Magnetisme Et Blindages

Chapitre 3 Matriaux magntiques
"IGEE-403 Materiaux de lèlectrotechnique" Maxime Dubois 2006

79
3. Materiaux magnetiques

Les premieres maniIestations des phenomenes magnetiques ont ete observees il y a plusieurs
milliers d'annees en Grece, pres d'une ville denommee Magnesie. On y retrouvait des mines de
Ier comportant un grand nombre de pierres qui avaient la propriete d'attirer le Ier. On remarquait
deja a cette epoque que deux de ces pierres avaient la propriete supplementaire de se repousser
l'une l'autre et de s'attirer si l'une d'elle etait retournee de 180 degres. Selon Lucrece (1
er
siecle
av. Jesus-Christ), cette pierre a pris le nom de ''magnetite'', en lien avec l'endroit ou on la trouvait
naturellement.

En 1269, pendant les Croisades, le soldat Pierre Peregrinus decouvrit qu'une pierre de magnetite
pouvait aimanter une aiguille de Ier, permettant a celle-ci de s'orienter naturellement vers le
''ple'' nord. C'est de cette epoque que nous vient le concept de ''ple'' magnetique et c'est a cette
epoque que la boussole Iut inventee, avec la constatation du magnetisme terrestre.

C'est donc a partir de la decouverte d'aimants naturels en Magnesie que les phenomenes
magnetiques se sont reveles a l'Homme. Le nom de ''Magnetisme'' a ete donne a la science qui
etudie les interactions des aimants naturels entre eux et entre les aimants et les materiaux dits
magnetiques. On appelle donc ''materiaux magnetiques'' tous les materiaux qui peuvent soit tre
attires par des aimants ou soit aimantes eux-mmes aIin d'attirer d'autres materiaux.

Comme nous le verrons dans ce chapitre, les aimants sont des materiaux magnetiques
caracterises par une ''remanence'' magnetique, i.e. que leur induction magnetique demeure de
maniere permanente. TouteIois, la plupart des aimants commerciaux, tels que le NdFeB, le
SmCo et AlNiCo, ont une permeabilite magnetique habituellement tres Iaible (comparable a
celle de l'air).

D'autres materiaux magnetiques, comme le Ier par exemple, possedent une permeabilite
magnetique dont la valeur est plusieurs Iois celle du vide. Cette propriete leur permet de
concentrer l'induction magnetique environnante et d'tre ainsi assujetti a une Iorce d'attraction
magnetique.

3.1 Applications des materiaux magnetiques en electrotechnique

Les applications pratiques des materiaux magnetiques sont nombreuses en electrotechnique.
Voici les principaux exemples:

- transIormateurs;
- inductances;
- machines electriques;
- actuateurs (e.g. relais, contacteurs);
- electroaimants.

80
Toutes ces applications reposent sur les materiaux magnetiques, mais egalement sur les deux lois
physiques qui gouvernent les phenomenes magnetiques en electrotechnique, soit les lois de
Faraday et d'Ampere.

3.1.1 Rappel sur les lois de base du magnetisme

Les lois de Faraday et dÀmpere admettent comme hypothese de base que les courants de
deplacement causes par la variation du champ d'induction electrique D sont nuls dans
l'environnement immediat du dispositiI. Mathematiquement, on decrit cette hypothese par:

D
t
= 0

On appelle cette hypothese ''l'hypothese quasi-magnetostatique''.

Loi de Faraday

La loi de Faraday stipule quùn enroulement de conducteurs soumis a un champ dìnduction B
variant dans le temps verra un voltage a ses bornes egal au produit du nombre de tours de
l'enroulement par la variation dans le temps du Ilux d'induction magnetique traversant cet
enroulement. Mathematiquement,

e n
d B ds
dt
S enroulement
=
(
(
}}

(1)

ou e est la Iorce electromotrice aux bornes de l'enroulement (en volt);
B est le champ d'induction magnetique (en tesla);
ds est un vecteur perpendiculaire a l'element de surIace ds de l'enroulement (en m
2
);
Senroulement est la surIace delimitee par le bobinage;
n est le nombre de tours de l'enroulement.

Dans l'equation (1), on appelle l'expression entre crochets ''Ilux d'induction magnetique''.

Loi d'Ampre

La loi d'Ampere stipule que tout courant i circulant dans un conducteur engendrera un champ
magnetique H autour de ce conducteur, tel que l'integrale de ligne soit egale a i, pourvu que le
parcours d'integration englobe le conducteur et que ce parcours soit Ierme. Mathematiquement,

ni H dl =
}

(2)

81
ou n est le nombre de conducteurs englobes par le parcours Ierme;
H est le champ magnetique (en A/m);
dl est un vecteur de longueur inIinitesimale tangent au parcours choisi pour lìntegration
de ligne (en m).

Dans l'equation (2), on appelle ''Iorce magnetomotrice'' le produit ni.

3.1.2 Le transIormateur

Le transIormateur est un composant de base de lèlectrotechnique. Il a deux Ionctions
principales :

- transIormer a puissance egale les voltages/courants dùn primaire a un
secondaire possedant des voltages/courants diIIerents;
- isoler galvaniquement un circuit primaire dùn circuit secondaire.

Le principe de Ionctionnement d'un transIormateur est le suivant:

- la source de voltage alternatiI connectee au primaire genere un Ilux
magnetique alternatiI dans l'enroulement primaire, selon la loi de Faraday
(equation (1)):

1
1
1
1
=
}
n
e dt (3)

ou
1
est le Ilux magnetique genere par l'enroulement primaire,
n
1
est le nombre de tours de l'enroulement primaire,
e
1
est la source de voltage connectee a l'enroulement primaire.

- une Iraction M du Ilux magnetique
1
est recueillie par l'enroulement
secondaire, qui le transIorme selon la loi de Faraday, donnant un voltage e
2

aux bornes de l'enroulement secondaire:

e n
d M
dt
2 2
1
=
( )
(4)

et en inserant (3) dans (4), on obtient :

e M
n
n
e
2
2
1
1
= (5)

82
M determine le couplage entre l'enroulement primaire et l'enroulement secondaire. Plus M sera
pres de 1, plus le couplage du transIormateur sera bon. La valeur de M depend de deux Iacteurs :

- la geometrie des enroulements;
- la permeabilite du materiau magnetique utilise.

Considerons le cas ou le Ilux magnetique ne circule que dans l'air et ou les deux enroulements
sont separes, tel que l'illustre la Iigure suivante :

Air =
0
AC
Primaire
Secondaire

Les lignes illustrees a la Iigure precedente sont des equiIlux et representent des ''tubes'' a
l'interieur desquels circule un Ilux magnetique de mme valeur pour chacun des ''tubes''. Le
nombre de lignes d'equiIlux est entierement determine par la loi de Faraday (eq. (3)),
independamment de la disposition des enroulements et du type de materiau magnetique utilise.

La densite de lignes d'equiIlux est le nombre de lignes que l'on retrouve dans un m
2
d'une surIace
placee dans un plan perpendiculaire aux lignes d'equiIlux. Mathematiquement, la densite de
lignes d'equiIlux est deIinie par l'induction magnetique B, ou encore:

S
B =

Sur la Iigure precedente, on constate que le nombre de lignes d'equiIlux qui coupent
l'enroulement du secondaire est Iaible par rapport au nombre total de lignes. Par consequent, il en
resultera un Iaible couplage magnetique entre les deux enroulements du transIormateur et donc
une Iaible valeur de M.

Bien que le nombre de lignes d'equiIlux generees ne depend pas de la disposition des
enroulements ni du type de materiau utilise, la disposition des lignes d'equiIlux dans l'espace
depend de ces deux elements. Par exemple, la Iigure suivante illustre les deux mmes
enroulements, lesquels sont lies par un noyau magnetique de Ier.

83
Air =
0
AC
Primaire
Secondaire
Fer > 1000
0

Si le nombre de lignes d'equiIlux depend uniquement de la loi de Faraday, leur disposition dans
l'espace depend de la loi d'Ampere (eq. (2)). En supposant l'integrale de ligne eIIectuee sur une
ligne d'equiIlux, le champ H sera colineaire a la trajectoire complete d'une ligne d'equiIlux
donnee. L'equation (2) devient:

}
=
equiflux l
ni Hdl
(6)

ou lequiflux est la longueur de la ligne d'equiIlux consideree.

On considere tout materiau comme etant deIini par une permeabilite magnetique , liant
l'intensite du champ magnetique H et l'induction magnetique B par la relation suivante:

B H = (7)

On insere (7) dans (6):
}
=
equiflux l
ni Bdl

Si on prend comme hypothese que le Ilux magnetique est concentre sur un parcours moyen
donne, tel quìllustre a la Iigure precedente, on obtient la relation (8) :

moven
l
ni
B

(8)

ou l
moven
est la longueur moyenne des lignes d'equiIlux.

Il decoule de l'equation (8) que les lignes d'equiIlux seront plus densement concentrees aux
endroits ou la permeabilite magnetique est plus elevee. Par consequent, la tres grande majorite du
Ilux magnetique cree par l'enroulement primaire sera capte par l'enroulement secondaire si un

84
noyau de Ier lie les deux enroulements. Il en resultera un excellent couplage magnetique et une
valeur de M pres de 1.

Courant magntisant d'un transformateur

Un autre avantage important de l'utilisation d'un noyau magnetique dans un transIormateur
concerne son courant magnetisant.

Courant magnetisant dun transformateur: courant permettant de conserver un Ilux magnetique
dans le noyau d'un transIormateur. C'est aussi le courant a vide du transIormateur.

Lorsque le secondaire du transIormateur est a vide, le primaire de celui-ci agit comme une
inductance pure. Comme il en sera question dans la section suivante, la valeur d'une inductance
est plus elevee lorsqu'un noyau Ierromagnetique est utilise. L'impedance en c.a. vue par le
primaire du transIormateur est donc beaucoup plus grande et le courant plus Iaible. Un courant
magnetisant plus Iaible permet de beaucoup moins charger les lignes de transport et distribution
du reseau electrique.

3.1.3 Lìnductance

Les inductances sont utilisees principalement comme element de Iiltrage, soit pour retarder le
courant dans un circuit ou encore pour lisser celui-ci, ce qui revient a une seule et mme chose,
c'est-a-dire a creer une inertie de courant. Cette inertie de courant s'exprime egalement par la loi
de Lenz, qui dit qu'on ne peut changer le courant instantanement dans une inductance.

Pour creer une inertie de courant, l'inductance doit pouvoir stocker une energie magnetique U
mag
,
telle que

U LI
mag
=
1
2
2
(9)

L'energie magnetique peut aussi tre ecrite en Ionction de l'induction magnetique B, sous la
Iorme suivante:

U B dJ
mag
=
}}}
1
2
2
(10)

si le materiau magnetique est lineaire, i.e. que la permeabilite est constante en tout point du
materiau. Dans l'equation (10), l'integration s'eIIectue sur le volume d'espace ou circule
l'induction magnetique B. B etant nulle dans les autres parties de l'espace, l'integrale volumique
est egalement nulle a ces endroits.

85
Dans l'equation (10), on constate que plus la permeabilite d'un materiau est elevee, plus
l'energie magnetique U
mag
qui peut tre stockee dans un volume donne est Iaible.

