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EMC-Cardiologie Angéiologie 2 (2005) 191–201

www.elsevier.com/locate/emcaa

Chirurgie des cardiopathies congénitales


à l’âge adulte
Surgical management of
congenital heart disease in adults
E. Belli *, R. Roussin, C. Planché, A. Serraf
Centre chirurgical Marie Lannelongue, 133, avenue de la Résistance, 92350 Le Plessis-Robinson, France

MOTS CLÉS Résumé La chirurgie des cardiopathies congénitales à l’âge adulte présente des caracté-
Chirurgie cardiaque ; ristiques particulières : la diversité des situations anatomocliniques et la difficulté des
Cardiopathies techniques chirurgicales spécifiques qui sont les plus importantes. L’évaluation préopé-
congénitales ; ratoire revêt une importance particulière. Il s’agit souvent des cardiopathies à deux
Cardiopathies de ventricules réparables encore non réparées dont les communications interauriculaires
l’adulte
(40 %), et parfois des cardiopathies déjà opérées mais nécessitant une réintervention afin
de maintenir le résultat initial et d’éviter la dégradation myocardique et pulmonaire. Les
résultats de la chirurgie sont encourageants en termes de mortalité et aussi en termes de
qualité de vie.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Abstract The surgical management of congenital heart diseases in adult patients is


KEYWORDS
characterized by the diversity of the anatomo-clinical situations and the difficulty of the
Cardiac surgery;
specific surgical techniques. The pre-surgery evaluation is of great importance. The
Heart defects
congenital; cardiac lesions encountered are often suitable for biventricular repair; however, there
Heart defect of the are also previously repaired hearts that require new surgical intervention due to the
adult deterioration of the initial result. Encouraging results of surgery are observed, in terms of
mortality and quality of life as well.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Introduction personnes adultes atteintes d’une cardiopathie


congénitale. La grande majorité d’entre elles a
déjà subi une ou plusieurs interventions chirurgica-
La chirurgie cardiaque congénitale s’adresse essen-
les. Près de 500 interventions/an sont effectuées
tiellement à des nourrissons et à des enfants, mais
sur des patients ayant 16 ans ou plus. Ce chiffre est
aussi, de plus en plus fréquemment, à des adultes.1
faible (environ 1 % de l’ensemble des actes en
Tous les ans, en France, environ 3 000 patients sont
chirurgie cardiaque) ; cependant, ces patients né-
opérés de leur cardiopathie congénitale. Actuelle-
cessitent une prise en charge hautement spéciali-
ment vivent en France des dizaines de milliers de
sée. La fréquence de cette chirurgie devrait aug-
menter avec les enfants opérés dans leur jeune âge
* Auteur correspondant. et requérant de nouveaux gestes, parfois multi-
Adresse e-mail : ebelli@ccml.com (E. Belli). ples.2
1762-6137/$ - see front matter © 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
doi: 10.1016/j.emcaa.2004.12.002
192 E. Belli et al.

La spécificité des problèmes posés par cette rendez-vous, à la grande déception du patient, et
population a déjà donné naissance à une spécialité cela malgré l’espoir de prolongation de sa vie.
dans la surspécialité : « GUCH (grown-up congenital Finalement, « l’abstention » constitue une option
heart) medicine ». Il s’agit d’une approche pluridis- relativement fréquente, comme le sont le risque
ciplinaire entraînant la collaboration du cardiolo- élevé ou le bénéfice incertain.
gue pédiatre, du cardiologue adulte et du chirur- La classification en trois groupes des indications
gien cardiaque pédiatrique, ainsi que des chirurgicales fait l’unanimité parmi les spécialis-
spécialistes experts dans la prise en charge psycho- tes.
sociale des patients.3,4
La chirurgie des cardiopathies congénitales à Cardiopathies réparées
l’âge adulte présente des caractéristiques particu-
lières qui la différencient de la chirurgie cardiaque Les cardiopathies réparées (réparation anatomique
congénitale de l’enfant et de la chirurgie cardiaque ou physiologique) dans l’enfance nécessitent par-
des maladies acquises de l’adulte : la diversité des fois une réintervention afin de maintenir le résultat
situations anatomocliniques et la difficulté des initial et d’éviter la dégradation myocardique et
techniques chirurgicales spécifiques sont les plus pulmonaire. Le plus souvent, c’est la détérioration
importantes. La présence d’une atteinte multivis- chronique du résultat initial, plus que la présence
cérale est fréquente chez ces patients, ce qui com- des lésions résiduelles de moins en moins bien
plique l’anesthésie et la période postopératoire.5,6 tolérée, qui est la cause de ces réinterventions. Le
Cette prise en charge doit faire face à de nombreu- Tableau 1 suggère une classification étiologique des
ses difficultés liées au vieillissement des cardiopa- réinterventions.
thies et à leur retentissement physiopathologique
sur beaucoup de fonctions d’organe comme le myo- Cardiopathies réparables
carde, les poumons et l’hémostase. Par exemple,
l’histoire d’un accident vasculaire cérébral, ainsi Il s’agit des cardiopathies à deux ventricules répa-
que la présence d’hypertension artérielle pulmo- rables (réparation anatomique) encore non répa-
naire ou de collatérales systémicopulmonaires in- rées. Le Tableau 2 montre « les cardiopathies asso-
fluencent les techniques d’anesthésie, de circula- ciées d’une survie naturelle à l’âge adulte ».
tion extracorporelle (CEC) et aussi de réanimation
postopératoire. Il est fréquent que la fonction myo- Cardiopathies non réparables
cardique soit altérée par une cyanose chronique
couplée à des conditions hémodynamiques particu- Il s’agit des cardiopathies non réparables, soit dé-
lières augmentant la charge du travail ventricu- pistées précocement et ayant fait l’objet d’investi-
laire.7 La présence de troubles du rythme peut
aussi potentialiser l’insuffisance cardiaque chez Tableau 1 Causes de réintervention à l’âge adulte.
ces patients souvent multiopérés.
Obstruction
• au retour veineux systémique / pulmonaire
• des valvules auriculoventriculaires
• des voies d’éjection ventriculaires
Indications chirurgicales • de la valve aortique ou pulmonaire
Insuffisance valvulaire
• valves auriculoventriculaires
L’évolution spontanée des cardiopathies congénita-
• valves artérielles
les est en général assez bien connue. Les indica-
Déhiscence de cloison
tions chirurgicales doivent prendre en compte le • CIA (Senning-Mustard, Fontan)
risque de mortalité en fonction de la complexité • CIV
des lésions, la difficulté technique de l’interven- • shunt systémicopulmonaire
tion et, surtout, l’état de la fonction cardiaque et Troubles du rythme et de la conduction
pulmonaire ainsi que des systèmes vitaux comme Ischémie myocardique
les reins et le système sanguin. La « qualité de vie » Dysfonction ventriculaire
constitue le deuxième facteur principal à prendre Urgences chirurgicales
en compte lors de la discussion des indications • endocardite
• thrombose
chirurgicales : elle est souvent surestimée par le
• dissection aortique
patient lui-même, d’où l’intérêt des explorations
CIA : communication interauriculaire ; CIV : communication
fonctionnelles. L’amélioration de la capacité fonc-
interventriculaire.
tionnelle après la chirurgie n’est parfois pas au
Chirurgie des cardiopathies congénitales à l’âge adulte 193

