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Distribution + limitée . ED=61/48/ Septembre 1961 SYSTEMES DE REPRESENTATIONS LINGUISTIQUES ET ETAL OUST ES ‘Les catégories granmatic de In degeription de langues peu étudiées) Par Antoine CULIOLT et Jean-Pierre DESCIES Avec 1a collaboration de + Raphael KABORE Djamel-Eddine KOULOUGHLT NOTE + Les vue exprinées dans ce document engagent 1a responsabilité des auteurs et ne représentent pas nécessairement les vues de Unesco. w/81/w5/96 du: Prunus TABLE DES MATIERES INTRODUCTION CHAPTTRE T - LB LANGAGE N'EST PAS DIRECTEMENT OBSERVABLE ~ 1. Les données linguistiques : quels sont les observables 7 2. L'observation linguistique : qu'observe le linguiste ? 3. L'observation n'est pas indSpendante de 1'observateur (un exemple tiré du Moré). CHAPITRE IT - CHAQUE LANGUE NATURELLE EST UN SYSTEM AUTONOME DE REPRESENTATIONS - 1, Langue, langues, langage. 2. Une langue naturelle est un syst@me autonome de représentations. 3. Une langue naturelle est son propre interprétant ; elle est l'interprétant de tout syst@me sémiotique signifiant. 4, be métalengue est dans le langue. CHAPITRE III - LES LANGUES NATURELLES SONT MULTIPLES ET DIVERSES ; LES CATEGORIES LINGUISTIQUES NE SON? PAS INVARTANTES - 1, Les catégories linguistiques ne sont pas invariantes. 2. Probléme de l'invariance, de la diversité et de la spécificité. 3. Transfert des catégories linguistiques. GHAPITRE IV - DECRIRE UNE LANGUE, C'EST CONSTRUIRE DES SYSTEMES DE REPRESEN- TATIONS - 1, Nécessité de construire des procédures argunentatives cohérentes (exemple d'une analyse tiré du mooré). 2. Toute description cohérente d'une langue implique un certain niveau d'abstraction (un exemple tiré du malgache). 3. Syst@mes de représentations texinomiques des données linguistiques. 4, Le Calcul des Prédicats est un systéme de représentations nétalinguistiques, 5. Les syst@mes de représentations métalinguistiques énonciatifs. 6. Catégories grammaticales. Probléme de leurs constructions. T. Typologie de quelques modéles linguistiques. GHAPITRE V - RECHERCHE DES OPERATIONS CONSTITUTIVES D'ENONCES - 1. Analyse de 1a copule par G. Frege. 2. Analyse de la copule par S. Lesiiewski. 3. Sur la distinction identification/identité. ement du problme & 1a localisation et & 1a posse: générale du repérage abstrait ion linguistique des relations du repérage (un exemple tiré du Mooré). GHAPITRE VI - CONSIDERATIONS DIDACTIQUES ET PEDAGOGIQUES - Ltactivité langagiare. 2. les différences entre lengues. 3. La langue cible. 4, Considérations prospectives. 5. Ltenseignement des langues peu Studiées. 6. La formation des professeurs. 7. L'approche “conceptuelle". ANNEXE - CONSTITUTION D'UNE FAMILLE D'ENONCES (probléme de thématisation) (un exemple tiré du japonais) - BIBLIOGRAPHIE DYTRODUCTION Das que l'on veut, eborder 1a description et l'enseignement de langues qui sortent de 1s sphére linguistique (et culturelle) des langues européennes dominantes, i1 devient nécessaire de faire eppel & des catégories de plus en plus générales, qui ne fassent, pas référence aux catégories linguistiques indo-européennes, telles qu’elles ont été établies par une certaine tradition granmaticale. Cependant, ces catégories générales ne sont pus des faits a'ob- servation qu'il suffirait de "voir" par accumulation de données linguistiques empruntées & des domaines de plus en plus étendus. Elles doivent @tre construites et affinges par les linguistes, qui élaborent des systémes de représentations destinés & leur permettre d'enregistrer et de manipuler les observations, aussi diverses qu'elles puissent @tre. Or, les catégories linguistiques (sur ce terme, voir plus loin) sont produites & partir de chaque langue, ce qui engendre une nomenclature propre, une terminologie grammaticale spécifique, voire une certaine tradition péda~ gowique (lorsque la langue est enseignée dans un cadre institutionnel tel que L'école), ainsi qu'une activité nétalinguistique plus ou moins contrélée. Mais il ntexiste aucune raison que les catégories linguistiques soient universelles, ou néme se transférent naturellement (au moyen de procédures simples et auto- matiques) d'une langue & une autre. On se gardera done de confondre les concepts @'universel, de généralisable et d'invariant. Seuls les deux derniers termes nous semblent avoir un statut méthodologique clair et permettre une argunen- tation soumise & des procédures canoniques de validation. Quant & 1'universel, 41 oscille trop souvent entre 1a formulation d'hypothéses trés générales, sans portée opératoire, ou des propositions progranmatiques qui sont soit évidentes (axiomes ou principes généraux) soit triviales soit hors de toute pratique expérimentale ou de toute procédure d'observation contrélée. I1 faut done cerner le généralisable & partir de phénoménes et propri- étés, bref, 1a spécificité , quelquefois irréductible , pour ensuite isoler les invariants fondamentaux de l'activité langagi@re ; ces derniers se combinent entre eux au moyen de régles précises et spécifiques & chaque langue. Ils sont alors révélés par les agencenents formels (morphosyntaxiques, y compris les marqueurs prosodiques) qui se composent en regroupements particuliers dans les différentes catégories linguistiques de la langue étudiée. La recherche le formulation des du généraliseble, 18 construction de catégories général: invarionts fondamentaux (vis-a-vis de le diversité linguistique) impliquent re abstraction ; la conception d'un enseignement de langues peu une nécess cad In. Gtudiées (africaines, notarment) suppose, @ 1'évidence, que l'on ait correc~ tement décrit les langues & enseigner, et, done, que l'on ne fasse pas 1'6co- nomie de certaines formulations abstraites qui guideront les rédactions ultérieures de manuels, ce qui n'entrafne pas que l'enseignement iui-néne repose directement sur ces formulations abstraites : le choix d'une série progressive d'exemples démonstratifs et éclairants devrait @tre (mais on sait que ce n'est pas toujours le cas) produit & partir d'une conception raisonnée, et non df au hasard ou @ 1'intuition du rédacteur de manuel. Ces problémes ont été bien pergus par le groupe d'experts qui se penchait sur la question de la scolarisation en langue maternelle sur le conti- nent africain, I1 reconmendait de "(...) prendre une certaine distance & 1'égard du mod8le européen, lorsque c'est nécessaire ; c'est-a-dire ne pes analyser, me pas enseigner les langues africaines en partant des catégories du francais ou de l’anglais" ; (...) éviter les pi&ges de la métalangue (c'est nous qui soulignons) : partir du sens tout @ fait précis et technique d'un terme mathé- matique ou autre pour trouver dans 1a langue méme 1a dénomination 1a plus juste" ; "(...) a6gager 1a parenté des langues en présence" ; "(...) aScrire le structure propre aux langues africaines pour une réflexion sur leur péda~ gogie" (Bulletin du Programe A.L.S.E.D. n° 6, nov. 1976, UNESCO). Ces recommandations font apparaftre deux questions théoriques préalebles : 1) Coment choisir et contréler les systémes de représentations métalinguis~ tiques, destinés & décrire les langues de fagon @ rendre ces descriptions aussi neutres que possible et indépendantes des descripteurs eux-mémes et de leurs langues 7 2) Comment construire les catégories grematicales de chaque langue sans transférer, plus ou moins inconsciemment, les catégories de la langue (et de a culture) du deseripteur dans le langue en cours de description ? Ces deux questions rév8lent une difficulté essentielle, mais trop souvent mal reconnue, méne ei elle est rituellement signalée par linguistes et ethnologues de terrain, enseignant, informateur, etc.) ou du théoricien. Ce glottocen- ‘trieme n'est qu'un cas particulier d'un ethnocentrisme od l'on prend un mod@le singulier que 1'on érige en mod&le universel. Les descriptions guidées par un tel mod@le de référence deviennent alors normatives, occultent certains phénoménes, et, par 18 méme, deviennent erronées de fagon subreptice ; en le glottocentrisme toujours latent du descripteur (1inguiste Ir. tout cas, elles ne sont nullement invariantes par rapport aux descripteurs, sauf dans 1'illusoire inter-discours intuitif des linguistes qui se sécuri- sent en mltipliant guillenets, néologismes terminologiques et. transferts terme-a-terme (de la langue & décrire & une autre langue, telle que le fren- gais ou l'anglais). Mais ces questions et leur formulation exigent certaines explications & propos de ce que nous entendons par systémus de représentations métalinguis- tiques, catégories linguistiques et catégories graumaticales, invariants fonds- mentaux, ainsi que sur les raisons pour lesquelles nous choisissons de dévelop- per et de construire certains syst@mes de représentation de préférence & @'autres. Nous serons amenés & souligner certaines difficultés que rencontrent les linguistes lorsqu’ils conceptualisent & partir des données linguistiques observées : quels sont Irs types de données en linguistique (probléme des observables) 7 Comment observe-t-on (probléne de l'observation) ? Comment construit-on des hypoth’ses validables et une argumentation cohérente ? Tout ceci suppose en outre que l'on ait reconnu certains faits majeurs comme : "Le langage n'est pas directement observable” ; "chaque langue est un systéne autonome de représentation” ; "Les langues sont multiples et diverses, et les catégories grammaticales ne sont pas invariantes", ete. ; que l'on se soit mis @'accord sur 1a signification de ces propositions pour en tirer, finalement, toutes les conséquences, tant théoriques que méthodologiques, afin 4" augnenter Le qualité des descriptions, d'une part, et l'efficacité des entreprises péda- gogiques, d'autre part. Plutét que d'exposer systématiquement les fondenents de la théorie qui sous-tend les syst®mes de représentations nétalinguistiques que nous con: truisons actuellement (ce qui avait été notre intention premigre), ou de verser dans une polémique oiseuse avec d'autres, nous avons préféré insister sur les motivations et sur les exigences (et pratiques, et théoriques), en illustrant ces considérations par des exemples qui seront empruntés de facon trés allusive & des langues conme l'anglais, le bulgare, le frangais, le japonais, le russe, et, de fagon beaucoup plus détaillée, & des langues du continent africain ou de Madagascar, appartenant & différents groupes, comme l'arabe, le malgache, le mooré. Ce choix, et le node d'exposition retenu, fera apparattre des récur~ renees thématiques ; il efit ét€ difficile d’agir autrement, si l'on ne veut pas risquer d’étre obscur, peut-étre mime, hermétique. Iv. Les recommandations ¢u groupe d'experts de 1'UNESCO posent une troisiame question qui, pour étre examinge, nfcessite 1a compétence de spé- cialistes d'autres disciplines que la linguistique. En recommandant de “partir du sens tout & fait précis d'un terme mathématique (...) pour trouver dans 1a langue méme 1a dénowination le plus juste", les experts recommandent en fait, du moins en ce qui concerne la description des langues, l'utilisation de syst@mes de représentations métalinguistiques extérieurs aux langues natu- relles, qui devraient ainsi permettre de mieux €chapper aux risques du glot- tocentrisme. En effet. le conceptualisation des catégories grammaticales, en faisant appel aux mathénatiques (ou, de fae: plus précise, @ 1a aémarche nathématisante, qui devient ainsi constitutive de la théorie linguistique)"°t® oblige & produire une formulation rigoureuse et une véritable "&criture concep- tualisée" des opérations, des enchafnements d'opérations et des catégories grammaticales, qui deviennent alors plus stables, donc mieux contrélebles et plus facilement transmissibles. La troisi&me question s'exprimera de la fagon suivante 3) queis sont les "bons" concepts mathématiques qui sont nécessaires & la constructions des diverses catégories grammaticales et & 1a constitution d'un langage cohérent susceptible de noter (par une écriture appropriée) les consti- tuants 61émentaires des catégories et leurs modes d'agencement ? Le Langage des ensembles, par exemple, est-il utile & 1a construction des valeurs référentielles auxquelles renvoient un énoncé ou ses principaux constituants ? Les concepts algébriques de 1'AlgBbre Universelle (oprations, opérateurs, relations), ou les concepts de la logique (variables, quantifice- tion, aéduction, substitution) ou ceux de 1a topologie générale (ouverture, ferneture, coupure, intérieur, extérieur, fronti#re, adhérence, etc.) sont-ils constitutifs des nétalangages (externes) de représentation des langues natu- relles ? Le Calcul des Prédicats constitue-t-il un tel mételangage externe qui serait pleinenent adéquat 4 le description des langues 7 Si non, pourquoi 7 Peut-on utiliser une logique extensionnelle, ou doit-on construire une véri- table logique intensionnelle, analogue & 1a “logique combinatoire avec type", qui permettrait de montrer comment on construit les catégories granmaticales et comment on engendre des familles paraphrastiques ? Mote : Ceci est une des options méthodologiques & laquelle notre groupe de recherche s/attache. On pourrait se poser encore bien d'autres questions, mais i1 suffira de remarquer qu'il n'est pas possible de répondre ici & de telles questions, car cela nécessiterait des développenents techniques importants (tant linguis— tiques que mathématiques). Cependant, si l'on veut prendre eu sérieux les préoccupations des descripteurs de langues, des concepteurs (ceux qui congoi- vent et organisent) des manuels d'enseignenent, des enseignants de lengues, et des théoriciens de 1a linguistique, si, en outre, on cherche a réaliser le programme tracé par le groupe d'experts, il est, au moins, indispensable de ne pas se dissimuler ces problémes et ces questions, afin d'envisager les réponses possibles, tout en visant des objectifs plus finalisés et pédagogiques (que nous avons rassemblés dans une derni@re partie, ol nous émettons quelques voeux prospectifs,sujets & discussion). Nous n'eborderons pas, dens cette partie, tous les problémes socio-linguistiques et politiques qui surgissent Bs que l'on touche aux problémes d'enseignement, en particulier lorsqu’il agit des lengues africaines (choix d'une langue ; langue nornée et dialectes Dilinguisne et plurilinguisme ; alphabétisation ; etc.). Puisse ce rapport introductif, malgré son caractére trop compact et ellusif, aider @ 1a conception de programmes 2 long terme, od linguistique, anthropologie, psychologie cognitive et mathématiques seraient dans une féconde inter-relation, et grace auxquels on pourrait améliorer l'efficacité des Programmes d'enseignement et de formation des maftres, en se dégageant de lemprise de certaines traditions culturelles privilégiées. CHAPIORE I - LE LANGAGE EST PAS DIRECTEMENT OBSERVABLE - Le langage n'est pas un donné qui serait présent devant le linguistes ce sont les langues naturelles qui constituent son domaine empirique. or, une langue, tant en synchronie qu'en diachronie, n'est pas aélimitée naturel- lement car elle s'oppose aux dielectes non par des raisons objectives mais selon des critéres souvent socio-politiques. Une langue n'est pas non plus, sauf en vertu d'une simplification commode de la linguistique structurale nord-anéricaine, un simple ensemble d'énoncés puisqu’il existe des chafnes de signes linguistiques plus ou moins énongables selon les situations dans lesquelles elles s'ins@rent et les locuteurs interrogés. Ce qu'observent assez directement les Linguistes, ce sont en fait des produits linguistiques conment ces produits sont-ils constitués ? peut-on les reproduire et les nanipuler ? restent-ils stables et inmusbles selon les observateurs ? Les observables linguistiques varient avec les objectifs. Lorsqu'un observateur décrit les processus d'acquisition d'une langue par un enfant ou les discours d'un sthizophréne ou encore 1'état historique d'une langue, les productions recueillies ne sont, dans ce cas, ni reproductibles, ni modifiables. Au contreire, s'il aéerit, un dialecte encore vivant, un informateur consulté confirmera les productions obtenues ou reproduire ses propres produits linguistiques pour les déformer éventuellement, par parephrase, par exemple, mais le linguiste doit alors maftriser les conditions de aéfor- mation car toute manipulation risque de changer le statut des données ; de plus, chaque enregistrement (transcription phonétique, découpage en mots, enregistrement écrit...) n'est pas neutre ; il intervient en effet toujours une certaine distance qui doit étre évaluée entre les données observées et Jes données construites. L'observateur serupuleux est toujours, devant des données linguistiques, embarrassé ; il observe, en effet, 1e plus souvent "& l'oeil nu", disposant rarement "appareils (1a phonétique faisant excep- tion) qui viendraient s'interposer entre lui et son empirique. Quiconque sait une langue ne sait pas forcément observer cette langue. En linguistique, L'observation s'apprend, se prépare et se comme dans toutes les science contréle. Le rapport immédiat que nous entretenons avec nos langues ne doit pas faire illusion, l'empirique linguistique n'est pas moins complexe que celui de 1a biologie ou de 1a médecine. 1) Les données en linguistique : quels sont les observables ? Si les observables varient avec les objectifs, les observables du ent aussi énormément selon ce qu'il veut étudier et ses posi linguiste var: a: 2. bilités d'information et de manipulation. Les données auxquelles on a affaire en linguistique peuvent étre classées, par souci de commodité et de clarté, sous différentes rubriques. a) Etant donné un terme (dans le ces le plus simple, une unité lexicale), on étudie ses propriétés distributionzelles, c'est-a-dire ses Istitudes de co-occurrence. On dégage ainsi des cadres de compatibilité contextuelle, et l'on construit des classes d'équivalence & partir de cer- taines propriétés syntaxiques, ou, pour étre plus précis, de certaines con~ traintes sur les manipulations et les agencements. I1 s'agit 18 d'un travail classique en Linguistique descriptive, auquel doit se plier le chercheur, qu'il soit sur le terrain ou dans son bureau et on @ trop souvent tendance & sous-estimer 1'importance de cette activité de tri et de classification sans laquelle 1e construction théorique risque de n’@tre qu'un mirage. Mais il est également patent que le linguiste est amené & fabriquer une bonne partie de ses exemples hors contexte (alors qu'il faut travailler & contexte explicite), hors situation (ainsi, on ne tiendra pas compte des valeurs aspectuelles, modales ou du jeu des personnes) et hors prosodie (comme si Ltorel n'était qu'un avatar de 1'écrit). D'od une situation métalinguistique qui, si l'on n'y prend garde, transforme l'objet que l'on s'efforce de carac~ tériser, d’autant que le linguiste n'a & sa disposition que du texte (€crit ou oral) et que, quels que soient ses efforts théoriques pour rendre compte d'une activité & laquelle i1 n'a pas un accés direct, il devra se fonder au départ sur des suites textuelles, pour, inéluctablenent, y retourner. ») Ceci nous fournit un second ensemble de données (parfois produit de fagon délivérée, mais souvent, hélas, confondu avec du texte naturel) et sxte : phrases de manuels, textes de logiciens ou que nous appellerons méts de spécialistes 4'Intelligence Artificielle. Ii n'y a, naturellement, rien de choquant & fabriquer et manipuler de tels métatextes. Aprés tout, l'acti- vité de langage n'est pas 1a chasse gardée du linguiste et de telles études permettent de dégager certaines propriétés intéressantes, mais il est dange- reux de mettre eur le méme plan dea données hétéroclites, toutes désignées du méme qualificatif de linguistiques, alors que, dans le second cas, par exemple, on a suppriné un certein nombre de traits propres aux Enoncés produits et interprétés par des sujets énonciateurs (humains !), dans des situations spécifiques et dans une langue naturelle donnée. 2) Ce danger est d'autant plus réel que, & premire vue, rien ne 3. semble séparer ces métatextes des gloses €pilinguistiques, qui forment un troisiéme groupe de données. Nous appelons ainsi ces textes qu'un sujet produit lorsque, de fagon spontanée ou en réponse & une solicitation, i2 coumente un texte précédent. Nous parlons de glose et non de paraphrase, afin de réserver ce dernier terme & une activité réglée, done contrélée par l'observateur (sur ce point, voir plus bas), alors que la glose renvoie & la pretique langagiére du sujet énonciateur. Quant au qualificatif épilin- guistique, il désigne 1'activité métalinguistique non-consciente de tout sujet et se distingue donc de l'activité nétalinguistique délibérée. Or, Jes gloses épilinguistiques forment une bonne partie de notre discours quotidien et jouent un réle important dans le discours explicatif d'un infor- mateur qui veut faire saisir le sens d'une phrase dans une langue étrangére ou 1a signification d'un énoncé mal interprété. Mais on néglige presque toujours ces gloses épilinguistiques alors qu’elles sont une précieuse source de renseignements linguistiques et, @ leur maniére, constituent un syste de représentations interne & 1a langue, c'est-a-dire une métalangue non totalement controldble. Ainsi, 1a phrase : Lthonme qui est venu hier porteit bien un imperméable beige a été glosée comme suit : "Eh bien, ily @ guelgu'un qui est venu hier, et ce quelgu'un, c'est un fait qu'il portait effectivement un imper beige". Nous nous voyons forcés de ne mentionner qu'en passant cette ques- tion capitale, que masque chez de nombreux chercheurs l'emploi du mot compétence Lorsque le sujet énonciateur se fait (& sa maniére) linguiste, il produit des gloses. Lorsque le linguiste se fait sujet énonciateur, il cons- truit des familles parapurastiques, c'est-a-dire, comme en (a), des classes a’équivalences : on a affaire ici, non plus & des termes simples, mais & des ‘termes complexes ou Enoneés, et les propriétés de ces familles sont fort différentes de celles d'une classe distributionnelle. Trés vite, on s'aper- soit que l'on a besoin d'un systdne nétalinguistique qui ne soit pas un jeu a'étiquettes, mais qui permette de représenter le dérivation paraphrastique. Ainsi, si l'on accepte 1'équivalence de : il stest {™ {sue fait condamner & trois ans de prison ferme il_s été condemné on L'a condamné il faudra, grdce & un syst®me de représentations adéquat, marquer formellenent L'équivalence, c'est-a-dire dégeger les régles qui pernettent de passer a’ 4 agencement & l'autre et d'expliquer pourquoi ces agencements particuliers ont des valeurs référentielles (significations) équivalentes, & la modulation prés dont il feudra rendre compte. On comprendra 1'importance exceptionnelle de cette démarche lorsque lon s'occupe de plus d'une langue, qu'il s'agisse de description, de tra~ duction, de typologie ou d'analyse dite contrastive. En effet, on ne peut jamais étudier une langue autre en soi (sauf si l'on treite de langues de grande diffusion, conme le frangais ou l'anglais, of 1'on peut avoir le périlleuse illusion de 1'inmédiateté de 1'analyse !) : il feudra toujours traduire terme @ terme, rendre le sens global en lengue courante, mais sur- ‘tout en passer par un commentaire interprétatif qui oscillere entre la glose, la terminologie héritée ou néologique, sans compter l'astuce technique. Ainsi, de la particule japonaise wa, on dit qu’entre autres emplois, elle sert & thématiser - mais la définition de la thématisation, comment se fera-t-elle ? - ou alors, qu'elle peut @tre glosée par les expressions francaises "8 propos de", "quant 4", "entre autres",..., comme si l'on pouvait utiliser de fagon neutre une seconde langue & des fins mételinguistiques (c'est-a-dire pour décrire de fagon univoque et stable les phénomBnes d'une langue aifférente). De méme, certains croient que l'on peut impunément ré-introduire des termes comme "datit" dans (ou faut~il dire ‘sans’ 7) une théorie générale des cas (on dira, par exemple, que lui est "aatif” dans il lui parle), que cele ne tire pas a conséquence puisqu'il s'agit d'une étiquette conventionnelle, ou quien utilisant des majuscules (CAUSE, BE, DO) on él@ve au rang d'étres méta- linguistiques des termes empiriques. En fait, on peut montrer qu'aucune ter~ minologie composite, ni, au reste, le recours expéditif & des symboles de logiciens (tels le "iota" de Russellou le "Lambda" de Church) ne permet G'appréhender les phénonénes parephrastiques de fagon contrélée et fructueuse. Au mieux, elle 6tablira des correspondances étiquetées. Que 1'on considére par exemple les phrases suivantes, tirées d'un manuel de japonais .( Modern Japanese for University Students I, Japanese Department, International Christian University, Revised Edition, pp. 117 sq-): Kezuko wa / me ga ookii desu, od Kazuko est un nom propre, me signifie "oeil, yeux", ookii veut dire "grand(s)" et desu est une copule (facultative) ; quant & ve et ga, ce sont deux particules dont il est dit que wa introduit le "thine" et ga indique le sujet d'une phrase dans certaines circonstances. Les traductions proposées sont "As for Kazuko, her eyes are large” ("Quant & Kazuko, ses yeux sont grands") ; "Kazuko's eyes are large” ("Les yeux de Kazuko sont grands") ; "Kazuko has large eyes" ("Kezuko a de grands yeux"), et l'on pourrait ajouter, pour le franga’s, "Il y a Kezuko, ses yeux sont grands / elle a de grands yeux". De méme, on aura pour Tanakesan va okusan ga byooki desu (terme & terme : Tanaka Monsieur WA fenme GA malade COPULE), “La femme de monsieur Tanaka est malade" ; "Monsieur Tanaka sa femme (qui est) malade" ; "(IL ya) Monsieur Tanaka, sa fenme est malade" ; etc. Manifestement, le probléme posé est d'établir une relation entre la phrase japonaise et ses traductions anglaises et frencaises, qui marque l'appartenance des différents menbres & une nfme famille veraphrastique. 4) Mais il existe un autre domaine od 1'expérimentation (au sens @tune re-production) paraft difficile ou, du moins, d'un autre ordre : nous parlerons dans ce cas de corpus contraint. En effet, il existe des situations od le corpus ne peut atre étendu, transformé, bref utilisé A des fins expé- rimentales : c'est parfois le cas lorsque le chercheur ne peut qu'enregistrer, sur le terrain, un minimum de textes et d'informations. Ou encore, lorsqu'on a affaire au délire d'un psychotique, que l'on ne saurait modifier et of Lobservateur ne peut intervenir. Le langage du trés jeune enfant pose des problimes d'un autre ordre, mais 12 encore, le corpus est le plus souvent contraint, car 1a production discursive ne se préte pas aux désirs de 1'expé- rimentateur, fft-il le plus rusé et le plus patient du monde ! I1 en va de néme pour le texte littéraire, oll les seules expériences possibles portent sur la lecture, ou sur le pastiche, sans compter 1’analyse philologique ou dordre stylistique. 2) Liobservation en linguistique : qu'observe le linguiste ? Lrunité minimaie le plus directement observable et manipuleble dans les langues semble étre 1'€noncé qui apparaft dans une situation signi- fiante ; ceei exelut done - ou du moins rend trés suspecte - un grand nombre de productions effectuées dans des contextes spécifiquenent métalinguistiques. L'énoncé est, par définition, une unité minimale a'énonciation, c'est un produit linguistique qui est le résultat d'opérations (énonciatives et pré~ dicatives ~ nous y reviendrons plus bas -) effectuées par un sujet Enoncia~ teur. Cette définition théorique ne doit pas: masquer cependant les difficultés pratiques de confrontation avec l'empirique observable. Nous avons ait que 1'énoncé était 1'unité "1a plus directement observable" pour dire que 1'énoneé est plus directement observable que 1e phonéme (unité construite), le mot, Je syntagne ou méme la phrase. Les questions qui se posent & 1'observateur sont alors :"quand une suite de signes linguistiques est-elle un énoncé" ? ; 6 "Que signifie des jugements comme : ga ne se dit pas, c'est impossible, c'est bizarre, c'est possible, mais incorrect... qu'un informateur interrogé ou que le linguiste lui-méme (lorsqu'il travaille sur une langue qu'il connaft) Prononce devent une suite de signes" ? te pratique de i'observation en Linguistique ne peut pas se ramener & une simple dichotomie entre suites acceptables (done gramnaticales) et suites rejetées. Cette notion de "directement observable" est du reste relative. L'énoncé a en fait un double statut : c'est un objet empirique et un objet construit. I1 est empirique en ce sens que tout sujet parlant 1e lengue dans laquelle est formlé 1'noncé sait, au moins en premi@re approximation, nous verrons plus tard 1a complexité de ce probléme, reconnaftre ce qui est "énoncé" par rapport & ce qui n'en est pas. L'énoncé est aussi un objet construit puisqu'il est le résultat de nombreuses abstractions : on peut négliger 1'intonation, la prosodie, le caractére oral ou écrit, les circonstances externes 8 1'énonciation... Le aScoupage du texte en Enoncés, le possibilité de 1'analyse en tant qu'agen- cement de phon’mes ou de morphimes ou de mots ou de syntarmes... sont égale~ ment constitutifs de 1'énoncé présent devant le linguiste’ L'énoncé n'est done pas "neutre” et ne se présente pas sous forme d'un donné empirique pur et totalement indépendant du linguiste qui l'observe ou le manipule. C'est un objet, certes directement observable, mais aussi 46j8 chargé de théorie. Proposons 48s maintenant une aéfinition : une chaine est une suite de signes linguistiques. Tout énoneé est done une chafne mais 1a réciproque est évidemment fausse, Est-il possible de préciser les critéres expérimentaux qui donnent le statut d'énoncé & une chafne 7 Nous verrons en fait que Liopposition énoneé / non énoncé nécessite quelques concepts et précautions néthodologiques qui font éclater cette trop simple dichotomie, tant sur le plan théorique que dans 1a pratique expérimentale et observationnelle. Lorsque nous voulons préciser le statut a’énoneé, pouvous-nous nous fonder sur "la pratique du corpus" 7 Un corpus est, par nature, fini ; le Linguiste se trouve alors en présence 4'énoneés produits et donc attestés. De ce fait, le statut de 1’énoneé est caractérisé de fagon simple puisque L'énoneé attesté est un donné empirique relativenent indépendant du linguiste. Un des principes de l'analyse distributionnelle oblige @ ne traveiller qu'avec es marques observables qui apparaissent dans le corpus et 1'on connaft les succds de cette méthode. Cette approche cependant ses limites. En effet, Lexpérience des recherches de ces vingt dernigres années a montré deux restrictions majeures & une pratique exclusivement basée sur des corpus. WDiverses pratiques expérimentales du domaine de la phono-ayntaxe devraient permettre de découper un texte donné en un nombre entier a'énoncés. Chaque Gnoneé est en effet repérable par des courbes intonatives, t 1°) Lorsque l'on veut construire une grammaire d'une langue 2 partir de corpus de plus en plus étendus, on proc®de par tapes, c'est-A-dire par constructions de “grammaires approximatives" qui se voudraient de plus en plus fines et toujours mieux adaptées 2 "la langue". Cette fagon de procéder, partant de corpus de plus en plus vastes que l'on étend ensuite, paraft étre une excellente méthode de découverte. On peut citer les nombreuses études entreprises sur des langues peu ou mal connues, qui ont abouti & un succés certain (en particulier, et surtout, dans 1a description phonologique). L'expé- rience montre cependant que devant un corpus d'une langue inconnue, cette méthode de construction inductive des grammaires, n'est pas applicable et conduit parfois & des Gchecs. Nous avons & l'esprit une langue comme le néroftique dont le corpus est fini bien que non restreint ; i1 semble que toutes les méthodes, plus ou moins apparentées & 1'analyse distributionnelle ou structurale aient Schous. Pour des langues mieux connues, dont on cherche & donner une syntaxe compatible avec une Stude sémantique ultérieure, les néthodes basées exclusivenent sur le corpus conduisent généralement & une “aivergence" du syst®me grammatical : avec un corpus réduit, on construit des cyst@nes relativenent cohérents, puis, lorsque la taille du corpus aug- mente, lorsque 1a nature du corpus change (textes scientifiques, textes 1it- téraires, textes journalistiques...), lorsqu'on aépasse un certain seuil de qualité, une régle nouvelle, ajoutée au systime gramatical d6j2 construit, entre en conflit ou en contradiction avec une autre rgle, d/o 1a modifica- tion de cette autre ragle, ce qui déséquilibre alors le systéme ; et dans de nombreux cas, 1a tentative de rééquilibrage du systéme le déséquilibre encore davantage ; nous disons done que 1'introduction d'une (ou d'un ensemble de) rigie(s) a fait diverger le systéne précédenment équilibré. 