You are on page 1of 4

Cardiologie - Pathologie vasculaire

B 116

Myocardiopathies
Signes, évolution, traitement
Pr Denis DUBOC
Service des maladies cardiovasculaires, groupe hospitalier Cochin, 27, rue du Faubourg Saint-Jacques, 75679 Paris cedex 14

Points Forts à comprendre Myocardiopathies dilatées primitives


1. Épidémiologie
Les myocardiopathies sont un groupe hétérogène Elles sont habituellement idiopathiques et ont une inci-
qui rassemblent les maladies primitives du muscle dence annuelle de 5 à 8 pour 100 000 habitants et une pré-
cardiaque. Cette définition élimine les dysfonctions valence de 36 pour 100 000 habitants et une mortalité
ventriculaires liées à des modifications de charge annuelle estimée à 10 000 aux États-Unis (voir : pour appro-
(valvulopathie, hypertension artérielle…) fondir / 1).
et les cardiopathies ischémiques par atteinte
des gros artériels coronaires épicardique. 2. Étiopathogénie
Dans quelques familles, on a pu mettre en évidence un
mode de transmission autosomique dominant, dans
d’autres plus rares, un mode de transmission lié au chro-
mosome X (anomalie touchant le promoteur du gène de la
dystrophine) mais dans la plupart des cas, même si l’on
retrouve dans une proportion atteignant 25 % un contexte
familial, les myocardiopathies dilatées sont plutôt consi-
On distingue quatre groupes de myocardiopathies, les deux dérées comme étant d’étiologie plurifactorielle. Le rôle des
premières étant les plus fréquentes : toxiques est sûrement important (consommation exagérée
• Les myocardiopathies dilatées qui se caractérisent par un d’alcool retrouvée dans certaines enquêtes nationales), rôle
trouble de la fonction systolique ; des médicaments cardiotoxiques (chimiothérapie antican-
• Les myocardiopathies hypertrophiques qui se caractéri- céreuse à base d’anthracycline), facteurs carentiels (carence
sent par un trouble de la fonction diastolique parfois asso- en vitamine B1, en sélénium), origine inflammatoire (virale
ciée à une sténose sous-aortique dynamique (forme obs- ou auto-immune). L’apoptose ou mort cellulaire program-
tructive) ; mée par la perte de myocytes contractiles qui l’accompagne
• Les myocardiopathies restrictives qui représentent un semble être également un élément important de l’évoluti-
sous-groupe moins fréquent pouvant être liées à une infil- vité de cette affection, notamment à un stade avancé de
tration du myocarde (amylose) ou une fibrose endomyo- l’insuffisance cardiaque (voir : pour approfondir / 1).
cardique (hyperéosinophilie) ; 3. Sur le plan anatomique
• Les myocardiopathies touchant le ventricule droit (dys- En règle générale, la dilatation concerne les deux ventricules
plasies arythmogènes du ventricule droit). et les deux oreillettes, le poids du cœur est augmenté, les
Le mauvais pronostic de ces affections est lié à leur évo- épaisseurs du septum et de la paroi libre sont normales, les
lution vers l’insuffisance cardiaque ou à la survenue de anneaux valvulaires mitraux et tricuspides sont dilatés. Sur
mort subite (essentiellement pour les myocardiopathies le plan ultrastructural, on retrouve une dégénérescence myo-
hypertrophiques et les DAVD). cytaire, un certain degré d’hypertrophie, de la fibrose inter-
Le traitement médical des myocardiopathies dilatées et des stitielle, parfois des amas de lymphocytes (base anatomique
myocardiopathies hypertrophiques est différent : dans le de l’hypothèse virale) et des altérations mitochondriales.
premier cas, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et
les diurétiques représentent la base des thérapeutiques 4. Sur le plan clinique
symptomatiques. Dans le deuxième cas, les médicaments Elle affecte essentiellement l’adulte (les formes de l’enfant
relaxant de la fibre cardiaque (β-bloquants, calcium blo- sont souvent précoces au pronostic redoutable avec dans
quant) doivent être utilisés pour améliorer le remplissage certains cas une origine métabolique : trouble du métabo-
ventriculaire gauche et diminuer le gradient intraventricu- lisme du glycogène, des lipides, ou mitochondrial). La pré-
laire lorsqu’il existe. sentation clinique inaugurale principale est l’insuffisance