Une inductance constituee d'un enroulement bobine autour d'un noyau Ierromagnetique Ierme,
tel qu'illustre a la Iigure suivante, constitue certes une inductance de valeur L elevee, mais pour
laquelle l'energie magnetique U
mag
ne peut pas tre tres elevee, si l'on considere qu'un materiau
Ierromagnetique possede une valeur maximale d'induction B
sat
, appelee induction a saturation au
dela de laquelle la permeabilite chute de maniere importante.

Fer > 1000
0
I

En considerant l'equation (9), cet eIIet peut tre decrit en ces termes: la valeur de l'inductance L
est elevee, mais le courant maximal I
sat
pouvant circuler dans l'inductance avant saturation de
celle-ci est Iaible. L'energie magnetique emmagasinable est donc Iaible.

La loi d'Ampere permet egalement de veriIier la relation qui existe entre le courant maximal I
sat

et la permeabilite du materiau magnetique. En reprenant l'equation (8), derivee de la loi
d'Ampere, on obtient :

n
l B
I
moven sat
sat
(11)

qui conIirme qu'une inductance constituee d'un noyau magnetique Ierme de permeabilite elevee
nous donnera un courant I
sat
Iaible.

Les inductances peuvent tre construites avec un enroulement bobine sans noyau, i.e. autour dùn
noyau dàir, comme lìllustre la Iigure suivante. Selon lèquation (10), il peut sembler que
lènergie magnetique stockee dans làir sera grande car la permeabilite de làir y est Iaible. La
Iigure suivante illustre une inductance a noyau dàir avec ses lignes dèquiIlux.

86
Air =
0
I

Cependant, selon la Iormulation de la loi dÀmpere proposee par lèquation (8), un courant I
impose au bobinage de lìnductance engendrera une Iaible induction magnetique B au centre de
lènroulement, resultant en une reduction de lènergie magnetique emmagasinee.

Le choix du materiau et des dimensions dùne inductance apparat donc comme un compromis a
realiser entre une inductance L elevee dùne part, et un courant de saturation I
sat
eleve.

Par deIinition, lìnductance L est le rapport entre le Ilux de circulation et le courant I, i.e. :

I
s d B n
I
L
t enroulemen
S
}}

= =
(12)

Lèquation (12) utilise comme hypothese que chacun des tours de lènroulement "voit''
exactement le mme Ilux magnetique. On exprime (12) egalement de la maniere suivante :

I
n
L

= (13)

Si on pose comme seconde hypothese que le champ dìnduction B est en tout point
perpendiculaire a la surIace du bobinage et possede une mme valeur en tout point de cette
surIace, (12) et (13) deviennent :

I
nBS
L
t enroulemen
= (14)

87
En inserant lèquation (8) dans lèquation (14), on obtient :

(
(
=
moven
t enroulemen
l
nI
I
nS
L

ou encore,

moven
t enroulemen
l
S n
L
2
= (15)

Lèquation (15) conIirme que lùtilisation dùne permeabilite magnetique plus Iaible entranera
une baisse de la valeur de lìnductance.

Pour toutes ces raisons, les inductances sont habituellement construites avec un materiau
magnetique, dans lequel on insere un mince vide dàir : lèntreIer.

Air =
0
Fer > 1000
0
I
g

LèntreIer permet de garantir une region de lèspace ou la permeabilite est Iaible, sans touteIois
abaisser lìnduction B et lìnductance de maniere trop importante. LèntreIer permet donc
dòbtenir une valeur elevee dènergie magnetique par unite de volume.

Pour determiner lìnductance dùne inductance possedant un noyau magnetique et un entreIer, on
utilise la loi dÀmpere, equation (6), qui devient :

}
+ = =
equiflux l
moven novau g
g l H g H Hdl ni
) ( (16)

88
Dans (16), le champ magnetique H est diIIerent dans lèntreIer de celui dans le noyau
magnetique. On làppelle H
g
dans lèntreIer et H
novau
dans le noyau magnetique.

moven
novau
novau g
l
B
g
B
ni

+ =
0
(17)

A lòppose, le Ilux magnetique est le mme dans le noyau et dans lèntreIer. En prenant pour
hypothese que la section a travers laquelle circule le Ilux magnetique dans lèntreIer est la mme
que la section du noyau magnetique, on obtient B
g
B
novau
et (17) devient :

(
(
+ =
novau
moven
l
g
B ni

0
(18)

Pour obtenir lìnductance, on insere (18) dans (14)

(
(
+
=
novau moven
novau
t enroulemen
g l
nI
I
nS
L

0
0

Soit,

novau moven
t enroulemen novau
g l
S n
L

+
=
0
2
0
(19)

Pour determiner lèpaisseur g de lèntreIer qui est requise, on utilise lèquation (18) :

novau
moven
sat
sat
l
B
nI
g

0 0
= (20)

3.1.4 Les machines electriques

Dans cette section, nous ne passerons pas en revue tous les types de machines electriques, ce qui
serait trop long. Lèxemple de la machine synchrone a aimants permanents permettra de mettre
en valeur lìmportance des materiaux magnetiques dans les machines electriques.

La Iigure suivante illustre une machine synchrone a aimants permanents de type conventionnel.
Elle est constituee dùn rotor comprenant des aimants permanents disposes de maniere a generer
un champ alterne en direction du stator. La machine est egalement constituee dùn stator Iixe
comprenant des encoches pratiquees dans la culasse statorique. La culasse statorique est
composee dùn assemblage de tles Ierromagnetiques de Iaible epaisseur.

89

Chacune des encoches contient les enroulements de conducteurs.

Pour chacun des ples de la machine, les aimants permanents produisent un Ilux magnetique
dans les enroulements, qui varie de
pnl
a
pnl
selon la position du rotor.
w
m
h
m
pnl
2

Etant donne le mouvement rotatiI du rotor, chaque enroulement voit un Ilux magnetique
variable, ce qui, selon la loi de Faraday, engendre une Iorce electromotrice (I.e.m.) e aux bornes
de cet enroulement. Supposons que l'induction magnetique

est distribuee sinusodalement dans
l'entreIer avec une amplitude
g
, que la vitesse de rotation de la machine est n revolutions par
minute (rpm) et que la machine compte 2p aimants, la Irequence electrique de la f.e.m. sera:

f p
n
=
60
(21)
Culasse du stator
Culasse du rotor
Conducteurs
Aimants permanent
stator

rotor

90

Par consequent, le Ilux magnetique vu par un ple du stator sera:

pnl
p s
g
l
B ft =
2
2
sin( ) (22)

ou
p
est le pas polaire, i.e. la largeur d'un ple de la machine;
l
s
est la longueur de la machine dans la direction axiale;

et le Ilux de circulation total vu par le bobinage entier du stator sera:

= pN ft
s pnl
sin( ) 2 (23)

ou
s
est le nombre total de spires d'une phase de l'enroulement du stator;

d'ou l'on deduit la f.e.m. a partir de la loi de Faraday:

e
d
dt
fpN l B ft
s p s g
= =
4 2
cos( ) (24)

Et l'on insere (21) dans (24). On obtient:

e
l
np N B ft
p s
s g
=
15
2
2

cos( ) (25)

p
g
d
p
=
2

e
d l
npN B ft
g s
s g
=
30
2
cos( ) (26)

La valeur eIIicace de la I.e.m. devient:

(27)

De l'equation (27), il apparat que la I.e.m. generee par le mouvement de rotation des aimants soit
directement proportionnelle a l'amplitude de l'induction magnetique
g
genere dans l'entreIer.

91
On determine B
g
en utilisant la loi d'Ampere (eq. (2)):

H dl ni = =
}
0

2 2 2 0 H h H g H h H H
aimant m g dent dent statculasse p rotculasse p
+ + + + =

2 2 2
0
B B
h
B
g
B
h
B B
g r
aimant
m
g
dent
stat
dent
statculasse
stat
p
rotculasse
stat
p

(
+ =

B
B
h
B
h
B B
h g
g
r
aimant
m
dent
stat
dent
statculasse
stat
p
rotculasse
rot
p
m
aimant
=

(
+

2 2
0
(28)

3.1.5 Les actuateurs magnetiques

Par actuateurs magnetiques, on entend ici les relais et contacteurs. Ces composants utilisent la
Iorce dàttraction magnetique pour etablir un contact electrique entre deux conducteurs. La
Iigure suivante illustre le principe dùn relais.

Lìllustration represente une inductance avec un entreIer g, dont une partie est pivotante.

92
Ce pivot permet le deplacement dùne partie du circuit magnetique, lequel permet de modiIier
lèpaisseur de lèntreIer g, suite a làpplication dùn courant continu I. AIin de determiner quels
parametres inIluenceront le design de cet actuateur, il est necessaire de determiner la Iorce
magnetique exercee sur la partie pivotante.

A la section 3.1.3, on deIinissait lènergie magnetique stockee dans le circuit magnetique dùne
inductance :
U LI
mag
=
1
2
2
(9)

Dans le cas de làctuateur, on utilise les mmes expressions de U et de L que pour le cas dùne
inductance, sauI que lèntreIer g est consideree comme etant dèpaisseur variable. Selon la loi de
conservation de lènergie, tout travail mecanique eIIectue par làctuateur sera obtenu seulement
si lènergie magnetique stockee est reduite de la mme quantite. On peut donc deIinir la Iorce
mecanique comme etant la derivee de lènergie magnetique stockee en Ionction de lèpaisseur de
lèntreIer. Cèst-a-dire :

dg
g dL I
dg
g dU
F
) (
2
) (
2
= = (29)

Il est a noter que lèquation (29) prend pour hypothese que le courant I est constant et que le
mouvement de làctuateur ne debute seulement que consecutivement a làpplication de I
constant. Egalement, lèquation (29) suppose que les materiaux magnetiques utilises possedent
des courbes B(H) parIaitement lineaires. Les raisons justiIiant ces hypotheses depassent le cadre
de ce cours.

Nous avons deIini la valeur de lìnductance L a la section 3.1.3. Lèquation (19) est ici reecrite :

g l
S n
g L
moven
novau
t enroulemen
+
|
.
|
\
|
=
0
2
0
) ( (30)

En inserant lèquation (30) dans lèquation (29), on obtient :

( )
dg
g l S n d
I
F
moven
novau
t enroulemen
(
(
|
|
.
|
\
|
+
|
.
|
\
|
=
1
0
2
0
2
2
(31)

93
La derivation de (31) donne le resultat suivant :

2
0
2
0
2
2
|
|
.
|
\
|
+ |
.
|
\
|
=
g l
S n I
F
moven
novau
t enroulemen
(32)

Lèquation (32) nous permet de constater que :

F varie en premiere approximation avec lìnverse de g au carre;
la permeabilite du noyau magnetique
noyau
doit tre la plus grande possible aIin que F
soit maximisee;
F est maximal pour g 0.

La Iorce maximale de làctuateur peut tre obtenue de lèquation (32), donnant :

2
0
2 2
2
max
2
moven
l
S n
I
F
t enroulemen novau
= (33)

Tout comme pour le cas dùne inductance, un courant I pourra Iaire saturer le noyau magnetique,
si lìnduction B generee depasse la valeur B
sat
de saturation du materiau magnetique. La mme
Iormule que celle deIinie par lèquation (11) peut tre utilisee pour determiner le courant
maximal utilisable pour làctuateur. Le pire cas de saturation se produira lorsque g 0. On aura
alors :

n
l B
I
moven sat
sat
(11)

On tirera donc avantage dùn materiau magnetique possedant une valeur elevee de permeabilite
magnetique et une induction B
sat
de saturation la plus elevee possible. Ces deux conditions
permettront de maximiser le courant et la Iorce de làctuateur.