2°) Les “granmaires approximatives" construites & partir de corpus de plus en plus étendus s'erticulent essentiellement autour du concept de est grammatical ce qui est décrit par 1e grammaire ; cette notion de gramaticelité reste, en fait, trop simplement fondée sur une notion de “norme" qui a&pend du groupe socio-culturel détermin€ qui a produit le corpus. La réunion de deux corpus hétérogénes peut méme induire deux grammaires parfois incompatibles. Est-il possible, dans ces conditions, de construire "1e" gremmaire d'une " langue" 7 Les deux problémes précédents sont 1iés car la divergence d'un sys- ‘tame grammatical, 8 un certain moment, n'est souvent que l'expression de 1a non-normativité d'un nouveau corpus étudié (par rapport aux eutres corpus = tudiés qui avaient alors établi la norme des systmes stables précédents). On connaft les critiques de N. Chomsky adressées aux méthodes au corpus. Pour cerner 1'infini potentiel a'une langue, Chomsky propose des systénes générateurs finis qui engendrent tous les éléments de le langue. Le problane central qu'il pose est : parmi toutes les chafnes, déterminer, au moyen de la grenmaire, quelles sont celles qui sont des phrases. Selon cette acception, une chafne est soit une phrase, soit une non-phrase. L'ana- lyse de 1a pratique de 1a construction des granmaires génératives, chargées aengendrer toutes les phrases d'une langue et rien qu’elles, montre que, tr8s souvent, la grammaire n'est que 1'expression de la norme de ses cons- tructeurs ; de plus, elle est en général construite & partir de corpus que l'on étend artificiellement en feisant fonctionner les régles qui doivent ainsi engendrer toutes les phrases soumises & cette norme et elles seulement. Ii est évident que la pratique du corpus, tout comme 1a construc~ tion de grammaires génératives, est non seulement utile mais souvent indis- pensable sur un plan proprement heuristique. Nous ne critiquons done ni ces pratiques, ni les objectifs théoriques. Nous nous interrogeons seulement sur es limites des méthodes et sur le niveau des approximations nécessaires. La pratique stricte du corpus repose sur une analyse des seules marques observableset limite ainsi les spéculations non contrélées. Mais, en ‘lyse, les catégories nine tenps, on voit mal coment aégager, & partir de 1 généralisables & d'autres langues (ou & d'autres corpus) et les catégories spécifiques d'une seule langue (ou d'un corpus étudié), Le construction de grammaires génératives (au sens de Chomsky) répond & 1a difficulté précédente en restreignant son objectif : construction de le gramaire de compétence de la langue qui implique l'existence d'un témoin objectif et fictif de la langue, d'un sujet énonciateur universel, ie fameux "Ideal speaker", capable Avengenarer & 1ui seul (ou de reconnaftre) tous les énoncés produits par cette grammaire de compétence. Par ce postulat existentiel, on s'éloigne alors consi érablement d'une véritable pratique expérimentale permettant de relier préci-~ sément ce qui est effectivement attesté avec ce qui est produit par le granmaire. En effet, au nom de le performance on risque de conbler trop facilenent les Iecunes de 1a compétence ou, au contraire, de limiter, sens véritables inter- rogstions, sa trop grande richesse, évitant ainsi une réelle confrontation entre un théorique hypothétique qui demande toujours & étre validé et le douné empirique qui réclane une. organisation explicative. Si l'on veut étudier les catégories grammaticales d'une langue (temps, aspects, modalités, d&termination, thématisation, diath’se...) qui ne doivent pas @tre confondues’ avec les cat€gories morphologiques ou les classes syntaxiques distributionnelles, 1a méthode du corpus, tout conme la construction des granmaires génératives (du moins telles qu'elles sont construites actuellement), présentent cet inconvénient évident : on ne peut pas trouver (naturellement) ou produire (artificiellement) des chafnes de signes linguistiques qui ne soient pas Gnongables par des énonciateurs ; il nest pas possible alors d'expliquer, dans une théorie unique : 1°) pourquoi certaines chafnes sont des énoncés ; 2°) pourquoi d'autres chafnes deviennent des énoncés & certaines conditions ; 3°) pourquoi certains agen- cements de catégories linguistiques et de relations grammaticales sont impos- sibles et donc pourquoi certaines chafnes sont inénongables. Pour éviter les malentendus, prée: i1ité ne se ramine pas pour nous au caractére de gramaticalité. Une chaine est grammaticale par rapport & une norme donnée (on parle alors de phrase). Une norme épend d'un corps social représenté éventuellenent per un énoncia-~ teur représentatif et compétent. Une chafne est plus ou moins énongable par un Gnonciateur. Le granmaticalité est donc relative @ un systine construit (et corréietivement & une norme, done & un corps social) ; 1'nongabilité ons que le caractére d'énonce~ est relative & une énonciation particuliére. Lorsqu’on abandonne 1a sécurité du corpus ou de le norme pour étudier des Enoneés oraux par exemple ou pour produire ou déformer une famille para- phrastique d8ja constituge ii est indispensable d’articuler une véritable théorie de "observation & 1a conceptualisation théorique et aux nodéle: d'une part et & le pratique des observateurs et descripteurs, d'autre part. Il n'est pas question de présenter en quelques pages une théorie de L'observation. Nous voudrions simplement reppeler quelques faits et proposer quelques distinctions. Une description des énoncés et des familles parephrastiques impo: que l'on prenne en considération deux phases d'analyse : une premiére phase (celle d'une syntaxe epproximative) éliminu les chafnes manifestement mal formées (comme en francais : "chien dorment que chantaient beauté) c'est-a- dire inattestables; le deuxigme phase travaille sur 1'ensenble des chafnes attestables et 2 1a frontiare de celui-ci. 10. La syntaxe approximative, pour une langue peu Studie et sans grande tradition gramaticale, est construite par des procédures taxinomiques et distributionnelles. Elle établit des régles approximatives de formation des Phrases. Ses régles concernent, par exemple, les phénomfnes I'accord, 1'ordre général (SVO en frangeis, par exemple), 1'organisation approximative des termes ou le découpage en syntagmes. Cette syntexe approximative fait inter venir des contraintes normatives qui caractérisent les phrases. La technique des gramaires en chaines de 2.8. Harris (String Grammars) donne une bonne approximation de 1a langue en séparant les chafnes mal formées des autres. Nous avons introduit deux termes : phrase et Snoncé pour bien séparer deux notions 1iges aux conditions de l'observation. Expliquons-nous sur ce point. Une phrase dépend essentiellement 4'une norme ; elle est caractérisée assez facilement par une grammaire approximative qui "expliquera" son orga- nisation interne. La notion d'énoncé est plus subtile puisque, en fait, cer- taines chafnes sont plus ou moins Snongables (selon les contextes od on les ins@re, 1a modulation et 1'intonation qui les présente) et selon des para- métres socio-culturels qui viennent sans cesse "troubler" les conditions a'observation ; elles ont, en général, diverses interprétations plus ou moins acceptables. Il feut done arriver & orgeniser ces interprétations et & appréhender cette notion d’acceptabilité. Pour donner un exemple, consi- dérons la famille suivante (chaque chefne est munie d'une intonation et d'un contexte appropriés) : (1) ILye Pierre, Marie, ii 1'aime (2) Pierre, Marie, il 1'aime (3) Marie, Pierre, il 1'aime (4) ILy a Marie, Pierre(,i2) l'aime (bien) (5) Marie, ily a Pierre qui l'aime (bien) (6) Marie, ily a Pierre il 1'eime (7) tILye Marie, il y a Pierre qui l'aime (8) "Pierre, ily a Marie, i2 1'aime (au sens de "Pierre aime Marie") (9) Pierre, il y Marie elle 1'aime (drélement) (10) Pierre, ily @ Marie qui 1'aime (11) ty a Pierre, il y e Marie qui 1'aime Remarquons que les chafnes (9)(10),(11) n'expriment pas la méme relation sémantique invariante / PIERRE AIME MARIE / et doivent étre exclues Ww de le famille paraphrastique associée & (1). Selon nous, 1a chafne (6) @ un degré a'acceptabilité beaucoup plus faible que les chatnes (1), (2), (3), (4) et (5) par exemple. De méme, le chafne (7) a peut-étre un degré a'accep- tabilité plus faible que (1),...,(5) mais certainement plus élevé que celui de (8). Chaque famille observée peut étre organisée au moyen @'un préorare d'acceptabilité (nous disons "préordre" et non "ordre", encore moins "ordre total" !) : toute population interrogée construit ce préordre ce qui per- mettre d'en déduire une partition de la famille étudiée en classes a'équi- valence de chafnes ayant le méne acceptablité. Cette notion a’acceptabilité ntest cependant pas assez fine puisque, en général, comme nous l'avons aéj& ait, une chaine est plus ou moins énongable et a plusieurs valeurs plus ou moins interprétables. Donnons des exemples. Prenons : (12) ILy a Je méme chien & 18 campagne cette chaine n'est pas un énoneé,8 contexte vide,mais peut le devenir lorsque l'on précise un contexte gauche comme : Regarde ce beau chien..., méme entrainent alors la valeur de type de ou espace de. De méme : (13) lest venu me voir pes un énoncé,& contexte vide ; (13) est une phrase attestable mais n'e: le devient dans un contexte gauche comme : Jean est arrivé & Paris. I1 est venu me voir,;1e chafne (13) est interprétable mais n'a pas de valeur référentielle (2 contexte vide). De méme : (14) Jean mangesit des géteaux semble peu acceptable & contexte vide ; si l'on ins8re (1k) dans une descrip- tion, par exemple, ou en début d'un roman ou encore dans un contexte comme : (15) Jean mangeait des giteaux lorsque Marie lui apporta 1! ordonnance de son médecin son acceptabilité chenge et d’énongeble elle devient énoncé. Parfois une simple modification de 1'énoncé peut faire changer le degré d'acceptabilité d'une chafne. Que l'on compare l'acceptabilité des deux chafnes: 12. \ soi 02 avec Loccurrence de 1a, (16) paraft, & contexte vide, moins acceptable Ib is (16) Liaraignée tisse { que cette méme chafne avec sa. Une chafne @ souvent plusieurs interprétations. Il ne stagit pas ici des ambiguités liées & des découpages syntaxiques différents, comme dans Je peur du gendarme inguiéte Jean (ces anbiguités sont levées par la syntaxe approximetive). Prenons un exemple : . (1T) ous ceux qui résolvent le probléme des uspects sont linguistes est interprétable par : (17a) Geux qui résolvent le probléme des aspects sont exactement ceux gui sont linguistes (17b) Ceux qui résolvent le probléme des aspects sont des linguistes Mais dans un contexte donné, une valeur peut devenir beaucoup plus acceptable que les autres ; dans ce cas, on dit que le contexte filtre une (ou plusieurs) valeurs. Ainsi : (18) Jean peut venir a trois valeurs qui seront filtrées selon les contextes : (18a) Jean peut venir & tout instant, néfie-toi (probabilité o: capacité) (18b) Jean peut venir mais pas avant dix jours, dis-le lui bien (permis- sion ou capacité) (18c) Tet que L'on connaft ce lascar, Jean peut venir (capacité) Les différentes valeurs d'un méne énoncé n'ont pas 1a méme accep- tabilité et, 18 encore, il fout organiser les diverses valeurs. L'étude de 1a paraphrase entre noncés suppose que 1'on organise les valeurs des énoncés et que l'on distingue 1'Squivalence pardphrastique pour une valeur (ou modulo une valeur) de 1'Squivalence paraphrastique.. Dans cette dernitre quivalence, il s'agit d'unisomorphisne de préordre de l'ensemble (préordonné) des valeurs d'un énoncé E dans l'ensemble (préordonné) des valeurs d'un Gnoncé E'! Remarquons que tout énoncé est en relation peraphrastique (modulo une valeur) avec une de ses valeurs, ce qui montre que toute Stude approfondie de l'ambigufté impose 1'étude du phénom@ne de 1a paraphrase. Ces considéra~ ‘tions nous amBnent aussi 8 opposer Snoncé / énoncable / inénoncable. 13. a) Un inénongable est, selon une syntaxe approximative, une chaine bien forméeymais reste ininterprétable (du point de vue de la signification). Etant ininterprétable, elle n'a pas de valeurs réf€rentielles : aucun sujet ne peut lui attribuer _aucune valeur référentielle quel que soit le contexte (aussi ong soit-i1) dans lequel on 1'insre. Donnons un exemple d!inénon- gable : “IL y a tout chien gui mfche un os Une chaine étant inénongable, aucun sujet énonciateur ne peut le prendre en charge (sauf dans un contexte métalinguistique) et donc finalenent 1'6noncer. La nature de son ingnongabilité vient d'une incompatibilité entre Jes catégories granmaticales agencées dans 1a chaine. >) Un énongable est une chafne (trés souvent une phrase attestable) telle que tout sujet puisse lui attribuer au moins une et au plus un nombre fini de valeurs (plus ou moins acceptables) dens au moins un contexte expli- cite. Un énongable est donc tel qu'un sujet puisse le prendre en charge et 1'énoncer dans un contexte précis (exemples : Jean mangeait des giteaux . Liaraignée tisse la toile...). Un tel énongable, dans un contexte approprié, acquiert alors le statut d'énoncé. A contexte vide, un Enoncable peut ne 1 est pas avoir de valeurs référentielles et pourtant étre interprétable venu me voir est interpréteble (cet énongable a une signification : "celui qui est venu me voir est venu me voir") sans pour cela (& contexte vide) avoir une valeur référentielle. ¢) Donnons enfin une autre définition 4'énoncé : c'est une chafne (produite par le grammeire épproximative) telle que, soit & contexte vide, soit dans un contexte explicite, tout sujet énonciateur peut construire un _sombre fini de valeurs référentielles, cet ensemble de valeurs étant préordonné selon les diverses acceptabilités de ces valeurs. Un énoncé est done toujours interprétable. Ii est pris en charge par au moins un sujet énoneiateur dans un contexte explicite. Tout énoncé est done nécessairement Snongable. Certaines phrases ne sont pas des énoncés et certains énoncés ne sont pas des phrases. Ces distinctions montrent que les frontizres entre énoneé, énongeble et inénongable ne sont pas toujours trés.nettes. Alors que lion peut parler de l'ensemble des chafnes attestables, granmaticales, des phrases attestables d'une lengue, i1 n'est pas sr que l'on puisse parler de l'ensemble des énoncés et de l'ensemble des Gnongables. La recherche des inénongables (chaines attestables, rappelons-le) est aussi fondanentale que th celle des énongables puisqu'il stagit d'expliquer pourquoi certaines chafnes sont mal constituées (donc inénongables) et d'autres chafnes sont non seule~ nent attestables mais aussi bien constituées. L'esquisse de théorie des observations présentée ici (pour plus de détails, on pourra se reporter & l'article "Enoncés et énongables", Lingua e stile, 1978 de J.P. Desclés) montre que si l'on s'intéresse aux problémes du transfert des catégories granmaticales, appréhendé @ travers 1'étude de familles paraphrastiques, il devient alors indispensable de réfléchir aux conditions 4'observation et de ne pas se contenter d'une trop simple dichotomie : grammatical / non grammatical. 3) Liobservation n'est pas indépendante de 1'observateur (un exemple tiré du Mooré) - On se demande parfois qui est le mieux & néme de aécrire une langue, Je Linguiste étranger ou le locuteur natif. Certes, on peut se dire que 1'étranger, du fait qu'il ignore le lengue et qu'il est dpaysé par le era rien échapper d'es- domaine qu'il aborde fera attention @ tout, ne lai sentiel et résoudra les problémes de fagon objective, scientifique, puisque affrenchi d'enblée des pidges de 1'intuition et de 1'introspection. Mais si L'étranger Schappe aux intuitions et & "introspection du locuteur natif, n'a-t-i1 pas aussi les siennes 1iées 8 sa propre langue & laquelle il peut tre tenté de remener les feits de le langue qu'il décrit 7 De son cdté, 1e locuteur natif peut avoir 1'illusion qu'il lui suffirait en quelque sorte de rentrer en lui-néme, et de s'écouter parler pour que 1a langue se révéle elle-méne et apparaisse donc de facon nécessairement objective. I1 est cleir cependant que l'intuition et le bonne volonté ne suffisent ras pour décrire une langue. L'expérience montre qu'on ne peut pas aéclarer a prior! qu'une description sera nécessairenent de bonne qualité parce qu'elle est 1'ceuvre d'un locuteur natif ou d'un étranger. Toutefois, s'il est des feits de langues que l'on peut dans une certaine mesure décrire et expliquer sans une grende connaissance de 1a langue, il en est d'autres pour lesquels 1a conn et intuition du locuteur natif sont irremplagables et 1'étranger 6 lui-néne intérét & bien apprendre 1a langue qu'il veut aécrire. Le valeur a’une des- cription résulte de le rencontre de plusieurs facteurs : connaissance aussi ‘vonne que possible de le langue, adéquation de 1e théorie & son objet, maf- trise de cette théorie et dans tous les cas, rigueur dans l'observation et cohérence du raisonnement. Lorsqu'on d&clare sans nuances que seul 1'étranger est capable de faire une description objective ou que seul le locuteur peut ance 5. leisser le langue se manifester telle qu'elle est, c'est bien souvent que dans les deux cas on se dit implicitement qu'il suffit de "laisser parler les faits" ; or, on sait que les faits ne parlent pas. C'est le linguiste qui les fait parler & travers son observation, son argumentation, sa théorie, et s'il prétend rejeter toute théorie, & travers ses évidences qui ne sont Lorequ'on a l'habitude de travailler sur des lengues qui ont une Longue histoire 4'écriture, on peut avoir peine & imaginer certains problénes qui peuvent se poser @ quiconque aborde 1'étude de sa langue ou d'une langue étrangére dont le systéme a'écriture n'est pas fixé, les régles de d&coupage + Avant de chercher 1a valeur des é1énents morphématique pas encore tabi: d'un énoneé, i1 faut les identifier ce qui impligue que 1'on sache faire le découpage pour ne pas prendre plusieurs 61éments consécutifs pour un seul ni agcouper un seul élément en plusieurs. Soit en mvvré(langue de Haute-Volta généralement orthographiée mooré) les énoncés suivants dont nous écrivons exprés les divers constituants coliés les uns aux autre: Rléogdim( %¥ il stenva 5 Aldcgame & il est parti: il ost venu Biacuic % 41 est tomdé i Bkdoms = il a cultivée awaeme Batumi = il a volé aj@b1and ~ il les a vus ; i Une fois qu'on aura détermin€ que le terme initial a correspond & 42 5 que les prédicats sont respectivement : ldog, wi, Iwi, zu et if 5 que dans Alcogdim(, a est un marqueur aspectuel s'opposant & # (comme dans Aldopint) ; que dans ajf61amC, » est une forme du pronom be "eux", i restera & chercher la valeur de amc, mi , umé, um, omc et lame . Supposons encore qu'on soit parvenu @ comprendre que dans ces éléments a, ¥, u, o et la ne sont que les allomorphes d'un méme morphéne /1a/ qui se réalise : [1) aprés certains éléments comme les formes 2 valeur de non-insistance des pronoms 3 La) aprés une consonne, et qui reste identique & le voyelle précé- Je et me cons- conme bi dente (dans aweam(, alwitmt...), il faut encore déterminer tituent un seul et méme morphéme ou deux morphines différents. La réponse & cette question influera nécessairenent sur 1a suite de 1'étude puisqu'il s'egire de chercher soit 1a valeur de 1'é1ément unique Lamu, soit celles de deux €1éments 1s et mu. On pourrait croire que le com mutation devrait pernettre de résoudre un probléme apparenment aussi simple ; 16. les deux sclutions cependant ont été choisies. Il y & de grandes divergences sur la valeur. Ainsi, selon Peterson, 1a marque 1a présence d'un complénent dans 1'énoneé et me est une "particule déclerative postverbale" (Peterson, p+ 112 et 116). Manessy considre la come marque de 1'affirmation et me comme une particule d'insistance. (Manessy 2, p.112). Pour Alexendre, 1a m, @ et mt ou a seul selon le contexte marque le mode réel de 1'indicatif et, précéaé de "en' tome I p. 96-100). Canu qui ,2 1a suite d'Alexandre,distingue un mode virtuel aun mode réel marqué par Je, considére my come une "nodalité verbale affir- Ja my sert 8 marquer le mode irréel de 1"indicatif (Alex. mative actualisante". De son cSté, Kouraogo qui ne dissocie pas le et me : consid’re que c'est le marqueur de 1'affirmation. (Kouraogo p. 31). Wikiena qui ne dissocie pas non plus les deux éléments estime que lamé est "le nar- queur du perfectif dans les phrases déclaratives non emphatiques". (ikiens Ps 3). Toujours en misré, on appelle "phrases relatives" ou "nominalisées" des énoncés qui contiennent stn (que nous écrivons ici exprés collé bien que nous estimions qu'il s'agit de deux éléments distincts) : bot pi ute ido” /eppelle/femme-1a/" stn"/passe-la/et/donne/moi/ appelle la femme qui passe pour moi Tei encore, avant de se demander quelle en est 1a valeur, il convient de stassurer de 1'unité de ce que nous avons écrit stn; il peut s'agir a'un €1ément unique comme de deux éléments dont chacun a sa fonction propre. Selon Alexandre, on a un "pronom de classe : sétn" qui, selon le contexte, se réalise phonétiquement [983 , [atn]ou[sémJet qu'il considére étre tantdt un pronom relatif, tantét une conjonction de temps. (Alexandre tome 2, p. 347). Pour Peterson, one un unique élément "5" qui apparaft dans les relatives ou les nominalisées. (Peterson p. 290-299). Manessy estime qu'on a "s&" qui est "une particule d’affirmation" (Menessy I. p.262). Canu de son e6té distingue un “propositif o§ "signifiant "quand" et ume "particule nominalisante sé" (Canu p. 167 et 323). Pour Nikiema, on a dans notre énoncé un 61ément unique "sen" qu'il faut distinguer au " s8" particule d'affir— mation selon Manessy et que lui-méme appelle “particule emphetique" ; " est pour lui un nominaliseur mais sert aussi & former des relatives (Nikiema p.3 et 18). "sén" , Bien’ que dScrivant tous les deux le mooré de Ouagadougou, Peterson affirme qu'il y a deux tons, tandis que Canu déclare avoir prouvé "de fagon 1 irréfutable" qu'il y en a trois. Ti ne stagit pas ici de traiter de ces problémes particuliers au mbo@ mais de montrer quelles divergences peuvent exister entre des linguistes @écrivant les mémes faite d'un méme parler (le mUuré de 1a région de Ouaga- Aougou) & 1a méme 6poque (1953 pour Alexandre, 63 pour Manessy, 71 pour Peterson, 73 pour Canu, 76 pour Kouraogo et Nikiema). Cela montre aussi quion ne saurait jamais étre trop prudent lorsqu'on ne dispose que a’ume description d'une langue,méme si les choses paraissent claires et si elles sont affirnées avec assurance. Ii arrive aussi que dans 1'observation on néglige certains faits soit qu'on ne les pergoive pas, soit qu'on estime qu'ils sont effectivement négligeables ; il en est ainsi du ton dans certaines descriptions de langues africaines et aussi de 1a nasalisation du timbre et de 1a longueur des voyelles. Parfois i1 errivemme qu'on raisonne sur des chafnes qui n'en sont pas, suite & des erreurs toujours possibles de 1'informateur, ou parce que le descrip- teur croyant avoir appris suffisament 1a langue, pense pouvoir produire et analyser ses propres énoncés, quand il ne corrige pas les énoneés produits Par des locuteurs natifs décrétant que "ceux-ci parlent mal". Cette tape que constitue l'observation a ses propres difficultés, ses propres piéges dont on doit étre conscient, - que l'on soit locuteur natif ou descripteur étranger - et qu'il faut essayer a'éviter. ee Si les linguistes observent les noncés et les langues, d'autres déclarent Studier "le lengage naturel". Par exemple, certains spécialistes de 1'Intelligence Artificielle prétendent simuler,par programme informatique, "Le compréhension du lengage", lorsque 1'ordinateur, questionné en "Langage naturel", sort des réponses "raisonnables” et relatives & une base de données enregistrées. S'agit-i1 18 d'un "lengege naturel" de néme forme que le len~ gage humain ou bien d'une partie plus ou moins caractérisable d'une langue naturelle ou encore d'un sous-systéme plus ou moins aégénéré a'un systéne Linguistique 1 Les représentations internes (2 l'ordinateur) des questions sont construites pour étre compatibles avec des déductions effectuées par le programme qui fournit au retour les réponses cherchées ; elles sont, en fait, partielles car elles "oublient" de représenter on général des 61énents pertinents (gramaticaux, notamment) qui ne génent certes pas, en premidre approximation du moins, 1a "compréhension” lorsque le domaine est relativenent simple (manipulation de volumes géomtriques, contes pour enfants, recettes 8. de cuisine) ou & objectif trés finalisé (réservation de places d'avion, questions-réponses sur un annuaire té1éphonique...). Ces “oublis" bloquent toute généralisation efficace des propriétés spécifiques du langage humain. Les mod2les actuels d'Intelligence Artificielle ne prouvent nullement que l'on su simuler 1a compréhension du langage dans ses propriétés intéressantes. L'étude du langage passe par ses manifestations observables : examen des circonvolutions du cerveau pour le neurophysiclogue$ outils et descrip~ ‘tions anatomiques pour le paléontologue ; langues diverses et multiples, si on est linguiste. Mais, dé méme qu'une langue n'est pas le somme des énoncés produits, de méme les propriétés du langage ne sont pas obtenues en cumulant les propriétés observées au travers de chague langue. I1 faut apprendre & aScouvrir les invariants langagiers qui n'apparaissent pas come des étres inmédiatement accessibles & 1'observation. Comment faire apparaftre et noter ces invariants langagiers 7 C'est ce que nous allons voir par la suite. 19. CHAPITRE II - CHAQUE LANGUE NATURELLE EST UN SYSTEME AUTONOME DE REPRESEN- TATIONS - Chaque utilisation de le lengue produit un texte, phonique ou graphique, qui représente un "Stat de choses" (au sens de Wittgenstein) ou des événements que 1'auditeur reconstruit & 1s réception du texte produit par 1'énonciateur. Une langue naturelle échappe & 1a contrainte a'me référenciation objective et identique pour tous ses utilisateurs. Elle fonctionne pour elle-néme et construit ses propres référentiels, elle se préte alors au mensonge et aussi & toute création imaginative. Un syst@me linguistique n'est donc pas en relation biunivogue avec 1'univers pergu par les organes de 1a perception. En utilisant une lengue, 1'énonciateur cherche & faire passer @ autrui une re-présentation construite & partir du texte échangé. I1 se peut cependant que 1a reconstruction opérée par 1'auditeur aiffére en partie de le représentation voulue par 1'énoneiateur. Ce dernier a en effet toujours la faculté de provoquer un glissement en guidant, ou en égarant intentionnellement dans les jeux de mots par exemple, son interlo~ cuteur vers une autre interprétation que celle qui a motivé son énonciation ; il se produit alors un malentendu, les représentations échangées n'étant pas identifiables. Cependant, et c'est 18 une des propriétés remarquables des langues, le nombre des interprétations reconstructibles & partir aun Snoneé produit en situation signifiante (et non hors de tout contexte) reste fini,si bien que, par divers procéaés linguistiques, les participants @ un change verbal ont 1a faculté a'ajuster leurs interprétations respectives, nais certaines anbiguités peuvent demeurer, les syst@nes linguistiques étant, par nature, fonei8rement anbigus. Liactivité contrélée de réflexion sur les langues construit des systénes de représentations, qualifiés de nétalin, compte d'une double exigence : construire des syst@mes symboliques dont toutes les formules significatives représentent des énongables, avec un nombre fini A'interprétations mis, en méne temps, compatibles avec une ambiguité inhé~ rente propre aux langues naturelles. Les interprétations des formules méte- Linguistiques significatives constituent les valeurs référentielles que le co-énonciateur assigne aux énoncés représentés par ces formes. Ces va- leurs référentielles sont indSpendantes des divers référents extra-linguis~ stiques ; elle doit tenir 20. tiques et ce serait une erreur de confondre référent externe et valeur référentielle,car on nierait ainsi le relative autonomie du fonctionnement des langues vis-a-vis au monde. Pourtant, certains logiciens conm: B. Russell, se laissent aller & considérer une langue comme un reflet d'une réalité extra-Linguistique. De méne, Lopposition entre le sens (Sinn) et 1a déno- tation (Bedeutung) de G. Frege n'est pas trés claire, car selon les contextes, Bedeutung désigne tantét un référent externe, tantét ce que nous appelons valeur référentielle. Certes, Russell comme Frege visent, l'un et l'autre, & rendre intelligible 1a signifiance d'un discours logique et non pas celle des discours quotidiens mis il devient trés suspect de voir alors certains Linguistes leur embofter le pas pour analyser notre communication "ordinaire" en appliquant, sens examen, les distinctions Russelliennes et Frégéennes. 