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Décision multicritères

Hélène Fargier, Michel Lemaître


d’après beaucoup d’autres ...

fargier@irit.fr

"Décision Multicritère", 2009-2010, Sup Aéro (SSP)

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1. Introduction

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION

Quelques problèmes de décision et


d’évaluation

• Choisir le site d’implantation d’une usine, d’un magasin ...

• Engager du personnel.

• Acheter du matériel.

• Évaluer la qualité des fournisseurs.

• Évaluer des projets.

• Choisir une stratégie d’investissement.

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION


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Modèle unicritère

• Modèle unicritère : Optimiser {g(a), a ∈ A} où g : A 7→ R

• Mathématiquement bien posé :


– Notion de solution optimale;
– Classement complet des actions;

• Économiquement mal posé :


– Un seul critère ?
– seuils de perception, ...
– Exigence de critères numériques

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION

Choix d’une automobile


alternatives
Citroen Peugeot Renault Ford
prix (×1000 ∈) 22 20 21 16
critères consommation 7.1 7.0 7.2 7.8
puissance (kW) 55 65 58 55
type essence gpl gpl diesel

• le nombre fini critères


• le nombre fini d’alternatives
• aucune ne s’impose a priori (n’est meilleure sur tous les
critères)
ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION
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Exemple : choix d’un candidat

alternatives
Durant Dupont Dubois Dubosc
prétentions 53 50 53 45
critères âge 31 25 32 38
expérience 7 2 7 15
compétences moyennes top top forte

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION

Modèle multicritère

• Modèle multicritère : Optimiser


{g1 (a), g2 (a) . . . gn (a), a ∈ A} où gi : A 7→ R
Comment optimiser sur **plusieurs** fonctions ?

Les critères sont

• Souvent contradictoires (puissance et prix)

• Exprimés dans des unités différentes (puissance et prix)

• Difficiles à mesurer quantitativement (type moteur): les


critères qualitatifs ordonnent plutôt que n’évaluent

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION


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Démarche générale en
décision/optimisation multicritère

• définir l’ensemble des alternatives possibles (les objets sur


lesquels portent la décision : candidats, ordonnancements,
plans), et leurs attributs

• définir les différents points de vue sur lesquels on jugera les


alternatives, établir des préférences sur ces points de vue, les
traduire en critères (de manière ordinale ou cardinale)

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION

Attributs et critères
• Attribut: Caractéristique décrivant chaque objet
(âge, diplôme, résultats aux tests d’aptitude, prétentions)

• Critère : exprime les préférences du décideur relativement


à un point de vue (ex: compétence);
Intègre la structure de préférence du décideur sur ce critère
(minimiser les prétentions, maximiser la compétence)
Tableau des attributs 7→ Tableau des performances

• Généralement (et pour la suite) : attribut ⇆ critère

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION


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Démarche générale en
décision/optimisation multicritère - cont

• définir l’ensemble des alternatives possibles (les objets sur


lesquels portent la décision : candidats, ordonnancements,
plans), et leurs attributs
• définir les différents points de vue sur lesquels on jugera les
alternatives, établir des préférences sur ces points de vue, les
traduire en critères (de manière ordinale ou cardinale)
• synthétiser une structure de préférence globale sur les alt.
• exploiter cette structure de préférence globale pour décider
(algorithmes, calculs)
ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION

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Problématiques d’aide à la décision MCDM


Données: un ensemble d’alternatives, évaluées ou classées par
des critères
Problèmes:

• Sélection : Choix d’une solution (la meilleure) ou d’un


ensemble de (meilleures) solutions

• Affectation : Tri résultant de l’affectation de chaque


alternative à une catégorie parmi n (préféfinies)

• Classement : ordonner l’ensemble des alternatives

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION


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Plan

• Introduction

• Principes de base pour la modélisation des préférences

• Agréger puis comparer : les principales approches par


fonction d’agrégation

• Comparer puis agréger : les méthodes de surclassement

• Conclusion

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION

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Exercice 1
alternatives
Citroen Peugeot Renault Ford
prix (×1000 ∈) 22 20 21 16
critères consommation 7.1 7.0 7.2 7.8
puissance (kW) 55 65 58 55
type essence gpl gpl diesel
Avec gpl > essence, diesel; minimiser prix et consommation,
maximiser performance
Quelles sont les meilleures solutions ? Que dire si on ne tient compte
que des critères prix et consommation ?
Représenter les alternatives dans l’espace de ces deux critères.

ISAE Décision Multi critères 1. I NTRODUCTION


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2. Principes de base

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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2.1 Modélisation des préférences

Dans un problème multicritère, on distingue:


1. Les préférences locales, exprimées par les critères
2. La préférence globale du décideur sur l’ensemble des
alternatives
En général, les préférence locales forment la donnée du
problème,
et on cherche à synthétiser la préférence globale.
Les deux niveaux utilisent les mêmes modèles pour exprimer
les préférences. Attention à ne pas les confondre.
ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE
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Le modèle relationnel
Ce modèle décrit explicitement toutes les comparaisons deux à
deux entre alternatives.
On représente les préférences par une relation  sur A: a  b
signifiant que a est préféré au sens large à b.
Hypothèse minimale :  est doit être réflexive (a est toujours
au moins aussi bon que a).

Le problème de classement: synthétiser un g global à partir


des critères, cad de préférences locales i , i = 1, n.

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Préférence stricte, indifférence et incomparabilité

 définit 3 relations exclusives sur A :

la préférence stricte, notée ≻ : a≻b ⇔ a  b ∧ ¬(b  a)


l’indifférence, notée ∼ : a∼b ⇔ ab∧ba
l’incomparabilité, notée ≍ : a ≍ b< ⇔ ¬(a  b) ∧ ¬(b  a)

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE


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Transitivité

Définition [(Quasi) Transitivité] Une relation R est transitive


⇐⇒def aRb et bRc implique aRc.
Une relation est quasi-transitive ⇐⇒def sa partie stricte est
transitive.

• Les relations d’indifférence ∼ (et donc les relations ) ne


sont pas toujours transitives
• Les relations de préférence stricte ≻ sont généralement
transitives

Par exemple dans la vie courante ?


ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Critères à seuil ou "quasi critères"

Un quasi critère se défini partir d’un attribut g numérique

A maximiser : a  b ⇐⇒ g(a) + q ≥ g(b) avec q > 0

i.e. a ≻ b ⇐⇒ g(a) > g(b) + q,


a ∼ b ⇐⇒ |g(a) − g(b)| ≤ q

Attribut à minimiser: a  b ⇐⇒ g(a) − q ≤ g(b)


(i.e. a ≻ b quand g(b) − q > g(a))
Ex: pour l’achat voiture, le critère consommation ne fait une
différence qu’à plus de 0.1 litre aux 100.

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE


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Quasi critères (cont.)

La relation d’indifférence n’est pas transitive en général


Peugeot (7 l) ∼conso Citroen (7.1 l) car 7.1 − 7 ≤ 0.1
Citroen (7.1 l) ∼conso Renault (7.2 l ) car 7.2 − 7.1 ≤ 0.1
Mais Peugeot ≻conso Renault (car 7.2 − 7.0 > 0.1)
La relation de préférence stricte obtenue par un critère à seuil
est toujours transitive.

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Vote à la majorité
C’est une règle pour synthétiser la préférence globale à partir
des préférences locales ("règle de décision")

a M aj b ⇐⇒ |{i, a i b}| ≥ |{i, b i a}|

Votant 1: a ≻1 b ≻1 c
Exemple: Votant 2: c ≻2 a ≻2 b
Votant 3: b ≻3 c ≻3 a
|{1, 2}| > |{3}| : a ≻M aj b,
|{1, 3}| > |{2}| : b ≻M aj c,
mais |{2, 3}| > |{1}| : c ≻M aj a

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE


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Complétude

Définition [relation complète)] Une relation  est complète


⇐⇒def a  b ou b  a pour tout a et b.

 est complète ⇐⇒ ≍ est vide.

