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Pharmacologie

B 384

Antagonistes des récepteurs H2


et inhibiteurs de la pompe à protons
Principes et règles d’utilisation
Dr Olivier CHASSANY, Pr Jean-François BERGMANN
Service de médecine A, hôpital Lariboisière, 75475 Paris cedex 10

Points Forts à comprendre Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) (oméprazole,


lansoprazole, pantoprazole) sont des antagonistes spéci-
fiques de l’H+/K+ ATPase de la cellule pariétale. Grâce à leur
• Les antagonistes des récepteurs H2 action au niveau de la phase terminale de la sécrétion acide,
et les inhibiteurs de la pompe à protons inhibent les inhibiteurs de la pompe à protons inhibent la sécrétion
la sécrétion d’acide gastrique. De par leur niveau acide quelle que soit la nature de la stimulation, alors que
d’action, les inhibiteurs de la pompe à protons les antagonistes des récepteurs H2 agissent en amont au
induisent une inhibition plus profonde et plus niveau d’un seul des récepteurs. L’inhibition induite par les
prolongée, ce qui se traduit par une plus grande inhibiteurs de la pompe à protons est plus forte et plus pro-
efficacité sur l’amélioration des symptômes longée que celle des antagonistes des récepteurs H2. La
et la cicatrisation des lésions ulcérées. durée de maintien du pH gastrique O 3 après la prise est
• Les principales indications thérapeutiques sont inférieure à 12 h pour tous les antagonistes des récepteurs
la maladie ulcéreuse gastro-duodénale et le reflux H2 administrés aux posologies habituelles. La durée de
gastro-œsophagien. maintien du pH gastrique O 3 après la prise d’un inhibi-
• La prise en charge et l’évolution de la maladie teurs de la pompe à protons est de 18 à 22 h. Ces diffé-
ulcéreuse gastro-duodénale sont profondément rences expliquent que les inhibiteurs de la pompe à pro-
modifiées depuis la découverte du germe tons sont plus efficaces dans la cicatrisation de lésions
Helicobacter pylori (Hp) comme étant le facteur érosives.
causal des récidives.
• L’association au traitement anti-ulcéreux
d’une antibiothérapie permet l’éradication
Principales indications des anti-H2
d’Helicobacter pylori et de diminuer et des IPP
considérablement le risque de récidive ulcéreuse. Les principales indications des anti-sécrétoires sont la
maladie ulcéreuse gastro-duodénale et le reflux gastro-œso-
phagien (RGO) (tableau I).

Autres indications
des inhibiteurs de la pompe à protons
Propriétés pharmacologiques 1. Traitement des lésions gastro-duodénales
des antisécrétoires induites par les anti-inflammatoires
non stéroïdiens (AINS)
Les ions hydrogène (H+) sont sécrétés par les cellules parié-
tales du fundus gastrique, au niveau du pôle apical grâce à Lorsque la poursuite des AINS est indispensable : omé-
une pompe H+/K+ ATPase. Cette sécrétion est régulée par prazole 20 mg/j pendant 4-8 semaines.
certaines substances, elle est notamment stimulée par les
2. Traitement préventif
repas et par l’histamine.
Les antagonistes des récepteurs H2 à l’histamine (anti-H2) des lésions gastro-duodénales
(cimétidine, ranitidine, famotidine, nizatidine) inhibent la induite par les AINS
sécrétion acide basale et stimulée. La capacité d’inhibition Chez les patients à risque (notamment âge > 65 ans, anté-
n’est pas identique entre les antagonistes des récepteurs cédents d’ulcère gastro-duodénal) pour lesquels un traite-
H2. Sous cimétidine, le pH gastrique médian des 24 h est ment anti-inflammatoire est indispensable : oméprazole
inférieur à 1,7 contre 2,4 sous ranitidine. 20 mg/j.