1) Langue ; langues ; langage - L'opposition langage/langues a 6té souvent proclanée mais rarement prise en considération dans 1a construction théorique. Le linguiste a souvent la prétention de ne traveiller que sur des langues en vue d'en faire une théorie cohérente, mais il atteint vite par 18 le probléme du langage. Pour éviter tout malentendu, il nous fant séparer langage, Langue (au sens de Saussure), langues naturelles. Saussure a pris soin de caractériser la Langue comme “un tout en soi, principe de classification” (parmi les faits humains) : "La lengue est un systéme de signes expriment des idées, et par 13, comparable & 1'criture, & L'alphabet des sourds-muets, aux rites symboliques, aux formes de politesse, aux signaux militaires, ete Elle est seulement le plus important de ces systémes". Le Linguiste doit done décrire le syst@me de 1a Langue, c'est 12 son objectif. Chague Langue devient alors un concept qui est représenté dens un corps social et institutionnel. Chaque individu, dans un acte a’énon- ciation, met en jeu la Langue sociale qui se concrétise par 1a parole. Aucun individu ne poss@de done 1a Langue dans son entier. Remarquons que le concept de Langue est cependant assez anbigu et sans doute trop chargé. Nous n'en discuterons pas ici. Nous dirons simplement que Je Langue (au qui renvoie au corps social et s'oppose de ce fait & 1a Parole individuelle, ns de Saussure) est un concept (plus ou moins critiquable) alors que les langues naturelles sont des objeté . empiriques (plus ou moins at caractérisables et plus ou moins aiscernsbies). Ayant séparé plus nettement Langue de langues naturelles, tentons de distinguer langage et langues. Une langue naturelle est un produit historique localisé sur un espace géographique. En observant le fonctionnement des langues, les lin- guistes posent trés vite le probléme général du langage et de ce qui fait Lractivité langegi’re. Pour cela, ils cherchent & dégeger & partir de nani- yte_fondamentaux propres inva festations observables et contingentes, les A toute activité qui utilise une (ou plusieurs) langue(s) conme moyen d'ex- Pression et de communication. Le langage est donc un objet construit tel que Jes langues soient en quelque sorte une actualisation empirique observable du langage. Le langage s'appréhende alors & travers les productions effectuées par les opérations mises en jeu par toute activité langagiére des sujets humains. Ces opérations ne sont pas bien entendu données au linguiste (ni au psychologue,ni au logicien, ni au philosophe, ni & 1"informaticien) = tout comme 1'atome n'est pas donné au physicien, ou le code génétique au biologiste - . Blles doivent tre découvertes & 1a suite a’observations répétitives et transmissibles Le langage se matérialise. dans chacune des langues naturelles dans Lesquelles il se projette et & partir desquelles on le met en place. Lobjet de la linguistique, c'est done "l'étude du langage appré- hendé @ travers la diversité des langues". Cele signifie que les linguistes 1°) partent des textes formulés dans des langues ; 2°) construisent des protocoles expérimentaux d'observations, construisent des systémes de repré- sentations linguistiques et métalinguistiques qui permettent de noter les opérations dégagées & partir des observations ; 3°) cherchent & valider ces opérations en retournant aux textes, donc aux langues pour 4°) évaluer 1a pertinence des systénes de représentations éleborés. 22. Ia distinction entre langage et langue est primordiale d8s que 1'on veut éviter de s'enfermer dans un glottocentrisme ol 1'on généraliserait les catégories particuligres d'une langue en catégories universelles, le langage n'étant alors que le simple image de cette seule langue. C'est ainsi que les Anciens et les Médiévaux ont questionné le langage & partir des seules mani- festations linguistiques du grec et du latin. Les missionnaires du XVITéne sicle décrivaient, eux, les lengues anérindiennes sur le mod@le du latin ent également du caract8re "aberrant" et illogique du chinois et s'étonn qui "ne sait pas marquer, comme le latin", les noms et les verbes, érigeant ainsi le latin en prototype universel du langage auquel toute langue devrait se conformer. De leur c8t6, certains Encyclopédistes ne comprenaient pas que le latin proc8de & un véritable "retournement de l'ordre naturel de 1a pensée" que le francais manifeste si bien, comme si le frangeis avait 1"heu- reux privilége d'exprimer directement 1a pensée, le frangais devenant 1'in- carnation du lengege, chaque autre langue en &tant une déformation | En stintéressant aux lengues diverses et multiples, afin d'en feire une théorie cohérente, le linguiste ne peut fuir le langage en le niant, car en dégageant le générelisable dens les langues il atteint vite le probléme du langage et rejoint alors le logique et le cognitif. Faute a'avoir reconnu une telle dis- tinction, certains débats passionnants, comme 1a différence entre notre langue et le "langage" des abeilles ou des chimpanzés, restent mal posés tant qu'on pas énumérer quelques-unes des propriétés fondamentales et non pes quelques traits communs eux syst®mesde communication. ne si Chaque langue est une manifestation sociale du langage, chaque énoncé, chaque texte est une réalisation individuelle d'un acte langagier ; le langage ne peut étre appréhendé, pour le linguiste du moins, qu’a travers les énoncés effectivement produits ou susceptibles a'étre produits par des énonciateurs concrets. Le question fondamentale demeure cependant : Qu'est-ce que le langage ? De quoi est-il constitué ? Comment peut-on l'appréhender & travers Jes Langues? Quelles sont les propriétés qui caractérisent les langues ? 2) Une langue naturelle est un systéme autonome de représentations - Une langue naturelle est un syst8me autonome de représentations, 23. composé de signes, utilisés par des usagers qui visent, en utilisant le langue, & échanger des représentations analogues. Nous allons commenter les termes de 1 proposition précédente. Dire qu'une langue est un systéme de représentations, c'est dire que chaque utilisation de la langue produit un texte (phonique ou graphique) qui est "mis pour quelque chose". En produisant le texte, un sujet vise & représenter Pour son auditeur un "Stat de choses"ou un "événement" ; 1'auditeur regoit Je texte et, & partir du texte. il doit reconstruire "l'état de chose’ ou "1 "événenent" représenté par le texte. Le systime de représentations (ou syst®me linguistique) propre & chaque langue naturelle n'est pas en corres- Pondance biunivoque avec 1a réalité extra-linguistique, bien qu'il entretienne des rapports avec une réalité sensible aux organes de perception. Chaque systme Linguistique est acquis et construit par l'enfant qui, en interaction avec un environnement approprié, apprend & représenter le monde dans lequel il est inmergé depuis sa naissance. Une des premi@res opérations est sans doute 1a nomination : l'enfant établit une relation, & 1a euite d'accords dulte, entre un terme linguistique et un référent qui acquiert récurrents avec 1! un statut d'objet en se détachant sur un fond indifférene’é. Dans un premier temps*, L'enfant établit une relation directe entre l'objet concret et le terme Linguistique, soit en 1e touchant, soit en le désignant ; ensuite il acctde & un décrochage de le réelité, en ce sens que l'enfant peut employer un terme linguistique sens que l'objet concret soit nécessairement présent dans son champ visuel : le terme linguistique employé n'implique plus,@ ce stade, 1a présence de l'objet. Pour comprendre l'assertion "chaque langue est un -systime de repré- sentations composé de signes", i1 nous feut maintenant distinguer signal de igne. + Un signal est un substitut symbolique ou nonsd'un objet, i1 entre- tient un rapport direct avec l'objet qu'il représente. ++ Un signe est un substitut symbolique d’un objet ; il peut, par rapport & l'objet qu'il représente, fonctionner et étre combiné avec d'autres signes, de fagon autonome en oubliant ce que le signe désigne. Le signal est en général finalisé par un comportement qu'il = pour but d'indiquer ou de déclencher. WWous faisons allusion & diverses observations effectuées par des paycho- Linguistes du Centre d'Etudes des processus cognitifs et du langage (dir. F, Bresson ; H-E.8.S.). Citons en particulier l'étude de E. Cabrejo Parra : ‘Quelques aspects comparatifs de 1'acquisition du langage". ee ah. Des signaux représentent parfois d'autres signaux et 1'on a ainsi des signaux de signeux. Chaque signe tend & avoir un fonctionnement autonome et présente alors des occurrences qui apparaissent indépendenment des objets qu'il dé: gne : l'occurrence d'un signe ne prouve donc nullement l'existence de Llobjet désigné. L'oceurrence du signal n'est pas par contre détachable en général du comportement finalisé qu'il indique ou déclenche, elle n'est donc pas autonome. Que faut-il entendre par syst@me (de représentations) autonome ? Nous avons vu qu'une langue se constitue @ 1a suite d'une construction repré- sentationnelle socialisée et apprise. Dire que ce systéme de représentations est détachable de la réelité extra-linguistique ne suffit, selon nous, pas & caractériser les langues naturelles. En effet, certains systémes de signaux sont d&tachables d'une certaine fagon,de 1a réalité, puisque 1'on peut avoir des signaux de signaux. Crest 1'autonomie qui paraft caractéristique des langues naturelles, en tant que systémes de représentations, puisqu'elle implique, d'une part, le détachement, mais, d'autre part, ajoute 1'idée qu'une langue fonctionne parfois hors de toute occasion qui motiverait son utilisation et en1'sbsence de tout déclencheur indiciel"(ceci n'est pas 1e cas dans les systémes de communication observables chez les animaux). Cette propriété est & 1'origine de Liactivité métalinguistique sur laquelle nous reviendrons plus tard. Nous avons 46j& vu qu'aprés le phase de nomination de l'objet concret aésigné et en présence de lui, l'enfant arrive petit & petit & parler de l'objet absent et & évoquer un objet sans support référentiel concret. L'uti- Jisation de la langue naturelle échappe ainsi, en partie, & 1a contrainte de toute référenciation objective. La langue va alors pouvoir fonctionner pour elle~méme (dans les jeux de langage), créer ses propres occasions de discours (dans le 1ittérature, par exemple), proliférer sur elle~méme et pour le plaisir (1a langue engendre de 1a langue), et construire ses propres univers référen- tiels (ou systémes de valeurs référentielles) qui autorisent les mensonges, ‘l'imaginaire et toute création artistique ou scientifique. Une langue naturelle n'existe pas "en soi". On peut également * au sens de "fonctionnant comme indice". 25. considérer, en toute premire approximation, que c'est un ensemble d!é- noncés produits ou pouvant @tre produits en situation signifiante. Or une langue 2 des utilisateurs qui, en 1'employant, cherchent 2 échanger des représentations analogues : c'est le phénoméne de 1'intercompréhension. Wimporte quel sujet ne peut utiliser une langue déterminée, il doit se l'approprier. L'enfant lui-méme acquiert une langue (sa langue maternelle) gu contact d'un environnement adulte. Parfois, dans certains environnements, l'enfant apprendra simultenément deux ou plusieurs langues (1a langue du pére par exemple et celle de 1a mire), on parle dens se cas d’environnenent bi- ou multilingue. I1 est donc facile (en théorie et en pratique dans‘la plupart des cas) de discerner plusieurs langues : certains sujets, utilisant "Le néme" Langue, échangent leurs représentations ~ on dit qu'ils communi- quent - ; d'autres sujets ne peuvent pas changer leurs représentations, chacun utilisant une langue différente. I1 ne faudrait cependant pas croire qu'a l'intéricur d'une méme langue deux sujets échangent nécessairenent les mémes représentations. Une langue est fonciérement ambigué. Un énonciateur peut done produire un agencement de représentants, (en fait un texte) ; cet agencenent est ensuite analysé par 1'euditeur qui, @ son tour, Feconstruit une nouvelle représentation qui peut étre différente de la premiére représentation voulue par 1'énonciateur. Dans de nombreux cas cependant, les représentations &chang6es sont analogues mais les dérepages, malentendus, incompréhensions sont toujours possibles voire présents dans le a: cours et 1a compréhension de ce discours. Remarquons que si les malentendus sont possibles par suite d'un mauvais ajustage entre énonciateur et co-énon- ciateur, cele ne signifie pas qu'un énoncé a une infinité de valeurs (auquel cas,il ne serait pas signifient). Pour qu'une suite de signes soit signifiante et ait le statut d'énoncé, i1 faut (condition nécessaire) que le suite ait un nombre fini de valeur: sans quoi 1a suite ne peut rien signifier. Le mauvaise compréhension vient done du choix différent qui est effectuée par L'énonciateur et son co-énonciateur. L'erreur peut étre voulue et entretenue par 1'énonciateur par exemple dans les jeux de mots ou dans les mensonges. Nous avons dit plus haut qu'une langue est un systéme autonome de représentations mais cette proposition simplifie considérablement le probléme. En effet, une langue est un syst&me de systmes enchevétrés et articulés qui se relsient les uns les autres et s'interprétent l'un dans l'autre. Une Langue contient en fait plusieurs syst®mes plus ou moins caractérisables. 26. Pouvons-nous déméler ces aystémes et montrer comment ils s'articu- lent entre eux ? A l'heure actuelle, il n'est pas possible de dresser une liste de tous les systémes composants d'une langue, mais c'est un des objec- tifs de la linguistique que de rechercher d'éventuelles stratifications de sous-syst@mes de plus en plus complexes dans chaque langue naturelle consi- a€rée comme un syst@me autonome et englobant. 3) Une langue naturelle est _son propre interprétant ; elle est 1'interprétant de tout systéme sémiotique signifiant - €.8, Peirce est considéré comme le fondateur, avec Ch. Morris,de la sémiotique. Comment distinguer le Sémiologie (dont Saussure entrevoyait l'importance) de 1a sémiotique ? Sur ce point, nous ellons suivre la termi- nologie proposée par E. Benveniste. Un systéme sémiologique a pour propriété a'étre signifiant ; et i1 est composé a'unités de signifiance ou de signes Un syste sémiclogique se carectérise par : (i) son mode opératoire 5 (4i) son domaine de validité ; ) 1e nature et le nombre de signes ; : son type de fonctionnement ; Le mode opératoire est le manidre dont le systéme agit, notamment @ quels moyens perceptifs (vue, oule...) le systéme s'adresse ; le domaine de validité est celui ol le systéme s'impose. Les’ deux premiers caract®res fournissent les conditions externes eT. empiriques du systéme. Les deux derniers caractéres indiquent les conditions internes ou sémiotiques- Deux systémes sémiotiques de type différentes ne sont pas converti- bles mais i1 est possible d'interpréter, dans certains cas, un systime sémio- tique dans un autre et ce rapport d'interprétation est en général dissymé- trique : le premier systéme est L'interprété, le second 1'interprétant. Un “Langage formei" engendré par une grammaire formelle est l'ensemble de tous les agencenents ("sentences"), qui, replacés dans le domaine de vali- @ité a’une longue naturelle , sont en relation biunivoque (si la grammaire est adéquate) avec les purases attestables de 1a langue. Un systéme sémiotique est donc un systéme abstrait qui, mis en pra~ tique (par un mode opératoire et un domaine de validité fixant sa finalité), devient un systéme sémiologique. Tout systéme sémiotique qui repose sur des signes est composé nécessairement de : (i) un ensemble de signes (alphabet de signes) ; (4i) un ensemble fini de régles d’agencement des signes entre eux. Seuls, certains agencements sont interprétables dans un autre systéme sémio~ tique. Certaines régies, relativement & une interprétation envisagée, visent alors & organiser les signes en agencenents interprétables. Outre 1a relation d'interprétance entre un systéme sémiotique inter- prété S, et un systne interprétent S,, i1 existe une autre relation, dite relation d'engendrement d'un systéme 85 @ partir d'un systéme S, (les deux systénes étant de néme nature) et une troisiéne relation, dite d'honologie, entre deux parties respectives de deux systémes sémiotiques. Une Langue naturelle est un systime sémictique ayant quelques carac~ Yéristiques qui en font un systéne sémiotique fondamental @ 1a base de toute classification de ces systémes. Une langue sert, en effet, de systéme sémio- tique interprétant de toute autre systine sémiotique signifiant. L'inverse lest pas vrai en général. Ainsi, le syste des feux de signalisation est ititerprétable dans une langue naturelle : rouge signifie "stop" ; vert signifie dilen".Le 1engage“de signes du sourd-muet est’ interpréteble dans 18 langue 1 naturélie! “de ce. communauté. “bes notatins algébriqued qui utilisent tat - y . 28. des variables sont interprétables également en langue. Certains syst@nes de sons, organisés dans des ganmes, ne sont pas interprétables directement dans une lengue naturelle : le syst@me musical n'est pas un systéme sémio- tique signifiant ; il est cependant possible d'utiliser une langue naturelle pour analyser les syst@mes musicaux : chaque production musicale peut @tre comparée une production d'un texte d€composé en "phrases" séparées Par des "pauses", des "silences" ; chaque phrase est analysable en "syntegmes" eux-nénes décomposables... C'est ainsi que l'on peut étendre 1a proposition précédente en disant que chaque langue est "le systéme interprétant de tous les autres syst@mes sémictiques linguistiques et non linguistiques". Cheque langue naturelle sert & engendrer d'autres systémes. On pourrait montrer par une analyse historique que 1a logique et les mathéma- tiques ont constitué des syst@mes symboliques de notations engendrés a partir des langues. Le systéme parlé des langues a égalenent donné naissance 2 divers syst@mes graphiques (Seriture) : soit sous forme d'idéogranmes (chinois), Ge hifroglyphes (gyptien ancien), a'éeritures alphabétiques Une langue étant un systéme sémiotique particulier, elle est inte prétable dans une autre langue et réciproquement ;c'est le probléme de 1a traduction. Toute langue est traductible dans une autre ; on ne connait pas de langue naturelle qui ne se leisse pas traduire (8 condition toutefois @avoir un interpréteur humaia qui assure cette interprétation ). Comme conséquence directe de le primauté des langues par rapport & 1a relation d'interprétation, toute langue s!interprite elle-méme. Ce sont peut-&re les seuls syst@mes qui aient cette propriété trés carectéristique des langues naturelle: Cette auto-interprétation de chaque langue est & 1a source de le représentation de chaque langue par elle-néme et de 1a notion de métalangue, que nous allons examiner au paragraphe suivent. 4) La métalangue est dans 1e langue ~ Une métalangue est une partie d'une langue qui sert’& décrire cette Jengue. Parler de substentif, de verbe, de voyelle, de consonne, c'est uti~ liser une métalangue, Les grammaires traditionnelles sont des morceaux "id 29. de nételangues. Une langue, en tant que systne sémiotique, a une position trés privilégiée par rapport aux autres systénes séniotiques, puisque toute langue peut se décrire elle-méme, sans avoir recours & d'autres systémes. En effet, le nétalangue est dans le langue et on peut utiliser cette méte- langue pour décrire 1a langue. Cette inclusion n'existe pas en logique. Du point de vue terminologique, nous distinguons métalangue (partie caractéristique d'une langue), langage, métalengage (syst8ne sémiotique destiné & aécrire un Langege). La notion de nétalangage a été introduite par A. Tarski pour étudier Je Langage d'une science aéductive : "lea noms des expressions du premier langage, ainsi que ceux des relations existant entre ces expressions, appartiennent éj& & cet autre langage, dit métalangage (dont d’ailleurs le premier langage peut @tre un fragment)". Un mételangage est destiné & décrire et & fonder un langage-objet, en donnant les régles constitutives et d'emploi des expressions et en pré- cisant le domaine de validité de langage... Ce langage-cbjet peut étre formalisé, le métalangege peut 1'étre aussi. Mais on démontre que tout lengage formalisé = un statut linguistique second par repport aux langues naturelles : chaque langage formalisé réclame une métalangue qui assure sa fondation et son mode de fonctionnement (descrip- tion des symboles, formulation des régles de formation et de transformation des expressions...). Cette métalangue peut & son tour @tre formalisée et devient un langege formalisé, méta-langage du premier langage. Ce second engage réclame 2 son tour une nétalangue... La mételengue ultime reste cependant toujours une langue naturelle qui joue ainsi le réle primitir et premier pour la fondation et 1a description. Le statut linguistique second des lengages formalisés est une conséquence directe du principe que toute Jangue est un syst®me sémictique dans lequel s'interpréte tout autre systéme sémiotique. Toute utilisation et a6finition d'un langage formalisé revient donc & employer en.méme temps une langue naturelle comme instrument de fon- dation et d'interprétation. 30. Une langue naturelle est dans une position tout autre que tout langage formalisé puisque les fondenents de sa description ne peuvent pas Stre rendus complatement externes mais se ramBnent, directement ou indi- rectement, 2 une partie de l'objet aécrit. Cette particularité des langues naturelles est & 1'origine des brouillages (terminologiques entre autres), des dérapages et des pertes de contréle que connait bien le linguiste. C'est 18 une des difficultés de Ja Linguistique : comment séparer les données linguistiques de leur traite- ment et des commentaires linguistiques (qualifiés parfois de mételinguisti- ques) sur ces données. Face & une langue naturelle, deux positions sont envisageables pour le décrire : (a) soit on décrit une langue naturelle LN en construisant explicitement Ja langue naturelle comme un instrument de description ; (b) soit on aécrit une langue neturelle LN en utilisant un langage formelisé LF pour décrire cette langue. La premiére position est adoptée explicitement par 2.8. Harris, dans son ouvrage Methematical Structuresof Language ; il reconnait, dés le départ de 1a construction des systémes descriptifs,la position particuliére de 1e métalangue qui est entirement incluse dans 1a langue. I1 construit plusieurs métalangues de description. Un probléme mathématique apparatt aussitét : une métalangue étant construite, est-elle récursivement séparable de 1e lengue (considérée comme un ensemble) ? Autrement dit, étent donné une phrase de la langue, peut-on décider par oui ou par non si 1s phrase en ques~ tion appartient @ 1a mételengue ? Ce probléme reste partiellement ouvert. La deuxiéme position est plus courante : on utilise un langage for- malisé (par exemple le Calcul des prédicats ou la logique combinatoire ou . Je 4 ~calleul) 46j2 tout constitué, ou on cherche & construire un langage formalisé spécialenent constitué pour agerire une langue naturelle. Examinons comment se pose le probléme. ‘A le suite du logicien H.B. Curry, introduisons deux types sémiotiques distincts. Le type s€miotique A asigne le type des lengages artificiels et construits 31. Le type sémiotique U désigne le type des lengues naturelles. Une nétalengue dune langue naturelle est de type U. Un nétalangege est de type A. Etant donné une langue naturelle IN, le métalangage wIN de deacrip- tion de LN ne peut pas tre totalement indépendant de LN, méme si y LN est externe et séparé de LN puisque tout mételangage, vu conme un langage forma- lisé, « un statut linguistique second, il fait donc appel, pour sa descrip- tion, @ une métalangue uu “N qui interpréte et décrit le nétalangage y IN. Désignons par U-lengage tout systéue sémiotique de type U et per Aclangage tout syaténe sémiotique de type A. Remarquons que chaque U-langage jouit d'une propriété d'ouverture c'est-&-dire que l'on peut introduire un ensemble de symboles externes (de type sémiotique A) dans le U-langege , sans changer le type sémiotique du U-langage.. Désignons par (U*A,)-langege , un U-langage auquel on a adjoint des symboles de type A ; le (U+A,)-Langage est alors un systime sémiotique de type U. Tl-en serait de néme de tout (UA,+...tA,)nlengege obtenu par adjonction successive de symboles artificiels de A,,...,A, au U-langa Toute langue naturelle IN est un systéme sémiotique de type U et done invariante par rapport & toute adjonction de symboles externes de type A. Toute langue naturelle est un systime sémictique ouvert. Ainsi, un traité de logique est écrit en langue naturelle avec adjonction de symboles (varia- bles : x,y,... ; quantificateurs ; , etc...). Un traité de chimie est écrit en langue naturelle avec adjonction des symboles chimiques : C0,, 1,0, ces symboles étant agencés entre eux selon des régles spécifiques & 1a chimie. Tout discours mathématique met en jeu certains syuboles spécifiques articulés & l'intérieur d'une langue naturelle. La description d'une langue naturelle IN (U-lengege), par un langage formalisé (A-langage) met en jeu plusieurs clauses qui relient le U-langage objet & son métalangege-y IN. On impose pour cele les régles suivantes : (4) chaque conbinaison: significative de syubolet ou formule significative du A-langage v LN (en général des opérateurs formels et des opérandes) a une “dire que cette combinaison signi- trace empirique observable dans LN, c'esi 32. ficative doit étre le représentant de quelque chose de le langue IN ; (4a doit tre la trace d'une combinaison significative ou formule significative de uN, cette combinaison représente ainsi cette production : ) chaque occurrence d'une production linguistique interprétable dans LN (iii) chaque formule significative du nétalangage uIN est glosable dans LN par un Snoncé métalinguistique (qui est une coordination d'énoncés mételin- guistiques €lémentaires) de 1a nétalangue wLN ; cet énoncé indique le fone- tionnenent des symboles de 1a formule significative on les interpréte dans LN ; on peut donc dire que le métalangage yIN est générateur d'une métalan- gue wuLN 5 (iv) 1a métalangue vuIN comprend une premi’re pertie finie (comprenant les énoneés de formation et de transformation) et une seconde partie telle que chaque Snoneé métalinguistique de 1a métalangue pylN soit une glose d'une formule mStalinguistique du métalangage vIN, indiquant le mode de fonction- nement de cette forme. Tes clauses (i) et (ii) assurent 1a correspondance entre le systéme descriptif artificiel (uLN) qui représente et le systéme représenté LN. Les clauses (iii) et (iv) ntassurent pas nécessairement 1a cléture de le description mais permettent cependant 'établir des relations entre les différentes métalangues uN interprétatives des métalangages uLN. Les gloses métalingvistiques (commentaires des données linguistiques) servent & fonder et & construire les systénes de représentations y LN. Les clauses (i), (ii), (iii) et (iv) assurent 1'articulation entre les niveaux linguistiques et métalinguistiques. Nous avons done 1'étagement sémiotique de toute description d'une Jangue naturelle IN (par des métalangagesu LN externes) : type sémiotique U type sémiotique A (0) LN = Ly o uN (2) HN = Ly il étudie nienetra izy, > ils étudié ho, mianatra izy = il étudierait ho nienetra izy » il aurait étudié On voit mal aussi comment justifier de facon satisfaisante une interprétation de futur dans tato ho ato = derni’rement, il ya peu de temps Aiza ho aizen' Antananarivo Ambohimanga ? = 00 se.situe Ambohimange par rapport 2 Tananerive 7 mandeha ho azy ny famantaranandro ~ 1a montre marche toute seule ateony ho adala izrnay ~ il nous prend pour des fous Nous considérons par conséquent que le futur n'est pas 1a valeur centrale de ho : c'est une valeur contextuelle, dérivée, et il semble que, le valeur centrale de ho serait a'indiquer une visée : = Visée par rapport 3 un lieu od 1'on escompte étre. Stil y a dépla~ cement, ce serait le “Latif de S. Rajaona : ho aiza ianao ? ("visée"'/od/vous/? ol allez-vous 7, oi irez-vous 7 mais il n'est pas nécessaire qu'il y ait déplacement, car on peut employer ho pour dire qu'on sera dans un lieu ol l'on se trouve déji et atoll on ne va pas bouger : tsy ho eny aho, tsy ho any aho, hoy i Josefa. Ho eto anin' Tdada ihany eho (Rajaona 2, p-93) /n€g. /"visée"/18~bas/moi /nég. /"visée" /"visée"/ici /avec/papa/seulement/moi/ je ntirai pas, je n'irai pas, dit Joseph. Je serai ici (c'est-a~dire : as/moi/ait/Joseph/ 13 je resterai ici) seulement avec papa - Visée par rapport & l'accomplissement d'un proc’s : qu'il doive se faire dans un avenir plus ou moins lointain, qu'il soit sur le point de se faire, qu'il puisse ou ait pu se faire si telle ou telle condition était remplie : hianatra izy /"visée"/Etudiant/1ui/ il 6tudier nony efa ho tafite izy /orsque/aéja/"visée"/ayant traversé/1ui/ Jorsqu'il fut sur le point d'avoir fini de traverser il va étudier ho mianatra izy /"visée"/en train a'étudier/1ui/ il serait en train 4'étudier, i1 étudierait ho nianatra izy Uvisée" /ayent étudié/1ui/, il aureit étuaié raha teo'ianao, tsy ho nerary izy /9i/paseé-18/toi/nég. :"visée"/ayant 6té malede/lui/ si tu avais été 18, il n'aurait pas été malade 60. raha tey niantso azy angamba Raly, dia ho nisento irery teo izy, angamba ho nitomany aza (Rajaona 2, p.45) /si/nég./ayant appelé/elle/peut-@tre/Raly/alors/"visée" /ayant soupiré/seule/passé~18/peut-atre/"visée""/ayant pleuré/néne/ peut-étre que si Rely ne l'avait pas appelée, elle aurait soupiré 1B toute seule, peut-étre néme aurait-elle pleuré - Visée par rapport @ un point dont on est prés. On est, dans les environs imédiats, au voisinage du lieu ou du moment sans y @tre exactenent 5 ctest 1'approximation spatiale ou temporelle que signale J. Dez : Any okaikin'Ankeratra any ho any /1a-bas/prés de/Ankaratra/1a-bas/"visée"/18-bas/ la-bas, prés de 1'Ankeratra, dans ces parages-1a vehivavy ... eo amin"ny fahadimampolo taoneny eo ho eo (Rejaona 2, P+ 39) /fenme/12/dens 1a/cinquantiéme/année d'elle/18/"visée"/12/ une femme dans sa cinguanti@me année environ +++ ny fanambadiantsike izey hankelazaina ato ho ato (Raj. 2,p.35) /te/mariage de nous/cela/"visée" célébré/18/"visée"/18/ notre mariage qui sera cé1ébré trés prochainement fe par rapport & quelque chose pour laquelle on prend une autre chose. Clest le cas.des hypothéses, le cas aussi od une chose ou une personne Passe pour une eutre et en joue le réle : ataony ho adala izahay /considérés par 1ui/"visée"/fous/nous/ il nous @ pris pour des fous nataonay ho resy ny fahavalo /considérés par nous/"visée"/vaincus/1es/ennenis/ nous avons pris les ennemis pour vaincus : nous avons estimé que les ennemis étaient vaincus vaiso ho mpanomponao aho /que sois recu/"visée"/serviteur de toi/moi/ vegois-moi en guise d'un serviteur de toi : regois-moi comme ton serviteur ¥ 6. tsy tiany ny hiseho ho renikely (Rajaona.2, p. 50) Inég./aimé a'elie/1e/"visée" /apparaftre/"visée"/maratre/ elle n'aime pas le fait d'apparattre (désormais) comme une martre : elle ne veut pas passer pour une maratre = Visée par rapport & tout point de référence, comme 1a destinge d'une chose, le point de vue considéré : ho trano io /"visée" /maison/cela cele est destiné & étre une maison, cela sera une maison ho ahy ity trano ity /"visée" /noi/cette/maison/cette/ cette maison-ci mest destinée, cette maison-ci sera @ moi serotra ho ahy ny manao izany /aifficile/"visée" /moi/1e/faire/cele/ le fait de faire cele est difficile pour moi : il m'est difficile de faire cele - Visée par rapport & soi-méme : situé par rapport 4 soi-méme, sans intervention de rien ni de personne a'autre, sane gard pour rien ni pour personne d'autre : oka hifoha ho azy ny ankizy marque de souhsit/"visée"/se réveiller/"visée"/eux/les/enfents/ que les enfants se réveillent d'eux-ménes, laissez les enfants se réveiller d’eux-nénes maina ho azy ny ranomasoko (Raj.2, p-42) : /s8ches/"visée"/elles/1es/larmes de moi/ mes larmes séchérent toutes seules 2 samy olon-ko azy izy telo mienaka (Raj.2, p-50) /chacune/personne/"visée"/elle/elles/trois/mére et filles/ chacune des trois était une personne pour elle~méme : chacune vivait de fagon indépendante, ne se préoccupant que de soi. Si nous avons voulu traiter longuement cet exemple du malgache, clest pour montrer que l'hypothése méme qui permet de procfder & une généra- Lisation doit pouvoir se justifier, que 1'on traite d'une seule langue ou dun grand nombre de langues. Il ne s'agit pas en effet, sous prétexte de 62, généralisation, de mélanger des choses qui n'ont rien & voir les unes avec les autres, ni sous prétexte d’abstraction, d’en arriver & des hypothéses sans intérét parce que sans aucun lien avec l'emploi effectif des ternes, leur interprétation et 1a signification des énoncés. Mais & 1'inverse, il convient aussi a’éviter a’émietter 1a valeur d’un terme au risque de consi- aérer comme différent ce qui n'est que le manifestation contextuelle (pho- nétique, morphologique ou sémantique) d'un méme terme, d'une méne valeur. 