LA REVUE DU PRATICIEN (Paris) 1617


1997, 47
M Y O C A R D I O PAT H I E S

cardiaque (75 % des cas) témoignant le plus souvent d’une pas indiqué sauf lorsque l’on envisage une transplantation
dysfonction déjà évoluée. Les signes de dysfonction ven- cardiaque afin de préciser le degré des résistances vascu-
triculaire gauche prédominent, initialement, ils sont carac- laires pulmonaires. La biopsie endomyocardique n’a pas
térisés par une dypsnée d’effort dans plus de 80 % des cas, non plus d’indication sauf en cas de suspicion sérieuse de
parfois des palpitations ; des œdèmes des membres infé- myocardite récente (voir : pour approfondir / 1).
rieurs sont retrouvés dans un tiers des cas lorsqu’il existe
une insuffisance cardiaque globale initiale. Dans 5 à 15 % 6. Histoire naturelle et pronostics
des cas, le diagnostic est posé devant la découverte fortuite
d’une cardiomégalie radiologique. Les douleurs thora- L’histoire naturelle des myocardiopathies dilatées asymp-
ciques d'allure angineuse peuvent être parfois inaugurales tomatiques est difficile à préciser du fait de leur longue
et sont probablement liées à une diminution de la réserve période de développement infraclinique. Le pronostic des
coronaire par atteinte de la microcirculation (par définition patients symptomatiques est mauvais avec une mortalité à
les artères coronaires proximales sont saines dans les myo- 5 ans estimée à 20 %. Une faible proportion de patients
cardiopathies dilatées primitives). La maladie est parfois peut présenter une amélioration spontanée (20 % des cas) ;
révélée par une complication : embolie pulmonaire ou sys- d’autres peuvent avoir une longue période de stabilité. Cer-
témique (dans 5 % des cas environ) ou par des troubles du tains facteurs ont une valeur pronostique.
rythme, fibrillation auriculaire ou trouble du rythme ven-
triculaire.

Facteurs pronostiques
Démarche diagnostique – Les facteurs cliniques (la classe NYHA, le galop permanent, l’hy-
pertension artérielle) ;
La démarche diagnostique doit permettre d’éliminer une cause réver- – Les facteurs hémodynamiques quand ils sont mesurés (une pres-
sible relevant d’un traitement spécifique (cardiopathie alcoolique, sion capillaire pulmonaire supérieure à 20 mmHg et (ou) un index
myocardiopathie ischémique, myocardite). L’éxamen clinique per- cardiaque inférieur à 2 L/min/m2) ;
met d’évaluer le degré de sévérité de la dysfonction gauche, l’exis- – Les facteurs biologiques (l’hyponatrémie, l’élévation des taux plas-
tence des signes « droits ». La palpation de l’apex est généralement matiques de noradrénaline, du peptide atrial natriurétique et de
étalée et déplacée vers l’extérieure. Un bruit de galop est habituel chez rénine) ;
les patients en rythme sinusal. Un souffle systolique est également – L’index cardio-thoracique ;
fréquent témoignant d’une insuffisance mitrale fonctionnelle par dila- – Le diamètre télédiastolique du ventricule gauche supérieur à
tation de l’anneau. 70 mm ;
– Une VO2 max (consommation maximale d’oxygène de l’organisme
inférieure ou égale à 10 mL/kg/min ;
– La scintigraphie à la MIBG (Méta Iodobenzil Guanidine), une dimi-
nution de la captation myocardique de ce traceur (rapport cardio-
5. Examens complémentaires thoracique inférieur à 1,2) témoigne d’une diminution du recaptage
myocardique des catécholamines dans les formes particulièrement
La radiographie thoracique montre une cardiomégalie et sévères.
une redistribution vasculaire.
L’ECG peut être normal, ou montrer des troubles non spé-
cifiques de la repolarisation, des troubles de conduction de
type BAV et BBG, un aspect QS dans les dérivations anté- 7. Traitement
rieures, et dans environ 20 % des cas, une fibrillation auri-
culaire. Le traitement de l’insuffisance cardiaque lorsque celle-ci
L'échocardiographie est l’examen complémentaire le plus est installée repose sur le régime sans sel, l’administration
utile. Elle montre la dilatation des 4 cavités, l’hypocinésie de diurétiques et d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion
globale ou segmentaire (60 % des cas) du ventricule de l’angiotensine (captopril 100 mg/j, Renitec 20 mg/j
gauche, et la diminution de la fraction d’éjection du ven- administrés de façon progressive en fonction de la tolé-
tricule gauche (< 45 %). Parfois, l’échocardiographie révèle rance tensionnelle et rénale). L’administration de dérivés
la présence d’un thrombus, le plus souvent à l’apex du ven- nitrés peut améliorer les symptômes mais ne semble pas
tricule gauche. influencer le pronostic de cette affection. Les digitaliques,
seuls agents inotropes utilisables sont surtout indiqués en
La scintigraphie au TC 99 m (angiographie isotopique) est cas d’insuffisance cardiaque réfractaire ou de trouble du
utile pour évaluer la fraction d’éjection et pour pouvoir rythme supraventriculaire. Au stade asymptomatique, on
suivre son évolution. La scintigraphie au gallium 61 pour- peut préconiser un traitement par inhibiteurs de l’enzyme
rait être utile au diagnostic positif de myocardite seulement de conversion de l’angiotensine afin de retarder la surve-
lorsqu’il existe des arguments importants pour penser à un nue de l’insuffisance cardiaque congestive. Les β-bloquants
processus inflammatoire en évolution active. pourraient présenter un intérêt chez les patients qui les tolè-
Les explorations invasives doivent comporter la coronaro- rent (introduction prudente de ces médicaments). Les β-
graphie afin d’éliminer une atteinte des gros troncs coro- stimulants et les utilisateurs de la phosphodiestérase sont
naires proximaux qui pourraient justifier dans certains cas à proscrire dans le traitement de fond (voir : pour appro-
un geste de revascularisation. Le cathétérisme droit n’est fondir / 1).

