Professional Documents
Culture Documents
Séquence POESIE
séries technologiques
L'invitation au voyage,
Charles BAUDELAIRE
Nous allons étudier une poésie de Charles Baudelaire, « l’invitation au voyage ». Ce poème
est tiré des Fleurs du mal, « spleen et idéal ». En tant que poète héritier du romantisme,
Baudelaire dans ces vers nous dévoile sa vision du monde avec une grande connotation
tragique. Il tente de nous faire partager sa vision idéale de l’amour. Nous savons que les trois
femmes qui ont marqué sa vie furent Marie Daubrun, Jeanne Duval et Madame de Sabatier.
L’invitation au voyage fait référence à Marie Daubrun.
Dans le but d’étudier cette poésie nous tenterons de répondre à la problématique suivante, en
quoi ce poème décrit il une vision idéale de l’amour inspirée par la femme ? Pour répondre à
notre problématique d’ensemble, nous verrons dans une première partie comment le pouvoir
de la femme s’exprime sur le poète avec la correspondance de la vue et de l’odorat puis en
second lieu, le pouvoir de la femme et l’évasion vers l’idéal qu’elle suscite.
La femme joue un rôle unificateur car le voyage part d’elle, le pays évoqué est un pays
idéal. Il est créé par l’imagination ainsi que le connotent les vers 2, « songe » et 37 avec
« canaux » qui nous ramène au pays du Nord, comme Amsterdam. Le poète qui menait une
vie de bohème était un dandy, il est parti dans les îles, cela justifie très certainement
l’ambiance exotique du poème. On le retrouve dans le titre. Il parle d’un pays qu’il connaît. Le
souvenir est embelli, idéalisé, tout est beau, les plaisirs des sens sont sollicités. La femme est
l’inspiratrice de ce lieu idéal. C’est aussi pour le poète, un enfant à protéger, « mon enfant »,
et l’âme sœur, son double « ma soeur ». L’adjectif possessif connote l’affectif, au sens de la
tendresse et de la douceur. Il la tutoie, « songe ». L’invitation à la rêverie amoureuse se
passe dans un moment de grande intimité, la femme reste cependant mystérieuse et
attirante, « les charmes », strophe 1, les sens se mélangent et il y a communication des
âmes, strophe 2. Dans la strophe 3, la femme aimée est considérée comme le centre du
monde, une princesse. La femme est la promesse d’une relation harmonieuse à l’image de
l’intérieur évoqué dans la deuxième strophe. Elle est également menaçante, sa duplicité est
soulignée par « tes traîtres yeux » au vers 11, la femme est donc dangereuse. Par l’allusion
au vers 26 « langue natale », Baudelaire évoque les origines, le paradis édénique et réaffirme
sa conception du paradis, celle d’un paradis antérieur au péché originel : un ailleurs, vers
2 »songe », vers 3 « là-bas ». Le refrain définit l’idéal, « là » qui traduit le lieu général qui
n’est pas nommé. Nous avons le conditionnel dans la deuxième strophe. Nous pouvons parler
d’originalité car derrière une forme régulière et classique de poésie, l’auteur innove à deux
niveaux, l’alternance vers courts et longs et le refrain qui comme une chanson marque
l’incantation et donne un aspect mélodique. L’univers utopique transparaît dans la troisième
strophe « du bout du monde ». La structure restrictive « ne que » et le pronom indéfini
« tout » mettent en évidence la volonté du poète à donner une définition de l’idéal : le
bonheur repose sur une vie. Il y a exaltation des sentiments amoureux La première strophe
comprend des points d’exclamations et la troisième, le tiret, l’apaisement. La beauté et la
volupté sont associées à des effets d’harmonie, le calme renvoie à la volupté, l’ordre à la
beauté.
Conclusion
Nous voyons donc à travers cette poésie comment le pouvoir de la femme s’exprime à
travers le poète par la correspondance des sens, synesthésies, et quel idéal d’évasion elle
suscite. Nous ressentons à la lecture de cette poésie une impression de plénitude
contrairement à la majorité des poésies du « spleen et idéal » qui reflètent le mal de vivre du
poète . Les « miroirs profonds » évoqués ici contribuent à libérer Baudelaire de la contrainte
du temps. Le thème du regard est essentiel dans la poésie baudelairienne et il connote le
pouvoir fascinant de la femme en général, thème que l’on retrouve dans les hymnes à la
femme, ainsi Eluard dans sa poésie intitulée, « la courbe de tes yeux ».