Professional Documents
Culture Documents
362
Hépatites virales
chroniques B et C
Épidémiologie, diagnostic, évolution, prévention
Pr Catherine BUFFET
Service des maladies du foie et de l’appareil digestif, CHU Bicêtre, 94275 Kremlin-Bicêtre
cedex
Diagnostic étiologique
Le diagnostic étiologique repose sur la recherche de l’AgHBs et des anticorps
anti-VHC.
• Le diagnostic d’hépatite chronique B est évoqué si la recherche de l’AgHBs est
positive. Classiquement, le diagnostic d’hépatite chronique B est affirmé lorsque
la recherche d’AgHBs est toujours positive lors du contrôle fait 6 mois plus tard.
Il importe alors de déterminer s’il existe ou non une réplication virale. La positi-
vité de l’ADN du VHB sérique par la technique d’hybridation affirme la réplica-
tion virale. Lorsqu’il s’agit du virus B sauvage, le plus fréquent, l’AgHBe est posi-
tif et les anticorps anti-HBe sont négatifs. Lorsqu’il existe une mutation pré-C,
l’AgHBe est absent du sérum et les anticorps anti-HBe sont positifs.
Il importe également de déterminer s’il existe une surinfection delta ; l’antigé-
némie delta est de courte durée ; le diagnostic est donc posé devant la positivité
des IgM et des IgG anti-delta.
TABLEAU I
Groupes à risque
pour l’infection Sérologie de l’hépatite chronique B
par le VHC (AgHBs+)
• Risque fort :
• Sujets ayant reçu du sang ou des dérivés de
Marqueurs Signification
sang (avant mars 1990).
• Hémophiles.
• Hémodialysés, transplantés. HBV ADN+, AgHBe+, anti-HBe– Réplication virus B sauvage
• Toxicomanes intraveineux.
HBV ADN+, AgHe–, antiHBe+ Réplication virus B mutant
• Risque faible :
• Personne de l’entourage familial d’un sujet HBV ADN–, AgHBe–, antiHBe+ Absence de réplication
atteint d’hépatite C.
• Antécédent d’acte invasif, diagnostique ou
TABLEAU II
Arbre décisionnel devant la découverte
d’anticorps anti-VHC
Anticorps anti-VHC positifs
répéter le dosage
recherche de l’ARN
du VHC par PCR
?
ponction-biopsie hépatique ARN positif ARN négatif
TABLEAU III
Indications
de la recherche Histoire naturelle de l’infection chronique par le virus B
qualitative de l’ARN
du VHC par PCR Première phase Deuxième phase Troisième phase
(polymerase chain Réplication virale Intense Diminuée Arrêtée
reaction)dans Risque de
la pathologie virale C réactivation
• Avant traitement, lorsque les transaminases AgHBe + ± –
sont augmentées, il n’y a pas d’indication, AcHBe – ± +
car la PCR est pratiquement toujours posi- ADN virus B Taux élevé Taux diminué Non détectable
tive. Dans les rares cas où elle est négative,
cela oblige à en refaire une, car au moment Activité Modérée Intense Faible ou nulle
du précédent dosage, le patient peut être au- Transaminases Peu élevées Très élevées Normales
dessous du seuil de détection de la méthode. Histologie Hépatite chronique Hépatite chronique Hépatite chronique
• Chez un patient anti-VHC positif, ayant des persistante ou active peu active ou
transaminases répétitivement normales (3 à peu active cirrhose inactive
4 fois à 1 mois d’intervalle) pour savoir s’il
ou carcinome
est guéri de l’infection C sous réserve d’un
deuxième contrôle négatif ou virémique. hépatocellulaire
• Lorsqu’il y a plusieurs causes possibles
d’hépatopathie, par exemple alcool, auto-
immunité…
• ELISA positif, RIBA indéterminé. Évolution
• Diagnostic d’infection aiguë C après conta-
mination (accidentelle ou seringue) avant la Évolution sans traitement
séroconversion.
•Diagnostic des hépatopathies chroniques 1. Hépatite chronique B
sans cause.
• Hépatopathie sans cause chez l’immuno- • Au plan sérologique, on distingue 3 phases :
déprimé. – une phrase précoce de tolérance immunitaire avec présence de l’AgHBs à forte
• Évaluation de la réponse aux traitements concentration, de l’ADN du VHBsérique, de l’AgHBe, faible taux de sérocon-
antiviraux.
version de l’AgHBe en anticorps anti-HBe, présence d’AgHBc dans le noyau et
absence d’agressivité histologique ;
– une deuxième phase au cours de laquelle se produit la séroconversion de
l’AgHBe en anticorps anti-HBe, présence d’ADN du VHB à faible concentra-
tion, présence d’AgHBc dans le cytoplasme, lésions d’hépatite chronique active.