1618 LA REVUE DU PRATICIEN (Paris)


1997, 47
Cardiologie - Pathologie vasculaire

Myocardiopathies hypertrophiques cardiques « désorganisées », ou d’un infarctus du myocarde


(atteinte des petits vaisseaux). La fibrose aboutit à un amin-
1. Épidémiologie cissement pariétal, une diminution de l’obstruction à l’éjec-
La myocardiopathie hypertrophique caractérisée par une tion ventriculaire, une dysfonction systolique et éventuelle-
hypertrophie ventriculaire gauche, habituellement asymé- ment une dilatation du ventricule gauche. La dysfonction
trique prédominant sur le septum est diagnostiquée par diastolique est due à des troubles de la relaxation. L’inacti-
échocardiographie ; son incidence est de 2,5 pour 100 000 vation (due au recaptage du calcium par le sarcoplasme) est
habitants par an et sa prévalence est de 20 sur 100 000 (voir : altérée par l’augmentation du calcium myoplasmique.
pour approfondir / 2). L’altération de la relaxation diminue la vitesse et le volume
du remplissage ventriculaire, surtout pendant la diastole
2. Étiopathogénie « active », induisant une augmentation du volume sanguin
auriculaire et une dilatation progressive de l’oreillette (et,
Il s’agit d’une affection génétique qui se transmet sur le in fine, d’une fibrillation auriculaire). La prossibilité d’une
mode autosomique dominant. Les gènes mutés codent pour ischémie myocardique a été démontrée, bien que son méca-
des protéines sarcomériques laissant penser que la myo- nisme demeure incertain. Une diminution de la réserve
cardiopathie hypertrophique est une maladie avec anoma- coronaire par atteinte de la microcirculation est la prin-
lie primaire de la contractilité entraînant une hypertrophie cipale hypothèse retenue. Il peut s’agir aussi d’une
compensatrice pour maintenir la fonction ventriculaire compression d’artères septales perforantes, ou de points
(voir : pour approfondir / 2). myocardiques. Cette ischémie myocardique contribue indé-
niablement à aggraver les troubles de relaxation.
3. Sur le plan anatomique
Il existe une augmentation de la masse myocardique avec 5. Sur le plan clinique
une hypertrophie, le plus souvent prédominante au niveau Il est habituel de distinguer les myocardiopathies hyper-
du septum avec une histologie caractérisée par une désor- trophiques obstructives et non obstructives.
ganisation cellulaire devant toucher dans les zones sen- Dans les formes obstructives, l’obstruction peut être latente
sibles plus de 5 % des cellules myocardiques. L’hypertro- (provoquée par un effort par exemple), labile (variable
phie concerne le plus souvent le septum (90 % des cas), spontanément) ou permanente. Dans les formes non
plus rarement l’apex (3 % des cas) ou la paroi libre du ven- obstructives, l’éjection ventriculaire n’est jamais altérée.
tricule gauche (1 %). L’hypertrophie ventriculaire est symé- Les symptômes habituellement observés consistent en une
trique dans environ 5 % des cas. dyspnée, des douleurs thoraciques, une syncope, parfois
4. Sur le plan physiopathologique des signes d’insuffisance cardiaque congestive. La mort