3.1.6 Les electroaimants

Les electroaimants permettent de maintenir une piece en place. Par exemple, on utilise des
electroaimants pour le verrouillage des portes, pour le deplacement de Ierraille dans les
depotoirs, etc. La Iigure suivante illustre un electroaimant :

94

Lèlectroaimant est un cas particulier de làctuateur decrit a la section precedente. Les equations
(33) et (11) pourront egalement tre utilisees pour Iaire le design de lèlectroaimant.

Exercice :

Determiner la section S dùn electroaimant permettant de soulever une masse de 100 kg. Le
materiau magnetique disponible possede une induction a saturation de B
sat
1,8 T.

Reponse :

La Iorce F requise pour soulever une masse de 100 kg est F 9,8 * 100 kg 980 N.
Si lòn utilise le materiau magnetique a la saturation, on peut inserer lèquation (11) dans
lèquation (33), on obtient lèxpression suivante pour la Iorce :

0
2
max
2
t enroulemen sat
S B
F =

La section minimale du noyau magnetique sera donc donnee par

2
2
7
2 0
6 , 7
) 8 , 1 (
980
) 10 4 ( 2 2 cm
B
F
S
sat
t enroulemen
= = =

95
3.2 Physique des materiaux magnetiques

Comme deja evoque dans la partie 3.1 de ce cours, les applications pratiques des materiaux
magnetiques sont nombreuses. Le choix dùn materiau magnetique se Iait en Ionction de ses
proprietes physiques : Exemple :

- transIormateur ou inductance : choix dùn materiau permettant de maximiser le Ilux dans le
circuit magnetique, avec le moins de pertes possible, pour un meilleur rendement :
materiaux Ierromagnetiques doux.
- machines electriques : choix dùn materiau capable de retenir làimantation et de generer
un champ magnetique sans excitation pour la constitution du circuit inducteur : aimants
permanents. Choix dùn materiau capable de maximiser et canaliser le Ilux, lors de son
passage dans les culasses du stator et du rotor : materiaux Ierromagnetiques doux lamines.

Il existe 3 grandes classes de materiaux magnetiques (Ierromagnetiques, paramagnetiques,
diamagnetiques) que lòn distingue par leurs proprietes diIIerentes.

La grande diversite des materiaux magnetiques rend essentielle lètude et la comprehension des
proprietes physiques macroscopiques que tout concepteur se doit de connatre pour Iaire un
choix eclaire.

3.2.1 Aimantation et moment magnetique

Pour comprendre les caracteristiques macroscopiques des materiaux magnetiques, il est
necessaire de deIinir les concepts dàimantation et de moment magnetique.

Constats : Deux aimants sàttirent. Les aimants nàttirent pas seulement les aimants.
Cause :
- Deux aimants sàttirent car ils possedent une aimantation permanente.
- Un barreau de Ier et un aimant sàttirent car il se cree une aimantation induite
dans le Ier en presence du champ magnetique genere par làimant.

Pour expliquer le concept dàimantation, il est necessaire de passer a lèchelle atomique et de
deIinir le moment magnetique atomique. Considerons un materiau comme un ensemble
dàtomes.

96

Le moment magnetique total dùn materiau est la somme vectorielle de tous ses moments
magnetiques atomiques. Le moment magnetique m dùn materiau constitue de n atomes
sèxprime alors ainsi :

=
=
n
i
i atomique
m m
1

|A.m| (28)

Soumis a làction dùn champ magnetique H, les moments magnetiques atomiques dùn materiau
changent de direction pour sòrienter dans le sens du champ, generant un couple mecanique t,
deIini par :

0
m H =

(29)

Ex : Aimant libre de tourner place dans un champ magnetique :

Soit un aimant possedant un moment magnetique m.

Le moment magnetique m de làimant va chercher a sòrienter dans la direction du champ
magnetique jusquà ce que son moment soit aligne dans le sens du champ.

Chaque atome possede un moment atomique,
contribution dùn moment orbital et dùn
moment de spin.
- Le moment orbital dùn atome resulte de
la rotation de ses electrons autour du
noyau.
- Le moment de spin dùn atome resulte de
la rotation de ses electrons sur eux-mmes.
Axe de
làimant
Axe de
rotation de
làimant

97
A lèchelle microscopique, le mme phenomene a lieu : chacun des moments magnetiques
m
atomique
dùne piece de Ier soumise a un champ exterieur H se comporte comme un micro-
aimant qui sòriente parallelement au champ H. Cèst ce quòn appelle le phenomene
dàimantation.

Le processus dàimantation dùn materiau consiste donc en la reorientation des moments
magnetiques atomiques de ce dernier. Par la physique, on montre que :

- a lètat desaimante, les moments magnetiques atomiques dùn materiau sont orientes
aleatoirement de sorte que m, moment magnetique total est nul
- a lètat aimante, les moments magnetiques atomiques dùn materiau sont orientes dans le
mme sens de sorte que la somme vectorielle de tous ces moments donne naissance a un
moment magnetique total.

Tout materiau est alors aimantable et on parle de materiau aimante lorsque son moment
magnetique total est non nul. Le materiau possede alors une aimantation M que lòn deIinit alors
comme la quantite de moment magnetique par unite de volume.

m
M
J
= |A/m| (30)

Làimantation M dùn materiau est donc une grandeur physique qui decrit dans quelle mesure le
materiau est aIIecte par un champ magnetique, mais egalement le champ que le materiau lui-
mme est capable de generer. On note que M possede les mmes unites que H, soit les A/m.

Làimantation est induite dans les materiaux : un champ magnetique dèxcitation lui donne
naissance et elle disparat apres retrait de celui-ci. Cependant, certains materiaux possedent la
capacite de retenir làimantation : cèst notamment le cas des aimants permanents.

Lìnduction ou densite de Ilux B est deIinie comme la reponse dùn materiau a un champ
magnetique H.

0
( ) B M H = + (33)

Lorsquùn champ dìntensite H est genere dans le voisinage dùn materiau dàimantation M,
lìnduction B resultante est la somme dùne contribution du champ
o
H et dùne contribution du
materiau
o
M via son aimantation (32).

Tout comme la permeabilite relie lìnduction B a H, on deIinit la susceptibilite dùn materiau
comme le rapport entre son aimantation M et un champ magnetique H. On pose (34) et on
rappelle (7) :

Permeabilite :
B
H
= (7) Susceptibilite :
M
H
= (34)

98
On rappelle que la permeabilite dùn materiau est egale au produit de sa permeabilite relative
r
et de la permeabilite du vide
0
:

0 r
= (35)

La susceptibilite dùn materiau nèst quùne autre expression de sa permeabilite relative
r

puisque :

1
r
= + (36)

A partir de (34), (35) et (36), on montre alors que (33) est equivalente a (7) :

0
0
0
( )
( )
r
B M H
B H H
B H
B H
= +
= +
=
=

Remarque : Dans la litterature, il est plus commun de trouver lèxpression (7). Nous venons de
montrer que (7) et (34) etaient equivalentes; lùsage dùne Iormule ou de làutre depend donc du
choix et des inIormations dont dispose le concepteur.

3.2.2 Caracteristique B(H) des materiaux magnetiques

On appelle caracteristique B(H) dùn materiau le releve de lìnduction quìl genere alors soumis
a un champ magnetique H que lòn Iait varier:

Constat : Lìnduction B dùn materiau magnetique,
place dans un champ magnetique dont lìntensite H
varie, presente tres souvent un phenomene d`hysteresis.

Au Iur et a mesure que H crot, les moments
magnetiques atomiques du materiau sòrientent dans le
sens de H, donnant naissance a une induction B.
Cependant,
- a partir dùne certaine valeur de H, B sature ,
- B peut posseder la mme valeur pour deux valeurs
de H diIIerentes.

99

Consequence : Pour la plupart des materiaux magnetiques couramment utilises aujourd`hui
(materiaux Ierromagnetiques), la permeabilite nèst pas constante. Lors de la conception dùn
dispositiI electromagnetique, le phenomene de saturation est a prendre en compte. Phenomene
explicable par la theorie des domaines que nous verrons a la section 3.2.4.

Remarque : Dans la litterature, on trouve egalement souvent la caracteristique M(H) dùn
materiau.

La caracteristique B(H) dùn materiau permet la lecture directe de ses principales proprietes
macroscopiques. On y releve les proprietes suivantes :

- la permeabilite : correspond a la pente de la caracteristique B(H).

- lìnduction B
sat
ou làimantation M
sat
de saturation : correspond a la valeur de lìnduction a
partir de laquelle la courbe B(H) crot selon une pente
o
.

- lìnduction B
r
ou làimantation M
r
remanente : correspond a la valeur residuelle de lìnduction
dùn materiau lorsque le champ magnetique quòn lui applique est reduit a 0.

- le champ coercitiI H
c
: correspond au champ magnetique a appliquer a un materiau pour reduire
son aimantation remanente a 0.

M
sat

pente
r0

pente
rmax

100
On classe generalement la Iamille des materiaux magnetiques en 3 grandes classes, selon leur
susceptibilite :

3.2.3 Principales proprietes macroscopiques des materiaux magnetiques.

Nous en retiendrons 6 :

La permeabilite relative :

Il sàgit de la propriete la plus importante des materiaux Ierromagnetiques. Elle est lisible en tout
point de la caracteristique B(H). Les materiaux magnetiques etant saturables, elle nèst pas
constante. Cèst pourquoi on trouve le plus souvent dans les catalogues de manuIacturiers de
materiaux magnetiques :

- la permeabilite maximale : correspond a la pente maximale
rmax
..

- la permeabilite initiale : correspond a la pente
ro
de la caracteristique de premiere
aimantation : voir courbe en pointilles sur la Iigure precedente.

La permeabilite etant la capacite dùn materiau a laisser passer le Ilux magnetique, il sàgit dùne
propriete importante dans la conception de dispositiIs electromagnetique. On cherchera ainsi a
utiliser un materiau de haute permeabilite lors de la Iabrication dùne inductance, dùn
transIormateur ou dùne machine electrique. Le tableau ci-dessous presente les permeabilites
maximales et initiales de quelques materiaux magnetiques :

Materiau Permeabilite rel. Initiale
ro
Permeabilite rel. max.
rmax

Fer pur (99,8 ) 150 5000
Fer pur (99,95) 10`000 200`000
78 Permalloy 8`000 100`000
Superpermalloy 100`000 1'000`000
Cobalt pur (99 ) 70 250
Nickel pur (99 ) 110 600
Acier a 0,9 C 50 100
Amorphe
2605SA1
-- 600`000
Source . http.//hvperphvsics.phv-astr.gsu.edu/HBASE/tables/magprop.html=c2 et doc Metglas.

101
Lìnduction ou làimantation de saturation :

La plupart des materiaux magnetiques utilises aujourd`hui etant saturables, il existe une valeur
maximale dìnduction ou dàimantation susceptible d`tre induite dans un materiau, avant que sa
permeabilite ne soit egale a celle du vide.

Lors du design du circuit magnetique dùne machine electrique par exemple, le concepteur
veillera a ce que lìnduction reste toujours inIerieure a cette valeur.

