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20 Séverine Daucourt-Fridriksson .
Jean-Pierre Burgart . Sébastien Hoët . Sally Bonn .
Mathieu Brosseau . Bernard Desportes .
Billy Dranty . Bart Vonck
L’ é t r a n g è r e
20
D I R ECT I ON
Pierre-Yves Soucy
C ON S EI L D E R É DA CT I O N
Fabienne Bradu, Mathieu Brosseau, Michel Collot, Jean-Pierre
Cometti, Elke de Rijcke, Jalal El Hakmaoui, Henri-Pierre Jeudy,
François Rannou, Olivier Schefer, Pedro Serrano,
Pierre-Yves Soucy, Daniel Vander Gucht, Christophe Van Rossom
A BO NN E M EN T S
La revue paraît trois fois l’an. On peut s’abonner pour trois
numéros par virement au n° de compte ING --
(IBAN : BE / BIC : BBRUBEBB) à l’ordre de
L’étrangère à La Lettre volée, bd Barthélemy, B- Bruxelles
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C O R R E S P ON D A N CE
À BRUXELLES : revue L’étrangère c/o La Lettre volée,
bd Barthélemy, B- Bruxelles. T&F
S ÉV ERINE DAUCOURT-FRIDRIKSSON
Saler ni
(e xt ra i t)
mots apportés d’ailleurs par portable. mobiles des gens dans les
automobiles détails muets des conversations entaillées par les klaxons.
conversations souvent sans mobiles et bruit insupportable des mots
qu’on entend (pas)
tenir. tenir sans sitôt se rabattre sur rien bouclier aux dimensions
absentes
J E AN -PIERRE BURGART
L e re a d y - ma d e o r ig i n a l e t sa doublure
Oh ! douche it again !
Oh ! do shit again !
La Mariée mise à nu par ses célibataires, même (Le Grand Verre) est
assortie d’un guide sous forme de notes, qui constitue en quelque
façon le versant philosophique et littéraire de l’œuvre.
Avec les diverses Vierges et Mariées, la Mariée mise à nu forme
une série de variations sur le thème ancien de l’automate, et plus
précisément, de la femme artificielle. Mais ces variations-là se jouent
à l’opposé de L’Ève future. Chez Villiers de l’Isle-Adam, la puis-
sance du désir transmue la mécanique, l’efface, et, en Hadaly, l’Ève
future, dont le nom persan signifie « l’idéal », le féminin surgit plus
libre, plus énigmatique. Le texte de Villiers, à mesure qu’il décrit
les mécanismes qui sont censés animer Hadaly, ne cesse de la rendre
plus étrangère à toute machinerie, à tout automatisme : elle est
l’incarnation du désir qui l’a appelée : «j’ai accepté de me vêtir à
la hâte des lignes radieuses de ton désir, pour t’apparaître ».
La Mariée est plus proche de l’Olympia des Contes d’Hoffmann,
dont les vocalises se brisent en incongruités sonores quand son
ressort débandé doit être remonté, à ceci près que la poupée emprunte
l’aspect d’une femme vivante, apparence qui ne dupe que le poète
ivre dont la folie suscite le rire des célibataires.
J EAN - P IE R R E B U RGART
C’est essentiellement, dit Maurice Denis, qu’un tableau est une surface
plane couverte de couleurs (toutefois « en un certain ordre assem-
blées ») – et c’est bien ce que la modernité en a retenu, le « certain
ordre » relégué au second plan, ou même totalement omis.
J EAN - P IE R R E B U RGART
Comme les tubes de peinture utilisés par l’artiste sont des produits
manufacturés et tout-faits, nous devons conclure que toutes les toiles
du monde sont des ready-mades aidés et des travaux d’assemblage .
du même coup, dans leur usage même, tous les objets utilisés et
le monde lui-même sont des ready-made.
À partir de là, en effet, en théorie du moins et pour ceux qui
veulent bien y croire, toute la banalité du monde passe dans l’esthé-
tique et inversement, toute l’esthétique devient banale. C’est là un
programme, celui de l’art contemporain ; c’est une idéologie, qui
prend ses postulats pour des faits établis ; c’est peut-être le credo
d’une société où rien ne doit plus être que marchandise, et qui ne
connaît plus de citoyens, mais seulement des consommateurs.