3) Syst@mes de représentations taxinomiques des données linguistiques - Les systémes de représentatione utilisés en Linguistique sont, pour 1a plupart, taxinomiques pour les raisons suivantes : 1) les catégories de base (catégories primitives) sont construites - ou censées @tre construites - par des procfdures taxinomiques (classifications, constructions de classes d'équivalence) ; 2°) ies objets sont construits par équivalence et passages & 1'ensemble quotient. Remarquons que les syst@mes (transformationnels) de Chomsky échappent @ le deuxiéme caractéristique et que le calcul des prédicats échappe aux deux caractéristiques. Examinons, brigvement, avant de poursuivre quelques-unes des spéci~ Pisités des ayatnes de représentations classificatoires. : ‘Ur, syst@me classificatoire (S.R.c.) comprend des objets syuboliques oft chaque objet est associé biunivoquement & une classe d'€quivalence d'objets empiriques (traits phonétiques, morphimes, nots, classes de mots, syntagmes, phrases...). Diverses relations d'ordre (hifrarchie, dépendance, enboStement) relient ces objets entre eux. Chaque objet représente une catégorie linguis- ‘Hique. L'opération de concaténation assemble des chafnes d'objets pour former : de nouveaux objets. Cette opération reflate, dans 1s représentation formell:, Lrordre syntagnstique (ordre total) qu'impose tout texte oral ou écrit. Une vatégorie est parfois qualifiée par des traits sémantiques classificetoires (aétini, animé, spécitique, agent, objectif, processus, état, borié ...). Ces traits gont accolés, sous forme de listes a’étiquettes, aux symboles qui représentent les catégori« 63. Divers algorithmes, plus ou moins clessiques, raménent les divers S.R.c (indicateurs syntagmatiques, arbres de dépendance, chafnes centrales avec ajouts, opérateurs dans les granmaires catégorielies...) & cette présentation canonique définie en termes de clesses d'équivalence, relations a'ordré et opération de concaténation. Dans les S.R.c , les procédures taxinomiques (segmentation, cons- truction de classes extensionnelles d'unités) sont toujours utilisées pour construire les catégories linguistiques 1émentaires. Des traits sémantiques sont souvent intégrés aux définitions de certainss catégories linguistiques : ils sont ajoutés "per nécessité" pour compenser la difficulté qu'a tout sys tne strictement classificatoire & appréhender une langue naturelle qui, elle, per ne“ure, n'est pes un systéne de représentations classificatoires. Les "parties du discours" traditionnelles, dont le poids historique est souvent trés pesant (puisqu'elles remontent aux Stofciens) sont des unités nixtes construites par des procédures taxinomiques accompagnées de considé- rations sémantiques plus ou moins claires. Aussi, les traits sémantiques sont-ils, la plupart du temps, intégrés de facon non opératoire au systéme clsssificatoire et ne se soumettent & aucune représentation explicite, cer non articulés dans un systéme de concepts clairement défini et utilisable par tous avec la méme signification. Ces traits sémantiques font appel au fond intuitif commn d'une langue d6j2 bien étudiée par des générations de granmairiens mais ils ne sont pas transférables @ d'autres langues et ne supportent aucune générali- sation efficace. Si les procédures taxinomiques qui mettent en place les catégories Linguistiques (analyse distributionnelle par exemple) eutorisent une cer taine réflexion sur chaque langue, elles sont incapables de construire des catégories générales qui seraient invariantes par rapport aux langues. En effet, les catégories linguistiques construites per des procédures taxinomi- ques, restent toujours spécifiques & une langue et i1 n'existe pas de corre pondance simple (par exemple biunivoque ou encore fonctionnelle) entre caté- gories linguistiques de deux langues m@me génétiquement apparentées (cette non correspondance est encore mieux manifestée pour des langues éloignées). Bvoquons deux exemples simples. Comment rendre le jeu des articles d'une langue comme le frangeis dens une langue qui n'en posséde pas (russe, par exemple) ? Comment rendre explicitement les cas et l'ordre des mots (russe par exemple) dans une langue "sans cas" comme le francais ? Dire qu'un 6h, procédé (articles, cas) présent dans une langue est compensé par un autre procédé ne signifie rien sauf si on décrit explicitement cette compensation, mais en général, un procédé recoupe plusieurs phénomdnes profonds propres & organisation des Langue: I1 est alors nécessaire de rechercher ces phéno~ mines profonds par une autre analyse qui ne traite pas simplement de classes 'objets empiriques réunis par les seules taxinomies. Si 1’on veut comparer Jes systémes verbaux d'une langue comme le francais ol les oppositions sont présentées come essentiellement temporelles avec une langue come l!arabe classique qui fonctionne sur des oppositions aspectuelles, il eat nécessaire de trower des invariants sous- cents & l'orgenisation temporelle et aspec- tuelle de chaque langue, @ moins de renoncer & comparer les langues entre elles et donc d'essayer de cerner l'activité lengagiére dans sa particulerité. 4) Le caloul des prédicats est un systéme de représentations ¥ Btant données les reconmandations des experts de 1'UNESCO rappelées dens notre introduction, on peut se demander si le Calcul des Prédicats n'est pas un "bon" syst®me de représentations des langues. Effectivement, de nombreux Linguistes 1'utilisent pour déerire certains phénoménes (y compris N. Chomsky dans 1a composante qu'il eppelle "forme logique"). Or, on peut argumenter que néme pour une langue & tradition grammaticale comme le frangais il est fon- ci@renent inadéquat. On comprendra 48s lors que son utilisation pour le description et 1'enseignenent de langues qui n'ont pas cette tradition peut paraitre dengerouse d’autent plus que le "Calcul des Prédicats" a émergé & partir de l/anelyse des langues indo-européennes (grec ancien, le frangais,allemand, anglais). in, Les informaticiens, notamment en "Intelligeuce Artificielle", utilisent souvent directement le Calcul des Prédicats comme systéme de repré- sentations. Or le question fondamentale :"le Calcul des Prédicats est-il un "bon" syst@me de représentations des langues?" est rarement prise en considération par les linguistes qui utilisent de plus en plus ce mode de représentations. “Nous allons montrer de fagon succincte, que le Calcul des Prédicats est fondamentaiement et pratiquement inedéquat & 1a représentation des langues naturelles. Plusieurs raisons rendent, par principe, inadéquat Je Calcul: des prédicats classique : 65. 1°) de par sa construction, il exclut toute plurivocité inhérente & une communication au moyen d'une langue naturelle 5 2°) i2 ne rend Egelement pas compte des reletions pragmatiques, sous-jacentes & tout acte d'énosciation, entre le sujet énonciatcur et son co-énonciateur 5 or, ces relations sont fondanentales et constitutives de toute l'activité Jangagidre 5 3°) les modéles cl donne du Calcul des prédicats lorsque ce langage est utilisé pour représenter une langue naturelle, sont des modBies référentiels qui se voudraient objec iques (sous forme de relations et d'ensembles) que l'on tifs, neutres et indépendants des utilisateurs du langage ; WS) le Calcul des prédicats est tel que toutes ses propositions sont soit vraies, soit fausses, mais les énoncés d'une langue naturelle ne sont pas Snoncés nodalisés...) nécessairement vrais ou faux, certains énoncés (question: ne sont ni vrais, ni faux. Ces raisons font du Calcul des prédicats un "mau- vais" systéne de représentations nétalinguistiques, dont on ne peut pas mesurer exactement le degré d’approximation puisque l'on ne traite pas par ce systame de représentations des propriétés intéressantes et spécifiques eux langues naturelles. Cele n'interdit pas, bien entendu, que, pour des applications finalisées et bien délimitées, on puisse utiliser le Calcul des Prédicats comme syst@me de représentations répondant aux objectifs attendus. Aux raisons préeSdentes, ajoutons~en une autre. Depuis C. Morris et R. Carnep, on a coutume de distinguer entre syntaxe, sémantique et pragmatique, ces trois composantes tant rendues autonomes, d'une part, et higrarchisées, a'autre part. La sémantique interpréte ce que 1e syntaxe a déj2 assemblé ; Le pragmatique ajuste 1'interprétation & 1'usage que l'on veut faire du lan- gage. Rien ne prouve cependant qu'une langue naturelle soit descriptible ces trois composantes hiérarchisées et autonones. Rien ne permet de ramener a priori 1e description d'une langue & une description uniquement syntaxique, puis sémantique et enfin pragmatique. Beaucoup de linguistes, aprés avoir proclané l'autonomie de 1a syntaxe et s'@tre astreints 2 1a rigueur d'une description qui refusait tout recours au sens, se sont réfugiés dans le paradis Ge le sémantique mais ce paredis est vite devenu pour eux un "paradis perdu" et ils esprent traiter dans une vague composante tout ce que l'on n'a pas traité ailleurs. I1 en résulte, & notre Epoque actuelle, un abus du terme "pragnstique" en linguistique (citons par exemple le titre d'un récent exposé : antique des Gnoneés et pragmstique de 1'énonciation” qui pour nous : ou gnifications, 1'exposé 1ui-méme ne signifie rien ou est trop chargé de 66. nayant pas réussi 8 lever 1'ambiguité), On sait que A. Tarski excluait le possibilité a’étendre aux langues naturelles se définition de 1a vérité et, malgré son avis, se sont développés des définitions de 1a sémantique (appli- quées @ l'analyse des langues) qui se réclanent explicitement de 1'autorité de Tarski, sans remarquer que le raison du refus de l'extension est non pas une raison de prudence mais une raison de principe : "Nous ne pouvons indiquer structurelenent quelles expressions éu langage naturel sont des propositions, et encore moins celles parmi les propositions qui sont vécues". Quant aux raisons pratiques d'inadéquation, i1 feudrait accumler une liste d'exemples trés divers qui montreraient que, en utilisant le Calcul des prédicats, on prend position sur : 1°) Ja valeur d'un Snoneé en sélectionnant une valeur parmi d'autres possibles ; 2°) en sssimilent cette veleur & "la" valeur de vérité de 1'énoncé, en suppo- sant que "la" valeur de vérité d'un énoncé est sa valeur référentielle ; 3°) en assimilemt toute relation de perephrase & une relation qui laisserait invariante le valeur de vérité (selva veritate). La mise en oeuvre pratique d'une représentation, par une formule du Calcul des prédicats, pose de redou- tables piages qui ne rendent pas cette représentation reproductible par tout vn chacun, avec les mémes succés et résultats. Prenons un exemple trés simple ; Comparons les quatre énoncés : (1) Les hommes sont savants (2) Tous les hommes sont savants (3) Les hommes ne sont pas savants. (4) Tous les hommes ne sont pas savante L'opposition entre (1) et (2) d'une part, (3) et (ls) a'autre part, est une alternance formelle les/tous les. Donnons une représentation dans le Calcul des Prédicate. (1) et (2) se traduisent par 1s méme forme + Cy x [ (x) my s(x)] od x est une variable astreinte & un ensemble d'individus spécifiés par le contexte mais gui contient L'extension des deux prédicats unaires H (.) et 5G) ot. Par contre si (4) se traduit sans probléme par : CTY [Hd => stxi]} il n'en est pas de méme de (3). En effet, (3) accepte deux traductions : d'une part, (3')% (4!) et on explique alors 1'équivalence formelle entre les et tous les ; d'autre part, 1a formule : G3") vex [alx) => 18(x)] En effet, on adnet spontanément 1'énoneé suivant : (5) Les hommes sont ignorants comme étant équivalent & (3). Traduisons maintenant (5) par (5°) Vix [H(x) =>-T8(x)] On voit alors que (3) et (4) ne sont pas Squivalents. Get exercice montre donc que la régle de traduction de les par le quantificateur universel est complexe et soumise au contexte (présence ou absence de 1a négation). De plus, un énoncé n'admet pas une seule représentation mais en général plusieurs. Prenons : (0) Les mathématiciens qui sont intelligents sont pédants il est difficile de déterminer si la relative est déterminative ou expliciative. Des logiciens donneraient deux représentations & cet Gnoncé : CDV x[lmx) Wx) => PCe)) (2) xx) > 1x)) A Ox) => P(x] ol (1) représenterait 1e valeur déterminetive et (2) 1a valeur explicative. Diautres logiciens proposeraient pour le méme Enoncé, les deux représentations: (3) Vox DQx) A Tx)) => P(x)] @) vx Died ae 00 A POD et L'on peut encore imaginer des représentations différentes. Retraduisons en frengais les formes (1), (2), (3) et (4), on obtient alors : (3") =(1") Tous ceux gui sont mathématiciens et intelligents sont pédents ou: Les mathématiciens intelligents sont pédents (2") Tous i ithématiciens sont i et les mathématiciens sont pédants ou mieux : iciens sont intelligents et les sticiens sont _pédants 68. (4) Tous ceux qui sont mathématiciens sont intelligents et pédants ; ou mieux : Les mathématiciens sont intelligents et pédents Nous pourrions accumuler les exemples. Ils montreraient 1'inadéqua~ tion pratique du mode de représentations des énoncés par formules du Calcul des prédicats, et son caractére résolument arbitraire (pour s'en convaincre, il suffit de transcrire un énoncé E en une formule q(E), puis ensuite, de faire traduire (E) en un noncé E' : souvent E et E' ne sont pas ressentis comme Squivalents). Cette inadéquetion fondamentale et pratique se comprend bien lorsque Lon se rappelle que le Calcul des Prédicats fut construit (par G. Frege puis perfectionné par Kleene, A. Church, W.0. Quine 2 1a suite de B. Russell) pour rendre compte du fonctionnenent du langage mathématique et, par extension, des langages formalisés, comme l'envisageait A. Tarski. Que par une extension wltime on utilise ce mode de représentation pour analyser le langage scienti- figque, cela peut se concevoir puisqu'un tel langage présente des conditions a'nonciation trés particuliéres : le sujet énonciateur tend & s'effacer en cherchant & constituer un référentiel univoque, objectif et transmissible accorderont de 1a née mani@re tous les auditeurs ; chaque sur lesquels Snoneé (ou proposition scientifique, le terme propositions a un sens ici) est um noneé trés souvent générique (Jes triangles ont trois angles ) atemporel et en général non modalisé ; on ne rencontre pas des définitions scientifiques et des lois ou propositions qui seraient de 1a forme : il est Bossible (ou il se peut que) telle figure ait telle ou telle propriété saur si elles sont énoncées selon un mode conjecturel,heuristique, ou exploratoire. On s'est laissé illusionrer sur le caract@re sinon adéquat, du moins ‘epproximatif ("commengons par 12 puis nous perfectionnerons par 1a suite") du Calcul des Prédicats par le fait que G. Frege, puis W.0. Quine,puis ensuite tous les manuels de logique ont pris, pour faire comprendre les distinctions & Gtablir et 1es constructions & effectuer, des exemples en langue nsturelle Sclairant parfois, il est vraisle fonctionnement des langues d'un point de vue nouveau et pertinent. Selon nous, le Calcul des Prédicets n'est pes un cas particulier a'un systme de représentations métalinguistique adéquat sux représentations des langues, i1 se présente comme un cas déptnéré d'ol sa simplicité et son extréme efficacité limitée cependant par la validité de son domaine a'appli- cation. 69. Nous pourrions citer maintenant d'autres approches "logique 1'étude des langues naturelles,notament les approches "21a Montague" mais pour nous serions entrainés dans des considérations trop techniques et hors de notre propos. Ces syst@mes de représentations font appel & la théorie des mod@les et aux logiques dites "intensionnelles". 5) Les systimes de représentations énonciatifs font intervenir certaines Dans 1a plupart des moles linguistiques, seul le produit langagier est anelysé et non le production langagi@re. En intégrant, dans le mod@le et les systémes de représentations associés, les paranBtres relatifs aux sujets énonciateurs, une certaine analyse des opérations constitutives a'énoncés peut @tre effectuée. Une telle analyse n'a aucun sens pour N. Chomsky en vertu de 1'hypoth®se fondamentale "il existe un sujet universel id6al et invariant par rapport eux manifes~ ‘tations linguistiques qu'il produit. Ce sujet est le témoin objectif de a langue". 12 est donc inutile, pour lui, a’inclure (dans le mod@le de descrip- tion) le sujet puisqu'il intervient toujours, par hypothése méthodologique, de fagon constante. Cette hypothése est directement correlée & 1'hypothase qui oppose 1a compétence & 1e performance. La compétence doit en effet refléter les productions du sujet idéal. E. Benveniste a, de son cété, introduit de fagon non formelle, les conditions d'énonciation qui jouent un réle fondamental dans toute description d'énoncé. I1 est possible de reprendre ces intuitions et de construire des systémes de représentations fornelles ol 1'on va prendre en charge, dés leurs fondements,les relations pragmatiques inter-sujets et les relations dérivée: Essayons de présenter schématiquement ces systémes de reyrésentations néta- Linguistiques (S Ry) (que nous avons quslifiés 4'énoncistifs,)que notre équipe de recherche construit actuellement. Cette position permet de mieux poser les repports entre les eysténes nétalinguistiques (résultats de 1s construction du linguiste) et les systénes 1g en jeu dans la représentation mételinguistique cognitife : les opérations mi: 70. ont-elles un statut cognitif pertinent ? Peut-on dégager dans le systéme n&talinguistique des sous-systémes @'opérations qui éclaireraient les méca~ nismes d'acquisition du systéme global 7 Dans 1a perspective de 1'énonciation on s'intéresse non seulement au texte produit mais aussi @ 1a production du texte par un Snonciateur (resp. & sa compréhension) : quels sont les nécanisnes (enchatnements a! opé- rations) qui sont mis en jeu par un sujet €nonciateur qui produit/comprend un texte ? Peut-on décrire et représenter formellement - done métalinguis~ tiquement - ces opérations ? Quelles sont les contraintes qui restreignent les enchainenents des opérations ? Le terme du "sujet énonciateur” employé ci-dessous est un terme technique et qui n'a aucune portée psychologisante, il ne se confond pas avec 1'EGO ou le SUJET psychenalytique. Son introduction dans le (S.R.p) se fait sous forme d'un paramétre métalinguistique indépendant de tel ou tel énonciateur concret (rappelons que nous nous intéressons & Linvariance structurelle et opératoire par rapport & le diversité des pro~ auctions linguistiques individuelles). Si nous substituons au paramatre métalinguistique - qui peut @tre considéré comme un genre de varieble formelle - une constante d'individu, nous obtenons une réalisation d'énonciation con- créte. Ce changement de point de vue permet de donner raisonnablement un fondement théorique & le socio-linguistique et aux processus d'acquisition du langage en articulant, a'un c6té, ce qui est du domaine du généralisable et de l'invariance et, de l'autre, ce qui reste spécifique @ un groupe, & une. tranche d'age, voire & un unique individu d'une époque déterminée. On it que W. Labov e reproché, a partir d'études empiriques minutieuses et nonbreuses, & Chomsky de séparer 1a compétence de 1a performance. Or, nous Lavons dit, 1a compétence suppote 1'existence d'un sujet omicompétent, universel et finalement fictif. Nous nous plagons dans le cadre d'une théorie de 1'énonciation (telle du moins qu'elle a été esquissée par R. Jakobson, E. Benveniste, et aéveloppSe systématiquement et formellement par A. Culioli et son équipe). Selon cette perspective, un Snoncé (et nonune phrase !) est le produit d'un agencement d'opérations énonciatives et prédicatives qui font intervenir certains "paramétres énonciatifs" et divers opérateurs. La mise en place de ces paramétres et opSrateurs doit étre faite & la suite d'une argumentation et d'observations diversifiées. La (pseudo-)définition d'énoncé donnée plus haut, essentiellement théorique, doit étre relife, pour étre validée, & une définition m1. ige & 1a pratique méme de 1'observation. Dans divers articles, nous avons 4&ja présenté quelques pas 4'argu- mentation justifiant 1'introduction des paramétres Enonciatifs proposés par A. Culioli comme éléments constitutifs & toute théorie de 1'énonciation. Nous allons en rappeler briévement 1a définition. + 8, désigne le param8tre du SUJET ENONCIATEUR “origine" qui intervient dans toute représentation d'énoncé : chaque 6noncé est produit par un sujet énon- ciateur. + T, désigne le param&tre des INDEX SPATIO-TEMPORELS & l'origine de tout acte a'€nonciation. En particulier, T, sere utilisé pour désigner le "point de jon et appelé, par abus de langage, "moment repére" origine de 1'€nonci 4'énonciation" +++ Sit (S., 7.) d8signe 1a "SITUATION D'ENONCIATION ORIGINE" qui e pour arguments S, et T, : c'est la situation fondamentale sous-jacente @ toute Production d'énoncé par §, en T,. La situation Sit ($,, 7) est un objet (nétalinguistique) construit & partir du "point référentiel" (8,, T,) en faisant agir 1'opérateur bineire Sit sur ce couple. Liintroduction dans le syst@me de représentations métalinguistique des paranttres 5, T,, Sit (8,74) rend possible 1a construction nételingui tique aun espace énonciatif, 1'espace des valeurs attachées aux énoncés d'une langue, dont 1'origine est aéterminge per le point référentiel origine (s,,,) - Cet espace énonciatif n'est pas donné une fois pour toutes. Il est engendré par chaque acte 4'énonciation ol chaque utilisateur d'une langue naturelle "construit" par son énonciation son propre référentiel spatial et tempore) (appelé systéme référentiel) :celui-ci n'est cependant pas cbjec- tivisé, universel, extérieur et indfpendant de tout uti: yur comme c'est Je cas pour les mod@les ensemblistes du Calcul des prédicats. L'espace énon- ciatif d'une énonciation particuliare prend appui sur le systéme référentiel Propre & chaque utilisateur et sur lequei devra s'ajuster tout co-énonciateur. Dans l'espace énonciatif 1e valeur (et 1a signification) d'un énoncé E est déterminée & partir de 1s valeur référentielle de 1'énoncé, cette valeur réré- rentielle étant définie dans le systéne rérérentiel engendré par celui qui produit 1'€noncé E et qui met ainsi en action le langue naturelle pour pro- @uire et exprimer son énoncé. Cette valeur est aéterminable par une fonction qui produit 1a valeur finele de E 8 partir de sa valeur référentielle. Chaque valeur réf€rentielle est elle-inéme donnée par une autre fonction qui associe Rete ees 1. & chaque point rérérentiel un état du systéme référentiel. La valeur est done produite & partir du systéme référentiel en effectuant 1es opérations qui occurrent dans 1a formule représentative de 1'Enoncé. Chaque point référentiel du systéne référentiel est inserit dans un réseau structuré de repfrage qui est engenaré 2 l'aide d'un opérateur abstrait Git de repérage et noté €. Cet opérateur € (unaire) permet de constituer une relation binaire, Gite de repérage : X étant un objet quelconque, l'opérateur € , ayant pour opérande X, aétermine un unique objet Y qui sert de repére pour X qui ainsi devient repéré, d'od l'occurrence de 1a relation qui se lit l'objet xX est repéré par rapport & Y. En fait, est un archi-opérateur de repérage au sens od € est le représentant abstrait de plusieurs opérateurs plus spécifiques : les valeurs de l'archi-opérateur © . On distingue trois valeurs primitives ou trois opérateurs fondamentaux : a) Lopérateur d'identification = qui permet d'identifier un objet X @ un objet ¥ et donc de construire une relation binaire qui est réflexive et symé- trigue 5 b) opéreteur de différenciation ¢ qui permet de différencier X de ¥ et de construire une relation essentiellement dissymétrique ; c) L'opérateur dit de rupture w qui permet de poser une rupture entre X et Y et cette valeur est constitutive d'une relation non réflexive et synétrique. Ala valeur d'identification, on peut rattacher les relations de ressenblence, 4'équivalence, d'égalité et d'identité. A le valeur de aifféren- ciation, on peut rattacher les valeurs d'inclusion, d'eppartenance, de loca- lisation et de partie au tout. On entrevoit donc comment les valeurs attribuées @ 1a copule est par G. Frege deviennent des cas particuliers de 1'identifica~ particuliers du schéma abstrait tion et de le différencietion et done des du repérage. Clest du reste en analysant le fonctionnement des langues natu- relles que A. Culioli o 6t6 amené 2 proposer le achéma abstrait du repérage et larchi-opérateur € dont on peut actuellement entreprendre de. faire une présentation mathématique. B. La troisigme valeur de rupture intervient dans les phénonines de négation, et dans 1a constitution des catégories grameticeles. ces trois opérateurs permettent d’envisager divers systémes elgé- briques qui, selon la nature des objets sur lesquels ils opérent et l'inter~/ prétation précise que 1'on donne aux opérateurs, ont des structures assez remarquables qui apparaissent dans la description des catégories grammati- cales (personnes, temps et aspect par exemple). Le réseau de repérage est congu comme un syst&ne centré sur une origine <§,,7,>. Chaque point réfé- rentiel <;,7;> est repéré par rapport & ses voisins < 8;_,,T;_ valeur du repérage { =, #, wh. Le systéme référentiel est alors un ensemble structuré d'états engendré & partir de 1'état initial é8fini par 1'origine > Par une - Nous avons introduit le terme de valeur référentielle. Peut-on mieux le caractériser 7 Il feut, pour cela, reprendre le probléme général de le représentation des données linguistiques. Si l'on définit une grammaire comme un syst@me de ragles de correspondance entre un sens (signifié) assignable & chaque forme (signifiant), l'objectif reste trop vague et le probléme apperaft come mal posé. En effet, 1a correspondance, néme & 1'intérieur d'une seule langue, n'est pas steble : une forme renvoie en général & plusieurs sens, milebles entre elles & un méme sens est exprimable par plusieurs formes a: un certain niveau @'approximation ; c'est le probléme du polymorphisme 4! un néne sens, et de la multiveleur d'une méme forme. I1 est donc nécessaire de représenter non pas les types mais les occurrences (relstivement & des para~ matres bien entendu). L'objet empirique le plus directement observable et reletivement complet du point de vue de 1'interprétation, est semble-t-il, 1'Enoneé auguel doit correspondre une formule représentative significative. Une premifre représentation de E est fournie par une chafne syntag- matique r,(B) composée de symboles qui désignent des classes syntexiques ; on cherche & étudier comment est organisé 1'agencement taxinomique de 1'énoncé produit et d&coupé en représentants de classes 4’€quivalence. Une seconde représentation de E est obtenue par une formule méte- Linguistique $(£) qui, doit représenter une partie de le signification de certaines classes grameticales : on cherche alors & étudier comment s'orga~ nise un 6noncé manifesté au moyen des opérations prédicatives et énonciatives. The La premire représentation fait appel @ un systéme de représentations classificatoires (S.R.c.), la seconde utilise un syst@me de représentations nétalinguistiques (S.R.u) of 1'on vise & noter par 1'écriture 1a signification conceptuelle des catégories gremmaticales ; un tel (S.R.u) est done tout & fait comparable & la “Begriffaschrift" de G. Frege, qui, elle, cherchait & stadapter @ 1a description d'un calcul "logique". Notre "idSographie" concerne L'appréhension opératoire des concepts sous-jacents aux catégories grannati- cales, que l'on pourrait manipuler par des calculs qui ne fereient appel & aucune spécification intuitive. On sait que tout systéme formel peut étre présenté syntexiquement ou sémantiquement. La sémantique d'un syst@me formel est donné sous forme de ragles interprétatives. Les formules significatives sont interprétées dans un autre systéme formel dont on est censé mieux connaitre les propriétés Parce que l'on juge ce syst®me plus fondamental ou plus intuitir. Le syaténe de représentations mételinguistiques (S-R.u) de nature logico-algébrique est alors interprété formellement dens un autre systéme de nature géonétrique (1a topologie est une forme de géonstrie trés é1émentaire) & Je source d'un langage plus accessible et plus intuitif et qui doit mieux faire apparaftre le nature topologique de certains marqueurs linguistiqu On construit ainsi un "mod&le" (au sens donné & ce terme par la logique) du nétalangage y L de description composé des seules formules significatives et done représentatives des énoncés d'une langue. Nous avons le tableau récapitulatif suivant : observables | représentations classificatoires représentations nétalinguistiques g(E) formule du métalangage yL interprétation formelle i(@(E)) valeur référentielle du systéme référentiel of 1s représentation métalinguistique @ (E) de E, est constituée par des 5. opérateurs et des opérandes qui engendrent des opérations qui, étant effectuées dans l'ordre compatible avec 1s représentation y (B), serviront & déterminer 1a (ou les) valeur(s) de 1’espace énonciatif. Chaque systéme des représentations métalinguistiques $.R.u nonciatif conduit & des opérations algébriques par lesquelles on représente le construc~ tion opérative d'un énoncé. La valeur référentielle de 1'énoncé est décrite dans un systéme référentiel de nature géonétrique qui représente 1a valeur figurale que l'on associe & 1'énoncé et qui est construite par 1’enchafnement des opérations constitutives de E . 6) Catégories grammaticales - Problames de leurs constructions - Tl y a un reproche fondamental que l'on peut faire & de nombreuses théories linguistiques contemporaines : elles ne tiennent pas compte du pro~ blme fondamental des catégories : coment sont-elles construites ? Sont-elles invariantes par rapport aux langues ? Conment un enfant, sur le plan génétique, acquiert-il "ses" catégories grammaticales 7 Ainsi, N. Chomsky reprend les “nom, "verde", "adjectif” ou définit catégories traditionnelles du discours celles-ci uniquement par des traits (déterminants, actions, procés...) supposés invariants et,de nature, fondamentalement distributionnels. I1 en est de méme de nonbreux Linguistes uctuels (Harris, par exemple, 1'école logiciste "2 la Montague", le sémantique générative ou interprétative...). Des Linguistes comme J. Kuryfovicz, B, Benveniste ou méme G. Guilloume, se sont penchés sur L'étude des catégories grammaticales et de leurs constitutions. D&ja J. Vendry’s voulait que l'on distingue nettement une catégorie gramaticale des classes syntaxiques. Si l'on veut rechercher les invariants fondamentaux du langege, il devient nécessaire de décrire et de construire chaque catégorie gramati- cale en distinguant d'un cété, une catégorie linguistique et, de l'autre, une eatégorie gramaticale. Cette derni@re apparaft conme un syst@me complexe 8 qui met en correspondence deux autres systémes : 1°) un systdme S, composé d’opSrateurs et d!opérandes. Ces opérateurs sont agencés, au moyen de régles, en formules telles que si l'on effectue les opérations induites par ces formules, on constitue les valeurs de 1e catégorie. 