Le tableau ci-dessous presente les valeurs dàimantation maximale de quelques materiaux
magnetiques :

Materiau Aimantation de saturation
|10
6
A/m| M
sat

Induction de saturation
|T| B
sat

Fer 1,71 2,15
Cobalt 1,42 1,78
Nickel 0,48 0,6
78 Permalloy 0,86 1,08
Superpermalloy 0,63 0,79
Amorphe Metglas 2605 1,27 1,6
Amorphe Metglas 2615 1,36 1,71
Permendur 1,91 2,4
Source . dapres Magnetism and Magnetic Materials D.Jiles P71.

Lìnduction ou làimantation remanente B
r

Lìnduction ou làimantation remanente est la capacite dùn materiau magnetique a retenir son
aimantation apres avoir ete magnetise. Cette propriete caracterise tous les materiaux
magnetiques : aimants, aciers, Ier pur, etc.

Pour un aimant, il sàgit dùne propriete importante. La Iorce magnetomotrice que peut produire
làimant est proportionnelle a son induction remanente. A lìnverse, dans certaines applications,
cette propriete est gnante. Par exemple, pour la conception dùn electro-aimant dont on souhaite
pouvoir Iacilement inverser la polarite, on privilegiera un materiau possedant une Iaible
aimantation remanente.

102
Le tableau ci-dessous presente les valeurs dàimantation remanente de quelques materiaux
magnetiques :

Materiau Induction remanente
|T|
Fer pur (99,8 ) 1,3
Fer pur (99,95) 1,3
78 Permalloy 0,7
Superpermalloy 0,7
Cobalt pur (99 ) 0,5
Nickel pur (99 ) 0,4
Acier a 0,9 C 1,03
Amorphe 2605SA1 0

Le champ coercitiI ou coercivite H
c

Nous venons de voir quùn materiau magnetique est susceptible de retenir làimantation apres
avoir ete magnetise. Le champ coercitiI est le champ magnetique quìl Iaut appliquer a un
materiau pour annuler son induction remanente.

Comme lìnduction remanente, la coercivite dùn materiau est une propriete importante en ce qui
concerne les aimants. Cèst elle qui va renseigner le concepteur sur les limites dùtilisation de
làimant, autrement dit sous lìnIluence de quelle intensite de champ magnetique làimant va se
demagnetiser.

Le tableau ci-dessous presente les valeurs de champs coercitiIs de quelques materiaux
magnetiques :

Materiau Champ coercitiI
|A/m|
Fer pur (99,8 ) 79,58
Fer pur (99,95) 3,98
78 Permalloy 3,98
Superpermalloy 0,4
Cobalt pur (99 ) 795,8
Nickel pur (99 ) 55,7
Acier a 0,9 C 5570,4
Amorphe 2605SA1 0

103
La temperature de Curie:

Lorsquùn materiau Ierromagnetique est chauIIe au-dela dùne certaine temperature, il perd sa
remanence et sa coercivite : cèst la temperature de Curie. Passe cette temperature, le materiau
devient paramagnetique, i.e.
r
1.

Cette propriete nèst valable que pour les materiaux Ierromagnetiques mais dans la mesure ou ils
sont majoritairement utilises, elle prend toute son importance. Le concepteur doit donc tenir
compte de cette propriete. Par exemple, dans des environnements haute temperature, un aimant
peut ainsi perdre ses caracteristiques.

Le tableau ci-dessous presente les temperatures de Curie de quelques materiaux
Ierromagnetiques :

Materiau Temperature de
Curie
Fer 770C
Nickel 358C
Cobalt 1130C
Alnico 850C
Ferrites dures 400-700C
Ferrites baryum 450C
Gadolinium 20C
Amorphe 2605SA1 392C
Source . dapres Magnetism and Magnetic Materials D.Jiles P73 et doc Metglas.

Les pertes magnetiques:

Lorsquòn soumet un materiau a un champ magnetique, celui-ci emmagasine de lènergie quìl
ne restitue pas completement apres demagnetisation : le materiau magnetique est donc le siege de
pertes magnetiques. Les pertes magnetiques sont donc une propriete importante dùn materiau
dont le concepteur doit tenir compte.

Dans la litterature, on decompose les pertes magnetiques en deux types : les pertes par hysteresis,
proportionnelles a la Irequence, et les pertes par courants de Foucault, proportionnelles au carre
de la Irequence. Nous reviendrons de maniere plus precise sur les pertes magnetiques dans une
section ulterieure.

Pour caracteriser les pertes, on trouve souvent dans les documentations techniques un coeIIicient
de pertes exprime en W/kg de materiau. Ce coeIIicient permet a làide dùne Iormule adequate
de calculer les pertes a une Irequence donnee. Le tableau ci-dessous presente les coeIIicients de
pertes de quelques materiaux Ierromagnetiques.

104

Materiau Pertes en W/kg
Acier a Iaible teneur en carbone 7 (50 Hz, 1.5 T)
Fer-silicium a grains non
orientes
2,65 (50 Hz, 1.5 T)
Fer-silicium a grains orientes 0,84 1,25 (50 Hz, 1,5 T50 Hz, 1,7 T)
80 Permalloy 0,72 1 (50 Hz, 1,5 T 50 Hz, 1,7 T)
Amorphe 2605SA1 0,75 (50 Hz, 1,5 T)
Source . Techniques de lIngenieur, Ref D2150.

3.2.4 Pertes magnetiques. Pertes par hysteresis et par courants de Foucault

Nous avons deja parle dans une partie precedente des pertes par hysteresis et par courant de
Foucault. Nous allons y revenir ici un peu plus en detail.

3.2.4.1 Pertes par hysteresis

Nous pouvons caracteriser en termes electriques lènergie Iournie a un circuit magnetique, un
tore par exemple, de la maniere suivante :

}
=
t
tique magnetosta
eidt W
0
(37)
Comme,

d
e N
dt
= (38)

Alors,

} }
= =
t
tique magnetosta
t
tique magnetosta
id N W idt
dt
d
N W
0 0
(39)

105

Puisque,

}}
= s d B

et
}
= l d H Ni

(40)

Nous pouvons Iinalement ecrire que,

}}} }
|
|
.
|
\
|
= dv B d H W
B
tique magnetosta
0

(41)

Lènergie Iournie au circuit magnetique par unite de volume sècrit alors :

0
B
J
W
W H dB
l A
= =
}
(42)
A partir de lèquation (42), nous pouvons representer lènergie magnetique Iournie au tore
directement sur une caracteristique B-H. La surIace hachuree represente la quantite dènergie
totale emmagasinee sous Iorme de champ magnetique :

Or, nous avons vu dans les parties precedentes que les materiaux magnetiques etaient capables
de retenir làimantation et presentaient un cycle d`hysteresis.

Par consequent, en presence dùn champ magnetique alternatiI, un materiau emmagasine de
lènergie magnetique provenant du champ mais ne restitue pas toute cette energie lorsque lòn
retire le champ, comme on peut le constater sur le schema ci-dessous :

106
Du point de vue de la physique, on explique ces pertes par la presence dìmpuretes dans le
materiau ou de dislocations dans sa structure cristalline, empchant alors la mobilite normale des
parois de domaines.

Nous avons dit dans une partie precedente que les pertes par hysteresis etaient Ionction de la
Irequence. Lèquation de Steinmetz permet de les estimer :

n
H H
P K m f B = (43)

avec K
h
, une constante en |W/kg| (c.I. tableau 3.2.3), m la masse du materiau et n, lèxposant de
Steinmetz, propre au materiau, Iourni le plus souvent dans la documentation des manuIacturiers
de materiaux magnetique (1,5 n 2).

3.2.4.2 Pertes par courants de Foucault

Nous avons deja vu plus haut quùne variation de Ilux magnetique induit une tension. Par
consequent, lorsquòn utilise un materiau magnetique conducteur dans une application c.a., la
variation de Ilux produit des courants de circulation au sein du materiau, proportionnels a la
tension induite. La circulation de ces courants induits non desires provoque un echauIIement et
donc des pertes quòn appelle alors pertes par courants de Foucault.

Les courants de Foucault ne sont limites que par la resistivite du materiau dans lequel ils
circulent.

Les pertes par courant de Foucault sont proportionnelles au carre de la Irequence. On peut les
estimer a partir de la Iormule suivante :

2 2
F F
P K m f B = (44)
2b
B
i

107
avec K
I
, une constante en |W/kg|, laquelle peut tre approximee par la Iormule :

) / ( 3
2
2 2
J m
b
K
F
(44-1)

ou le rapport m/V represente la masse volumique du materiau. Dans le cas du Ier, le rapport
(m/V) est de 7870 kg/m
3
.

Le parametre b represente la moitie de lèpaisseur du barreau soumis a lìnduction magnetique
sinusodale dàmplitude B. Pour diminuer les pertes par courants de Foucault, on aura intert a
reduire lèpaisseur du materiau magnetique. Dans les applications c.a., on Iavorisera donc
lùtilisation de tles minces au lieu de blocs epais, tel que lìllustre la Iigure suivante :

Le parametre represente la resistivite electrique du materiau soumis a lìnduction magnetique.
Pour diminuer les pertes par courants de Foucault, on aura donc intert a utiliser un materiau
possedant une resistivite la plus haute possible.

Il est a noter que les expressions (44) et (44.1) ne sont valides que lorsque lèpaisseur du bloc de
materiau magnetique est inIerieure a la proIondeur de peau, i.e. :

< b 2 (44.2)

ou represente la proIondeur de peau du materiau, tel que decrite au chapitre 2. Lorsque cette
condition est rencontree, on dit que les courants de Foucault sont limites par la resistance
electrique. Lorsque cette condition nèst pas rencontree (i.e. pour des blocs epais), les courants
de Foucault sont plutt limites par la loi de Lenz, qui tend a empcher une variation instantanee
des courants dans le materiau. Dans ce cours, nous ne considererons que les cas ou la condition
(44.2) est rencontree.

A noter que, dans leurs speciIications techniques, les manuIacturiers de materiaux magnetiques
decrivent habituellement les pertes totales a une Irequence et une induction donnee, lesquelles
incluent les pertes par hysteresis et les pertes par courants de Foucault.

3.2.5 Theorie des domaines magnetiques.

Dans la section 3.2.2, nous avons vu que lorsquùn materiau Ierromagnetique est place dans un
champ alternatiI, son induction presentait un phenomene d`hysteresis.

108
En 3.2.1, nous avons vu que le processus dàimantation dùn materiau consistait en la
reorganisation de ces moments magnetiques atomiques.

En 1827, Ampere suggere lèxistence de moments magnetiques atomiques dus selon lui a la
circulation continuelle de courants electriques au sein de làtome , ceci avant mme la
decouverte de lèlectron. En 1893, le physicien J.A. Ewing propose sa theorie selon laquelle les
moments magnetiques atomiques seraient orientes aleatoirement a lètat desaimante et
sòrienteraient alors successivement dans le sens dùn champ magnetique qui les exciteraient.

En 1906, le physicien P. Weiss propose sa theorie qui est aujourd`hui la base de ce que nous
connaissons du Ierromagnetisme et du mecanisme dàimantation. Weiss decrit le
Ierromagnetisme comme un phenomene cooperatiI resultant de lìnteraction des moments
magnetiques atomiques.