Si le monde lui-même se changeait en un ready-made composé
de ready-made, il n’y aurait plus aucun objet disponible pour le
geste de l’artiste, et donc plus de ready-made possible ; la confu-
sion du banal et du singulier serait effective, et, à moins d’être un
simulateur, il serait assurément plus proche de la psychose que de
l’esthétique, celui qui, vivant dans un tel monde, éprouverait dans
son corps la déréalisation des choses devenues purement images
d’elles-mêmes, en même temps que l’abolition du symbolique dans
la littéralité du banal.
À Jean Gillibert
LE READY-MADE ORIGINAL ET SA DOUBLURE
NOTES
Sauf indication contraire, les textes en italiques sont empruntés à Marcel Duchamp,
dans Duchamp du signe.
S É BA STIEN HOËT
D eve n ir - f a n tô me
(c ’ e st n ot re h e ure )
encore
II
à l’arrachement à l’envie
la curieuse désolation de ce qui a bougé a eu faim
et s’ignore se défait se fatigue autour de son noyau
(et tu caressais les statues, t’en souviens-tu, cet évêque penché sur sa
tombe, les draps crispés sur ses bras, l’imploration des fleurs et leur
évanouissement, l’œil fixé sur un dôme d’église le lent bâtiment gris retiré
vivant son siècle à l’écart, sa répétition têtue, et nous main dans la main,
herbe fine dans la précarité de l’âge)
et le train au loin
III
oh moi, non-moi
accablé de ton corps sa grâce sa pureté infernale sa puanteur cachée
admirable
lourd sur moi mon visage
S ÉB A ST I E N H O Ë T
écrase-moi, vends-moi
ma toute-profonde, ma toute-écartée
ma toute-écrasée
Le bus roulait
un chiot mourait dévoré, nous le savions
dans l’âge répétitif
IV
l‘espace
Tu souriais
S ÉB A ST I E N H O Ë T
terriblement blanche
j’étais là pour te mordre et te tuer
j’étais si faible
Tes bras plus forts que les miens, ils avaient la force d’un destin d’une
heure précipitée
tes pieds nus
Tu repartirais
près d’enfants muets
d’enfants presque morts
d’une eau lente et tournoyante
Je resterais
toujours plus faible
balancé d’un sommeil à l’autre
ignoré
parmi les animaux invisibles
VI
VII
La ville noircie
fenêtres béantes, messes achevées squelettes lourds au plafond
dans les cages et leur feu attentif
VIII
IX
Tu m’attendais
furieusement nue
noire et blanche
rouverte et décrispée
inattendue
morale et voulue
dans la carcasse des draps
Tu m’attendais
dans le soleil bleu l’étal d’une boucherie de lumière
Je tuais mon père sous moi mon père aimé mon père sans voix
sans corps
un filet de cendre sous la gorge
(je ne pense plus qu’à ce départ à cette fraîcheur que nous invo-
quons à temps perdu quand l’écoute s’impose à nous du mol tour-
billon de l’air devant le miroir où un guerrier fou n’en finit pas
n’en finira jamais de hurler sa peur d’ouvrir ses veines de bête de
boire l’alcool noir)
Ce soir
près du chat et de son silence
de la lampe brûlante
DEVENIR-FANTÔME
Et l’animal
l’insecte
son eau sa vieille platitude
Tu
tu
tu seras toujours déjà revenue
notre temps indécidé
l’énergie du retour
et son détail, sa renverse d’absence :
viens dans le retour viens à l’origine
[…]
XII
Ils sont bien notre ultime désir le passé qui nous embrasse l’avenir
développé à foison
ils voudront nous précéder
devenir notre légende
XIII
Il demeure
sa vérité est bien cette solitude dans la maison le néant des sables
Dehors
Dehors se dédouble et revient à soi
il faut puiser dans la mémoire et tu verras se relever celle que tu aimais
elle se construit là-bas
elle apprend la vie au soleil
elle veut ton sacrifice
[…]
S ÉB A ST I E N H O Ë T
XV
tu lisais et relisais
nous vivons dans la peau boucanée des livres nos bibliothèques
universelles
sous les lampes mal accrochées
les animaux tous les hommes nos amis sacrifiés
aux signes d’une inquiétude commune
nous
nous sommes l’oubli
je t’ai écrit ces pages pour qu’elles répètent à ma place, en mon absence,
ce que l’on ne peut pas tout à fait dire ni faire, ce qui tient pourtant à
tout notre être – avec une telle instance une telle impudeur que le corps en
est marqué qu’il se signe aux yeux de tous, déclare dans sa maigreur que
le feu brûle et qu’il vénère sa mort –, ce qui nous légitime dans le sens et
la présence ; que le détour parle que l’indice se déploie, je reste ton fantôme
S A LL Y BONN
P rot oc ol e de te m p s
S ur l e tr ava i l d e L e ï l a B ret t
Georges Perec
Le temps ici n’est pas perdu, puisqu’il est occupé par l’ouvrage
(on dit d’un livre que c’est un ouvrage également), ni retrouvé,
mais il est à comprendre, à pénétrer. Percer, creuser, pénétrer la
surface du réel et la densité temporelle. Si le Livre dentellier renvoie
à l’œuvre de Proust, à son ouvrage, c’est par l’absence de son texte
et par une tentative de compréhension d’un temps. Mais dans
La Recherche, le temps, c’est l’écriture, c’est-à-dire le fait même
d’écrire, d’être en train d’écrire. Là, dans le Livre dentellier, le temps
est dans le temps passé à faire, le temps du faire, le temps du labeur
à faire disparaître le sens des mots pour en faire apparaître le vide,
en laisser des traces qui deviennent des signes, ces signes à l’œuvre
dans l’œuvre de Proust, Deleuze comme Barthes l’évoquent ainsi.