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ANTAGONISTES DES RÉCEPTEURS H2 ET INHIBITEURS DE LA POMPE À PROTONS

TABLEAU I 3. Adaptation posologique


Celle-ci est parfois nécessaire en cas d’insuffisance rénale
Principales indications des anti-H2 (anti-H2) ou d’insuffisance hépatique (anti-H2 et IPP). Chez
et des IPP le sujet âgé, il faut éviter la dose de 800 mg de cimétidine
par prise. L’apparition d’une confusion ou d’une brady-
Anti-H2 IPP cardie doit faire interrompre le traitement (essentiellement
observées avec la cimétidine).
En association à une bithérapie antibiotique,
éradication d’Hp en cas de maladie ulcéreuse
gastro-duodénale (après preuve endoscopique Tolérance des anti-H2 et des IPP
de la lésion et de l’infection) +1 +2
Les anti-H2 et les IPP sont bien tolérés. Les effets indési-
Traitement « classique » de l’ulcère duodénal
ou gastrique évolutif en l’absence d’indication
rables sont rares, ils sont un peu plus fréquents pour la cimé-
à éradiquer Hp + + tidine. Ont été rapportés des troubles digestifs banals ;
céphalées et vertiges ; éruptions cutanées ; élévation réver-
Traitement d’entretien de l’ulcère duodénal sible des transaminases ; thrombocytopénie ou leucopénie ;
chez les patients non infectés par Hp ou chez gynécomastie et galactorrhée (cimétidine) ; bradycardie
qui l’éradication n’a pas été possible + +
(cimétidine). Quelques cas de confusion mentale sont sur-
Œsophagite secondaire au RGO + + venus chez des patients essentiellement sous cimétidine ou
Traitement symptomatique du RGO lorsque oméprazole. Il s’agissait de patients âgés et (ou) ayant une
les règles hygiéno-diététiques ne se sont pas insuffisance hépatique ou rénale. Les anti-H2 et surtout les
montrées efficaces +3 +4 IPP entraînent une hypergastrinémie modérée et réversible.
Lors des traitements prolongés durant plusieurs années, il
Traitement d’entretien des œsophagites sévères
existe une augmentation relative des cellules entérochro-
(grades III et IV) par RGO – +
maffines sans signification pathologique à ce jour.
Syndrome de Zollinger-Ellison 5
+ +
Toutes les spécialités n’ont pas toutes ces indications : 1. ranitidine, Interactions médicamenteuses
2. oméprazole, lansoprazole, 3. cimétidine 200 mg, 4. lansoprazole
15 mg, 5. pathologie rare, nécessitant des fortes doses pour freiner la 1. Parmi les anti-H2
sécrétion acide.
Seule la cimétidine (à la dose de 800 mg/j) en raison de
son inhibition des cytochromes P450 hépatiques risque d’en-
traîner une augmentation des taux plasmatiques de certains
Formes parentérales médicaments et des signes de surdosage. Les principaux
Les formes parentérales ne sont pas plus efficaces que les médicaments sont : phénytoïne, antivitamines K (acéno-
formes orales ; elles ont les mêmes indications. Elles ne coumarol, phénindione, warfarine), carbamazépine, dia-
devraient être utilisées que lorsque la voie orale est impos- zépam, certains β-bloquants, nifédipine, théophylline,
sible. Elles sont aussi indiquées en cas d’ulcère gastro-duo- ciclosporine.
dénal lié au stress (p. ex. : en réanimation) ou d’hémorra- 2. Pour les IPP
gies de la maladie ulcéreuse à l’exception des hémorragies
par ulcération artérielle. Les formes disponibles sont : cimé- À ce jour, la seule interaction médicamenteuse qui pour-
tidine 200 mg, ranitidine 50 mg, famotidine 20 mg, niza- rait avoir une conséquence clinique est observée avec le
tidine 100 mg, oméprazole 40 mg. lansoprazole qui, par induction des systèmes enzymatiques,
peut diminuer l’action de la théophylline.