Theorie des domaines de Weiss : 4 consequences

des moments atomiques existent en permanence dans un materiau Ierromagnetique;

ces moments sont deja ordonnes au sein dùn mme volume appele domaine, mme lorsque
le materiau est demagnetise;

les volumes sont alignes de maniere aleatoire a lètat desaimante;

le processus de magnetisation consiste alors en la reorientation de ces domaines de telle
sorte a ce que ceux-ci sàlignent sur la direction du champ dèxcitation.

Le schema ci-dessous presente de maniere simpliIiee 4 domaines magnetiques. Le moment
magnetique de chaque domaine pointe dans une direction diIIerente : le materiau schematise est
a lètat desaimante.

109
3.2.5.1 Explication et conIirmation de la theorie des domaines

Selon Weiss, le processus de creation de domaines magnetiques au sein desquels les moments
magnetiques atomiques sont deja orientes dans la mme direction a lètat desaimante, resulte
dùn processus de minimisation dènergie magnetique du materiau.

Lènergie magnetique dùn materiau est categorisee en 3 types dènergie magnetique :

- lènergie dèchange : il sàgit dùne energie presente a cause de lìnteraction des atomes.
Lènergie dèchange est liee a lòrientation du moment magnetique de chaque atome. Elle est
minimale lorsque les moments magnetiques de deux atomes voisins pointent dans la mme
direction et sont paralleles (Ierromagnetisme).

On a vu a la section 3.2.1 quùn moment magnetique atomique m
atomique
soumis a un champ
magnetique H verra un couple

z
atomique

o
m
atomique
x H
o
m
atomique
H sin 0
atome

ou 0
atome
est làngle que Iait m
atomique
avec H.

Et lènergie potentielle mecanique stockee dans làtome :

}
= =
atome
atome atomique atomique
H m d W

0
0
) cos 1 (

Lènergie dèchange contenue dans le volume dùn domaine :

=
=
n
i
i atomique domaine
W W
1

- lènergie magnetostatique : il sàgit dùne energie proportionnelle a lèloignement des ples
magnetiques. Les moments atomiques etant alignes de maniere parallele et pointant dans la
mme direction, chaque domaine possede une aimantation et donc un ple nord et un ple sud.
Par la creation de domaines, le systeme de moment reduit son energie magnetostatique.

110

Etape 1 : Energie dèchange Iaible. Energie magnetostatique trop importante.

Etapes 2 et 3 : Creation de domaines pour reduire lènergie magnetostatique. Par contre,
augmentation de lènergie dèchange.

Etape 4 : Creation de domaines dits de Iermeture de Iaon a annuler lènergie
magnetostatique. Le processus de creation de domaine sàrrte lorsque lètat dènergie minimale
est atteint.

- lènergie dànisotropie :

La creation des domaines au sein dùn systeme de moments decoule de la competition entre ces 3
types dènergie, dans le but de minimiser lènergie totale du systeme pour atteindre un etat
atomique stable :

Deux phenomenes physiques conIirment lèxistence des domaines :

- LèIIet de Barkhausen : Lorsquùn champ magnetique H est augmente de maniere
continue, la densite de Ilux B au sein dùn materiau Ierromagnetique connat des
discontinuites : ce phenomene est connu sous le nom dèIIet de Barkhausen. Ce phenomene
est une conIirmation indirecte de lèxistence des domaines puisquòn làssocie a la rotation
et au deplacement des parois de domaines.

Les atomes au sein des materiaux magnetiques sont
agences selon une certaine structure. Les moments
magnetiques ont tendance a sòrienter sur les axes de la
structure, quòn appelle alors axes Iaciles
dàimantation . Lènergie dànisotropie est lènergie
necessaire pour sortir un moment magnetique dùn axe
Iacile.

111
LèIIet Barkhausen peut tre entendu dans une application de haut-parleur :

- La technique des poudres de Bitter (1932) : En deposant de la poudre de Ier sur un materiau
magnetique, làccumulation de poudre aux parois des domaines permet lòbservation
directe des domaines.

Source . dapres Magnetism and Magnetic Materials D.Jiles P114.

3.2.5.2 Le processus dàimantation du point de vue de la theorie des domaines

Nous venons dèxpliquer lèxistence de domaines au sein des materiaux a lètat desaimante. En
presence dùn champ magnetique, làpport dùne energie dèxcitation ainsi Iournie au systeme de
moments vient bouleverser son etat energetique : les domaines vont alors changer leur
orientation.

(a) Materiau a letat desaimante :

Moments orientes aleatoirement.

(b) Croissance des domaines orientes dans le sens de H :

Competition entre energie dechange et magnetostatique.

(c) Rotation de domaines :

Les moments surmontent lenergie danisotropie et se
tournent vers un axe cristallographique privilegie dans la
direction du champ.

(d) Rotation coherente :

Materiau un domaine unique.
(a) Domaines magntiques observs la
surface d'un chantillon de fer avec la
mthode de Bitter (grossissement x
120).

(b) Interprtation de la rpartition des
domaines. Les flches reprsentent les
aimantations au sein des domaines.

112
Image . Magnetism and Magnetic Materials D.Jiles P119.

3.2.5.3 Parois de domaines

La theorie des domaines admise, nous pouvons nous demander comment se passe la transition
aux Irontieres des domaines. Lìdee la plus communement retenue aujourd`hui pour expliquer le
changement dòrientation des moments magnetiques entre deux domaines est celle du physicien
F. Bloch (1932).


Ce dernier suggere lèxistence de zones de transitions, appelees parois de Bloch, dans lesquelles
les moments magnetiques operent une rotation graduelle. Cette rotation reguliere resulte de la
competition entre les energies dèchange et dànisotropie des domaines voisins.

On distingue principalement deux types de parois :

- les parois a 180 : entre deux domaines dàimantation opposee.

- les parois a 90 : Irontieres des domaines dits de Iermeture servant a annuler lènergie
magnetostatique.


113

3.2.5.4 Deplacement des parois de domaines

Nous avons vu dans la partie precedente quòn pouvait voir le mecanisme dàimantation comme
un phenomene de croissance des domaines orientes dans le sens du champ dèxcitation. En Iait,
tout se passe aux Irontieres des domaines et on parle alors de deplacement des parois de
domaines. Làpport dènergie a làide dùn champ dèxcitation exterieur vient perturber lènergie
du systeme de moments et provoque le deplacement des parois de domaines sous Iorme de deux
mecanismes :

La translation des parois de domaines :
Le champ dèxcitation H exerce un pression sur la paroi des domaines qui provoque alors
leur translation. Il n`y a en Iait aucun veritable mouvement : pour se representer ce mecanisme,
on peut penser a celui dùne vague.

La courbure des parois de domaines :

Si làpport dènergie au systeme par lìntermediaire du champ dèxcitation est Iaible, les parois
des domaines peuvent alors se courber. Ceci peut egalement survenir lorsquùne paroi reste
accrochee sur une impurete presente dans le materiau.

114
Images . Magnetism and Magnetic Materials D.Jiles P139 et 142.

Le deplacement dùne paroi engendre une variation rapide du champ dìnduction B en un point
donne du materiau. Un tel dB/dt genere donc un champ electrique, qui provoque une conduction
des electrons libres environnant, laquelle engendre une perte localisee. Vu sous cet angle, le
phenomene de perte par hysteresis peut donc tre vu comme un phenomene de pertes par
courants de Foucault localises causees par le mouvement des parois de Bloch.

3.2.6 Diamagnetisme et paramagnetisme

Nous nous sommes jusquìci limites aux proprietes physiques des materiaux Ierromagnetiques,
parce quìl sàgit des materiaux magnetiques les plus couramment utilises dans les applications
technologiques actuelles. Cependant, on classe generalement la Iamille des materiaux
magnetiques en 3 grandes classes, selon leu susceptibilite :

Nous rappelons que la susceptibilite sèxprime ainsi : 1
r
=
Si lòn considere le Ierromagnetisme comme un phenomene cooperatiI, ce nèst pas le cas du
paramagnetisme et encore moins du diamagnetisme. Nous rappelons egalement quàu-dela dùne
certaine temperature, appelee temperature de Curie, un materiau Ierromagnetique devient
paramagnetique.

Les materiaux diamagnetiques :

Ils se distinguent par leur susceptibilite negative et leur permeabilite relative legerement
inIerieure a 1.

Le diamagnetisme caracterise en general des substances qui ne comportent que des atomes non
magnetiques. Il se deIinit comme etant une reaction de la matiere aux variations du champ
magnetique exterieur. Il s'agit en Iait du resultat de l'application de la loi de Lenz a l'ediIice
atomique. L'application d'un champ cree donc un moment permanent dont le champ s'oppose au
champ applique, dòu la susceptibilite negative.

115

Materiaux diamagnetiques courants : Bi, Be,Me, Hg, C Ag, Au, Cu.
Applications : Supraconductivite.

Les materiaux paramagnetiques :

Ils possedent une susceptibilite Iaible mais positive. Ces materiaux ne sont pas subdivises en
domaines magnetiques. A temperature constante, leur susceptibilite est constante et par
consequent lìnduction creee dans un materiau paramagnetique est proportionnelle au champ
magnetique H.

Materiaux diamagnetiques courants : Al, Pt, Mn, Mg, Li
Applications : Etude du Ierromagnetisme, Appareils de mesure du champ magnetique, Creation
de tres basses temperatures.

3.3 Proprietes des materiaux Ierromagnetiques et Ierrimagnetiques

Comment expliquer la prpondrance des mat. ferromag. en lectrotechnique ?

Dans les etats peu condenses de la matiere (gaz ou liquide), il nèxiste pas dìnteraction entre les
moments magnetiques dàtomes voisins. Par contre, dans les solides ou les atomes sont proches
et ordonnes sur un reseau cristallin, il apparat une interaction entre les moments magnetiques
qui sòrdonnent, soit parallelement (Ierromagnetisme), soit antiparallelement
(antiIerromagnetisme) ou encore quelque Iois de maniere plus complexe (Ierrimagnetisme).

Lòrganisation des moments magnetiques entre eux dans le cas des materiaux Ierromagnetiques
conduit a une propriete interessante : leur aimantation de saturation est tres grande.

Dans la plupart des applications en electrotechnique, le rle dùn materiau magnetique est de
coupler des circuits electriques de maniere a permettre un transIert dènergie. Pour echanger un
maximum dènergie electromagnetique par unite de volume, il Iaut produire un Ilux magnetique
important dans le materiau de couplage; le materiau doit donc disposer dùne induction de
saturation elevee.

A volume de matiere equivalent, les materiaux Ierromagnetiques, de par leur induction de
saturation elevee, sont donc beaucoup plus interessants que les autres types de materiaux. Cèst
pour cette raison que la classe des materiaux Ierromagnetiques est preponderante dans les
applications en electrotechnique.

Caractristiques et applications principales des matriaux ferromagntiques :

On classe generalement les materiaux Ierromagnetiques en 2 Iamilles selon leur coercivite : les
materiaux Ierromagnetiques doux et durs :

116

Materiaux Ierromagnetiques doux :
Ils sàimantent et se desaimantent Iacilement.
On les utilise le plus souvent dans les
applications ou lòn cherche a maximiser le
Ilux.
Caracteristiques : et B
0
elevees, H
c
et B
r

Iaibles. Pertes mag. Iaibles
Applications : TransIormateurs, inductances,
electroaimants, relais.
Materiaux typiques : Fe-Si, Fe-Al,
Permalloy, amorphes, Ierrites douces.

