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Toutefois, les sources mobilises et suscites par la justice (en France, au TPIR et au Rwanda) sont susceptibles de nourrir la recherche en sciences sociales, condition den faire un usage critique et de les placer dans le contexte prcis de leur production. Ce sont l des prcautions mthodologiques bien connues, pourtant ignores avec une dsinvolture surprenante depuis bientt dix-huit ans par une srie dexperts de la question rwandaise. Ajoutons que laccs aux sources et au terrain ne peut se passer dune familiarit avec la langue et avec les lieux du Rwanda. Exigences scientifiques l encore trop souvent ngliges et qui dbouchent sur le recours des arguments de type culturaliste pour cautionner des tmoignages qui savrent fragiles. Le rcit dAbdul Ruzibiza (tmoin cl de lordonnance Bruguire), auquel deux malheureux universitaires apportrent leur caution, est emblmatique de ce manque de rigueur. Les derniers dveloppements de linstruction mene par les magistrats franais permettent de rappeler ces rgles fondamentales. Car, si lampleur et la radicalit de ce gnocide obligent les chercheurs forger de nouveaux outils denqute et dinterprtation, ces derniers ne sont ni policiers, ni juges, ni experts en balistique. En revanche, et de manire plus gnrale, on doit interroger les effets des conclusions de lexpertise commande par les juges Marc Trvidic et Nathalie Poux sur les conditions dcriture de cette histoire. Le contexte politique et diplomatique sen trouvera sans doute un peu plus apais terme, contribuant probablement lmergence de nouvelles approches et de nouveaux questionnements historiques. Lorsquil sera dbarrass dun climat de suspicion aliment par les accusations relatives lattentat, gageons quil sera plus ais dentamer des recherches neuves sur les aspects encore mconnus de ce pass. Par exemple lhistoire du FPR et de la guerre quil mena au Rwanda entre 1990 et 1994 quil faudra crire en historien. Et non en procureur.