2°) un systéme S,, ¢2 nature classificatoire composé de clesses syntaxiques des objets empiriques que sont les marqueurs morpho-syntaxiques, et qui sont les traces repérables dans le texte des opérateurs et opérandes du premier systéme Sy 16. Nous allons introduire quelques définitions qui permettraient a'étudier plus précisénent Je probiéme du transfert des catégories. Probléme de la cons. ,uction d'une catégorie grammaticale. Introduisons quelques précisions terminologiques sous forme de aéfinitions. Une CATEGORIE LINGUISTIQUE ou DISTRIBUTIONNELLE est une classe d'équi- valence structurée par une ou plusieurs relations de préordre définie(s) sur Liensemble de ses sous~classes (sous-catégories). Une catégorie Linguistique apparaft alors comme le résultat d'une mise en oeuvre des procédures taxino- niques. Ainsi, la catégorie morphologique de l'aspect slave est manifestement une classe d'équivalence de formes repérables ; certaines de ces formes sont imperfectives, d'autres perfectives. En bulgere, par exemple, on distingue un imperfectif primaire conme Seti ("Lire").En frangais, l'organisation morphologique des temps constitue aussi une catégorie linguistique : le présent, 1'imparfait, le passé composé, le passé simple ... sont des cl a'équivalence de formes paradigmatiques. En arabe classique, on sait que 1e description grammaticale du systéme verbal Lire")et un inperfectif secondaire : protitam repose sur deux catégories linguistiques fondamentales : la catégorie m&gi- et celle du migrie ; ces catégories aspectuelles sont caractérisées @ l'aide de critéres morphologiques préci Une catégorie linguistique est généralement aésignée par un repré- sentant de le classe 4’équivalence (ou par un nom métalinguistique de 1a Langue ou par un, symbole métalinguistique externe & le langue). On qualifie une catégorie linguistique & l'aide de traite sémantiques classificatoires (conme : processus, Stat, borné, enroulé, ponctuel ...) présentés sous forme de listes d'étiquettes. Donnons un exemple.‘ la véritable nature sémautique de 1a corrélation slave pezfectit/imperfectif est fort mal connue. Pour certains slavisents, cette corrélation est considérée come Squipollents au sens de N. Troubetzkoy) : chacun des deux membres est marqué par des traits sémantiques différents. Selon Jv. S. Maslov, le corrélation est aéfinie come privative : le perfectif : 1. se présente comne marqué par le trait "totalité de action", ce trait peut @tre ou ne pas atre présent dans 1'imperfectif. Le linguinte bulgare 8. Ivangev de son cété, consid&re que 1'opposition perfectif/inperfectif se compose de deux oppositions homonymiques : 1a forme perfective conserve dans tous ses emplois 1a valeur sémantique "complexité/non-processus" ; les formes imperfectives (dérivées ou secondaires) ont deux valeurs : l'une est carac- térisée par le trait sémantique "c mplexité/non-processus", elle a un emploi non-actuel (comme c'est le cas avec le perfectif) et se trouve dans une corré- lation dite privative avec le perfectif qui est, par ailleurs, le membre non marqué ; l'autre est caractérisée par le trait sémantique “non-complexité/ processus" ; elle a un emploi actuel (comme c'est le cas avec 1'imperfectif primitif qui, entre autres valeurs, a la ve'eur fondamentale : le présent actuel) et se présente conne le membre d'une corrélation définie comme équipollente. On sait qu'une catégorie linguistique d'une langue n'a pas un corres- pondant associé de fagon biunivoque ou méme fonctionnelle dans une autre langue. IL s'agit par conséquent d'en tirer toutes les conséquences qui s'imposent et de rechercher les éventuels invariants conceptuels constituants des diverses catégories linguistiques. I1 est en particulier dangereux de mélanger les terminologies, ou encore de mettre en évidence une opposition morphologique qui fonctionne assez bien dans une langue, de lui attribuer ensuite un signifié conceptuel hypothétique (mais que l'on ne précise pas) puis de transférer cette opposition dans une autre langue méme si l'on déclare, & juste titre, Que chaque opposition reste spécifigue & chaque langue. Donnons un exemple trés simple. Onsait bien que le perfectif slave "ne se rend pas" par un pass¢ composé frangais,car ceci laisserait entendre qu'il y @ correspondance automatique entre cen deux catégories linguistiques. Cette sorte de stebilité n'est Svidement pas “attestée.. En russe, nous avons : (r) On napi8et pis'mo que l'on doit évidenment traduire par Il écrira une (1a) lettre et non par : Ia écrit une (1e) lettre ; de néne : (r) Ja vySiju vam knigu (je vous expédierai un livre). Cette occurrence de perfectif a le valeur de "présent-futur-perfectif" qui "sur fond se rap- portant au présent, évoque une action future considérée comme un tout achevé. Ce sera un futur simple ou un futur passé suivant le contexte (...)". A llintérieur des langues slaves, les oppositions imperfectif/ perfectif ne sont peut-étre pas équivalentes entre elles. I1 est bien connu 78. que, en russe comme en bulgare, on peut avoir deux imperfectifs : un imper- fectif, primaire et un imperfectif, secondaire qui s'opposent i un néme perfectif : piSa/napis: ‘a/ (en Bulgare) (vg) Znaje de pide : Je sais écrire (bg) Napisvam pismoto i idvam: Je finis la lettre et je viens (vg) Ste napiSa pismo : J’écrirai une lettre Mais i1 n'est pas sir que 1'imperfectif, secondnire du russe ait des emplois dans le langue parlée aussi naturels et fréquents qu'en bulgare. La correspondance entre catégories du bulgare et du francais n'est pas simple: Prenons par exemple : (1) Jean_a conduit la voiture pendant deux heures (2) Jean a conduit 1a voiture en deux heures jusqu'au garage (vg) (1") Ivan ker’ (imp) kolate v prodai¥enie na dva case (vg) (2") Ivan zakara (perfectif) kolate do arava za dva casa alors que (3) Jean it le ure est compatible avec des équivalents russes (ou bulgares) perfectifs ou imperfectifs. Ceci prouve que le passé ond composé francais ne se traduit pas systématiquenent par un perfectif bulgare. Quant & 1'imperfectif, secondaire, il se rendre souvent par le passé simple, ce qui montre que 1'imperfectif n Limparfait ou le présent. Pas automatiquement pour correspondent Les difficultés évoquées ci-dessus indiquent qu'il est bien difficile de se servir de systmes de représentations seulement classificatoires lorsque i’en veut, dans une analyse contrastive per exemple, comparer les catégorie: de plusieurs langues ainsi que les mécanismes de transfert des catégories gremmsticales qui interviennent en traduction, automatique ou non. Nous avons recours & des systémes de représentations plu abstraits qui, d'une part, seront mis en relation avec des systames de représentations classificatoires et, d’autre pert, seront utilisés pour formiler les (éven- tuels) invariants €1émentaires qui se combinent pour fonder les notions gram- maticales. Nous distinguons alors explicitement deux types de catégories : Jes catégories linguistiques et les catégories granmaticale: Une CATEGORIE GRAMMATICALE est un syst@me de correspondance entre 1°) un systéme de notions gremmaticales (qui représentent des valeurs), et 2°) un systéme de marqueurs ‘morpho-syntaxiques repérables dans des textes * Ceci reprend certains développements antérieurs, en les précisant. 19. dont les segments sont eux-mémes catégorisés dans des classes linguistiques. Les notions d'aspectualité, de modalité, de le temporalité, de ia aétermination sont reliées aux classes 4'équivalence de formes linguistiques de L'aspect (morphologique), des modes, des temps ("tenses"), des détermi- nants d'une langue. Une NOTION GRAMMATICALE est construite @ l'aide de notions €1émen- taires qui sont les opérandes a'opérateurs abstraits. Une catégorie gramaticale done une valeur qui est la notion grammaticale obtenue en effectuant des opé- rations (associées aux opérateurs) dans un certain ordre et agissant sur les notions 61émentaires. Dans cette perspective, construire les notions grammaticales, et les catégories gramaticales, c rouver les opérateurs les plus 616mentaires ainsi que les opérandes 1es plus primitives. Ces opérateurs et opérandes sont alors & 1a source des opérations mises en jeu dans 1a constitution des valeurs. « Les catégories gramaticales sont mises en place par des procédures argumentatives alors qu'une cat€gorie linguistique est ,elle,le résultat de procédures taxinomique: Notre entreprise constructiviste apparaft come une tentative fonde- tionnelle of 1'on s'interroge sur le langage minimum et indispensable & toute définition et organisation des concepts les plus €lémentaires qu'utilisent en général les linguistes lorequ'ils veulent décrire le signification des catégories d'une langue. Le syst@me des notions gramaticales vise donc & noter et & représenter formellement ces significations. Nous visons done & perticiper & une purification du langage des linguistes ; celle-ci cherche & assigner une signification univoque et claire~ ment transmissible & chacum des termes comme per exemple dans le domaine aopectuel :"ponctuel", "continu", "révolu", "achevé", "réalisé", "accompli" "parfait", "valeur aoristique", "certain", "Stat résultent", "Stat borné", "processus", "conconitance", "aéplacement", "moment de 1'énoncistion", "aurée",... Ces termes interviennent obligatoirement dans toutes les discus- ions sur laspect et il n'est pas du tout sfir que les linguistes les emploient avec 1a méme valeur, d'od les dérapages qui troublent tous les débate. De plus, souvent, un méme linguiste opére, dans sa propre argumentation, un glissenent d'un terme vers un autre. 80. Le langage proposé pour le domaine aspectuel utilise des opérations topologi- ques ("ouverture", "fermeture", "coupure" notamment) et des opérateurs spéc: fiques & le théorie (identification, différenciation, rupture). Ces opérateurs et opérations sont @ la source d'un langage de représentations composé de ntervalles"), composés entre eux, Giegrames figuraux assez intuitife (des et que l'on utilise pour représenter les valeurs de certains marqueurs morpho-syntaxiques. Chaque diagramme (intervalle) est alors engendré & la suite de l'effectuation ordonnée d'un certain nombre d'opérations nétalinguis~ tiques insérées dans une forme (métalinguistique), elle-méme dérivée d'un schéma d'axiome au moyen de schémas de r8gle. Le diagramme n'est donc pas Je produit de 1'intuition qui mettrait en correspondance (comment ?) une ition (trés partielle valeur avec un schéma, mais le résultat d'une axionat: et encore provisoire) qui produit ces diagrammes en les agengant entre eux. Les intervalles sont associés (par des régles d'interprétation précises que nous ne développerons pas) & des formules manipulables automatiquement. 7) Typologie 42 quelques mod&les linguistiques - Nous voudrions présenter quelques crit@res qui devraient nous per~ mettre de dresser une typologie acs principaux modéles linguistiques actuels, congus come des systénes de représentations. Une langue naturelle LN est, nous 1'avons vu, un systéme de repré. sentations autonomes. Un mode de IN apparaSt comme un systéme de représen- ‘tations de LN homomorphe au systéme LN objet et le modéle met en évidence ou représente certaines propriétés caractéristiques du syatéme objet. Un modle est donc défini abstraitement par un ensemble de propriétés caractéristiques que poss@dent en commun une famille de systémes homonorphe: En général, on exprime un mod8le par des propriétés mathénatisables (relations, opérations, applications, fonctions). Etant donné un syst@ne S, objet & décrire, il peut done exister plusieurs modéles M; de 8, et il est possible de compacer entre eux les divers mod@les M, (recherches d'homonorphismes et a' isomorphii nes). Chaque modéle est un systéme qui formalise certaines propriétés car téristiques jugées ensentielles du systéme objet. Un modéle est un systéne gui est relatif 3 un autre systine. On ne consid@re done pas un modéle pour ‘lui-méme mais dans sa relation avec le systéme qu'il tend & représenter dans ses propriétés jugées essentielles. Une propriété P est dite compatible, si elle est une propriété (du systéne objet) qui est représentée par le modéle. a. Une propriété P est dite réelle si elle est une propriété (du systéme objet) qui est non représentée par les mod@les. Une propriété P est dite formelle si elle est une propriété (du modéle) qui ne représente aucune propriété du systéme objet. Un mod@le est parfait lorsque toute propriété du modéle représente une propriété du systéme objet (il n'existe donc pas de propriétés formelles). Un mod2le est complet lorsque toute propriété du systéme objet est représentée par une propriété du modéle (i1 n'existe done pas de propriétés réelles). . En général, un modéle est incomplet et imparfeit. Un modéle est adéquat pour un ensemble de propriétés déterminées lorsque le modéle est complet et parfait. Lorsque le modBle est un systme forme] on peut rechercher si le mod@le vérifie certaines propriétés métalogiques come : 1a consistance (ou non contradiction) : non existence de théorémes contra- dictoires 1a complétude : non existence de propositions qui ne soient ni démontrables, ni réfutables ; l'indépendance : non existence d'un axiome qui serait déductible des autres axiomes 5 + existence d'une procédure effective oui permet de d&cider si une proposition donnée est vraie ou non. Nous allons distinguer les propriétés spfcifiques au mod@le (ces Propriétés représentent en général des propriétés epScifiques du cystine Studié) des propriétés générales attribuables aux différents modéles. Les premigres sont constitutives du mod@le alors que les secondes sont des pro- priétés méta-théoriques par rapport aux modes. Considérons les propriétés nét les systémes de représentations et modéles : -théoriques suiventes, elles concernent 1) Le systime de description est une mételangue (donc interne & 1s langue aécrite) ou un métalangage (donc externe & le langue décrite) 2) Le systéme de représentations (S.R.) est uniquement classificatoire (au sens od nous 1'avons défini au paragraphe 8) ou non ; 3) Les catégories gramaticales sont des objets des systnes de représents~ tions (S.R.) construites & 1'intérieur du systéme de représentations (au moyen d'opérations spécifiques) ou bien les catégories grammaticales sont des classes d'équivalence (construites parfois par des procédures taxino- miques plus ou moins effectives) d'objets plus élémentsires ; les procédures e2. texinomiques sont tris souvent rendues externes par rapport au systéne de représentations (S.R.) ; dans ce dernier cas, on dit que les catégories ‘gramaticales sont taxinomique 4) Les syst@mes de représentations modélisent uniquement les relations prédicatives ou bien modélisent les relations prédicatives et Snonviatives ; 5) Les systémes de représentations sont uniquenent descriptifs ou bien visent & Gtre explicatite également ; 6) Les syst@mes de représentations sont orranisés en syst®mes formels (donc possédent des régies déductives) ou non ; 1) Le construction des systémes de représentations met explicitement en oeuvre l'articulation lengage-langues. Les trois premidres propriétés ont été assez bien définies aux peragraphes précSdents. Remarquons cependant que le premier critére n'est pes slectif du fait que tout systéme de description formel et externe @ un "statut Linguistique second” (voir 1e paragraphe 3 ci-dessus). Le quatriéne propriété qualifie les syst®mes de représentations qui mettent en jeu, au niveau du systéne de représentations lui-néne, les relations pragnatiques inter-sujets. Certains modBles articulent entre eux plusieurs systémes de représentations (les composantes du modéle) et traitent les relstions inter Sujets dans une composante pragmatique articulée (hiérai chiquement) avec les composantes syntaxique et sémantique. La cinquiéme propriété qualifie 1es syst@mes qui visent non seulement la description mais sussi 1'explication, es systdmes de représentations étant interprétés dans un champ théorique cohérent qui se déploie & partir de quelques principes et bypothéses expli- citement formulés. Dans certains cas, l'explication veut atteindre 1'activité langagiére elle-méme et toutes les opérations cognitives qui entrent en jeu dans toute production d'un énoneé. La sixiéme propriété concerne le mode de présentation du systéme de représentations. Remarquons que certains modéles sont directement présentéa sous forme d'un systéme formel déductif slors que @’autres sont présentés sous forme d'un modéle M auquel on peut associer assez directement un systéme forme! déductif équivalent. D'autres modéles ne sont pas, par nature déductifs, et ne peuvent pas étre présentés sous forne aun systine fornel. La septitme propriété qualifie le modéle, congu come un systme (hiérarchisé en général) composé de syste de représentations de divers nivesux, plutét que chaque systéme de représentations (ce n'est 6 puisque les constituents élémentaires du systéne cependant pas une néce: de représentations peuvent tre de nature langagiére). 83. Nous ellons qualifier par des traite positif (+) ou négatif (-) les propriétés métathoriques correspondantes aux oppositions envisagées : = + a) métalangue interne métalangue externe (2) syst@mes uniquement syst@me, non uniquement classificatoires classificatoires catégories grammaticales catégories grammaticales taxinomiques construites par des opérations modélisation des relations prédicatives uniquement mod@lisation des relations prédicatives et énonciatives systémes descriptifs systémes descriptifs a voca- uniquement. tion explicative et généralisante systémes de représentation systémes de représentations non formels formels déductifs non articulation théorisée entre langage et langues articulation théorisée entre langage et langues Présentons 1a typologie des modéles + grammaire"traditionnelle’ grammaire de Port Royal distributionnalisme nord- américain (Harris) structuralisme européen modéle extensionnel (Gross) analyse en chafne (Harris) mod8le syntagmatique (Chomky) modéle catégoriel (ar-Hillel) 14 1S 16 17 18 19 20 a 22 23 24 2s 26 27 28 1962 1968 . 1972 1965 1968 197 1972 1972 |: 1200 1960 1978 1970 197 1972 1972 1974 8h. systéme tranformationnel + / fnoyau + transformations” (Harris) report and paraphrase (llarris}}+/- opérateurs et opérandes + /- (Harris) Mod@le Standard (Chomsky) Mod21e Standard Etendu (Chomsky) Mod@le Sens-texte (el'duck) Mog@le applicationnel (Saumjan) Mod@le du langage-pivot pour traduction automatique (Vauquois) Mod@le de traitement concep-| + tuel en intelligence artifi- cielle (Shank) Mod@le sémantique procédural | + dans systémes de questions répons:s (Woods) Calcul des prédicats en Intelligence Artificielle (Colmerauer ) Grammaire Universelle (Montague, Partee) Modi Significandi Mod@le psycho-mécanique (Guillaume) Mod@1e sémantico-syntaxique (Pottier) Mod@Lle énonciatif (Benveniste) mod@le des invariants langagiers (Culioli) Mod@le des actes de langage (Searle) Mod&le sémantico-pragmati- que ‘(Ducrot) Mod@le des catastrophes (Thom) 85. Le trait w signifie que le couple de propriétés méta-théoriques est irrelevant. Le trait -/+ (resp. +/-) signifie que le couple de propriétés est attribuable et dépend de 1s présentation explicite que l'on fait du modéle. Chaque ligne du tableau typologique nécessiterait de trés longs commentaires qui justifiereient notre choix. Nous pensons cependant qu'un consensus traverserait les grandes structurations de le typologie des modéles per rapport aux critéres retenus. En particulier on remarquera que nos sept crit@res n'opposent pas explicitenent les mod@les structuraux aux mod@les générativistes (Chomsky, Saumjan, Mel' Suck). Les propriétés les plus discriminantes sont les propriétés (2),(3),(4) + ubitise-t-on des systénes uniquement classificatoires (sans “catégories cachée") 7 Les catégories gramaticales sont-elles construites explicitement & l'aide d'opérations é1énentaires ou bien sont-elles associées biunivoquement @ une classe d'objets équivalents entre eux ? Les relations énoncistives inter-sujets sont-elles intégrées au systéne de représentations ou renvoyées & une autre composante ? Nous allons trés rapidement commenter quelques-uns de nos choix. +1) et 2) : les catégories grannaticales dans les gramaires traditionuelles sont définies 4 la fois per des critéres formels et notionnels. Dans la Grammaire de Port Royal, une discussion essaie de fonder les principales catégories & partir de catégories plus primitives (nous pensons aux cas.par exemple, aux personnes ou sux pronoms). Le probléme lengage/langues n'est pas posé : on assimile trop vite 1a langue décrite au lengage ou née & le pensée (cf. par exemple "le langage et la pensée" de Brunct). +3) Le distributionnelione nord-anéricain se caractérise par un ensemble de Prescriptions que l'on peut appliquer & chaque langue sans prétendre @ aucune recherche 4!invariants. +4) Dans le structuralisne européen (Saussure, Troubetzkoy, Hjelmslev...) Hjelmslev se singularise lorsqu'il veut construire un mételangage de descrip- tion qui, dens certains cas, pourrait étre organisé en systéme formel (qu'on se reporte par exemple aux travaux de Bréndal) caractérisé par une structure algébrique. +5) M. Gross prétend que son mod@le pourrait avoir un réle explicatif pour acquisition par l'enfant, des structures syntaxiques. 86. +6) Lanalyse en chatne est présentable per une granmaire formelle de type €.8. (certaines r&gles sont contextuelles). +1) et 8) Les deux mod8les (Chomsky et Bar-Hillel) sont faibjement équivalents, on peut le démontrer formellement. Remarquons que dans les grammaires caté- gorielles, les catégories dérivées (verbe, adjectif, adverbe...) sont bien construites par une opération (qui opére sur les types) mais chaque catégorie reste biunivoquement associée & une classe d'équivalence d'objets empiriques (des morphines, des mots ou les syntagnes de mime catégorie syntaxique). Un opérateur catégorie] est directement identifié par sa trace textuelle qui le définit. On peut done dire, dans ce cas, que les catégories grammaticales sont construites directement par des procédures taxinomiques. +9), 10) et 11) La différence entre ces modéles est d'ordre technique. Le réle de la métalangue est toujours affirné mais, contreirement aux intentions de l'auteur, 1'articulation entre langves d&crites, systémes de représentations et métalangues n'est pas trés explicite. Il est possible de présenter (en partie au moins) les syst@mes transformationnels de Z. Harris. Ces systémes apparaissent toujours comme des dispositifs de description mettant en oeuvre des procédures transférables de langue 2 langue. +12) et 13) On pourrait s'étendre longuement sur la présentation des divers systémes de représentations articulés dans les moles chomskyens. Ces nodéles visent &@ expliquer l'activité langagiare de l'enfant qui construit sa gram- maire. Chomsky reprend les parties traditionnelles du discours (nom, verbe, adjectif...) et les catégories grammaticales (te aspects, auxiliaires, prépositions, cas...) sont intégrées sous forme d’étiquettes classificatoires acerochées @ un noeud de 1a structure arborescente classificatoire. -1h) Le Modaie "Sene-texte” de I.A. Mel'¥uck est congu pour modéliser les reletions paraphrastiques. Ii est articulé sur plusieurs niveaux avec une structure profonde sémantique représentable par un grephe. +15) Dans le Mod&le Applicationne! de Saunjan les catégories du génotype sont construites par une grammaire catégorielle. Des régles de correspondance associent aux objets catégorisés au génotype,des réalisations d'un phénotype particulier; il n'y a donc pas relation directe entre catégories au génotype et catégories des phénotypes. Les catégories gramaticales (as- pect par exemple,ou temps; ou détermination) sort trés peu anelysées, ce qui ne permet pas d'exaniner les problames cognitifs et ceux d’acquisition. Le génotype vise & "simuler" les propriétés essentielles du langage et & expli- quer son fonctionnement per des opérations génotypes invariantes' per rapport a Ln diversité. 87. +16), 17) 5 18) et 19) Ces moddies nécessiteraient de longs comentaires. Le modale de Shank effectue des aéductions par programnes et procédures mais niest pas présenté sous forme d'un systéne forme] déductif. Le langage pivot de Vauquois est un systime d'arbre de dpendance od en chaque noeud est assigné un vecteur d'étiquettes (catégories morphologique, syntaxique, séman- tique, relations casuelles, etc...) classificatoires. +20) Dans 1e Grammaire Universelle “& 1a Montague" on peut construire certaii catégories grammaticales (aspect, temps) mais on ne les représentent pas par un systéme d'opérations. En effet, le traitement de l'aspect ou du temps fait appel & un mod@le interprétatif (mod8le "A la Tarski") qui permet d'interpréter certaines représentations syntaxiques et donc de “rendre compte" seulement @ ce niveau des marqueurs grammaticaux. L'opposition langage/langues est peu articulée puisque l'on prend pour mod@le du langage ce qui est le modéle d'une langue décrite. Ce dernier point mériterait que nous l'approfondissions pour justifier notre position. +21) Lt€cole Terministe du Moyen Age représente une tentative historique pour construire les catégories grammaticales avec lesquelles on optre. Certes les techniques et les systémes de représentations sont trés différents de nos techniques mais les problémes abordés sont trés semblables & ceux qui sont posés & partir de 1'énonciation. +22) Le mod8le psycho-nécanique de G. Guillaume vise & expliquer les opérations mentales mises en jeu par 1'énonciateur. +23) Le modle de B. Pottier ne vise qu'd étre un modéle descriptif des langues. 11 est présenté souvent en termes intuitifs mais il serait sans doute possible de le présenter dans un langage formel et de mathématiser 1a plupart des opérations. +2h) E, Benveniste n'a pas présenté une théorie eysténatique. La lecture des diftérente articles permet d’en induire un "mod&le énonciatif" qui serait présenté en langue naturelle. 25) Pour &chapper aux piéges terminologiques, A. Culioli et son équipe cons- truisent des syatémes de représentations formels et chaque catégorie gramma~ ce qui permet d'envi- ticale est construite explicitement par des opération: sager des mod2les cognitifs articulés avec les modéles linguistiques. +26) et 27) Ces mod8ies sont organisés & l'aide de plusieurs composantes. .28) R. Thom n'articule pas les rapports langage/langues puisqu'i2 s'interroge directenent sur4éhgage mais ne montre pas ce qui est spécifique d'une langue et ce qui serait spécitique du langage. 88. CHAPITRE V ~ RECHERCHE D'OPERATIONS CONSTITUTIVES D'ENONCES SUR_UN PROBLEM — Ii n'est pas pensable de présenter ici les fondements théoriques et les systames de représentations que nous développons actuellement car une telle présentation efit vite dépassé les limites reisonnables d'un tel rapport consacré plutdt aux motivations qui justifient notre approche. Nous allons partir d'un probléme central et relativement exemplaire puisqu'il stagit de celui de 1a copule : "Stre et avoir et son expression Gans les langues". L'opposition atre/avoir est-elle invariante ou bien s'agit- il d'un phénoméne particulier & quelques langues et guére généralisable 7 Dans le série d'études The verb 'BE' and its synonyms (Foundations of Lan- gege Vol. I 8 6, D. Reidel Publishing Company, 1967, 1968), 1'invariance niapparaft pas trés clairement pour Jes raisons que le lecteur découvrira Par la suite et aussi parce que le projet est en fait peu clair : "Being" et "BE" est une notion Linguistique attachée & une langue ou & un groupe de langues particrlidree et ceci rend difficilement comparables les descriptions linguistiques des langues étudiées. Ainsi formulé, le probléne est mal posé. fn effet, peut-on parler a'une notion Stre/avoir et de son expression dans les langues sans leisser 't6t qu'il existe une valeur bien définie sous-jacente & cette notion ? Ceci a'est-il pas un exemple d'un glottocentrisme qui risque de ener considérablement les descriptions linguistiques, en les rendant ou myopes ou erronées ? Etre en tant que marqueur, est ambigu en francais. I1 s'agit done de rechercher les valeurs sous-jacentes & un tel marqueur, puis d'examiner comment ces valeurs sont exprinées dans telle ou telle langue. On sait qu'un grand logiciensG. Fregeya joug un réle important dans i'histoire de 1'étude de 1a copule puisqu'il a su distinguer plusieurs valeurs “classiques" de est Mai son étude est pertinente au point de vue de la logique car elle permet 4'éliminer certains sophisnes en distinguant 1'appartenance de 1 clusion, elle n'apparaft cependant pas comme une véritable description lin- guistique puisque, on le verra, les langues ne marquent pas 1'opposition entre appartenance et inclusion, mais elles indiquent, quand elles le font, une diffrence formelle, entre localisation et identification. or, G. Frege nia pas dégagé 1a valeur d'identification, se contentant de manipuler celle 89. d'identité, notion que les langues n'ont pas l'habitude d' xprimer naturel- lement. Cela montre bien que les distinctions fregéennes ne sont pas assez pertinentes pour le linguiste et que son analyse linguistique n'est pas encore assez précise et assez fine pour abstraire les valeurs les plus 616- mentaires et les plus invariantes. D’autres logiciens, dont S. Lesniewski, proposent, une autre analyse en multipliant les valeurs et il ne semble pes que les langues naturelles manifestent, de fagon générale, des distinctions aussi nombreuses. Si l'on veut "partir d'une définition mathématique aussi précise que possible", on s'apergoit que l'analyse des systémes linguistiques de diverses Langues indique que les systimes métalinguistiques (de Frege ou de LeSniewski) ne sont pas assez adéquats & le bonne représentation des phé- nomines évoqués. I1 n'est done pas possible d’utiliser tels quels les sys- tames de représentations externes "classiques" et a&j& constitués comme le langage des ensembles et le Calcul des Prédicats... puisque ces derniers sont hérités historiquenent des systénes de Frege (et des travaux de Cantor et R. Dedekind). 11 est done nécessaire de construire de nouveaux systénes métalinguistiques, de leur donner ensuite une forme mathématique pour mieux les définir et les contréler et enfin de s'en servir pour les valider et mieux mettre en évidence ce qu'il y aurait de généralisable et ce que les Langues regroupent ou distinguent nécessairement. Nous indiquerons alors les lin€aments d'une théorie du repérage od un opérateur abstrait (et Son dual 3) joue le réle d'un archiopérateur qui se réalisera en franca’ selon ses occurrences par est, comme, de... et prendra des valeurs plus ou moins spécifiques. ous verrons alors que 1a présence d'un tel opérateur abstrait est un véritable outil métalinguistique qui permettra de relier (en Mooré) de nombreux phénomBnes Gpars dans cette seule langue et de les relier & des phénoménes analogues dans d'autres langues. De plus, un tel opérateur, ou du moins les valeurs fondamentales qui lui sont sous-jacentes, est utilisable pour constituer les principales catégories grammaticales et pour expliquer l'agencenent précis des termes dans 1'énoncé, notamment le jeu des marqueurs anaphoriques et des thénatisations. Cet opérateur est en effet un élément essentiel des syst®nes nétalinguistiques énonciatifs que nous proposons et développons. 