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du Vaucluse
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9
n°16 - mai 2006
-
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse
-Botanique vauclusienne p. 4
-Actualité de la flore du Vaucluse :
Société Botanique Plantes nouvelles 2005 et plantes à rechercher en 2006.
-Asplenium adiantum-nigrum et Asplenium onopteris en Vaucluse
du Vaucluse -La Jussie en Vaucluse.
N° ISSN : 1281-2676
Bulletin de la SBV - 2 - n°16 - mai 2006
Editorial
Une assemblée générale différente des précédentes ! Après approbation des bilans moral et financier
par les 40 adhérents présents, une fête anniversaire totalement imprévue m’était réservée.
10 ans de présidence ! ont clamé haut et fort Nicole et Roselyne…
Elles ont pris l’initiative de marquer cette soirée du 14 mars 2006 en m’offrant un cadeau pour
le moins original. Vous qui n’étiez pas de la fête devinez ? le titre du livre et la nature de la
composition florale ? la réponse, cherchez-la en lisant le poème qui suit.
Surprise, je l’ai été et surtout très touchée par le texte qui se veut léger, enjoué et humoristique-
mais n’allez pas croire que la Société Botanique du Vaucluse manque de sérieux ! bien au contraire,
la fantaisie et l’humour sont les moteurs de notre dynamisme.
Merci Roselyne, merci Nicole, merci à vous tous… et comme il en a été décidé ce soir,
Ont participé à ce numéro
nous allons continuer ensemble 2 années de plus.
Huguette André
30250-Junas
La Présidente: Huguette ANDRE
andre.huguette@wanadoo.fr
Françoise Bornand
73420-Vivies du Lac
Huguette, depuis dix ans francoise.bornand@cegetel.net
Tu as accepté ce carcan
Assurant la présidence si peu convoitée
Nous délestant de nombreuses difficultés. Claude Chadefaux
Grâce à toi, nous ne nous sommes pas quittés. 84000- Avignon
Point de séparation, plutôt de la prospérité. fede.peche.vaucluse@numericable.fr
Aussi aujourd’hui, ce sont nos noces d’étain
Nicole Chiron
Que l’on aurait pu fêter avec le plantain,
84800-Isle sur Sorgue
Le fusain ou bien le laurier-tin. nicolech84@hotmail.com
Mais non, c’est un bouquet d’aromatiques
Et cet « Herbier érotique » René Delpech
Pour parfumer ton refuge languedocien 84290-Sainte Cécile les Vignes
Où tu retrouves les temps anciens. rene.georges.delpech@wanadoo.fr
Menthe, persil et sarriette
Voisineront avec le céleri et la ciboulette, Flavien Feriolo
Juste de quoi faire un philtre d’amour 84000-Avignon
flavaloe@aol.com
Pour adoucir les beaux jours.
Car tu le sais, avec la menthe Bernard Girerd
L’amour augmente 84250-Le Thor
Et si femme savait ce que le céleri fait à l’homme bernardgirerd@cegetel.net
Elle irait en chercher de Junas jusqu’à Rome.
Des coquins vont vouloir arroser le persil ! Michel Graille
Méfie-toi, protége bien le pistil ! 84310-Morières les Avignon
Et puis on ne sait jamais, micgrail@wanadoo.fr
En cas de montée de lait
Roselyne Guizard
A cette douce ombellifère
84380-Mazan
Tu pourras faire une prière. rosedenoel@wanadoo.fr
Chemin du bon temps, dans la courette
On peut cultiver la sarriette Odette Mandron
Car ce n’est pas un monastère 38700- La Tonche
Mais du bien-vivre un sanctuaire. ohirondelle@free.fr
Sur toi, nous nous sommes souvent reposés.
Tu n’as pas fait que les Apiacées ou les Rosacées Jean-Pierre Roux
Ni seulement observer les aigrettes ou les stigmates. Antenne Vaucluse - CNBMP
jp.roux@cbnmed.org
Tu as souvent assumé les tâches ingrates
Bousculant les autres, rappelant les uns,
Insistant auprès de tout un chacun
Pour un article, une sortie, une conférence,
Faisant toujours confiance
Avec ton franc-parler, ton énergie,
Ton rire et ton amour de la vie.
