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Résumé :
La Simulation des Grandes Echelles des jets ronds en développement spatial a été utilisée pour étudier la pos-
sibilité de contrôler l’élargissement de la couche de cisaillement du jet à des nombres de Reynolds élevés. Il a
été démontré qu’une excitation composée d’un mode variqueux et d’un mode ”alterné” permet de forcer le jet
jusqu’à, au moins, ReD = 5 104 .
Abstract :
Large-Eddy Simulations of exited, spatially evolving round jets were used to assess the possibility of controlling
the jet’s spreading rate at high Reynolds numbers. It was shown that an excitation made with a varicose and a
flapping mode is able to force the jet until at least ReD = 5 104 .
Mots clés :
1 Introduction
Depuis que les travaux de Crow et Champagne (1971) ont montré la possibilité de contrôler
un jet grâce à la manipulation des structures cohérentes existantes dans cet écoulement, plu-
sieurs travaux ont été réalisés sur ce sujet. Plusieurs façons de contrôler le jet impliquent des
modifications sur la géométrie de la buse. On s’intéresse ici seulement à des contrôles de jets
faites avec l’excitation de certaines fréquences, la sortie de la buse restant de forme circulaire.
Dans la plupart des travaux expérimentaux sur le controle des jets e nombre de Reynolds est
relativement faible (Lee et Reynolds, 1985). Les travaux de Urbin et Métais (1997), même s’ils
étaient réalisés à des nombres de Reynolds plus élevés, ont été réalisées avec un code de calcul
très dissipatif où le nombre de Reynolds ”effectif” reste faible.
Dans la présente étude, plusieurs simulations numériques directes (SND) et des grandes
échelles (SGE) ont été réalisées pour contrôler le développement spatial d’un jet rond à plu-
sieurs nombres de Reynolds. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’influence du nombre de
Reynolds sur les structures cohérentes résultantes de trois différentes façons d’exciter le jet.
Toutes les simulations des grandes échelles ont été réalisées à l’aide du modèle de la fonction
de structure filtrée (Lesieur et Métais, 1996).
Toutes les simulations numériques ont été réalisées avec le même code de calcul. Il s’agit
d’un code aux différences finies suivant l’approche spatiale. Ce code est extrêmement précis
grâce à l’utilisation des schémas ”Compact” d’ordre six (suivant la direction de l’écoulement)
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XV Congrès Français de Mécanique Nancy, 3-7 Septembre 2001
~ (x~0 t) = U
U ~ moy (x~0 ) + U
~ bruit (x~0 t) + U
~ forc (x~0 t): (1)
Le profil de la vitesse moyenne d’entrés était en tangente hyperbolique (Michalke et Her-
mann, 1982) et le bruit imposé à l’écoulement de base était généré avec des nombres aléatoires
suivant un spectre d’énergie donné. Ce bruit a été appliqué à toutes les composantes de la
vitesse. L’amplitude du bruit respecte un profil radial qui atteint 1% dans la région des gra-
dients de vitesses et seulement 0:25% au centre du jet. Le forçage, s’il est présent, consiste en
un champ de vitesse déterministe appliqué à la composante longitudinale de vitesse. Les trois
types d’excitation utilisées sont détaillées dans le tableau 1.
Forçage Formule;
Flap1 Uforc (x~0 t) = "Ubase (x~0 ) sin ; 2StrD U1 t sin ; 2y
D ; 2Dy
2StrD U1 t
Flap2 Uforc (x~0 t) = "Ubase (x~0 ) sin
; 2S UD t
2
sin
D; 2y
Variflap2 Uforc (x~0 t) = "Ubase (x~0 ) sin ; 2D trD 1
+ sin
U1 t 4 D
+"Ubase (x~0 ) sin 2StrD D
Toutes les simulations ont été réalisées avec le même maillage (201 128 128) pour une
boite de calcul de 12:25D 7D 7D. De la même façon, l’épaisseur initiale de quantité de
mouvement était de 0 = 20 et l’amplitude initiale des forçages était de " = 5:0% sur toutes
les simulations. Le tableau 2 résume les détails de toutes les simulations réalisées.