Précautions d’emploi des anti-H2 3. Prise simultanée


de topiques gastro-intestinaux
et des IPP
Elle risque de diminuer l’absorption de certains antisécré-
1. Grossesse toires (cimétidine, ranitidine, nizatidine, lansoprazole). Il
En l’absence d’études humaines et malgré l’absence d’ob- convient de laisser un intervalle de 2 h entre la prise de
servation clinique après de nombreuses années de com- l’antisécrétoire et celle du topique.
mercialisation, notamment des anti-H2, il est déconseillé
de prescrire des anti-H2 et des IPP au cours de la grossesse, Prescription des anti-ulcéreux
notamment au cours du 1er trimestre, sauf si la prescription dans l’ulcère duodénal et gastrique
est impérative.
1. Bases physiopathologiques du traitement
2. Allaitement Helicobacter pylori (Hp) joue un rôle essentiel dans la
L’allaitement est déconseillé lors de la prise d’anti-H2, ces pathogénie de l’ulcère duodénal (Hp est présent dans plus
derniers passant dans le lait maternel et lors de la prise de 90 % des cas) et de l’ulcère gastrique à un moindre degré
d’IPP en l’absence d’étude chez l’espèce humaine. (Hp présent dans plus de 70 % des cas). La réduction de la

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sécrétion acide gastrique reste un facteur déterminant pour dehors de la cimétidine qui donne des pourcentages légè-
obtenir la disparition des symptômes et la cicatrisation de rement inférieurs.
l’ulcère. Une gastrotoxicité médicamenteuse (aspirine, La durée du traitement pour obtenir une cicatrisation de
AINS) peut aussi être en cause. l’ulcère gastrique est plus longue que pour l’ulcère duo-
Il existe une corrélation entre le pourcentage d’inhibition dénal. La durée usuelle est de 4 semaines en cas d’ulcère
de la sécrétion d’acide gastrique sur 24 h et le taux de cica- duodénal pour les IPP et les anti-H2 ; en cas d’ulcère gas-
trisation des ulcères gastro-duodénaux à 4 semaines. Le trique, elle est de 4 à 6 semaines, voire 8 semaines pour
maintien du pH O 3 pendant 18-20 h par jour entraîne une certains anti-H2 (tableau III). La disparition des symptômes
cicatrisation à 4 semaines voisine de 100 %. est aussi plus précoce sous IPP que sous anti-H2. En cas
d’ulcère gastrique, la vérification de la cicatrisation com-
2. Nécessité d’un diagnostic morphologique
On ne peut porter le diagnostic d’ulcère duodénal ou gas-
trique en poussée que sur un examen morphologique. L’en-
TABLEAU II
doscopie est l’examen de choix. Cet examen permet de Taux de cicatrisation (%)
faire des biopsies antrales pour rechercher Helicobacter
pylori. En cas d’ulcère gastrique, des biopsies multiples
de l’ulcère duodénal
sur les berges de l’ulcère sont pratiquées afin d’éliminer et de l’ulcère gastrique
un cancer. à 4 semaines de traitement
3. Traitement de la poussée ulcéreuse Cicatrisation Ulcère Ulcère
Les IPP ont une efficacité supérieure aux anti-H2 sur le duodénal gastrique
pourcentage de cicatrisation des ulcères (tableau II). Les
Placebo 40 35
différents IPP ont une efficacité similaire sur le taux de
Anti-H2 60-90 40-80
cicatrisation et sur les symptômes. De même, il n’y a pas IPP 90-99 60-85
de différence d’efficacité entre les différents anti-H2 en

TABLEAU III
Résumé des indications partielles des anti-H2
Dénomination Traitement « classique » Traitement Œsophagite secondaire
commune de l’ulcère gastrique d’entretien au RGO
internationale ou duodénal évolutif 1 de l’ulcère duodénal 2 pendant 4 à 8 semaines 3