Aussi, nous souhaitons garder notre présidente
Pour continuer à froisser la feuille de menthe et d’oenanthe
Et voir fleurir le pregnante et le centrante.
(Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers - Diderot et D’Alembert)
1751 - 1772
Bulletin de la SBV - 13 - n°16 - mai 2006
Dossier
Écologie (dans le Vaucluse) : étage mésoméditerranéen (150-350 m) ; thérophyte acidicline à calcicline, xéro-
phile, thermophile, héliophile : lisières de champs cultivés, friches postculturales, talus.
Répartition (dans le Vaucluse) : entre Caze et le Pontet (in M. PALUN, 1867) sous le nom de Croton tincto-
rium Lin. ; Mazan au Roumiguier (R. GUIZARD, 2005) ; Cabrières-d’Avignon entre le Grand Camp et la cha-
pelle Sainte-Eusèbe (J.-P. ROUX, 2005) en de nombreuses petites populations ; Gordes aux Firmins (B. GI-
RERD, 2004) ; Saint-Saturnin-lès-Apt (in B. GIRERD, 1991) ; Villars aux Marchands (P. KLAUSNER,
1990) ; Rustrel aux Viaux (G. GUENDE, 2003) ; Cheval-Blanc (in B. GIRERD, 1991) ; Mérindol aux Aires
(G. GUENDE et J.-P. ROUX, 2005) ; Lauris au Sui (J.-P. ROUX et M. BARCELLI, 2005) ; Grambois aux
Allier (A. SAATKAMP, 2004) ; entre Vitrolles et Lourmarin (in A. PONS, 1951).
Note : espèce méditerranéo-touranienne, en limite d’aire de répartition septentrionale dans la partie centrale du
Vaucluse. Se présente souvent en petites à assez petites populations (d’un individu à quelques dizaines).
Bibliographie :
GIRERD, B. 1991- La Flore du département de Vaucluse. Nouvel inventaire 1990. Édit. Société botanique du
Vaucluse et Alain Barthélemy, Avignon. [1]-391.
PALUN, M. 1867 - Catalogue des plantes phanérogames qui croissent spontanément dans le territoire d’Avi-
gnon ou dans les lieux circonvoisins…Avignon. [i-iv], [1]-189.
PONS, A. 1951 - La flore de la chaîne du grand Luberon. Bull. Mus. Hist. Nat. Marseille XI : 57-82.
DU 7 AU 11 JUILLET 2005
Cette année, le stage d’été se déroulait dans un cadre dépaysant : celui du Jura vaudois, avec la découverte de quelques sites excep-
tionnels laissant des souvenirs émus. Les 11 participants se sont retrouvés au Brassus, petite ville tout près du Lac de Joux, à 1020
mètres d’altitude, haut lieu de l’industrie horlogère suisse - les uns dans l’Hôtel de la Lande (ancien château du lieu), bien conforta-
ble, d’autres dans les environs. L’hôtel avait mis une vaste salle à notre disposition pour les déterminations vespérales.
Nous avons été fort bien accueillis par nos amis suisses, qui avaient minutieusement organisé les sorties jour après jour, pilotées
chaque fois par des intervenants très compétents, disponibles et attentifs à nos interrogations. Notre pilote en chef, présente près de
nous tout au long de la semaine, était Françoise Hoffer, du Cercle Vaudois de Botanique, qui prépare une « Flore de la ville de Lau-
sanne », avec itinéraires de découvertes botaniques en ville (mais oui ! il peut s’y trouver des choses extraordinaires – telle cette sta-
tion de 300 pieds de Spiranthes spiralis sur le toit d’un garage engazonné !).
Le temps a été globalement favorable, quoique bien frisquet la nuit (6°), puisque nous n’avons eu vraiment de la pluie que le premier
jour – ce qui est méritoire pour une région aussi plantureusement verte.
