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Dermatologie

B 176

Infections cutanées bactériennes:


impétigo, furoncle, érysipèle
Étiologie, diagnostic, évolution, traitement
Dr Phryné FOULC, Dr Sébastien BARBAROT, Pr Jean-François STALDER
Clinique dermatologique, CHRU, Hôtel-Dieu, 44035 Nantes cedex 01

Points Forts à comprendre Il faudra toujours penser à rechercher une dermatose pru-
rigineuse sous-jacente, surtout dans les formes de l’adulte.
L’impétigo n’est pas une maladie immunisante, expliquant
La flore cutanée est constituée par deux types la fréquence des récidives.
de germes. Certains sont des germes commensaux
de la peau ; ce sont les staphylocoques coagulase- Diagnostic
négative (Staphylococcus epidermidis) surtout, mais Le diagnostic d’impétigo est clinique. La lésion élémen-
aussi le Propionibacterium acnes taire est une vésico-bulle flasque sur une peau inflamma-
et Malassezia furfur (levure). Les autres sont toire (fig. 1), dont le contenu va se troubler secondaire-
des germes dits « en transit » sur la peau, pouvant ment. Rapidement cette bulle fragile va se rompre sous les
s’y multiplier transitoirement ; ce sont frottements et les manœuvres de grattage. Elle laisse alors
le staphylocoque doré, le streptococcus pyogenes place à une croûte dite mellicérique car la couleur jaunâtre
et certains bacilles gram-négatifs. À l’occasion de l’exsudat séché rappelle celle du miel. Plusieurs élé-
d’une brèche cutanée, ils sont responsables ments d’âges différents coexistent, apparaissant de proche
des infections cutanées suivantes : l’impétigo en proche par décollement de l’épiderme en périphérie de
quand le germe colonise l’épiderme et le derme la lésion.
superficiel, le furoncle quand il colonise le follicule
pileux, et l’érysipèle quand l’infection est plus
profonde atteignant le derme et l’hypoderme.

Impétigo
L’impétigo est une dermo-épidermite superficielle infec-
tieuse. C’est une pathologie de l’enfant, elle est le plus sou-
vent bénigne.

Étiologie
L’impétigo est la plus fréquente des infections cutanées de
l’enfant.
Les deux germes en cause sont le Streptococcus pyogenes 1
(streptocoque du groupe A de type β-hémolytique) et le Lésion élémentaire d’impétigo : vésiculo-bulle.
staphylocoque doré. Dans la forme classique d’impétigo,
le caractère clinique des lésions ne permet pas de dire quel
est le germe responsable ; ils sont d’ailleurs souvent asso- Le siège classique de début des lésions est péri-orificiel
ciés au sein d’une même lésion. (nez et bouche), puis le cuir chevelu, les mains et les zones
C’est une pathologie contagieuse par contact direct avec accessibles au grattage sont atteintes. La disposition
une lésion cutanée, responsable de petites épidémies sco- linéaire, le long de lignes de grattage est évocatrice.
laires et familiales. Elle est également auto-inoculable par
grattage.
Formes cliniques
L’impétigo est favorisé par une hygiène défectueuse et la
sous-médicalisation ; il est par conséquent plus fréquem- 1. Impétigo croûteux
ment observé dans les pays pauvres et dans les classes C’est la forme typique ; elle est la plus fréquente chez l’en-
sociales défavorisées. fant avant 10 ans.