Un critère à seuil définit une préférence locale complète

Le vote à la majorité définit une préférence globale complète

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La règle d’unanimité

Une règle de décision a minima : a U na b ⇐⇒ ∀i, a i b

Citroen Peugeot Renault Ford


prix (×1000 ∈) 22 20 21 16
critères consommation 7.1 7.0 7.2 7.8
puissance (kW) 55 65 58 55
type essence gpl gpl diesel
Peugeot ≻U na Citroen; Peugeot ≻U na Renault.
Ford et Peugeot sont incomparables; Citroen et Renault le sont
aussi.
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Le modèle ordinal : le préordre complet

Définition [préordre] Un préordre est une relation binaire


réflexive et transitive.

Exercice 2 Montrer que la relation de préférence à l’unanimité est


un préordre (partiel)

Exercice 3 Montrer que si  est un préordre, ∼ est une relation


d’équivalence (réflexive, symétrique, transitive) et ≻ une relation
d’ordre (antisymétrique, transitive)

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Le modèle ordinal : le préordre complet (cont.)

Un préordre défini donc un ordre sur les classes d’équivalence


des ex-æquo possibles.
Un préordre complet définit un ordre total sur les classes
d’équivalence (on peut ranger).
Modèle ordinal ←→ préordre complet sur les alternatives
Un critère ordinal peut être représenté par une fonction
g:A→ N

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Le modèle cardinal

Définition [critère numérique cardinal] Un critère cardinal est


une fonction g : A → R
Par rapport au modèle ordinal (qui peut aussi être représenté
numériquement), le modèle cardinal permet d’exploiter des
«différences d’intensités» entre préférences. On suppose une
information riche.
Un critère cardinal induit une relation de préférence ordinale:
a  b ⇐⇒ g(a) ≥ g(b) (si maximisation)

Exercice 4 Le prouver.

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Représentation des préférences: en bref


Trois principaux modèles pour exprimer des préférences :

• le modèle relationnel
– modèles acceptant l’incomparabilité : Pareto
dominance, surclassement
– modèles acceptant l’intransitivité: quasicritères,
décision à la majorité

• le modèle ordinal = modèle relationnel + complétude +


transitivité

• le modèle cardinal = information ordinale + intensités


cardinales

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On fait l’hypothèse simplificatrice que les préférences sont locales


représentées par des critères numériques, ordinaux ou
cardinaux, (à maximiser, par convention)

gi : A 7→ R, i = 1, n

Problème de classement: synthétiser la préférence globale du


décideur (g ) qui en découle.
Problème de sélection: sélectionner une alternative préférée au
sens de g .

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Hypothèse simplificatrice (cont)


Puisque les préférences locales sont des critères numériques
gi : A 7→ Ri ⊆ R, i = 1, n ...

... à tout a correspond un vecteur hg1 (a), g2 (a), . . . gn (a)i des


valeurs de a sur les critères, qu’on appelle profil de a.
On le note par convention a = ha1 , a2 , . . . , an i, avec ai = gi (a)

... on peut passer de l’espace des alternatives à l’espace des


profils: on travaille maintenant sur A = R1 × · · · × Rn

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2.2 Quelques principes de base pour une règle de


décision
Le principe d’universalité: pour toute paire a, b ∈ A, on doit
pouvoir décider si a g b ou non.
Le principe d’unanimité: si a est au moins aussi bon que b sur
tous les critères, alors il faut que a g b

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Pareto-unanimité
Pareto : économiste, première référence historique à la décision
multicritère (1896).
Définition [dominance faible]
a domine faiblement b ⇐⇒def ∀i, ai ≥ bi

Définition [Principe d’unanimité] g satisfait le principe


d’unanimité si et seulement si, si a domine faiblement b alors
a g b.

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2.2 Quelques principes de base pour une règle de


décision
Le principe d’universalité: pour toute paire a, b ∈ A, on doit
pouvoir décider si a g b ou non.
Le principe d’unanimité: si a est au moins aussi bon que b sur
tous les critères, alors il faut que a g b
Le principe d’efficacité: a est au moins aussi bon que b sur tous
les critères et meilleur sur certaines (a "domine" b), alors il faut
que a ≻g b

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Pareto-optimalité et efficacité
Définition [dominance (forte)]
a domine b ⇐⇒def ∀i, ai ≥ bi et ∃i, a >i b
Définition [Principe d’efficacité] : g satisfait le principe
d’efficacité si et seulement si, si a domine b alors a ≻g b.

Définition [Pareto-optimalité] Une alternative a est dite


Pareto-optimale si elle n’est dominée par aucune autre.
Une alternative Pareto-optimale ne peut être améliorée au regard d’un
critère sans la détériorer pour un autre.

Sélection: rechercher uniquement des Pareto optimales

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE


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2.2 Quelques principes de base pour une règle de


décision
Le principe d’universalité: pour toute paire a, b ∈ A, on doit
pouvoir décider si a g b ou non.
Le principe d’unanimité: si a est au moins aussi bon que b sur
tous les critères, alors il faut que a g b
Le principe d’efficacité: a est au moins aussi bon que b sur tous
les critères et meilleur sur certaines (a "domine" b), alors il faut
que a ≻g b
Le principe d’indépendance préférentielle (ou "séparabilité"): la
préférence entre a et b ne dépend pas des critères sur lesquels
a et b reçoivent la même évaluation.

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Principe d’indépendance préférentielle mutuelle


(ou "séparabilité")
Assure que les décisions sont cohérentes "toutes choses égales
par ailleurs"

Définition [] g satisfait le principe de séparabilité ssi, quel que


soit I ⊆ X, quels que soient a, b, c, d ∈ Rn :

aIc g bIc ⇐⇒ aId g bId

où xIy désigne le profil t tel que ti = xi si i ∈ I, ti = yi sinon.

Informellement, la préférence globale entre deux alternatives


ne dépend pas des critères qui ne les départagent pas.

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE


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Exemple du téléviseur [Vincke]

a b c d
- prix -1000 -800 -1000 -800
critères image 5 4 5 4
son 5 5 3 3
SAV 4 4 5 5

Le principe de séparabilité dit que, si le décideur préfère a à b,


alors il préfère c à d (et réciproquement)

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Exercices

Exercice 5 Montrer que :

• ≻ est asymétrique : a ≻ b implique non b ≻ a

• ≻ est irréflexive : non a ≻ a

• ∼ est réflexive : a ∼ a

• ∼ est symétrique : a ∼ b implique b ∼ a

• ≍ est irréflexive : non a ≍ a

• ≍ est symétrique : a ≍ b implique b ≍ a

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE


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Exercice 6 On définit généralement ≻, ∼, ≍ depuis :


a ≻ b ⇐⇒ a  b et non b  a
a ∼ b ⇐⇒ a  b et b  a
a ≍ b ⇐⇒ non a  b et non b  a

On pourrait inversement partir de deux relations exclusives ≻


(asymétrique) et ∼ (réflexive, symétrique) et poser:
a  b ⇐⇒def a ≻ b ou a ∼ b

Montrer que  définie à partir de ≻ et ∼ est réflexive.

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE

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Exercice 7 Montrer que toute relation de préférence globale qui est


transitive, séparable et satisfait le principe de projection des échelles:

∀a, b, c, ∀h, ∀i : ai i bi ⇐⇒ ai {i}h  bi {i}h

satisfait aussi le principe d’efficacité

ISAE Décision Multi critères 2.P RINCIPES BE BASE


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3. Agrégation multi critère

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

41

3.1 Introduction

Types d’approches

• Agréger puis comparer: calculer une note globale pour


chaque alternative, puis préférer celle qui obtient la
meilleure (ce chapitre)

• Comparaison par paires: établir la préférence entre deux


alternatives en fonction des degrés de surclassement
obtenus sur chaque critère (chapitre suivant)

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


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Principe de base

La relation de préférence globale est donnée par un critère


cardinal global h : A → R obtenu par agrégation des critères
numériques par une fonction d’agrégation f : Rn → R.
Le critère cardinal global est défini par

h(a) = f (a1 , . . . , an ).

"Agréger puis comparer" : a g b ⇐⇒ h(a) ≥ h(b)

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

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Propriétés des approches par fonction d’agrégation

a g b ⇐⇒ f (a1 , . . . , an ) ≥ f (b1 , . . . , bn )

La relation de préférence globale est forcément un préordre


total.
Le principe d’unanimité exige que f soit monotone croissante.
Le principe d’efficacité exige que f soit monotone strictement
croissante.