Materiaux Ierromagnetiques durs:
Il sàgit des aimants permanents qui
demeurent aimantes.
Caracteristiques : produit denergie Hc x Br
important, B
0
elevee, T
Curie
haute.
Applications :Moteurs et generatrices, haut-
parleurs, canons a electrons,...
Materiaux typiques : Alliages Alnico, Ierrites
dures, Platine-Cobalt, Samarium-Cobalt,
Neodyme-Ier-bore.

On subdivise la classe des materiaux Ierromagnetiques doux en 3 Iamilles principales :

- Les alliages de la Iamille du Ier (FeSi), produits en gros tonnage, qui sont generalement des
materiaux de bases en electrotechnique (tles de machines electriques par exemple).
- Les alliages speciaux (FeNi, FeCo, amorphes,SMC, .), produits en quantites plus limitees et
reserves a des applications speciIiques a cause du prix eleve des matieres employees et du
processus de Iabrication.
- Les Ierrites, melanges dòxydes Ierrimagnetiques Irittes, utilisees dans les applications a
Irequences elevees (I~50 Khz) a cause de leur grande resistivite (1 .m 10
5
.m)

Anisotropie et ferromagntisme.

Nous avons deja rapidement parle de lànisotropie dans les materiaux magnetiques.
La plupart des materiaux Ierromagnetiques sont anisotropes.

Si on etudie làimantation dùn monocristal de Ier (systeme cubique centre), nous remarquons
que celui-ci sàimante plus Iacilement suivant les directions 100~ et plus diIIicilement suivant
les directions 111~. A lìnverse, les directions 111~ sont des directions Iaciles pour le nickel.

117

Lànisotropie des materiaux est souvent caracterisee par une constante K
1
qui represente
lènergie par unite de volume necessaire pour amener làimantation dùne direction de Iacile
aimantation sur une direction diIIicile.

Lànisotropie est donc une propriete qui peut sàverer gnante dans certaines applications
dependamment de la direction du champ magnetique. Dans une inductance de type pot-core,
lùtilisation dùn materiau anisotrope nèst pas recommandee, les passages de Ilux etant
tridimensionnels.

Il existe cependant des alliages isotropes, comme les materiaux amorphes ou les Ierrites doux. Il
est egalement possible de diminuer lànisotropie lors de la constitution dàlliage par làjout de
certains materiaux comme du nickel ou par traitement thermique.

3.3.1 Tles: proprietes et constitution

Dans les applications c.a., comme dans le cas des machines electriques, il est necessaire de
limiter les courants de Foucault dans les culasses si lòn souhaite conserver un bon rendement.
On utilise alors des tles isolees constituees dàlliages magnetiques.

Les aciers conventionnels Fer-Carbone sùtilisent peu comme materiau magnetique dans la
constitution des tles, car ils contiennent de trop nombreuses impuretes. Le carbone ou làzote
precipitent aux temperatures de Ionctionnement et entranent le vieillissement magnetique du
Ier (degradation de ses proprietes magnetiques). Des elements desoxydants, ajoutes
volontairement ou non lors de lèlaboration (Mn, Si, Cr, Al, .) Iorment des precipites neIastes
aux proprietes magnetiques.

Les tles sont donc constituees dàlliages dont le choix se Iait a la Iois selon des criteres
techniques mais aussi economiques. Les tles sont aujourd`hui adaptees directement aux besoins
des electrotechniciens et le choix des composants des alliages et leur Iabrication est Iaite dans le
but :

118
- dàugmenter la resistivite : le Ier pur possedant une Iaible resistivite ( 10
-7
.m), làjout de
silicium, dàluminium ou de germanium permet de constituer un alliage dùne resistivite plus
elevee sans trop diminuer làimantation de saturation.
- de Iaciliter la production : làddition de silicium au Ier permet dàugmenter sa durete, sa
rigidite, ce qui Iacilite la manutention des tles. Elle permet egalement dèIIectuer des
traitements thermiques a temperatures elevees en supprimant une phase de transIormation du
Ier.
- dàmeliorer la purete : en choisissant des matieres premieres adequates et des procedes de
Iabrication soignes, on diminue la concentration en impuretes.

Les tles magnetiques couramment produites de nos jours sont constituees dàlliages de type
FeSi.

Caracteristiques generales des tles FeSi non orientees :

Le tableau ci-dessous presente les caracteristiques generales de tles FeSi non orientees :

Source . Techniques de lIngenieur, Ref M350.

Les tles magnetiques seront traitees plus en proIondeur a la section 3.4.

3.3.2 Ferrites: proprietes et constitution

Dans les applications hautes Irequences, la conductivite de la plupart des materiaux magnetiques
rend leur usage impossible. Le domaine des Irequences elevees est alors assurement celui des
Ierrites doux, des oxydes Ierrimagnetiques dont lèlement majeur est le Ier, grce a leur grande
resistivite (~ 1 .m contre 10
-7
.m pour le Ier, donc Iaibles pertes Ierromagnetiques).

119
Outre leur resistivite importante, les parametres principaux qui caracterisent les Ierrites doux
sont les suivants :
Une aimantation a saturation variant entre 0.15 T et 0.6 T.
Une structure cristallographique cubique qui en Iait des materiaux isotropes donc Iaciles
a aimanter dans toutes les directions.

Selon les applications, les Ierrites doux sont classes en deux groupes principaux :
les Ierrites doux pour des Irequences allant de 10 kHz a 500 Mhz et les Ierrites doux
hyperIrequences.

Ferrites doux utiliss pour des frquences de 10 kHz 500 Mhz :

La Iormule generale de ce type de Ierrite est MeFe
2
O
4
ou Me correspond a un metal de transition
divalent ou une combinaison dìons. Ces materiaux sont utilises dans de nombreux domaines
comme la conversion dènergie ou le traitement de signal.
Suivant la gamme de Irequence, on utilise :

- les Ierrites spinelles de manganese-zinc (Mn-Zn) : ce type de Ierrite est utilise dans des
gammes de Irequences allant de 10 kHz a 1 MHz. Ils sont appeles Ierrites de puissance
car ils sont couramment utilises dans la conception dìnductances ou de transIormateurs.
Leur aimantation de saturation est parmi les plus elevees de la classe des Ierrites (autour
de 0,6 T) mais leur resistivite parmi les plus Iaibles (1 .m).
- les Ierrites spinelles de nickel-zinc (Ni-Zn) : ce type de Ierrite est utilise dans des
gammes de Irequence allant de 1 a 500 Mhz. Les aimantations de saturation de ces
Ierrites sont plus Iaibles ( 0,5T) mais les resistivites bien plus elevees (jusquà 10
6

.m). Ce type de materiau est particulierement adapte aux radioIrequences (I ~ 1 MHz).
Ferrites doux utiliss pour les hyperfrquences (de 0,1 100 GHz):

Ces Ierrites sont soit de type grenat (mme structure que le mineral Mn
3
Al
2
Si
3
O
12
), comme le
grenat d`yttrium-Ier (YIG) de Iormule Y
3
Fe
5
O
12
, soit de type spinelle comme les Ierrites Mg-
Mn, Li-Zn, Ni-Zn ou Ni-Al. Les aimantations de saturation de ce type de Ierrites sont en general
Iaibles ( de lòrdre de 0,1 T pour les grenats et jusquà 0,5 T pour les spinelles) et leur resistivite
elevee. Ce type de materiau est habituellement utilise dans les equipements electroniques de
communication hautes Irequences tels que les emetteurs et recepteurs de signaux telephoniques
ou les antennes.

120
Caracteristiques generales de quelques Ierrites :

Source . Techniques de lIngenieur, Ref E1 760 et Ref K718.

121
3.3.4 Materiaux amorphes: proprietes et constitution

La plupart des materiaux magnetiques que nous avons decrits jusquìci appartiennent a la Iamille
des cristaux. Autrement dit, les atomes qui les constituent occupent des sites bien deIinis dùn
reseau cristallin qui se reproduit dans lèspace a grande echelle. Il existe cependant des solides au
sein desquels cet ordre topologique moleculaire nèxiste pas : cèst notamment le cas des verres
et des matieres plastiques. On parle alors dètat amorphe.

Les materiaux magnetiques amorphes, egalement appeles verres magnetiques, ne sont apparus
que recemment (1975) a cause des techniques tres speciIiques a deployer pour le constitution. En
eIIet, les metaux liquides et alliages cristallisant tres vite, seule une trempe (reIroidissement
brutal) tres rapide permet dèmpcher la recristallisation et ainsi dèviter la Iormation dùn
reseau cristallin.

Les alliages amorphes issus du liquide par trempe conservent certaines caracteristiques de ce
dernier : ils ne possedent pas de structure atomique periodique et nònt par consequent pas les
deIauts du solide cristallin (joints de grains, dislocations). Ces materiaux sont par consequent
isotropes et donc aisement aimantables dans toutes les directions. Ces materiaux possedent
cependant une temperature dùtilisation assez Iaible (150C max) et sont tres Iragiles.

Procede de Iabrication :

Pour obtenir un solide a lètat amorphe, il suIIit donc de reIroidir tres vite làlliage Iondu, jusqu'a
une temperature suIIisamment basse pour bloquer la diIIusion atomique. Dans le cas des alliages
FeBSi, il Iaut par exemple pouvoir reIroidir la matiere entre sa temperature de Iusion T
I
1500
C et 200 C en un temps de lòrdre de 10
-3
s, ce quòn appelle une hypertrempe.

Source . Techniques de lIngenieur, Ref E1 770.

Caracteristiques generales des amorphes :

Les alliages amorphes presentent deux proprietes particulierement interessantes pour les
applications electrotechniques. Son absence dànisotropie magnetoscristalline et sa resistivite
electrique trois Iois plus importante que celle des alliages cristallins (1,3 x 10
6
.m) en Iont un
materiau qui presente de tres Iaibles pertes Ierromagnetiques jusquàux moyennes puissances. Le
tableau ci-dessous presente les caracteristiques principales quelques alliages amorphes :

Le materiau amorphe se presente generalement sous la
Iorme de rubans minces, dèpaisseurs comprises entre
20 et 40 m.

La trempe sur roue Iroide, comme presente sur le
schema ci-contre, est la methode actuellement la plus
utilisee dans lìndustrie.

122

Source . Techniques de lIngenieur, Ref D2 150.

Applications actuelles :

Les verres metalliques sont des materiaux encore relativement jeunes. Leurs applications
actuelles sont limitees au domaine des transIormateurs bas courant et moyennes Irequences et
des circuits inductiIs. Encore victimes du prix particulierement competitiI des tles Ier-silicium a
grains orientes, les alliages amorphes semblent touteIois avoir un bel avenir.

123
3.3.5 Comparaison des caracteristiques des materiaux Ierromagnetiques doux.

Source . Techniques de lIngenieur, Ref D2 150.

124
3.3.6 Materiaux magnetiques composites: proprietes et constitution

Les materiaux magnetiques composites (ou SMC "SoIt Magnetic Composites") presente trois
caracteristiques principales :
ils sont isotropes (i.e. leurs proprietes sont les mmes dans toutes les directions);
ils possedent une induction a saturation elevee;
ils peuvent avoir une Iorme tridimensionnelle assez sophistiquee.