90. 1) Analyse de la copule par G. Frege Nous voudrions rappeler l'analyse, maintenant classique, de 1'ambi- guité du terme est. D/aprés les articles de G. Frege Begriff und Gegenstand et_Sinn und Bedeutung (1892) (traduit en francais respectivenent par "Concept et objet", jens et dénotation" par C. Inbert*) on reconnaft quatre valeurs assignables & est : 1) existence, 2) identification (G. Frege parle aiden tit), 3) appartenance, 4) inclusion. Examinons successivement ces quatre valeurs. eu existe). Cette valeur 1) est exprime Liexistence (Dieu est est, semble-t-il,trés primitive en Indo~européen mais n'a rien 8 voir, au moius en premiére approximation, avec 1a copule. En Indo-européen, le sens de “es serait "avoir, existence, se trouver en réalité". Le sens existentiel, typique de 1'Indo-européen, doit done étre distingué des autres valeurs, du moins dans une premiare tape 4" anelyse. 2) est exprime Liidentification. Dans Sinn und Bedeutung ,G. Frege ne distingue pas entre identité et identification ; pourtant cette distinction nous paraft fondamentale pour l'analyse des langues et du langage. Il s terroge, en effet, sur 1a différence entre les deux propositions «a = a »et < est interprétée au sens de “a est la méme chose que b>» ou «) pose bien entendu probléne. On sait que les distinctions entre sens (Sinn), dénotation (Bedeutung) , signe et représentation, ont été établies pour séparer Ka => >de «a= >»: "si a= b, la dénotation de b est bien Ja méne chose que celle de a, et 1a valeur de vérité de a = b est aussi la méme que celle de a= a. Toutefois, le sens de b peut tre différent du sens de a et par 18 1a pensée exprinfe dans a = b peut @tre différente de celle exprinée dans a = a (...) nous dirons encore que les jugements sont différents". Dire que 1'étoile du matin est Vénus "exprime 1'identité (ou 1'éga~ 1ité) de deux expressions” nous paraft cependant une analyse beaucoup trop rudimentaire car il s'agit bien ici d'une identification et non d'une identité. Remarquons que l'on a assez difficilement en francais, sauf pour des logiciens qui construisent des nétatextes ou pour des mauvais observateurs : 7Vénus Li€toiie au matin (plutét : Vénus, c'est 1'étoile du matin). Qu identifie, en fait, l'objet que désigne 1'étoile du matin avec l'objet que désigne Vénus, “G. Frege. Ecrits logiques et philosophiques, Seuil, 1972. 91. cette identification étant une opération qui est rendue par une expression Linguistique indépendamment dé toute référence extranlinguistique. Or Frege ne distingue pas toujours nettement entre "ce & quoi renvoie une expression", que nous avons proposé d'appeler valeur référentielle, et un référent_ex- terne (réel, imaginaire ou fictif, peu importe, pour les linguistes du moins). On sait que G. Frege, dont L'objectif était de fonder un langage mathé- matique (avec construction de la quantification), a aécidé - ceci étant Justifié par ses propres objectifs - d'attribuer une valeur de vérité & toute proposition et cette valeur de vérité "est" 1a dénotation de 1a propo- sition. Mais lorsque l'on veut aécrire les langues naturelles, cette d&cision parait inacceptable, car un énoncé “ne renvoie pas" & une valeur de vérité. Tl est done nécessaire de construire un systéme de valeurs référentielles articulé avec les systames de représentations nétalinguistiques. Le confusion entretenue par Frege entre ce & quoi renvoie un terme linguistique (opération qui est du ressort de l'analyse linguistique) et une référence externe est assez bien attestée dans ce passage " sans dénotation. Appartiennent & ce genre les propositions qui con~ ‘tiennent des noms propres sans dénotation. La proposition Ulysse fut déposé sur le sol a'Ithaque dans un profond sommeil évidenment un sens, mais il est douteux que le nom a'Ulysse qui y figure ait me aénotation ; 8 partir de quoi il est également douteux que 1e propo- +) il existe des parties de propositions pourvues d'un sens mais sition entire en ait une (...) le prédicat est affirmé ou nié de 1e @énotation de ce nom" (o.c. p. 108) [etest nous qui avons souligné). Dans le passage précédent - on pourrait en indiquer d'autres -, Frege identifie directement 1a dénotation du nom propre (Ulysse) avec son référent externe qui n'existe alors pas d8s que l'on considére Ulysse comme un person- nage mythique, imaginaire... Pour nous, toute expression linguistique catégorisée comme un nom propre a une valeur référentielle unique; quant & sa référence externe, c'est un autre probléme qui ferait appel, pour étre résolu, & des opérations aux- quelles s'intéresseront logiciens, philosophes et psychologues. Nous avons done été anenés, en analysant la valeur d' identification de la particule est, récuser 1a valeur "d'identité ou d'égalité" qu'on lui 92. attribue en général depuis G. Frege en distinguant entre : identification et identité, d'une part valeur référentielle et référent externe, d’autre part. Hous donnerons plus loin une définition formelle de 1'identification et une autre de 1'identité. Nous verrons ultérieurenent d'autres exemples of il sera nécessaire d'établir une telle différence. Si l'on n'optre pas ainsi, on risque vite d'étre conduit aux mauvaises discussions (pour les linguistes, du moins) relatives & le validité (7) du fameux exemple : L'actuel roi de France est chauve oi les logiciens (et les Philosophes) cherchent & savoir si, selon que le roi de France existe ou pas, il est 1égitime de 1ui attribuer 1a propriété "Stre chauve". On reconnaftra ici 1a cé1ébre discussion lancée par B. Russell, discussion qui fut reprise par P. Strawson entre autres. Or, répétons-le, les arguments et 1a probléma- tique avancés ne sont pas de l'ordre de la linguistique puisque 1'énonciation de L'actuel roi de France renvoie obligatoirement, vu le caractére défini marqué par 1"... de France, & "un individu unique éu systéme des valeurs réfé- rentielles". Nous allons revenir plus loin sur cette distinction. 3) est exprime 1'gppartenance (plus généralenent 1'attribution) d'un objet & un ensemble (ou une classe) ou, comme l'exprime G. Frege, "un objet tombe sous tel concept" : L'étoile du matin est une plandte signifie que 1 étoile du matin appartient & l'ensemble des objets auxquels on peut attribuer le concept de planéte. Remarquons que si l’on dit en francais : Jean est médecin, on dit plus difficilenent ?Jean est un médecin mais Jean est un bon médecin (ou encore Jean est un nédecin de famille) signifiant par 12 que Jean est un élément ce Lvensomble des bons nédecins, clest-a-dire de l'ensemble construit comme une partie de 1s classe des nédecins. 4) est exprime le "subordination d'un concept & un concept" ou 1!in~ clusion d'une classe dans une autre : les hommes sont _des mammiféres signifie suxquels on attribue le concept a’homme est incluse que 1a classe des objets dans celle des objets auxquels on attribue le concept de manmifére. Remarque : La distinction appartenance/inclusion a 6té ressentie par G. Frege et systématisée par Peano qui a proposé le signe d’appartenance € et le signe de l'inclusion © : 93. "Soit a une classe. Alors x@a représente 1a proposition singu- igre : «x est un individu de la classe a > ou «x est un a» . Le signe © est l'initiale du mot esti ... Si a et b sont des classes, on peut écrire b Ca pour indiquer 1a proposition «1a classe b contient le classe a> "(Notations de logique mathématique, 1894) R. Dedekind dans un inSdit (Gefehren der Systemlehre : "Dangers de la théorie des systimes" ; voir "Dedekind, eppartenance et inclusion", de M.A. Sinaceur Revue d'histoire des Sciences t. XXIV, n°3, 1971) @ lui aussi introduit une telle distinction pour séparer l'ensemble-unité de 1'unique €1ément qui lui appartient. Peano a également introduit le distinction entre appartenance et inclusion pour réfuter certains sophismes et valider au contraire certains raisonnements. Comparons, par exemple, les deux raisonnements suivants : Les hommes sont nortels (1) Or, les Athéniens sont des hommes Done les Athéniens sont mortels Les hommes sont nombreux (IT) or, tes Athéniens sont des hommes Done les Athéniens sont nombreux Ces deux raisonnenents sont dans 1a forme apparente, identiques. Ils sont des spécifications du schéma formel les x sont z Or, les y sont des x Done les y sont z or, le premier reisonnenent est reconnu comme valide, et le second est considéré comme faux. Dans le premier, on utilise trés justement la pro- priété de la transitivité de 1'inclusion. (1) (x C2) et (y Cx) done (y¥ C 2) en attribuant & est 1a veleur de 1" inclusion. Dans (II), pour rendre compte de ce sophisme, il ne faut plus attri- t (ou sont) 1a valeur de 1'inclusion. On analyse plutdt les _honmes buer & sont nombreux comme "l'ensemble des hommes appartient & 1a classe des ensem- je des hommes est incluse dans 1a classe bles nombreux" et non par "le cl ou. des nombreux". On peut done dire que est mortel est un prédicat "distribuable sur les objets auxquels il s*applique" alors que est nombreux est collectif et stapplique & une collection d'objets pris globalement. Le schéma d'inférence suivant : “(IZ) (x € 2) et (y Cx) done (ye 2) est non valide et l'on explique ainsi le sophisme proposé en (II). Les propriétés, 1'appartenance et 1'inclusion ne sont pas comme on sait, identiques. Ainsi, le schéma a’inférence suivant (non transitivité de 1'appartenance) : *(III) (x © y) et (y © 2) done (x € 2) est en général non valide. Prenons, par exemple, le raisonnenent suivant : ‘Sept_est_un nombre premier (IIT) Or 1es nombres premiers sont _infinis Done sept est infini n rendre compte, il suffit de gloser 1a deuxime prémisse Pour s par "L'ensenble des nombres premiers appartient & 1a classe des ensembles infinis". Donnons un autre exemple d'un tel sophisme : Venise est une ville Or une ville est un nom commun Done Venise est_un nom commun Par contre, le schéma d'inférence suivant est tout & fait valide : (Iv) (x € y) et (y c 2) done (x € 2) comme en témoigne le raisonnement suivant : Socrate est un homme (IV) 4 Or, les hommes sont mortels Done Socrate est mortel Cette distinction appartenance/inclusion est done rendue nécessaire d8s que l'on veut démontrer le mécanisme sous-jacent & certains sophismes. Une telle distinction n'a cependant pas toujours été retenue par les logiciens et les gramairiens. Elle est rendue nécessaire dans 1a théorie nathématique et les systénes de représentations qu'elle engendre & savoir le Caleul des prédicate articulé sur 1a quantification des variables (dens un univers de discours défini). 95. Ce systéme de représentations emprunté aux mathématiques et & la logique est-il adéquat 2 1a bonne description des langues 7 Le réponse, conme nous l'argumentons ailleurs, est "non". De méne, toute théorie ensemblis.c reste assez inadéquate 2 une bonne présentation, méme approximative, (surtout pédagogique) du fonctionnement des langues. Une telle tentative nous paratt @tre extrémement dangereuse en particulier dans toute utilisation didactique et totelement inadéquate pour toute description fine des langues, en particulier celles qui sont relativement peu étudiées et sans tradition gramaticale. Les trois derniéres valeurs (attribuées par Frege) de 1a copule (identification, sppartenance, inclusion) ne sont pas toujours séparables fférences du jugement sur le validité Par consensus, comme en témoignent les du raisonnenent suivant (sur le type d'un exemple donné par le logicien Kleene) : Celui gui a résolu le probléme des aspects est linguiste Or, Cabot n'a pas résolu le probléme des aspects Done Cabot n'est pas linguiste Des tests ont été effectués sur des francophones ; ils montrent que ceux-ci se partagent : certains consid@rent comme valide un tel raisonnement, d'autres le refusent. Or, “en bonne logique", on peut montrer que, en inter- prétant est dans la premire phrase par une inclusion entre clesses ou par une appartenance, le raisonnement est faux (on peut étre linguiste sens avoir résolu le problémes des aspects’ !) alors que si on interpréte est par une identification : celui qui a résolu le probléme des aspects est identifiable @ un Linguiste (et donc par symétrie un linguiste est identifiable & quelqu'un qui a résolu le probléme des aspects) le raisonnement est acceptable. Prenons également un dictionnaire ol est est interpré- tir table comme une identification de ce livre avec un (valeur nunérale) ou comme une appartenance (ce livre appartient & la classe de diction- naires), une inclusion (le singleton {aictionnaire } est inclus dans 1a classe des dictionnaires). De méme dans tues un fine, es est interpréteble par une identification, appartemance ou inclusion. Prenons le rose est une fleur ; on peut interpréter est par une identification, auquel cas la est le trace d'un fléchage [Le fléchage est une opération de détermination qui fait intervenir une identifi- cation entre l'occurrence de l'objet sur lequel elle porte et une autre occur- rence de cet objet dont on a déja asserté 1'existence (linguistique).] qui 96. renvoie au contexte : ily a une rose sur la fenétre, la rose. 3 ou par une appartenance (1a est aussi la trace d’un fléchage) ; ou par une inclusion, auquel cas, 1a est 1a trace d'un parcours, (Le parcours est une opération de aétermination qui consiste & parcourir toutes les occurrences a'événenents pour lesquels 1s relation prédicative est validée, d'ot 1a construction de la classe des objets auxquels on peut appliquer le prédicat] 1a classe des roses est alors contenue dans 1s classe des fleurs. Ces exenples ~ on pourrait les multiplier - montrent qu'en francais, mais cela est vrai pour la plupart des langues, la distinction entre les valeurs traditionnellement attribuges 2 le copule est n'est pas toujours Evidente et aépend en tout cas de 1'occurrence de est et d'autres opérations (détermination, entre autres) qui interviennent dans 1a construction d'enser- bles ou de classes, d’ol les veleurs a'appartenance ou d'inclusion (ces opé- rations de dStermination ont souvent pour traces, en frangais du moins, les articles). La distinction Gmportante du point de vue logique) entre appertenance et inclusion n'est en général pas marquée formellement par des marqueurs différents dans les diverses langues, bien qu'il existe divers procéaés qui 1avent,dans certains cas, 1'ambiguité. Nous verrons plus loin qu'il nous feut rechercher une valeur "plus abstraite" que 1'appartenance et 1'inclusion. Il stagira de le gifférenciation, qui semble apparaftre comme beaucoup plus Productive que l'appartenance ou "inclusion ; 1a différenciation c'oppose & Lidentification et & une autre valeur (dite de rupture). 2) Analyse de le copule par 8. LeSniewski - Le logicien polonais S. Lefniewski [Voir The logical systems of Lefniewski, par B.C. Luschei, North-Hol- land, Amsterdam, 1962, (p.20,14) ; Formal Logic par A.N. Prior, Oxford Uni- versity Press, 1962 ; Logique moderne III, par J.B. Grize, Gauthier-Villars p- 78-94] se propose d'axiomatiser au plus prés les valeurs de la copule est. Il introduit, pour cele, un symbole € primitif mais dont 1a signification est Tixée par les seules régles formelles qui régissent les agencements des for- mules ol ¢ apparaft. Désignons les noms duels par des majuscules A, B, C, ... et les noms génériques par des minuscules x, y, 2, --. On permet d’écrire : "Majuscule € Majuscule" et "Majuscule ¢ minuscule" mais on exclut : “minuscule € minuscule" et “minuscule € majuscule". oT. Llexpression de "l’existence" prend plusieurs formes : (voir 1Oritologie de S. Ledniewski) (1) ex (x) signifient qu'il existe au moins un individu A qui est x 5 en effet, un nom générique x existe, s'il existe eu moins un individu qui est x 5 (2) sol (x) signifiant qu'il existe au plus un individu A qui est x ; (3) ob (x) signifiant qu'il existe un et un seul individu A qui est x Dire que ob (x), c'est avoir & le fois ex (x) et sol (x). Lorsqu'on affirme Dieu existe, seul le contexte permet de préciser qu'il s'agit du premier ow du troisime de ces sens. "L'identité de deux termes est distinguée par Lesniewski : (4) = AB signifient que "A est le méme individu que B et réciproquement ;' (5) way signifient 1'inclusion mutuelle ou l'identité de deux classes mais cette identité n'implique pas qu'il existe nécessairement un individu qui appartienne aux classes en question ; (6) (xy —signifiant la coincidence de deux classes telle qu'il existe eu moins un individu qui appartienne aux deux classes en question ; Ainsi, Poquelin est Moli8re (remarquons que l'on dirait plutdt en francais, Poquelin, c'est Molidre) est tel que est a le valeur donnée en (4). Comme exemple de 1a valeur (5), donnons le centaure est un animal & corps de cheval et & téte d'honme ; comme exemple de 1e valeur (6), donnons : l'homme est un bip8de sans plumes. LeSniewski distingue deux types d'inclusion : (7) C xy (inelusion faible) signifient tout individu A qui est x ( en existe) est y (8) [x (inclusion stricte) signifiant tout individu A qui est x (et i en existe au moins un) est y La deuxizme valeur d'inclusion (8) est celle qui est donnée par Aristote qui suppose toujours l'existence d'un individu qui est x. Il distingue une seule appartenance : (9) © Ax signifiant il y @ exactement un individu A et ce terme est ou bien le seul qui soit x, ou bien l'un des termes qui sont x. (10) A c&té de ces valeurs, S. Lesniewski a étudié dans se Méréologie on de "partie & tout" en introduisant un relation plus spécifique @tingrédience (qui se 1it ingrédient de" ou "est élément de") ; cette relation ne doit pas @tre confondue avec 1a relation d'appartenance. Donnons un exemple : Les mots sont éléments de phrase od l'on ne peut pas analyser Je relat 98. sont éléments de par 1'inclusion puisque si certains mots forment des phrases il ntest pas vrai que tout mot est une phrase. Donc, on ne peut pas transerire lvexemple précédent par : 1a classe des mots est contenue dans la classe des phrases. En fait chaque phrase, est composée de mots. Remarquons que la relation est élément de est transitive. En effet, nous avons bien le raisonnement sui- vant qui est valide : les mots sont éléments de phrase, les phrases sont é1é- ments des textes et donc les mots sont éléments des textes. Cette valeur d'ingrédience semble apparaftre dens les relations entre parties du corps dans les lengues naturelles puisque l'on a par exemple : le doigt est élément de la main et le main est élément du bras done le doigt est élément (ingrédient) du bras. LeSniewski arrive ainsi & 1a notion de classe collective (les caasses distributives,sont, elles, les extensions d'un concept et. asscciées @ 1'appartenance ensenbliste). On remarquera alors que l'on ne peut pas "traduire" est 61ément de par l'appartenance ensembliste qui en général est non transitive (on le suppose transitive dans 1a théorie des cardinaux mais 1'axiome de compréhension admis, on en déduit la non transitivité de l'appartenance.). On sait que ces relations entre parties du corps ont toujours un comportement particulier dans les langues naturelles et cette relation doit @tre rattachée & 1'opposition aliénable/non aliénable. Tl semble cependant formellement douteux qu'il existe une langue qui distinguerait les dix valeurs précédentes de Lesniewski. Il semble que les syst®mes linguistiques aient des opérateurs prédicatifs de copulation qui ne reposent pas essentiellement sur ces oppositions retenues par 1a logique mais sur des valeurs (plus abstraites peut @tre) of l'on va opposer l'identification @ d'autres valeurs que l'on pourra faire apparaftre dans 1'étude des schimas de repérage. C'est ce que nous voulons faire apparaftre dans ce qui suit. 3) Sur 1a distinction identification/identité - Revenons au probléme de 1'identité et de 1'identification. L'identité apparait rarement dans des expressions linguistiques, alors qu'elle est fré- quente en mathématiques (identités renarquables, par exemple) et en logique (teutologies). Une Squation mathématique, par contre, n'est pas une identité mais plutét une identification : f(x) = 0 indique une identification, (pour certaines valeurs indéterminées de 1a variable x) de 1'expression "f(x)" avec Ja constante nulle. Liidentification exprinée entre autres procédés par le est francais, est rendue, dans d'autres langues, per la simple juxtapesition (avec pause) 99. ou par d'autres marqueurs comme des pronoms anaphoriques et des démonstratifs. Le probléme de 1'identification n'est pas étranger au probléme de le phrase nominale. Trés schématiquement, une "phrase nominale" en indo-européen, se présente sous 1a forme "ab" of a et b sont deux "noms". On dit en général que ia phrase nominele est un type d’identification (qualitative, totale ou par- tielle selon l'extension relative de a ou b) entre les deux éléments nominaux. Souvent, dans certeines langues, 1a pause joue le réle de 1'élément prédicatif au présent (en russe : ja rad % je (suis content), mais, au passé ou au futur, un marqueur explicite apparait de fagon systématique. Hors du domaine indo-européen, nous avons en hongrois des phénontnes analogues : le marqueur van epparait lorsque 1'on veut indiquer un type de ‘thématisation qui reste 116 & une certaine aétermination des termes. En arabe, 1a notion de "phrase nominele" ne doit pas étre confondue avec celle qui est utilisée dans le domaine indo-europfen. Une telle confusion entraine de graves conséquences dans 1a cohérence de 1’ argumentation et dans les descriptions contrastives.Une phrase est nominale en arabe "lorsque son terme de départ est un non" et verbale dans les autres cas. Ainsi : Zaydun Jagilun » "Zeid (est) sage" est une phrase nominale ; g& ma Zaydun = "s'est levé Zayd" est une phrase verbale. On peut insérer entre les deux termes d'une phrase nomi- nale, 2 condition qu'ils aient regu une certaine détermination, un pronom : allehu buve ‘Ihayyu ~ "Dieu lui le vivant" ou mieux : "c'est Dieu qui est vivant" ; le pronom de 1a 38me personne singulier marque done 1'opération Atidentification dans un environnement déterming. L'expression de 1'identification par un pronom n'est pas isolée ; les langues turques utilisent le pronom personnel ou démonstratif™: win yad win (moi jeune moi ¥ je suis jeune) ; sé, ya’ sin (toi jeune toi ~ tu es Jeune). On rencontre encore un procédé analogue dans certaines langues iranienne Remarquons que le francais lui-méme utilise aussi des procédés trés analogues pour marquer l'identification : Jean, j] écrit sa lettre ; ily un livre sur la table, le (ou gg) livre ... On peut aussi montrer que l'article dérini le (1a), dans certaines de ses occurrences, est un marqueur d'identi- fication (dans une opération plus complexe que 1'on peut appeler "fléchage"). La valeur identificatoire du est frangais est donc un cas particulier d'un ‘voir des exemples dans J. Deny : Grammaire de 1a langue turque et 1'ouvrage collectif Philologicae Turcicae Fundamenta I, 1959, cit@ par E. Benveniste : B.S.L., IV, 1960, p. 113 100. probléme beaucoup plus général et les analogues “exotiques" {pour les indo~ européens !) sont tout @ fait réguliers et nullement surprenants. Toutes les Jangues ont des procédés précis pour marquer 1*identification d'un terme a avec un autre terme b mais des conditions de d&termination interviennent alors dans le processus d'identification. En ce qui concerne le francais, des particules du genre de comme ou de de exprinent aussi une opération d'identification sous-jacente : dans Jean, come Paul, est venu me voir, on indique que Jean est identifiable & Paul en tant qu'objet auquel s'applique le méne prédicat ; dans la ville de Paris, Paris est identifjé & l'objet que l'on sait étre par ailleurs une ville, ato 1e relation (remarquer 1'alternance une/la) : Paris est une ville tras importante _» La ville de Paris est trés importante. Précisons maintenant nos distinctions. Pour qu'il y ait identité entre g et b il est nécessaire qu'd toute occurrence de 9 on puisse substituer Loccurrence de b et réciproquement. On a identification lorsque ce & quoi renvoie 9 (1a valeur référen- tielle de a) est identifié (il s'agit alors d'une opération) par une énon- ciation, & ce @ quoi renvoie b (1a valeur référentielle de b). Toute identité est done une identification mais non l'inverse. Une identification est cons- titutive d'une relation symétrisable, mais non une relation symétrique. Ainsi, ce qui est appelée souvent "phrase équative" n'est en fait qu'une identification particuliére et non une identité. Prenons : (1) Paris est la capitale de le France ; il est plus difficile d'avoir, sauf dans cer tains contextes (réponse & une question, énunération...) (2) La capitale de le France est Paris, mais on a trés naturellement(3)La capitale de le France, clest Paris (avec une pause aprés France). Le cas de (4) Jean est Jean n'est pas, pour nous, une identité mais une autoprédication : 1a propriété stre Jean est appliquée & Jean, signifiant par cette opération que : "Jean a toutes les propriétés de Jean et rien que ces propriétés". Le fait que (2) et (1) n'aient pas 1a méme acceptabilité montre que Paris et le capitale de Ja France ne sont pas substituables dans tous les contextes et qu'il n'y @ pas, d'aprés notre crit@re, identité. De plus 1a relation constituée par 1'énonciation de (1) est une relation symétrisable (d'od (2) qui peut appa- raftre dans une déduction ou dans certains contextes) mais pas une relation symétrique puisque la synétrisation ne conserve pas le degré a'acceptabilité. 101. De méme, nous avons (5) Cet homme est Jean mais plus difficilement ‘Jean est cet homme mais Jean, c'est cet komme (18). Le procédé Ctest a qui est b exprine en frangais 1'identification entre @ et ce qui est identifiable & b, en remarquant que l'on n'a pas toujours L'équivalence (paraphrastique et du point de vue des valeurs référentielles) : Ctest a qui est be» Crest b qui est @ comme en témoigne 1'exemple : Ctest Jean qui est le directeur de cette usine, Le directeur de cette usine, c'est Jean mais: "C'est le directeur de cette usine gui est Jean ce qui montre que, 18 encore, on @ la trace d'une identification et non d'une identité. En conclusion, nous dirons que 1'identité n'apperaft pratiquenent jamais dans les langues naturelles alors que plusieurs procédés linguistiques sont utilisés dans une méme langue pour marquer 1'identification qui se pré~ sente comme une opération généralisable. Tantét, cette opération apparaft directement sous forme d'un marqueur linguistique, tantét cette opération entre, en tant que constituant, dans une opération plus complexe. Il n'y a done pas de relation biunivoque et stable entre 1a valeur d'identification et un mar- queur Linguistique directement repérable. Du point de vue de L'enseignement, on pourra construire, ou faire construire par les é18ves en les dirigeant, une famille d'exemples qui exprimeront tous 1'identification en partant de 1a notion abstraite d'identification (et non de son expression linguistique dans un exemple particulier). Ceci permettra de : 1°) mettre en évidence les différents procéaés linguistique utilisés par le langue enseignée pour marquer Lidentification ; 2°) de mettre en évidence, de facon contrastive, les dif- férents procéaés utilisés par 1a langue enseignée et 1a lengue des éléves (dens Lepprentissage d'une langue étrangtre) ; 3°) ces différences étant présentées, on pourra alors mieux faire comprendre les automatismes linguistiques et les renforcer par une série a'exercices appropriéset hiérarchisés. 4) Slargissement du probléme & la localisation et & la possession - A cété des trois valeurs retenues par Frege, il existe une autre valeur fondanentale qui est exprinée par le est frangais, c'est 1a valeur de Jecalisation : Jean est & Paris. Certes, cette valeur n'apparaft pas comme primitive en logique, (du moins, est & joue un réle trés analogue & celui 102. que tient n'importe quel prédicat binaire et relationnel). Par contre, 1a localisation est souvent marquée dans les langues par un marqueur spécial qui joue un réle trés important dans 1a plupart des syst@mes linguistiques des diverses langues. L'existence elle-néme est souvent marquée par un mar- queur de localisation. Conceptuellement, 1'existence semble pouvoir atre relige & 1a localisation, bien que des problémes trés particuliers et des confusions apparaissent lorsqu'on aborde ce domaine. Elargissons maintenant le probléme de 1'identification. On constate que si le plupart des langues indo-européennes utilisent un méne marqueur est pour I'existence, 1'identification, l'appartenance ou 1"inclu~ sion et a localisation, d'autres langues utilisent une forne verbale pour marquer 1'identification, d'une part, et d'autres formes pour 1a localisation et Lexistence, d’autre part. Ainsi, en thal, kur sert & identifier, alors aac i z i ie. que pin exister, @tre vivant" ; en cambodgien, gi sert & marquer 1!identi fi cation alors que ja signifie "exister, (&tre) bon, vrai" Le jeponais posséde deux verbes de localisation (1'un pour les animés, l'autre pour les ‘nanimés) et un verbe qui sert & marquer 1'identification (ct parfois 1'appartenance). Le chinois utilise un verbe localisateur you et un marqueur d'identification shi (utilisé aussi dans d'autres. prédications). Les langues indo-européennes ont done mis sous une méme forme, d'un cdté, les fonctions copulatives et, de L'autre, les valeurs de localisation et d'existence. Pour entreprendre une description de langues il serait, par conséquent, absurde, de concevoir des questions du genre : "comment rendez-vous le verbe &tre dens votre langue ?”5 ou encore "quelles sont les expressions de 1a copule 7", tant qu'on n'a pas su isoler les différentes valeurs é1émentaires de le copule. De méme, tout apprentissage, par traduction, d'exemples anglais ou francais "de phrases avec Stre" risquera d’étre dénué de sens et en tout cas peu performant si Lon n'a pas d&gagé auparavant les valeurs de est et €largi le probléne en . cherchant & répertorier tous les myens linguistiques qui sont utilisés dans a langue enseignée pour rendre ces valeurs abstraites. ba notion d!"8tre" est relige @ 1a notion d'"avoir". Cette dualité Stre/avoir n'est certes pas générale (on dit de facon inappropriée "il y a des langues sans avoir exemple : les langues altaiques) mais apparatt nGennoins comme l'expression d'une relation beaucoup plus abstraite et géné- ralisable que 1'on doit étudier en tenant compte des conditions de aétermi- nation et de thématisation des termes. Les langues utilisent divers marqueurs * Yous utilisons 1a transcription grephique de l'article de E. Benvenist référant 8 l'article de F. Martini : "Btre en siamois et en cambodgien' B.S.L, III, 1956,p.289 et suivantes ; i1 s'agit en feit de knv ou ku. se 103. Linguistiques pour exprimer ce qui est souvent rendu en frangais par la notion de avoir, clest-a-dire 1a "possession", entre autres valeurs. Dans son article "Btre et avoir dans leurs fonctions linguistiques" E. Benveniste (Bulletin de 1a Société de Linguistique, LV, 1960) @ pu montrerque "avoir" pouvait étre considéré comme le marqueur d'une relation abstraite : 1a converse de la "| LA encore, diverses conditions sur le détermination relation "ge est at de a et de b apparaissent et contraignent 1a conbinatoire et 1a liberté de est.8 b"/’ . Dans j'ai un livre, "avoir" exprime la possession, alors que ce (ou le) livre est & moi exprime 1'appartenance mais est & exige toujours que le"sujet"soit déterminé : “un livre est & moi est Ltalternance impossible et avoir implique, en général, un objet indéterminé puisque j'ai ge livre a une acceptabilité relative (j'ai ce livre chez moi est plus accep- table et on peut 1'expliquer facilement). Ainsi, moyennant quelques conditions de aétermination, le letin : est mini liber / hebeo 1ibrum. oir "n'est rien d'autre qu'un est & renversé", ce qu'atteste Le marqueur avoir apparaft dens de nombreux exemples et entre en concurrence avec Stre. Considgrons, par exemple, les familles : “un livre est sur 1a table / ily g un livre sur Je table / “la table @ le livre sur elle / sur le table, il y g un livre / le livre, il est sur la table ... // Jean g un trou dans se poche / ily g un trou & le poche de Jean / a poche de Jean est trouge / Jean, sa poche, elle est trouge / Jean, se poche, elle ¢ un trou. 7 sent, ils peuvent intervenir Dans les langues od Stre et avoir appara: pour exprimer certaines opérations aspectuelles. Ainsi, on a 1'alternance Jean spf en train d'écrire une lettre (valeur a'inaccompli) et Jean g écrit une lettre. On a pu dire que, alors que est établit un rapport intrins®que entre "1'état de 1'étant" et ce qu'il est, avoir exprimerait plutét un rapport extrins®que entre un possesseur et un possédé (entre "l'état de l'ayant" et ce qu'il a). L'énoncé Jean a écrit me lettre est en effet glosable par "Jean est dans l'état de 1'accomplissement du processus / écrire une lettre / mené jusqu'& son terme" ou par "Jeen a acquis (ou posséde) l'état résultant / avoir Scrit une lettre /", le marqueur @ indiquant ce repport de possession qui est une valeur constitutive de le valeur aspectuelle (a' accompli) sous~jacente @. son expression morphologique par le passé-composé franga: “ En plus de ces problémes, l'extension doit étre poursuivie vers 1a constitu- tion de 1s causation et de le modalité. 