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B 368
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Concentration
Dose Effet indésirable
(posologie) Effets 10
Sang Site
d’action
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5
Concentration sanguine (unités arbitraires)
1
Décomposition de la relation dose-effet en relations dose-
concentration et concentration-effet.
2
Aspect habituel des relations concentration-effet pour un
médicament donné chez un patient ou dans une population don-
Relation dose-concentration née.
ou pharmacocinétique
Les concentrations sanguines sont influencées par le deve- un effet maximal (ou effet plafond) est atteint à partir d’une
nir du médicament dans l’organisme, c’est-à-dire les phé- certaine concentration. Si l’intervalle des concentrations
nomènes d’absorption, de distribution, de métabolisme et observé en clinique est suffisamment large, une relation de
d’excrétion. L’évolution des concentrations au cours du type « sigmoïde avec effet maximal » est observée, pour
temps est décrite grâce aux paramètres pharmacociné- l’effet thérapeutique comme pour les effets indésirables
tiques. (voir : pour approfondir / 1, 2).
Il existe habituellement une relation linéaire entre dose Cela a pour conséquence une relation dose-effet également
et concentration (estimée notamment par la concentra- sigmoïde : l’effet thérapeutique augmente de façon non
tion maximale et l’aire sous la courbe des concentrations linéaire avec la dose puis, à partir d’une certaine dose,
en fonction du temps après prise unique) : la concentra- n’augmente plus. L’augmentation de la dose est limitée par
tion augmente proportionnellement à la dose. En prises les effets indésirables dose-dépendants. Plus la différence
répétées, la concentration minimale à l’état d’équilibre entre dose efficace et dose toxique est grande, plus la marge
(c’est-à-dire juste avant une prise) augmente également thérapeutique est élevée.
proportionnellement à la dose. Quelques médicaments La voie et le rythme d’administration peuvent influencer
ont cependant une cinétique non linéaire : c’est par la relation concentration-effet.
exemple le cas de la phénytoïne (Di-Hydan), dont les
concentrations sanguines augmentent plus que propor-
tionnellement à la quantité administrée en raison d’une Variabilité de la relation dose-effet
saturation du métabolisme hépatique aux doses théra-
peutiques. Il existe une variabilité inter-individuelle mais également
Après administration locale (corticoïdes en inhalation dans intra-individuelle (pour un même individu, au cours du
l’asthme par exemple), les concentrations sanguines ne sont temps) de cette relation.
généralement plus pertinentes car le médicament accède
directement au site d’action. De même, la relation entre les Sources de variabilité liée à la prise
concentrations dans le sang et dans les tissus peut être modi- du médicament
fiée par certaines formes galéniques, comme les liposomes, La variabilité peut être liée à une mauvaise méthode d’ad-
qui augmentent la distribution tissulaire. ministration du médicament (par exemple : inhalation, voie
4. Excrétion rénale
Elle est diminuée en cas d’insuffisance rénale, avec pour
Effet thérapeutique
conséquence des concentrations toxiques pour les médi-
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caments éliminés essentiellement par excrétion.
Effets indésirables
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M
40 M
tution de l’organisme (proportion entre masse maigre et M
M
masse grasse, espaces liquidiens). 30
M
3. Métabolisme M
M
20 M M
C’est une source majeure de variabilité pour les médicaments
M
éliminés essentiellement par métabolisme. Les principaux 10 M
M
facteurs influençant le métabolisme sont la génétique : les M
l’effet thérapeutique recherché. En administration répétée, épileptique, immunosuppresseur) ou des effets indésirables
l’intervalle de prise est généralement d’une demi-vie envi- concentration-dépendants particulièrement sévères
ron. Dans certains cas, le rythme d’administration peut agir (digoxine).
sur la relation dose-effet. Par exemple le rythme d’admi- Les médicaments concernés, en plus de ceux précédem-
nistration de certains anticancéreux influence leur effica- ment cités, sont la théophylline, le méthotrexate, le lithium,
cité et leur tolérance ; l’effet des antibiotiques peut être certains antidépresseurs tricycliques et certains antibio-
« concentration-dépendant » (les injections intraveineuses tiques. Pour d’autres médicaments, comme les anticoagu-
rapides sont alors souhaitables pour obtenir des concen- lants, la surveillance thérapeutique et l’adaptation posolo-
trations élevées : cas des aminosides) ou « temps-dépen- gique peuvent être effectuées grâce à la mesure d’un critère
dant » (les perfusions sont souhaitables afin d’obtenir des intermédiaire : les tests de coagulation sont dans ce cas plus
concentrations stables : cas des β-lactamines) ; certaines pertinents que la mesure des concentrations de médica-
formes galéniques (dont les formes à libération prolongée) ment. ■
peuvent permettre de diminuer la fluctuation des concen-
trations sanguines lorsqu’elle est néfaste ; les dérivés nitrés
utilisés dans l’angor ne doivent pas être administrés en
continu en raison de phénomènes de tolérance.
