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Centre d'Histoire des Sciences

S O M M
UNE RÉALITÉ
ENVIRONNEMENTALE
Un milieu El Oued, se Urbanisation
Désert caillouteux à Téfedest vulnérable aux débarrasse de ses des villes
changements eaux indésirables sahariennes
INTRODUCTION climatiques
Page 6 Page 8 Page 10
Un pays appuyé Le désert : l’eau,
sur son désert la vie et le sable en Les valeurs de
le scorpion Hector Le barrage
Page 4 mouvement l’architecture du
plus vif que mort vert, pas si vert
Page 4 et 5 sahara
que ça
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UNE RÉALITÉ
PHYSIQUE U N E
Le sablier : Les dunes
un jouet et un outil rampent!
complexe Plus de vers
Page 12 Page 13 dans les papiers !
Plouf... dans le mirage !
Rose des sables Page 23
Page 14
Lac de Temacine à Touggourt

Remerciements
A I R E
UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE
L’héritage risque Le dattier, Fermes du désert :
de morceler symbôle de la Le nouvel Eldorado
les palmeraies civilisation Page 18
méditerranéenne
Un palmier pour Page 16 & 17 Pomme de terre :
deux la bonne affaire
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Le Sahara : Dihé : une galette Le méhari :
sous-exploré, aux algues bleues cheval du désert
sous-exploité
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Page 20
Désert de dunes à Tamanrasset

R É A L I T É C U L T U R E L L E
Sous un ciel L’inspiration des Recettes
étoilé, l’imzad poètes et des aux dattes
Nouvelles écrivains Citations et
transmet un
lumières sur l’art proverbes
message
rupestre Page 28
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a irs
D es INTRODUCTION

Le desert : l’eau, la vie


Un pays appuyé sur son désert
Le désert, ce n’est pas le vide. Cette vérité est autosubsistance.
particulièrement vraie en Algérie. Quatre cin- Le désert est enfin un espace de conquête, qui
quièmes du plus grand pays méditerranéen sont depuis fort longtemps déchaîne les rêves et par-
constitués de regs, d'ergs et d'oasis. Cet im- fois les projets les plus fous.
mense territoire demeure relativement mysté- Parce que le désert est surtout un milieu fragile,
rieux. Il y a encore beaucoup à découvrir pour qu’on a longtemps cru infini, inépuisable. Au-
comprendre comment fonctionnent ces étendues jourd’hui, la science nous montre chaque jour
de sable et de pierres, ces obstacles naturels sur que l’homme est susceptible de rendre la vie sur
lesquels viennent s’échouer les vents de sable. terre insupportable. Chaque grain de sable,
Le désert n’est pas unique. Chaque paysage, chaque pousse de pourpier porte la mémoire
chaque détour a une vie propre, une faune, une des agressions que nous lui avons portées et qui
flore, un sous-sol, un climat. peuvent un jour être fatales à nos enfants.
Le désert est ensuite une terre de civilisation an- Toutes ces raisons nous ont paru faire du désert
cienne, qui s’est adaptée aux rigueurs qui lui un plat de choix pour des journalistes attentifs
sont spécifiques. Les femmes et les hommes ont aux enjeux de la vie sur cette belle planète.
appris à utiliser à leur profit l’eau qui se glissait Nous espérons que vous partagerez nos interro-
entre les roches, qui leur permettait de vivre en gations, mais aussi notre enthousiasme.

Désertification ou ensablement Nouvelles stratégies


Le terme « désertification » est souvent associé, pour le commun
des mortels, à l'avancée du désert, aux dunes de sable contre l’ensablement
envahissant lentement des régions fertiles. Ceci est totalement

L’
faux. L’ensablement est l’une des manifestations de la accroissement de la popula-
désertification tion a vu, ces dernières an-

S
nées, une diversification des
elon la définition d'Action 21, sement progressif de son potentiel phy- activités socio-économiques.
au chapitre 12, la désertification sique, biologique et économique et L’expansion du tissu urbain et la mul-
est la dégradation des sols en donc la dégradation des sols vient sé- tiplication des zones de culture ont
région aride, semi-aride ou subhumide rieusement menacer la productivité grandement influencé la dynamique
sèche à cause de divers globale et, éolienne dans le Sahara. Ceci a pour
facteurs comme les L'homme détruit les ressources par consé- effet d’amplifier les phénomènes de
changements clima- mêmes dont dépend sa survie quent, la dépôt de sable. « Chaque fois qu’on
tiques et l'activité hu- subsistance construit dans le désert, on crée un
maine. de la population. Elle réduit la diversité obstacle qui aura un impact sur la dy-
Elle se produit lorsque les sols sont de la vie végétale et animale.
namique éolienne » affirme le Pr
fragilisés, le couvert végétal amenuisé L'humanité détruit les ressources
et le climat particulièrement impitoya- mêmes dont dépend sa survie. On dé- B.Remini.
ble. L’ensablement résulte de l’intensi- finit aujourd'hui la désertification L’oasien continue de dresser des bar-
fication de la dynamique éolienne qui comme un phénomène surtout socio- rières un peu partout. Les procédés
menace les ressources biologiques et économique où les ressources natu- traditionnels ne donnent des résultats
infrastructures socio-économiques. relles se dégradent par les pressions qu’à l’échelle locale.
Certains parlent, plus volontiers, de dé- démographiques et des pratiques d'oc- La lutte mécanique et biologique
gradation des sols que de désertifica- cupation du sol présentant un caractère s’avère comme étant plus un palliatif
tion, jugeant que ce dernier terme non durable. C'est là un processus de qu’une solution de longue durée. Les
évoque les déserts et la dévastation to- formation de nouvelles régions déser- moyens de lutte restent dérisoires, et
tale. tiques où la diversité se trouve détruite. à défaut d’une stratégie globale, la
Par sol, on sous-entend ici la terre et « Le Sahara est le plus grand et le plus désertification est le résultat inélucta-
l'eau, la surface du sol, mais aussi la beau désert du monde » dit Boualem ble. La contribution des outils spa-
couverture végétale naturelle ou les Remini
cultures qu'elle soutient. L’appauvris-

4
De

INTRODUCTION se
rt

et le sable en mouvement
Un méga projet rare et courageux
“Sur 750 km de distance, un grand débit d'eau sera acheminé par
refoulement jusqu'à Tam. qui n'aura plus soif “ indique le
professeur Boualem Remini, enseignant-chercheur à l’USDB.

L es ambitions "pharaoniques" grands aquifères fossiles au monde.


de l'Algérie sont au rendez- Celui-ci s'étend sur 600.000 km2 entre
vous. Le projet qui vise à ali- l'Algérie, la Tunisie, et la Libye. Afin
menter Tamanrasset à partir des eaux d'éviter certains problèmes soulevés
souterraines de la daïra de Ain Salah, par les scientifiques, l'Algérie recom-
mise sur un transfert de 50.000 m3 par mande de nouvelles simulations, dont
jour. Il nécessite
la mise en place Les critères de maintien des puits artésiens, des exu-
de 1.250 km de toires et des foggaras sont pris en considération
conduites, 24
forages et six stations de pompage. l'objectif serait d'identifier de nouvelles
L'enveloppe attribuée à ces travaux fa- zones de prélèvements. Les critères de
ramineux, avoisine la somme de 1,3 maintien des puits artésiens, des exu-
milliards de dollars. La réalisation des toires et des foggaras sont pris en
24 forages est attribuée à une entre- considération. Il en est de même pour
prise chinoise. Pour les stations de le respect des hauteurs de pompage ad-
Les images satellitaires ont permis pompage et les canalisations, des of- missibles, la préservation de la qualité
fres chinoises, espagnoles, portugaises, de l'eau à proximité des chotts et la ré-
de porter un nouveau regard sur la russes et françaises, ont été réception- duction des interférences entre pays
dynamique éolienne dans le désert. nées. voisins.
Estimée à 60.000 milliards de m3, la Si l'Etat projette de tels travaux, c'est
tiaux par l’analyse des images satelli- nappe du Continental Intercalaire près en vue de développer les villes du Sud.
taires offre une nouvelle approche de Ain Salah, constitue l'un des plus Bon signe pour l'avenir de l'Algérie.
pour mieux contrer ce fléau. Désor-
mais, ce phénomène revêt une dimen-
sion régionale. L’analyse des images
Le chott :
satellitaires a permis de mettre en évi-
dence des zones de déflation (dénue- un obstacle de taille pour le sable
ment), des zones de transfert et des
Sous forme de dépressions salines, les chotts peuvent contribuer à la lutte
zones de dépôt. « Il faut lutter au ni-
veau de la zone de déflation, et non contre l’ensablement. Tel est le résultat des travaux de recherche sur la dy-
namique éolienne et l’ensablement des espaces oasiens obtenus par les
professeurs M. Mainguet et B. Remini.
Il faut lutter au niveau de la zone
L’idée revient au Pr. B. Remini en collaboration avec le Pr. Mainguet,
de déflation
qui ont constaté que les chotts, les sebkhas et même les lacs endoréiques
pas au niveau des zones de dépôts » (fermés), ne sont pas ensablés.
ajoute notre interlocuteur. D’éminents L’imagerie satellitaire et les constatations du terrain, montrent que ces
spécialistes, notamment le Pr M. machines évaporatoires dévient les flux éoliens transporteurs de sable.
Mainguet et le Pr B. Remini, travail- Dans le désert, le chott apparaît sous forme de lac envahi par les oiseaux
lent depuis l’année 2000 dans le dé- migrateurs en période humide. Il est sec et parait couvert d’un film de
sert algérien. Les études des images couleur blanche en période sèche. Ceci est dû à la remontée des sels par
satellitaires sont toujours en cours, afin capillarité lors de l’évaporation des sols.
de proposer des outils globaux de lutte A l’échelle synoptique, le chott peut rentrer dans une stratégie globale de
pour l’ensemble des pays touchés par lutte contre l’ensablement. Il représente un relief qui permet de dévier
ce fléau. Le désert ne reconnait pas les le sable.
frontières tracées par l’homme.

