Professional Documents
Culture Documents
B 384
Autres indications
des inhibiteurs de la pompe à protons
Propriétés pharmacologiques 1. Traitement des lésions gastro-duodénales
des antisécrétoires induites par les anti-inflammatoires
non stéroïdiens (AINS)
Les ions hydrogène (H+) sont sécrétés par les cellules parié-
tales du fundus gastrique, au niveau du pôle apical grâce à Lorsque la poursuite des AINS est indispensable : omé-
une pompe H+/K+ ATPase. Cette sécrétion est régulée par prazole 20 mg/j pendant 4-8 semaines.
certaines substances, elle est notamment stimulée par les
2. Traitement préventif
repas et par l’histamine.
Les antagonistes des récepteurs H2 à l’histamine (anti-H2) des lésions gastro-duodénales
(cimétidine, ranitidine, famotidine, nizatidine) inhibent la induite par les AINS
sécrétion acide basale et stimulée. La capacité d’inhibition Chez les patients à risque (notamment âge > 65 ans, anté-
n’est pas identique entre les antagonistes des récepteurs cédents d’ulcère gastro-duodénal) pour lesquels un traite-
H2. Sous cimétidine, le pH gastrique médian des 24 h est ment anti-inflammatoire est indispensable : oméprazole
inférieur à 1,7 contre 2,4 sous ranitidine. 20 mg/j.
sécrétion acide gastrique reste un facteur déterminant pour dehors de la cimétidine qui donne des pourcentages légè-
obtenir la disparition des symptômes et la cicatrisation de rement inférieurs.
l’ulcère. Une gastrotoxicité médicamenteuse (aspirine, La durée du traitement pour obtenir une cicatrisation de
AINS) peut aussi être en cause. l’ulcère gastrique est plus longue que pour l’ulcère duo-
Il existe une corrélation entre le pourcentage d’inhibition dénal. La durée usuelle est de 4 semaines en cas d’ulcère
de la sécrétion d’acide gastrique sur 24 h et le taux de cica- duodénal pour les IPP et les anti-H2 ; en cas d’ulcère gas-
trisation des ulcères gastro-duodénaux à 4 semaines. Le trique, elle est de 4 à 6 semaines, voire 8 semaines pour
maintien du pH O 3 pendant 18-20 h par jour entraîne une certains anti-H2 (tableau III). La disparition des symptômes
cicatrisation à 4 semaines voisine de 100 %. est aussi plus précoce sous IPP que sous anti-H2. En cas
d’ulcère gastrique, la vérification de la cicatrisation com-
2. Nécessité d’un diagnostic morphologique
On ne peut porter le diagnostic d’ulcère duodénal ou gas-
trique en poussée que sur un examen morphologique. L’en-
TABLEAU II
doscopie est l’examen de choix. Cet examen permet de Taux de cicatrisation (%)
faire des biopsies antrales pour rechercher Helicobacter
pylori. En cas d’ulcère gastrique, des biopsies multiples
de l’ulcère duodénal
sur les berges de l’ulcère sont pratiquées afin d’éliminer et de l’ulcère gastrique
un cancer. à 4 semaines de traitement
3. Traitement de la poussée ulcéreuse Cicatrisation Ulcère Ulcère
Les IPP ont une efficacité supérieure aux anti-H2 sur le duodénal gastrique
pourcentage de cicatrisation des ulcères (tableau II). Les
Placebo 40 35
différents IPP ont une efficacité similaire sur le taux de
Anti-H2 60-90 40-80
cicatrisation et sur les symptômes. De même, il n’y a pas IPP 90-99 60-85
de différence d’efficacité entre les différents anti-H2 en
TABLEAU III
Résumé des indications partielles des anti-H2
Dénomination Traitement « classique » Traitement Œsophagite secondaire
commune de l’ulcère gastrique d’entretien au RGO
internationale ou duodénal évolutif 1 de l’ulcère duodénal 2 pendant 4 à 8 semaines 3
Cimétidine (400, 800 mg) 800 mg au coucher ou 400 mg au coucher 800-1 600 mg/j en 1 ou
Tagamet 4 400 mg matin et soir plusieurs prises
Ranitidine (150, 300 mg) 300 mg le soir 150 mg le soir 300 mg le soir
Azantac, Raniplex
Famotidine (20, 40 mg) 40 mg le soir 20 mg le soir 20 mg matin et soir
(grades I et II)
Pepdine 40 mg matin et soir
(grades III et IV)
Nizatidine (150, 300 mg) 150 mg matin et soir ou 150 mg au coucher 150 mg matin et soir
Nizaxid 300 mg au coucher
Oméprazole (20 mg) 20 mg/j 5 20 mg/j 5 20 mg/j 5
Mopral, Zoltum
Lansoprazole (30 mg) 30 mg/j 5 15 mg/j 5 30 mg/j 5
Lanzor, Ogast
Pantoprazole (40 mg) 40 mg/j avant ou pendant 40 mg/j avant ou pendant
Eupantol, Inipomp le petit déjeuner le petit déjeuner
Source : Vidal 1997.