10h. Lialternance &tre/avoir n'est cependant pas invariante & travers les langues qui ont ces deux types de marqueurs ; que l'on compare, pour sten convainere, ce qui apparaft dans des procédés linguistiques de 1oce- sation anglais et francais : there is et il y @ od on reconnaft deux locali~ sateurs there et y ! Les parentés paraphrastiques précédentes rélient identification, Localisation, possession et existence. L'article de J. Lyons : "Remarques sur Jes phrases possessives,existentielles et locatives" Langages,34, 1974", avait réussi 2 dégager ces relations, bien que le systime des valeurs abstrai tes n'apparaisse pas clairenent et que les conditions de détermination sur les termes reliés ne soient pas explicitenent définies. 5) Théorie du repérage abstrait (esquisse) - Pour expliquer les relations paraphrastiques entre les membres d'une famille paradigfatique de chafnes (en expliquant pourquoi certaines chaines sont peu acceptables et d'autres sont dea Snoncés) & 1'intérieur d'une seule langue ; pour trouver les régles de transfert qui transporteront le jeu des marqueurs correspondants & 1'opposition étre/avoir (et leurs corrélats qui expriment des valeurs analogues : come, de, marqueurs morphologiques aspec- tuels...) dans un autre jeu de marqueurs morphologiques et syntaxiques de a langue cible ; pour cerner les valeurs invariantes qui apparaissent derriére des manifestations linguistiques diverses et déroutentes mais qui semblent cependant exprimer quelques régularités générales, i1 est indispensable de A6finir (et de noter & l'aide d'une vériteble écriture) en termes abstraits ces valeurs é1émentaires puis de donner ensuite les régles qui pernettent @'exprimer ces valeurs dans chaque langue. Pour répondre & ces problémes, il faut montrer comment on constitue une relation prédicative du type "a_ggt§ b" ou "b ga", d'une part et isoler quelques propriétés de 1a relation ainsi constituée, d'autre part. C'est poser 12 le problime de 1s prédication. Toute relation prédicative est constituée en faisant opérer un opé- rateur ueire sur un terme ce qui permet ainsi de construire un résultat et dtitérer cette procédure. Plut8t que de prendre comme valeurs primitives : l'sppartenance (comme es (ce qui poserait le en théorie des ensembles) ou 1'inclusion entre clt probléme de le construction d'une clesse) que les langues ne distinguent pas Paru pour 1a premiére fois dans Foundations of Language : Vol. 3, Dordrecht Holland, 1967. 105. formellenent, ou la localisation ou 1'identification, nous allons partir d'un opérateur uneire dit de repérage et montrer de fagon trés intuitive, comment on constitue une relation binaire, ce qui nous permettra d'engendrer (en les reliant entre elles) les diverses valeurs sous-jecentes & de nombreux marqueurs linguistiques. Désignons par € un tel opérateur. “eonstruit Soit x un objet ; laction de l'opérateur € sur l'objet x un résultat qui est ue occurrence d'une relation binaire obtenue en associant, de fagon déterministe, & l'objet x un objet y" (1e choix de y tant déterming uniquement par le choix de x et de 1'opérateur ©).Nous représentons alors cette opération de repérage par : * € Selon les propriétés de la relation < xy >, qui seront transférées & 1'opé~ rateur de repSrage(fous aurone différents types de repSrage. Ainsi, si l'on impose & les propriétés de réflexivité et de trie (mais non nécessairement de transitivité) on a un type de repérage par identi~ fication : deux objets peuvent @tre identifiebles & un méne identificateur, sans @tre nécessairement identifiables entre eux. C'est ce qui est expriné 8 : de Jean est comme Paul ; Pierre est comme Paul on ne tire pas nécessairement Jean est comme Pierre. En imposent d'autres propriétés au repérage : transitivité, lois de Leibniz, égalités extensionnelles ++ On obtient différents types de spécification du repérage par identific tion : 1'équivalence, 1'égelité, 1'€galité extensionnelle, 1'identité (indis cernabilité des objets identiques). Si 1'on impose & € 1a propriété de non symétrie (au sens logique du terme) on obtient alors un type de repérage par dittérenciation. En imposant d'autres propriétés, on obtient des spécifice- par est comme en frang: tions de la différenciation : L'appartenance (non symétrique, non réflexive, non transitive ) ; "inclusion (non symétrique et antisynétrique, réflexive, transitive) ; a localisation (non symétrique : il y a un localisateur et un localisé). On peut montrer que l'opérateur € de S. Lesniewski, dont nous avons parlé, est une spécification particuliére de ce type de repérage par différenciation. A ces deux types de repérage (identification et différenciation), on peut rattacher une troisidme valeur dite repérage par rupture ol l'on impose les propriétés de synétrie et de non réflexivité. Cette valeur intervient 106. dans le traitement de certains problémes de négation et dans 1a construction des catégories grammaticales. Ainsi, au niveau abstrait, les trois types de valeurs s'opposent les unes eux autres et sont primitives : symbole propriétés nom = réflexive et synétrisable identification # non symétrique différenciation » synétrique et non réflexive rupture Ce syst@me de valeurs a une interprétation topologique (1' identifica tion est religée & la définition de l'intérieur d'un espace ; la différencia- tion & celle d'une frontiére ; le rupture & celle de 1'extériorité). Nous ne pouvons développer, ici, ce syst@ne et son interprétation topologique. Disons cependant que cette interprétation permet de mathénatiser certains des concepts Linguistiques qui interviennent dans les catégories gramaticales de l'aspect, du temps, des modalités et ceux qui rel@vent de 1a représentation de 1'es- pace par les langues naturelles. Nous renvoyons a certaines de nos publications qui traitent plus spécialement de ces problémes. Définissons maintenant un autre opérateur uneire, noté 3, qui "3 partir d'un objet y construit un résultat qui est une occurrence de 1a relation < y Bx> obtenue en associant & l'objet y un des objets x tels que le relation de repérage soit vraie". L'opérateur Dapparaft donc comme le converse Mors que sere, en francais, réalisé 1a plupart du temps par est (ex €y > se lit : "x est repéré par repport & y)", 1opérateur 2 eure pour 'y détermine ou sert de repére trace trés souvent avoir ( se lit : & x") mais pas nécessairement. Ainsi,on passe de Jean a un chapeau (représenté par ) 2: Le chapeau est & Jean (< bE & >). Liopérateur € (et son converse, eppelé aussi dual du repérage) est une sorte d'archiopérateur qui prend une des valeurs : identification, airfé- renciation (voire: rupture, dans 1e négation, par exemple) selon les termes 107. sur lesquels il porte et les contextes dans lesquels il s'insére. D&s que 1'on veut comparer les langues entre elles, il est illusoire de comparer les formes apparentes entre elles et de vouloir établir des régles stables de correspondance de forme & forme. Le recours & un systéme abstrait, analogue au syst@me du repérage que nous venons de présenter, fait apparaftre les invariants, d'une part,et les spécificités linguistiques, d'autre part. De méme que F. de Saussure avait reconstruit une valeur abstreite en analysant, dans son Mémoire sur le systéme primitif des voyelles dang les Langues _indo-européennes (1878), le syst&me du vocalisne indo-européen cette valeur n'ayant aucune occurrence attestée » bien que -quarante ans plus tardjon ait trouvé dans le hittite cette valeur prédite par Saussure), de méme, on peut reconstruire les veleurs abstraites qui seules aident & orge- niser et & comparer les différents marqueurs qui apparaissent au travers des menifestations linguistiques. Le systme précédent permet alors d'expliquer : 1) pourquoi 1a plupart des langues expriment de fagon différente 1'identifi- cation et la localisation (spécification de 1a différenciation) et que les langues indo-européennes, en exprimant ces valeurs avec le méme marqueur, apparaissent "comme un accident" nullement généralisable mais pas du tout aberrant 5 2°) que le fonctionnement de ce systéme fait nécessairenent intervenir les conditions de détermination des termes (c'est 1a théorie générale du repé- rage qui permettrait de le montrer, ce que nous n'avons pas expliqué ici) ; 3°) que 1'opérateur (ou plutét l'archiopérateur) de repérage Ea un dual abstrait > qui est le converse de €,mais son expression linguistique n'est nullement nécessaire puisque, 3 tant un converse de €, il est possible d'exprimer une relation (1a relation prédicative 1, est un repre (temporel, aspectuel ou de consé- cution, selon les cas) par rapport & l'autre relation prédicative 1,) ou encore . De telles schémas apparaissent lorsqu'on Studie en fran- sais 1'opposition parce que/puisque (Jean ‘porte un ‘psrapluie parce qu'il 108. pleut / Jean porte un parapluie puisqu'il pleut). Seule une formulation assez abstraite pernet de relier ces problémes entre eux et d'établir 1' Nous allons voir, en empruntant des exemples tirés du Mooré, comment: une invariance en vue d'une comparaison entre langues. telle langue organise ces valeurs et par quels marqueurs elle les réalise. La connaissence d'un tel systme abstrait permet elors de produire des exemples et de les organiser de fagon & mieux décrire le fonctionnement de certaines particules d'une langue pour en tirer les valeurs élémentaires. On voit aussi comment & partir d'un tel systme on concevra les exemples qui établiront les contrastes entre langues étudiées et enseignées. L'avantage d'une telle formulation est qu'elle tend & s'émanciper d'une expression linguistique particuliare, d'ol son caractére généralisable et son utilité pédagogique. 6) Expressions linguistiques des relations de repérage (un exemple tiré du Mooré) - Gest un opérateur de repérage abstrait qui est générateur d'une relation prédicative entre des termes. Les traces linguistiques de cet opé- vateur varient non seulement selon les lengues, mais aussi dans chaque langue, selon les termes en présence et l'orientation du repérage d'une pert, et selon qu'il s'agit de localisation spatio-temporelle stricte, de possession, aidentification, de relations interpropositionnelles, d'autre part. Voyons quelques exemples en mooré. Soit deux termes a et b et une relation primitive* d'ordre ol a est Je locelisé et b le localisateur. Si, respectant l'ordre de 1a relation pri- nitive, nous orientons en commengant par g, nous aurons : : "a est repéré par repport & b". Cette relation prédicative de repérage peut signifier une localisation spatio~ temporelle. Dans ce cas,© se rend en mooré par le prédicat bé. Si par exemple pour 2 on pose : & Laalé (dens lequel & est un marqueur qui indique que Laalé est un nom inéividuel de personne) ou encore wakkt piiga et pour b on pose + Papré (nom d'un village) ou encore : b = in nigt, alors pourra nous donner, moyennant certeines déterninations supplémentaires (comme celles de Ltaspect et de 1a modalité) les énoncés suivants : We relation prinitive entre un localieé et un localisateur entraine un ordre primitif reflété dans le jeu des marqueurs, ce qui permet de le reconstituer indSpendement des transformations introduites par les opérations d'orient tion 1iges 2 1e sélection d'un "terme de départ". 109. 1 vée s“bré nO 18/ae travve fps yy Emits BD bv howd wen! /piastres/dix/seulenent/qui/se trouvent/moi/main-dans/ il y © seulement dix piastres qui se trouvent dans ma main : je ne @ispose que de dix piastres. ‘BB peut donc,conme ici, @tre interprété comme indiquant le fait ae se trouver quelque part, et on comprend pourquoi b& sera utilisé pour marquer Liexistence Le locelisateur b est compatible avec un changement a'état et dans ce cas, on pourra avoir des énoncés comme : nous étant entrés pour le sommeil que voila Laalé se trouvant dans le fait de venir Ldalé qui survient. & peine sommes-nous entrés pour dormir que voila Ti est des Enoncés pour lesquels 1a représentation est insuffisante et pour lesquels aussi 1'interprétation de b& comme "se trouve: mérite quelques explications. Ainsi 1'énoncé /toi/te trouve/reison/ toi tu as raison On ne peut pas interpréter cet énoncé comme "toi tu te trouvetdans 1a raison" (cela se dirait autrement). Remarquons bien que si bé indique @fun terme a est repéré par repport & un terme b, ce dernier terme peut n'@tre pas précisé, ce oui nous donnera : "a se trouve dans une certaine situstion”, "a se trouve quelque part", ou méme "a s'y trouve", (si la parenthése vide ref@re & un terme b dont i a 46j& 66 question). Par rapport & 1a relation ainsi constituée, on peut vepérer un terme c, ce qui nous donne (en utilisant une opération d/agencenent par intrication de relations plus €lémentaires) : sa €<()> Be > "a wei ¢ est localisé’ se trouve dans 1a trouve dans une certaine situation: par rapport 2 cell simplenent "par rapport & a (ou pour a) il y 4c" ou situation de comporter'c" ou simplement "a se trouve comporter c"... Clest ainsi que nous avons : 110. Bbid> 1 Bo 2 donnant £3 bée bwm : tu te trouves dans le situation de comporter la raison, c'est-a-dire "toi tu as raison". De méme aura-t-on & Laal ka be léaft je /1kelé/nég./se trouve/santé/"je"/ LAalé ne se trouve:pas comporter de santé : Laalé n'est pas en donne santé. 8 gbsé dée jém-1dsed /ui/teit de regarder/se trouve/plaisir/ Je fait de le regarder se trouve comporter du plaisir : ily a plaisir & le regarder. wakke piig ka be nema je /piastres/dix/nég./se trouvent/viande/"je"/ dix piastres ne se trouvent pas comporter de viende : il n'y a pas de viande pour dix piastres. Dens , le repérage peut signifier que le terme a est identifié au terme b. Précisons GRE°Hire que deux choses sont identifiebles ne signifie identifié & b, on ne peut pas pas qu'elles soient identiques ; quand on a nécessairement en déduire que b est identifié 2 a ni que seul a est identifié @ b car d'autres termes peuvent aussi Stre identifiés & b. En mvuré, 1’ opére teur Satidentification se rend par je. C'est ainsi que pourra nous donner des énoncés come : & flugd ja séb1igé /lai/nabit-le/est/noic/ son habif est noir, ee ee (son habit est quelque chose de noir) raaga jéa ka /marché-1e/est/ici/ le marché c'est ici sora jaa govse /chemin-1e/est/épines/ le chemin est épines (c'est-d-dire: le chemin est tout plein d'épines. piiga rfir jaa vign /enfant-le/front/est/feu/ le front de l'enfant est du fe le front de l'enfant est assimilable 4 du feu (tellement il a de la fievre) tat wh Tei aussi, le terme localisateur b est compatible avec un changement a'états : hh san din sam jaa loogr bald /je/si/"n"/ayant mangé/"n"/ayant seulement/ moi ayant fini de ma gue j'ai fini de mangzr, je n'en vais. Si, partant toujours du fait que a est le localisé et b le locali teur, nous commengons maintenant par b, nous eurons : relation duale du repérage qui peut indiquer le po ily as", "b posséde a"... > indiquant la pos : "en b (ou chez b) on se rend par tare : % Laal téra kémb wisgo /ta1é6/a/enfants/oeaucoup/ Taalé a veaucoup d'enfants Les termes choisis pour remplir le réle de a et de b doivent remplir certaines conditions que nous n'examinerons pas ici. Signalons simplement qu'on peut avoir : & Laal téra rdodo Laeié a du courage - mais pasi*réod n tar 4 Laalé par contre on aura : ra-béem n tér & Laalé /peur/gui/a/ Laelé/ il y a le veur gui tient Lalé (c'est eB a-dire: Laalé‘a peur); mais on n'eura pasi"& Leal téra ré-péen Dans b Da, le terme localisé 9 peut également désigner un processus ; cela indique/Te"processus s'enchaine ou se poursuit sans discontinuité + & tara léad n thet? /il/e/tait de rize/"n"/s'en allent/ il détient le fait de rire en s'en allant: il rit sans arrét en s'en allant. séaga kétt nh tara nfivd fpluie-1a/continue/"a"/a/tait de pleuvoir/ Ia pluie’ continue & détenir le fait de pleuvoir: il continue de pleuvoir sens arrét. 112, Nous venons de voir que € et 3 sont des opérateurs qui sont consti- tutifs de certaines reletions prédicatives simples. Le relation abstraite de repérage ne tient pas seulement entre des termes a et bd: elle peut, . Bere Stendue & des termes A et B plus € complexes, voire des propositions entiares. Dans ce cas, les opérateurs et Détabliront des relations interpropositionnelles. C'est ce que nous allons voir dans ce qui suit. Soient les deux éléments ti et tu que l'on trouve (1a voyelleest élidée) Gans les énoncés suivants : eae serg t'm zindi Poouge/tt/je/a‘assoie/ douse pour gus je mn wéa ai t'b bool @ 18 at /je/suis venu/ti/ils/ont e16/noi/ -de suis venu parce gu'ils n'ont appelé Les tons varient selon le contexte et /tl/ peut se réaliser avec un ton haut ; pour éviter toute confusion nous disons & chaque fois s'il s'agit de /tt/ ou de /té/. On peut montrer que le fonctionnement de ces deux éléments n'est pas 146 au type de verbe qui les suit ou les précdde ; il ne dépend pas non plus comme on 1'a dit parfois d'un ordre logique ou chronologique entre les procts, ni du fait que ces procés concourraient ou non au méme but, que l'un entraf~ nerait l'autre ou pas. Les distinctions de l'analyse logique entre propositions causeles, temporelles, consécutives... ne permettent pas non plus d'expliquer ou mame de simplement distinguer le fonctionnement de tt et de ti: = d'une part, des énoncés contenant 1'un ou l'autre de ces deux éléments peuvent Gtre interprétés de fagon trés voisine wot vb xrt /donne/eux/ti/eux/mangent/ donne leur ét gu'ils mangen’ Bako 6 1a al tt xt /§e/ai. donnd/eux/tt Jevx/nangent/ de leur ai donné pour gu'ils mangent i donne-leur pour gu'ils zangent 113- = atautre pert, des énoncés contenant le méme élément, .L par exemple, doivent @tre interprétés de fagon difvérente : sérg t'm zind bouge pour gue je m'assoie tind t4a mo tt pdgb% ségnda rivdo /oous/sonnes arrivés/ti/femes-les/préparant/nourriture/ lorsque nous sommes arrivés les Zenmes préparaient le reps nd ka wag wanda tf kd fd0 je /personne/nég./a cassé/calebasse-12/tt/nég/toi/"je"/ personne n'a cassé la calebasse si cé u'egt toi Mais il s'agit de différenciation ou d'assimilation introduites par une cer- taine traduction. La signification d'un énoncé ne dépend pes d'un seul é1ément, t£ ou tl, mais de l'ensemble des marqueurs, qu'ils soient aspectuels ou modaux ou qu'il s'agisse des digférents compléments. Nous devons done tenir compte par exemple = du fait que 1a modalité le marquant 1'effectivité du procés est indiquée uniquement sur le premier prédicat dans : & sérgh ml t'h sindl /il/a dougé/ti/je/ae ‘suis assis/ il a bougé et je me suis assis ~ B sérga me t'm indi /ii/a vougs/ti/je'/a'assoie/ il a bougé pour gue je m'assoie = au fait que cette néme modelité est marquée sur chaque prédicat dans : tind taa mi tl pagb& ségnda rivbo lorsque nous sommes arrivés, les femmes préparaient le repas ih wéa me t'bd bool m 1a mt ge suis venu parce gu‘ils m'ont appelé = du fait qu'on peut avoir le néue terme de départ ou des teres de départ dirrérents 7 B léoga at t'b bool 4 18 mi 1 est parti car ils l'ont appelé B léoga mt t'a jagda nv il est parti car il est pressé alors qu’on ne peut avoir que des termes.de @épart différents dane un Snoncé ‘comme 1h, & sérga of th ofnad il a bdugé et je me suis assis Ii nous faut done chercher quelles conditions doivent étre réunies pour qu'on puisse avoir ti ou tt ou les autres marqueurs de 1'énoncé. Pour cela nous allons introduire et définir sommairement quelques termes. Orientetion On est familier avec l'orientation des prédicats donnant par exemple des Snoncés @ 1'actif ou au passif. Mais quand on met deux termes en relation, néme s'il s'agit de termes complexes comme des relations prédicatives, il est nécessaire de savoir lequel sert de repre & l'autre. Si le premier terme B est le repére, on aura l'orientation B.3A ; si le second terme est le repére, L'orientation sera A © B. S'agissant de relations prédicatives, le repre niest pas nécessairement celui qui sur le plan extrs-linguistique référe & un procés ayant une antériorité chronologique. Avec tt, on a toujours l'orientation B 3A (nous soulignons le repére) sérg t'hm ziadi w douge et gue je m'assoiesbo: m'assoié Bsérga mc t'h zindi Y il-a dougé et je me suis assis tind tea mo tl p&gb’ ségnda rivbo +°R8BY°sonmes arrivés, ies femmes prépardient le repas jt_kooda kf tl tind kood nanguri /\ai/cultive/ail/ti/nous/cultivons/arachides/ lui, il cultive du mil tandis gue nous cultivons des arachides Avec t€, on a toujours l'orientation AEB: b wéa mc t'b bool m 13 me je suis venu parce gu‘ils m'ont appelé bkt 6 1a mé t'b rt je ieur ai donné pour gu'ils mangent Ordre Nous appelons ordre ici non pas le positionnement linéaire des termes’ dans 1'énoncé mais une relation plus profonde selon laquelle les 115. termes sont organisés les uns par rapport aux autres avec une hiérarchie entre eux. Pour deux relations prédicatives, ou bicn le repre aura une primauté par rapport & l'autre terme, qui dépendra done de lui, qui lui sera hiérarchiquenent subordonné (cela ne recouvre pas 1a distinction habituelle entre proposition principale et proposition subordonnée), ou bien il n'y aura pas de primauté, les deux termes étant sur le méme plan, en relation de non dépendance. Dans les énoncés suivants nous soulignons le terme ayant primauté : anda at Jte. efi Ai/geriAv: on/ uéver "a & hid loos [je/8s;./o~ je ne u'en vais zas gue : howia wi ¢'b bool m 1b at xb 6 bat tio ot IL y @ absence de primauté, relation de non dépendance dans A sérga al th 2fndl i a bou,é et jo + dt kooda xf tt toad “ood nangurt lui il cultiv d nous ¢. ltd Goncomitance Il ne s'agit pas de concomitance chronologique. Dans notre définition, il peut y avoir concomitance entre des événements qui se passent exactement au méme moment, mais aussi entre des événements trés distants chronologique- ment. Deux termes concomitants sont en relation trés étroite, présentés comme formant un couple. Pour des événements, cela signifie qu'ils sont présentés comme constituant un unique événement complexe. Cette union étroite fait que Jes termes de 1a relation prédicative repérée se déterminent par rapport & ceux de la relation prédicative repére et que les deux partagent certains marqueurs. Ainsi quand il y a assertion dans le repére, elle eet valeble pour Vensemble, de mane qu le modalité 1a (de l'effectivité au procs) qui est marquée sur le premier préaicat,vaut pour l'ensemble ; 116. a séree me t'm zindl il a bougé et je me suis assis tind 22 ks t/a. wa Léoge /oous/étant assis/ici/ti/il/est venu/passez/ nous étions assis ici ét il est venu & passer! nous étions assis ici quant il vint & passer gaa xt cin we & isfest/cela/tu/je/ai frappé/lui/ clest frappé: voila pourquoi je l'ai frappé nai et je l'asi Dans ‘assertion la négation se fait par x3: Bk& serg t'h zind jé il. n'a pas dougé & sérga mi t'm kd zind je il a bougé et je ne me suis pis assis Dans la concomitance, s'il y a injonction dans le premier prédicat, elle est valable pour l'ensemble : sérg t'h 2indi bouge et gue je n'assoie pug tu ou cuis et gue ce soit & point wa tid Looge viens et gue nous partions ‘La négation de Linjonetion se fait par ra (= da) ra serg. "8 ofad ie ne houge pas pour gu'il s'assoie sérg t'& ré aind jé bouge pour qu'il ne s'assoie pus S'i1 y avait,dane le concomitance,identification entre les termes de @épart des deux relations prédicatives, on n'aurait pas tt mais la oun. S'il y- a.non-concomitancé, chaque relation prédicative a ses éléments marqués individuellement, qu'ile soient identifiebles les uns aux autres ou non : avec +6, on @ toujours non-concomitance, mais on peut aussi avoir tt dans ce cas = @& ldogh mo t'a.jagda. me , Ailfest parti/tc/il/est pressé/ il est parti parce qu'il est pressé tind tag mi ti. péebe séendk ribo lorsque nous sommes arrivéd, les femmes préparaient le repas Wt. En résumé, nous avons tl lorsque 1°) 1orientation est BDA , clest~a-dire que c'est le premier terme qui sert de repre. - Il y @ absence de primauté, les deux termes étant sur le néme plan. - Il y @ concomitance, si bien que certains marqueurs sont conmuns. 2°) Ltorientation est B 3A ~ Il y a primauté du repére sur le second terme. - Il y @ non-concomitance et les divers marqueurs sont individuels. On at lorsque l'orientation est A €B, qu'il y a primauté du repére mais non-concomitence. Si ces conditions ne sont pas respectées, on aura au lieu de tl et tt, dautres marqueurs qui sont 1A, 14, n, ni. 118, CHAPITRE VI - CONSIDERATIONS DIDACTIQUES ET PEDAGOGIQUES - Liobjet du présent chaytre sera d'exaniner quelques-unes des impli~ cations que la problématique théorique présentée ci-dessus peut avoir dans . les domaines de la didactique et de 1a pédagogie’ des langues étrangéres, en particulier hors du domaine indo-européen. La discussion ne portera ici que sur les aspects directement Linguis~ ‘tiques des problémes sbordés. Cela ne signifie pas, bien sfir, que seul 1e point de vue linguistique est pertinent. I1 doit étre clair au contraire qu'une approche véritablement satisfaisante doit prendre en compte les dimensions psychologiques, sociales et économiques de ces problémes, ce qui ne peut se faire que dans des équipes interdisciplinaires dotées de moyens adaptés et combinant le travail théorique avec 1'expérimentation "sur le terrain". Il ne s'agira donc ici ni de proposer une "conception" de 1'ensei- gnenent des langues ni de présenter une "démarche pédagogique" et encore moins une "méthode", mais de soulever quelques-unes des questions que le inguistique appliquée & l'enseignenent des lengues" ne peut luder si elle veut sortir de 1'éclectisme de mauvais aloi dans lequel elle s'est enfermée pratiquement d8s se naissance et qui lui vaut le méfiance des praticiens de Lienseignement et les sercasmes des théoriciens du langage. 1) Liactivité lengagi’re ~ re d’insister concernant Le premier point sur lequel il est nécet les problémes de didactique des langues c'est qu'il es: & 1a fois naff et nocif' de croire qu'il s'agit d'un domaine "purement" technique, pratique, et oD les "querelies de théoriciens" n'ont pas leur place. En réalité, derritre les "techniques" en apparence les plus innocentes se cachent des conceptions ‘théoriques (explicites ou non) sur ce qu'est 1'acquisition d'une langue étran- aire, sur le mani’re de favoriser cette acquisition et donc, en dernigre ana~ lyse, sur ce que sont les langues et méme sur ce que recouvre plus généralenent L'activité langagi@re humaine. # Le terme de "didactique" référe ici & 1a conception de méthodes a'enseigne~ nent ainsi qu’a 1a formation des enseignants, alors que le terme de "pédagogie' vise plus spécialenent l'activité pratique d’enseignement. 119. C'est ainsi par exemple que, dans le sillage des diverses théories structuralistes qui considéraient le langue comme un systéme de relations que les locuteurs acquiarent comme un ensemble d'habitudes et d'automatismes, s'est aéveloppée 1'approche de l'enseignement des langues en termes d'exer- cices structuraux visant & faire acquérir & l'apprenant le nouveau systéme a'habitudes, les nouveaux automatismes du "comportement verbal" auxquels les théories linguistiques d'alors réduisaient 1a langue. On peut méne ajouter que longtemps aprés que ces théories aient té abandonnées dans 1a recherche fondamentale, elles continuaient & vivre, voire méme & prospérer, @ travers leurs matérialisations technologiques sous formes de méthodes et de labora~ toires de langue. On ne rappellera jamais assez, face & toutes les tentatives de réduc~ tion qui alimentent le frénésie technologique que l'activité langegagiére est quelque chose d'extrémement complexe qui ne se raméne ni au schéma (en apparence si séduisant !) des ingénieurs de 1a communication té1éphonique, ni & un "syst@me ordonné de régles” pour ne citer que deux exemples célébres. Apprendre une langue &trangére n'est done réductible ni & 1'acquisi- tion d'un "nouveau code" qui en lui-méme n'aurait pas d'effet sur les autres "paramétres de la communication", ni & le maftrise d'un nouveau "systéme de régles" qui ne ferait que s'articuler différemment sur les principes immuables d'une "grammaire universelle", propriété génétique de L'espace. Liactivité langagiére n'est pas seulement 1e plus élaborée et le plus importante des formes de l'activité symbolique de l'homme, mettant en jeu & différents niveaux des opérations hétérogénes mais en interaction com plexe, elle a aussi et simultanément une dimension intersubjective, sociale, culturelle et historique. Liapprentissage d'une langue &trangBre met donc en jeu l'ensemble de la personnalité de 1'apprenant : non seulement ses capacités intellectuelles mais aussi son affectivité, ses modes de perception, son activité somatique et son rapport aux autres et & lui-méne. 2) Les différences entre langues - Le probléme de 1a nature exacte des différences entre langues est tion d'une eruciel pour le didactique qu'il s'egisse de décrire 1'organi 120. langue donnée en vue de son enseignenent, ou de procéder & 1'anelyse contras~ tive des langues & des fins pédagogiques. La conception théorique développée ici amine & considérer que, fondamentalement les langues diffrent non par ce quielles permettent de signifier (ce qui peut @tre signifié dans une langue peut 1'étre dans une autre, du moins pour l'essentiel) mais par la "maniére" de signifier, et en particulier par les moyens mis & 1a disposition des locu- teurs pour leur permettre de construire au niveau symbolique et de réeliser concrétement des énoncésmarqueurs de valeurs référentielles. Ces moyens sont, comme il a déja été ait, soit lexicaux (ils sont alors optionnels et en nombre potentiellement illimité) soit grammaticaux (ils imposent alors un choix & la fois obligatoire et limité). Bien videmment, tel syst@me de valeurs peut Gtre granmaticalisé dans une langue, affaire de distinctions lexicales dans une autre, mixte dens une troisiame. En 2utre, pour le méme systéme de valeurs et pour le méne niveau de structuration (lexical ou grammatical) les distinctions opérées par deux Jangues quelconques ont toutes les chances d'étre différentes par leur nature et/ou par leur nombre. Ainsi, par exemple, pour “mettre en valeur" un élément de 1'énoncé (thématisation) l'anglais dispose essentiellement de 1'accentuation expressive (Logica: stress) ce qui lui permet d'opposer : 1, my father bought a goat mon pare a acheté une chévre &: 2. my father bought. a goat (avec accent expressif) c'est mon pare qui a acheté une chévre Pour sa part, le yoruba (Welmers, 1973 p. 313) dispose pour marquer a thématisation d'un morphéne particulier (/ni/ avec 1'allomorphe /n'/ devant i et /1!