laire [CIA], communication interventriculaire [CIV],


Tableau 2 Cardiopathies congénitales curables dépistées
chez l’adulte. coarctation de l’aorte, sténose valvulaire aortique)
et cyanogènes (tétralogie de Fallot, atrésie pulmo-
Fréquentes
naire à septum ouvert, cardiopathies complexes
Bicuspidie aortique (sténosante et/ou fuyante)
CIA (secundum, primum, sinus venosus)
avec ventricule physiologiquement unique).
Coarctation
Persistance du canal artériel Bilan cardiaque
Sténose valvulaire pulmonaire
Survie naturelle exceptionnelle Comme chez l’enfant, la connaissance précise de
CIV l’anatomie et de l’hémodynamique propre à cha-
Tétralogie de Fallot
que malformation est absolument indispensable
Cardiopathies rares
avant toute décision opératoire. Chez l’adulte,
Anévrisme du sinus de Valsalva
Anomalie de trajet des artères coronaires
l’échocardiographie-doppler n’est pas toujours très
Anomalie d’Uhl contributive en raison d’une moins bonne échogé-
BAV complet congénital nicité. Aussi aura-t-on quasi systématiquement re-
Double discordance cours au cathétérisme cardiaque et à l’angiogra-
Ebstein phie, et dans certains cas (coarctation, atrésie
Fistule artérioveineuse coronaire pulmonaire à septum ouvert) au scanner ou à
Fistule artérioveineuse pulmonaire l’angio-imagerie par résonance magnétique (IRM).
Insuffisance mitrale congénitale
L’échographie transœsophagienne peut égale-
Insuffisance pulmonaire congénitale
Sténose sous-aortique
ment être utile dans certains cas (CIA, valvulopa-
Sténose valvulaire aortique thies).
Sténose supravalvulaire aortique L’organe cœur en lui-même peut s’être dété-
CIA : communication interauriculaire ; CIV : communication rioré au fil des années et il faudra systématique-
interventriculaire ; BAV : bloc auriculoventriculaire. ment rechercher :
• une atteinte de la fonction ventriculaire systoli-
gations adéquates, soit découvertes tardivement. que et diastolique, liée soit à une surcharge de
Les indications chirurgicales peuvent être essen- volume ou de pression, soit à une cyanose pro-
tiellement limitées à protéger le lit artériel pulmo- longée, et qui lorsqu’elle est trop marquée, ne
naire dans l’optique d’une transplantation cardia- laisse comme seule possibilité thérapeutique
que ultérieure. que la transplantation cardiaque ;
• des troubles du rythme ou de conduction cardia-
La transplantation cardiaque ou cardiopulmo-
que, fréquents dans les cardiopathies opérées
naire est le recours ultime valable pour les trois
dans l’enfance (tétralogie de Fallot, réparation
catégories de patients énumérées ci-dessus.8
physiologique de transposition des gros vais-
seaux), mais aussi dans certaines cardiopathies
non opérées (transposition corrigée des gros
Évaluation préopératoire vaisseaux, ventricule unique) ;
• des séquelles d’endocardite connue ou passée
inaperçue (le risque d’endocardite, particuliè-
L’évaluation préopératoire revêt une importance
rement important dans les cardiopathies cyano-
particulière dans les cardiopathies congénitales de
gènes, augmente avec les années).10,11
l’adulte. En effet, s’ajoute aux caractéristiques
anatomiques et fonctionnelles de la cardiopathie
son retentissement non seulement sur le myocarde Bilan extracardiaque
lui-même mais aussi sur d’autres organes. La gra-
vité des lésions extracardiaques, qui augmente au Les cardiopathies congénitales peuvent retentir au
fil des années, va peser considérablement sur le fil du temps sur de nombreux organes, avant tout le
pronostic opératoire et souvent dicter, au même poumon, mais aussi le rein, le foie, la coagulation
titre que les lésions cardiaques, la possibilité ou et l’appareil locomoteur. Le retentissement extra-
non d’une intervention curative.9 cardiaque sera très différent selon que la cardiopa-
thie est cyanogène ou non.
Les modalités du bilan préopératoire seront dif-
férentes selon le type de la cardiopathie. En termes
de physiologie et de retentissement extracardia- Cardiopathies non cyanogènes
que, il sera plus facile de diviser les cardiopathies L’organe le plus souvent touché est le parenchyme
en non cyanogènes (communication interauricu- pulmonaire dans les cardiopathies par shunt
194 E. Belli et al.

