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JUSTICE AU MAROC

Le dossier de la Justice
La Cour internationale de justice est l'organe judiciaire principal des Nations Unies, elle
a Compétence générale. Partant, elle intervient par voie contentieuse et consultative pour
interpréter le droit international et la pratique des Etats en cas de différends. Ainsi, lors de
ses interventions, il lui est arrivé de se prononcer de manière incidente sur la
problématique des droits de l'homme. La Cour internationale de justice contribue de
manière décisive à la protection des droits de l'homme, elle a par exemple participé à
l'élaboration de certaines normes contraignantes à l'instar de la norme de jus cogens, des
obligations erga omnes et des considérations élémentaires d'humanité. Toutefois,
l'évaluation du rôle de la Cour internationale de justice en matière de protection des droits
de l'homme démontre clairement que dans la pratique, les Etats et les organisations
internationales n'exécutent pas toujours les décisions de la Cour. La Cour internationale
de Justice, composée de 15 juges indépendants élus par l'Assemblée générale et le
Conseil de sécurité, est l'organe judiciaire des Nations Unies prévu par la Charte et
réglementé par son Statut annexé à la Charte.

En vertu du paragraphe 1 de l'Article 34 du Statut de la Cour, "seuls les Etats ont qualité
pour se présenter devant la Cour", selon la voie contentieuse. Par voie de conséquence,
des individus, des personnes morales, des organisations internationales ou des
organisations non gouvernementales ne sont pas susceptibles de devenir parties à des
affaires contentieuses devant la Cour.

Aucun des deux Pactes ne prévoit expressément l'intervention de la Cour. Dès lors, celle-
ci n'a traité que peu d'affaires relatives aux droits de l'homme. Mais, toutes les fois où elle
s'est prononcée, elle a posé des principes fondamentaux.

La Cour a été amenée, soit dans le cadre de sa compétence contentieuse, soit dans le
cadre de sa compétence consultative, à statuer sur des questions qui mettaient en cause
l'existence ou la protection des droits de l'homme. Les développements que la Cour a
consacrés à ces questions présentent de ce fait un intérêt considérable dans la mesure
où les énoncés de la Cour ont permis, dans une large mesure, de définir le droit
international en matière des droits de l'homme. La jurisprudence de la Cour internationale
de Justice se situe, à cet égard, dans le droit fil des décisions rendues par sa devancière,
la Cour permanente de Justice internationale.

Droits de l'homme: Rama Yade salue l'attribution du prix Sakharov ...


nouvelobs.com - 24 oct 2008
"Nous pensons que c'est un militant des droits de l'homme qui doit être aujourd'hui libéré",
a déclaré la secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme, sur LCI. ...
DROITS DE L'HOMME • Hu Jia remporte le prix Sakharov Courrier International
Hu Jia, prix Sakharov: piqure de rappel sur les droits de l'homme Rue89
Sarkozy évoque les droits de l'Homme à l'ouverture du sommet Asie ... Aujourdhui la Chine
Le Monde - Le Monde
239 autres articles >>

La missionnaire des Droits de l'homme


Le Figaro - 24 oct 2008
Rama Yade , la secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et aux Droits
de l'homme, a donc écrit un livre * pour raconter, en répondant aux
questions d'un ...
L
e Figaro

La Ligue des Droits de l'Homme a proposé une séance de courts-


métrages
La Voix du Nord - 23 oct 2008
La présidente de la fédération départementale de la Ligue des Droits de l'Homme
(LDH), mais également de l'Union régionale d'art photographique, ...

Algérie - Selon un rapport sur les droits de l'Homme en


Algérie ...
Algerie-Monde.com - Il y a 16 minutes
Et les bons points pour l'Algérie en matière de droits de l'Homme,
Algerie le rapport de la CCPPDH en donne, parfois. L'Algérie n'est pas, du
-Monde.com reste, ...