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L’impétigo est souvent primitif, sans dermatose sous- Le décollement bulleux réalise une forme localisée de Sta-
jacente le plus souvent. phylococcal Scalled Skin Syndrom (SSSS). Le clivage épi-
Le siège est péri-orificiel (fig. 2). dermique est dû à la sécrétion d’une toxine appelée exfo-
L’examen peut retrouver des adénopathies satellites, mais liatine, par le staphylocoque doré du groupe phagique II.
il n’existe pas de signes généraux. Cette forme était dénommée improprement « pemphigus
Le prurit est peu intense. épidémique ».
Les principaux diagnostics différentiels sont la varicelle et
l’herpès. 3. Impétiginisation
L’évolution est rapidement favorable, les lésions guéris- C’est la forme la plus fréquente chez l’adulte. Le germe
sent sans cicatrice. pénètre à travers la barrière cutanée à l’occasion d’une
2. Impétigo lésion de grattage. On recherchera systématiquement une
bulleux dermatose sous-jacente prurigineuse telle qu’une gale, une
pédiculose, un eczéma, un herpès ou une varicelle.
C’est la forme
du nouveau-né 4. L’echtyma
et du nourris-
son. C’est un impétigo creusant, nécrotique, recouvert d’une
Elle réalise de épaisse croûte noirâtre et entouré d’un halo inflammatoire,
grandes bulles siègeant sur les membres inférieurs.
de 1 à 2 cm de Il s’agit d’une forme de l’adulte, favorisée par la mauvaise
diamètre, hygiène, l’immunodépression, le diabète ou l’éthylisme
flasques, sur chronique.
peau érythéma- Le germe responsable est le streptocoque.
teuse. Les lésions guérissent lentement et laissent des cicatrices.
Rapidement les
phlyctènes lais- Évolution
sent place à de C’est une dermatose en générale bénigne. Les lésions
vastes érosions régressent en quelques jours sous traitement, sans laisser
d’extension de cicatrice sauf dans l’echtyma.
rapide (fig. 3). Les récidives sont possibles car ce n’est pas une maladie
Le siège des immunisante.
lésions est péri- Les complications sont rares.
génital et péri- Les complications peuvent être locales à type d’abcès, de
anal, favorisées pyodermites, de lymphangite, plus rarement ostéomyélite
par la macéra- et arthrite septique.
2 tion dans les
Impétigo croûteux péri-orificiel de Les complications générales infectieuses sont des bacté-
couches et le
l’enfant. riémies, des septicémies, et des pneumonies.
contact avec
l’urine. Il n’y a pas de signes généraux. La glomérulonéphrite aiguë due au streptocoque du
Il s’agit d’une forme très contagieuse ; l’infection est manu- groupe A est une complication immunologique : elle sur-
portée, responsable d’épidémies dans les maternités et les vient surtout chez l’enfant entre 3 et 7 ans et confirme la
crèches. nécessité d’une antibiothérapie générale. On recherchera
systématiquement une protéinurie par une bandelette uri-
naire 3 semaines après l’infection.
L’impétigo ne donne jamais de rhumatisme articulaire aigu.

Traitement
Le traitement de l’impétigo nécessite des mesures d’hy-
giène, un traitement local et un traitement général.

1. Mesures d’hygiène
– L’éviction scolaire est nécessaire quelques jours après la
mise en route des antibiotiques.
