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Cadre conceptuel
Par contraste avec le schéma précédent illustrant l'approche « end of pipe », ce schéma fait
ressortir la vision de l'écologie industrielle, qui considère le système industriel non pas
comme séparé de la Biosphère, mais comme en faisant intégralement partie.
Plus précisément, l'écologie industrielle considère par analogie le système industriel comme
un « écosystème » d'un type particulier. L'idée essentielle ici est de concevoir le système
économique comme un sous-système de la Biosphère, dont il reste fondamentalement
dépendant.
Alors que l'approche « end of pipe » se concentre sur le traitement d'une partie des « Output »
(les déchets), l'écologie industrielle s'intéresse à la totalité des flux (et stocks) de matière et
d'énergie transitant dans le système économique, y compris les translocations. Les
translocations sont des flux de ressources qui ne sont pas comptabilisés dans les comptabilités
des entreprises ou des collectivités publiques, car ils ne font pas l'objet de transactions
commerciales : par exemple l'eau d'irrigation, les résidus stériles d'exploitation minière, les
mouvements de terre et de roches liés à la construction d'infrastructures routières, etc. Bien
que n'ayant pas d'existence économique, les flux de translocations peuvent avoir des impacts
environnementaux importants.
Une idée ancienne
L'idée de l'écologie industrielle est assez ancienne, on en trouve des traces dans la littérature
scientifique au moins à partir des années 60. Toutefois, jusqu'au début des années 90, il ne
s'est agi que de mentions isolées et sporadiques.
Le domaine de l'écologie industrielle proprement dit a émergé suite à la publication d'un
article dans le numéro spécial du mensuel Scientific American (Pour la Science, en français)
consacré au développement durable.
" Le modèle simpliste actuel d'activité industrielle doit être remplacé par un modèle plus
intégré: un écosystème industriel. "
R. Frosch et N. Gallopoulos, General Motors Laboratories, Pour la Science, novembre 1989
Dans leur article de 1989, Robert Frosch et Nicholas Gallopoulos rappellent que le modèle
actuel d'activité économique n'est pas viable à long terme. En effet, sous sa forme actuelle, le
système industriel fonctionne essentiellement avec des flux de ressources linéaires, qui
s'ignorent mutuellement, selon le modèle: « extraction des ressources - utilisation dans le
système économique (usage souvent éphémère) - rejet dans l'environnement (déchets) ».
L'écologie industrielle, à l'image des écosystèmes naturels, propose une vision très différente :
celle d'un système permettant un usage des ressources quasiment cyclique, en partie grâce au
recyclage, mais aussi, et surtout, grâce aux interactions complexes entre les différents agents
économiques (cascades de valorisation de ressources entre différentes entreprises, etc.).
C'est donc un changement radical dans la manière de considérer l'activité économique, du
moins dans la perspective du système industriel tel qu'il se développe depuis deux siècles.
A ce stade, il importe de bien clarifier les deux termes de l'expression « écologie industrielle »
:
Il importe donc de garder à l'esprit que le concept d'écosystème industriel est une analogie, à
ne pas prendre au pied de la lettre.
L'éventail des écosystèmes
Dans la perspective de l'écologie industrielle, il ne s'agit pas d'opposer de manière tranchée les
écosystèmes naturels d'un côté, et les écosystèmes industriels de l'autre. Il convient plutôt
d'envisager un continuum, allant des écosystèmes plus ou moins « naturels » (relativement
peu perturbés par l'Homme) jusqu'aux écosystèmes anthropisés (l'agriculture industrielle),
voire entièrement artificiels (l'exemple extrême étant une station spatiale).
Les spécificités de l'écologie industrielle
Cercle avec différents noms et terminologies, le cercle représentant le DD
Ce schéma représente ce que l'on pourrait appeler le « Grand bazar » du développement
durable. Depuis une quinzaine d'années, en effet, les formules et les concepts faisant référence
au développement durable se sont multipliés: « éco-efficacité », « émissions zéro », «
production propre », « analyse du cycle de vie », etc.
Cette multiplicité d'appellations découle du fait que chaque milieu professionnel s'est
approprié, à sa manière, la notion très générale de développement durable:« éco-efficacité »
pour les grandes entreprises regroupées au sein du Conseil mondial des entreprises pour le
développement durable (WBCSD, World Business for Sustainable Development), «
Production plus propre » (Cleaner Production) initié par le Programme des Nations Unies
pour l'environnement (PNUE), etc.
Dans ce contexte, la question se pose : comment caractériser et situer l'écologie industrielle ?
D'une manière générale, trois éléments permettent de caractériser l'écologie industrielle par
rapport aux autres approches de l'environnement et du développement durable:
Pour en savoir plus, on peut consulter les deux principaux sites de référence sur l'écologie
industrielle :