Cette phase correspond à une phase de réplication-élimination du virus. Le taux
Diagnostic anatomo- de séroconversion annuelle de l’AgHBe est d’environ 15 %. La séroconversion
pathologique est souvent précédée par une poussée de cytolyse (élévation des transaminases
Le diagnostic anatomopathologique est essen- aux environs de 300 UI/L) qui survient le plus souvent dans les trois mois avant
tiel. Il permet de savoir si l’hépatite chronique la séroconversion. La séroconversion s’accompagne en principe dans l’année qui
est active ou non active et s’il existe ou non
une cirrhose constituée. Les lésions sont carac- suit d’une normalisation des transaminases. Cependant, une réactivation virale
térisées par un infiltrat inflammatoire fait de est possible. Le risque le plus élevé de réactivation est constaté pendant la phase
cellules mononucléées, siégeant dans l’espace où l’AgHBe a disparu et où l’anti-HBe n’est pas encore apparu. Cette réactiva-
porte et la région périportale, une fibrose et
une nécrose hépatocytaire plus ou moins
tion est la cause essentielle des poussées de cytolyse. Elle peut être spontanée
notables. Les lésions de nécrose parcellaire ou provoquée par des traitements immunosuppresseurs ;
intéressant les hépatocytes de la lame bordante – une troisième phase où l’anticorps anti-HBe est positif, l’ADN du VHB absent
périportale (piece-meal necrosis) sont un signe
histologique essentiel des hépatites chro-
du sérum, l’AgHBc absent du foie. Cette phase correspond à une absence de
niques. Les lésions histologiques des hépa- réplication virale.
tiques chroniques virales et, en particulier de • Au plan clinique, il existe un risque évolutif à bas bruit vers la cirrhose et le
l’hépatite chronique C, sont souvent modé-
rées, voire minimes. Certaines anomalies his-
carcinome hépatocellulaire. On peut estimer que le risque d’évolution vers la
tologiques s’observent plus souvent au cours cirrhose est de 30 % après 20 ou 30 ans d’évolution. En cas de cirrhose, l’inci-
de l’hépatite chronique C que de l’hépatite dence annuelle de survenue d’un carcinome hépatocellulaire est d’environ 4 %,
chronique B. Il s’agit de la stéatose hépato- soit un risque de carcinome hépatocellulaire à 5 ans de 20 %.
cytaire, de la présence de nodules lymphoïdes
dans les espaces portes et de lésions inflam- En cas d’hépatite chronique B-delta, l’évolution est proche de celle de l’hépa-
matoires des canaux biliaires interlobulaires. tite chronique B, mais dans l’ensemble plus sévère.
Différents scores histologiques sont utilisés :
le score de Knodell qui apprécie
4 éléments : la nécrose périportale, la 2. Hépatite chronique C
nécrose intralobulaire, l’inflammation por- Elle est moins bien connue que l’hépatite chronique B.
tale et la fibrose. Le score Métavir apprécie
deux éléments : l’activité et la fibrose. • Au plan sérologique, contrairement à ce qui se passe au cours de l’infection
chronique B, il ne semble pas qu’il y ait arrêt de la réplication virale au cours de
2. Hépatite chronique C
Le traitement repose essentiellement sur l’interféron à la dose de 3 millions d’uni-
tés 3 fois par semaine pendant 12 mois. Les indications sont représentées par les
hépatites chroniques de l’adulte, à condition qu’il existe une activité histolo-
gique et une élévation des transaminases. Les contre-indications sont les mêmes
que celles indiquées pour l’hépatite chronique B.
On distingue plusieurs types de réponse au traitement.
• Les répondeurs sont les malades qui normalisent leurs transaminases sous trai-
tement. La normalisation des transaminases, si elle doit se produire, est précoce,
RECTIFICATIFS
Une erreur s’est glissée dans l’article « Angines » rédigé par le professeur J. Dubin [Rev Prat (Paris) 1997 ; 47 :
452]. Il fallait lire :
En cas d’allergie à la pénicilline les macrolides sont une excellente indication (30 à 50 mg par kg/j en 2 prises pen-
dant 10 jours).
Les légendes des figures 2 et 3 ont été interverties dans l’article « Diplopie » rédigé par le docteur L. Laloum [Rev
Prat (Paris) 1996 ; 46 : 2459]. La figure 2 (haut) concerne la paralysie du III droit et la figure 3 (bas) concerne la
paralysie du droit externe droit.