– Les ongles doivent être coupés ras et fréquemment bros-
sés.
– On conseille des douches pluriquotidiennes avec un savon
antiseptique (Cytéal).
– Les vêtements, en coton, doivent être amples pour éviter
3
Impétigo bulleux de l’enfant. les frottements et la macération.

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2. Traitement local plus souvent isolé, suivi des streptocoques des groupes G,
– On prescrira des applications pluriquotidiennes de solu- C et B.
tion antiseptique à base d’hexamidine (Hexomédine) ou de Les érysipèles non streptococciques sont rares, dus à des
nitrate d’argent à 0,5 %. germes variés (staphylocoque doré en premier lieu).
– On ramollira les croûtes avec des antibiotiques locaux en • La porte d’entrée cutanée du germe doit être systémati-
pommade (Fucidine pommade). quement recherchée :
– aux membres inférieurs : intertrigo interdigitoplantaire,
3. Traitement général plaie traumatique, ulcère veineux ;
– au visage : lésion excoriée d’un orifice narinaire ou d’une
Le traitement par voie générale est systématique.
oreille.
L’antibiotique utilisé doit être actif sur le streptocoque du
• Le facteur favorisant principal est l’œdème des membres
groupe A et sur le staphylocoque doré. Le plus souvent on
inférieurs (d’origine veineuse, cardiaque ou lymphatique),
utilise la pristinamycine (Pyostacine), par voie orale, à la
mais aussi l’alcoolisme, le diabète et la désocialisation. La
dose de 2 g/j chez l’adulte et 50 à 100 mg/kg/j chez l’en-
prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens favorise la sur-
fant.
venue de complications.
La durée du traitement est de 10 jours.
On peut également proposer d’autres antibiotiques comme Diagnostic
des pénicillines M (oxacilline, Bristopen ou cloxacilline,
Orbénine), des macrolides (érythromycine, Érythrocine). Le diagnostic d’érysipèle est clinique.
Il faut également penser à rechercher et traiter les sujets 1. Diagnostic positif
contacts, un foyer ORL responsable du point de départ de
l’infection, et une dermatose sous-jacente. • Cliniquement : le mode de début est brutal avec fièvre
élevée et frissons. L’examen cutané retrouve un placard
érythémateux et œdémateux, chaud, douloureux, d’évolu-
Impétigo tion centrifuge, bien limité (fig. 5). Il existe souvent une
Le Staphylococcal Scalled Skin Syndrom (SSSS) appelé aussi Lyell
adénopathie locorégionale et une lymphangite satellite.
staphylococcique ou syndrome de Ritter-Lyell ou syndrome des • La localisation aux membres inférieurs est la plus fré-
enfants ébouillantés est une nécrolyse épidermique staphylococcique. quente, favorisée à ce niveau par les troubles circulatoires.
Elle réalise en quelques heures de vastes placards de décollement bul- Le tableau réalisé est celui d’une « grosse jambe rouge
leux, dans un contexte septicémique avec présence de signes géné-
raux sévères (fig. 4). Les lésions cutanées ne sont pas de nature infec-
aiguë fébrile ».
tieuse ; elles sont dues à la sécrétion d’une toxine (exfoliatine ou
staphylolysine) par certaines souches de staphylocoques dorés (Sta-
phylococcus aureus du groupe phagique II). Elle entraîne une nécrose
des couches superficielles de l’épiderme.