Couac judiciaire : le manque de moyens de l’institution vite oublié


Le Monde - 24 oct 2008
La patrie des droits de l’Homme apparaît comme l’un des États européen qui
consacrent la plus faible part de son budget à la justice (0,19 % du PIB, ...

Ramonville. Victorine : la Ligue des Droits de


l'Homme intervient
LaDépêche.fr - Il y a 9 heures
Peut-être avec les poids de la Ligue des Droits de l'Homme, les
choses vont s'améliorer… » L'avocat reste dubitatif malgré tout. ...
LaDépêche.
fr

Jeune tasé à Marseille: polémique sur l'utilisation du


pistolet ...
L'Express - 24 oct 2008
Des circonstances qui font bondir le RAIDH (le réseau d'alerte et
L'Expres
s d'intervention pour les droits de l'homme) qui a demandé qu'une
enquête soit faite par ...
Rama Yade pour un encadrement strict du pistolet Taser AFP
13 autres articles >>

Yade : «Je veux m'impliquer davantage à l'UMP»


Le Figaro - 22 oct 2008
La France est-elle vraiment le pays des droits de l'homme ? L'islam
L est-il compatible avec les droits de l'homme ? Êtes-vous en contact
e Figaro avec Carla ...
Rama Yade accusée d’être aux abonnés absents Le Parisien
Rama Yade voudrait "s'impliquer davantage à l'UMP" AFP
L'UMP cherche ses candidats Le Figaro
17 autres articles >>

L'Onu préoccupée par la situation des droits de l'homme en Iran


Le Point - 20 oct 2008
Le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a fait part de sa préoccupation lundi
concernant la situation des droits de l'homme en Iran et a appelé ce pays ...
L'Iran invité à faire plus d'efforts dans le domaine des droits de ... Le Monde
L'Iran appelé à réviser sa législation pour respecter les droits ... ONU (Communiqués
de presse)
11 autres articles >>

CITE DU VATICAN, 25 oct 2008 (AFP) - Synode: dialogue avec l'islam ...
La Croix - Il y a 3 heures
"Dans ce dialogue, le synode insiste sur l'importance du respect de la vie, des droits de
l'homme et de la femme", souligne le synode dans ses propositions ...

WWW.FIDH.ORG - Actualités de La FIDH, La Fédération Internationale des Droits de


l'Homme représente 155 organisations de défense des droits de l'Homme...

Combats pour les droits de l'homme - Points de vue engagés sur l'actualité des droits
de l'homme [photo de bannière René Cassin]

Aidh.org - Dernières mises à jour

Les coulisses des droits de l'homme - http://letemps.blogs.com/droitshumains/

LDH-Toulon - Site de la section de Toulon de la LDH


La Cour internationale de Justice et les droits de l’homme

par S. Exc. M. Gilbert GUILLAUME, président de la Cour internationale de


Justice

Présentation

Nous sommes très honorés de pouvoir publier, dans ce premier numéro,


le texte encore inédit de la conférence inaugurale récemment prononcée
par le juge Gilbert GUILLAUME, Président de la Cour internationale de
Justice, dans le cadre du 4ème séminaire informel sur les droits de
l’homme organisé par l’ASEM en juillet 2001 à Bali (Indonésie).

A l’initiative de la France et de la Suède, représentées respectivement par


Francis DELON (Conseil d’Etat) et Goran MELANDER (Institut Raoul
Wallenberg), l’ASEM (Asia-Europe Meeting) a organisé depuis quatre ans,
avec le soutien de la Commission européenne et de l’ASEF (Asia-Europe
Foundation) longtemps animée par l’ambassadeur Tommy KOH de
Singapour, des séminaires informels sur les droits de l’homme visant à
favoriser un dialogue approfondi sur les droits de l’homme, dépassant les
antagonismes réducteurs entre "valeurs asiatiques" et "valeurs
occidentales". Ces rencontres fondées sur un principe tripartite original -
associant hauts fonctionnaires, universitaires et représentants des ONG -
ont permis d’aborder les questions les plus difficiles dans un climat
constructif entre les Quinze Etats de l’Union européenne et une dizaine
de pays du Nord-Est et du Sud-Est asiatique.