L’obstruction à l’éjection du ventricule gauche se produit subite est un événement non rare et parfois inaugural. Le
au niveau sous-aortique ou de la partie moyenne du ven- taux annuel de mortalité est de 4 à 6 % chez l’enfant et de
tricule gauche. Dans le premier cas, l’obstruction est liée 3 à 4 % chez l’adulte. À l’examen clinique, peuvent être
à l’hypertrophie du septum et au déplacement du muscle observés des signes cardiaques « droits », turgescence jugu-
papillaire et de la valvule mitrale, qui est étirée. La partie laire, bruit de galop droit, murmure systolique au foyer tri-
distale de la valvule antérieure est soumise à un effet d’as- cuspide. Les signes cardiaques gauches peuvent compor-
piration (Venturi) entraînant un déplacement systolique ter un déplacement et un renforcement du battement de
antérieur, et entre en contact avec le septum. De plus, le « pointe », un B4, un murmure systolique au foyer mitral
mouvement systolique antérieur de la valvule entraîne un (audible dans les obstructions sous-aortiques), irradiant
défaut de fermeture de la valve et une régurgitation mitrale. vers le bord gauche du sternum, de type éjectionnel (du fait
La survenue d’un gradient de pression est simultanée au de l’obstruction) et dans l’aisselle (du fait de la fuite
contact entre la valvule et le septum. C’est la durée de ce mitrale).
contact qui détermine l’importance du gradient de pres- Les éléments du diagnostic comportent, l’ECG, la radio-
sion, qui à son tour détermine le degré de la fuite mitrale. graphie du thorax et l’échocardiographie transthoracique.
D’autres facteurs interviennent dans environ 20 % des cas L’ECG peut être normal, ou montrer des grandes ondes R,
dans le degré de fuite mitrale. Il peut s’agir d’un muscle dans les dérivations gauches, de grandes ondes Q pouvant
papillaire ectopique, d’un prolapsus de la valve mitrale, mimer un infarctus, dans les cas d’hypertrophie septale, de
d’une fibrose de la valvule antérieure. Enfin l’exercice aug- grandes ondes T négatives dans le cas d’hypertrophie api-
mente, probablement, le gradient de pression intraventricu- cale. Enfin l’ECG peut également montrer un aspect d’in-
laire. À côté de l’obstruction, il existe des troubles du rem- farctus apical.
plissage ventriculaire responsables d’une insuffisance La radiographie du thorax est habituellement normale, ou
cardiaque diastolique. La fonction systolique globale appa- montre une augmentation du volume du ventricule gauche
raît initialement normale voire supranormale (alors que la ou des oreillettes ; l’aorte est typiquement petite.
fonction de l’unité contractile sarcomériques est probable- L’échocardiographie est l’examen le plus utile. Elle pré-
ment diminuée). Dans les formes avancées, l’apparition cise la localisation et l’importance de l’hypertrophie, les
d’une fibrose myocardique peut entraîner un certain degré fonctions systoliques et diastoliques, le degré de déplace-
de dysfonction systolique. La fibrose peut être le résultat ment systolique antérieur valvulaire, de l’obstruction, de
d’une transformation fibreuse des tissus entre les fibres myo- la fuite mitrale et l’aspect de l’appareil valvulaire mitral.