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3 Le jet naturel
Le premier calcul est celui d’un jet naturel (non forcé) à très bas nombre de Reynolds
(NLR). La figure 1 (gauche) montre une visualisation de l’écoulement par les isosurfaces du
critère Q (Hunt et al. , 1988). L’écoulement développe des structures de vorticité en forme
d’anneaux correspondant à l’amplification d’un mode variqueux, ce qui est en accord avec les
résultats de Michalke et Hermann (1982) pour un jet avec R= > 6:25. La fin du cône potentiel
est observée à environ x = 10D. Autour de cet endroit, des paires de tourbillons longitudinaux
se forment, ce qui correspond au déclenchement des instabilités secondaires.
La figure 1 (droite) montre des isosurfaces de norme de vorticité pour la simulation du jet
naturel à nombre de Reynolds élevé (NHR). Le jet se développe de façon relativement douce
jusqu’à environ x=D = 2 où le niveau de turbulence à petite échelle commence à distordre la
couche de cisaillement initiale. Cependant, des anneaux de vorticité sont toujours visibles. La
fin du cône potentiel se trouve autour de x=D = 4, où la fréquence de passage de ces tourbillons
correspond au mode préférentiel du jet, ici égale à Str = fD
U1 = 0:375. Cette valeur est conforme
aux valeurs expérimentales connues (0:24 < f D=U0 < 0:5 - Crow et Champagne (1971),
Gutmark et Ho (1983)). C’est cette fréquence qui sera utilisée par la suite dans l’étude de
forçage. La formation de paires de tourbillons longitudinaux suit de près l’apparition d’anneaux
tourbillonnaires. Après cet événement, l’écoulement atteint rapidement le régime de turbulence
complètement développée comme on a pu le constater sur les spectres de vitesses montrant une
région inertielle avec une pente en ;5=3. Les vitesses moyennes et les tensions de Reynolds
ont été comparées aux valeurs expérimentales de Hussain et al. (1994) obtenues pour la région
auto-similaire d’un jet rond. Cette comparaison a montré un très bon accord du calcul NHR
avec les mesures expérimentales, ce qui a permi de valider le code de calcul.
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4 Le jet excité
La figure 2 montre l’effet de l’excitation FLAP1 sur les structures cohérentes à bas nombre
de Reynolds, correspondant à la simulation FA0 0. L’image montre clairement que l’écoule-
ment subit une transition vers la turbulence, beaucoup plus rapidement que dans le cas non
forcé au même nombre de Reynolds (NLR). De plus, le jet s’élargit de façon très différente
dans le plan de bifurcation (D00 (x)) et le plan de bissection (D90 (x)). En particulier, l’épais-
seur de cisaillement du jet dans le plan de bifurcation 00 (x) est beaucoup plus importante que
dans le plan de bissection 90 (x). Ce comportement est lié à la dynamique des tourbillons de la
région proche. En fait, les anneaux de vorticité correspondants au mode variqueux se trouvent
déformés avec un certain angle causé par l’excitation imposée. Cette distorsion initiale contrôle
l’ultérieur développement spatial de la couche de cisaillement du jet. Pour évaluer l’efficacité
des différents forçages, on définit l’épaisseur du forçage,
Z 12D
DJ = j90(x) ; 00 (x)jdx: (2)
0
Les valeurs de DJ pour toutes les simulations se trouvent sur la figure 6 (droite). L’expé-
rience a montré qu’en dessous d’un seuil DJ inférieur à environ 50 ; 100, l’effet du forçage
ne se faisait plus sentir autant au niveau des taux d’élargissement (90 (x) et 90 (x)) qu’au ni-
veau des statistiques (vitesses moyennes, tensions de Reynolds) et aucune différence notable
n’apparaı̂t sur les visualisations des structures cohérentes. On a constaté que même si l’excita-
tion FLAP1 permet de forcer à bas nombres de Reynolds, l’efficacité de ce forçage reste très
dépendante du nombre de Reynolds. En effet la distorsion appliquée aux tourbillons provenant
de la région initiale du jet, en augmentant la tridimensionnalité de l’écoulement, contribue à
accélérer sa transition. La ”fragilité” implicite dans les structures tridimensionnelles diminue
sensiblement leur capacité à contrôler le développement spatial de l’écoulement.
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F IG . 5 – Profils de vitesse radiale pour les forçages FLAP1 et VARIFLAP2 au même nombre
de Reynolds. (gauche) Simulation FA1 0. (droite) Simulation FA1 2.
