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TABLEAU I
Caractéristiques des diarrhées aiguës infectieuses selon leur mécanisme
TABLEAU II
Étiologies des diarrhées aiguës en fonction des éléments de l’anamnèse
– examens biologiques sanguins : l’hémogramme associé pour examen bactériologique et parasitologique (écou-
à la mesure de la vitesse de sédimentation ou de la protéine villonnage rectal), de visualiser la muqueuse colique et
C-réactive permet d’apprécier l’existence d’un syndrome iléale et de réaliser des biopsies pour examens anatomo-
inflammatoire. La pratique de sérologies est décevante pathologique, bactériologique, parasitologique et virolo-
puisque les sérologies des salmonelloses et shigelloses ne gique (cultures). L’endoscopie digestive haute n’a d’inté-
sont pas contributives au diagnostic, que la sérologie des rêt en première intention que chez l’immunodéprimé.
yersinioses n’a de valeur que si le titre des anticorps s’élève
nettement à 3 semaines d’intervalle et que la sérologie ami- Causes des diarrhées aiguës
bienne n’est positive qu’en cas d’atteinte tissulaire intesti-
nale ou hépatique ; 1. Diarrhées infectieuses
– coprologie : la coproculture est le principal examen dans • Bactériennes : il s’agit de la première cause de diarrhées
le diagnostic des diarrhées aiguës bactériennes. Si la tech- aiguës. Un cas particulier est représenté par la diarrhée sous
nique standard de l’examen permet en général le diagnos- antibiotiques : si les colites à Klebsiella oxytoca sont relati-
tic, certaines recherches nécessitent des milieux spéciaux vement rares, liées à la prise de bêtalactamines, se manifes-
et devront être conduites en fonction des signes anamnes- tant par un syndrome dysentérique avec douleurs pseudo-
tiques et cliniques : prise d’antibiotiques (Clostridium dif- chirurgicales, avec une muqueuse du côlon ascendant fragile
ficile, Klebsiella oxytoca), prédominance des douleurs en et purpurique, et restitution ad integrum après arrêt de l’an-
fosse iliaque droite (Yersinia enterolytica), diarrhée san- tibiotique, la diarrhée à Clostridium difficile est fréquente et
glante (Escherichia coli 0157:H7). L’examen parasitolo- ce germe est à l’origine de la majorité des diarrhées post-
gique des selles peut être utile chez le sujet immunocom- antibiotiques et des colites pseudomembraneuses (tous les
pétent (Giardia lamblia, Entamœba histolytica) mais sera antibiotiques peuvent être en cause mais bêtalactamines et
surtout important chez l’immunodéprimé chez qui il doit céphalosporines sont responsables de 90 % des cas). Il agit
être réalisé systématiquement. La recherche de virus dans par l’intermédiaire de deux toxines (A et B). Quelques jours
les selles n’est pas un examen de pratique courante ; après le début de l’antibiothérapie, une diarrhée hydroélec-
– l’endoscopie digestive basse (rectosigmoïdoscopie plus trolytique apparaît, avec une fièvre, des douleurs abdomi-
ou moins complétée par une iléocoloscopie) permet, en cas nales et une hyperleucocytose. Le tableau peut se compli-
de diarrhée invasive, de prélever les sécrétions digestives quer d’un syndrome dysentérique et d’une colectasie (avec
1
Stratégie diagnostique devant une diarrhée aiguë.
risque de perforation). Le diagnostic est évoqué par l’endo- gnons vénéneux dans un contexte d’ingestion accidentelle
scopie basse (colite à fausses membranes) et affirmé par la ou volontaire (tentative de suicide).
présence des cytotoxines dans les selles.
• Virales : elles sont fréquentes. Si les adénovirus, les astro- 4. Mode aigu de révélation d’une maladie
virus et surtout les rotavirus sont responsables de la majo- inflammatoire cryptogénétique de l’intestin
rité des diarrhées aiguës du nourrisson et du jeune enfant Une poussée de colite inflammatoire (rectocolite hémor-
et concernent peu l’adulte, le virus de Norwalk (et les autres ragique, maladie de Crohn) peut débuter brutalement,
calicivirus) peut donner des petites épidémies de diarrhées volontiers fébrile, et en imposer pour une diarrhée aiguë
hydrolectrolytiques chez l’adulte. La transmission est infectieuse, voire même être déclenchée par celle-ci. La
hydrique et l’incubation comme la durée d’évolution sont recherche de lésions buccales (aphtes) ou périnéales, la
courtes (1 à 3 j). Outre la diarrhée, on observe des vomis- coloscopie et l’histologie permettent en général de recti-
sements, des myalgies, des douleurs abdominales et par- fier le diagnostic. De même, chez le sujet âgé, une colite
fois de la fièvre. Chez l’immunodéprimé, le cytomégalo- ischémique peut être révélée par une diarrhée aiguë.