1. En l’absence d’indication à éradication d’Hp : pendant 4 semaines (ulcère duodénal) et pendant 4 à 6 semaines, voire 8 semaines pour certains
anti-H2 (ulcère gastrique).
2. Chez les patients non infectés par Hp ou chez qui l’éradication n’a pas été possible.
3. Jusqu’à 12 semaines pour les anti-H2.
4. Des génériques de la cimétidine sont commercialisés sous le nom de cimétidine GNR, Merck et RPG.
5. La prise le matin ou le soir est indifférente.
plète par une endoscopie avec biopsies pour rechercher un pylori (échec de l’éradication ou absence du germe). Les
cancer est nécessaire. facteurs de risque qui peuvent motiver un traitement d’en-
tretien sont : O 2-3 récidives par an, prise d’AINS, anté-
4. Éradication d’Helicobacter pylori cédents de complications ulcéreuses, tabagisme important,
Helicobacter pylori est le facteur principal de rechute de risque opératoire élevé, âge jeune, longue durée d’évolu-
la maladie ulcéreuse gastro-duodénale. Son éradication fait tion de la maladie ulcéreuse. L’éradication d’Hp fait chu-
chuter le pourcentage de récidive ulcéreuse à 1 an de 80 % ter les indications du traitement d’entretien.
à moins de 5 %. La présence d’Helicobacter pylori doit
être systématiquement recherchée en cas d’ulcère duodé-
nal ou gastrique. Certains auteurs préconisent une éradi- Prescription des anti-H2 et des IPP
cation systématique d’Helicobacter pylori en cas d’ulcère dans le reflux gastro-œsophagien
duodénal sans recherche du germe du fait de sa présence
quasi constante (> 90 %). Bases physiopathologiques du traitement
Le principe de l’éradication repose sur l’association d’un
antisécrétoire (à double dose) et de 2 antibiotiques. Après Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est la conséquence de
cette trithérapie, il convient de poursuivre le traitement anti- la remontée du contenu acide de l’estomac dans l’œso-
sécrétoire seul à simple dose afin d’obtenir la cicatrisation phage. Son évolution chronique est le plus souvent bénigne,
de l’ulcère. La durée globale du traitement est de 4 semaines elle est parfois compliquée de lésions érosives. Les mesures
en cas d’ulcère duodénal et de 4 à 6 semaines en cas d’ul- hygiéno-diététiques sont toujours utiles.
cère gastrique (tableau IV). Ce schéma thérapeutique, s’il La durée de l’élévation du pH O 4 est le facteur primor-
est bien respecté par le patient, notamment quant à la prise dial pour cicatriser des lésions d’œsophagite. Les IPP aux
des antibiotiques, permet l’éradication d’Hp dans plus de posologies habituelles maintiennent le pH O 4 pendant 15
90 % des cas. à 21 h, la ranitidine et la famotidine pendant 8 h, la cimé-
tidine pendant 3 à 7 h.
5. Traitement d’entretien Globalement sous anti-H2, la cicatrisation de l’œsophagite
Après un traitement anti-ulcéreux d’attaque, en l’absence est obtenue dans 25 à 85 % des cas, en fonction de la
d’éradication d’Helicobacter pylori, la récidive ulcé- sévérité de celle-ci et de la durée du traitement (4 à
reuse s’observe dans 80 % des cas à 1 an. Le traitement 12 semaines). La cimétidine est moins efficace que les
d’entretien quotidien par anti-H2 à demi-dose ou par IPP à autres anti-H2. Les IPP ont une efficacité supérieure à celle
la dose standard ou à demi-dose réduit le taux de récidives des anti-H2 sur la rapidité de l’amélioration des symptômes
(tableau III). Les traitements d’entretien ne sont efficaces et sur la cicatrisation de l’œsophagite avec un pourcentage
que pendant leur administration. Un traitement d’entretien de cicatrisation à 8 semaines de 75 à 95 %. Cette supério-
est indiqué en l’absence d’éradication d’Helicobacter rité est particulièrement nette pour les œsophagites sévères.
TABLEAU IV
Modalités d’éradication d’Helicobacter pylori
en cas d’ulcère gastro-duodénal
TABLEAU V
Modalités de prescription des anti-ulcéreux
dans le traitement symptomatique du reflux gastro-œsophagien
DCI spécialité