Par contre, l’excitation de type ”flapping” permet d’atteindre un niveau maximal de forçage
d’un jet lorsque la fréquence de forçage est égale à la fréquence préférentielle sous-harmonique
du jet. En effet, le paramètre DJ (voir figure 6) montre qu’avec le forçage FLAP2, on peut
exciter le jet avec plus d’efficacité pour un même nombre de Reynolds, et de forcer le jet à des
nombres de Reynolds plus élevés. Ceci est du au fait que le forçage FLAP2 donne du temps aux
tourbillons annulaires qui se forment naturellement grâce à l’instabilité primaire, pour s’écarter
dans les deux directions tout en conservant leur cohésion. La figure 3 montre qu’avec le forçage
FLAP2, les tourbillons initialement formés gardent leur forme circulaire et ne présentent plus
plus leur caractère très distordu, même à un nombre de Reynolds plus élevé. Cependant, pour
un nombre de Reynolds encore très faible, l’effet du forçage FLAP2, reste très limité.
D’après la discussion précédente, il semble qu’un forçage qui réussit à augmenter la taille
des tourbillons primaires avant de les advecter dans les deux directions du plan de bifurcation,
serait plus efficace. Ceci est accompli par le forçage VARIFLAP2. En effet, ce type d’excitation
présente une performance de forçage nettement améliorée, comme on peut l’observer dans la
figure 4. Il est intéressant de remarquer que pour ce type d’excitation, les statistiques pour le
champ lointain sont les plus affectées par le forçage, contrairement aux forçages FLAP1 et
FLAP2. Ceci peut être observé dans la figure 5, montrant les profils radiaux de vitesse pour
les forçages FLAP1 et VARIFLAP2 au même nombre de Reynolds. L’effet du forçage peut
être observé par l’ecart existant entre les profils de vitesse au même endroit suivant le plan de
bifurcation et le plan de bissection. Pour le forçage FLAP1 cet écart est plus important près de
x=D = 4, tandis que pour le forçage VARIFLAP2 c’est surtout à x=D = 8 et x=D = 11 que
l’effet du forçage devient plus important. La figure 6 permet aussi de comparer l’épaisseur de
cisaillement dans les deux directions (D00 et D90 ) pour l’exitation VARIFLAP2 avec le taux
d’élargissement naturel, au même nombre de Reynolds. On voit ici que c’est seulement après
la région du cône potentiel que le forçage commence à avoir un effet sur le développement
du jet. La figure 6 permet de comparer les différents types de forçage à plusieurs nombres de
Reynolds. A part sa haute performance de forçage, il parait que l’excitation VARIFLAP2 a, elle
aussi, une (faible) dépendance au nombre de Reynolds. Pour savoir si ce type de forçage reste
efficace à des nombres de Reynolds très élevés, une dernière simulation a été réalisée à ReD =
50000 (FA3 2). Les structures cohérentes correspondant à cette simulation sont montrées dans
la figure 7. Même s’il y a une décroissance des effets du contrôle par rapport au même cas à
Reynolds plus faible, le jet reste controlable.
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Références
Crow, S. C. et Champagne, F. H. 1971 Orderly structure in jet turbulence, J. Fluid Mech., 48,
pp. 457-591.
Gutmark, E. et Ho, C.-M. 1983 Preferred modes and the spreading rates of jets, Phy. of Fluids,
26(10), pp. 2932-2938.
Hunt, J. C. R., Wray, A. A. et Moin, P. 1988 Eddies, stream, and convergence zones in turbulent
flows, Center for Turbulence Research, Annual research briefs.
Hussain, J. H., Steven, P. C. et William, K. G. 1994 Velocity measurements in a high-Reynolds-
number, momentum-conserving, axisymmetric turbulent jet, J. Fluid Mech., 258, pp. 31-75.
Lee, M et Reynolds, W. C. 1985 Bifurcating and blooming jets at high Reynolds number, 5th
Symposium on Turbulent Shear Flows, pp. 1.7-1.12.
Lesieur, M. et Métais, O. 1996 New trends in large-eddy simulations of turbulence, Annu. Rev.
Fluid Mech., 28, pp. 45-82.
Michalke, A. et Hermann, G. 1982 On the inviscid instability of a circular jet with external
flow, J. Fluid Mech., 114, pp. 343-359.
Urbin, G. et Métais, O. 1997 Large-eddy simulations of the three-diemnsional spatially-
developing round jets, Direct and Large Eddy Simulation II, Edited by Jean-Pierre Chollet,
Peter R. Voke and Leonhard Kleiser, KLUWER ACADEMIC PUBLISHERS.