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irs
UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE
a
D es

Un milieu vulnérable
aux changements climatiques
Au mois de mars dernier, une tempête de sable a frappé les climatiques.
régions du sud algérien. A Naâma, de nombreuses victimes sont Les déserts occupent un quart des
à déplorer, les murs de plusieurs habitations se sont effondrés. terres de la planète soit 33.7 millions
Un cheptel de 5000 têtes d’ovins a été décimé. A El-Bayadh, de kilomètres carrés entre les lati-
tudes 25 à 35 Nord. Le climat déser-
à Djelfa, à Laghouat, les intempéries ont fait des dégâts tique est sec et très chaud rendant
considérables… difficile la vie des hommes, des ani-

A
u mois de juin, les régions du perts sur l’évolution du climat) maux et des végétaux.Il n’y a pas
Sud et des Hauts Plateaux du estiment que ces bouleversements que ce phénomène naturel. Les ex-
pays ont subi une vague de météorologiques sont partiellement perts du PNUE affirment qu’entre
chaleur exceptionnelle. Le dûs à l’activité humaine et particu- 1976 et 2000, les températures des
mercure s'est dilaté, en avance pour lièrement aux émissions des gaz à régions désertiques ont augmenté de
la saison enregistrant des tempéra- effet de 2°C, soit bien
tures allant de 42 à 52 degrés, selon serre. ’Algérie n’est pas en reste, le Sahara oc- plus que sur le
des informations données par l'Of- Aujourd’hui, cupant 80% de sa surface reste de la pla-
fice national de météorologie les déserts nète (+0,8°C).
(ONM) à l'APS. Des vents de Sud- de la planète Dans le dernier
Est très chauds et secs ont affecté les sont sérieusement menacés par les quart du siècle, plusieurs déserts ont
régions sahariennes et celles de l’in- changements climatiques. Selon le vu leurs précipitations diminuer de
térieur provoquant des canicules ex- Programme des Nations Unies pour 5 à 10%, voire même de 15%, avec
ceptionnelles. Cette année encore, l’Environnement (PNUE), 500 mil- une vulnérabilité particulière pour
l’hiver a pris du retard en Algérie et lions de personnes, soit 8 % de la les déserts situés dans les latitudes
probablement partout dans le population mondiale vivant dans les inferieures.
monde. Les experts du GIEC régions désertiques du globe, sont Dans les pays limitrophes du Sahara,
(groupe intergouvernemental d’ex- menacées par les bouleversements le plus grand désert du monde, les
changements climatiques ont des
conséquences immédiates et
fatales : précipitations irrégulières et
sécheresses récurrentes. L’Algérie
n’est pas en reste, le Sahara occu-
pant 80% de sa surface. Selon un
rapport récent de l’ONU, si les ten-
dances actuelles se poursuivent, 60
millions de personnes auront quitté,
avant 2020, les régions désertiques
de l’Afrique subsaharienne pour
migrer vers l’Afrique du Nord et
l’Europe. Dans le monde, 135 mil-
lions de personnes sont, peut-être,
sur le point d’être déracinées de
leurs terroirs. Le climat a fait plus de
refugiés que les guerres. Des me-
sures importantes doivent être
prises à l’échelle mondiale.

Photo satellite d’une tempête de sable allant


du Sahara vers l’Atlatique

6
De

UNE RÉALIRÉ ENVIRONNEMENTALE se
rt

Le scorpion Hector
plus vif que mort Une personne piquée peut nécessiter
La région d’El Oued, comme tant bien plus d’une injection.
d’autres du sud algérien et des En ce mois de juin, Lazhar a livré
hauts plateaux, pullule de plus de 3000 scorpions à l’IPA mais
scorpions. C’est un danger qui il n’est payé que pour 2300 têtes
vous guette à tout moment et en suite aux critères de sélections de
tout lieu. l’IPA. Lazhar et les autres collec-
teurs se plaignent de cet état et du

F
ouad, huit ans, est un petit prix, jugé dérisoire, fixé par l’IPA. Il
chasseur de scorpions. Il a collecte les scorpions en attendant
appris, comme tous ses l’appel de l’IPA pour livrer car ce
frères, «ce métier » auprès dernier fixe des quotas par
de son père. Il a pour armes une wilayates. Les années précédentes,
pince, une paire de gants, une paire les services de la wilaya leur
de bottes, une barre pour déplacer payaient les scorpions récoltés et
les pierres et une lampe torche non livrés à Alger. Il réclame que
lorsqu’il sort de nuit. Le soir, après son association soit reconnue
l’école, il va à la chasse. C’est aussi Les jouets de Fouad. d’intérêt public et qu’elle bénéficie
son passe-temps durant les piqués, 62 personnes sont décédées d’une aide de l’Etat.
vacances. dont 12 à El Oued. Cette wilaya est L’Androctonus australis Hector, ce
Le père Lazhar, 51 ans, agriculteur scorpion bien de chez nous, est un
de son état, est président tueur d’hommes. Sa trace est trou-
de l’association de L’Androctonus australis Hector, ce scorpion vée dans 35 wilayates dont treize
collecte des scorpions bien de chez nous, est un tueur d’hommes marquées par des décès. Pour se
qu’il a créée en 1994. Il protéger, les habitants élèvent autour
assure aussi la réception de scor- classée deuxième en nombre de de la maison des gallinacés, poulets,
pions récoltés par les chasseurs de personnes piquées (6915) après dindes, pintades qui sont des
la région. Il les livre ensuite à Biskra (7754) et première en ennemis naturels du scorpion. Le
l’Institut Pasteur d’Alger (I.P.A). Ce nombre de décès. La DSP d’El Oued hérisson est aussi domestiqué dans
dernier n’accepte que les scorpions n’a reçu que 5000 doses, chiffre ce but.
vivants et de grande taille qu’il paie bien en deçà des besoins.
à 30 DA pièce.
L’IPA fabrique, à partir de leur
venin, le sérum antiscorpionique
vérifié (S.A.S) qui sera distribué aux
Insensible aux radiations ionisantes
directions de la santé et de la Le scorpion est capable de vivre dans des milieux extrêmes. Il peut vivre trois ans sans nourri-
population (DSP) des wilayates ture, mais pas sans eau. Il peut supporter des variations de plus de 50°C ou même des radia-
touchées par « l’envenimation scor- tions ionisantes. Il possède une grande faculté d’adaptation qui lui a permis de s’installer sur
pionique ». tous les continents, dans tous les biotopes et de 800 m de profondeur à 5 500 m d’altitude. La
D’après l’IPA, au cours de l’année plus forte concentration de scorpions se trouve dans l’hémisphère Sud, surtout dans les régions
2005, son service des sérums théra- chaudes.
peutiques a acquis et traité 30000 Le scorpion habite dans les régions sableuses, principalement dans les oueds et en bordure des
scorpions. 20 grammes de venins ergs, mais également dans les régions arides et rocheuses. Il n’hésite pas à s’approcher des ha-
ont été ainsi récoltés permettant bitations.
ainsi une production de 60900 Son activité est essentiellement nocturne et crépusculaire. Il se cache toute la journée pour ne
doses de SAS. En 2006, seulement sortir manger que le soir. Il se sert de ses pinces pour capturer les petites proies comme les in-
20249 scorpions provenant tous sectes et autres. Mais il se servira de son venin paralysant pour les plus grosses proies.
d’El Oued ont été récoltés assurant Les scorpions sont vivipares ou ovovivipares et donnent naissance à chaque portée selon les es-
ainsi 10 g de venin. pèces entre trois et plus d’une centaine de petits appelés pullus que la femelle porte sur son dos.
En 2006, sur un total de 48465

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irs
D es
a
UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE

El Oued, se débarrasse
de ses eaux indésirables
Depuis huit mois, les habitants de Sidi Aoun, une commune plique le directeur de projet côté
d’El Oued, s’habituent aux bruits des engins de tout gabarit. ONA : « 700 km de conduite, en
deux tranches de travaux. Des sys-
Le projet de drainage des eaux de la remontée commence. tèmes de drainage, d’assainissement

«L
et des STEP seront interconnec-
es Chinois ont déjà des constructions. Deux directeurs tés ». Pour la première fois en Al-
réalisé 58 forages, d’une de l’Office national de gérie, des canalisations en PRV
profondeur moyenne de l’assainissement, ont perdu leurs (matière résistante aux actions cor-
trente et un mètres » postes à cause des remous liés à ce rosives des sols salés), vont être uti-
affirme Benmia Mohamed, problème. lisées dans le réseau
spécialiste en systèmes de drainage. En 2003, le gouvernement a entre- d’assainissement, et dans le système
Le champ de forage va être connecté pris une opération de bouchage de drainage. Une conduite en PRV
à un système de drainage. « On va d’environ 200 ghouts, mais cette de six mètres de longueur, et de 800
pouvoir drainer opération était mm de diamètre, coûte 18 millions
toutes les eaux L’espoir réside dans la réalisation vouée à l’échec. de centimes.
qui posent du grand projet de drainage L’eau sous la A El Oued, 40 000 fosses septiques,
problème au pression des mil- sont toujours opérationnelles, d’où
niveau de la ville d’El Oued, et de liers de tonnes de terre va inélucta- le risque de pollution de la deuxième
18 autres communes limitrophes, blement, soit se déplacer vers nappe, qui connaît toujours un fort
vers Chott Melghir, d’autres endroits, ce qui s’est réelle- taux d’épuisement de ses eaux. En
à quelques 100 km plus au Nord » ment passé, soit remonter par capil- 1993, la dotation pouvait même at-
indique notre interlocuteur. 10km de larité et réoccuper tôt ou tard la teindre les 700 l/hab/j.
drain sont déjà réalisés. Il faut surface du sol. Pour drainer les eaux d’El Oued, un
attendre la réhabilitation par les L’espoir pour sauver la ville d’El projet d’une telle importance est
chinois de la STEP (STation Oued et ses environs réside dans la certes suffisant. Mais aucune solu-
d’ÉPuration) en sortie de la ville réalisation du grand projet pour le- tion ne peut restaurer une nature
d’El Oued. Les eaux usées issues du quel une enveloppe de 26 milliards abusée, surexploitée, épuisée, si ce
réseau d’assainissement y seront de dinars est débloquée. Il s’agit n’est un changement d’habitudes.
acheminées, avant de rejoindre les d’une véritable toile d’araignée, ex-
eaux de drainage.
Tristement constaté dans la région
d’Ouargla, Touggourt et
Timimoune, le phénomène de la
remontée des eaux prend des
proportions préjudiciables dans
toute la région d’El Oued. Dans les
ghotes, zones de dépression,
aménagées pour les cultures, la
situation est critique : asphyxie des
palmiers, sur-salinisation des sols.
Parfois l’eau dépasse les 150
centimètres au dessus du sol. Le
quartier de Sidi Mestour, en est
l’exemple typique. La majorité de la
population a été évacuée en 2006,
suite à l’état de délabrement avancé
Plan de situation général
Le projet de drainage des eaux d’El Oued vers chott Melghir

8
De

UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE se
rt

Le barrage vert
pas si vert que ça
Djilali, ingénieur agronome,
un ancien conscrit du service
national, revient trente et un ans
après à Moujebara. Il y a passé
dix huit mois en qualité d’officier
de réserve.
Il supervisait près de 100
soldats du contingent. Leur
travail consistait à planter des
arbres. C’est la naissance du
barrage vert.