Cimétidine (400, 800 mg) 800 mg au coucher ou 400 mg au coucher 800-1 600 mg/j en 1 ou
Tagamet 4 400 mg matin et soir plusieurs prises
Ranitidine (150, 300 mg) 300 mg le soir 150 mg le soir 300 mg le soir
Azantac, Raniplex
Famotidine (20, 40 mg) 40 mg le soir 20 mg le soir 20 mg matin et soir
(grades I et II)
Pepdine 40 mg matin et soir
(grades III et IV)
Nizatidine (150, 300 mg) 150 mg matin et soir ou 150 mg au coucher 150 mg matin et soir
Nizaxid 300 mg au coucher
Oméprazole (20 mg) 20 mg/j 5 20 mg/j 5 20 mg/j 5
Mopral, Zoltum
Lansoprazole (30 mg) 30 mg/j 5 15 mg/j 5 30 mg/j 5
Lanzor, Ogast
Pantoprazole (40 mg) 40 mg/j avant ou pendant 40 mg/j avant ou pendant
Eupantol, Inipomp le petit déjeuner le petit déjeuner
Source : Vidal 1997.
1. En l’absence d’indication à éradication d’Hp : pendant 4 semaines (ulcère duodénal) et pendant 4 à 6 semaines, voire 8 semaines pour certains
anti-H2 (ulcère gastrique).
2. Chez les patients non infectés par Hp ou chez qui l’éradication n’a pas été possible.
3. Jusqu’à 12 semaines pour les anti-H2.
4. Des génériques de la cimétidine sont commercialisés sous le nom de cimétidine GNR, Merck et RPG.
5. La prise le matin ou le soir est indifférente.

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ANTAGONISTES DES RÉCEPTEURS H2 ET INHIBITEURS DE LA POMPE À PROTONS

plète par une endoscopie avec biopsies pour rechercher un pylori (échec de l’éradication ou absence du germe). Les
cancer est nécessaire. facteurs de risque qui peuvent motiver un traitement d’en-
tretien sont : O 2-3 récidives par an, prise d’AINS, anté-
4. Éradication d’Helicobacter pylori cédents de complications ulcéreuses, tabagisme important,
Helicobacter pylori est le facteur principal de rechute de risque opératoire élevé, âge jeune, longue durée d’évolu-
la maladie ulcéreuse gastro-duodénale. Son éradication fait tion de la maladie ulcéreuse. L’éradication d’Hp fait chu-
chuter le pourcentage de récidive ulcéreuse à 1 an de 80 % ter les indications du traitement d’entretien.
à moins de 5 %. La présence d’Helicobacter pylori doit
être systématiquement recherchée en cas d’ulcère duodé-
nal ou gastrique. Certains auteurs préconisent une éradi- Prescription des anti-H2 et des IPP
cation systématique d’Helicobacter pylori en cas d’ulcère dans le reflux gastro-œsophagien
duodénal sans recherche du germe du fait de sa présence
quasi constante (> 90 %). Bases physiopathologiques du traitement
Le principe de l’éradication repose sur l’association d’un
antisécrétoire (à double dose) et de 2 antibiotiques. Après Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est la conséquence de
cette trithérapie, il convient de poursuivre le traitement anti- la remontée du contenu acide de l’estomac dans l’œso-
sécrétoire seul à simple dose afin d’obtenir la cicatrisation phage. Son évolution chronique est le plus souvent bénigne,
de l’ulcère. La durée globale du traitement est de 4 semaines elle est parfois compliquée de lésions érosives. Les mesures
en cas d’ulcère duodénal et de 4 à 6 semaines en cas d’ul- hygiéno-diététiques sont toujours utiles.
cère gastrique (tableau IV). Ce schéma thérapeutique, s’il La durée de l’élévation du pH O 4 est le facteur primor-
est bien respecté par le patient, notamment quant à la prise dial pour cicatriser des lésions d’œsophagite. Les IPP aux
des antibiotiques, permet l’éradication d’Hp dans plus de posologies habituelles maintiennent le pH O 4 pendant 15
90 % des cas. à 21 h, la ranitidine et la famotidine pendant 8 h, la cimé-
tidine pendant 3 à 7 h.
5. Traitement d’entretien Globalement sous anti-H2, la cicatrisation de l’œsophagite
Après un traitement anti-ulcéreux d’attaque, en l’absence est obtenue dans 25 à 85 % des cas, en fonction de la
d’éradication d’Helicobacter pylori, la récidive ulcé- sévérité de celle-ci et de la durée du traitement (4 à
reuse s’observe dans 80 % des cas à 1 an. Le traitement 12 semaines). La cimétidine est moins efficace que les
d’entretien quotidien par anti-H2 à demi-dose ou par IPP à autres anti-H2. Les IPP ont une efficacité supérieure à celle
la dose standard ou à demi-dose réduit le taux de récidives des anti-H2 sur la rapidité de l’amélioration des symptômes
(tableau III). Les traitements d’entretien ne sont efficaces et sur la cicatrisation de l’œsophagite avec un pourcentage
que pendant leur administration. Un traitement d’entretien de cicatrisation à 8 semaines de 75 à 95 %. Cette supério-
est indiqué en l’absence d’éradication d’Helicobacter rité est particulièrement nette pour les œsophagites sévères.