Les itinéraires des cinq journées nous ont emmenés de part et d’autre du Lac de Joux, depuis le sommet de la Dôle (1677 m) au sud-
ouest du lac, jusqu’à la petite ville médiévale d’Orbe au nord-est, avec une incursion vers Nyon au bord du Léman.
Retenons encore une fois d’innombra- Nous atteignons une zone boisée En arrière, voici une prairie plus sèche,
bles pieds de Véronica spicata, Gym- (Epicéas, habités par les Roselins cra- couverte de Dactylorhiza incarnata,
nadenia conopsea, Traunsteinera glo- moisis), puis une roselière à Phragmi- avec Schoenus ferrugineus (on trouve
bosa, Aconitum bauhinii (aux tépales tes australis, la grande cariçaie à Carex Schoenus nigricans plutôt vers 500/600
glabres), Lonicera caerulea , Polygo- elata et enfin une parvo-cariçaie, la m d’altitude), Equisetum variegatum,
natum verticillatum, Solidago virgau- plus intéressante. Carex davalliana, Carex hostiana,
rea, Asplenium viride, Cystopteris fra- Carex panicea, Tofieldia calyculata,
gilis, Gymnocarpium robertianum.. Roselière-Cariçaie Pyrola rotundifolia et enfin, une autre
Menacés par la pluie, nous écourtons rareté, Iris sibirica, en fin de floraison
notre visite. Dommage ! ce lapiaz était Nous rencontrons donc successivement (2 stations dans le Jura, davantage plus
si beau ! Phragmites australis, puis une zone à à l’Est).
Carex elata en touradons (il pousse sur
En revenant vers la route goudronnée, les débris des feuilles des années pré- En avançant, nous foulons une autre
nous passons à côté d’un chalet près cédentes, la hauteur du touradon cor- belle pelouse couverte de Epipactis
duquel se trouve un « parc à foin » : respondant à celle du battement de la palustris, en pleine floraison : un ré-
c’est un pré clôturé d’un mur et préser- nappe d’eau du lac – 60 à 80 cm). Voi- gal ! accompagnée de Gymnadenia
vé du pâturage et que l’on fauchait à la ci également Carex acutiformis, Phala- conopsea, Pinguicula sp. (les rosettes
demande pour nourrir les bêtes en cas ris arundinacea, Carex appropinquata de feuilles seulement : P. leptoceras et
de besoin. dont la présence ici interpelle : ce Ca- P. vulgaris sont présentes ici), Parnas-
rex est un indicateur d’acidité – ou au sia palustris, Gentiana verna, Thesium
Le samedi 9 juillet moins de milieu mésotrophe. En Suisse pyrenaicum, Primula farinosa, Erio-
occidentale, il y a peu de bas-marais phorum latifolium, E. angustifolium,
Autour du Lac de Joux acides et au total, peu de C. appropin- Equisetum palustre, Peucedanum pa-
quata. Beaucoup de Saules : Salix cine- lustre. La très rare Drosera intermedia
rea, S. purpurea, S. triandra, S. pen- est présente également, mais non
Nous passons cette journée en compa-
Méthode utilisée
Les affinités sociologiques des taxons observés par nous au cours de ces deux journées (au nombre de 350, liste certainement
non exhaustive pour les secteurs visités) ont été recherchées dans la bibliographie (Braun-Blanquet et al. 1952, Guinochet et de Vil-
morin 1973-1984, Rameau 1993, Theurillat et al. 1995, Julve et al. 1997, Cahiers d’habitats Natura 2000 ; 2000-2005). Seuls les
niveaux alliance et sous-alliance représentés par au moins deux taxons caractéristiques ont été retenus. La nomenclature utilisée pour
les syntaxons est celle du Prodrome des groupements végétaux de France (Bardat et al. 2004). Les références européennes (codes)
Corine-biotopes sont mentionnées lorsqu’elles existent.
A remarquer qu’une présentation exhaustive des groupements végétaux de ce secteur à un niveau fin (association, sous-
association) exigerait la réalisation, au cours de plusieurs périodes, de nombreux relevés stationnels (voire microstationnels dans
certains cas), suivie de leur traitement statistique (AFC ou méthodes dérivées) et de l’interprétation des résultats de ce traitement.