Ces trois caracteristiques sont obtenues par lùtilisation dùn melange de poudre de Ier pur et de
resine dielectrique, que lòn compacte a haute pression dans une matrice. La Iigure suivante
illustre le procede de Iabrication de pieces en materiaux magnetique composite :

Le diametre des particules de Ier varie typiquement entre 30 et 150 m. Ces Iaibles dimensions
de particule permettent de limiter les pertes par courants de Foucault, tel que lìllustre la Iigure
suivante :

125
Les pressions de compaction utilisees sont habituellement de lòrdre de 400 a 800 MPa (i.e. 4 a 8
tonnes par cm
2
). De telles pressions engendrent des contraintes mecaniques importantes a
lìnterieur de la piece. Ces contraintes empchent la libre rotation des domaines magnetiques et
elargissent le cycle d`hysteresis. Ceci a comme eIIet dàugmenter les pertes par hysteresis. Pour
dàutres materiaux, comme les tles magnetiques, on resout ce probleme en appliquant un recuit
a 800 degres celcius, ce qui permet de relaxer les contraintes du materiau et de Iavoriser une
recristallisation reguliere du Ier. Or, avec les technologies actuelles de materiaux magnetiques
composites, des temperatures de recuit superieures a 500 degres C detruisent lìsolant electrique.
Le resultat est que les pertes Fer de ce type de materiau demeurent encore largement superieures
a celles des tles Fe-Si. Les Iigures suivantes illustrent les pertes speciIiques et la courbe B(H)
typique des materiaux magnetiques composites et de tles Fe-Si dèpaisseur 0,35 mm.

3.3.6 Materiaux durs : Aimants permanents

Des lors que le champ coercitiI dùn materiau magnetique depasse les 10 kA/m, on parle alors de
materiau Ierromagnetique dur. Ce type de materiau Iait reIerence a ce que nous appelons
communement aimant permanent.

Les aimants permanents sont utilises pour leur capacite a generer un champ magnetique. Par
consequent, il nèst pas necessaire de Iaire circuler un courant electrique dans un bobinage ou un
solenode pour maintenir ce champ, lènergie requise pour cette operation ayant ete stockee au
prealable lors de làimantation de làimant permanent. Les aimants sont principalement
caracterises par leur cycle d`hysteresis et plus particulierement par ce quòn appelle la courbe de
desaimantation. Elle nous Iournit les indications suivantes :

126

Source . Techniques de lIngenieur
Ref D2 100.

Aujourd`hui on denombre principalement 6 types dàimants permanents :

Les "aimants acier permanents" ou "permanent magnet steels".

Làjout de carbone au Ier permet dàugmenter la coercivite dùn materiau. Cèst pourquoi les
permanent magnet steels contiennent 1 de carbone. Làjout de tungstene, de chrome ou de
cobalt permet dàmeliorer davantage leur produit dènergie. De tels aimants permanents
possedent des valeurs de coercivite pouvant atteindre les 20 kA/m et des produits dènergie de
7 kJ/m.

Les alliages Alnico.

Decouverts dans les annees 30, ces aimants permanents sont plus perIormants que les precedents.
Ils consistent en un alliage de Ier, cobalt, nickel et aluminium auquel on ajoute de petites
quantites dàutres metaux comme du cuivre. On cree de la sorte un materiau a deux phases avec
des sites dàccrochages qui permettent de restreindre le deplacement des parois de domaines et
ainsi augmenter la coercivite. Cependant, lìnconvenient majeur de tels alliages concerne leurs
proprietes mecaniques : ils sont tres Iriables et peuvent uniquement tre Iormes par moulage ou
pressage de poudres metalliques. De tels alliages, relativement matures de nos jours, oIIrent des
remanences de lòrdre de 50 a 130 kA/m avec un produit maximum dènergie de 50 a 75 kJ/m.

Les ferrites dures.

Developpes dans les annees 50, ils sont connus sous le nom dàimants ceramiques. A cette
epoque, les travaux des physiciens Stoner et WohlIarth ont demontres la relation entre la
coercivite et lànisotropie dùn materiau. Les Iabricants dàimants se sont alors tournes vers la
production de materiaux hautement anisotropes. Les Ierrites dures hexagonales, communement
utilisees de nos jours, sont des Ierrites baryum ou strontium. Elles sont relativement peu cheres a
produire et donc economiquement interessantes. Les valeurs de coercivite des Ierrites dures vont
Lìnduction remanente B
r
de làimant : cèst une
indication de sa puissance potentielle.
Le champ coercitiI H
cB
, champ necessaire pour
demagnetiser làimant. Plus sa valeur est elevee, plus
làimant est stable.
Le produit dènergie volumique BH
max
qui deIinit la
valeur energetique de làimant.
Les valeurs H
m
et B
m
du point de Ionctionnement
nominal de làimant a BH
max
.

127
typiquement de 150 a 250 kA/m, mais avec un produit dènergie plus Iaible en general egal a
20 kJ/m.

Les aimants permanents platine-cobalt.

Ces aimants ont vu le jour vers la Iin des annees 60 a la suite dèIIorts de recherches portes sur
les alliages de materiaux Ierromagnetiques dits terres rares (Ier, cobalt et nickel terres rares). Il a
alors ete trouve que les alliages cobalt terres rares possedent une plus grande anisotropie que les
alliages Ier et nickel terres rares. Làimant samarium-cobalt Sm2Co17 possede ainsi une
coercivite de lòrdre de 800 kA/m avec un produit maximum dènergie de 260 kJ/m.

Les aimants permanents nodyme-fer-bore.

Dans les annees 80, principalement a cause de la diIIiculte dàpprovisionnement en cobalt, les
recherches se sont portees sur de nouveaux alliages. Il a ete ainsi decouvert que làjout de bore a
un alliage de neodyme-Ier permettait lòbtention dàimants aux proprietes magnetiques tres
interessantes. Les caracteristiques des premiers alliages ainsi developpes presentent de meilleurs
coercivites et produits dènergie que tous les autres types dàimants presentes. Ce nouveau type
dàimant possede egalement làvantage d`tre moins cher que le precedent. Cependant, ces
aimants sont plus sensibles a la temperature quùn aimant platine-cobalt et nèst donc pas adapte
pour des applications hautes temperatures. Làimant neodyme-Ier-bore possede une coercivite de
lòrdre de 1100 kA/m avec un produit maximum dènergie de 300 a 350 kJ/m.

Source Magnetism and Magnetic Materials D.Jiles P310.

128
Applications actuelles :

Les aimants permanents sont typiquement utilises comme transducteur dùn type dènergie vers
un autre, sans touteIois que làimant lui-mme ne perde sa propre energie et se demagnetise. On
retrouve alors les aimants permanents dans des applications de conversion d` :

energie electrique en energie mecanique : ils sont ainsi utilises dans la conception de
haut-parleurs ou de moteurs electriques.
energie mecanique en energie electrique : les alternateurs, generatrices, dynamos ou
microphones emploient des aimants permanents.
energie mecanique en une autre Iorme dènergie mecanique : on pense ainsi aux
dispositiIs dàttraction ou de repulsion comme les suspensions magnetiques ou les
dispositiIs de Iermetures de portes. On pense egalement aux systemes de transmission de
mouvement comme les accouplements magnetiques.
energie mecanique en energie thermique : cèst le cas notamment des Ireins magnetiques.

3.4 Tles magnetiques

On a vu a la section 3.1 que la grande majorite des applications du magnetisme tirait un avantage
de lùtilisation dùn materiau magnetique possedant les proprietes suivantes :
induction a saturation B
sat
elevee;
permeabilite relative
r
elevee.

On a vu que les applications de transIormateur, moteur, actuateurs, etc. tirent de ces deux
proprietes un volume plus petit et un rendement (puissance de sortie sur puissance dèntree) plus
eleve.

Selon la section 3.2.3, le materiau qui permet de maximiser ces deux proprietes est le Ier. Outre
ses excellentes proprietes magnetiques, le Ier a aussi làvantage d`tre un element tres abondant
sur notre planete, ce qui le rend accessible et peu coteux.

Cependant, deux remarques importantes doivent tre Iaites sur ce materiau :

I. le Ier est un bon conducteur electrique, ce qui, selon la section 3.2.4.2, Iavorisera la
circulation de courants de Foucault et en Iera un materiau dissipatiI, mme si celui-ci
est lamine.

Exemple : pertes par courants de Foucault dans le Ier pur
Posons un materiau lamine, dèpaisseur 0,5 mm et de resistivite 9,7 ohm-cm. Pour une
Irequence de 60 Hz et une induction de 1,5 T, les pertes par courants de Foucault sont
calculees a partir des equations (44) et (44-1)

129
3
8
2 3 2 2 2
10 1 , 2
) 10 7 , 9 )( 7870 ( 3
) 10 5 , 0 ( 2
) / ( 3
2

= = x
x
x
J m
b
K
F

= = =
2 2 3 2 2
) 5 , 1 ( ) 60 ( 10 1 , 2 x B f K
m
P
F
F
17 W/kg

ce qui est assez eleve.

II. le Ier nèst pas disponible a lètat pur. Il contient toujours un certain pourcentage
dìmpuretes diverses, ce qui aIIecte ses proprietes magnetiques (reduction de
lìnduction a saturation et augmentation du champ coercitiI).

3.4.1 Grades et technologie

A lètat naturel, le Ier contient toujours une certaine proportion de divers elements, dont les plus
neIastes sont le carbone, làzote et lòxygene. Or, ces trois elements sont peu solubles dans le Ier
cristallin. Le tableau suivant indique leur solubilite respective :

Impurete Solubilite dans le Ier a T 20 C
Carbone (C) 0,007
Azote (N) 0,001
SouIre (S) 0,02
Phosphore (P) 1,0
Oxygene (O) 0,010

La dissolution dìmpuretes dans un cristal tel que le Ier, est un processus ou un atome de Ier est
remplace par un atome de lèlement dìmpurete. Une telle inclusion de lìmpurete dans le reseau
cristallin engendre alors tres peu de deIormation locale. Lorsque la proportion de carbone,
dàzote ou dòxygene depasse le niveau de solubilite, ce qui est habituellement le cas, il y a
precipitation.

La precipitation entrane la Iormation de molecules Fe
3
C, Fe
4
N ou FeO, dont les dimensions sont
importantes. De par leur dimension, les precipites empchent le libre mouvement des parois de
Bloch, ce qui a pour consequence dàugmenter le champ coercitiI H
c
, de diminuer la
permeabilite magnetique
r
, dàugmenter les pertes par hysteresis.

130
Le tableau suivant indique la proportion dìmpurete que lòn trouve habituellement dans le Ier a
lètat naturel :

Impurete

Proportion dìmpurete du
Ier a lètat naturel (en
masse)
Carbone (C) 4
Manganese (Mn) 1-2
SouIre (S) 0,05
Phosphore (P) 0,05

Lìnclusion du silicium (Si) aux aciers magnetiques a constitue une decouverte tres importante
dans le domaine de lèlectrotechnique. Elle est generalement attribuee a lìngenieur anglais
HadIield (1882).