gauche-droite, en raison de la surcharge vasculaire Les troubles de coagulation sont fréquents : po-
pulmonaire prolongée. La mesure au cathétérisme lyglobulie, thrombopénie avec risques à la fois
des pressions pulmonaires devra donc être très thrombotiques et hémorragiques, d’où l’impor-
précise, et complétée par celle des résistances tance du bilan d’hémostase en préopératoire.7
vasculaires pulmonaires par le principe de Fick. En Au niveau de l’appareil locomoteur, il faut souli-
effet, au-delà d’une certaine limite, l’indication gner la fréquence de la scoliose, souvent sévère,
opératoire sera récusée, car trop risquée : 8 unités dans les cardiopathies cyanogènes non opérées, et
Wood/m2 pour les CIV. La décision de l’opérabilité la possibilité d’hyperuricémie avec ses conséquen-
d’une CIA reste plus délicate : les patients présen- ces cliniques, par défaut d’excrétion de l’acide
tant des résistances pulmonaires inférieures urique dans le syndrome d’Eisenmenger.
à 10 unités Wood/m2 sont opérables et ceux pré-
sentant des résistances pulmonaires supérieures La fonction hépatique peut également être per-
turbée par une insuffisance cardiaque prolongée,
à 15 unités Wood/m2 sont inopérables. Chez les
ce qui peut aussi retentir sur la coagulation.
patients présentant des résistances pulmonaires
entre 10 et 15 unités Wood/m2, les signes de
l’aggravation récente des résistances pulmonaires
plaideront en faveur d’une intervention. Les nou- Place du cathétérisme interventionnel
veautés dans la prise en charge médicale de l’hy-
pertension pulmonaire (NO, inhibiteurs d’endothé-
line, prostacycline, sildénafil) ont permis d’élargir Dans la dernière décennie, l’évolution thérapeuti-
les indications de fermeture. que a été marquée par le développement extraor-
dinaire des procédés non invasifs liés à la cardio-
logie interventionnelle.13 Ces procédés non
Cardiopathies cyanogènes chirurgicaux sont utilisés en complément ou comme
Que la cyanose soit native ou acquise, comme dans alternative à la chirurgie, soit pour fermer une
la réaction d’Eisenmenger (inversion du shunt dans communication anormale, soit pour éradiquer par
les cardiopathies par shunt gauche-droite avec élé- embolisation une circulation collatérale parasite,
vation irréversible des résistances pulmonaires), le soit enfin pour pratiquer une ouverture ou l’élargis-
retentissement est souvent multiviscéral.7 sement d’un segment vasculaire ou valvulaire oc-
L’atteinte pulmonaire est quasi constante avec clus ou sténosé.14 Le développement le plus récent
et aussi le plus spectaculaire des techniques d’oc-
le temps et peut comporter :
clusion concerne les communications interauricu-
• une élévation des résistances vasculaires pulmo-
laires. Elles sont applicables dans plus de la moitié
naires à rechercher systématiquement avant
des CIA. L’occlusion des canaux artériels ainsi que
toute décision opératoire dans les ventricules
l’embolisation des structures vasculaires (shunts
fonctionnellement uniques : les techniques de
aortopulmonaires, fistules coronarocardiaques...)
dérivation cavopulmonaire totale sont contre-
entrent dans la stratégie de traitement des cardio-
indiquées au-delà de 2 unités Wood/m2 ;
pathies congénitales de l’adulte. La fermeture de
• des fistules artérioveineuses pulmonaires qui
communications interventriculaires est de réalisa-
aggravent la cyanose ;
tion encore difficile et ne s’applique qu’aux CIV du
• une circulation collatérale systémicopulmonaire
septum musculaire. Les CIV résiduelles après chi-
acquise comportant un risque hémorragique pé-
rurgie pourront sans doute être prochainement
riopératoire majeur.
concernées.
L’insuffisance rénale par atteinte glomérulaire
Les méthodes appliquées aux segments vasculai-
est une complication sévère et fréquente des car-
res ou valvulaire sténosés (parfois occlus) se sont
diopathies congénitales cyanogènes vieillies.12
très rapidement développées, remplaçant des ges-
L’atteinte cérébrale comporte deux causes prin- tes chirurgicaux souvent très invasifs. Les implan-
cipales : d’une part les accidents vasculaires céré- tations de stent vasculaire associées aux angioplas-
braux liés, soit à des troubles du rythme cardiaque, ties à ballonnet y trouvent leur principal terrain
soit directement à la cyanose par le biais de la d’application. Les sténoses pulmonaires valvulaires
microcytose, d’autre part, les abcès cérébraux très ou périphériques, le rétrécissement des tubes entre
fréquents et ayant pu passer inaperçus dans l’en- le ventricule droit et les artères pulmonaires, le
fance. La fréquence de ces complications cérébra- rétrécissement aortique valvulaire congénital et la
les et le risque accru d’hémorragie cérébrale au recoarctation de l’aorte constituent les principales
cours d’une CEC justifient un large usage du scan- indications. L’implantation des valves artérielles
ner cérébral dans le bilan préopératoire. est déjà au stade d’expérimentation clinique.
Chirurgie des cardiopathies congénitales à l’âge adulte 195