LA REVUE DU PRATICIEN (Paris) 1619


1997, 47
MYOCARDIOPATHIES

Ce dernier point peut être mieux apprécié par l’échogra- diaque. L’existence de trouble du rythme ventriculaire
phie transœsophagienne. semble être un marqueur de la survenue de mort subite.
Les examens isotopiques conventionnels permettent de pré- Dans les deux cas, le traitement préventif et curatif par
ciser la fonction systolique et diastolique. Le thallium d’ef- l’amiodarone est actuellement celui qui reste préconisé.
fort ou après dipyridamole et la tomographie en émission L’utilisation de médicaments chronotropes négatives et dro-
de positons peuvent apprécier l’existence d’une ischémie motropes négatives peut parfois justifier la mise en place
myocardique. d’un stimulateur cardiaque afin d’éviter des ralentissements
Les examens invasifs, cathétérisme, coronarographie et extrêmes de la cadence ventriculaire. ■
angioplastie doivent être réservés aux formes de diagnos-
tic difficile, ou lorsqu’un geste chirurgical ou l’implanta-
tion d’un pacemaker sont discutés.
Les investigations électrophysiologiques comporte princi-
palement le holter ECG et éventuellement une exploration
endocavitaire. POUR APPROFONDIR
Enfin, la place du screening génétique est de plus en plus
importante. 1 / Les myocardiopathies dilatées
6. Traitement • Épidémiologie
Elles sont habituellement idiopathiques et ont une incidence annuelle de
Le traitement des formes symptomatiques repose sur les 5 à 8 pour 100 000 habitants et une prévalence de 36 pour 100 000 habi-
médicaments permettant d’améliorer la relaxation car- tants.
diaque. • Examens complémentaires
Les β-bloquants peuvent être utilisés ou les agents calcium Les explorations invasives doivent comporter la coronarographie afin
d’éliminer une atteinte des gros troncs coronaires principaux.
bloquant comme le vérapamil (Isoptine) lorsque les signes
d’insuffisance cardiaque congestive apparaissent il peut • Étiopathogénie
Plurifactorielle : génétique, familiale, infectieuse, toxique, carentielle.
être utile d’utiliser les diurétiques, tout en évitant le pro-
• Traitement
blème lié à un désarmorçage de la pompe cardiaque du fait Les β-stimulants et les utilisateurs de la phosphodiestérase sont à pros-
des troubles de remplissage imposant une précharge suffi- crire dans le traitement de fond.
sante pour maintenir le débit cardiaque.
Est formellement déconseillé, l’utilisation d’agents
inotropes qui ne font qu’aggraver l’existence d’une obs- 2 / Les myocardiopathies
truction dynamique intraventriculaire ou qui peuvent la hypertrophiques
révéler. • Épidémiologie
Pour les patients présentant des signes fonctionnels inva- Son incidence est de 2,5 pour 100 000 habitants par an et sa prévalence
lidants résistant au traitement, bien conduit, on peut être est de 20 sur 100 000.
amené à utiliser lorsqu’il existe un gradient ventriculaire • Sur le plan génétique
supérieur ou égal à 50 mmHg des thérapeutiques plus Les problèmes actuellement posés concernent la signification pronostique
de ces mutations et particulièrement les relations qui existent entre géno-
agressives comme la myotomie-myectomie qui consiste à type morbide et phénotype.
réséquer par voie chirurgicale une partie du septum. Actuel- Il est actuellement reconnu qu’un grand nombre de CMH ont une origine
lement, on peut proposer comme alternative, la stimulation génétique. Il s’agit d’une maladie à transmission autosomique dominante
ventriculaire double chambre qui peut diminuer le gradient et à pénétrance variable. Le gène de la β-MHC (unité β de la chaîne lourde
de la myosine) situé sur le chromosome 14 (locus 14q1) est le premier
intraventriculaire en retardant l’activation du septum. Sur gène muté identifié. D’autres gènes sont impliqués. Il s’agit du gène de
le plan symptomatique, les résultats sont encourageants. la troponine T sur le chromosome 1 (locus 1q3) et le gène de l’α-tropo-
Le bénéfice de ces deux techniques sur le pronostic à long myosine sur le chromosome 15 (locus 15q2). Un quatrième locus a été
terme n’est qu’imparfaitement établi jusqu’à présent. identifié (11q11) sur le chromosome 11. Il sagit du gène codant pour la
forme cardiaque de la Myosine Binding proteine. De nombreuses muta-
L’existence de trouble du rythme qu’il soit supraventricu- tions ont été identifiées pour chacun de ces gènes. Les problèmes actuel-
laire ou ventriculaire nécessite un traitement actif. En effet, lement posés concernent la signification pronostique de ces mutations et
la perte de la systole auriculaire aggrave les anomalies de particulièrement les relations qui existent entre génotype morbide et phé-
remplissage (dans le cas d’une origine supraventriculaire) notype (porteur sain, conseil génétique, mutation exposant au risque de
et peut précipiter l’apparition de signes d’insuffisance car- mort subite ...).

1620 LA REVUE DU PRATICIEN (Paris)


1997, 47

You might also like