Selon les fonctions d’agrégation, les principes d’efficacité et de


séparabilité peuvent être ou non satisfaits

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


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3.2 Fonctions d’agrégation additives

n
X
h(a) = ui (ai )
i=1
avec ui monotones strictement croissantes (ui : fcts. d’utilité)

Cas particulier de la combinaison linéaire des critères


(ou «somme pondérée»): ui (ai ) = λi . ai
X
h(a) = λi . ai , λi > 0
i

Exercice 8 Montrer que le maximum d’une fonction d’agrégation


additive correspond à des alternatives Pareto-optimales.
ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

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Séparabilité
= cohérence des décisions toutes choses égales par ailleurs.

Propriété Les fonctions d’agrégation additives satisfont le


principe de séparabilité.

Exercice 9 Le démontrer

Théorème (Debreu 1960) Si A est connexe, séparable et


ordonné w.r.t. g , alors il existe une fonction d’agrégation
additive représentant la relation g .
Inversement, si g n’est pas séparable, aucune fonction
d’agrégation additive ne peut la représenter.

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


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Le cas particulier de la somme pondérée


X
u(a) = wi · ai , wi > 0
i=1,n

Interprétation des poids wi ? un point délicat :


• les poids wi représentent des taux de substitution
entre critères (w1 = bw2 signifie (0, b, ....) ∼ (1, 0, ......)))
plutôt qu’une importance
• véhicule l’idée de compensations possibles entre critères -
(ab) ∼ (a − δ, b + γ) : le gain de γ compense la perde de δ.
• suppose implicitement que tous les critères peuvent
s’exprimer indirectement dans la même unité (euros,
secondes, ...) : pb. de normalisation des échelles
ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

47

Somme pondérée : critique 2)

• Élimine des alternatives Pareto-optimales


qui peuvent être intéressantes car équilibrées et peut donc
favoriser des alternatives extrêmes.

wi a b c
g1 0.5 20 5 12
g2 0.5 5 20 12

Les deux alternatives extrêmes a et b sont considérées


équivalentes, et meilleures que l’alternative équilibrée c.

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


48

Somme pondérée : critique 3)

• Une faible variation des poids peut entraîner de grandes


conséquences sur la préférence globale.

wi a b c
g1 0.499 20 5 12
g2 0.501 5 20 12

Le jeu de poids h0.499, 0.501i entraîne b ≻ a, mais le jeu


h0.501, 0.499i entraîne a ≻ b.

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

49

3.3 La fonction min

h(a) = min ui (ai )


i

On cherche à maximiser le critère le moins satisfait.


Contrairement aux agrégations additives, elle est adaptée aux
critères ordinaux comme aux critères cardinaux.
Utilisé plutôt en décision coopérative (ex: des allocations
monétaires aux agents) :maximiser la satisfaction de l’agent le
moins satisfait

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


50

Séparabilité
L’opérateur min ne distingue pas entre les profils dont les
minimaux sont égaux. Exemple : h4, 2, 3, 2i et h2, 4, 2, 2i sont
indistingués.
Le min ne satisfait pas le principe de séparabilité: h5, 4i ≻ h5, 3i
mais h2, 4i ∼ h2, 3i
Le principe d’efficacité n’est pas respecté non plus : h2, 4i ∼ h2, 3i

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

51

Un raffinement du min : le leximin

Rattraper le faible pouvoir de décision du min en raffinant


l’ordre qu’il propose.
L’idée est donc d’ôter les paires d’utilités minimum égales
avant de prendre le min, jusqu’à ce qu’ils soient différents.
Ici : h4, 2, 3, 2i : h2, 4, 2, 2i → h4, 3, 2i : h4, 2, 2i → h4, 3i : h4, 2i.

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


52

Le leximin (2)
Ordre leximin = tris non décroissant des vecteurs,
puis ordre lexicographique (inverse)
Exemples :
h1, 2, 3, 4i =leximin h4, 2, 1, 3i, car h1, 2, 3, 4i ⇐⇒ h1, 2, 3, 4i
h4, 2, 3, 2i ≻leximin h9, 2, 2, 2i, car h2, 2, 3, 4i précède h2, 2, 2, 9i
dans l’ordre lexicographique inverse

L’ordre leximin raffine l’ordre induit par le min :


v ≻min u ⇒ v ≻leximin u

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

53

3.5 L’intégrale de Choquet

Le principe de séparabilité est loin être respecté lorsque l’on


observe des décideurs en situation

Il est battu en brèche lorsqu’il y a des interactions entre critères


(redondances, oppositions)

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


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Un contre exemple à la séparabilité


alternatives = clubs de tennis
critères = équipements: tennis,sauna, hammam, tir à l’arc

Critères
sauna hammam arc tennis
Cat non non OUI oui
Alternatives Cht non OUI non oui
Cats oui non OUI oui
Chts oui OUI non oui

La plupart des gens préfèrent Cht à Cat , mais Cats à Chts . La


séparabilité n’est pas respectée

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

55

Mesure floue
Il faut exprimer explicitement l’importance des combinaisons
de critères.
Définition [Mesure floue] Une mesure floue sur X est une
fonction µ : 2X → [0, 1], avec

• µ(X) = 1,

• µ(∅) = 0,

• S ⊆ T =⇒ µ(S) ≤ µ(T )(monotonie)

(étend la notion de poids à un sous-ensemble de critères)

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


56

Mesure floue (cont.)


Sur l’exemple:

µ({ten.}) = 0.6, µ({ten.} ∪ A) = 0.6 + µ(A) (A t.q. ten. ∈


/ A)
µ({arc}) = 0.1, µ({arc} ∪ A) = 0.1 + µ(A) (A t.q. arc ∈
/ A)
µ({sauna}) = 0.25, µ({sauna, ham.}) = 0.3
µ({ham.}) = 0.25
Donc, µ({sauna, arc}) = 0.35 alors que µ({sauna, ham.}) = 0.3,
et ce bien que "arc" soit un critère bien moins prioritaire que
"hammam"

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

57

Extension de la somme pondérée aux critères


dependants : Intégrale de Choquet

Comment calculer une utilité agreggée à partir d’une fonction d’utilité u et


d’une capacité µ sur les critères ? Retournons d’abord sur le cas de la
somme pondérée
Ex: 3 critères, hyp. (non restrictive) : u(a3 ) ≥ u(a2 ) ≥ u(a1 ))
h(a) = u(a3 ).w3 + u(a2 ).w2 + u(a1 ).w1
h(a) = u(a1 ) . (w3 + w2 + w1 )
+ (u(a2 ) − u(a1 ))) . (w3 + w2 )
+ (u(a3 ) − u(a2 )) . (w3 )

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


58

Extension de la somme pondérée aux critères


dependants : Intégrale de Choquet

Pour une capacité µ additive (µ(A) = Σi∈A µ({i})):


Maximiser Σj=m...1 (λj − λj−1 ) . µ(Aλj )
Avec L = λm > · · · > λ1 et Aλj = {i, u(ai ) ≥ λj }

Pour une capacité quelconque µ


P
Maximiser Ch((a1 , . . . , an ))µ = j=m...1 (λj − λj−1 ) . µ(Aλj )

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

59

L’intégrale de Choquet

Scruter la décision par niveau de satisfaction λi , croissant.


• Au niveau de satisfaction de plus bas (λ1 ) : soutien de
A1 = S - force µ(S) = 1
• Pour chaque increment d’utilité λi − λi−1 , i = 2, m, soutien :
Aλi = {j, u(aj ) ≥ λi },
Utilité pondérée pour l’increment λi − λi−1 :
(λi − λi−1 ) · µ(Aλi )
A sommer sur tous les increments de satisfaction:
Ch((a1 , . . . , an ))µ = λ1 . µ(A1 ) + Σi=2,m (λi − λi−1 ) . µ(Aλi )
Pour retrouver les moyenne pondérées, poser µ(A) = Σj∈A µ({j})

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


60

L’intégrale de Choquet (cont.)