Cardiopathies congénitales dépistées connexion des veines pulmonaires droites sont les
à l’âge adulte plus fréquentes et généralement associées à une
CIA proche de l’orifice cave supérieur. L’abouche-
ment se fait tantôt de façon échelonnée au bord
La chirurgie des cardiopathies congénitales à l’âge droit de la partie terminale de la veine cave supé-
adulte fait face à un large spectre de malforma- rieure, tantôt directement dans l’oreillette droite.
tions cardiaques, ainsi qu’à des situations anatomo- Plus rarement, l’abouchement des veines pulmo-
cliniques variées. La prise en charge chirurgicale de naires droites se fait dans la veine cave inférieure
certaines de ces pathologies, fréquemment opé- au voisinage de la terminaison des veines sus-
rées à l’âge adulte, est spécifiquement traitée. hépatiques. Les anomalies de drainage des veines
pulmonaires gauches sont plus rares et se connec-
Communications interauriculaires tent au tronc innominé par l’intermédiaire d’une
veine cave gauche.
Les CIA représentaient environ un tiers des cardio- Lorsque le cathétérisme interventionnel n’est
pathies opérées à l’âge adulte avec une prévalence pas possible, la fermeture chirurgicale se fait sous
estimée de 14 à 24 pour 10 000. Le patient reste CEC, presque toujours à l’aide d’un patch (péri-
souvent sans symptôme jusqu’à l’âge de 20 ans. carde, Dacron®, polytétrafluoroéthylène [PTFE]).
Ensuite commencent à apparaître les signes d’une L’anatomie du retour veineux pulmonaire doit bien
défaillance cardiaque et les troubles de rythme. être identifiée. En présence d’une veine pulmo-
L’insuffisance ventriculaire droite et la maladie naire se drainant directement dans la veine cave
vasculaire pulmonaire sont plus tardives, avec un supérieure, celle-ci doit être dirigée, à l’aide d’un
risque d’Eisenmenger inférieur à 10 %. La ferme- patch, vers l’oreillette gauche et, si nécessaire, la
ture chirurgicale arrête la détérioration fonction- veine cave supérieure élargie par un autre patch.
nelle mais n’évite pas l’apparition tardive des trou- La correction d’une CIA de type ostium primum
nécessite la fermeture de la cleft de la valve mi-
bles de rythme.15
trale, tout en veillant à ne pas créer une sténose.
Les progrès du cathétérisme interventionnel per- Selon la préférence de l’opérateur, le sinus coro-
mettent aujourd’hui la fermeture percutanée de la naire peut être laissé du côté gauche ou droit du
majorité des CIA de type ostium secundum avec, septum interauriculaire. La réparation du retour
comparé à la chirurgie, des suites plus simples. La veineux pulmonaire gauche dans le tronc veineux
chirurgie garde sa place pour la fermeture des très innominé peut poser des problèmes techniques : la
larges communications, ainsi que des CIA à locali- confection d’une anastomose directe entre les vei-
sation anatomique particulière, inaccessible à la nes pulmonaires gauches et l’oreillette gauche
fermeture percutanée : sinus venosus, « low » n’est pas toujours évidente du fait de la distance
septal defect, ostium primum. entre les deux structures chez l’adulte. L’utilisa-
L’apparition des symptômes, de l’arythmie ou tion du tronc veineux innominé pour pouvoir
l’histoire d’une embolie paradoxale à retentisse- connecter le retour veineux pulmonaire au moignon
ment neurologique constituent les principales indi- distal de la veine cave supérieure sectionnée est
cations opératoires. Pour la CIA asymptomatique, une solution alternative. L’orifice atrial de la veine
la documentation d’un rapport de débit avec un cave supérieure est, à l’aide d’un patch, tunnellisé
débit pulmonaire égal au moins au double du débit à la CIA (oreillette gauche) et le moignon proximal
systémique constitue une indication de fermeture. de la veine cave supérieure anastomosé à l’auricule
En présence d’hypertension pulmonaire (pression droite. Le tronc veineux innominé est remplacé par
artérielle pulmonaire supérieure aux deux tiers de un tube en PTFE annelé (Fig. 1).
la pression artérielle systémique), la fermeture
sera justifiée avec un rapport de débit de 1,5 ou Tétralogie de Fallot
plus, ou si l’hypertension pulmonaire est potentiel-
lement réversible (biopsie pulmonaire, réponse aux
Il est rare de rencontrer un adulte avec une tétra-
vasodilatateurs pulmonaires).
logie de Fallot non opérée ou seulement avec une
Au plan anatomique, le défaut de la cloison intervention palliative. Il s’agit souvent de patients
interatriale peut être isolé et siéger dans la partie récusés dans le passé à cause d’une anatomie inap-
centrale de la cloison : ostium secundum. Il peut en propriée des artères pulmonaires mais dotés
revanche être situé au voisinage des orifices termi- d’éventuelles collatérales pulmonaires, qui, grâce
naux des veines caves et s’associer à des anomalies à un débit pulmonaire adéquat, leur ont permis
du retour veineux pulmonaire. Les anomalies de d’atteindre l’âge adulte.16 Parfois les parents
196 E. Belli et al.