En premier lieu, la solubilite du silicium (Si) dans le Ier est excellente. De plus, la dissolution du
silicium dans le Ier reduit la proportion de precipite de Fe
3
C et Iavorise la precipitation du
carbone (C) sous Iorme de graphite. Le graphite est une molecule Iormee uniquement de
carbone, dont les dimensions sont beaucoup plus Iaibles que le Fe
3
C. Lìnclusion de silicium (Si)
tend donc a augmenter la mobilite des parois de Bloch et permet donc dàugmenter la
permeabilite magnetique, de reduire le champ coercitiI H
c
et donc de diminuer làire du cycle
d`hysteresis. Les pertes par Hysteresis sèn trouvent donc reduite. Comme lìndique le tableau
suivant :


Comme autre avantage important, on notera que le silicium (Si) possede une resistivite electrique
beaucoup plus elevee que celle du Ier (environ 4 x 10
10
Iois celle du Ier). Ce qui permet
dàugmenter la resistivite globale du cristal et de reduire les pertes par courant de Foucault, tel
que lìndique le tableau precedent.
Malgre ces avantages, le silicium (Si) nèst pas magnetique. Par consequent, la dissolution de cet
atome dans le cristal de Ier equivaut a lìntroduction dùn entreIer reparti, ce qui tend a reduire
lìnduction a saturation B
sat
de làcier.

131
Les Iigures suivantes illustrent lèvolution de la resistivite et de lìnduction a saturation de làcier
magnetique en Ionction du pourcentage de silicium dissout :

Suivant làpplication a laquelle sont destinees les tles dàcier magnetique, le concepteur
choisira le pourcentage de silicium requis.
Pour des applications CC ou le champ dìnduction B varie peu, on choisira un acier avec
un Iaible pourcentage de silicium (1). On obtiendra alors la plus haute induction a
saturation.
Pour des applications CA tels que transIormateurs et machines electriques, on choisira un
acier avec un pourcentage plus eleve de silicium (3). On obtiendra alors une resistivite
plus elevee, malgre une induction a saturation B
sat
legerement inIerieure.

La Iabrication de làcier magnetique sèIIectue en quelques etapes.

Melange Fer Silicium
Etat liquide
Poches de 400 tonnes
Coulee continue et
Decoupe de brames
liquides
Brames de 12 tonnes

Laminage a chaud
des brames
epaisseur 2 4 mm
Enroulement de làcier
lamine
En rouleaux de 12 tonnes

132

On Iorme ainsi des rouleaux dàciers lamines a chaud dèpaisseur 2 4 mm. A ce stade, les
impuretes (C, S, N, O) nònt pas encore ete retirees de làcier. Cette etape sèIIectuera
ulterieurement de maniere variable suivant le type dàcier magnetique vise.

Les aciers magnetiques sont principalement de deux types : les tles FeSi non orientees et les
tles FeSi a grains orientes.

Tles magntiques FeSi non orientes :

Ce type de tles contient des concentrations de silicium allant de 0,1 a 3,2. On trouve
principalement deux classes de tles FeSi non orientees :

- les tles semi-process : elles sont livrees a lùtilisateur sans que lèxces de carbone et
dàzote nàit ete enleve et sans revtement isolant. Elles sont par consequent moins cheres et
sont principalement utilisees dans les petits moteurs a Ionctionnement intermittent
(electromenager et accessoires automobiles).

133

Laminage a Iroid
Epaisseur 0,5 mm 6 a 8

Relaxation des contraintes
Par traitement thermique
A 800
o
C
En continu

Laminage a Iroid
A 0,5 mm dèpaisseur

La Iigure suivante illustre le schema dùn laminoir a Iroid :

134

Le laminage a Iroid engendre des contraintes mecaniques tres importantes a lìnterieur de la tle,
ce qui empche la libre rotation des domaines magnetiques. Le recuit eIIectue a 800
o
C permet
une recristallisation de làcier et elimine les contraintes mecaniques internes.

Les aciers semi-process contiennent encore des impuretes. Celles-ci devront tre retirees par
lùtilisateur apres que la tle ait ete estampillee. La decarburisation (reduction de la proposition
de C) et la denitrurisation (reduction de N) sèIIectue par traitement thermique a 800
o
C dans une
atmosphere d`hydrogene et de vapeur dèau. Le carbone sèvapore sous Iorme d`hydrocarbones,
de monoxyde de carbone et de dioxyde de carbone.

- les tles Iully-process : elles sont livrees a lùtilisateur prtes a lèmploi. Leur procede de
Iabrication inclut un recuit a 800
o
C et une decarburisation, permettant dàmeliorer leurs
proprietes magnetiques. La Iigure suivante illustre le schema dùn Iour de decarburisation sur
la chane de production de làcier Fe-Si.

135

Lìllustration suivante montre un Iourneau de decarburisation a lìnterieur dùne usine de
Iabrication dàcier Fe-Si.

Le procede de Iabrication des tles Ìully-process`` inclut egalement la pose dùn isolant
electrique sur leurs surIaces. Cet isolant empche la circulation des courants de Foucault entre
deux laminations, lors de leur utilisation. La Iigure suivante illustre leur procede de Iabrication, a
partir des rouleaux de 12 tonnes discutes plus haut :

136

Laminage a Iroid
Epaisseur a lèpaisseur Iinale
(e.g. 0,35 mm et 0,5 mm)

Relaxation des contraintes
Par traitement thermique A 800
o
C
En continu
En atmosphere d`hydrogene (decarburisation)

Pose dùn revtement
de surIace
(vernis ou phosphate)

Le type de revtement de surIace variera selon que lùtilisateur souhaitera eIIectuer un traitement
thermique aIin de relaxer les contraintes residuelles apres lèstampillage de la tle a la Iorme
desiree. Si cèst le cas, un revtement de phosphate sera selectionne, lequel resiste a des
temperatures de 800
o
C. Le revtement de vernis, quant a lui, sèvapore a ces temperatures.

Nomenclature
europeenne
Nomenclature
Nord-americaine
Si
()
epaisseur
(mm)
Pertes a
50 Hz/1,5 T
(W/kg)
Induction
B
sat
a 10
kA/m
Permeabilit
e relative
a 1,5 T
M235-35A 3,7 4,5 0,35 2,25 1,76 660
M250-35A M-15 gage 29 ` 0,35 2,35 1,76 630
M270-35A M-19 gage 29 3,0 3,7 0,35 2,47 1,77 730
M300-35A M-22 gage 29 ` 0,35 2,62 1,78 810
M330-35A M-36 gage 29 ` 0,35 2,93 1,78 830
M330-50A M-27 gage 26 ` 0,50 3,03 1,79 950
M400-50A M-43 gage 26 2,2 2,9 0,50 3,58 1,79 1020
M530-50A M-47 gage 26 ` 0,50 4,42 1,80 1150
M700-50A 0,6 1,4 0,50 6,00 1,84 1680
M330-65A 3,7 4,5 0,65 3,15 1,78 910
M530-65A M-47 gauge 24 2,2 2,9 0,65 4,35 1,80 1150
M800-65A 1,3 0,65 6,20 1,83 1590

Tles magntiques FeSi grain orients :

Les tles magnetiques FeSi a grains orientes possedent une teneur en silicium de 3. Un procede
de recristallisation secondaire permet dòbtenir dans làlliage de grains dont lòrientation est dans
une direction parallele a la direction de laminage. Ceci permet a làlliage dàcquerir une structure
magnetique particulierement simple avec des domaines en bandes paralleles separees par des
parois a 180 tres mobiles. Ceci conIere alors a ce type de tles dèxcellentes proprietes
magnetiques dans le sens des laminations. Cette particularite en Iait un materiau adequat pour la
conception de transIormateur.

137

Procede de Iabrication :

Le procede de Iabrication de ce type de tles est particulierement complexe. A lèlaboration, on
cherche a obtenir un alliage tres pur. Cet alliage doit contenir des inhibiteurs (MnS, MnSe) qui
permettent la recristallisation secondaire en bloquant la recristallisation normale de làlliage qui
conduirait a une tle isotrope a petits grains. Suit alors un laminage a chaud complexe. Pour
Iinir, on eIIectue divers recuits a diIIerentes atmospheres.

Caracteristiques generales des tles FeSi a grains orientes :


3.4.2 Proprietes thermiques et mecaniques

Les tles magnetiques utilisees dans les transIormateurs et les machines electriques possedent
des proprietes mecaniques et thermiques que le concepteur doit connatre. Evidemment, les
proprietes magnetiques Iont de ces materiaux une composante essentielle de ces equipements.
Cependant, les tles magnetiques seraient impossibles a utiliser si, par exemple, elles etaient trop
cassantes ou encore si elles ne permettaient pas a la chaleur de se dissiper convenablement.

On caracterise la tenue mecanique par la resistance en Ilexion du materiau, exprimee en Pascal
(Newton par metre carre). On imposera habituellement des contraintes mecaniques inIerieures au
tiers de la valeur maximale, aIin de limiter la Iatigue du materiau et de garantir la Iiabilite de
lèquipement.

138
Le tableau suivant illustre les proprietes mecaniques des laminations usuelles.

Nomenclature
europeenne
Nomenclature
Nord-americaine
Si
()
epaisseur
(mm)
Resistance mecanique en
Ilexion (MPa)
M235-35A 3,7 4,5 0,35 550
M250-35A M-15 gage 29 ` 0,35 550
M270-35A M-19 gage 29 3,0 3,7 0,35 510
M300-35A M-22 gage 29 ` 0,35 500
M330-35A M-36 gage 29 ` 0,35 470
M330-50A M-27 gage 26 ` 0,50 500
M400-50A M-43 gage 26 2,2 2,9 0,50 460
M530-50A M-47 gage 26 ` 0,50 440
M700-50A 0,6 1,4 0,50 410
M330-65A 3,7 4,5 0,65 560
M530-65A M-47 gauge 24 2,2 2,9 0,65 450
M800-65A 1,3 0,65 410

On constate que plus le contenu de silicium est eleve, plus la resistance mecanique en Ilexion est
elevee. Cèst la une autre propriete du silicium : celui-ci renIorce la tenue mecanique de la tle,
comparativement au Ier pur.

En ce qui concerne la conductivite thermique, celle-ci est dàutant plus importante quèlle permet
dèvacuer la chaleur produite par les pertes Fer et les pertes Joule du transIormateur ou de la
machine electrique. Selon les travaux de Lorentz, la conductivite thermique et la conductivite
electrique sont liees par la Iormule suivante :

electrique
thermique
T
3
=

Ou
thermique
est la conductivite thermique en (Watt/metre-Kelvin);

electrique
est la resistivite electrique en (ohm-cm);
T est la temperature absolue en Kelvin.

On deIinira la resistance thermique par la Iormule usuelle :

A
l
R
thermique
thermique
=
Ou l et A sont les parametres geometriques de longueur et section du couloir de propagation de la
chaleur.

Or, plus le contenu de silicium est eleve, plus la resistivite electrique est elevee, ce qui rendra
plus diIIicile lèvacuation des pertes par lìntermediaire des laminations.

139
Par ailleurs, lìsolation electrique de chacune des tles entrane egalement une isolation
thermique dans la direction perpendiculaire au plan des tles. Ainsi, il sera beaucoup plus
diIIicile dèxtraire la chaleur produite par la machine dans la direction perpendiculaire aux tles.
La conductivite thermique est typiquement 30 a 40 Iois plus Iaible dans la direction
perpendiculaire au plan des laminations que celle mesuree dans une direction parallele au plan
des laminations.

3.4.3 Vieillissement et degradation des tles a la mise en ouvre

Cette section sera traitee en cours.

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Chapitre 3 Matriaux magntiques

"IGEE-403 Materiaux de l`electrotechnique" Maxime Dubois 2006

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