TABLEAU IV
Modalités d’éradication d’Helicobacter pylori
en cas d’ulcère gastro-duodénal

Dénomination En association à une bithérapie antibiotique, éradication d’Hp


commune en cas de maladie ulcéreuse gastro-duodénale
internationale (après preuve endoscopique de la lésion et de l’infection)

Ranitidine (150, 300 mg) Pendant 14 jours :


– ranitidine 300 mg matin et soir (double dose)
Azantac, Raniplex – associée à clarithromycine 500 mg matin et soir (Zeclar)
– et à :
• soit métronidazole ou tinidazole 500 mg matin et soir,
• soit tétracycline 1 000 mg matin et soir
Puis, cette trithérapie est suivie par la prise de ranitidine 300 mg/j pendant 2 autres semaines
en cas d’ulcère duodénal ou 2 à 4 semaines en cas d’ulcère gastrique

Oméprazole (20 mg) Pendant 7 jours :


– oméprazole 20 mg ou lansoprazole 30 mg matin et soir (double dose)
Mopral, Zoltum – associé à clarithromycine 500 mg matin et soir
– et à :
Lansoprazole (30 mg) • soit amoxicilline 1 g matin et soir
• soit métronidazole ou tinidazole 500 mg matin et soir
Lanzor, Ogast Puis, cette trithérapie est suivie par la prise d’oméprazole 20 mg/j ou de lansoprazole 30 mg/j
pendant 3 autres semaines en cas d’ulcère duodénal ou 3 à 5 semaines en cas d’ulcère gastrique

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Pharmacologie

TABLEAU V
Modalités de prescription des anti-ulcéreux
dans le traitement symptomatique du reflux gastro-œsophagien
DCI spécialité

Cimétidine 1 Lorsque les règles hygiéno-diététiques ne se sont pas montrées efficaces :


Tagamet 200 mg 200 mg au moment des brûlures et (ou) des régurgigations 3 fois par jour au maximum pendant
15 jours
Lansoprazole Associé ou non à une œsophagite en cas de résistance ou d’inadaptation des traitements
Ogast 15 mg de première intention (conseils hygiéno-diététiques, anti-acides, alginates) :
15 mg/j, la durée initiale du traitement est de 4 à 6 semaines ; par la suite, un traitement intermittent
pourra être institué au moment des périodes symptomatiques
1. Des anti-H2 sont disponibles en automédication (délivrance par le pharmacien sans prescription médicale) qui ont cette seule indication : traite-
ment symptomatique des brulûres d'estomac et remontées acides. Il s’agit de : Stomédine 200 mg (cimétidine), Zantarac 75 mg (ranitidine),
Pepcidac 10 mg (famotidine).