Érysipèle
L’érysipèle est une
dermo-hypodermite
aiguë d’origine infec-
tieuse, très souvent
streptococcique, géné-
ralement bénigne.
Depuis une dizaine
d’années, il semble que 5
Érysipèle du membre inférieur : noter la limite nette et l’as-
l’incidence de la mala-
pect luisant.
die augmente dans les
pays industrialisés de
façon sporadique. La L’érysipèle de la face, plus rare actuellement, a pour par-
moyenne d’âge des ticularités :
sujets atteints est de
60 ans, le sex-ratio – son caractère bilatéral fréquent ;
de 1. – l’importance de la réaction œdémateuse ;
– la présence d’un bourrelet périphérique classique, tra-
Étiologie duisant le caractère superficiel de l’infection (fig. 6).
Le streptocoque β- • Les examens complémentaires. Certains sont réalisés
4
Nécrolyse épidermique staphy- hémolytique du groupe systématiquement et avant le début du traitement : hémo-
lococcique ou Staphylococcal Scal- A (Streptococcus pyo- cultures, prélèvements bactériologiques au niveau de la
led Skin Syndrom (SSSS). genes) est le germe le porte d’entrée.

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Leur rendement est rise la récidive des épisodes infectieux (25 % des érysi-
faible. D’autres pèles correspondent à des récidives). La glomérulonéphrite
sont réalisés excep- post-streptococcique est exceptionnelle mais justifie la
tionnellement en recherche d’une protéinurie 3 semaines après l’épisode
cas de doute dia- aigu.
gnostique ou de
forme grave : ponc- Traitement
tion-aspiration pro-
fonde, biopsie avec 1. Traitement curatif
immunofluores-
• L’antibiothérapie : le traitement classique repose sur une
cence, imagerie en
antibiothérapie précoce administrée par voie intraveineuse,
résonance magné-
en milieu hospitalier : pénicilline G (12 à 20 millions d’uni-
tique. Les sérolo-
tés/24 h) jusqu’à l’obtention de l’apyrexie et la diminution
gies streptococ-
des signes inflammatoires locaux (environ 6 jours). Un
ciques (ASLO,
relais par une antibiothérapie orale (pénicilline V, 4 mil-
antistreptodor-
lions d’unités/24 h) doit être poursuivi pendant 8 jours. La
nases) sont utiles
durée totale du traitement ne doit pas être inférieure à
rétrospectivement
10 jours.
malgré leur manque
En cas d’allergie aux β-lactamines, un traitement par
de spécificité.
macrolides par voie intraveineuse est justifié (érythromy-
2. Diagnostic cine, 3 g/24 h).
différentiel • Les traitements associés comprennent :
6
Érysipèle de la face. – le traitement de la porte d’entrée (intertrigos) ;
• Aux membres
– la prévention de la maladie thrombo-embolique (hépa-
inférieurs, il faut
rine de bas poids moléculaire à dose isocoagulante, ex. :
éliminer en premier lieu la fasciite nécrosante (cf. encadré)
Fraxiparine 0,3 mL sous-cutané/j) ;
mais également :
– un eczéma aigu ; – la prévention de la décompensation de tares (diabète,
– une thrombose veineuse profonde (problème fréquent en éthylisme chronique) ;
cas de troubles trophiques vasculaires préexistants) ; – la vérification de la vaccination antitétanique.
– une lymphangite ;
– un syndrome de loge (ischémie musculaire par œdème
au niveau de la loge externe de jambe). Érysipèle :
• Au visage, on évoquera toutes les causes d’œdème aigu vers des alternatives thérapeutiques ?
du visage : Actuellement, certains auteurs proposent des alternatives au traite-
– la staphylococcie maligne de la face doit être reconnue ment classique de l’érysipèle. En effet, la durée, le coût, et les com-
rapidement du fait de sa gravité ; plications liés à l’hospitalisation, ont motivé la réalisation d’études
visant à évaluer l’efficacité d’une antibiothérapie orale d’emblée dans
– un eczéma aigu (importance du prurit) ; l’érysipèle sans signe de gravité. Ainsi, la roxithromycine (Rulid) ou
– un zona ophtalmique (unilatéral) ; la pristinamycine (Pyostacine) pourraient permettre à l’avenir une
– un œdème de Quincke (sans érythème). prise en charge simplifiée de cette pathologie fréquente. Ces résultats
méritent toutefois d’être confirmés à plus grande échelle.
En cas d’infection potentiellement grave (terrain immunodéprimé, plaie
Évolution chirurgicale, morsure, pied diabétique), il paraît justifié de débuter une
antibiothérapie générale à plus large spectre (association d’un amino-
• L’évolution est habituellement simple sous traitement side ou de clindamycine à la pénicilline G par voie intraveineuse).
adapté, l’apyrexie est obtenue rapidement et les signes Enfin, l’association d’un antistaphylococcique n’est pas indiquée de
manière systématique dans l’érysipèle mais doit être discutée en cas
locaux régressent en quelques jours. de complication locale à type d’abcès.
En cas de mauvaise réponse au traitement, il faut craindre
une complication locale sous la forme d’une dermo-hypo-
dermite profonde (abcès, fasciite nécrosante). 2. Traitement préventif
Une thrombose veineuse profonde peut venir compliquer
un érysipèle, un écho-doppler veineux sera réalisé en cas La prise en charge d’une insuffisance veino-lymphatique
de doute clinique. Cette complication semble toutefois rare est essentielle (surélévation des membres inférieurs,
et ne justifie pas une anticoagulation à dose efficace sys- contention élastique).
tématique. L’efficacité d’une antibiothérapie au long cours est démon-
• Les complications générales sont : la décompensation trée chez les patients multirécidivants (benzylpénicilline :
d’une tare sous-jacente (diabète, éthylisme chronique) et Extencilline, 2,4 millions d’unités/3 semaines ou phé-
le choc septique streptococcique. noxyméthylpénicilline : Oracilline, 4 à 6 millions d’unités
• La complication tardive majeure est la récidive. L’éry- par jour). Ce traitement n’est que suspensif et sa durée n’est
sipèle aggrave ou fait apparaître un lymphœdème qui favo- pas définie, il est réservé aux patients très motivés.