A - Végétation fontinale
Epilobio nutantis-Montion fontanae : communautés collinéennes et montagnardes, acidiphiles et héliophiles
B - Végétation chasmophytique (des parois rocheuses)
Asarinion procumbentis : communautés cévenoles et pyrénéennes Corine biotopes 62.26
C - Végétation d’éboulis siliceux
Galeopsion segetum : éboulis secs, collinéens et montagnards ; Corine b. 61.12
D - Végétations herbacées anthropiques
D 1 Communautés nitrophiles à dominance d’espèces vivaces : Arction lappae
D 2 Communautés subthermophiles subouvertes de hautes herbes sur substrats grossiers, souvent rapportés :
Dauco carotae-Melilotion albi
D 3 Communautés nitrophiles annuelles mesophiles non méditerranéennes : Scleranthion annui
D 4 Communautés subnitrophiles estivales des stations hyperpiétinées : Polygono arenastri-Coronopodion squamati
D 5 Communautés des cultures sur sol acidicline à dominante sableuse : Panico crusgalli-Setarion viridis
D 6 Communautés pionnières héliophiles des coupes forestières sur sol acide : Epilobion angustifolii ; Corine b. 31.87.11
E - Végétation des lisières, ourlets et pelouses préforestières acidiphiles sur sol oligotrophe
E 1 Communautés montagnardes mesophiles à meso-hygrophiles : Potentillo erectae-Holcion mollis
E 2 Communautés subatlantiques à irradiations méridionales : Conopodio majoris-Teucrion scorodoniae
F - Végétation des megaphorbaies
F 1 Megaphorbaies planitiaires à montagnardes, meso-eutrophes, riveraines alluviales des stations humides plus ou moins
inondables : Convolvulion sepium ; Corine b. 37.71
F 2 Megaphorbaies meso-hygrophiles montagnardes : Adenostylion alliariae ; Corine b. 37.81
G - Végétation des pelouses thérophytiques
G 1 Pelouses méditerranéennes acidiphiles à végétation précoce sur sols sableux oligotrophes : Helianthemion guttati ;
Corine b. 35.3
G 2 Pelouses non méditerranéennes vernales à estivales sur sables et arènes siliceuses : Thero-Airion ; Corine b. 35.21
H - Végétation hémicryptophytique des pelouses et prés maigres
H 1 Pelouses pionnières (plus ou moins riches en annuelles) sur sables acides et sur arènes granitiques :
Corynephorion canescentis ; Corine b. 35.21
H 2 Pelouses subatlantiques/subméditerranéennes mesoxérophiles à xérophiles : Mesobromion erecti ; Corine b. 34.326
H 3 Pelouses oligotrophes acidophiles subatlantiques : Violion caninae ; Corine b. 62.30
H 4 ? Prairies hygrophiles à mesohygrophiles oligotrophiques sur sol tourbeux à paratourbeux : Molinion caeruleae ;
Corine b. 37.312
H 5 Communautés méditerranéennes mesohygrophiles : Molinio arundinaceae-Holoschoenion vulgaris ; Corine b. 37.4
I - Végétation des prairies semi-naturelles
I 1 Prairies eurosibériennes fauchées sur sols engorgés ou inondables mesotrophes :
Bromion racemosi (= Calthion palustris) ; Corine b. 37.21
I 2 Prairies méditerranéennes longuement inondables : Paspalo distichi-Agrostion semi-verticillati ; Corine b. 24.53
I 3 Prairies mesophiles à mesohygrophiles, sur sols mesotrophes à eutrophes, fauchées :
-a) collinéennes à submontagnardes : Arrhenatherion elatioris ; Corine b. 38.22
-b) montagnardes du Massif Central (et des Pyrénées) : Violo sudeticae-Trisetenion flavescentis ; Corine b. 28.3
I 4 Prairies paturées collinéennes à montagnardes : Cynosurion cristati (ou Centaureo nigrae-Cynosurenion cristati) ;
Corine b. 38.1 et 38.112
Références bibliographiques
JULVE P. et al. (1997) - Classification synusiale de la végétation de la France et de la Suisse. Univ. de Neuchatel, 104 p.