/ devant les autres voyelles) accompagné de l'extraposition en téte A'énoneé de 1'élénent thématisé et de 1a réalisation & son ancienne place d'un pronom anaphorique. Le yoruba oppose done : 1, vabA*mi're ewhré mon pare a acheté une chévre Vaba‘ni 1'6 ra ewiiré ctest mon pre qui a acheté une chévre 11. Quant & 1'arabe i1 dispose de deux degrés différents de thématisation, stexprimant le premier par 1a simple extraposition du terme thémetisé, et le second & l'aide d'un marqueur spécial (/7inne/) précédant le terme extraposé (avec éventuellement dens les deux cas réalisation d'un pronom anaphorique & Lvancienne place du terme thématisé). L'arabe oppose done : 1, 2i8tara tabi fenzatan mon pare a acheté une chévre &: 2, tbl 7i¥tera fanzatan c'est mon pare qui a acheté une chévre et: 3. time tabi 7itera Sanzetan ily e mon pére, il a acheté une chévre Le marquage de 1a thématisation est donc affaire de morpho-syntaxe en yoruba et en arabe alors qu'il est,en anglais. affaire de phonologie. Par ailleurs, l'anglais et leyoruba mettent en jeu un systéme de valeurs binaire (thématis@/non-thématisé) alors que 1'arabe utilise un systéme & trois degrés. Bn outre, le fait de parler ici de 1a seule thématisation ne doit pas faire conclure que ce systéme de valeurs est isolé du reste des systimes de valeurs dans les langues en question. Ainsi, enyorube le morphine /ni/ sert aussi 2 marquer les opérations a'identification et une véritable compréhension de son statut dans la langue doit donc rendre compte de toutes les fonctions qu'il y assume. De méme, 1a maitrise du fonctionnement de /?inna/ en arabe nécessite une étude de la syntaxe de la subordination. On voit done sur cet exemple que le locuteur de l'une des trois langues citées qui voudrait apprendre 1'un des deux autres ne peut se contenter de mettre en correspondance le systéme des marques de sa langue maternelle avec celui de le langue Strangire puisque ces marques n'ont ni la méme nature, ni le méme statut, ni la méme organi Mais 8 l'opposé, i1 paraft difficile de soutenir que les faits évoqués constituent dans chaque cas un phénoméne unique, radicalement différent de tout phénomne d'une autre langue et que lapprenant doit intégrer comme quelque chose de nouveau et d'inconnu de lui. L'exemple qui vient d'étre discuté, et dont on peut montrer qu'il est représentatif du ces général, met en fait en évidence le nézessité de poser de fagon dirlectique le probléme du généralisable et du spécifique dans les 122. langues humaines. Ti est clair que ce probléme ne peut étre abordé correctement si l'on en reste au niveau de le description (si fine soit-elle) des syst@mes de réalisation morpho-syntaxiques des langues puisque ces sys~ tmes s'organisent différemment de langue & langue et qu'une catégorie lin~ guistique donnée ne réalise pas toujours une classe fixe de valeurs dans 1a néme langue. Ctest pour n‘avoir pas tenu compte de ces évidences que les analyses contrastives de langues n'ont obtenu aucun résultat significatif en dehors du domaine de 1a phonologie, seul domaine of 1a linguistique ait réussi jusqu'a présent & identifier de véritables invariants (1es systmes de traits et certains types de contraintes sur leur organisation). Une véritable analyse contrastive des langues en tant que systémes symboliques nécessite donc a'élever l'analyse jusqu'au niveau des systémes de valeurs que les langues pernettent de construire, c'est-a-dire au niveau des opérations métalinguistiques. Non seulement ce n'est qu'& ce niveau que l'on peut mettre en évidence 1a constitution et 1'enchafnenent des opérations dont les marqueurs morpho-syntaxiques en tant que tels ne sont que le réali- sation, mais surtout c'est le seul niveau od l'on puisse trouver les inva~ riants de l'activité langagi@re, & savoir les opérateurs et opérations méte~ linguistiques. 3) Le langue cible - Préparer du matériel pédagogique en vue de 1'enseignement d'une langue jonnée nécessite avant tout de disposer d'une analyse linguistique approfondie de la langue en question, c'est-&-dire non seulement d'une description détail- 1ée de son syst@me de réalisation morpho-syntaxique et phonologique mais aussi d'une analyse des grands réseaux de valeurs que la langue permet de construire, clest-a-dire de son systéme de représentation métalinguistique. Ce n'est qu'a partir de ce niveau que l'on peut mettre en évidence les régles de bonne for mation (syntactico-sémantique) des énoneés, r&gles qui sont en fin de compte les seules dont le maftrise permet de poss€der une langue. En rester au niveau des régles morpho-syntexiques fondées sur 1'iden- tification de classes d'occurrences de morphénes et éventuellement complétées par des "régles d'interprétation sémantique" est une feusse solution qui fait peut-étre de "bon 618ves" mais pas de véritables locuteurs. Cela se révéle 123. a&s que l'on sort de la situation de classe pour affronter la pratique langa~ gi@re "en situation”. On se rend compte alors que seul celui qui a compris les opérations nétalinguistiques qui sous-tendent 1a construction de 1a soi-disant "forme progressive" de l'anglais peut interpréter un noncé comme "he's being intel- ligent" lequel n'a pas l'air trés canonique en termes de "forme progressive’ mais n'en est pas moins parfaitement attesté et en outre tout & fait expli- cable d'un point de vue mételinguistique. De méme, seule 1a compréhension des opérations métalinguistiques sous~jacentes & la constitution de la catégorie verbale du "aidi" en arabe, peut expliquer a 1a fois 1a valeur de "passé" qu'elle a dans une forme comme "gama" (i1 s'est levé) et sa valeur de "présent' dans une forme comme "kafa" (il a faim). Pousser l'analyse de 1a langue cible jusqu'au niveau des opérations nétalinguistiques présente d'autres avantages, particuliérement appréciables stil s'agit d'une langue encore peu étudiée et n'ayant pas fait l'objet de descriptions et d'analyses systématiques par les locuteurs autochtones eux-nénes. En effet, dans ces cas-18 les catégories descriptives utilisées sont généralement celles des linguistes de tradition indo-européenne ce qui va fausser, parfois de fagon considérable, 1a véritable compréhension de 1a "iogique" de 1a langue étudiée c'est-A-dire 1a mani@re particuliére dont elle organise les opérations métalinguistiques pour constituer ses catégories lin guistiques propre: Lianalyse méte-Linguistique permettre au contreire dans ce cas & la fois de "comprendre" le fonctionnenent de 1a langue en se ramenant & des opé- retions générales exprimées dans un métalangage formel extérieur aux langues naturelles et done indépendant d'elles, mais aussi de mettre en évidence le maniare spécifique dont cette langue construit ses catégories linguistiques et les réalise par des classes de marqueurs morpho-syntaxiques particulitres. Sur cette base pourra se poser adéquatement le problime de doter 1a langue d'une terminologie grammaticale aduptée & sa réalité c'est-a-aire reflttant correctement ce en quoi cette langue peut étre repprochée de telle autre (ou de tel groupe a’autres langues) et ce en quoi elle présente des particulerités irréauctibies. rel. Crest aussi & partir d'une telle analyse que 1a conception de manuels réellenent adaptés pourra se réeliser car chaque langue est un tout structuré qu'on ne peut présenter d'une fagon pédagogiquenent assimilable ni en edoptant un plan "standaré" emprunté & une autre lengue, ni en le découpant arbitrai- renent et sans gard aux articulations particulires de l'ensemble. 44) Considérations prospectives - On peut formuler l'espoir de voir un jour le matériau linguistique présenté dans les méthodes de langue organisé & partir des opérations abstraites sous-jacentes @ l'organisation des données. Ce serait 18, nous semble-t-il, 1a seule véritable "progression notionnelle” linguistiquement pertinente. Ainsi, une expérience d'enseignement de 1'arabe dans laquelle les phrases nominales ont 6té présent6es aux apprenants sur la base des diverses valeurs de L'opérateur € (présent dans le représentation métalinguistique de ces phrases), valeurs qui d6finissaient ainsi différentes classes 4'énoncés (énon~ cés de localisation, possession, attribution) a donné des résultats tout & fait satisfaisants : non seulement les propriétés syntaxiques des phrases nominales ont bien 6té assimilées, mais leurs nuances sémantiques les plus subtiles ont été saisies. Bien entendu, une conception abstraite du matériau linguistique ne signifie pas une présentation abstraite de ce matérieu dans le cours. Dans L'expérience qui vient a'étre citée, en loccurrence, le cours lui-néme était orienté dans une optique résolunent sémantique et "communicationnelle" bien que toute 1a progression et toutes les "explications” s'appuyaient sur les propriétés formelles de l'opérateur © . Significativement les apprenants jug?- rent ce cours beaucoup plus assimilable et motivant que d'autres approches pourtant "nodernes". 5) Llenseignement des langues peu étudiées - Les dénarches "traditionnelles" regardsient l'apprentissage des lan- gues comme un processus essentiellenent intellectuel, mettant en jeu 1'assi- milation consciente des régles puis leur application raisonnée et méthodique. A L'opposé les démarches "modernés" prénent une approche “globaliste", res- pectant les liens entre énoncé et situation, favorisant l'acquisition incons- ciente et progressive des régies, et des réutilisations "spontanées" des 125. acquisitions. Les tenants de ces méthodes d'apprentissege des langues étran- gires s'appuient essentiellement dans leurs argumentations en faveur de leurs conceptions sur l'analogie aver 1tacquisition de sa langue maternelle par Lenfant. Or cette analogie, bien qu'elle ait eu incontestablement certains effets constructifs. n'est pas adéquate et conduit done parfois & des attitudes pédagogiques non fondées, dont 1a plus nuisible consiste A interdire tout recours & des procédures d&ductives (ou analytiques) dans 1a manipulation des énoncés de 1a langue. Le dogme de 1a nécessité d'une démarche purement inductive en matiére spprentissage de langues StrangBres est d’autant moins fond& qu'une obser- vation attentive montre que l'enfant qui acquiert sa langue maternelle a, lui-méme, et plus souvent qu'on ne l'imagine, recours & des procédures quasi- analytiques lorsqu'il est confronté & certains types 4’ 6noncés. Certes il ne demande pas alors "quelle est 1a r&gle" qui est en jeu, (question qui embares- serait bien des adultes) mais i1 sollicite des explications, des paraphrases, des gloses qui sont, si on y prend garde, du véritable matériel analytique qui permet de “aécortiquer" un énoncé et d’en identifier les articulations. Inver~ sement, il arrive souvent qu'on demande & l'enfant d'expliciter un énoneé qu'il vient de produire et que les adultes n'ont pas compris, et 18 encore il s'agit bien d'une démarche analytique (mais en sens inverse). Ce genre d'activité que Jakobson qualifiait de "métalinguistique" mais auquel il est plus adéquat, de réserver le terme "d'€pilinguistique" niest propre & aucun milieu social ni & aucune langue (méme s'il prend des formes différentes selon les milieux et les cultures), et il est clair qu'il Joue dans le processus a'apprentissage de sa langue par l'enfant un réle qui a &té sous-estiné mais qui est certainement fondamental. A fortiori 1'adulte (ou l'adolescent) mis au contact de le Langue Strang@re dane les conditions artificielles de 1a salle de classe et pour un temps limité a d’autant plus besoin d'étre guidé dans 1a construction de ses hypothéses concernant la structure et le valeur des énoncés auxyuels i est exposé. Ce point sere repris un peu plus loin. 126. 6) La formation des professeurs ~ L'insistance avec laquelle a été soulignée plus haut 1n nécessité G'analyses métalinguistiques des langues préelablement 4 leur enseignement ne doit pas amener & conclure que le professeur de langue doit Stre d'abord un spécialiste de linguistique théorique. En fait les deux compétences que l'on doit attendre d'un professeur de langue est qu'il connaisse bien la langue 2 enseigner et qu'il soit pédagogue. Clest sur le premier de ces deux points qu'il convient de s'expliquer ici,& savoir : quel type de connaissance de 1a langue A enseigner doit avoir (ou acquérir) un professeur de lengue ? De tout ce qui préc&de il doit étre clair que 1a connaissance de 1a langue qui est ici en question ne concerne ni 1'érudition philologique ni la culture littéraire (bien que l'une et l'autre "ne gfchent rien") mais une certaine forme de maftrise de le langue & enseigner, maftrise qui consiste en l'acquisition d'une "compétence métalinguistique", c'est-a-dire non seu~ lement en L'aptitude & produire des énoncés bien formés mais aussi & trans- former son activité épilinguistique (inconsciente) de locuteur en activité nétalinguistique consciente et cohérente. Ltacquisition de cette compétence fait du "vrai" professeur de langue plus qu'un correcteur ou qu'une source a'énoncés bien formés : il fait de lui ce qu'il doit vraiment étre clest-a-dire un véritable "médiateur" entre les apprenents et le systéme des valeurs sous-jacent & la langue enseignée, systame dont le maftrise est le vrai but de l'enseignement « L'acquisition de la compétence métalinguistique est progressive come tout processus de "prise de conscience", mais une formation adaptée peut en jeter les bases assez rapidement. Dans une telle formation le linguistique théorique aurait sa place mais moins pour apporter des "connaissances" de Lextérieur que pour aider & réorganiser de fagon cohérente ce qui mérite a'étre conservé et & rejeter ou @ modifier ce qui ne résiste pas & 1'examen. En tout état de cause, la ligne directrice de 1a formation doit @tre de rendre le professeur autonome, capable de se poser et de résoudre de nouveaux problémes, d'adepter son bagage théorique @ de nouvelles situa- tions, de concevoir lui-méme ou de modifier des outils pédagogiques, bref rT. de sortir du circuit de 1a dépendance trop souvent entretenu par les “maitres & penser”. 1) Ltapproche "conceptiielle" ~ Les problémes @'apprentissage ont longtemps été dominés par 1a pro~ biématique bineire de la réussite et de 1'échec, et ce n'est que récemment que le pédagogie des langues a réalisé qu’au moins dans certaines limites l'erreur est partie intégrante du processus d’apprentissage. Cependant, 1'at- titude de trop de professeurs de langues reste, face & une erreur, de se contenter de donner 1a "réponse juste" puis de se réjouir que cette réponse juste soit bien "némorisée" ou de s'irriter qu'elle soit & nouveau "oubliée". On ne réalise pas alors que le plus cohérent des deux apprenants n'est pas celui qui “adopte” 1e réponse juste mais bien celui qui s’en tient & 1'nypo~ ‘th&se fausse qu'il a construite avec sa granmaire provisoire. L'erreur en effet a sa nécessité et ses régles, et n'est jamais (sous sa forme délibérée et persistante) un simple accident. Prise au sérieux, c'est-&-dire comme une réponse inadéquate & un problane, L'erreur peut devenir au contraire source de remise en question et conduire & la construction d'une nouvelle hypoth’se plus ad&quate. A 1'inverse, une "bonne réponse" simplement mémorisée peut bloquer longtemps la progression réelle de l'apprentissage. De méme une hypo- thése peut produire pour un temps de bonnes réponses et se trouver ainsi "venforeée" puis se révéler inadéquate mais par son renforcement devenir un obstacle & 1'6laboration d'hypoth@ses plus adSquate. Tout cela conduit & une conclusion qui n'est qu'en apparence paradoxale, & savoir que dans le processus @tapprentissage des langues étrang?res 1a "bonne réponse" n'est pas forcément bonne et l'erreur n'est pas forcément mauvaise. Plus précisément, une "sonne réponse" n'est tonne que si elle peut @tre "argumentée" par celui qui le produit, et une pour l'apprentissage si elle aécoule logiquenent d'une hypothise que 1'appre- nant peut expliciter, car la discussion de cette hypothése conduira alors & une ré-évaluation de 1a grammaire provisoire et 2 son anélioration. “erreur" est une bonne chose C'est ici que peuvent se nouer la problématique de le compétence néte-linguistique du professeur et celle du réle de l'activité épilinguistique Gans l'acquisition d'une langue. Si le professeur sait utiliser son activité néta-linguistique et contréler l'activité épi-linguistique des apprenants i2 peut les amener progressivenent (en fait trés rapidement) 2 une certaine 128. maftrise de leur propre processus d'apprentissage de 1a langue, maftrise qui se manifestera par une attitude plus active, plus "curieure” et aussi plus enthousiaste & 1'égard de 1a langue Strengire et méme de leur propre langue. Les structures les plus complexes ne sont plus alors considérées comme des “complications absurdes" mais comme des solutions astucieuses & tel probléme de signification. et les énoncés ne sont plus pergus comme des arrangenents arbitraires mais come de véritables "montages" obéissant & une nécessité interne. On peut considérer qu'd partir de ce moment-1a l'essentiel est acquis Ja prise en charge par l'apprenant de son processus d'assimilation de le langue Strangére. 129. ANNEXE - CONSTITUTION D'UNE FAMILLE D'ENONCES (probléme de thématisation) (un_exemple tiré du_japonais) - A plusieurs reprises, nous avons Svoqué le probléme de 1a thénatisation, que ce soit en frangais avec des Snoneés comme : ily @ Jean, son bras il est enssé ou il y e Jean qui aime Marie ; en japonais avec des énoncés comme Kezuko wa / me ge ookii desu (~"Quant & Kazuko, ses yeux sont grands" ; "les yeux de Kazuko sont grands" ; il y @ Kazuko, elle @ de grands yeux (ou "ses yeux sont grands") ou comme : Tanakasan wa okusan ga tyooki desu (> "Monsieur Tanaka a sa femme (qui est) malade") ; en arabe, nous avons des familles comme : 1. gama ?abi gaydin ~ Le pre de Zayd s'est levé "stest levé pare Zayd-de" 2. abi zaydin gama = Le pare de Zayd, il s'est levé "pire Zayd-de s'est levé" 3. zaydun gama ?abiimu v Zeya, son pare s'est levé "gaya stest-levé pdre-lui" 4, zaydun Pabiihu qlina y Zayad, son pare, il stest levé "Zayd pére-lui s'est levé" 5. inna zaydan gama tabihu + 11 y a Zayd, son pre s'est levé "TL y a Zaya s'est levé p8re-lui" 6. 2inna zeydan ?ebihu gama > 11 y a Zayd, son pare, il stest levé "IL y a Zayd pBre-lui s'est Levé' 1. Qinna taba zaydin gama Tl y a le pére de Zayd, i1 s'est levé "IL y a pare Zayd-de il-s'est levé" Pour rendre compte de cette dernigre famille et des différences entre chacun des noncés ; pour expliquer le (ou plutét les) valeur(s) du marqueur 2inns ; pour montrer comment est constituée 1a "phrase nominale" en arabe classique et étudier précisément 1a catégorie du mubtada, il est en fait indis~ pensable d'avoir des opérations abstraites et des régles qui endhafnent ces opérations de fagon & produire un énoncé en : (a) lui attribuant une représen- tation métalinguistique pertinente et (b) en 1'insérant dans une famille para~ phrastique d'énoncés eux-ménes munis de leurs représentations. Bn utilisant les syst@mes de représentations énonciatifs, novs pouvons contribuer & apporter une solution & un tel probléme. Nous reproduisons done ci-dessous un extrait d'un article de A. Culioli et J.P. Deselés : "Considérations sur un programme de traitement automatique" ; quant au traitement du probléme arabe, on consultera l'article de Djamel-Eddine Kouloughli ‘Sur la "phrase nominale" en arabe classique". Ces deux articles paraftront en 1980 dans Cahiers Jussieu (études linguistiques), Edition U.G-E. es. 130. A titre d'exemple, considérons, de fagon succincte, le probléme de la constitution d'une famille structurée d'énon- cés. Tout énoncé est le produit de l'intrication de 3 relations de repérage”: (1) toute lexis’ est repérée par rapport a une situation énon- ciative-origine: sit(Yo,%») , d'od la formule: re sit( Po, So: (2) toute relation prédicative est nécessairement orientée et comporte donc un terme de départ, d'od la régle: a —+ IE x), 0d x est le terme de départ et (4% € x) la relation prédicative; (3) toute relation prédicative est repérée par rapport & un re- pére constitutif (y), lui-méme repéré par rapport & sit(¥o, €o), d'od la formule: «at exy © Cy e sit( Po, Se) >» (4) nous pouvons employer le schéma de régle de contraction: rr Sap gh od x, y, Z et W sont des variables d'un certain type que nous ne précisons pas ici. (*): Voir bibliographie sur la définition des termes lexis et situation énonciative. D'autre part: . si (a B b) est une relation primitive, r un prédicat binaire et a et b des prédicats O-aires, une lexis \ s'exprime sous forme d'une composition des opérations de greffe et d'intri- cation, soit ici, de fagon simplifige: A = (ro (ae b)); + Yo (enonciateur) et Go (origine des repéres spatio-tempo- rels) sont des paramétres métalinguistiques: + \# désigne une "lexis non saturée” of une des places non instanciée est en relation anaphorique avec x, d'od la no- tation analogue a celle de N. Bourbaki: «ate x) . Le symbole —» est une relation de déduction sur l'en- semble des formules. Seule une présentation formelle, ac- compagnée des justifications linguistiques, permettrait de préciser entirement ces termes. - € est un opérateur multiple dit de repérage, auquel est @ssocié un second opérateur 3 (dit dual), tel que: - six €y = y 2x, ona une relation de localisation (abstraite); - six €y = y€x, ona une relation d'identification. Cet opérateur et son dual n'ont pas été inventés a priori, mais proviennent d'observations sur les langues naturelles. Il est possible d'argumenter leur statut métalinguistique. i3t. Deux cas peuvent se présente: identiques et l'on déduit, si \ est, par abus de langage, (arb) et aest a la fois le terme de départ et le terme cons- titutif, la formule métalinguistique:* ou bien x et y sont (yg) Fg Es fap | sitio, Fe 2) ou bien, x est différent de y et l'on obtient une autre formule plus complexe. Indiquons, pour fixer les idées, comment se constitue 1'énoncé japonais: Xasuko wa me ga ookit(deou) & l'aide de (1), (2), (3) et (4). Les symboles 4, 'b' et c’ désignent respectivement me (oetl, yeux), cokit (grand(s)), et Kaauko** Nous partons d'une lexis complexe: A = (A: € Az) constituée des deux lexis 4, = (ab) et As =(a€c) od A; sert de localisateur (abstrait) 4 A,. D'aprés (1), nous avon: ({fa€ bE (a ec) E Sit( Po, Go)? + Appliquons (2) a A: 12. EO) E BPE aE (ace sie(H,,Sy) > ; Puis, nous appliquons (3): 3B. G0) EBPE AVE (ag c we (cE sit( For, Gp | sitih Et, deux fois de suite, (4): pe fe ppe sit( Po, Gy) sit( So, Gs) >; 4. ECO) € BIE Lay Puis, aprés absorption de sit( fo, &»)***nous obtenons la formule nétalinguistique: (IT) QC) € BIE (aE (ee Siti Fo, Go) ); x exemple: I conduit la votture, Jean ou Il y a Jean qui conduit la voiture ('a' désignant Jean, 'b' voiture et 'r!oonduire ). + pour faciliter la lecture et ne pas introduire un développement tech- nique sur le statut des constantes et opérateurs, nous représentons ooktt, ctest-a-dire ( ) étre-grand de lam&me fagon que me et Kazuko. Ceci n'est qu'un expédient de lecture afin d'éviter une formulation trop complexe dans le cadre de cet article. Mais ceci ne change rien aux opérations et au raisonnement. Lorsqu'on procéde de fagon détail- 6e, il est nécessaire de construire toutes les catégories linguisti- ques par des procédures explicites et donc construire a, b et c. wee: voir bibliographie sur le statut général de cette régle d' absorption. 132. formule que l'on peut gloser en frangais par: ily ac, smaala propriété d'étre b; ou encore: quant ac (d propos dec), caaquia la propriété d'8tre b; les a de c sont b. Ces gJ’ses sont directement construites a partir de la formule (III) (ci-dessous), équivalente 4 (II) et déduite de celle-ci par’. schéma de régle (propriété de € / 3"): (53) XEY —> ¥3X (X et ¥ sont des variables) : ieee te carn)" ¢¢sit( Po, Fo) 2Qfe2B(ag2¢() Eb?) Revenant a l'exemple japonais, nous pouvons maintenant établir une correspondance entre cette formule métalinguistique (III) et L'occurrence des marqueurs ua et ga: cy sit( Po, 8 2 (ce? oe ae cua a ga €b)))) Les régles de correspondence apparaissent a ce stade comme de simples approximations, qui ne réglent ni le probléme général des valeurs de wa et dega, ni le probléme de leur rela~ tion avec des gloses frangaises et anglaises telles que, en fran- gais: ilya@ ou,en anglais: as for. Seuls, une argumentation fon- dée sur des observations minutieuses et un raisonnement rigoureux Permettraient de traiter de ce probléme de fagon satisfaisante (compte tenu des exigences énoncées plus haut par nous-mémes) . Le manque d'espace et le caractére général de cet article nous interdisent de tels développements qui feront l'objet d'une publi- cation séparée. voir bibliographie sur le statut général de cette régle de dualité, Les formules (II) et (III) appartiennent a une famille de formules dérivées d'un méme schéma, ce qui permet de rendre compte d'une famille paraphrastique d'énoncés. Les étapes sls, «2+, +3. et .4, ne sont qu'un des calculs possibles. 133. On trouve des phénoménes analogues dans des 6noncés frangais tels que IZ y a Jean, quand il eat revenu, aa mare était déja partie ou encore Jean, son frére, les mobylettes, il les répare dréle- ment bien, dont on ne peut rendre compte que si l'on dispose du concept d'intrication. Sur le probléme d'énoncés de méme type, dans d'autres langues, on pourra se reporter utilement, pour le breton, a Pierre Trépos, Grammaire bretonne, Rennes, p.244; A Teng Shou-Hsin, "Double nominatives in Chinese", Language 50, (1974), p.455-473, pour le chinois; pour le cambodgien, a Judith M. Jacob, Introduction to Cambodian, Oxford University Press 1968, p.148, of l'on trouve la remarque suivante: “in these last sentences, the independent noun construct represents neither the subject nor the object, but a general sentence topic, the chief point of interest in the sentence"; pour le japonais, @ Susumu Kuno, The structure of the Japanese Language, MIT Press 1973; etc. Remarquons que la formule (I) est un cas particulier de (II) que l'on obtient en identifiant a et ¢ et en appliquant 1 'absorption. La représentation linéaire et parenthésée est cependant insuffisante pour représenter adéquatement le phénoméne d'intri- cation. La formulation plus rigoureuse du schéma de régle (4) est une transformation de treilles, représentée par la transfor- mation de graphes: aa") 134, Afin d'illustrer la notion de treilles, représentons la formule (I) (resp. la formule (II)) par des graphes associés (canoniquement) aux treilles: € 4ON oe 7 wf 4 (2) (II) we siti Pe, 8) La encore, le formalisme des treilles est plus adéquat que 1@ représentation linéaire parenthésée. Seule une présentation formelle dans le langage algébrique des treilles (c'est-Aa-dire dans T[Z]) permettrait de montrer comment se constitue un. énoncé (plus généralement une famille structurée d'énoncés) = (s) Nous mettons actuellement au point une série d'algorithmes et de procé- dures générales de traitement automatisé des treilles. il est certain que 1a représentation directe des problémes d'intrication, fréquents les langues naturelles, est plus adéquate qu'une représentation en termes d'arborescences accompagnées de divers pointeurs. Il est pos: sible que la ‘structure de treille, plus complexe en apparence, s'avére, ‘ pour certains problémes, moins onéreuse. Quant A la décidabilité, une : discussion plus technique (tant sur le plan formel que linguistique) dépasserait le cadre de ce simple article. Poh as 135. BIBLIOGRAPHIE Nous avons indiqué les références bibliographiques dans le texte. Pour les auteurs “classiques" : Benveniste, Chomsky, Frege, Harris... nous ntavons pas donné les références exactes. En ce qui concerne les travaux de notre équipe, nous ne les avons pas cité explicitement ; il stagit d'une vingtaine d'articles publiés dans 1a littérature et de plusieurs rapports techniques dont nous donnons la liste ci-dessous. 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Nariniani - Centre de Calcul de Novosibirsk, 1978 (cet article sera traduit en russe). H. BESTOUGEFF & J.P. DESCLES : Les langages quast-naturels et Le con cept de métabase (A paraitre en russe, A 1 Université de Novosibirsk) 1979. A, CULIOLI & J.P. DESCLES Considérations sur un programme de traite- ment automatique des Langues et du langage présenté au Colloque C.N.R.S. - D.G.R.S.T. "Informatique et Sciences Humaines", Marseille 1975 - & paraitre dans,Cahiers Jussieu 1979. A. CULIOLI : Opérations énonciatives et valeur aoristique: - Act du Colloque International sur 1'aspect, Metz 1978, A paraftre chez Xlincksieck, 1979. et valeurs modales - Le Fran- A. CULIOLE : Opérations énonotativ gais moderne, 1978. A. CULIOLI : Linguistique du discours et discoure sur ta Linguisti- que ~ Revue Philosophique, 1978. A. CULIOLI : Conditions d'utilisation des données issues de plusieurs langues naturelles - Modéles linguistiques, I, 1979. 437. J.P. DESCLES : Probléme du tranofert des catégories - actes de 1a ren- contre franco-soviétique sur les problémes actuels de la traduction, Moscou, 1977 (A paraftre). J.P. DESCLES : Syetdmes énonctatife et analyee dee données textuetles - P. Université de Montréal, Montréal, 1978. Etudes 1ittéraire: J.P. DESCLES : Enoneés, énongables ~ Lingua e Stile, 1978. J.P. DESCLES ( & 2. GUENTCHEVA) : Construction Formelle de 1a eatégo- rie gramaticale de Ltaepect - rctes du Colloque int. sur l'aspect, Metz 1978, A paraftre chez Klincksieck. a J.P, DESCLES + Représentation formelle de quelques déictiques frangata ~ Présenté au Colloque "Linguistique frangaise et linguistique généra~ le", Université de Paris VIII, Janvier 1976 et au Convegno di Catania (Sicile 1976), & parattre dans les actes édités par 1a societ# ai Linguistica Italiana, 1979. 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