Pour le premier, « le Recherche du temps perdu se présente comme
un système des signes », pour le second, « le narrateur [de la
Recherche] s’emploie systématiquement à explorer les signes qu’il
a reçus et à comprendre ainsi, d’un seul mouvement, le monde et
le livre, le Livre comme monde et le monde comme Livre . »
Le Livre apparaît comme un espace de signes à déchiffrer, à
décrypter, dont il faut dégager l’armature, la structure.
Une sorte de structuralisme plastique préside aux travaux de Leïla
Brett : appliquer une méthode, un protocole à un texte pour en
faire surgir la structure. Et la structure a ici deux sens. Le premier,
immédiat, quotidien, est de faire passer le temps ; structure ou proto-
cole comme exercice. Mais « passer le temps » n’a ici rien de banal,
il s’agit bien de donner une dimension et une densité au temps,
de le creuser comme la découpe creuse le livre, comme les blancs
creusent l’espace du texte. Creuser le temps pour sortir du dérou-
lement, de la linéarité temporelle. Il était question plus haut
d’ouvrir des possibles, ici cela consiste à ouvrir une brèche dans
le déroulement du temps pour en faire véritablement, et profon-
dément l’expérience, une expérience qui devient celle de la durée
plus que celle du temps d’ailleurs, expérience du moment,
moment de l’exercice, de l’ouvrage. Le protocole vise en quelque
sorte à produire un effet de creusement de l’expérience. François
P RO T OCOLE DE TEMPS : SUR LE TRAVAIL DE LEÏLA BRETT
NOTES
M AT HIEU BROSSEAU
Ici a u- d e da n s de ça
Wa s d a rf i ch ho f f en * ?
È Materia indicibile.
C’est dans la nuit d’un seul. Ahí está por Doquier. En appuyant
sur un point de la carte, tout se dit. Cette pression sur la toile
fait exister l’ensemble. Cet effet donne pensée.
…Qui è Dappertutto.
B ER N A RD D ESPO R T ES
Né à Paris, en , après des études de lettres et de philosophie
à Aix-en Provence, il fonde le Théâtre d’Urien (-) puis
la revue littéraire Ralentir Travaux. En , il est le commis-
saire du Salon international du livre de Tanger. Outre de nombreux
textes critiques, il a publié une quinzaine de livres – romans,
essais, poésie. En poésie, il a écrit Bribes Suds Éclats (Paris, La
Bartavelle, ) et Avenc (Paris, Ralentir Travaux, ). Comme
essayiste, il est l’auteur de Koltès – la nuit, le nègre et le néant (Paris,
La Bartavelle, ) ; C’est la mer allée / Avec le soleil (Paris, Ralentir
Travaux, ) ; « Truinas » in L’Admiration (Lille, Artois Presses
Université, ). Un colloque a été organisé sur son travail par
l’université de Lille III dont les actes sont parus sous le titre :
Bernard Desportes autrement (Fabrice Thumerel (s.l.d.), Lille, Artois
Presses Université, ).
B E RNARD DESPORTES
Tou t dire
Est-ce possible, ça ?
(Silence)
Dieu merci !
(Silence)
(Silence)
(Silence)
(Silence)
(Silence)
(Il se lève, puis se rassoit)
Si lointain… N’en crois pas, n’en crois pas… S’il fallait dire… (Il rit)
Poursuivre alors ?
