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Pourquoi prier les Psaumes?


Pourquoi l'Église a-t-elle choisi de faire des Psaumes sa prière
quotidienne? Comment les comprendre aujourd'hui? Comment peuvent-ils
devenir nos propres mots?

Par un moine bénédictin


20/09/2006

Les psaumes, parole de Dieu pour notre prière


”Nous ne savons pas prier comme il faut.” Quand saint Paul écrit cela aux
Romains (Rm 8, 26), il ajoute aussitôt : ”Mais l’Esprit lui-même intervient
pour nous par des cris inexprimables.” Ce même Esprit a déjà inspiré la
prière des psaumes dans le cœur des juifs pieux.

Le livre des Psaumes est composé tout au long de l’histoire du Peuple de


Dieu, bien avant la venue de Jésus. C’est un texte inspiré par l’Esprit
Saint, une Parole de Dieu : dans les psaumes, la Parole de Dieu devient
prière des hommes (1). Les mots de Dieu nous donnent de prier Dieu.
Ainsi que le dit un psalmiste, ”Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu” (Ps 39, 4). A cet égard, les psaumes nous
enseignent que prier, ce n’est pas d’abord faire œuvre de spontanéité ou
de créativité ; il s’agit avant tout d’accueillir la Parole de Dieu afin qu’elle
nous façonne et devienne notre prière.

Les psaumes, prière des hommes


Parole de Dieu, les psaumes sont aussi profondément imprégnés de
l’expérience des hommes, de tout l’homme et de tout homme.

La prière des psaumes n’a rien de cérébral, de désincarné. Nombreux sont


les versets qui permettent au psalmiste de dire en toute vérité : ”Bénis
son Nom très saint, tout mon être !” (ps. 102). En voici quelques
exemples : Mon âme à soif de toi, après toi languit ma chair (ps. 62), que
ma prière s’élève devant toi comme un encens et mes mains comme
l’offrande du soir (ps. 140), vers toi j’ai les yeux levés (ps. 122), ouvre
mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange (ps. 50), ta loi me tient
aux entrailles (ps. 39).

Prière de tout l’homme, les psaumes sont aussi la prière de tout homme.
Le sage qui se plaît dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit
(ps. 1) côtoie le pécheur qui confesse : oui je reconnais mon péché, ma
faute est toujours devant moi (ps. 50). L’homme émerveillé qui veut
chanter au Seigneur tant qu’il vit (ps. 103) et crier de joie pour le
Seigneur (ps. 94) rencontre l’accablé prostré à bout de force (ps. 37) dont
l’âme est rassasiée de malheur et la vie au bord de l’abîme (ps. 87). L’âme
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ardente qui s’épuise à désirer les parvis du Seigneur (ps. 83) et soupire :
Dieu tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube, mon âme a soif de toi (ps.
62), résonne avec la plainte du découragé : détourne de moi tes yeux que
je respire (ps. 38). Celui qui, confiant, se tient sous l’abri du Très-Haut et
repose à l’ombre du puissant (ps. 90) et tient son âme égale et silencieuse
comme un petit enfant contre sa mère (ps. 130) rejoint le cri de l’opprimé
: Seigneur, qu’ils sont nombreux mes adversaires, nombreux à se lever
contre moi ! (Ps. 3).

Oui, vraiment, les psaumes, bien que nés en Orient il y a plus de vingt
siècles, expriment les douleurs et l’espérance des hommes de toute
époque et de toute région (2).

Les psaumes, prière de Jésus


Prière du peuple juif, les psaumes sont donc celle de Jésus, le plus beau
des enfants des hommes (ps. 44). Il les a récités ; il les a surtout
accomplis tout particulièrement dans sa passion et sa résurrection. Les
psaumes sont donc également des prophéties annonçant et permettant de
comprendre la mission du Christ.

Le psaume 21 par exemple, que crie Jésus du haut de la croix : mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné, annonce la passion jusque dans
le détail. Et comment mieux exprimer le mystère du Christ au tombeau et
de sa résurrection qu’avec le psaume 15 : mon cœur exulte et mon âme
est en fête, ma chair elle-même repose en confiance ; tu ne peux
m’abandonner à la mort, ni laisser ton ami voir la corruption. Pierre citera
ce psaume lors de son premier discours après la Pentecôte pour parler au
Christ ressuscité.

Les psaumes, prière de l’Église, prière de tous et de toujours


Prière du Christ, sans rupture avec la tradition juive, mais éclairés de la
lumière, les psaumes deviennent la prière de l’Église. Aujourd’hui encore,
les chrétiens prient avec les psaumes. La liturgie de toutes les églises
chrétiennes puise abondamment dans les psaumes. C’est le cas de la
liturgie des heures, si importante dans la prière des prêtres, de tous les
consacrés et de beaucoup de laïcs : le soir, le matin ou à midi, comme le
dit un psaume (ps. 54, 18) ! Un ”ancien” disait à un jeune moine : ”Entrer
dans la vie monastique, c’est entrer en psalmodie.”

Ainsi, les psaumes nous unissent à la prière des hommes et des femmes
qui ont attendu et annoncé le Seigneur, à la prière de l’Église de tous les
temps et à la prière même du Christ.

Avec toute la création, si souvent associée à la prière des hommes par les
psaumes, goûtons la joie de chanter au Seigneur ces chants nouveaux
(ps. 95). Dieu lui-même les a inspirés à ses amis voici près de vingt-cinq
siècles, pour que tout être vivant chante louange au Seigneur. Alleluia (ps.
3

150).

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