U n projet gigantesque : trois


millions d’hectares à boiser,
une muraille verte longue de
Exploitation agricole
plus de 1000 kilomètres et large de terres pastorales et agricoles, la lutte
prés du barrage vert
Djilali se dit que beaucoup de
choses doivent être faites pour
trente. Vingt mille jeunes militaires contre l’ensablement et la fixation
s’y attellent. des dunes. redonner un sens au barrage vert.
A environ 23 kilomètres au Sud-Est Dans un deuxième temps, le barrage Il faut lutter contre le déboisement,
de Djelfa, sur la route de Moujebara, vise la résorption du chômage, sans le défrichement en assurant la
longeant le barrage vert, s’étend, sur cesse, croissant en ces lieux. protection contre les incendies et les
4 hectares, l’exploitation de son Mais Djilali est triste de voir que si maladies, réglementer les pâturages
neveu Mohamed. Il a bénéficié de le barrage a donné du travail à et la construction.
cette concession depuis 5 ans. Il cul- l’homme, ce dernier ne le lui rend Il faut lutter contre l’érosion en
tive du blé et de l’orge. Sa récolte pas. L’homme est l’un des princi- replantant les arbres, en restaurant
sera bonne, au vu des précipitations paux artisans de cette désertifica- les pâturages, en développant
de cette année. Il dispose tion. Il en est outré. Il voit ‘son petit’ l’arboriculture fruitière et en mettant
aussi d’un verger. des ‘zones en défens’ le temps
Le désert avance, l’Algérien recule nécessaire pour reconstituer la forêt.
Les arbres fruitiers ont été
mis à sa disposition par la Il faut mettre en place des systèmes
direction générale des forêts. Ces dépérir. Il rejoint alors, en son for d’exploitation permettant une
derniers ont assuré, au début, la mise intérieur, l’expert de l’aménagement régénération de la flore pastorale et
en valeur de la parcelle, la plantation du territoire qui dit « le désert la constitution de réserves fourra-
des arbres et même les deux avance, l’Algérien recule ». gères.
premiers arrosages. Cette opération Le surpâturage se traduit par un Il faut protéger les bassins versants,
vise l’optimisation de l’exploitation appauvrissement des ressources les ressources hydriques et
des surfaces agricoles utilisées par végétales qui ne se régénèrent plus améliorer l’accès à l’eau.
l’accroissement des capacités de assez. L’accroissement du cheptel Il faut encourager les plantations
production de fruits et, bien sûr, la est incontrôlé et son engraissement pastorales ainsi que les cultures hors
contribution à la lutte contre la se fait aux dépens de la sol, telles que l'apiculture et
désertification. couverture végétale. l’aviculture.
Au nombre des objectifs de ce bar- Les céréales, après l’élevage, sont la Ce n’est qu’à ce prix que pourra être
rage vert, nous trouvons la protec- cause du défrichement. Ce dernier entendu l’appel de Cherif Rahmani,
tion et l’amélioration du patrimoine est accentué par le développement lancé en 2006, année internationale
végétal existant, la reconstitution de la mécanisation. Les labours sont des déserts, « N’abandonnez pas les
des peuplements forestiers disparus, réalisés à l’aide de tracteurs équipés zones arides ! »
le reboisement des terres à vocation de charrues à disques sur des sols
forestière, la mise en valeur des très sensibles à l’érosion.

9
irs
Des
a
UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE

Urbanisation
des villes sahariennes
Le Sahara est un espace peuplé, urbanisé, riche et convoité.
La présence de l’homme au Sahara remonte en effet à la
préhistoire. Ce n’est pas un espace occupé uniquement par le
pastoralisme, il est aussi parcouru par des migrations, notamment
commerciales entre le Maghreb et l’Afrique Noire.

D
ans les années soixante, la saharo-sahélienne. On assiste à une
plupart de ses deux millions concentration dans les villes, à une
d’habitants cherchent à le diminution complète du nomadisme
fuir. Depuis, le Sahara a attiré et à un pastoralisme qui est lié à la
beaucoup de monde, 6 millions désertification. Les oasis, un milieu constituent Au marché de Tam
une solution, par
d’habitants aujourd’hui. Le Sahara peu propice à l’agriculture, attirent exemple, à Biskra qui bénéficie en
a-t-il disparu du fait de ce triplement de moins en moins de monde plus de l’eau non fossile. Grâce à la
de la population ? Il y a l’apport des aujourd’hui. Une agriculture sur route, la livraison de légumes
fonctionnaires et l’attrait des zones pivot est, par ailleurs, développée. d’arrière saison est rapide sur
d’emploi. Les bassins Constantine ou Alger. Les nappes
pétrolifères, en parti- Ils migrent pour gagner de l’argent, remplaçant fossiles peuvent permettre de tenir
culier, ont attiré une les migrations d’autrefois vers la France.
encore longtemps, mais quel sera
main d’œuvre de alors le prix du pompage ? L’Algérie
cadres du Nord du pays venus avec Le but recherché, par ce moyen, est dispose, en outre, d’une réserve de
leurs familles. Ils migrent pour ga- l’indépendance alimentaire, mais les pétrole pour cinquante ans. Le désert
gner de l’argent, remplaçant les mi- contraintes sont là .Le sol étant du devient donc un monde minéral avec
grations d’autrefois vers la France. sable, il faut apporter des engrais du des points de vie de plus en plus
Il y a aussi des populations venues nord. Le Sahara est, en effet, devenu concentrés. Le développement des
des oasis reculées. Ces derniers tra- un grand producteur de primeurs villes du désert algérien contribue à
vaillent, en fait quelque temps, grâce à des routes excellentes et à la la fixation de la population.
comme manœuvres dans le bâti- facilité de circulation. Les primeurs
ment.Une fois rentrés chez eux, ils
réinvestissent leur argent dans 80000 personnes doivent être délogées de chez
l’achat d’une motopompe, ce qui
fixe donc cette population dans les
Menace sur Hassi elles! La décision est prise en haut lieu. Hassi Mes-
saoud, la ville, sera délocalisée. Elle est bâtie sur
oasis. Voilà comment l’exploitation le plus grand champ pétrolier d’Algérie. Motif invoqué : le risque d’un accident majeur. On com-
du pétrole permet de maintenir une mencera par déplacer la population vivant dans les bidonvilles et les constructions précaires qui
population dans le Sahara. A cela se sont mis à pulluler autour de la base. Avant les années 1980, ces lieux n'étaient fréquentés
s’ajoute une série d’infrastructures, que par les employés de Sonatrach. Une zone industrielle, pas de commune, seulement un centre
telles que des hôpitaux, les de santé et une école. Le véritable rush vers Hassi Messaoud a commencé avec le terrorisme,
casernes... La présence des après 1992. Fuyant la violence,
employés entraîne l’apparition de à la recherche d'un travail introu-
commerces. La conséquence en est vable ailleurs, les Algériens ont
le développement d’une économie commencé à y déferler par mil-
de marché. C’est là, une nouvelle liers. En 1994, la zone est décré-
donne fondamentale. tée d'exclusion et n'y accèdent
De ce fait, les villes ont grandi. En que les detenteurs de laissez-
1966, il n’y avait que deux villes de passer. Aujourd’hui Hassi Mes-
plus de 50 000 habitants ; Biskra et saoud a grossi comme un abcès.
Ghardaïa. Aujourd’hui, on compte L’heure est venue de le crever.
trente villes de plus de 100 000 La ville de Hassi Messaoud
habitants. Quant aux pasteurs, leur sera rendue à Sonatrach
rayon est plus réduit dans la zone

10
De

UNE RÉALITÉ ENVIRONNEMENTALE
se
rt

Les valeurs
de l’architecture du Sahara
La vallée du M’zab, est située
aux portes du Sahara à 600 km
au Sud d’Alger. Elle déploie les
cinq cités du M’zab : Ghardaia,
Mélika, Beni-Isguen, Bounoura,
et El Atteuf, entourées de la
célèbre palmeraie où l’on a
inventé, il y a plusieurs siècles,
le développement durable.

L
‘architecture des cités du
M’zab est frappante par le
fait qu’elle utilise des maté- Les tentacules de la vallée du M’zab
riaux locaux, laissés à l’état brut ou
badigeonné, qu’elle tire tout le pro- pond à une réalité scientifique. Les née et de l’année. La largeur des
fit possible du palmier. Elle est sur- murets, qui bordent les terrasses, ruelles est réglée à l’échelle hu-
tout, un exemple d’habitat forment avec elle une quasi para- maine. Les trajectoires brisées des
bioclimatique par plusieurs aspects: bole, orientant le rayonnement passages et des rues produisent de
l’adoption de murs épais qui, par solaire vers le ciel. Il conduit, de ce l’ombre. Elles jouent aussi un rôle
leur inertie thermique, stockent la fait, à un abaissement de plusieurs d’obstacle au passage du vent, de
chaleur quotidienne pour l’évacuer degrés par rapport à la température création de zones fraîches, donnant
la nuit ; l’organisation des ambiante et celle de l’intérieur de ainsi à la cité, comme ensemble, les
espaces pour permettre une Elle est, un exemple d’habitat bioclimatique mêmes caractéristiques bioclima-
circulation de l’air par tiques que les habitations qui la
convection à travers le chebek qui l’habitation. Dans la maison moza- composent.
domine le patio central ; le choix de bite, en allant du rez-de-chaussée à L’architecture de la vallée du M’zab
petites fentes du genre meurtrière la terrasse, les différents espaces selon l’architecte André Ravéreau
sur les murs extérieurs, empêchant constituent des climats variés, « était déjà écologiste et de dévelop-
la chaleur de pénétrer. La tradition utilisés selon le moment de la jour- pement durable avant que ces
du sommeil sur la terrasse corres- concepts ne fleurissent ».

Les moustiques
conquièrent les
forts du Mzab
La vallée du Mzab était protégée des mous-
tiques et on pouvait dormir en été sur les
terrasses. Mais aujourd’hui, on a tellement
rejeté les eaux usées à l’air libre que les
moustiques envahissent la vallée. Il n y a
plus moyen de dormir au clair de lune. Les
habitants doivent installer des climatiseurs
dans leur maison. L’environnement s’est tant
dégradé qu’il devient difficile de construire
La vallée du M'Zab a été classée par l’UNESCO encore avec des solutions séculaires.
au patrimoine mondial il y a25 ans

11
irs
Des
a
UNE RÉALITÉ PHYSIQUE

Le sablier : un jouet,
et un outil complexe
Ensemble, les grains de sable prennent la forme d’un récipient
et se comportent comme un liquide. Un grain de sable tout seul est un
solide. Tel est le curieux phénomène qui donne toute leur puissance
aux systèmes mi-solides mi-liquides. Le sable en fait, ne s’écoule pas
comme un fluide usuel. La simplicité apparente cache une complexité
redoutable.