virus devra être évoqué et recherché (antigénémie, cultures
de biopsies coliques perendoscopiques), de même que 5. Autres causes
l’herpès simplex virus. On peut citer : les intoxications à l’histamine ou au planc-
• Parasitaires : ton, les diarrhées allergiques, les indigestions…
– entamœba histolytica : la dysenterie amibienne s’observe
chez des patients en provenance de zones d’endémie. L’en- Conduite à tenir
doscopie basse fait évoquer le diagnostic (lésions ulcérées)
et la recherche du parasite dans l’écouvillonnage rectal l’af- en situation d’urgence
firme. Les nitro-imidazolés (métronidazole : Flagyl, 1,5 g/j
pendant 5 jours) sont le traitement de choix ; 1. Règles hygiéno-diététiques et apports
– giardia lamblia : il s’agit d’un parasite présent dans les hydriques
zones subtropicales mais également froides. Après 8 à 15 Elles sont conditionnées par la nécessité de compenser les
jours d’incubation (transmission par l’eau ou interhu- pertes hydroélectrolytiques en prenant en compte l’intolé-
maine), le tableau associe diarrhée hydroélectrolytique, rance alimentaire souvent présente. Dans la majorité des
nausées et douleurs abdominales. La durée d’évolution est diarrhées aiguës infectieuses, outre le repos, on conseille
de 10 à 15 jours mais peut être prolongée. Le diagnostic la limitation initiale des apports à des solutés hydroélec-
est fait par l’examen parasitologique des selles mais peut trolytiques iso-osmotiques comme la solution OMS
nécessiter des biopsies duodénales (formes chroniques). (sachets à diluer dans un litre d’eau), le bouillon, le Coca-
Les nitro-imidazolés (métronidazole : Flagyl, 1,5 g/j pen- Cola…, puis l’introduction d’aliments sans résidus (riz) ou
dant 5 j) sont le traitement de choix ; riches en fibres astringentes (carottes, coings, pommes,
– cryptosporidium spp : chez l’immunocompétent, les bananes mûres) avant la reprise progressive d’une alimen-
signes sont comparables à ceux observés en cas d’infec- tation normale. Dans tous les cas, il convient d’éliminer les
tion à G. lamblia. Ils peuvent être majorés (intensité et aliments stimulant le péristaltisme intestinal : produits lai-
durée) chez l’immunodéprimé. tiers (du fait du déficit en lactase de la bordure en brosse),
D’autres protozoaires (Blastocystis hominis, Isospora belli, café, alcool, jus de fruits concentrés, fibres irritantes,
Balantidium coli, Cyclospora et Plasmodium falciparum) épices, aliments gras. L’interdiction de la voie orale (vomis-
ou helminthes (anguillule, trichocéphale, trichine, bilhar- sements incoercibles) ou son insuffisance, associée à des
zie) peuvent également être responsables de diarrhées signes de déshydratation, pourront conduire à l’hospitali-
aiguës. sation et à la perfusion intraveineuse de solutés de réhy-
dratation enrichis en potassium.
2. Diarrhées médicamenteuses
De nombreux médicaments peuvent être en cause, parti- 2. Antidiarrhéiques
culièrement chez le sujet âgé. L’amélioration des signes à • Les ralentisseurs du transit comme le lopéramide (Imo-
leur arrêt comme la possible récidive lors de leur réintro- dium : 2 gélules puis 1 gélule après chaque selle non mou-
duction signent leur responsabilité. On retiendra plus lée) ou le diphénoxylate (Diarsed) diminuent le volume et
particulièrement ceux responsables d’une diarrhée hydro- surtout le nombre des exonérations. Ils doivent être évités
électrolytique (colchicine, misoprostol, laxatifs, anti- en cas de diarrhée invasive, du fait des risques de colecta-
biotiques, antiacides avec magnésium, antimitotiques, sie et d’iléus paralytique.
biguanides, veinotoniques, olsalazine, anti-inflammatoires • Les antisécrétoires intestinaux comme le racécadotril
non stéroïdiens (AINS), acides biliaires) ou d’un syndrome (Tiorfan : 3 gélules/j) ont été démontrés efficaces en cas de
dysentérique (AINS, antibiotiques, sels d’or). diarrhée hydroélectrolytique. L’oxyde de lopéramide
(Arestal) possède des propriétés à la fois antisécrétoires et
3. Diarrhées toxiques motrices.
On évoquera la responsabilité de toxiques industriels • Les adsorbants (Smecta, Actapulgite…), en augmentant
(savons, détergents, acides, bases, organo-phosphorés, la consistance des exonérations, améliorent le confort du
métaux lourds : arsenic, plomb, mercure) et de champi- patient.