Traitement initial En cas d’échec de ce traitement symptomatique ou de réci-


dives fréquentes et dans les autres cas (sympatomatologie
1. En pratique intense, dysphagie, apparition de symptômes chez un sujet
Chez un patient jeune, ayant une symptomatologie typique, âgé, symptômes atypiques) une endoscopie est nécessaire.
modérée, non compliquée et en l’absence de données endo- 2. Après une endoscopie
scopiques, il est recommandé d’instituer un traitement
symptomatique d’épreuve de quelques semaines basé sur • Patients symptomatiques sans œsophagite : chez les
les mesures hygiéno-diététiques et posturales, et en asso- patients qui résistent au traitement par anti-acide, alginate
ciant de façon variable des anti-acides ou alginates, un pro- ou prokinétique, il est licite de prescrire des anti-ulcéreux,
kinétique tel que le cisapride, un anti-H2, voire un IPP à tels que la cimétidine 200 mg ou le lansoprazole à
demi-dose (tableau V). demi-dose (15 mg/j) qui sont actuellement les seuls à
avoir l’indication « traitement symptomatique du RGO »
(tableau V). Chez des patients très symptomatiques, on peut
TABLEAU VI être amené à prescrire d’autres anti-H2 ou IPP.
Recommandations de la prise en charge • En cas d’œsophagite modérée grades I et II, les anti-
de l’ulcère duodénal acides ou alginates, les prokinétiques, les anti-H2 et les IPP
ou gastrique évolutif
TABLEAU VII
Une endoscopie est nécessaire pour affirmer le diagnostic
d’ulcère duodénal avant d’instituer un traitement anti-ulcé- Recommandations
reux. dans la prise en charge
L’endoscopie est indispensable avec biopsies multiples sur du reflux gastro-œsophagien
les berges de l’ulcère est indispensable pour affirmer le
caractère bénin d’un ulcère gastrique.
L’examen endoscopique avec biopsies antrales est un des Le traitement du RGO doit toujours comporter des conseils
moyens pour rechercher la présence d’Hp. hygiéno-diététiques.
En cas de présence d’Hp il faut associer au traitement anti- Le diagnostic d’œsophagite repose sur l’endoscopie qui per-
ulcéreux un traitement d’éradication d’Hp qui permet de met de préciser la sévérité des lésions érosives (grades I à
diminuer le pourcentage de récidives ulcéreuses à 1 an de IV).
80 % à moins de 5 %. Les anti-H2 sont efficaces dans le traitement initial de l’œso-
La durée du traitement anti-ulcéreux par IPP et anti-H2 est le phagite modérée (grades I-II). La durée de ce traitement ini-
plus souvent de 4 semaines en cas d’ulcère duodénal et de 4 tial doit être de 4 à 8 semaines.
à 6 semaines en cas d’ulcère gastrique. Une œsophagite sévère (grades III-IV) en première intention
En l’absence d’éradication ou dans les ulcères duodénaux doit être traitée par les IPP pendant 4 à 8 semaines.
sans présence d’Hp, un traitement d’entretien au long cours Les IPP sont efficaces dans la prévention des récidives d’œ-
par anti-H2 ou IPP à demi-dose est efficace dans la préven- sophagites sévères (grades III-IV).
tion des récidives. Les modalités du traitement d’entretien pour prévenir les
Une endoscopie est indispensable à la fin du traitement d’at- récidives symptomatiques et (ou) d’œsophagites modérées
taque d’un ulcère gastrique pour s’assurer de la cicatrisation (grades I et II) restent à définir. Toutefois, les études ont
et pour refaire des biopsies à la recherche d’un cancer. démontré l’efficacité des IPP à pleine ou demi-dose.