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Diagnostic
La fasciite nécrosante : 1. Diagnostic positif
une urgence médico-chirurgicale Le furoncle se présente cliniquement comme un nodule
érythémateux surmonté d’une pustule. La lésion est cen-
Il s’agit d’une dermo-hypodermite bactérienne profonde d’évolution trée par un poil. En quelques jours le nodule devient fluc-
nécrosante touchant primitivement le fascia pour atteindre de manière tuant, très douloureux, la pustule se rompt en laissant s’éli-
extensive les tissus cutanés adjacents. Le streptocoque A est souvent miner le bourbillon (produit de la nécrose du follicule
en cause, associé à d’autres germes (staphylocoque doré, anaérobies,
entérobactéries). Complication classiquement rare de l’érysipèle, son pilo-sébacé). Les signes généraux sont absents.
incidence semble augmenter depuis quelques années. Les zones pileuses et de frottement (ceintures) sont le plus
Les signes cliniques devant faire suspecter une fasciite nécrosante souvent atteintes (fig. 8).
sont : l’importance des signes généraux (altération de l’état général Les examens complémentaires sont inutiles en routine.
rapide, signes de choc, défaillances viscérales), l’aggravation des
signes locaux (apparition de placards violacés d’aspect cartonné avec
hypoesthésie superficielle, phlyctènes hémorragiques) et la non-
réponse au traitement antibiotique bien conduit (fig. 7).
Il s’agit d’une urgence médico-chirurgicale.
La prise en charge comprend une antibiothérapie en intraveineux à
large spectre, l’excision chirurgicale des tissus nécrosés, la réanima-
tion en milieu spécialisé.
Ce diagnostic est souvent difficile au stade de début mais doit être
systématiquement évoqué du fait de sa gravité.

Furoncle
C’est une folliculite
aiguë profonde, nécro- 8
sante. Furoncles de la nuque.

Étiologie
2. Diagnostic différentiel
1. Bactériologie
• Les folliculites sont des infections superficielles du fol-
Le staphylocoque doré licule pilo-sébacé d’origine fréquemment staphylococ-
est le germe le plus cique. Cliniquement il s’agit de pustules centrées par un
souvent en cause, ce poil dont l’évolution est favorable sous traitement antisep-
n’est pas un hôte habi- tique local, sans cicatrice. La coalescence de folliculites du
tuel de la peau, toute- visage au niveau des zones pileuses réalise le sycosis sta-
fois on le retrouve au phylococcique, d'évolution chronique. Plus rarement, les
niveau du périnée et dermatophytes occasionnent une atteinte inflammatoire des
des fosses nasales chez follicules pileux réalisant un tableau de sycosis trichophy-
des sujets sains. Son tique.
implantation sur la
• L’acné associe des lésions inflammatoires (nodules) et
peau est favorisée par
rétentionnelles (microkystes, comédons) siégeant au
l’existence de lésions
visage, à la région médio-thoracique et au dos.
cutanées (plaie, cica-
trices) qui représentent • L’hydrosadénite est une infection staphylococcique des
des réservoirs poten- glandes sudoripares apocrines. Elles siègent aux aisselles
tiels, sources de réci- et aux plis inguinaux.
dives. Il existe un • Un kyste épidermique surinfecté se différenciera du
7 furoncle par la notion d’une lésion préexistante à l’épisode
Fasciite nécrosante. risque d’auto-inocula-
tion par les mains. inflammatoire.
Enfin, on éliminera facilement les pustuloses non follicu-
2. Les facteurs favorisants laires (psoriasis pustuleux, pustulose exanthématique aiguë
Ils sont : généralisée) et la pseudo-folliculite de la maladie de
– locaux : la macération (zone des plis, fortes chaleurs), les Behçet.
traumatismes locaux (vêtements serrés, rasage), les défauts
d’hygiène, la corticothérapie locale ; Évolution
– généraux : diabète, obésité. Un déficit immunitaire est Le furoncle guérit habituellement en 15 jours en laissant
exceptionnellement retrouvé. une cicatrice déprimée.