Avec λ1 = non (u(non) = 0) et λ2 = oui (u(oui) = 1)

Cµ (Cat ) = 0 × µ({ham., ten., sauna, arc}) + (1 − 0) × µ({arc, ten.})


= µ({arc, ten.}) = 0.7
Cµ (Cht ) = 0 × µ({ham., ten., sauna, arc}) + (1 − 0) × µ({ham., ten.})
= µ({ham., ten.}) = 0.85
Cµ (Cats ) = 0 × µ({ham., ten., sauna, arc}) + (1 − 0) × µ({arc, ten., sauna})
= µ({arc, ten., sauna}) = 0.95
Cµ (Chts ) = 0 × µ({ham., ten., sauna, arc}) + (1 − 0) × µ({ham, ten., sauna}
= µ({ham, ten., sauna}) = 0.9

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

61

L’intégrale de Choquet (cont.)

Le min est une intégrale de Choquet particulière

Exercice 10 Le montrer

Plus généralement, on peut montrer que les moyennes


pondérées ordonnées sont des intégrales de Choquet
particulières.
En fait, les intégrales de Choquet recouvrent toute une gamme
de compromis entre le min et le max, en passant par les
moyennes pondérées et la médiane.

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


62

3.6 Utilisation des approches agregatives –


théorie de l’utilité multi attribut

On ne connait pas au départ les critères du décideur, mais


simplement l’espace des vecteurs d’attributs A = A1 × · · · × An .
Le décideur ne peut pas exprimer toute sa relation de
préférence sur A.
Le problème: Essayer, en fonction des propriétés souhaitées de
la règle de décision et d’exemples de deviner et calibrer la règle
de décision ("Théorie du Mesurage Conjoint"). Puis l’utiliser en
situation de décision.

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

63

L’utilité multiattribut

C’est LE modèle standard, traditionnel, appelé aussi modèle dit


de « l’école américaine ». Ref: R. L. Keeney and H. Raiffa, 1976:
Decisions with Multiple Objectives: Preferences and Value Tradeoffs.
Hypothèse fondamentale : La relation de préférence globale
g est un préordre total, donc
il existe un critère global u : A → R, («fonction d’utilité globale»)
avec
a  b ⇐⇒ u(a) ≥ u(b)

Cette relation est pré-existante mais cachée. Le rôle d’une


méthode d’aide à la décision est de révéler cette relation.
ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE
64

L’utilité multiattribut (cont.)


Autres hypothèses :

• les préférences sur les points de vue s’expriment par des


attributs numériques («utilités») g1 , g2 , . . . , gn

• l’utilité globale ne dépend que des critères, est donnée par


une fonction d’agrégation :
u(a) = f (a1 , a2 , . . . , an ) avec ai = gi (a).

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

65

L’utilité multiattribut – cas séparable


Lorsqu’on admet la séparabilité des critères, on se tourne
(quasi) forcément vers un modèle additif (Debreu)
u(a) = i=1,n ui (ai ) avec ui monotones strictement
P

croissantes
La question essentielle reste donc de trouver les ui .
Principales voies :

1. «apprentissage» des ui par points à partir d’une base


d’alternatives évaluées sur tous les critères et classées
globalement. Dans cette voie : méthode UTA, logiciel
UTA+

2. recherche de courbes iso-préférence.

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


66

Cas non séparable


Lorsque

• la propriété de séparabilité n’est pas vérifiée

• on cherche à exprimer des synergies entre critères

Se tourner plutôt vers des fonction d’agrégation non additives :

• des fonctions simples comme


u(a) = [u1 (a1 ) + u2 (a2 )] · u3 (a3 )

• les moyennes pondérées ordonnées (OWA)

• les intégrales de Choquet

A paramétrer correctement (éliciter les poids ou plus


généralement la mesure floue .....)
ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

67

Exercice 11 Montrer que l’ordre leximin est un préordre complet et


respecte le principe d’efficacité.

Exercice 12 Imaginez un exemple réaliste d’une situation de


décision multicritère pour laquelle la propriété de séparabilité des
critères n’est pas vérifiée.

1. Donnez pour votre exemple (1) le tableau alternatives / critères


habituel, (2) les préférences globales du décideur sur les
alternatives, et montrez pourquoi la propriété n’est pas vérifiée.

2. Quelle conséquence majeure cela a-t-il sur l’expression de


relation de préférence globale du décideur ?

3. Sur votre exemple, imaginez une fonction d’utilité globale,


agrégeant les critères, capable d’exprimer les préférences globales.

ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE


68

Exercice 13 (préférence globale lexicographique) On se donne


un ordre total (un classement sans ex-aequos) sur les critères,
représentant leur importance.
Soit deux alternatives a et b. Si on peut décider laquelle est la
meilleure au regard du premier critère seul (le plus important), alors
on ne tient pas compte des autres. Sinon, c’est que ces alternatives
sont indiscernables au regard du premier critère. On cherche alors à
trancher entre celles-ci à l’aide du second critère, ... et ainsi de suite.
Questions :
1) exprimer formellement la relation de préférence globale.
2) est-ce bien un préordre complet ? est t il séparable ? efficace ?
3) On supposera que les domaines des critères sont finis. Élaborer un
critère cardinal global représentant la relation de préférence globale.
ISAE Décision Multi critères 3. A GRÉGATION MULTI CRITÈRE

69

4. Méthodes de
surclassement

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT


70

4.1 Introduction

L’approche par fonctions d’agrégation “procède par réduction


d’une logique multicritère au cas monocritère, au prix d’hypothèses
extrêmement restrictives”
Dans le monde réel
• les critères ne sont pas séparables
• les échelles des différents critères ne sont pas
commensurables (unité commune ?)
• l’indifférence n’est pas transitive
• l’indifférence (on peut choisir au hasard) est différente de
l’incomparabilité (incapacité à choisir si critères en conflit)
ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

71

Résumé de la démarche

Contrairement au modèle traditionnel, on ne présuppose pas


qu’une relation de préférence sur les décisions soit totale, ni
transitive, ni même qu’elle pré-existe.
L’aide à la décision multicritère est plutôt considérée comme
un processus d’élaboration d’une structure de préférences.
Recherche d’un compromis entre
• la relation de dominance au sens de Pareto, jugée trop
pauvre,
• et une relation d’ordre total découlant d’une agrégation
jugée trop arbitraire et réductrice (finalement, c’est du
monocritère).
ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT
72

Exemple: la méthode interactive "STEM"


Aider l’utilisateur à se déplacer dans l’espace des alternatives.
Par exemple, optimiser sur deux critères =

• 1. Optimiser sur le premier, puis sur le second (ex:


maximiser h(a) = γg1 (a) + g2(a) avec γ grand)

• 2. Demander à l’utilisateur de combien il peut en rabattre


sur C1 : poser une contrainte g1 (a) ≥ α sur C1 et optimiser
sur C2

• 3,4,5,... : On recommence : Demander à l’utilisateur de


combien il peut en rabattre sur C2 et optimiser sur C1, etc.

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

73

Méthodes de surclassement (outranking)


Une méthode de surclassement cherche à établir et explorer
une relation de surclassement.
aSb ⇐⇒def il existe suffisamment d’arguments pour admettre
que a est au moins aussi bonne que b, sans qu’il y ait de raison
importante de refuser cette affirmation.
Deux étapes :

• la construction de la relation de surclassement (pas


forcement transitive ni quasi transitive)

• son exploitation: en extraire un "noyau" de bonnes


alternatives

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT


74

4.2 Construction d’une relation de


surclassement

La démarche : on compare (phase 1) puis on agrège (phase 2)

Phase 1 : les alternatives sont comparées par paires (a, b),


Pour chaque critère i, une fonction φi : R × R → R, établit le
degré de surclassement de a sur b:

→ On obtient n indices φi (ai , bi )

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

75

Construction d’une relation de surclassement


(cont.)
Phase 1 → n indices φi (ai , bi )

Phase 2 : on agrège les résultats des comparaisons


par une fonction ψ : Rn → R
ce qui décide de la préférence globale :
 
 
aSb ⇐⇒ ψ φ1 a1 , b1 , . . . , φn an , bn ≥0

En général cela donne une relation de préférence globale qui


n’est pas un préordre complet, donc pouvant être difficile à
exploiter.
ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT
76

Exemple: surclassement à la majorité


Exemple très simple (majorité relative, méthode de Condorcet)

φi (x, y) = 1 si x >i y,
φi (x, y) = 0 si x =i y,
φi (x, y) = −1 si x <i y.
ψ= .
P

Autrement dit : aSb (i.e. Σi φ(ai , bi ) ≥ 0) si une majorité de


critères (votants) préfèrent a à b.