L
a petite Fati ne sait pas que ce sablier, le débit reste constant,
qu’elle a entre les mains, est quasiment jusqu’au moment où le
un appareil de mesure du récipient supérieur est vide. Le sable tions, dans la régulation de la circu-
temps très élaboré. Le sablier qui s’auto-organise à l’entrée du goulot : lation et le problème des embouteil-
consiste en une ampoule de verre les grains forment alors une voûte, lages.
constituée de deux compartiments, appuyée sur les parois, soutenant A défaut de sable assez fin, les sa-
semble être apparu en Chine. Le ainsi l’ensemble du sable. En bliers peuvent renfermer de la pou-
sable s'écoule d'une chambre à l'au- dessous de cette voûte, se trouvent dre de coquilles d’œufs et de
tre. L'orifice séparant les deux d’autres grains pratiquement libres. marbre, qui ont une régularité
chambres a une ouverture d'environ Ceux-ci ne supportent pas les poids d’écoulement similaire.
dix diamètres de grains. L’écoule- de tous les grains qui les surmontent. Jadis, les marins utilisaient des sa-
ment du sable, beaucoup plus com- L’air qui s’infiltre entre les grains bliers de 28 secondes pour mesurer
pliqué que celui de l’eau, mesure des peut faire s’écrouler la voûte, leur vitesse en « nœuds ». Ils lancent
temps bien précis. immédiatement remplacée par une un morceau de bois attaché à une
Les sabliers ont peu à peu remplacé nouvelle. A l’échelle de la seconde, corde présentant des noeuds à inter-
les horloges à eau (clepsydres). ces effondrements successifs sont valles réguliers. Ils retournent le sa-
Lorsque l’on fait couler un filet parfaitement réguliers. blier et la corde se déroule. La
d’eau par un petit orifice, son débit Ce principe peut-être identifié à une vitesse du navire est alors donnée
varie avec la hauteur d’eau au- situation de catastrophe à la sortie de par le nombre de noeuds à la surface
dessus de l’orifice. Or, dans un secours d’une salle, si un incendie se de l'eau.
déclare. Le débit des gens Dans son tableau des « vanités »,
qui s’échappent ne dépend Philippe de Champaigne utilise le
pas totalement du nombre sablier. Il essaye de montrer la fini-
de personnes dans les tude de la vie. Ainsi, il symbolise la
lieux. Il dépendra de la ca- fragilité et la brièveté de la vie, la
pacité des gens à se déga- mort, et le temps qui passe (la vanité
ger de l’agglomération qui dans ce contexte étant celle de croire
se forme au niveau de l’is- à l'éternité des choses du monde).
sue. Des recherches sur les Des utilisations du sablier, il en
matériaux granulaires existe tant... Bébé Fati voudra-t-elle
(sable, blé…), pourraient toujours le prendre pour un jouet ?
donc trouver des applica-

clenche. Pour que ce phénomène envoûtant se ble amplitude, émet un son d’environ 110 dB
Le sable chante… produise, il faut que le vent ait façonné une
dune d’environ 35° de pente (pour du sable
(équivalent au son émis par le décollage d'un
avion). Il n’y a qu’une cinquantaine de « dunes
Marco Polo et Bagnold ont tous deux été intri- sec). La dune est alors instable. Le mouvement chantantes » recensées dans le monde, princi-
gués par le fameux « chant des dunes ». C’est synchronisé des grains provoque la vibration du palement en Chine et en Amérique. A quand le
un chant de basse fréquence, parfois entendu à sol sableux. Celui-ci se comporte comme la chant au Sahara ?
10 km lorsqu’une avalanche de sable se dé- membrane d'un haut parleur qui, vibrant à fai-

12
De

UNE RÉALITÉ PHYSIQUE se
rt

Les dunes
rampent !
Les dunes de sable sont fréquentes
dans les paysages des déserts.
L’étude de l'écoulement et la
connaissance des propriétés de sable, relève de la physique des milieux granulaires. Celle-ci tente de
comprendre la formation et le comportement des dunes.

I
nformé par ses bergers qu’une Le relief une fois amorcé, les grains rou-
tempête de sable, a enseveli un lent les uns sur les autres, forment dans
grand nombre de moutons de son leur ascension une pente dont l’angle est
cheptel, Fettah est allé constater toujours constant. Cette partie exposée
les dégâts sur place. Contraint à passer la diminue fortement la vitesse locale du
nuit en plein désert (Atlas saharien, entre vent. Le sable se dépose, forme une
Laghouat et Ghardaïa), il remarque en congère qui, lorsqu’elle est trop impor-
sortant le matin de sa Khaïma (tente), un tante, se relaxe et s’effondre dans la face
paysage différent de celui du jour précé- arrière, abritée. C’est la face d’avalanche,
dent. A-t-il rêvé ? A-t-il été déplacé du- qui forme toujours un autre angle, carac-
rant son sommeil ? téristique. Le front avant d’une dune est
Le changement remarqué par Fettah, est
dû à un vent de sable nocturne, qui a fait Seule une fine couche de sable coule en surface,
avancer les dunes. C’est un phénomène alors que la partie inférieure du tas reste immobile
très courant dans les déserts. Les dunes
peuvent même traverser des villages. beaucoup plus compact que la zone ar-
Les photographies des mers de sables sa- rière protégée des vents dominants.
hariennes et celles des rides éoliennes, Les dunes en croissant, connues sous le
qui s'étendent perpendiculairement au nom de « barchanes », sont les plus sim-
vent, révèlent la capacité du vent à façon- ples à étudier. Ce sont des dunes éo-
ner des reliefs réguliers. Ces formes liennes, qui se développent dans les
(rides ou dunes) germent, se dévelop- déserts. Elles peuvent atteindre jusqu'à
pent, se propagent et se transforment 100 mètres de longueur. Cette longueur
avec le vent. résulterait d'une interaction entre le vent
L'écoulement d'un milieu granulaire im- et les grains du sable.
plique le réarrangement des grains les Fettah n’a pas rêvé et n’a pas été trans-
uns par rapport aux autres. Il suffit de porté pendant son sommeil par un magi-
quelques blocs posés sur le sable pour cien facétieux!
amorcer la formation d’une dune.

Les apports d’un très grand physicien


Prix Nobel de Physique en 1991 (formes complexes de la matière : cris- fabrication des écrans plats de téléviseurs
taux liquides et polymères), Pierre–Gilles de Gennes est né le 24 octobre ou d’ordinateurs… . Très modeste, très
1932 à Paris. « Isaac Newton de notre temps », c’est ainsi que l’acadé- bon communicateur et extrêmement cu-
mie suédoise le qualifie. Ces derniers temps, il s’est beaucoup intéressé rieux dans la science, il a beaucoup œuvré
au sable des dunes et à différents grains tels que ceux stockés dans les pour la diffusion de la physique auprès
silos (l’écoulement dans le modèle de de Gennes). Ce chercheur polyva- des jeunes. Il entreprit une série de conférences dans les collèges et lycées
lent, est aussi le premier physicien à avoir réalisé des travaux sur les en France, visitant près de 200 entre 1992 et 1994. Son ouvrage “ The
phénomènes d’ordre dans les milieux complexes : les gels, les cristaux li- Physics of liquid ”, publié en 1974 demeure une référence. Pierre–Gilles
quides et autres polymères. Ses recherches ont conduit notamment à la de Gennes est décédé le 24 mai 2007.

13
irs
Des
a
UNE RÉALITÉ PHYSIQUE

Plouf…dans le mirage !
Les lecteurs de Tintin, se rappellent des aventures des deux détectives Dupont et Dupond dans le
désert brûlant de « Tintin au pays de l’or noir ». Nos deux voyageurs, toujours coiffés de leur
chapeau noir, voyaient des oasis partout. Ils avaient raison, mais l’eau n’est pas forcément là où ils
le croyaient…

C e phénomène optique est


bien connu. Contrairement à
une idée reçue, les mirages
ne sont pas propres aux déserts. On
peut en admirer partout, et sont une
illusion produite dans des conditions
bien particulières. Dans le désert :
un sol chauffé par le soleil, un arbre
très loin devant vous, invisible nor-
malement. Le dégagement de cha-
leur entraîne la formation d'une
couche d'air très chaud piégée par de
l'air plus froid au-dessus. Ces diffé-
rences de température entraînent des
différences d'indices de réfraction.
Les rayons lumineux renvoyés par Mirage Inférieur
l’arbre ne se déplacent plus en ligne
droite, mais se courbent en raison de sol de cet arbre ou d'un bout du ciel ou encore couches chaudes et
la variation de nous laisse froides en alternance), on obtient des
l’indice. Comme Contrairement à une idée reçue, imaginer un mirages inférieurs, supérieurs ou les
nous voyons tou- les mirages ne sont pas propres aux point d'eau… Fata Morgana et Bromosa.
jours en ligne déserts. On peut en admirer partout. Selon la super- Ouf, Dupont et Dupond plongent,
droite, l’arbre position des mais l’eau est bien plus loin, ils
peut apparaitre bien plus près que ne couches (couches plus chaudes sous s’écrasent sur le sable chaud.
l'est le "vrai arbre". L’image sur le les couches plus froides, le contraire

Genèse de la rose des sables Les roses des sables sont des cristallisations de gypse dont la disposi-
tion rappelle les pétales de roses. On rencontre ces cristallisations dans
des terrains tendres (sable, argile), principalement dans les déserts.
Dans un marais salant, lorsque l’eau s’évapore, au-delà du point de sa-
turation, le sel cristallise. Il en va de même pour le sulfate de calcium
(Ca SO4) : une eau séléniteuse qui s’évapore dépose du sulfate de cal-
cium hydraté. C’est le minéral appelé « gypse ».
L’eau que l’on pourrait atteindre en creusant un puits (d’où le nom de
nappe phréatique) est quelquefois riche en sulfate de calcium. Par capil-
larité, elle imbibe le sable. Le soleil, la chaleur et le vent, provoquent
une évaporation intense : l’eau migre vers la surface. Entre la nappe et
la surface, le gypse commence à cristalliser. Les cristaux, de forme lenti-
culaire, sont d’abord de petite taille. Au fur et à mesure de l’apport de
sulfate de calcium, ils grandissent en englobant un peu du sable dans
lequel ils croissent. Ces cristaux peuvent être enchevêtrés et associés :
c’est la rose des sables.
Dans la cassure d’un « pétale » de rose des sables, on peut distinguer
les étapes successives de la croissance ainsi que les grains de sable em-
prisonnés par le cristal. La couleur de la rose des sables provient de
celle du sable.

14
De

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE se
rt

L’héritage risque de morceler


les palmeraies
Le problème de morcellement du d’entreprendre la moindre action
foncier est l’une des raisons pour sauver cette palmeraie puisque
la parcelle relève du domaine privé.
majeures de la dégradation La loi du 18 novembre 1990 portant
des oasis. La division des terres orientation foncière, interdit la
familiales engendre souvent transformation des terres agricoles
des conflits d’intérêts entre les en surfaces bâties. La seule
exception pour un agriculteur est de
héritiers. Ceci mène souvent à construire un logement pour usage
l’abandon de ces parcelles. personnel avec des restrictions de

L
surfaces. Il est également possible
es descendants de Monsieur dans le cadre de l’exploitation de
T.M. ont hérité d’une par- bâtir un hangar pour le stockage, un
celle de palmeraie selon les frigo, une bergerie, un poulailler, ….
préceptes de l’Islam : chaque fois Ces constructions sont conditionnées
qu’un garçon reçoit deux palmiers, par l’acceptation d’une commission
une fille en reçoit un. Chaque enfant interministérielle qui doit se
a hérité d’une dizaine de palmiers Palmiers abîmés car abandonnés déplacer pour faire une enquête et
dattiers dans la localité de Toug- par leur propriétaires statuer.
gourt. Diplômés des grandes écoles S’ils n’entreprennent aucune action La direction des forêts interdit
et autres universités, ils préfèrent pour sauver leur palmeraie, ce petit formellement de découper le
mieux exercer dans leurs domaines paradis ne sera plus qu’un vieux moindre palmier même s’il se trouve
de prédilection que d’entretenir leurs souvenir. dans un terrain privé. Une
palmiers. dérogation peut être attribuée pour
Les initiatives de remembrement et
Cette palmeraie faisait vivre les de rachat de cette parcelle ont été la réhabilitation du patrimoine par la
parents avec leurs enfants, à un vaines. Ni un membre de la fratrie, plantation de jeunes arbres en
niveau de vie relativement aisé. La ni une tierce personne étrangère à la remplacement de ceux qui sont
palmeraie est complètement famille n’a réussi à convaincre coupés.
abandonnée depuis que Cette opération est d’ailleurs
T.M. est décédé. Aucun Les initiatives de remembrement et de rachat de soutenue par l’Etat dans le cadre
des héritiers ne veut s’en du programme national du
cette parcelle ont été vaines. développement agricole (PNDA).
occuper. Faute d’être
irrigués, les palmiers souffrent et ne l’ensemble des héritiers. L’Etat se Ne serait-il pas plus opportun de
donnent presque plus de récolte. retrouve combler ce vide juridique pour
dans l’incapacité
sauvegarder ce joyau ?