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1. Complications aiguës
• L’anthrax : placard inflammatoire formé d’un agglomé- Les infections cutanées peuvent également être révélatrices de défi-
rat de plusieurs furoncles, en relief, douloureux, fébrile, cits immunitaires congénitaux en particulier les anomalies fonction-
nelles des polynucléaires neutrophiles. Devant des infections cuta-
souvent localisé à la nuque. nées récidivantes, les arguments qui feront suspecter un déficit
• La staphylococcie maligne de la face est rare. Elle vient immunitaire sont, la prévalence élevée du straphylocoque doré, l’âge
compliquer la manipulation d’un furoncle médio-facial. Le de début précoce, les antécédents familiaux, les atteintes viscérales
tableau clinique est celui d’une dermo-hypodermite pro- associées quasi constantes et l’existence de trouble de la cicatrisation.
Dans ces cas qui restent cependant rares, l’exploration des fonctions
fonde du visage (placard rouge sombre extensif, mal limité) des polynucléaires peut être réalisée, recherchant des anomalies de la
avec signes généraux marqués. L’évolution vers une throm- bactéricidie et de l’adhésion des polynucléaires.
bophlébite du sinus caverneux gravissime est possible. Le
traitement repose sur une antibiothérapie antistaphylococ-
cique par voie intraveineuse, associée à une anticoagula-
tion. Points Forts à retenir
2. Complications générales
Elles sont rares : septicémie à staphylocoque, décompen-
• L’érysipèle, l’impétigo et les furoncles sont des
sation de tare.
infections cutanées bactériennes. Leur diagnostic
3. La complication chronique est simple et essentiellement clinique. L’évolution
C’est la furonculose, définie par la récidive de furoncles est souvent favorable sous traitement. Néanmoins,
pendant des mois ou des années. Dans ce cas, on doit réa- il existe des formes graves qui mettent en jeu
liser des prélèvements bactériologiques locaux chez le le pronostic vital et il faut savoir les reconnaître
patient et son entourage pour rechercher un portage chro- tôt : ce sont la fasciite nécrosante, la nécrolyse
nique au niveau de gîtes bactériens (nasal surtout). Le épidermique staphylococcique et la staphylococcie
typage du germe sera effectué en fonction de son antibio- maligne de la face.
gramme. • L’impétigo est une infection cutanée contagieuse
de l’enfant. Classiquement, il réalise des vésiculo-
Traitement bulles péri-orificielles se transformant rapidement
1. Traitement du furoncle en croûtes mellicériques qui guérissent sans
cicatrice. Les deux germes responsables sont
• Antisepsie locale biquotidienne : chlorhexidine : Diasep- le streptocoque du groupe A et le staphylocoque
tyl sur les lésions, à poursuivre une semaine après la gué- doré. Le diagnostic est uniquement clinique.
rison de la lésion. Les buts du traitement sont de guérir l’infection
• Des soins d’hygiène doivent être respectés : douche quo- par des antiseptiques et des antibiotiques
tidienne, lavage fréquent des mains, linge propre et per- et d’éviter la contagion par l’éviction scolaire
sonnel. et les mesures d’hygiène.
• L’excision du bourbillon ne peut être effectué qu’au stade • L’érysipèle est une dermo-hypodermite
de fluctuation de la lésion, suivi de l’application d’une com- principalement due au streptocoque du groupe A.
presse antiseptique afin de limiter la diffusion du germe. La fièvre est associée aux signes locaux. Il est
• L’antibiothérapie générale est indiquée dans les formes nécessaire de pratiquer des hémocultures et de
compliquées, la localisation au visage ou sur terrain débi- rechercher la porte d’entrée. Le traitement repose
lité : pristinamycine, Pyostacine, 2 g/j. sur l’antibiothérapie associée à une
anticoagulation préventive.
Furoncle: ce qu’il ne faut pas faire • Le furoncle est une infection du follicule pileux
– Manipuler un furoncle, surtout s’il est localisé au visage. par le staphylocoque doré dont le traitement
– Exciser chirurgicalement un furoncle avant le stade de fluctuation. est chirurgical au stade collecté. Il faut rechercher
– Traiter par anti-inflammatoires non stéroïdiens (localement ou par des facteurs favorisants.
voie générale).

2. Traitement spécifique de la furonculose


En cas de portage chronique de staphylocoque doré, on POUR EN SAVOIR PLUS
procède à une désinfection des gîtes bactériens chez le Maleville J, Taieb A, Massicot P. Affections bactériennes com-
patient et son entourage : antibiothérapie locale 2 fois par munes. In : Saurat JH, Grosshans E, Laugier P, Lachapelle JM. Der-
matol Venerol. Masson 1990 ; 106-15.
jour sur les gîtes (narines, cicatrices de furoncles, anus) une
semaine par mois pendant 6 mois à 1 an (ex. : Fucidine Petit A. Érysipèle. Données récentes et questions d’actualité. Ann
Dermatol Venerol 1996 ; 123 : 585-93.
pommade).
El Baze P, Lacour JP, Ortonne JP. Folliculites. Éditions techniques.
Une antibiothérapie orale est parfois associée : rifampicine Encycl Med Chir (Paris-France). Dermatologie, 12485 A10, 1992,
(Rifadine) 600 mg 2 fois/j pendant 5 jours ou clindamy- 6 pp.
cine (Dalacine) 1 à 2 g/j pendant 10 jours. ■

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