Exercice 14 Construire, selon cette méthode, un exemple pour lequel


la relation de préférence n’est pas transitive (paradoxe de Condorcet).

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

77

4.3 Exploitation de la relation de


surclassement

On fait correspondre à S un graphe sur A.


On cherche un sous-ensemble N d’alternatives incomparables
entre elles et tel que toute alternative qui n’est pas dans N est
surclassée par au moins une alternative de N ; formellement :
∀b ∈ A − N , ∃a ∈ N : aSb
∀a, b ∈ N : ¬aSb
L’ensemble N s’appelle le noyau du graphe. Il représente un
ensemble d’alternatives «intéressantes» parmi lesquelles le ou
les décideurs devraient faire leur choix.
ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT
78

Détermination du noyau
Tout graphe sans circuit admet un noyau unique.
Un graphe avec circuits admet 0, 1 ou plusieurs noyaux.

Le problème général de décider si un graphe possède un noyau


de moins de k nœuds est NP-complet (dc on ne connaît pas
d’autres algorithmes que croissant exponentiellelement avec la
taille des données).
Ce problème n’admet pas d’algorithme d’approximation
polynômial.

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

79

4.4 Un exemple historique :


la méthode ELECTRE I

(Roy, 1968), la plus ancienne mais bien représentative.

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT


80

ELECTRE I : définition de la relation de


surclassement
• on attribue à chaque critère gi un seuil d’indifférence βi et
un poids pi reflétant son importance (avec i pi = 1)
P

• matrice de concordance : on calcule pour chaque paire


d’alternatives (a, b) le nombre
X
c(a, b) = pi
i:ai +βi ≥bi

Le nombre c(a, b) est un réel entre 0 et 1 ; il résume « la


force des arguments qui ne s’opposent pas à aSb », par une
sorte de vote pondéré.

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

81

ELECTRE I : définition de la relation de veto

• on attribue à chaque critère gi un seuil de veto vi

• matrice de veto : on calcule pour chaque paire d’alternatives


(a, b) le nombre

d(a, b) = 1 si ∃i, bi > ai + vi , d(a, b) = 0 sinon

d(a, b) = 1 ⇐⇒ veto sur la préférence aSb car b est bien


meilleur que a sur un critère au moins i

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT


82

ELECTRE I : définition de la relation de


surclassement
Finalement:

• on se fixe un seuil de concordance µ avec 0 < µ ≤ 1

• on définit

aSµ b ⇐⇒def c(a, b) ≥ µ et d(a, b) 6= 1

Exercice 15 Exprimer la relation de surclassement de la méthode


ELECTRE I dans le modèle général des relations de surclassement.

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

83

ELECTRE Is : définition du Noyau et +


Tout graphe sans circuit admet un noyau unique.
Idée : supprimer les cycles dans S en condensant les classes
d’équivalence et supprimant des arêtes (selon une matrice de
robustesse)

→ En général on revient ensuite à la phase 1 et on essaie


d’autres seuils de concordance, voire d’autres poids (analyse de
sensibilité), afin de conforter les opinions.
Logiciels associés → bureau d’étude.

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT


84

Autres méthodes ELECTRE

• ELECTRE-1, ELECTRE-1S → choix d’une ou de quelques


alternatives

• ELECTRE-TRI → tri (dans des classes prédéfinies)

• ELECTRE III et IV → rangement (préordre)

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

85

Exercices

Exercice 16 Soit la propriété de monotonie suivante :


∀a, b :
∃j : gj (a) ≥ gj (b) et ∀i 6= j : gi (a) = gi (b) implique aSb


Quelles exigences sur les ψ et φi peuvent traduire cette hypothèse ?

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT


86

Exercice 17 Un cabinet de recrutement fait subir 3 tests aux 6


candidats à un poste. Ces tests concernent les points de vue suivants:
l’évaluation des compétences (critère g1 ), la culture générale (critère
g2 ) et la motivation (critère g3 ). Chaque test est noté sur une échelle
de 0 à 20. Les résultats sont les suivants
candidats
A B C D E F
g1 16 10 18 18 16 6
critères g2 14 18 12 4 10 14
g3 16 12 6 20 12 18
On considère que le critère de compétence est primordial (poids relatif
0.6), le critère de motivation deux fois moins important (poids relatif
0.3) et le critère de culture générale secondaire (poids relatif 0.1).
ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

87

• Quels sont les alternatives pareto efficaces


• Quelles seraient les meilleurs candidats au sens de la somme
pondérée

candidats
A B C D E F
g1 16 10 18 18 16 6
critères g2 14 18 12 4 10 14
g3 16 12 6 20 12 18
Compétence: 0.6; motivation : 0.3 ; culture générale : 0.1.
• Etablir la matrice de concordance (pour chacun des critères, on
prend un seuil d’indifférence egal à 3) et la matrice de véto (seuil
de véto égal à 9). On rappelle que c(a, b) = Σj:aj +qj ≥bj pj et
ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT
88

d(a, b) = 1 si ∃j, aj + vj < bj , d(a, b) = 0 sinon.

• Etablir la relation de surclassement pour un seuil µ1


correspondant aux conditions les plus sévères. Extraire le noyau.

• Déterminer un ou deux autres seuil(s) offrant une relation plus


riche sans pour autant introduire de cycle. Quel serait d’après
cette analyse le meilleur candidat ?

• Comparer les resultats obtenus par les deux méthodes (somme


pondérée et surclassement)

ISAE Décision Multi critères 4. M ÉTHODES DE SURCLASSEMENT

89

5. Conclusion: l’optimisation
multicritère en pratique

ISAE Décision Multi critères 5. C ONCLUSION : L’ OPTIMISATION MULTICRITÈRE EN PRATIQUE


90

L’optimisation multicritère en pratique

Problématiques essentielles:

• Quelles sont les propriétés souhaitables/intéressantes de la


relation de préférence globale ?
→ monotonie, séparabilité des critères, complétude,
transitivité, compensation possibles entre critères

• Lorsque c’est possible (hypothèses fortes) se tourner vers


un approche agrégative:
→ Quelle est la «bonne» fonction d’agrégation ?
→ comment la paramétrer (ex: utilité multi attribut) ?

ISAE Décision Multi critères 5. C ONCLUSION : L’ OPTIMISATION MULTICRITÈRE EN PRATIQUE

91

Le modèle additif ou non ?


Le modèle additif fait des hypothèses fortes : complétude,
commensurabilité donc compensations possibles entre points de
vue, séparabilité, transitivité
Il convient bien pour les applications de type

• technique (critères quantitatifs mesurables objectivement)

• répétitif dans le temps

Les modèles non additifs : pour prendre en compte des


interactions entre critères (synergies, non-séparabilité), la non
commensurabilité, l’ordinalité des évaluations

ISAE Décision Multi critères 5. C ONCLUSION : L’ OPTIMISATION MULTICRITÈRE EN PRATIQUE


92

Approches constructives
Approches constructives: "fonder progressivement une conviction
plutôt que de révéler un optimum ou une préférence pré-existante”
On ne présuppose pas qu’une relation de préférence sur les
décisions soit totale, ni transitive, ni même qu’elle pré-existe.
L’aide à la décision multicritère est plutôt considérée comme
un processus d’élaboration d’une structure de préférences.