Un palmier pour deux


Belmehdi Djemoui et son frère el Aaiche ont hérité de leur père Ali d’un seul et unique palmier dat-
tier (Variété deglet nour) dans la localité de Béni-Essouède à Touggourt. Ils se partagent
la récolte annuelle qui varie entre 1,2 et 1,5 quintal, à raison de soixante-dix dinars le kilogramme
en moyenne. Djemoui travaille actuellement comme gardien de nuit. Il a utilisé ses économies du
temps où il travaillait à la compagnie des chemins de fer pour acheter seize palmiers à proximité de
celui dont il a hérité de son père.
En parallèle, Djemoui pratique une culture vivrière entre les lignes de ses palmiers. Quelques to-
mates par ci, des courges par là et beaucoup de pourpiers pour sa propre consommation.
A présent, Djemoui partage ses journées entre son travail et sa petite exploitation Djemoui devant son palmier :
en pleine expansion. une valeur plus affective
qu’économique

15
irs
Des
a
UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

Le dattier, symbole de la
civilisation méditerranéenne.
Le palmier dattier est un arbre ancestral. Il est introduit en trouvé, en Tunisie et en Libye, des
Afrique méditerranéenne par les Phéniciens, puis plus tard, par oasis telles qu’on les connaît encore
aujourd’hui. Par la suite, dans les
les caravaniers arabes qui sillonnent le Sahara. régions désertiques, on peut dire que
Les faits sociaux et historiques, ainsi que la transmission du la culture du palmier dattier a
savoir-faire de la culture de cette espèce productrice de dattes, ont accompagné et illustré l’expansion
beaucoup contribué à sa propagation. Les palmiers (nekhla) de l’Islam dans une continuité de
représentent le symbole de la civilisation musulmane. Ils civilisation arabo-berbère, devenant
constituent la base de l’agriculture saharienne. ainsi l’apanage historique et

L
géographique du Maghreb-
’arbre aux fruits défendus, Souf, l’Oued Rhir, le Tidikelt et la Machreck. Le palmier dattier est le
dans l’histoire d’Adam et Saoura. Elle s’est propagée en témoin de la civilisation
Eve, est représenté par un même temps que les techniques maghrébine. La chronologie des
palmier dattier dans les gravures hydrauliques : puits profonds routes commerciales arabo-berbères,
sumériennes. Le palmier dattier est maçonnés et irrigation. Ces entre le VIIème et le XIVème siècle,
l’une des plantes les plus ancienne- techniques et la culture du dattier démontre que le palmier dattier et le
ment cultivées, 5 600 avant l’hégire sont des éléments de la dromadaire constituent l’arme
(environ 5000 ans avant J.C). civilisation paléo-méditerranéenne, indispensable à l’installation des
La diffusion du pal- oasis.
mier dattier aurait été Le palmier dattier et le dromadaire constituent
progressive à partir de l’arme indispensable à l’installation des oasis. Le palmier se rencontre en plusieurs
la vallée du Nil ou de la groupes d’Oasis sur tout le Sud du
Mésopotamie. Les représentations ou civilisation des Syrtes, qui est pays, il présente une culture domi-
hiérographiques et les monnaies propagée par les berbères nante dans les Zibans, autour de Bis-
carthaginoises, qui portent des préislamiques. La mise en valeur des kra et Tolga, aux Aurès, dans Oued
figures de dattier, l’attestent. palmeraies débute au Sahara, dans Rhir. Dans une zone où l’agriculture
La culture du palmier dattier a les derniers siècles avant notre ère et est mixte (Oued Souf et Ouargla).
progressé de l’Egypte vers la Libye. atteint son apogée au Vème - VIème Elle est aussi pratiquée à Ghardaïa
Par la suite, elle rayonne vers siècle, avec les Zénètes, lorsque et Tidikelt, El-goléa, Gourara, Adrar.
l’Algérie pour se développer dans le l’usage du dromadaire se généralise.

Lait de palmier, jus et vin


Quelle est la meilleure façon d’appréhender une longue journée de
labeur pour un oasien ? …. Prendre un verre de « lagmi/legmi »
bien frais !!! Cette boisson blanchâtre, veloutée, onctueuse, vitami-
née, sucrée et très rafraîchissante n’est autre que la sève de palmier.
Les vieux palmiers qui ne donnent plus de récolte représentent une
aubaine pour les amateurs de ce breuvage euphorisant. Ils commen-
cent par enlever les palmes puis le cœur du palmier. Le liquide est
collecté dans un récipient à travers des rigoles et des tuyaux.
Âmes sensibles s’abstenir !! Le liquide peut également être trans-
formé en boisson enivrante.
La chaleur et les insectes aidant, le lagmi fermente et donne du vin
de palmier. On l’appelle lagmi meyet (mort). Un litre de cette bois-
son est cédé à 70 dinars Algériens, alcoolisée ou non.
La chaleur, les fourmis, mouches, abeilles,
Les Romains ont cafards aident le lagmi à fermenter
bourdons et autres

16
De

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE
se
rt

Les éléments essentiels d’un fruit


énergétique et riche
Le palmier dattier : une véritable galerie d’approvisionnement
Les dérivés du dattier.
Le fruit typique Chaque année, jusqu’à 30% de la production dattière est non consom-
mable et constitue un déchet à ne pas négliger.
de l’oasis Vu leur richesse en sucres, les dattes offrent une possibilité de les valoriser
pour la fabrication de produits dérivés tels que:
Chaque année, les palmeraies algériennes pro-
duisent jusqu’à 30% de dattes non consomma-
bles qui constituent un déchet à ne pas négliger. Les produits non fermentés :
Leur richesse en sucres, offre une possibilité de o La farine de dattes o La levure de boulangerie
les valoriser pour la fabrication de produits o La pâte de dattes et la levure alimentaire.
dérivés. o Le miel de dattes Cette spécialisation fruitière peut
Certains sont fermentés comme le vin de dattes, o Le jus de dattes apporter un appoint très substantiel
l’alcool de dattes, le vinaigre, la vitamine B12, la o Le sirop de dattes à la mise en valeur des régions
levure de boulangerie, ou encore la levure ali- o Le sucre de dattes arides chaudes du globe et
mentaire. D’autres ne sont pas fermentés, comme Les produits fermentés : contribue ainsi à la lutte contre la
la farine, la pate « Gherss », le miel, le jus, le o Le vin de dattes malnutrition qui sévit dans les pays
sirop, et même le sucre. o L’alcool de dattes déshérités en raison de leurs
Cette spécialisation fruitière peut apporter un o L’acide citrique conditions climatiques. Plus de
appoint très substantiel et contribuer ainsi à la o La vitamine B12 datte pour plus d’énergie.
lutte contre la malnutrition. o Le vinaigre

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a irs
Des UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

Fermes du désert :
le nouvel Eldorado
Daouia est une ferme modèle d’une superficie agricole utile de
612 hectares dont 270 sont exploités. Créée en 1988 et située
à 10 km d’El Oued, sur la route de Touggourt, elle est la plus
importante exploitation du sud algérien. Chaque année, des
dunes de sables sont excavées pour donner place à des terres
cultivables.

L es150 ouvriers permanents et L’exportation portait, les années


les 60 saisonniers assurent précédentes, seulement sur la
les activités quotidiennes de première variété. 150 tonnes ont été
la plantation. Six cadres, sous la ainsi exportées en 2005 vers la
Culture sous palmiers
teint leurs capacités maximales de
production.
La récolte des dattes et des olives est
houlette du gérant, président, collé- France, l’Espagne, le Maroc… Cette ponctuelle. Afin de meubler les
gialement, à la gestion de cette année, 80 tonnes de la « Degla Beida temps morts entre deux récoltes et
ferme. Sa production est destinée » qualifiée de variété de deuxième réduire le coût des charges, des
quasi entièrement au marché inter- classe sera aussi exportée vers cultures maraichères sont réalisées
national. sous 40 serres. Tomates, poivrons,
23 000 palmiers 80 tonnes de la « Degla Beida » qualifiée de variété de piments sont ainsi cueillis.
sont plantés sur deuxième classe sera aussi exportée vers l’Europe L’irrigation est assurée grâce à huit
200 hectares. forages sur la deuxième nappe
La production de dattes est assurée l’Europe. Les contractants euro- assurant ainsi de 30 à 35 l/s à
par 13 000 plants, âgés de plus de péens suivent, de près et de visu, l’hectare. Les arbres ainsi que les
7 ans. Le patrimoine variétal de leurs fruits. Ils supervisent le gros- asperges sont irrigués selon la tech-
dattes est composé de “ Deglet sissement, le jaunissement et la ma- nique dite ‘goutte à goutte’. Un pal-
Nour “, “ Degla beïda”, de la pâte turité du produit. mier reçoit 0,67 l/s alors qu’un
“ Ghars “. Leur conditionnement se Le domaine Daouia a été le premier olivier en reçoit 0,45. Pour contrer
fait sur site dans l’unité ultra à introduire l’olivier au Sud. Il l’évapotranspiration, un paillage est
moderne de transformation des compte, actuellement, 13000 arbres installé sous l’arbre. Ses racines
produits agricoles. Cette dernière repartis sur 40 hectares. Cette super- seront ainsi mieux arrosées. Une
occupe une superficie de deux ficie est en continuelle expansion. autre technique consiste à creuser,
hectares et emploie 350 ouvriers L’huile recueillie a un taux d’acidité autour de l’arbre, un sillon où sont
dont 150 permanents. de 0,7 (la normale est de 0,8). Les
plants, encore jeunes, n’ont pas at- plantés différents plants maraîchers.
L’eau y est versée en abondance.
Elle assurera ainsi une culture
supplémentaire.
L’élevage est l’une des autres
facettes de cette exploitation. Un
millier d’ovins paissent sur les pâtu-
rages de la ferme. Ce cheptel
atteindra 3000 têtes vers 2010. Les
noyaux de dattes, d’olives et les
branchettes de dattes, à forte valeur
nutritive, sont broyés et ajoutés à
l’alimentation du bétail pour son
engraissement. Trois bergeries sont
implantées dans la plantation.
Cette ferme est un exemple du
combat difficile et journalier que
Le palmier et l’olivier unis pour le meilleur et pour le pire livre l’homme contre la nature
qu’est le désert.

18
De

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE
se
rt

La pomme de terre :
une bonne affaire
Ali, 26 ans, licencié en sciences financières, reconverti en chauffeur Le surplus est envoyé vers les diffé-
de taxi, qualifie de drogue « Hallal » la culture de la pomme de rentes wilayates du pays. Un essai
réussi d’exportation de 20 tonnes
terre à El Oued. D’après son expérience, il suffit de peu pour vers l’Italie a été effectué.
gagner beaucoup.