fundibulaires obstructives et élargissement de l’in-


fundibulum et, si nécessaire, de l’anneau pulmo-
naire par un patch d’élargissement. Les éventuelles
sténoses situées au niveau de la bifurcation et des
branches pulmonaires doivent être traitées simul-
tanément.

Insuffisance pulmonaire tardive

Comme dans l’exemple fréquent de la tétralogie de


Fallot réparée dans l’enfance à l’aide d’un patch
transannulaire, un ventricule droit normal soumis à
une surcharge volumétrique chronique réagit par la
dilatation de sa cavité et par la diminution progres-
sive de sa fonction contractile. L’apparition des
symptômes est tardive (> 20 ans) : intolérance à
l’effort, insuffisance cardiaque droite, troubles de
rythme, syncope et mort subite ont été observés.18
Chez certains, le tableau clinique se limite à la
dilatation progressive du ventricule droit. On a
constaté que l’allongement de la durée de QRS sur
l’électrocardiogramme (ECG) (> 180 ms) est un
facteur de risque d’arythmie.19 La présence d’un
obstacle associé sur l’arbre artériel pulmonaire ag-
grave l’évolution. L’insuffisance tricuspide, organi-
que et/ou fonctionnelle, accompagne fréquem-
ment la maladie. L’indication de valvulation
pulmonaire est délicate chez les patients asympto-
matiques : il est préférable d’intervenir à temps
pour éviter la détérioration irréversible de l’anato-
mie et de la fonction du ventricule droit, et préve-
nir ainsi l’apparition des arythmies graves.6,20,21

La valvulation de la voie pulmonaire s’effectue à


l’aide de substituts biologiques : homogreffe ou
hétérogreffe.22 Leur détérioration inévitable dans
le temps peut nécessiter d’autres interventions afin
de préserver l’amélioration fonctionnelle. La tech-
nique de l’implantation de prothèse valvulaire pul-
monaire biologique par voie percutanée est égale-
Figure 1 A, B. Technique de réparation d’un retour veineux
ment en train d’être étudiée.23
anormal du poumon gauche. TVI : tronc veineux innominé ; VCS :
veine cave supérieure ; Vv PG : veines pulmonaires gauches. Cette chirurgie doit aussi traiter l’ensemble des
avaient refusé toute intervention pour leur enfant. lésions associées : éliminer les obstacles sur la voie
L’indication d’une réparation chirurgicale dépend pulmonaire, réparer les fuites significatives de la
essentiellement de la fonction ventriculaire droite valve tricuspide et obturer les éventuelles commu-
et gauche, ainsi que de la taille des artères pulmo- nications intracardiaques résiduelles.24 Les aryth-
naires fonctionnelles. Les pressions pulmonaires mies supraventriculaires peuvent être prises en
doivent être évaluées pour définir l’opérabilité et charge par des techniques appropriées incluant le
surtout l’indication d’une valvulation de la voie Maze droit, la cryoablation et l’interruption des
pulmonaire. Les résultats de la chirurgie sont très voies de conduction accessoires. La résection des
encourageants.17 La technique de réparation est segments akinétiques de la paroi libre du ventricule
similaire à celle utilisée chez le nourrisson : ferme- droit qui entoure le patch infundibulopulmonaire
ture de la CIV par voie transventriculaire et/ou peut aider au remodelage postopératoire du cœur
transatriale, résection de bandes musculaires in- droit.21
Chirurgie des cardiopathies congénitales à l’âge adulte 197

Atrésie pulmonaire à septum ouvert

Comme pour la tétralogie de Fallot, la présence


d’un lit artériel pulmonaire satisfaisant, même au
niveau des hiles, permet d’espérer un bon résultat
à la suite de la réparation anatomique avec, si
nécessaire, l’unifocalisation des collatérales pul-
monaires de taille adéquate et sans hypertension
en une seule ou plusieurs étapes.25 Les tubes en
PTFE ont un terrain d’application. Au contraire,
pour les patients cyanosés chez qui une réparation
ne paraît pas envisageable, le bénéfice clinique des
procédés palliatifs destinés à augmenter le débit
pulmonaire est incertain.