(Il se lève, fait le tour de la scène, se rassoit exactement à la même
place — Silence)
(Silence)
(Silence)
Mais soi immobile, piétinant. Planté dans sol, mots coincés dans
gorge ai-je dit déjà, sais plus où, quand…
Dans petit matin sous vent frais, on dirait ça… fût-ce possible…
(Silence)
Allôôô…
Comment dites ?
(Silence)
De même…
TOUT DIRE
Dieu merci !
(Silence)
Encore un.
Un mort.
(Silence)
Encore une.
(Silence)
B ERN A R D D E S PO RTES
Me souviens…
(Silence)
Rien ne bouge.
Temps piétine.
(Silence)
D’ici, toujours on voit la mer. Par tout temps, la mer. Tout temps,
ici, à cette place… la mer…
(Silence)
Poursuivre, alors ?
(Silence)
Père mort à présent… par ici, quelque part, sais plus où, quand…
dans la terre… Qu’un jour, fût-ce possible, n’en crois pas…
(Silence)
Père disait : j’ai décidé qu’à partir de l’âge de seize ans… (Il pouffe,
se contient)
S’il fallait…
(Silence)
Est-ce possible ?
(Silence)
Puis, mort.
(Il se lève, marche, regarde le ciel, revient s’asseoir sur le banc — Silence
— Il se dresse soudain et crie :
Père disait !…
(Il retombe assis sur le banc, plié en deux de rire — Puis lentement reprend
son souffle)
Poursuivre…
Avec Frère, ballon, ici même, ou là, sais plus… N’en crois pas !
Dans prairie parfumée paisible parsemée de fleurs…
(Silence)
(Silence)
… pâquerettes…
Peux-je dire encore… Encore mots dans bouche… ils partent dans
l’air parfumé et voyagent comme petits pets d’ange, où vont-ils ?
loin du noir océan…
(Silence)
Voyons voir… (Il se lève, tourne sur lui-même en scrutant le ciel) Nord…
Sud…
Nul ne sait…
À quoi servirait…
(Silence)
(Un oiseau passe, on entend son chant bref qui aussitôt disparaît)
Et toute cette vie, tant de vie encore… telle intensité, est-ce possible?
Nul ne sait…
B ERN A R D D E S PO RTES
Mère disait…
Ex – té – nua – tion.
(Silence)
Rien ne bouge.
Temps piétine.
… perdisait, merdisait…
(Silence)
(Il sort à nouveau son mouchoir, l’étale sur ses cuisses, le plie soigneu-
sement puis le remet dans sa poche — Il regarde le ciel)
Allôôô…
Encore un ?
Et un et deux ! Et un et deux !
Et un et deux ! Et un et deux !
(Il fredonne)
lala lala lala la mer, rauque chanteuse…
(Silence)
… l’été… ses robes à fleurs… la taille prise dans une large cein-
ture… les jambes nues… un lainage toujours, les soirées sont
fraîches…
TOUT DIRE
… plus à dire…
Dernières cartes…
Fausse alerte ?
Fausse alerte.
Temps piétine.
Ai-je parfois…
B ERN A R D D E S PO RTES
S’il fallait…
(Il fait le tour du banc puis vient se rasseoir à la même place — Il attend)
(Soudain une musique (Ferré), qu’il chasse de la main comme s’il s’agis-
sait d’une mouche — La musique disparaît puis revient aussitôt, plus
forte, plus proche — Il fredonne, toujours sur les notes de Ferré)
lala lalalala / lala lalalala Les violons vibrant derrière les collines
Temps piétine…
Fût-ce possible ?…
(Silence)
Où es-tu ?
(Musique — Ravel)
Plus là.
(Silence)
Est-ce possible ?
(Silence)
(Il fredonne)
La mer rauque chanteuse
(Silence)
Si fragile…
(Il fredonne)
Jour décline…
(Silence)
(Il fredonne)
Toute une vie… petits signes noirs… fil des ans… millions de
petits signes noirs… lavables…
L’eût-on cru ?
(Silence — il fredonne)
B ERN A R D D E S PO RTES
Rauque chanteuse…
(Silence)
(Silence)
À vau l’eau ?
S’écoule…
Tout coule…
(Silence)
Dieu merci !
J’eusse pu…
(Silence)
(Il sursaute)
Personne ?
(Silence)
Personne ?
Personne !