L ouer une parcelle d’un


hectare, acheter la semence,
enrichir le sol par des déchets
de volailles, assurer l’irrigation
quotidienne et, en dernier, payer la
facture d’électricité de la pompe et
du pivot sont les différentes étapes
de l’investissement. Ce dernier
revient environ à 500.000 DA.
Il y a deux campagnes par an : la
saison d’hiver, où l’ensemencement
se fait en février et la récolte en juin
et l’arrière saison en août et janvier
respectivement. Le rendement peut
atteindre les quatre cent quintaux à Le Sud au secours du Nord
l’hectare. L’agriculteur double alors du plan national de développement
son investissement. Un accord cadre entre des produc-
agricole, les jeunes diplômés univer- teurs de pomme de terre et un
La culture de la pomme de terre a sitaires ont bénéficié de concession
été introduite à El Oued, en 1997, de terres, de matériel agricole, de groupe italien a été signé, le 20
par un agriculteur de la commune pivots d’irrigation et de bassins. janvier 2007, sous l’égide de la
d’El Mnaguer. L’Etat a instauré le chambre d’agriculture.
En 2006, la Cette année, les récoltes de pomme
soutien à production de
cette culture Le rendement peut atteindre les quatre la wilaya atteint de terre des régions du Nord ont été
en 2000 afin cent quintaux à l’hectare. touchées par une maladie le mildiou.
les 175.000 Aussi, la récolte d’El Oued est
de la déve- tonnes alors
lopper et inciter les jeunes à s’inves- que la consommation départemen- venue à point pour parer à ce déficit
tir dans ce domaine. Dans le cadre tale n’est que de 40.000 tonnes. et assurer la régulation du marché.

Bonne note pour l’asperge


Un hectare de la plantation Daouia est réservé à la culture d’asperges blanches et
vertes. C’est l’unique expérience en Algérie. L’asperge n’entre pas dans la culture cu-
linaire algérienne. Aussi, toute la production est destinée à l’exportation. Les pa-
pilles des dégustateurs lui décernent une très bonne note pour son gout et sa saveur.
Suite à cet essai concluant, la superficie plantée passera à 10 hectares l’année pro-
chaine. Cette culture stratégique est demandée sur le marché mondial. L’asperge al-
gérienne est disponible sur le marché européen 40 et 25 jours avant celles provenant
de l’Amérique latine et du Maroc respectivement.

Réalité ou mirage

19
irs
Des
a
UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

Le Sahara :
sous exploré - sous exploité
Sonatrach, en partenariat avec de grandes compagnies atout énergétique de l'Algérie reste
internationales a enregistré 12 nouvelles découvertes en le gaz naturel. Avec des réserves de
4.500 milliards de mètres cubes, ces
hydrocarbures pour le premier semestre de l’année 2007. chiffres devraient augmenter au
La Sonatrach a enregistré en 2006 la découverte de 250 millions cours des prochaines années avec la
de tonnes équivalent pétrole. C’est le résultat de l’intensification mise en exploitation de nouveaux
des travaux d’exploration. gisements.

S es capacités de production rienne. D’autres infrastructures Mais ne nous trompons nous pas ?
devraient passer de 1,4 pétrolières se développent partout au La demande locale est tellement
million de barils/jour en Sahara, ce qui augmente la rentabi- forte qu’elle exercera des pressions
2005 à deux millions de barils/jour lité des gisements. Le taux de récu- sur les réserves au cours des deux
en 2010. pération devrait s'élever grâce à de prochaines décennies. La recherche
Les ressources en Le résultat a été la découverte d’un énorme gise- d’autres sources d’énergie alterna-
hydrocarbures du tives au pétrole est désormais inévi-
ment à Hassi Berkine sur le bassin de Ghadames. table. L'Algérie a besoin
pays restent tout de
même sous-exploitées. On prévoit le nouveaux plans de forage et à d'investissements colossaux. Elle
forage de 60 puits d’exploration en l'introduction de nouvelles tech- doit accélérer la libéralisation du
2007. Mais ce chiffre est trop éloi- niques d’extraction. secteur et multiplier les partenariats
gné de la moyenne internationale : Au rythme actuel de production, entre Sonatrach et les compagnies
100 puits par 10.000 kilomètres selon les experts, la durée de vie de étrangères. Elle doit aussi, très vite,
carrés. Il y a 90.000 km carrés en l'exploitation pétrolière a été portée songer à l'après-pétrole et
exploration. à trente cinq ans, contre vingt ans s'employer à développer d’autres
Le potentiel hydrocarbure du pays seulement en 1993. Le principal sources d’énergie.
est ainsi important. Les zones pro-
metteuses sont le pourtour de Hassi
Messaoud pour le pétrole, Illizi
pour le brut et le gaz, Reggane,
Gourara et Timimoun pour le gaz.
On assimile Hassi Berkine à une
zone à fort potentiel gazier. La plus
importante découverte de l'Algérie,
probablement du continent, a été
réalisée par Anadarko en1990. Les
données sismiques sont difficiles à
analyser au Sahara à cause des
dunes de sables. Pourtant cette com-
pagnie a effectué la plus grande Les dernières gouttes En quête de pétrole, toujours plus loin
acquisition et analyse sismique
tridimensionnelle du monde sur
terre ferme. Le résultat a été la L’énergie renouvelable une première
découverte d’un énorme gisement à Avec un potentiel de réserve en hydrocarbures qui décline, l’Algérie a besoin de développer
Hassi Berkine sur le bassin de Gha- d’autres sources d’énergie. Son exposition, aux portes du Sahara un soleil régulier et puissant
dames. Anadarko a estimé le mon- lui confère d’indéniables avantages énergétiques. C’est dans ce contexte que vient d’être officia-
tant des réserves prouvées à plus de lisé le lancement d’une centrale hybride solaire/gaz de 150 MW, dont 25 MW en solaire. Elle
11 milliards de barils. sera en production dés 2009 et sera implanté à Hassi R’mel. Elle utilisera le gaz du gisement
Les nouveaux gisements mis en ex- et aussi l’énergie solaire qui permettrait de l’avis du promoteur, la société Neal, d’économiser
ploitation sont de plus en plus éloi- 38000m3 de gaz tous les ans. Le projet va être réalisé avec la compagnie espagnole Abener
gnés de Hassi Messaoud, le grand Energia, spécialiste dans le domaine.
pôle de l'industrie pétrolière algé-

20
De

UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE se
rt

"Dihé" : une galette


aux algues bleues
L'Algérie fait partie des rares gnale, que la population du nord du
pays dans le monde où Tchad se nourrit d'algues depuis les
l’on cultive de la spiruline. temps les plus anciens. Il s'agit des
Kanembous. On a également décou-
C’est dans la région de vert la spiruline dans la ration ali-
Tamanrasset qu’on vient de mentaire des Aztèques du Mexique.
lancer la production de cette Encore utilisée de nos jours, ces
espèce d'algue. Une autre algues qui s'accumulent à la surface
espèce de spiruline, localisée des mares sont recueillies dans des
paniers de vannerie puis séchées sur Séchage
dans un lac de la région d'El ganismes, comme les levures. C'est
le sable au soleil.
Goléa fait l’objet d’un projet de une cyanobactérie, cyano " couleur
recherche, l’objectif étant bleue", et bactérie parce qu'elle
d'obtenir une production de appartenant au groupe des êtres
l'énergie biohydrogène unicellulaires à structure simple,
mobiles, se reproduisant par scis-
sion.

D
es galettes traditionnelles
sont préparées au Tchad sous Les algues bleues auraient été un des
le nom de Dihé. Elles sont premiers êtres vivants sur terre.
faites à partir d’une algue bleue, Récolte Elles se rencontrent dans les lacs,
appelée la Spiruline. Cette algue a étangs, marécages. Elles auraient
des propriétés nutritives très utiles Elles servent ensuite à la fabrication contribué à l'apparition de l'oxygène
pour l’homme. Elle est très riche en de galettes de "Dihé", faciles à dans l'atmosphère terrestre.
vitamines (une douzaine), en parti- conserver et sont vendues en parti-
culier la provitamine A (béta-caro- culier aux Touaregs voisins.
tène), la vitamine E, la vitamine En Algérie la spiruline n’est qu’au
B12. De nombreux minéraux sont stade expérimental.
également présents La spiruline est aujourd'hui utilisée pour la lutte
comme le magné-
contre l'anémie, le cholestérol, le diabète et bien en-
sium, le zinc, le cal-
cium, le potassium, le tendu pour combattre la malnutrition.
sodium ou encore le fer, dont la très La principale caractéristique de la
haute teneur est absolument remar- spiruline est de vivre dans des eaux
quable. Ainsi la spiruline est au- saumâtres, ensoleillées et tièdes. On
jourd'hui utilisée pour la lutte contre voit la surface d'un bassin de spiru-
l'anémie, le cholestérol, le diabète et line mousser. Il s'agit en fait des
bien entendu pour combattre la mal- bulles d’oxygène qui se dégage par
nutrition. photosynthèse de la spiruline.
La spiruline fait partie des micro-or- Culture artisanale
L’ethnologue cinéaste Brandily si-

La spiruline : le ” steak de la mer”


La spiruline est une micro algue, qui a des propriétés nutritionnelles surprenantes. Elle est utili-
sée sous forme de poudre à ajouter aux préparations alimentaires salées. Elle existe aussi sous
forme de gélules à prendre au moment des repas,... ou déjà incluse dans certains plats. Le taux
d'assimilation de ses protéines est 60% plus facile que celles de la viande. Composée à environ
65 % de protéine, et d'une forte concentration de fer, la spiruline ne comprend ni graisse ni cho-
Conditionnements lestérol.