Figure 2 Image de scanner tridimensionnel mettant en évidence


Coarctation et recoarctation chez l’adulte une recoarctation de l’aorte. La réparation s’est faite par l’in-
sertion d’un patch d’élargissement sous hypothermie profonde
et perfusion sélective du tronc brachiocéphalique.
L’adulte présentant une coarctation26 est souvent
asymptomatique et c’est à l’occasion d’un bilan clampée, ce qui diminue le risque d’ischémie. Pour
d’hypertension artérielle que le diagnostic est fait. les lésions complexes sans circulation collatérale
L’hypertension des membres supérieurs avec ab- significative, une CEC d’assistance est installée en-
sence de pouls fémoraux permet le diagnostic cli- tre l’artère (ou l’aorte thoracique descendante) et
nique. Le pronostic de la coarctation de l’aorte, la veine fémorale (ou l’artère pulmonaire,
opérée ou non, chez l’adulte, est déterminé par l’oreillette gauche). La mise en place d’un shunt
l’hypertension artérielle et ses conséquences sur entre l’aorte ascendante et l’aorte thoracique des-
tout le réseau artériel de la zone présténotique. La cendante peut éviter l’utilisation d’une CEC.
dilatation anévrismale de l’aorte ascendante et de Les lésions proximales et les lésions complexes
l’arche aortique présténotique peut se compliquer multiopérées sont le plus souvent abordées par
par une rupture ou une dissection spontanée. L’in- sternotomie médiane et traitées sous CEC28
suffisance ventriculaire gauche, l’accident hémor- (Fig. 2).
ragique cérébrovasculaire et l’endocardite infec-
Quatre techniques chirurgicales principales peu-
tieuse sont les autres complications possibles.
vent être utilisées.
L’indication opératoire est portée suite à un bilan
• Comparée à la coarctation du nourrisson, la
détaillé : l’épreuve d’effort avec profil tensionnel
« résection-anastomose » a une application plus
et l’angio-IRM sont considérées comme essentiel-
limitée. La difficulté de mobiliser les segments
les. L’intérêt du cathétérisme cardiaque se limite à
aortiques chez l’adulte et la fragilité de la paroi
la documentation du réseau coronaire et à l’évalua-
vasculaire qui entoure la lésion ne laissent
tion du réseau artériel collatéral ; sinon, le cathé-
qu’une petite marge d’application à cette tech-
térisme est pratiqué dans l’optique d’une angio-
nique. L’indication est une coarctation très limi-
plastie (avec ou sans implantation d’endoprothèse)
tée en longueur et entourée de segments aorti-
en cas de coarctation opérée récidivante.27 La pré-
ques de diamètre satisfaisant.
sence d’un gradient de pression supérieur
• Le remplacement du segment aortique malade
à 30 mmHg est suffisante pour envisager un traite-
par un tube prothétique (Dacron® ou PTFE) est
ment.
la technique la plus adaptée aux lésions péri-
La thoracotomie postérolatérale (gauche) est la isthmiques accessibles par thoracotomie. L’in-
voie d’abord utilisée pour le traitement de la coarc- sertion du tube peut aussi être effectuée par
tation native, ainsi que de la recoarctation située sternotomie si la lésion siège au niveau de l’ar-
en aval de l’arche aortique transverse. Le risque che aortique proximale.
d’ischémie de la corde spinale suite au clampage • La plastie d’élargissement à l’aide d’un patch
est d’environ 1 % et est encore plus important (Dacron®, PTFE ou homogreffe) peut être une
quand le temps de clampage dépasse les 30 minu- alternative, quels que soient le siège de la lésion
tes. Cependant, la présence d’un réseau artériel et la voie d’abord utilisée. Elle paraît être la
collatéral bien développé permet d’avoir une solution la plus adaptée quand l’obstruction
bonne pression de perfusion en aval de la zone siège au niveau de l’aorte horizontale et en
198 E. Belli et al.

la chirurgie pour dérivation cavopulmonaire totale.


Il s’agit souvent de patients à débit pulmonaire
équilibré, soit non opérés, soit ayant eu une inter-
vention palliative dans la jeune enfance.30 Il est
encore une fois impératif d’effectuer un bilan préo-
pératoire rigoureux : la fonction myocardique, la
fonction de la (des) valve (s) atrioventriculaire (s),
le rythme cardiaque, l’anatomie de l’arbre artériel
pulmonaire, ainsi que les pressions (pulmonaires,
atriales) et les résistances pulmonaires doivent être
connus. L’évaluation de la fonction myocardique
doit prendre en compte l’insuffisance des valves
atrioventriculaires et aussi l’augmentation de la
postcharge ventriculaire consécutive à la suppres-
sion chirurgicale de la voie pulmonaire native, ainsi
que d’éventuels shunts systémicopulmonaires lors
de la dérivation totale. Avec une sélection appro-
priée, les résultats opératoires sont comparables
aux dérivations effectuées dans la jeune en-
fance.31–33
La dérivation cavopulmonaire totale s’effectue
de nos jours par une anastomose cavopulmonaire
supérieure de type Glenn bidirectionnelle associée
à un tube extracardiaque en PTFE interposé entre
Figure 3 Tube en polytétrafluoroéthylène annelée posé par la veine cave inférieure et l’artère pulmonaire. Le
sternotomie médiane entre l’aorte ascendante (AoA) et l’aorte programme chirurgical doit comprendre la suppres-
thoracique descendante (AoD) indiqué en cas de recoarctation sion des shunts systémicopulmonaires et de la voie
complexe. VCI : veine cave inférieure.
pulmonaire native, ainsi que le traitement des sté-
présence de l’hypoplasie persistante de l’arche noses des branches pulmonaires. Il faudra égale-
aortique. ment traiter l’insuffisance des valves atrioventricu-
• L’insertion d’un conduit (Dacron® ou PTFE) laires si elle est importante. Si les résistances
extra-anatomique entre l’aorte ascendante et pulmonaires préopératoires sont relativement éle-
l’aorte thoracique descendante constitue une vées (> 2 unités Wood/m2), la dérivation cavopul-
dernière solution en cas de lésion complexe monaire peut être fenestrée par l’interposition
multiopérée. Elle peut être réalisée, soit par d’un tube (5-6 mm) entre le tube extracardiaque et
une thoracotomie droite, soit par une sternoto- l’oreillette. La fenestration peut également s’im-
mie médiane.29 L’alternative de conduit extra- poser en fin d’intervention si le gradient transpul-
anatomique latéro-isthmique par thoracotomie monaire est de 12 à 13 mmHg ou plus : elle permet
gauche mérite d’être citée (Fig. 3). de simplifier les suites postopératoires et peut être
plus tard aisément occluse par cathétérisme inter-
ventionnel.
Ventricule unique

