèle reste le décalogue. Pour lui, il faut être concis, ce qui laisse un
pouvoir d’appréciation au Juge.
w
Chapitre V
Le Droit pénal au XIXème siècle
Section 1
La pratique judiciaire
Le Droit pénal est trop sévère. Le Code de 1810 est même considéré comme
rétrograde par certains. Les jurys ont tendance à rendre des verdicts d’acquittement alors
que les preuves de culpabilité sont là. Les peines étant trop sévères, le Juge n’ayant pas le
pouvoir d’arbitrer la peine, et bah les juges rendent des verdicts d’acquittement plus
facilement. C’est vrai quoi, on va pas envoyer tout le monde en Guyane.
Section 2
Les pénalités
La grande Loi à retenir, c’est celle du 28 avril 1832. C’est l’aboutissement de ces
méditations. Cette Loi entend couper court au carcan, à la marque du récidiviste, à la
mutilation du poignet, etc.
ne
Nombreux sont ceux qui souhaitaient l’abolissement de la peine de mort, sans
hi
succès encore. La peine de mort est donc maintenue, mais pour les crimes atroces. La peine
ac
de mort doit toujours permettre au condamné de quémander la grâce. De fait, elles sont
souvent accordées.
aM
La Loi du 28 avril 1832 prévoit également l’application de circonstances atténuantes
ou aggravantes. C’est l’introduction un pouvoir d’appréciation du Juge. La fixité des peines
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montre ses limites. Il faut permettre au Juge d’arbitrer la peine, d’apprécier les circonstances
m
Chapitre VI
rib
Section 1
w
Section 2
Les solutions positives
La Révolution scientifique a vu le Droit pénal s’engager dans de nouvelles voies. Et
ça part d’Italie. La criminologie positive apparaît. En 1876, « l’Homme criminel » naît.
LOMBRESO est ainsi connu pour avoir dégagé l’idée de criminalité atavique. Il s’est ainsi
intéressé au physique des criminels. Buk. Il y aurait des facteurs récurrents chez les criminels.
Tous présenteraient des… particularités. Tous seraient porteurs d’anomalies anatomiques,
biologiques, allez, psychologiques. Faut dire qu’à l’époque, on croit beaucoup à l’idée
d’évolution des espèces. Moralité, les criminels seraient des attardés, des démoulés trop
chauds. Mais bien sûr. Et LOMBRESEAU fait le portrait du criminel. Petit crane, front étroit
pommettes saillantes, lèvres minces, mâchoires volumineuses, barbare rare, oreilles écartées,
insensibilité, une prédisposition au tatouage… Bref, dès l’enfance, on pourrait reconnaître les
prédispositions à la criminalité. Ses idées ont fait jaser. Même ses élèves trouvent qu’il faut y
rajouter une pincée de sociologie. Le milieu social a donc une importance. De même qu’a
ne
une influence la géographie. Les régions méridionales seraient des lieux où on bute plus.
L’Hiver, on vole plus. L’été, on viole plus. Le malfaiteur est finalement un « microbe » social
hi
qui menace l’intégrité de la communauté.
ac
Le libre arbitre n’est donc qu’une illusion, la responsabilité, un non-sens. La science
aM
permet de prévoir qui sera nominé ce soir comme un criminel. Le délinquant n’agit pas
consciemment, mais est conditionné. Le droit de punir s’analyse comme la défense du corps
social.
/L
m
l’intention coupable.
d.
Au XXème siècle, des thèses ont mis en lumière le fait qu’il y ait un fétichisme
rib
juridique conduisant à n’envisager comme aboutissement du conflit que le seul procès, avec
application de la Loi.
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common law les ont sortis de terre. La justice est considérée comme restauratrice. Elle remet
les choses en place. La femme décapitée par son époux un peu alcoolisé, bah on la remet en
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état, comme neuf. Cette remise en place passe par la conciliation, l'intervention de tiers,
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parents, amis, voire des juges. En Belgique, en 2005, une loi pénale donne une place
importante à la conciliation, du début à la fin du procès, même quand le coupable purge sa
peine de prison. A priori, les retours seraient positifs.
FOUCAULT, dans son ouvrage de 1975, Surveiller et punir, démontrait les dangers
de la prison. Pour lui, la prison, révolutionnaire, puis républicaine, ne serait qu’une forme
contemporaine et systématique du mouvement de grand renfermement des marginaux
commencé dès le règne de Louis XIV. La prison ne serait que l’aboutissement d’une politique
visant à écarter tout ce qui est altéré et/ou qui menace la société.