21
irs
Des
a
UNE RÉALITÉ ÉCONOMIQUE

Le méhari :
cheval du désert.
Que la cadence nonchalante du
dromadaire ne vous leurre pas.
Le méhari, une race cameline,
peut atteindre les trois
kilomètres et demi à l'heure.
C’est un chameau bien doué et
bien dressé, suite à des
entraînements progressifs
depuis son enfance. La taille de
l'animal et la longueur de ses
jambes le rendent cependant
suffisamment rapide

E
n général, le galop ne s'ob-
tient qu'après de longs ef-
forts, beaucoup de coups et
de cris, qui affolent l'animal. Cette
allure, chez le chameau, est désor-
donnée, spasmodique, absurde, on
dirait une quinte de toux, quelque Mehari, animal de course
chose d’anormal et de maladif. Un essentiellement de boules ou de ra- bénéfique pour le foie. Il donne un
excellent méhari peut dépasser un meaux épais succulents et aroma- joli teint aux femmes. La viande de
peu six kilomètres à l'heure, à condi- tiques. La nourriture est sous forme chameau est très prisée. C’est la
tion de l'exciter incessamment par de tiges minces, coriaces et cou- reine du steak haché. Elle est recon-
un mouvement machinal et ininter- pantes appelées localement " diss ". nue pour ses qualités nutritionnelles
rompu du pied ou de la cravache. Ajouter à cela de petits arbustes dé- et thérapeutiques. En plus du lait et
Le méhari est l'animal du nomade sertiques, comme le " hâd ", les de la viande, le chameau peut pro-
par excellence. Grâce à lui, le targui feuilles de mimosas et de gommiers, duire de 4 à 12 kilogrammes de laine
parcourt des kilomè- par an, utilisée dans le tissage d’ha-
tres dans le désert, à la Pour sa démarche rapide le méhari est souvent bits traditionnels tels que le burnous.
recherche de pâturages utilisé dans les caravanes touristiques Cet animal de selle, que tout homme
et de l’eau pour les adulte souhaite posséder est préféré
bêtes. Le Méhari est noble, par sa avec une robe unie, claire. Chaque
couleur, son allure, sa morphologie ainsi que les épines dures, acérées jeune homme proclame qu'il pos-
longiligne. C'est un animal adapté à comme des pointes d'acier. Le cha- sède la monture la plus belle et la
la course et aux razzias dans le dé- meau les cueille négligemment avec plus rapide. Il défie tous les autres à
sert saharien. On le trouve dans ses longues lèvres de cuir, ce qui pa- la course et dans des concours, où
toute la zone centrale du Sahara, raît un record d'avaleur d'épingles. chacun veut prouver que son cha-
dans divers pays où il porte diffé- Chez les touaregs, le chameau ne meau est le mieux dressé.
rents noms, mais son berceau d'ori- constitue pas un simple capital. Pour sa démarche rapide, le méhari
gine reste le centre et le sud de L’élevage nomade est éxigeant. La est souvent utilisé dans les caravanes
l'Algérie. chamelle permet la production lai- touristiques. Le méhari est aux
Comme tous les chameaux, la ration tière la plus importante de tous les Touaregs du Sud, ce qu’est le cheval
du méhari est très épicée et à saveur animaux domestiques. Le lait, au aux habitants du Nord. Il est choisi
âcre et salée. Elle est composée goût salé, est toujours consommé et pour ses allures et ses promesses
jamais commercialisé. Ce dernier est d'avenir.

22
De

UNE RÉALITÉ CULTURELLE
se
rt

Plus de vers
dans les papiers !
“Les makhtoutates ‘’, qui constituent la mémoire des hommes, ont réactions chimiques détériorant le
été transcrits par plusieurs générations de scribes. Une grande papier en le rendant cassant.
partie de ces manuscrits est jalousement conservée dans des Quand les fabricants et les
propriétaires de ces manuscrits
bibliothèques familiales. Le reste est soigneusement gardé dans respectent ces précautions, on
les zaouïas (écoles coraniques). remarque que ceux-ci demeurent

A
partir des poèmes d’Ibrahim Cette tradition ancestrale s’est intacts. A la zaouïa Tidjania de
RIAHI, des exégètes ont avérée très efficace. Elle a été Guemar (El Oued), un livre de
conclu que la mosquée de étendue à la préservation des hadith (paroles du prophète
Tamelaht à Temacine (Touggourt) a vêtements et couvertures. Mohamed QSSSL) vieux de 719 ans
été reconstruite bien avant l’an 1348 La formule de fabrication de l’encre est en très bon état. Il a été transcrit
de l’hégire. La préservation du est un autre aspect de la par Abbas Chihab-Eddine Ahmed
manuscrit contenant ces poèmes a conservation. L’encre de carbone est Ben Mohamed Ibn Abi Bakr El
permis de faire d’intéressantes composée d’un mélange de laine Kastalani.
découvertes. brûlée et d’eau sucrée, ce qui Les usages de préservation n’étant
Les bibliothèques du désert, comme augmente sa stabilité dans le temps. pas généralisés, plusieurs détenteurs
celle de Temacine contiennent non D’autres la fabriquent à partir d’un de manuscrits n’ont pu que constater
seulement des livres du Coran mais amalgame de cendres de palmes et l’étendue des dégâts.
également des traités d’histoire, de de lagmi (voir page 16). Le recensement et le catalogage de
poésie et autres livres scientifiques : ce patrimoine
astronomie, mathématiques, méde- Cet inestimable patrimoine se trouve en danger per- sont en cours.
cine, grammaire, géographie, …ce manent. En plus des insectes, de l’acidité, de la cha- L’ultime étape
qui dénote de la richesse de leur leur, le sable agit comme abrasif au contact du papier. sera de scanner
contenu. L’abondance de livres du ce trésor et de le
Coran s’explique par le rassemble- Ces deux formules sont très mettre sous format électronique,
ment des pèlerins de ce secteur en efficaces pour la préservation des notamment en fichiers PDF. Il sera
partance vers la Mecque. manuscrits, puisqu’elles ne alors à la disposition de tout
Cet inestimable patrimoine se trouve contiennent qu’une quantité infime chercheur ou personne
en danger permanent. En plus des d’acide. Ce dernier provoquerait des intéressée…mais, qui verra le
insectes, de l’acidité, de la chaleur, résultat de ce travail colossal.
le sable agit comme abrasif au
contact du papier. Les maisons
traditionnelles, constituées en
labyrinthe de couloirs sombres et
bas, débouchent sur des caves. Le
climat étant sec, les caves sont
l’endroit idéal pour éviter de grands
écarts de température.
Le papier est fabriqué en différentes
épaisseurs à base de vieux chiffons.
Pour le préserver des insectes, un
procédé traditionnel a été utilisé,
surtout en période de grandes
chaleurs. Certaines colles végétales
et organiques étant particulièrement
attirantes pour ces petites bestioles,
des feuilles de lauriers, répulsif
naturel contre les insectes furent
entreposées à l’intérieur des livres. Des manuscrits qui ont traversé les âges

23
irs
Des
a
UNE RÉALITÉ CULTURELLE

Sous un ciel étoilé,


l’Imzad transmet un message
Les Terguiates, aux mains
longues et fines jouent à
l’Imzad dans les « qaâda »,
ou veillées conviviales.

L’
Imzad est posé sur les ge-
noux des femmes, il est
tenu sur les cuisses, un peu
comme un nourrisson (la
demi calebasse inclinée de 3/4).La
musique accompagne une poésie qui
révèle la profondeur de l'âme tar-
guie. La joueuse d'Imzad est de rang
noble. Elle exécute dans la perfec-
tion et l'élégance, les partitions ou
les airs.Son jeu attendrit les hommes
au plus profond de leur âme.
Ces femmes terguies, sont soigneu- Luth et imzad
sement embellies, les bras cerclés adorées. L’Imzad raconte leur communauté vers lequel tous les re-
d'argent, les nattes de leurs cheveux culture, leur amour du beau, leur vie; gards convergent. C'est une musique
huilés encadrant leurs sombres ce sentiment grandiose de liberté et populaire à transmission orale aux
voiles. Elles transmettent pendant de poésie. intonations linguistiques du dialecte
des heures, les récits qui représen- L'Imzad valorise la femme qui reste du Tamacheq ,du temps de la reine
tent des messages aux personnes sans conteste, le pilier central de la mystique du Ahaggar Tinhinan.

Parade nuptiale
Dans la tradition du Souf, l’homme ne pouvait rencontrer sa future épouse
que lors de fêtes appelées « Mehfel » organisées le soir, au clair de lune.
Les jeunes femmes sont prises en charge par de vieilles dames pour leur
maquillage, l’habillement, parfums et bijoux traditionnels en argent (Les
nomades ne portent pas d’or). Les demoiselles arrivent, sous la conduite
d'une vieille femme, le visage couvert d'un voile fin pour entamer la
danse du ‘nakh’ ou ‘noukh’.
Elles s'accroupissent devant les chanteurs qui entonnent des chants
appropriés, souvent improvisés. C'est à ce moment que la vieille dame qui
dirige la danse dévoile, une à une, les jeunes filles, découvrant ainsi leur
abondante chevelure, rejetée sur le dos. Le torse bombé, la tête inclinée
vers l'arrière, elles suivent le rythme des chants et des applaudissements.
Les danseuses impriment à leurs cheveux des mouvements d’ondulations,
combinés à une rotation de la nuque. Seules les chevelures et la nuque
sont en mouvement, grâce à la souplesse du cou.
Le "Noukh" est propre au Souf. Aujourd’hui disparu, il n'était pratiqué
dans aucune autre région d'Algérie ou du monde, à l'exception de la tribu
Le nakh, une tradition perdue des Soulaïbia, en Syrie.

24
De

UNE RÉALITÉ CULTURELLE se
rt

Nouvelles lumières
sur l’art rupestre
Des ossements humains vieux de près de 30000 ans viennent ormais réalisés par la combinaison
d’être découverts dans le Hoggar. Si l’on parvient à établir le lien de plusieurs logiciels. « Sans tou-
cher à l’authenticité des peintures,
avec les restes d’art rupestre découverts dans la région, les nouvelles techniques nous ont
ils témoignent d’une des plus vielles civilisations du monde. permis de mieux faire paraître les

C
es hommes, d’après le Pr probablement la chasse ou traits, la texture même de la roche,
S.Hachi, directeur du centre l’agriculture. Ces scènes rendent s’agissant du granite, du grès ou
national des études et re- bien compte de l’aspect toute autre fond . Ainsi, nous avons
cherches préhistoriques, anthropolo- «communautaire » des peuplades du pu obtenir des contrastes et dégager
giques et historiques (CNRPAH), Hoggar. de nouveaux éléments, invisibles il
auraient vécu, il y a plus de 20 000 L'examen de la faune représentée y a seulement quelques années », ex-
ou 30 000 ans. plique Yacine Moussaoui, chargé
Du coup, l’art pariétal dans Le désert, berceau du monothéisme, serait-il d’études au CNRPAH.
la région du Hoggar serait-il, aussi le berceau de l’humanité toute entière ? De l'avis des chercheurs, les plus
le plus vieux du monde ? anciennes gravures sont la mani-
A Tin Tarabine, une des trois permet d’affirmer qu’à l’époque le festation du Néolithique saharien,
principales stations de l’expédition climat était plus humide. Les même s’il demeure difficile d’établir
d’avril 2007, une dalle de plusieurs hommes, vers 10000 ans, ont en- une datation précise. Le désert, ber-
mètres carrés témoigne de tamé un processus civilisateur, dont ceau du monothéisme, serait-il aussi
l’existence d’une activité humaine témoignent encore les rupestres dans le berceau de l’humanité toute en-
dans le Hoggar : des attelages de la région de l’Immidir, de Tin Tara- tière. La région du Hoggar (500.000
bovidés, des girafes, des rhinocéros bine et de Tefedest, à quelques km2) est un territoire en friche. Les
sont représentés avec art et minutie. 400km au nord de Tamanrasset. prochaines investigations, à partir du
D’autres rupestres illustrent des Depuis 2005, de nouvelles tech- mois d’octobre 2007 apporteront,
scènes de personnes s’adonnant à niques d’infographie ont donné des peut être, les réponses nécessaires.
des rituels religieux, de magie ou à résultats très concluants.
des activités quotidiennes, Les relevés systématiques sont dés-

Un bovidé, couleur et perspective maîtrisées Personnages et bovidés Scène de chasse