Choix de la dose
L’effet thérapeutique des médicaments est quantifiable : la
dose doit donc être adaptée à la quantité d’effet à obtenir
chez un malade donné. En dehors de l’urgence, et en rai-
son de la variabilité inter-individuelle de la relation dose-
effet, il est souvent souhaitable de commencer un traite- POUR APPROFONDIR
ment par une faible dose (anxiolytiques, antidiabétiques
oraux, β-bloquants dans l’hypertension artérielle, par
exemple). Après cette phase éventuelle d’instauration du 1 / Modèle sigmoïde avec effet maximal
traitement, la dose sera choisie en fonction de la relation Les relations concentration-effet observées avec différents médicaments
dose-effet : au-dessus d’une certaine dose, l’effet théra- ou chez différents patients peuvent être comparées grâce à leur modéli-
peutique n’augmente plus mais le risque d’effets indési- sation. Celle-ci repose en général sur la relation suivante :
E = Emax . C + E0
S
rables augmente ; de la marge thérapeutique du médica-
ment : l’augmentation des doses sera prudente si les doses C50% + CS
toxiques sont proches des doses efficaces (marge théra- où E est l’effet observé, Emax l’effet maximal attribuable au médicament,
C la concentration, C50% la concentration donnant 50 % de l’effet maxi-
peutique étroite) ; de la pathologie : la survenue d’effets mal, s un exposant prenant en compte la pente de la relation et E0 l’effet
indésirables peut être jugée acceptable en cas de patholo- mesuré en l’absence de médicament. Ce modèle correspond aux courbes
gie grave (cancérologie). de la figure 2, avec E0 = 0.
Lorsque les caractéristiques pharmacocinétiques (interac-
tions médicamenteuses, fonction hépatique ou rénale alté-
rée, etc.) ou pharmacodynamiques (sujet âgé notamment) 2 / Cas particuliers
du médicament sont susceptibles d’être modifiées, la dose
• Fixation irréversible : l’aspect sigmoïde de la relation concentration-
initiale doit être adaptée. effet est lié au caractère réversible de la fixation du médicament sur son
récepteur. La relation sera donc différente dans le cas de médicaments se
fixant sur leur cible par une liaison covalente : c’est par exemple le cas
Choix de la surveillance des inhibiteurs de la pompe à protons utilisés en gastro-entérologie ou de
après instauration du traitement l’inhibition irréversible de la cyclo-oxygénase plaquettaire par l’aspirine.
• Courbe « en cloche » : pour certains médicaments, comme les antidé-
La surveillance doit être adaptée au sujet et au médicament. presseurs imipraminiques, la relation dose-effet thérapeutique (et concen-
Elle doit en particulier anticiper la survenue d’effets indé- tration-effet) a, pour une raison non définie, un aspect en U inversé ou
sirables ou d’un effet thérapeutique insuffisant. Une inter- « en cloche ».
action médicamenteuse doit toujours être envisagée lors de • Métabolites actifs : si les métabolites formés dans l’organisme sont phar-
l’introduction ou de l’arrêt d’un traitement associé. macologiquement actifs, l’étude de la relation concentration-effet doit
prendre en compte l’ensemble des formes actives du médicament : c’est
Pour certains médicaments, une surveillance (ou « moni- en particulier le cas de certains antidépresseurs.
toring ») thérapeutique peut ou doit être effectuée par la • Action au niveau d’un tissu « profond » : si les concentrations au niveau
mesure des concentrations sanguines du médicament du site d’action du médicament ne s’équilibrent pas rapidement avec celles
(voir : pour approfondir / 4). Ces médicaments ont quatre mesurées dans le sang, un délai sera observé entre le pic des concentra-
caractéristiques : une faible marge thérapeutique ; une tions sanguines et le pic de l’effet. La relation concentration-effet dessine
importante variabilité pharmacocinétique ; une relation alors une boucle (ou hystérèse) anti-horaire. C’est le cas de la plupart des
médicaments agissant au niveau du système nerveux central, comme les
connue entre les concentrations de médicament et l’effet anesthésiques centraux. Seule une modélisation particulière (pharmaco-
thérapeutique ou les effets indésirables ; un effet thérapeu- cinétique-pharmacodynamique) permet alors de décrire la relation concen-
tique difficile à apprécier à partir de la clinique seule (anti- tration-effet.