En dépit de nombreuses modifications techniques, Détérioration fonctionnelle des dérivations


le principe de dérivation cavopulmonaire totale cavopulmonaires
décrit par Fontan et Baudet en 1971 reste l’unique La population de « ventricule unique » qui atteint
solution chirurgicale permettant de pallier de façon l’âge adulte et qui a eu dans le passé une palliation
définitive le large spectre de malformations réuni définitive de type Fontan ne cesse d’augmenter. La
sous le chapitre de « ventricule unique ». La modi- capacité fonctionnelle de ces patients régresse de
fication récente la plus importante fut proposée façon progressive, souvent suite à l’altération de la
dans les années 1990 avec la connexion du retour fonction ventriculaire, à l’insuffisance des valves
veineux cave inférieur aux artères pulmonaires par atrioventriculaires et aux éventuels obstacles de la
l’interposition d’un tube extracardiaque. La déri- connexion atriopulmonaire aggravant la dilatation
vation cavopulmonaire totale est habituellement de l’oreillette droite et causant l’apparition des
effectuée avant l’âge scolaire. Cependant, occa- troubles de rythme auriculaires. Un autre symp-
sionnellement, des patients adultes sont proposés à tôme peut être l’aggravation de la cyanose secon-
Chirurgie des cardiopathies congénitales à l’âge adulte 199

chez ces patients multiopérés, avec souvent une


anatomie particulière (situs inversus, dextrocardie,
anomalies des artères pulmonaires, du retour vei-
neux pulmonaire ou systémique...). Outre les
contre-indications communes à toutes les trans-
plantations cardiaques (résistances pulmonaires
> 6 unités Wood/m2, insuffisance rénale organique)
mais particulièrement fréquentes dans cette popu-
lation, certaines contre-indications, circulation
collatérale systémicopulmonaire importante, fistu-
les artérioveineuses pulmonaires, sont spécifiques
et absolues et doivent être recherchées systémati-
quement. La présence d’anticorps anti-human
leukocyte antigen (HLA) est également plus fré-
quente chez ces patients souvent multiopérés. La
mortalité opératoire est plus élevée dans ce groupe
de patients, mais la survie à long terme est identi-
que à celle des patients transplantés pour d’autres
indications.

Études cliniques
Le service de chirurgie cardiaque pédiatrique du
Centre chirurgical Marie Lannelongue a récemment
participé à une étude multicentrique organisée par
les 19 centres membres de la « Fondation euro-
Figure 4 A. Procédé de Maze droit par cryoablation peropéra-
toire ; B. Procédé de Cox-Maze III par cryoablation peropéra-
péenne des chirurgiens cardiaques congénitaux »
toire. dans 13 pays européens.36 Cette étude a analysé les
1 341 patients atteints d’une cardiopathie congéni-
daire à un shunt droite-gauche, soit intra-atriale tale et âgés entre 18 et 78 ans (moyenne : 33,6 ans)
par déhiscence de cloison, soit intrapulmonaire par ayant eu 1 368 interventions chirurgicales cardia-
des fistules artérioveineuses pulmonaires en pré- ques entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre
sence d’une anastomose de Glenn classique (termi- 2001. Les résultats de cette étude ont été présen-
noterminale) isolant le poumon droit du retour tés au 16e congrès de l’ « Association européenne
veineux hépatique. Des thromboses intra-auri- de chirurgie cardiothoracique » (EACTS).
culaires sont possibles du fait de la dilatation im- Les 1 345 interventions validées ont été classées
portante de l’oreillette droite. Chez ces patients, en trois groupes.
la conversion en dérivation bicavo-bipulmonaire
par tube extracardiaque permet d’améliorer la Interventions palliatives
fonction cardiaque et la capacité fonctionnelle. La
chirurgie du flutter (Maze droit) ou de la fibrillation Les interventions palliatives (n = 45, 3,3 %) sont
(Maze-Cox III) auriculaire se fera par cryoablation constituées pour la majorité par des anastomoses
concomitante34,35 (Fig. 4). monocavo-bipulmonaires (Glenn) (35 %) et par la
création (24 %) ou la suppression (13 %) des anasto-
moses systémicopulmonaires.
Transplantation cardiaque Interventions réparatrices

Les indications de transplantation cardiaque ne Il s’agit de réparation anatomique ou physiologique


sont guère différentes chez l’adulte « congénital (n = 1 075, 78,6 %). Le Tableau 3 représente les
vieilli » et dans les autres cardiopathies. La dys- principales interventions réparatrices effectuées.
fonction ventriculaire constitue souvent l’évolution
ultime, et l’indication de greffe se pose comme Réinterventions
ultime recours en cas de défaillance cardiaque
persistante malgré un traitement médical maximal. Ce sont les réinterventions (n = 224, 18,1 %) suite à
La technique chirurgicale est réputée plus difficile une réparation anatomique ou physiologique. Le
200 E. Belli et al.