RAMEAU J.C. et al. (1993) - Flore forestière française vol. 2 (Montagnes), I.D.F., 2421 p.
SULMONT E. (2005) - Quelques éléments remarquables de la flore de la haute vallée de la Cèze. Le Monde des Plantes ;
n° 486 ; 21-26.
THEURILLAT J.P. et al. (1995) - The higher vegetation units of the Alps. Coll. Phytos. 23 ; 189-239.
PETITE INTRODUCTION A LA entre 500 et 1500m. Dans ce même l’ensemble un aspect assez inattendu à
FLORE DES ALPES APUANES vallon j’ai pu rencontrer une autre en- cette partie de la côte méditerranéenne.
(ITALIE) ET DES ENVIRONS : démique des Apuanes et des Apennins On y rencontre quelques endémiques
Tosco-Emilien : Globularia incanes- ligures, notamment Santolina lingusti-
cens. C’est une petite plante de 3 à 10 ca, belle plante de 10 à 40 cm, ligneuse
cm, aux fleurs violettes-azur, que l’on à la base, au feuillage grisâtre et aux
trouve sur rochers calcaires, entre 400 fleurs blanches (mai-juillet). Elle pous-
et 1600 m. On en trouve aussi quelques se en garrigue du bord de mer à 600 m.
stations au bord de mer prés de Porto- De même, Centaurea veneris que l’on
venere, dans le parc des Cinque Terre peut croiser uniquement dans les ro-
(Ligurie). chers autour du magnifique village de
J’ai cherché, en vain, une belle plante Porto Venere (le port de Vénus dans
italienne que l’on trouve aussi dans les l’Antiquité). C’est la plus septentriona-
Situé non loin de la mer, en limite nord Apennins, au nord de Lucca, ainsi que le du groupe Centaurea cineraria.
-ouest de la Toscane, ce parc naturel dans les pré-Alpes vénitiennes : Haute de 30-40 cm, elle a de belles
est d’une beauté à couper le souffle !! Moltkia suffruticosa. Borraginacée fleurs roses et un feuillage découpé. On
Avec des sommets dépassant 1 900 m herbacée, rupicole sur calcaire, cette rencontre aussi Genista salzmanii, en-
(Mts Pisanino), les Apuanes sont une plante est surtout reconnaissable pen- démique tyrrhénienne, qui pousse éga-
barrière naturelle entre mer et plaine du dant sa floraison bleu-azur (juin-juillet) lement en Corse, Sardaigne et Toscane.
Pô. Parallèles à la longue chaîne de car elle vit au milieu des herbes. Haute Ici elle est en limite occidentale, du
montagnes qui traversent toute l’Italie, de 30 cm, ligneuse à la base. Par contre bord de la mer à 1000 m, en zone ro-
elles se trouvent en effet en bordure j’ai pu observer d’autres vivaces plus cailleuse. Plante chaméphyte de 30-60
sud des Apennins. De par leur position, courantes comme Minuartia capilla- cm, aux fleurs jaunes. A l’ouest du
leur forme et leur climat, les Alpes cea, Satureja montana, Daphne sp, Parc, autour de Portofino, on peut trou-
Apuanes ont bénéficié de différentes Anthiricum sp, Teucrium sp.En pour- ver une endémique liguro-provençale :
influences floristiques dans le temps. suivant dans le vallon, plus haut à par- Hyacinthoides italica. Elle est présente
La flore peut se répartir en 3 groupes tir de 1000 m, on rencontre une endé- dans les fourrées jusqu’à 1700 m. Flo-
majeurs : mique des Apennins et des Apuanes, la raison printanière (février à avril), de
superbe Arenaria bertolonii. Petite belle couleur azur. Autre endémique
les espèces que l’on trouve en plante herbacée de 15 cm aux magnifi- liguro-provençale, Limonium corda-
Italie et dans les Balkans. ques fleurs blanches (juillet-aout), elle tum, exclusivement présent sur le litto-
pousse sur rochers calcaires exposés au ral calcaire, de l’Esterel à Portofino.