ISAE Décision Multi critères 5. C ONCLUSION : L’ OPTIMISATION MULTICRITÈRE EN PRATIQUE

93

Optimiser sur un espace combinatoire

• Approches agregatives simples (critères indépendants)


→ Programmation par contraintes, contraintes valuées

• Critères dépendants: Choquet en programmation par


contraintes (ça commence)

• Méthodes de surclassement: plus dur, il faut comparer un


nombre exponentiel de paires
→ Mais on peut toutefois garder l’aspect interactif (ex:
STEM)

ISAE Décision Multi critères 5. C ONCLUSION : L’ OPTIMISATION MULTICRITÈRE EN PRATIQUE


Décision Multicritère — Exercices corrigés
3ème année ISAE
Hélène Fargier
2009-2010

1 Choix d’une automobile


On considere le problème de choix d’une automobile suivant :

alternatives
Citroen Peugeot Renault Ford
prix (×1000 ∈) 22 20 21 16
critères consommation 7.1 7.0 7.2 7.8
puissance (kW) 55 65 58 55
type essence gpl gpl diesel
Avec gpl > essence, diesel ; minimiser prix et consommation, maximiser performance
Quelles sont les meilleures solutions ? Que dire si on ne tient compte que des critères prix et consom-
mation ?
Représenter les alternatives dans l’espace de ces deux critères.

Si l’on compare les alternatives sur les 4 critères : Peugeot domine Renault (consomption plus faible,
plus puissante et moins cher pour le même type de moteur). Elle domine également Citroen. En revanche,
elle ne domine pas Ford. Ford ne domine ni n’est dominée par aucune autre alternative. Peugeot et Ford
sont appelées décisions efficaces ou Pareto-optimales. Ce sont les deux meilleures solutions
Même résultat si l’on ne prend en compte que les critères consommation et prix :
C et R sont dominées par P (moins bonnes sur les deux critères. Elles peuvent donc être rejetées a
priori.

2 Préférence à l’unanimité
Montrer que la relation de préférence à l’unanimité est un préordre (partiel)

On montre facilement à partir de sa définition que la relation de préférence globale à l’unanimité que
la réflexivité des préférences locales ( ∀i, ai i ai ) entraı̂ne celle de la relation globale.
Pour la transitivité, on suppose que a U na b et b U na c, i.e. par définition, ∀i, ai U na bi et
∀i, bi U na ci . Donc ∀i, ai U na bi et bi U na ci . Par transitivité des i , cela donne ∀i, ai i ci . Donc
∀i, a U na c. a U na est transitive.
Reflexive et transitive, U na est un préordre.
Il est partiel (pas complet) : on peut exhiber un cas d’incomparabilité, e.g. sur l’exemple du choix
d’automobiles.

3 Décompositions d’un préordre


Montrer que si  est un préordre, ∼ est une relation d’équivalence (réflexive, symétrique, transitive)
et ≻ une relation d’ordre (antisymétrique, transitive)

– ∼ est réflexive parce que  l’est.


– ∼ est symétrique : supposons a ∼ b. Par définition on a a  betb  a ce qui est aussi la définition
de b ∼ a.

1
– ∼ est transitive : a ∼ b et b ∼ c s’écrit a  b et b  c et b  a et c  b. Par transitivité de , cela
donne a  c et c  a donc a ∼ c.
– ≻ est irréflexive : a ≻ a est par définition a  aetnona  a ce qui est impossible. Donc non(a ≻ a).
– ≻ est transitive : supposons a ≻ b et b ≻ c. On a donc les assertions suivantes : a  b, non(b  a),
b  c, non(c  b). De là nous tirons que a  c par transitivité de .
Pour montrer maintenant que non(c  a), supposons que cela soit : c  a. Par transitivité de ,
avec a  b, nous tirons c  b, ce qui est en contradiction avec non(c  b). Donc on a non(c  a).
Mais nous avions montré a  c, ce qui, avec non(c  a), s’écrit a ≻ c et termine la démonstration.
– Supposons a ≻ b. On doit montrer que ≻ est asymétrique, c’est-à-dire non(b ≻ a). Supposons que
cela soit, c’est-à-dire b ≻ a. Par la transitivité on tire a ≻ a, en contradiction avec l’irréflexibilité
démontrée plus haut. G est donc asymétrique.

4 Relation de préférence induite par un critère numérique


Montrer qu’un critère cardinal induit une relation de préférence ordinale : a  b ⇐⇒ g(a) ≥ g(b) (si
maximisation)

On pose a  b ≡ g(a) ≥ g(b)


et on montre les propriétés de  ainsi définie :
– ≍ est vide :
Évident : on a soit g(a) > g(b) soit g(b) > g(a), soit g(a) = g(b), et jamais impossibilité de comparer.
–  est complete (ou complète) : a  b ou b  a pour tout aetb ∈ A
parce que ≍ est vide
– ∼ et ≻ sont transitives :
Évident : par transitivité de > et =
et donc
– =≻ ∪ ∼ est réflexive et transitive (c’est un préordre)
 est reflexive parce que ∼ l’est.
 est transitive parce que ∼ et ≻ le sont.

5 Décomposition d’une relation de préférence quelconque


Soit  une relation de préférence. Montrer que :
– ≻ est asymétrique : a ≻ b implique non b ≻ a
– ≻ est irréflexive : non a ≻ a
– ∼ est réflexive : a ∼ a
– ∼ est symétrique : a ∼ b implique b ∼ a
– ≍ est irréflexive : non a ≍ a
– ≍ est symétrique : a ≍ b implique b ≍ a

Trivial a partir des définitions

6 Définition d’une relation à partir de ses parties stricte et as-


symétrique
On définit généralement ≻, ∼, ≍ depuis  :
a ≻ b ≡ a  b et non b  a
a ∼ b ≡ a  b et b  a
a ≍ b ≡ non a  b et non b  a

On pourrait inversement partir de deux relations exclusives ≻ (asymétrique) et ∼ (réflexive, symétrique)


et poser :
ab≡a≻b
mbox ou a ∼ b

Montrer que  définie à partir de ≻ et ∼ est réflexive.

2
Évident : a ∼ a donc a  a

7 Relation de préférence à l’unanimité


Montrer que toute relation de préférence globale qui est transitive, séparable et satisfait le principe de
projection des échelles :
∀a, b, c, ∀h, ∀i : ai i bi ⇐⇒ ai {i}h  bi {i}h
satisfait aussi le principe d’efficacité

Se démontre par récurrence sur le nombre de critères où ai ≻i bi .

Cas 1 : Si pour tous les critères sauf un, aj = bj (sur ces critères, les deux vecteurs sont iden-
tiques), et que sur le dernier critère, disons i, ai ≻i bi . Le principe de projection des échelles assure que
ai {i}h ≻ bi {i}h, en posant h = a = b, cela donne ai {i}a ≻ bi {i}b, i.e. a ≻ b.

Cas m + 1 : Supposons que , quels que soient a et b, si sur tous critères sauf m, aj = bj et que sur les
m autres critères ai ≻i bi , alors a ≻ b.
On choisit maintenant a et b tels que, sur tous critères sauf m + 1, aj = bj et que sur les m + 1 autres
critères ai ≻i bi . On note j l’un des critères où ai ≻i bi . Par récurrence, a{j}a ≻ a{j}b et à cause du
principe de projection a{j}b ≻ b{j}b. Par transitivité, a{j}a ≻ b{j}b, i.e. a ≻ b

8 Aggrégation additive et Pareto optimalité


Montrer que le maximum d’une fonction d’agrégation additive correspond à des alternatives Pareto-
optimales.
Pn
Rappel : une fonction d’agrégation additive est de la forme h(a) = i=1 fi (ai ) où les fi sont des
fonctions monotones strictement croissantes.
Soit a∗ une alternative maximisant sur A la fonction h(a), et supposons que cette alternative ne soit
pas Pareto optimale. Il existe donc une alternative a′ qui la domine, et donc :

∀i : a′i ≥ a∗i , et ∃i : a′i > a∗i

Utilisons maintenant le fait que les fonctions fi sont monotones strictement croissantes par définition :

∀i : fi (a′i ) ≥ fi (a∗i ), et ∃i : fi (a′i ) > fi (a∗i )

et donc
n
X n
X
fi (a′i ) > fi (a∗i ),
i=1 i=1

d’où une contradiction puisque a ne maximiserait pas h(a).

9 Séparabilité des méthodes d’agrégation additives


Montrer que les relations de préférence définies par de es fonctions d’agrégation additives satisfont le
principe de séparabilité.