CNRPAH07 Tédefest - parc national de l’Ahaggar. Photo Y.Moussaoui

Les âges des peintures et gravures pariétales


La science préhistorique des œuvres rupestres est subdivisée en quatre scène. Des cérémonies et des rituels de magie sont aussi présents.
grandes périodes c)Les phases caballine et cameline : moins de 4000 ans d'âge : on voit ap-
a) Les "têtes rondes" : 10 000 ans d'âge. L’homme est représenté d’une paraître le chameau et le cheval. Le dessin, plus dépouillé, est réduit à ses
manière anonyme, sans traits de visage, tête en forme de cercle. Le monde traits essentiels pour exprimer, à l'inverse de la phase précédente, des
animal est peu évoqué. Il y a présence de motifs religieux. réalités moins nombreuses, moins diversifiées et, à première vue, plus tri-
b) Le bovidien :8000 ans à 4000 ans. Apparition des animaux à cornes. viales.En dehors de l’art rupestre, le Néolithique se dit de l’époque de la
Elégance des formes, maîtrise des couleurs et de la perspective. Les gra- pierre polie (environ -11000 ans de la date actuelle)
vures représentent des réalités tangibles : des objets, des êtres mis en

25
es
a irs UNE RÉALITÉ CULTURELLE
D

L’inspiration des
poètes et des écrivains
ed DIB
« J'ai toujours aimé le désert. On s'assoit sur une dune de sable. Mo ham
On ne voit rien. On n'entend rien. Et cependant quelque chose
rayonne en silence. »
Antoine de Saint-Exupéry (Le petit prince) Théodore Monod…
Certains l’ont même donné comme

L
es Arabes sont des gens du cette époque pré-musulmane sont titre de leurs œuvres comme Jean-
verbe. Ils sont dans leur Amr ibn Kulthum et Imru al-Qays, Marie Gustave Le Clézio, Désert
majorité des habitants des prince, guerrier et poète. Les plus (1992 ).
déserts, en particulier de la belles odes de ces poètes font partie Saint-Exupéry, ce pilote amoureux
péninsule arabe ; d’où le lien de des sept chefs-d’œuvre poétiques du Sahara écrivit un conte très
la littérature arabe à la vie du réunis sous le nom de Muallaqat. Ils célèbre « Le petit prince » publié en
désert. Cette littérature est presque furent écrits en or sur des parche- 1943. Son texte transforme le désert
exclusivement poétique, adoptant mins suspendus dans la Kaaba, dans en métaphore de l’existence
notamment la qasida, ode préisla- la grande mosquée de la Mecque. humaine.
mique qui incarne la perfection La littérature arabe continua long- Pour sa part, Mohamed Dib revient
absolue dans la au désert après un long exil dans les
poésie arabe. Mohamed Dib revient au désert après un long exil paysages enneigés du grand Nord. Il
Elle présente trois dans les paysages enneigés du grand Nord. publie successivement quatre
mouvements : ouvrages abordant le thème
la déploration du poète devant le temps à s’inspirer du désert. Sous le désertique : Le désert sans détour
camp abandonné par la femme califat des Abbassides, dont la (1992), L’Infante Maure (1994),
aimée et par sa tribu, la description capitale était la prestigieuse Bagdad, L’aube Ismaël (1997) et L’arbre à
de la monture du poète, et les le plus grand poète fut Al Mutanabbi dires (1998).
louanges de la communauté ou la (915 - 965). Sa Qasida dans laquelle La littérature relative au désert est
satire des tribus ennemies. Une il évoque les chevaux et le désert est aussi diversifiée que le sont les
centaine de ces poèmes, composés connue de tous. paysages désertiques de notre
environ un siècle avant la venue du Les déserts où sont nées les trois planète. Car si le désert est
Prophète Mohammed (Qsssl), ont religions monothéistes, ont aussi synonyme de sécheresse, famine,
été préservés. Ils sont un précieux exercé leur fascination sur les pauvreté, c’est aussi la beauté, la
témoignage de la vie des bédouins, mystiques, les aventuriers, les multitude, le rêve, le silence...
de leurs amours et de leurs haines, écrivains, les poètes occidentaux
de leurs ambitions, de leurs voyages :Hérodote, Marco Polo, René
à travers les déserts, ou encore de Caillié, Isabelle Eberhardt, André
leurs batailles et de leurs rivalités. Gide, Lawrence d’Arabie, Illustrations : Nabila AKLI
Les poètes les plus Saint-Exupéry, le père
admirés de de Foucault,

T Cl ézio
H ARD pery tave Le
ER xu us
elle EB Saint-E J-MG
Isab
26
De

s UNE RÉALITÉ CULTURELLE se
rt

Proverbes et citations
Il n’y a que le désert qui guérisse le désespoir: on peut y pleurer sans Que l’on parle bien quand on
crainte de faire déborder un fleuve parle dans le désert.
Ahmadou Kourouma André Gide
En attendant le vote des bêtes sauvages Les cahiers de la petite dame

On s’ennuie tellement Dans le désert, on peut toujours tomber sur une oasis
Alors la nuit quand je dors Fatou Diome
Je pars avec Théodore Le ventre de l’Atlantique
Dehors, dehors, dehors, dehors
Marcher dans le désert
Marcher dans les pierres
Ce qui embellit le Le désert est la seule chose qui ne puisse
Marcher des journées entières
désert, dit le petit être détruite que par construction.
Marcher dans le désert
prince, c'est qu'il Boris Vian
Dormir dehors
cache un puits
Coucher sur le sable d’or
quelque part...
Les satellites et les météores La différence entre un jardin et un désert,
Antoine
Dormir dehors ce n'est pas l'eau, c'est l'homme.
de Saint-Exupéry
Alain Souchon Proverbe touareg
Le Petit Prince
La vie Théodore
"Souvent, le désert,
c'est l'idée que l'on
Parler du désert, s'en fait. On le rêve,
ne serait-ce pas, on l'espère, on l'em-
d'abord, se taire, bellit, et un jour on le
comme lui, découvre et on ne sait
et lui rendre pas que penser ou
hommage que dire. Il nous inti-
non de nos vains mide et nous
bavardages mais contraint au silence.
de notre silence? Les mots glissent sur
Théodore Monod le sable. On observe
le soleil couchant, on
est émerveillé par la
subtilité des couleurs.
Si tu chantes la beauté même "Les secrets du désert, si tu les connaissais, tu Et puis on retourne à
dans la solitude du désert, tu serais de mon avis; mais tu les ignores, soi, à ses pensées, à
trouveras une oreille attentive et l'ignorance engendre le mal. Si tu t'étais une la durée intérieure.
Khallil Gibran fois éveillé au milieu du Sahara, si tu avais ef- Mais le désert n'a de
Le sable et l’écume fleuré de tes pieds ce tapis de sable parsemé sens que si l'on prend
de fleurs semblables à des perles, tu aurais ap- le temps d'y séjour-
précié notre végétation, l'étrange variété de ner. Sinon, il ne se
ses couleurs, sa grâce et son parfum; tu aurais livre pas, il ne donne
Il n'y a pas de plus grande respiré cette brise parfumée qui nous fait vivre rien. Il reste une carte
émotion que d'entrer dans le deux fois, car ce souffle-là ne passe pas sur les postale, l'image d'un
désert. villes impures." souvenir qui s'en-
J.M.G. le Clézio Emir Abd el-Kader nuie."
Gens des nuages Les Chevaux du Sahara, 1855 Tahar Ben Jelloun
L'Express du 16 mars 2000

27
Couscou
Dans une marm s avec la
mijoter à peti ite, mettez trois bons morc sauce au
t
en dés. Couv z
e
gette coupés feu pendant 15 mn. Ajoute aux de viande d’agneau,
250 g de citro deux oignions
x dattes
faites-les cuir re
e pendant 15 z avec de l’eau. Laissez cu uille avec des carottes, de épluchés finement. Laisse
mite laissez cu à2 ire la z
cous. ire. Enlevez du 0 mn. Passez-les à la mou pendant 40 mn. En parallè pomme de terre et de la co
feu une fois la linette. Ajoute le nettoyez le ur-
sauce est moy z la s da
ennement con sauce de dattes obtenue ttes (250 g),
sistante. Utilise da
z accompagné ns la mar-
e du cous-

sa re d e sucre
l a r o u s rrine à une mesu esure d’eau
Sbiaat avec 3 mesures de farine méelaurrnegéfoesnddua. Verser successivemfeermnte.uPnueismpréparer une
ns une te
pare de b e pâte
La pate se pré e de sel, puis une mesure le jusqu'à l’obtention d’un s de sésame grillés, et
cé b in u
glace, une pin ger. Bien travailler l’ensem du zeste de citron, des gra des lanières, les ramollir a
ra n rss) , er ée,
de fleur d’o de pate de dattes (ghe la première pâte, en form dans chaque pièce form ir
g t o
R’fis farce avec 500 de girofle pilés. Reprendre ec le moule de griwèche. E uis la rouler de sorte à av
s a v p
s. quelques clou 0.4 cm, puis les modeler t en bout, et en diagonale, âte. Metter au four à feu
rouleau ju sq u'à de b ou de la p
Mettre rme de cigare me manière pour le reste r de grains de sésame.
dattes la semoule da déposer la fa rce en fo
de la mê upoudre
former lavées et dén ns une poêle spect d’u n d oigt. Procéder igeonner -les de miel, et sa
l’a d
des pet oyautée . Dorer is refroidis, ba
ites bo a
ules. s. Ajouter au u feu doux . moyen. Une fo
fur et à L
mesure a mélanger d
le beur ans une
re fond
u. Puis terrine, aux
rafferm
ir et

t m a r enne en fon- de
r o t et semoule moy une mesure
u is mesures de uccessivement esure de l’eau o-
k
Ma mettre tro l, verser s fur et à m une pâte h
ine, e se au n d’ l au
a ns u ne terr une pincée d pate. Ajouter u’à l’obtentio sez un tunne s
D jouter llant la r” jusq ur. Creu losange
taine, a tout en travai é au “mazha cm d’épaisse . Former des u milieu.
smen, esure) mélang bandes de 05 tes de gherss u de girofle a froidis.
(une m e. Faites des plissez de dat arnir d’un clo lez une fois re
mogèn que vous rem makrout et g à 200°C. Mie
milieu mporte pièce ur préchauffé
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Mettre

L’homme Targui se taguelmouste la tête.


Le " Taguelmoust", est un chèche, ou un turban d'environ 4 à 5 mètres de long qui s'enroule sur la tête pour se protéger du soleil, du vent, de la pluie, du
sable, du froid. Traditionnellement, ce turban constitue la pièce maîtresse du vêtement masculin. Selon Charles de Foucauld, « Le voile de front et de
bouche ainsi que le pantalon sont les vêtements distinctifs de l'homme ». Un homme jeune, devant une personne âgée, ne découvre son visage que par
une fente où brillent deux yeux et introduit le verre à thé sous le voile sans découvrir sa bouche. Souvent indigo, le chèche est fait à partir de lin avec un
tissage complexe. Il est porté les jours de fête et pendant le froid, car il est plus chaud que le chèche en coton. Symbole de bravoure, la couleur bleue chez
les Touaregs est associée à la noblesse de leur attitude et à la crainte que nourrissent les populations sédentaires à leur égard.
C’est une teinture qui tend à déteindre sur la peau, donnant au targui le surnom d'homme bleu.

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