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ANTAGONISTES DES RÉCEPTEURS H2 ET INHIBITEURS DE LA POMPE À PROTONS

TABLEAU VIII sévère nécessitant un traitement d’entretien, il est conseillé


de discuter l’alternative d’un traitement chirurgical anti-
Références opposables 1997 reflux.
Thème XXI :
prescription des anti-ulcéreux Dyspepsie, gastrite chronique
et Helicobacter pylori
1. Il n’y a pas lieu d’associer simultanément deux anti-ulcé-
reux. Il n’existe actuellement pas de preuve scientifique suffi-
2. Il n’y a pas lieu, dans l’ulcère duodénal, de prolonger le sante pour proposer une éradication d’Hp chez un malade
traitement anti-ulcéreux à doses d’attaque, sauf en cas de dyspeptique ou dans une gastrite chronique histologique.■
persistance des symptômes.
3. Il n’y a pas lieu, dans l’ulcère duodénal, en cas d’éradica-
tion d’Hp, de prescrire un traitement anti-ulcéreux d’entre-
tien. Points Forts à retenir
4. Il n’y a pas lieu de prescrire des formes injectables d’anti-
ulcéreux quand la voie orale est possible.
5. Il n’y a pas lieu, dans le traitement des hémorragies diges-
• Les inhibiteurs de la pompe à protons sont plus
tives hautes d’origine ulcéreuse, de prescrire les antisécré- puissants que les antagonistes des récepteurs H2.
toires à des doses supérieures aux posologies recommandées. Ces médicaments sont bien tolérés, de prescription
(Journal Officiel, 29 nov. 1997, annexe 1, Références
facile avec peu d’interactions médicamenteuses
Médicales Opposables n° 21, page 4937.) sauf pour la cimétidine. Les modalités de la prise
en charge de la maladie ulcéreuse sont simples
(tableau VI).
• La prévention des récidives des ulcères gastro-
duodénaux est indissociable de l’éradication
sont efficaces. On peut proposer une progression dans le d’Helicobacter pylori.
choix thérapeutique ou prescrire d’emblée des anti-H2 • Les schémas thérapeutiques actuels qui associent
(tableau III). un anti-ulcéreux à 2 antibiotiques permettent une
• En cas d’œsophagite sévère grades III ou IV : c’est l’in- éradication dans plus de 90 % des cas.
dication des IPP (tableau III). • La prise en charge du reflux gastro-œsophagien
(tableau VII) est bien codifiée en cas d’œsophagite
Traitement d’entretien sévère (inhibiteurs de la pompe à protons). Les
modalités du traitement préventif des récidives
À l’arrêt du traitement, une récidive symptomatique et (ou) symptomatiques et (ou) d’œsophagites modérées
endoscopique survient chez plus de 50 % des patients dans restent à préciser.
les 6 à 12 mois, quel que soit le traitement initial. • Les RMO doivent être connues (tableau VIII).
Le traitement d’entretien des œsophagites sévères de grades
III et IV est l’indication des IPP : lansoprazole 15 mg/j et
si nécessaire 30 mg/j ou oméprazole 20 mg/j. Ainsi, avec
un traitement d’entretien par lansoprazole à demi-dose,
plus de 70 % des patients sont asymptomatiques et sans POUR EN SAVOIR PLUS
lésion érosive à 1 an. Chassany O, Bergmann JF, Segrestaa JM. Principes thérapeutiques
du reflux gastro-œsophagien. Rev Med Interne 1995 ; 16 :
Les modalités du traitement préventif des récidives symp- 960-70.
tomatique et (ou) endoscopique modérées restent à établir. Chassany O (chargé de projet). Anti-ulcéreux. Recommandations
et références médicales. Agence Nationale pour le Développe-
Les anti-H2 à demi-dose sont peu efficaces. Les IPP à demi- ment de l’Évaluation Médicale (ANDEM). Concours Med 1996 ;
dose sont probablement plus efficaces, actuellement seul 39 (suppl 2) : 38-57.
le lansoprazole 15 mg est disponible (tableau V). Fiches de transparence. Le bon usage du médicament. Agence du
Médicament, 1997 : 17-23.
Le traitement d’entretien par IPP est suspensif. Les réci- Maladies ulcéreuses et gastrites à l’heure d’Helicobacter pylori.
dives symptomatiques et anatomiques sont observées à l’ar- Conférence de Consensus, octobre 1995, Paris. Conclusions et
recommandations du jury. Gastroenterol Clin Biol 1996 ; 20 :
rêt du traitement. Chez les patients récidivant sur un mode S 155-S 165.
très symptomatique et (ou) avec des lésions d’œsophagite

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