Soient a, b, c trois alternatives et V un ensemble de critères tels que aV c  bV c au sens d’une agrégation
additive, i.e. Σi∈V f i(ai ) + Σi∈V / f i(ci ) ≥ Σi∈V f i(bi ) + Σi∈V / f i(ci ). Ceci est logiquement équivalent à
Σi∈V f i(ai ) ≥ Σi∈V f i(bi ), cette dernière inégalité étant elle même équivalente à Σi∈V f i(ai )+Σi∈V
/ f i(di ) ≥
Σi∈V f i(bi ) + Σi∈V
/ f i(d i ), quel que soit l’alternative d. Donc aV c  bV c est logiquement équivalent à
aV d  bV d.

3
10 Le min comme intégrale de Choquet
Montrer que le min est une intégrale de Choquet particulière

Pour exprimer le min par une intégrale de Choquet, on pose µ(S) = 1, µ(A) = 0∀A 6= S.
Pour exprimer un OWA quelconque par une intégrale de Choquet, poser µ(A) = Σi=n−Card(A)+1,n wi
Voir : M. Grabisch, On equivalence classes of fuzzy connectives : The case of fuzzy integrals. IEEE
Transactions on Fuzzy Systems 3 1 (1995), pages 96 à 109.

11 Le leximin et le principe d’efficacité


Montrer que l’ordre leximin est un préordre complet et respecte le principe d’efficacité.

L’ordre leximin est complet car on peut toujours comparer lexicographiquement (ordre du diction-
naire) deux vecteurs. Il est réflexif car l’ordre lexicographique sur les vecteurs est réflexif.
Supposons que a leximin b et b leximin c.
Si on a deux indifférences, c’est que les trois vecteurs sont identiques à une permutation près ; une fois
rangés ils sont donc équivalent pour l’ordre lexicographique. Donc ils sont équivalents pour le leximin.
Si a ≻leximin b et b ≻leximin c, cela signifie que, jusqu’à une composante i∗ les vecteurs classes
correspondant à a et à b, notés a′ et b′ sont identiques, et qu’en i∗ , a′i∗ > b′i∗ . De la même façon, jusqu’à
une composante j ∗ les vecteurs classes correspondant à b et à c, sont identiques, et qu’en j ∗ , b′j ∗ > b′j ∗ .
Soit k ∗ = min(i∗ , j ∗ ). Jusqu’en k ∗ , les trois vecteurs classés sont identiques ; en k ∗ , soit a′k∗ > b′k∗ et

bk∗ = ck∗ , soit a′k∗ = b′k∗ et b′k∗ > ck∗ . Donc en k ∗ a′k∗ > ck∗ . Les vecteurs classes a′ et c′ étant identiques
jusqu’en k ∗ , avec de plus a′k∗ > ck∗ , on a par définition a ≻leximin c.
Pour prouver le principe d’efficacité, prenons a et b tels que a domine b au sens de Pareto (sens fort).
a ∼leximin b est impossible car les deux vecteurs classes sont différent du fait de la dominance. Considérons
les deux vecteurs classés, et supposons que b ≻leximin a. Cela signifie qu’il existe une composante des
vecteurs classés tels que a′i < b′i et ∀j < i, a′j = b′j .
Soit k le critère qui fournit a′i ; sur ce critère, ak ≥ bk , puisque a domine b au sens de Pareto par
hypothèse . Ce critère bk ne peut pas apparaitre dans les vecteur classé b′ après le rang i car toutes les
notes a partir du rang i sont supérieurs ou égales à b′i et b′i > a′i = ak .
On fait le même raisonnement pour tous les critères qui fournissent les a′j , j < i : aucun d’entre deux
ne peut pas apparaitre dans les vecteur classé b′ après le rang i.
Soient donc i + 1 notes a apparaı̂tre avant le rang i, ce qui est impossible.

12 Un contre exemple à la séparabilité


Imaginez un exemple réaliste d’une situation de décision multicritère pour laquelle la propriété de
séparabilité des critères n’est pas vérifiée.
1. Donnez pour votre exemple (1) le tableau alternatives / critères habituel, (2) les préférences globales
du décideur sur les alternatives, et montrez pourquoi la propriété n’est pas vérifiée.
2. Quelle conséquence majeure cela a-t-il sur l’expression de relation de préférence globale du décideur ?
3. Sur votre exemple, imaginez une fonction d’utilité globale, agrégeant les critères, capable d’exprimer
les préférences globales.

On compare 4 types d’automobiles selon 3 critères : prix (en kE), consommation (en l/100 km), confort
(noté sur 20).

alternatives
a b c d
g1 consommation -10 -9 -10 -9
critères g2 confort 15 13 15 13
g3 prix -10 -10 -30 -30
g -35 -34 -40 -43

On suppose que les préférences globales du décideur sont d ≺ c ≺ a ≺ b. Le décideur préfère b à a


(lorsque le prix est faible, il privilégie la consommation au confort), mais il préfère c à d (lorsque le prix
est élevé, il privilégie le confort à la consommation).

4
La conséquence importante de la non-séparabilité est que la préférence globale ne peut pas être
représentée par une fonction d’utilité qui soit une fonction d’agrégation additive sur les critères.
Pour aller au plus simple, on va utiliser un critère global h le critère global défini par test sur le
critère coût (on aurait pu alternativement construire une intégrale de Choquet) :
– si g3 < −20 : h = g1 + 2g2 + 2g3
– si g3 ≥ −20 : h = 3g1 + g2 + 2g3 .
Les valeurs de g sont représentées dans le tableau ci-dessus. Elles permettent de représenter les préférences
globales : (x ≺ y) ≡ (h(x) < h(y))

13 Préférence globale lexicographique


On se donne un ordre total (un classement sans ex-aequos) sur les critères, représentant leur impor-
tance.
Soit deux alternatives a et b. Si on peut décider laquelle est la meilleure au regard du premier critère
seul (le plus important), alors on ne tient pas compte des autres. Sinon, c’est que ces alternatives sont
indiscernables au regard du premier critère. On cherche alors à trancher entre celles-ci à l’aide du second
critère, ... et ainsi de suite.
Questions :
1) exprimer formellement la relation de préférence globale.
2) est-ce bien un préordre complet ? est t il séparable ? efficace ?
3) On supposera que les domaines des critères sont finis. Élaborer un critère cardinal global représentant
la relation de préférence globale.

On classe les critères du moins important (petit indices) au plus important (gros indices).
1) exprimer formellement la relation de préférence globale.
– a ≻ b ssi existe un critère j tel que aj > bj et si ak = bk pour tous les critères k plus importants
que j, i.e. pour tout k > j.
– a ∼ b ssi ak = bk pour tout k.
– comme =≻ ∪ ∼.

2) est-ce bien un préordre complet ?


–  complete, forcément : si deux alternatives ont les même évaluations sur tous les critères, elle sont
jugées indifférente. Sinon, on considère le plus important des critères où les notes diffèrent, et là ce
critère impose sa préférence stricte.
–  réflexif évident aussi car a ∼ a pour tout a, par définition
–  transitif : ∼ est transitif, elle correspond à l’identité des vecteurs. Soient a, b, c tel que a ≻ b et
b ≻ c. Soit k le plus important des critères sur lesquels soient a diffère de b, soit b diffère de a. Sur
tous les critères plus importants, ai = bi = ci . En k, on a soit ak >k bk et bk ≥k ck , soit ak ≥k bk et
bk >k ck ; dans les deux cas, par transitivité des préférences locale, ak > ck . Puisque ai = ci ∀i > k
et ak > ck la definition induit a ≻ c. Donc ≻ est transitive. Puisque la relation est complète et que
ses deux composantes ∼ et ≻ sont transitives, elle est transitive.