B ERN A R D D E S PO RTES
(Il se rassoit)
Se peut ?
(Silence)
Vieille salope !
(Silence — Il fredonne)
Rauque chanteuse…
Gouttes ?
Jour décline…
Ce peu se peut ?
Temps piétine…
Fausse alerte.
(Silence)
Est-ce possible ?
(Silence — Il fredonne)
(Silence)
Allôôô…
Allôôô…
Allô ?
Fausse alerte.
(Il range son portable. Puis il le ressort et le plaque contre son oreille bien
qu’il n’y ait pas eu de sonnerie)
L’ai bien eu !
S’il fallait dire !… N’en crois pas… (Il rit et fredonne) … rauque
chanteuse…
TOUT DIRE
(Silence)
Se peut…
Lui dire…
Dieu merci !…
Silence !
(Silence)
(Il se rassoit)
B ERN A R D D E S PO RTES
Est-ce possible ?…
Mon Dieu…
Tout si difficile…
Qui m’écoute ?
Qui m’attend ?
Qui est là ?
Qui est là ?
Suis-je seul ?
Répondez-moi !
(Silence)
Haaaarrrr…
Haaaarrrr…
Pu d’mots.
Pas oiseaux ?
(Silence)
Mmmm…
Et un et deux… et un et deux…
Temps fraîchit…
Et soi.
Toujours seul qui reste…
Père disait…
Mère disait…
Plus rien.
TOUT DIRE
Le silence…
(Silence — Il fredonne)
J’eusse pu dire…
J’eusse pu croire…
Tant à dire !
(Silence)
NOTES
Les paroles chantées par l’homme sont extraites de Moesta et errabunda (Le Vert
Paradis) de Baudelaire, sur la musique de Léo Ferré.
B I L LY DRANTY
L a is s e pa ss e
Jacques Dupin
(C’est corne)
B ILLY D RA N T Y
Engoncé tête en vulve – quoi dire puisque rien à ? Autre chose est
passée dans le tout-terrain las.
B A RT VONCK
Loi n e n d e s te r re s i n té r i e u res
expliquée et expédiée.
B ART V ON C K
Ce qui, loin à l’intérieur des terres, et, expulsé, tente d’en sortir,
ne pense pas à penser, et fait comme si : la grande consolation
le secret en eux.
B ART V ON C K
la réponse précipitée.
LOIN EN DES T ERRES INTÉRIEURES
Bruxelles,
Traduit du néerlandais par Hans Hoebeke
Les éditions de , sises à Bruxelles, fondées à l’automne par
, - et dans le cadre de l’a.s.b.l.
ANTE POST, poursuivent une politique éditoriale qui tient en trois points :
La volonté de proposer, à travers diverses collections, une réflexion destinée
à un public élargi sur les enjeux éthiques et esthétiques de la société, de la culture
et de l’art contemporains. Le dialogue entre sciences humaines et esthétique y
est entretenu dans la perspective d’une saisie globale des phénomènes sociaux et
artistiques.
L’option internationale qui préside au choix des œuvres de réflexion et de
création publiées, et qui répond au procès même de la pensée et procède du
refus d’enfermer les auteurs dans des ghettos, intellectuels ou culturels.
Le souci du beau livre qui conjugue le plaisir de la main, de l’œil et de l’esprit,
en présentant au lecteur des textes de qualité dans une présentation soignée
et élégante, tant du point de vue de la typographie que du choix des papiers
et du graphisme. Plusieurs de nos titres comportent un tirage de tête.
: , , , -
+ - : lettre.volee@skynet.be - www.lettrevolee.com
⁄
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L’étrangère, n°
- , « En guise d’ouverture » ; ,
« De toutes parts » ; , « L’éclat de l’étrangère » ;
, « Le livre des fluides » ; , « Histoire
illustrée de l’Invisible » ; , « Chaussées chaussées » ;
, « Mythologies » ; , « Le sommeil du
tambour » ; , « Anthologie d’air » ;
, « La fiction ou l’expérimentation des possibles ».
L’étrangère, n°
, « L’art » ; , « Natures mortes
(voix) » ; , « Raconter » ; - ,
« S’arrachant au néant : Faulkner, l’invention du réel » ;
, « Ciel surface, II » ; ,
« Abeilles / Obstacles » ; , « Premier jour dans l’autre
monde » ; - , « La ville et les singularités quelconques ».
