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Nées dans les pommes de pin ou au coeur des fleurs, nues ou protégées par les fruits, les graines voyagent de
multiples façons. Belles au bois dormant, leur destin est de germer, parfois même des siècles plus tard. Françoise Brenckmann et
Annette Millet
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Pour le botaniste, la graine résulte de la reproduction sexuée des plantes spermaphytes (du grec sperma, graine et phutan, plante). Elle se
développe au sein d'une fleur après la pollinisation, suivie de la fécondation d'un ovule par un grain de pollen. L'ovule est un organe
contenant, entre autres, des réserves nutritives et un ou des gamètes femelles. Le grain de pollen est une petite unité de deux ou trois
cellules qui forme un ou deux gamètes mâles. Chaque graine renferme un embryon de plante.
Selon les groupes de végétaux, les réserves nutritives que renferment les graines sont des glucides, des lipides ou des protéines Elles
s'accumulent dans des tissus appelés endosperme (tissu de réserves des graines de conifères. II est haploïde, ne contient qu'un seul lot
de chromosome), albumen (Organe de réserves des graines, un tissu a trois lots de chromosomes : il est dit triploïde), cotylédons .
Chez les gymnospermes la fécondation est simple : 1'embryon nait de la fusion d'un gamète mâle et d'un gamète femelle, et ses réserves
nutritives se constituent dans un tissu femelle, 1'endosperme (. La maturation a lieu dans le cône, la pomme de pin. Chez les
angiospermes, la fécondation est double. Les étamines libèrent les grains de pollen. Déposé sur le stigmate, le grain de pollen émet son
minuscule tube pollinique qui s'allonge dans le style. Il pénètre dans 1'ovule et décharge deux gamètes mâles. L'un d'eux fusionne avec
le gamète femelle et forme 1'oeuf, 1'autre fusionne avec deux noyaux du, sac embryonnaire et donne 1'albumen. C'est alors que la
graine nait : 1'oeuf se développe en embryon et 1'albumen est son organe de réserves. Selon les espèces, ces réserves sont utilisées lors
de la germination et pour 1'etablissement de la jeune plante (cas du mais), ou elles sont transférées des l'embryogenèse dans les deux
premières feuilles de l'embryon (cas du haricot). Ce sont les gros cotylédons ou la plantule puisera sa nourriture avant de devenir
autonome. La maturation de la graine a lieu dans le fruit (dans la gousse pour le haricot, par exemple).
A un certain stade, 1'embryogenese s'arrête, embryon et réserves se déshydratent. La paroi de 1'ovule se durcit et se différencie en
téguments protecteurs, plus ou moins imperméables a 1'eau et a 1'air.
A maturité, les carpelles (organe de la fleur qui contient un ou plusieurs ovules. Un carpelle comprend à sa base l'ovaire, surmonte
d'une partie effilée, le style, terminé par un renflement, le stigmate. L'ensemble des carpelles forme le pistil.) d'une fleur forment le fruit
et les ovules fécondés deviennent les graines. Il y a des fruits secs et des fruits charnus, des fruits uniséminés (à une seule graine) ou
pluriséminés (à plusieurs graines). Mais la botanique est pleine de pièges… Chez la tomate, pas de confusion possible, les tissus
succulents et rouges de la baie sont bien discernables des petites graines ocres, les pépins. Mais, chez la cerise, la graine n'est pas le
noyau ! La graine, ou amande, se trouve à l'intérieur du noyau qui est en réalité la partie interne et lignifiée du carpelle (endocarpe).
Quant a la framboise, il s'agit d'une collection de petite drupes : les " pépins " sont en fait d~ petits noyaux. Pour la pomme, le vrai fruit
est le trognon contenant les pépin; La partie que 1'on mange est le réceptacle qui englobe le fruit. Pour les fruits secs la confusion entre
graine et fruit est très fréquente. Un grain de blé est-il un fruit ou une graine ?
Et le petit pois ou la noisette ? Dans le lot, seul le petit pois est une graine, la gousse est le fruit ! Les graminées (ou poacées) comme le
blé produisent des fruits, dont chaque grain est appelé caryopse : le tégument est colle à la paroi du carpelle. La noisette enchâssée dans
sa jolie cupule de bractées vertes est un fruit sec uniséminé ou akène ; la graine est ce que 1'on mange.
Comment se disséminent-elles?
Les graines, nues ou enveloppées de leur fruit, forment des unités de dissémination appelées diaspores. Ces dernières sont très diverses
et capables d'utiliser toutes sortes de moyens pour voyager. Grâce à des enveloppes imperméables et a des structures flottantes,
certaines sont capables de voguer au fil de 1'eau, sur de longues distances. La noix de coco en est un exemple frappant : ce palmier
colonise toutes les plages de la ceinture intertropicale.
Ailes, membranes, aigrettes, poils... les systèmes " inventes " par les diaspores pour voler sont innombrables. Ainsi, la renommée
d'envahisseur du pissenlit n'est pas usurpée : ses petites aigrettes sont arrachées de leur capitule par un bon coup de vent. Ensuite, grâce
à son parachute, la semence est portée par tout courant d'air, aussi tenu soit-il. D'autres semences sautent et se passent de tout agent de
dispersion. En réalité, c'est la plante qui les éjecte. Chez les légumineuses, comme les genets ou les glycines, il n'est pas rare que les
gousses se fendent brusquement a maturité sous 1'effet de la sécheresse, délivrant vivement leur contenu. Enfin, beaucoup de diaspores
" utilisent " les animaux pour se déplacer dans l'espace. Ce sont de beaux exemples de coevolution entre règnes végétal et animal.
Certaines diaspores sont disséminées de façon passive : elles s'accrochent au pelage, aux pattes et au cuir des animaux. Leurs formes
sont étonnantes : crochets, harpons, pics, tridents, barbelés... Elles s'accrochent aussi a vos chaussettes et vous piquent les chevilles lors
de vos balades, comme les luzernes ou la benoîte. Les fruits charnus sont la proie de nombreux animaux efficaces.
Les haies et bordures de nos forets sont habitées par tout un peuple d'oiseaux qui en sont les disséminateurs attitrés. Dans les forets
tropicales humides, ou la biodiversité est importante, la majorité des espèces est consommée par certains singes, beaucoup d'oiseaux et
de chauves-souris qui sont des frugivores spécifiques. Enfin, 1'homme disperse aussi les graines. En dehors des mauvaises herbes qu'il
transporte malgré lui sous ses chaussures et sur les roues de ses véhicules, il est un disséminateur zélé des espèces qu'il cultive. . .