Avant la chirurgie, 67 % des patients étaient


Tableau 3 Interventions réparatrices.36
symptomatiques ; 65 % ont eu un cathétérisme
% %a cardiaque lors du bilan préopératoire. La mortalité
Fermeture de CIA 40,9 47
hospitalière était de 2,4 %, soit 32 patients. Les
Fermeture de CIV 6,1 3,6
Remplacement valvulaire aortique 4,5 5,8
troubles de rythme (10 %) ont constitué la plus
Cure de CAV 4,3 9,5 fréquente complication postopératoire. Les infor-
Insertion de conduit VD-AP 4,3 0 mations concernant l’évolution à moyen terme ont
Mitrale (plastie ou remplacement) 3,5 0 permis d’observer une survie cumulative à 4 ans de
Tricuspide (plastie ou remplacement) 3,3 2,3 93 % : réparations 95 %, réinterventions 90 % et
Intervention de Ross 3,1 2,3 palliations 86 %.
Cure de sténose sous-aortique 2,8 2,3
Durant la même période (1997-2001), dans le
Cure de coarctation 2,1 4,8
Fontan 2 9,5
service de chirurgie cardiaque pédiatrique du Cen-
Fallot (cure complète) 2 2,3 tre chirurgical Marie Lannelongue, 148 adultes ont
Pontage coronaire 1 0 été opérés. La distribution des pathologies ressem-
Transplantation (cœur ou cœur-poumon) 0,4 0 blait à celle de l’étude multicentrique européenne
Autres 19,7 10,6 (cf. Tableaux 3,4). Le taux de réintervention était
VD : ventricule droit ; AP : artère pulmonaire ; CIA : commu- relativement haut (37 %) avec 59 % d’intervention
nication interauriculaire ; CIV : communication interventri- réparatrice et 4 % de palliation. Ceci est certaine-
culaire. ment dû aux services référents. La mortalité hospi-
a
Pourcentage des réinterventions effectuées au centre talière était de 2,7 % (n = 4), un décès étant survenu
chirurgical Marie Lannelongue.
suite à une quatrième réintervention chez un pa-
tient ayant une tétralogie de Fallot réparée dans
Tableau 4 représente les principales réinterven- l’enfance, et les trois autres à la suite de transplan-
tions effectuées. tations cardiaques sur des cardiopathies déjà opé-
rées.
Cette classification comporte quelques limites
quand il s’agit de définir une même technique
chirurgicale dans des contextes différents : par
exemple, l’intervention de Ross est classée comme Conclusion
« réintervention » si elle est effectuée après une
commissurotomie aortique, et comme « répara- La chirurgie des cardiopathies congénitales à l’âge
tion » quand il s’agit d’une première chirurgie. Les adulte présente des caractéristiques particulières
transplantations cardiaques et cardiopulmonaires qui la différencient de la chirurgie cardiaque
sont incluses dans les groupes 2 ou 3 en fonction du congénitale de l’enfant et de la chirurgie cardiaque
geste chirurgical préalable. des maladies acquises de l’adulte. Ces caractéristi-
ques nécessitent des compétences en anatomie-
Tableau 4 Réintervention.36 pathologie, physiopathologie, rythmologie ainsi
% %a
qu’en imagerie médicale, qui seront au mieux ex-
Insertion de conduit (valve) VD-AP 19,9 19,2 ploitées par une unité de lieu en collaboration avec
Remplacement de conduit valvé VD-AP 9,9 11,5 des équipes de cardiologie interventionnelle et de
Remplacement valvulaire aortique 8 9,6 chirurgie cardiaque. Il paraît plus approprié de
Fermeture de CIA 6 5,8 créer des unités médicosociales destinées au suivi
Fermeture de CIV 5,7 5,8 de ce groupe de patients et que la prise en charge
Mitrale (plastie ou remplacement) 5,3 5,8 chirurgicale soit faite dans des centres spécialisés
Cure de sténose sous-aortique 3,7 5,8 en chirurgie cardiaque congénitale et pédiatrique.
Plastie des artères pulmonaires 3 7,7
Intervention de Ross 2,3 9,6
Implantation de défibrillateur 2,3 0
Plastie tricuspide 2 3,8 Références
Transplantation cardiaque 0 7,5
Autres 31,9 7,9
1. Moller JH, Taubert KA, Allen HD, Clark EB, Lauer RM.
VD : ventricule droit ; AP : artère pulmonaire ; CIA : commu- Cardiovascular health and disease in children: current
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culaire.
a
Pourcentage des réinterventions effectuées au centre 2. Dore A, Glancy DL, Stone S, Menashe VD, Somerville J.
chirurgical Marie Lannelongue incluant quatre transplanta- Cardiac surgery for grown-up congenital heart pateints:
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