L’étrangère, n°
- , « Anti-Ulysse » ; , « Rime » ;
- , « Aller, devant, “vers ce qui fut” » ;
, « Plusieurs étés » ; , « Divertimento mexicain » ;
- , « Poèmes costumes (Scènes et portraits) » ;
, « Les dépressions de la pensée chez Wittgenstein » ;
, « Complainte du vieux mâle » ; - , « Musil
et Wittgenstein au voisinage ».
L’étrangère, n° -
- , « Au gré du temps qui passe » ; ,
« Intenable Matière » ; , « Une fois n’est jamais » ;
, « Le Nom exact d’Être est Chance » ; -
, « Révélation à la British Library : aucun, parmi les vivants
qui — d’un vivant — puisse » ; , « D’où un homme est-il
visible ? » ; , « Du dit jamais » ; ,
« Pierre Chappuis, d’un trait discontinu » ; , « Sans
combler de vides » , « D’après nature » ; , « La chambre noire
de l’intime » ; , « Ce désir toujours qui sauve et qui
tue » ; , « Ce qui bruit entre les mots » ; -
, « Traversée de l’épaisseur » ; , « Du plasma aux
trous noirs » ; , « Sans propriétés » ; ,
« Un homme du premier jour » ; - , « Douze
poèmes » ; , « Écrire à perte de mémoire » ;
, « Zone franche » ; , « Benoît Conort ou les voix
portées du poème » ; , « L’ombromane » ; -
, « Jean-Luc Sarré : la mémoire extérieure » ; - ,
« Dix pièces brèves » ; , « Alain Suied à la recherche du
« royaume perdu » » ; , « Entendre, écouter, comprendre » ;
, « Lire Mathieu Messagier et dévaler les pentes de
l’écriture » ; , « Dix-neuf poèmes plus raides que la
pente » ; , « Jacques Vandenschrick et la question de
l’origine » ; , « Dix poèmes » ; -
, « Atteindre le plus discret » ; , « Au fond du jour ».
L’étrangère, n°
, « Poèmes » ; , « Sur Barnett Newman : Ohio .
Lieu et temps d’une expérience esthétique » ; , « Six
poèmes » ; , « Pas rattrapable » ; ,
« L’ortie » ; , « La piscine » ; ,
« Suspendre un instant » .
L’étrangère, n°
- , « Poussière de andré du bouchet, comme de
personne » ; , « Intempéries » ; ,
« Nouvelles lettres sur l’éducation esthétique de l’homme » ;
, « Un lit de chair humaine » (extrait) ; ,
« Lieux dits » ; , « Du perdant et de la source lumineuse ».
L’étrangère, n° -
- , « Malaise de la critique, critique d’un malaise » ;
, « Traceurs d’horizons » ; - , « La
relâche du regard » ; , « L’écart » ; - ,
« Sur la critique thématique » ; , « Phénoménologie et
expérience littéraire » ; , « Seuil critique » ;
, « Dormance (I) » ; , « Mais quelle communauté
scientifique ? (extrait) » ; , « La triangulation du cercle » ;
- , « Quelle critique ? Quels critères ? » ;
, « Surtout exercice » ; -, « Vers la clef de
l’indépendance : les jumeaux Schwitters » ; ,
« Éthique de la raison critique » ; , « Quelques
considérations sur la vocation philosophique de la critique » ;
, « Pour une éthique de la critique » ; ,
« Catalogues (extraits) ».
L’étrangère, n°
, « Chute, disparition » ; , « Rimbaud
et la fin de la poésie » ; , « L’Éventail des possibles » ;
, « Chez Thomas Bernhard à Steinhof » ; - ,
« L’origine du lieu » ; , « En premier lieu » ;
, « Peinture » ; -, « Affleurements pour
attouchements » ; , « Sur la peinture de Bernard Gilbert » ;
-, « exuel » ; , « God disjunct ».
L’étrangère, n°
, « L’envers (extrait) » ; , « Peinture » ;
, « Chant de l’étendue » ; - , « Et (plus
tard) précipitant » ; , « L’éducation des monstres » ;
, « De la forêt humiliée » ; - , « Visage d’une
mémoire (extraits ) » ; , « La poésie de Silvia Baron
Supervielle » .
Achevé d’imprimer sur les presses
de l’imprimerie Snel Grafics à Liège en octobre .
Tout reste à dire de l’étrangeté du réel,
d’autant que la parole qui exprime
ce qui n’a pas encore été exprimé demeure
étrangère à elle-même.
ISBN 978-2-87317-337-1
,!7IC8H3-bhddhb!