Les espèces de l’Europe occidentale nord. On la rencontre jusqu’à 2300 m. Plante de 30-40 cm, peu ligneuse, pu-
dont les Apuanes sont souvent la limite A noter qu’elle pousse aussi en Sardai- bescente, avec une rosette dense, à
orientale de diffusion (comme Ulex gne et en Corse (et Sicile ?). fleurs bleues en juillet-aout. De même,
europaeus, Euphorbia hyberna,…). D’autres endémiques sont présentes commune à la flore française, Saxifra-
dans les Apuanes, mais pas dans la ga cochlearis. Là encore, en limite
Enfin, les plantes peu nombreuses vallée d’Equi : Silene lanuginosa, d’af- ouest du Parc, cette jolie plante de 20-
mais significatives d’Europe du Nord, finité balkanique, herbacée, ligneuse à 40 cm, en petite rosette et en coussin,
héritage de la dernière glaciation la base formant avec le temps une ro- à fleurs blanches, sur calcaire de 200 à
(comme Dryas octopetale, Woodsia sette aux feuilles vert-clair et aux fleurs 1900 m. Enfin, d’autres espèces plus
alpina, arenaria moerhingioides,…). blanches. Elle pousse sur calcaire, au courantes comme Allium carminatum,
soleil, au-dessus de 1000 m. Enfin, Cyclamen hederifolium que l’on trou-
J’ai eu l’occasion d’y passer en aout symbole du parc, la très belle et très ve de la France aux Balkans, Euphor-
2005, dans la vallée de l’Equi, au nord- rare Centaurea montis-borlae, que l’on bia characias ssp wulfenii dans les
est de La Spezia. A partir des thermes trouve uniquement au Monte Borle, falaises, Helichrysum sp, .....En plus
du village il faut remonter la rivière autour de 1280-1300 m. C’est une d’une flore attractive, le parc offre des
jusqu’aux pieds des Mts Nattapiana plante prostrée de 15-30 cm, velue, sur plages aux eaux limpides (ce qui n’est
(1781 m) et aux carrières de marbre de calcaire, aux fleurs rouge-violettes pas négligeables sous la chaleur du
Maritio (Carrare n’est pas loin !!).Un (juillet-aout). mois d’aout !) et un chapelet de villa-
chemin plus ou moins carrossable vous ges colorés, accrochés à la falaise, ab-
y conduit dans un décor superbe à la Non loin de là, en Ligurie, prés du port solument magnifiques ! Cette côte est
rencontre d’une flore riche comprise de La Spezia, se trouve le parc des vraiment splendide.
entre 400 et 700 m. On rencontre alors Cinque Terre classé au patrimoine BIBLIOGRAPHIE : (en italien uniquement !)
- I Fiori delle Apuane, M. Ansaldi, E. Medda, S.
une flore intéressante avec quelques mondial de l’UNESCO depuis 1997. Plastino, Ed. Mauro Baroni, 1994.
belles endémiques du parc comme San- Forcément différent des Apuanes, il - Parchi Nazionali e aree protette d’Italia, Ed. Monda-
dori, 2004.
tolina leucantha (syn. S. pinnata), su- n’en est pas moins riche pour la botani- - Valori e rarità della Flora Ligure, Ed. Le Mani, 2005.
perbe et pure endémique des Apuanes, que. Ici la colline culmine à 815 m et - Carte : Alpi Apuane, carta dei sentieri e rifugi, 101-
102, Ed. Multigraphic, Firenze.
de 30-40 cm au feuillage très découpé se jette dans la mer en falaises abrup- - Sites internet : www.parks.it , www.apuane.com
et fin. On la trouve plutôt sur calcaire, tes, couvertes de bruyères (Erica cine- - En projet, un ouvrage sur la Flore de Cinque Terre
au milieu des herbes et des rochers, rea) et de châtaigniers qui donnent à pour 2006 ( ?).