3) élaborer un critère numérique global représentant la relation de préférence globale


On va chercher à encoder la relation de préférence globale par une somme pondérée.

h(a) = Σi ai . pi

Pour y parvenir, il faut que les niveaux de préférence sur chaque critère soient en nombre fini. Sup-
posons qu’on s’y ramène, avec par exemple N + 1 niveaux par critère, par exemple entre 0 et N (ceci se
fait sans perte de généralité). Soit n le nombre de critères.
Le cas le moins favorable pour une préférence lexicographique a ≻ b est quand, sur le critère décisif
k, ak − bk = 1 et que sur tous les critères moins important que k, b est excellent (note N ) et a mauvais
(note 0).
La traduction de a ≻ b par une somme pondérée exige que :

Σi>k ai . pi + ak . pk + 0 > Σi>k bi . pi + bk . pk + Σi<k N.pi


ce qui est équivalent à

5
ak . pk + 0 > +bk . pk + Σi<k N.pi
Une condition suffisante pour que cette in équation soit vérifiée est

ak . pk + 0 > +bk . pk + (n − 1)N.pk−1 ∀k

Soit (ak − bk ) . pk > (n − 1)N.pk−1 ∀k, i.e. pk > (n − 1)N.pk−1


Il suffit alors que choisir les poids pk de manière à respecter cette inéquation. Par exemple pk = nk .N k
. En effet nk N k > (n − 1).N.nk−1 .N k−1 , puisque n ≥ 1.
La somme pondérée choisie est donc celle où pour tout critère i, pi = ni N i (ou pi = M 2i avec
M = max(n, N )), les indices de critères devant être d’autant plus forts que le critère est important.
En toute rigueur, il faut maintenant prouver que a est meilleur que b au sens lexicographique ssi a
est meilleur que b au sens de cette somme pondérée. Il est évident que si a est indifferent à b au sens
lexicographique, c’est qu’il a les même évaluations sur tous les critères et que donc il reçoit la même note
au sens de la somme pondérée. Maintenant, si a est strictement préféré à b par la règle lexicographique,
on utilise la condition élaborée plus haut pour montrer que c’est également vrai en utilisant la somme
pondérée.
La relation étant complète, on en déduit que a lexicographique b au sens lexicographique ssi a sommepondere
b.

14 Le paradoxe de Condorcet
Construire, selon la méthode de classement à la majorité, un exemple pour lequel la relation de
préférence n’est pas transitive (paradoxe de Condorcet).

Trois alternatives a, b, c.
g1 (a) = 3, g1 (b) = 2, g1 (c) = 1
g2 (a) = 2, g2 (b) = 1, g2 (c) = 3
g3 (a) = 1, g3 (b) = 3, g3 (c) = 2

15 Electre I comme instance du modèle ”comparer puis agréger


Exprimer la relation de surclassement de la méthode ELECTRE I dans le modèle général des relations
de surclassement.

On suppose P = 1 (somme des pj ).



 (1 − µ) · pj si aj ≥ bj (j est d’accord pour a  b)
φi (aj , bj ) = −M si (aj , bj ) ∈ Dj (veto de j pour a  b) (1)
−µ · pj sinon

avec M un nombre suffisamment grand. Et pour ψ on fait la somme.


Vérification : s’il y a veto d’un critère, alors
s(a, b) = ψ(φ1 (g1 (a), g1 (b)), . . . , φn (gn (a), gn (b)) < 0,
et on ne peut avoir a µ b.
S’il n’y a pas veto, alors
X X X
ψ(a, b) = (1 − µ) · pj − µ · pj = ( pj ) − µ (2)
j:aj ≥bj j:aj <bj j:aj ≥bj

et s(a, b) ≥ 0 est équivalent à c(a, b) ≥ µ, cqfd.

16 Contruction de relations de surclassement monotone


Soit la propriété de monotonie suivante :
∀a, b : 
∃j : gj (a) ≥ gj (b) et ∀i 6= j : gi (a) = gi (b) implique aSb

6
Quelles exigences sur les ψ et φi peuvent traduire cette hypothèse ?
Soit la propriété de monotonie suivante :
∀a, b : 
∃j : aj ≥ bj et ∀i 6= j : ai = bi =⇒ a  b
Quelles exigences sur les ψ et φi permettent d’assurer cette propriété ?

On suppose φi (v, v) = 0∀v, i, φi croissantes sur le premier argument et décroissante sur le second (
φi (u, v) croit quand u croit et décroı̂t quand v croit, et ce pour tout i ).
Sur ψ, on suppose ψ(0, ....., 0) = 0 et que ψ est croissante avec ses arguments.
Dans ce cas en effet, pour tous les i 6= j, φi (ai , bi ) = φi (ai , ai ) = 0. Comme les φi sont croissante dans
leur premier argument, φj (aj , bj ) ≥ φj (bj , bj ) = 0.
Comme φj (aj , bj ) ≥ 0, que φi (ai , bi ) = 0 pour tout i 6= j, et que ψ est croissante ψ(φj (aj , bj ), 0, ..., 0) ≥
ψ(0, ....., 0). Puisque psi(0, ....., 0) = 0, on obtient ψ(a, b) ≥ 0 donc a  b

17 Electre I
candidats
A B C D E F
g1 (0.6) 16 10 18 18 16 6
critères g2 (0.1) 14 18 12 4 10 14
g3 (0.3) 16 12 6 20 12 18
1 - Alternatives pareto optimales : toutes, sauf E qui est dominé par A

2 - Alternative optimale pour la moyenne pondérée : D, qui a une note globale pondérée de 17.2 (suivi
de A : 15.8)

3 - Matrice de concordance :
A B C D E F
A 1 0.9 1 0.7 1 1
B 0.1 1 0.4 0.1 0.4 0.7
C 0.7 0.6 1 0.7 0.7 0.7
D 0.9 0.9 0.9 1 0.9 0.9
E 0.6 0.9 1 0.7 1 0.6
F 0.4 0.3 0.4 0.4 0.4 1
4 - Matrice de discordance : veto sur (C, A), (C, D), (C, F ), (D, A), (D, B), (D, F ), (F, A),(F, C),
(F, D), donc des 1 sur ces cases, 0 sur les autres et non discordance
5- Matrice de concordance : et non discordance
A B C D E F
A 1 0.9 1 0.7 1 1
B 0.1 1 0.4 0.1 0.4 0.7
C v 0.6 1 v v 0.7
D v v 0.9 1 0.9 v
E 0.6 0.9 1 0.7 1 0.6
F v 0.3 v v 0.4 1
– Avec µ = 1, la relation de surclassement est la relation de dominance forte aux seuils d’indifférence
près. C’est une relation très pauvre (peu de couples la satisfont) : A surclasse C, E et F ; E surclasse
C ; Noyau {A, B, D}
– On obtient des relations plus riches pour µ = 0.9 et µ = 0.7. Le noyau est {A, D} dans le premier
cas, {A} dans le second.
– On recommande A, qui est dans tous les noyaux lorsque l’on fait varier le seuil µ (en dessous de
0.7, le consensus devient vraiment mou ; en dessous de 0.5, µ n’a pas de sens).
– avec la somme pondérée, D se détache très nettement, bien qu’il ne soit pas équilibré (sa culture
générale est catastrophique). A se detache avec l’approche par surclassement : cette approche limite
les effets de compensation et degage des candidats plus équilibrés.

7
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µ(Ω) = Σgi ∈Ω pi /% g4 ∈
/A +V p1 = 0.4 p2 = 0.2 p3 = 0.2 p4 = 0.2
µ(Ω) = Σgi ∈Ω qi /% g4 ∈ A +V q1 = 0.4 q2 = 0.1 q3 = 0.2 q4 = 0.3

U" -"('1# &' (R%,$.3#"(' &' ;4+H1'$ !+1# '/$ "(+#/ Ch(A) == 16 × (µ({g1, g2, g3, g4}) − µ({g2, g4})) + 18 ×
µ({g2, g4}) = 16 ∗ (1 − 0.4) + 18 ∗ 0.4 = 16.8

2+,,'# (" -"('1# &' (R%,$.3#"(' &' ;4+H1'$ !+1# (R"($'#,"$%-' D6


Ch(D) = 4 ⊗ (µ({g1, g2, g3, g4}) − µ({g1, g3, g4})) + 16 ⊗ (µ({g1, g3, g4}) − µ({g3, g4})) + 18 ⊗ (µ({g3, g4}) −
µ({g4})) + 20 ⊗ µ({g4}) = 4 ⊗ (1 − 0.9) + 16 ⊗ (0.9 − 0.5) + 18 ⊗ (0.5 − 0.3) + 20 ⊗ 0.3 = 16.4
F&',$%G'# C ,+1-'"1 H1'((' /'#"%',$ ('/ !"# )'%(('1#'/ !#+!+/%$%+,/ W S1/$%G'X -+$#' #.!+,/'6
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