Le premier séminaire informel, organisé à Lund en décembre 1997,


portait sur l’accès à la justice, les particularismes régionaux et nationaux,
ainsi que les modalités de contrôle de l’exercice de la justice ; le
deuxième séminaire, à Pékin en juin 1998, sur les différences entre
valeurs asiatiques et valeurs occidentales, sur le droit à l’éducation et sur
le droit des minorités ; le troisième séminaire, à Paris en juin 2000, sur la
liberté d’expression et le droit d’information, la question de l’intervention
humanitaire et de la souveraineté des Etats, et enfin le droit à un
environnement sain . Le 4ème séminaire était enfin consacré aux trois
thèmes suivants : "liberté de conscience et de religion et de conviction" ;
"démocratisation, résolution des conflits et droits de l’homme" ; "droits et
obligations en matière de promotion du bien être social".

Dans ce contexte, la conférence du Président de la Cour mondiale,


prenait toute sa dimension en soulignant la continuité de la jurisprudence
de la CIJ et de son prédécesseur la CPJI, mais aussi la vocation de la Cour
en tant qu’organe judiciaire principal des Nations Unies", à régler les
différends internationaux qu’ils mettent en cause les droits des Etats ou,
par le biais de la protection diplomatique, les droits individuels ou
collectifs des personnes.

La Commission africaine des droits de l’homme et des peuples

par Jean-Louis ATANGANA AMOUGOU, assistant à l’Université de Yaoundé

Résumé

Si les grands principes de la Charte africaine des droits de l’homme et des


peuples sont bien connus, le rôle propre de la Commission africaine - dont
l’organisation est prévue par la deuxième partie de la Charte - reste
largement méconnu. Malgré les nombreuses difficultés politiques et
matérielles qui ont entravé le bon fonctionnement de la Commission
africaine, celle-ci n’a cessé de développer son rôle depuis une douzaine
d’années.
Un bilan lucide des moyens et des méthodes de la Commission africaine
des droits de l’homme et des peuples est une étape indispensable pour
renforcer son indépendance, sa représentativité et son efficacité. La
crédibilité de la Commission sur le terrain des droits de l’homme, aux
yeux des "peuples" comme pour les Etats, dépend de cet effort collectif,
tout comme l’assistance internationale apportée à la Commission pour
mener à bien ses missions, dans la transparence.

Le droit international humanitaire devant les organes de contrôle


des droits de l’homme

par Fanny MARTIN, doctorante à l’Université Paris II

Résumé

Si l’on a pu se réjouir de l’avènement d’un droit international humanitaire,


et se féliciter de la densité de cet ensemble normatif, la réalité et
l’actualité dramatiques des conflits conduisent à plus de réserve. L’étape
de proclamation d’un droit des conflits armés dépassée, c’est son
efficacité pour « alléger, autant que faire se peut, les calamités de la
guerre » et protéger des vies humaines qui est en jeu.

Un demi-siècle après la signature des quatre Conventions de Genève, le


droit international humanitaire doit être jugé à l’aune de son application
et des efforts déployés pour assurer son respect. Or, force est de
constater l’absence d’un mécanisme ordinaire garant de l’application des
règles humanitaires.

Les droits de l’homme, une valeur institutionnalisée

par Gérard COHEN-JONATHAN, professeur à l’Université Paris II


Résumé

Tous les deux ans, des rencontres internationales réunissent les


"Institutions nationales de protection et de promotion des droits de
l’homme", sous l’égide des Nations Unies. Les premières rencontres,
organisées en 1991 à Paris, à l’initiative de la Commission nationale
consultative des droits de l’homme (CNCDH), ont adopté les "principes
directeurs" des Institutions nationales, notamment en matière
d’indépendance et de pluralisme, consacrés par l’Assemblée générale
dans sa résolution 48/134 du 20 décembre 1993.
Depuis cette année le cercle des Institutions nationales n’a cessé de
s’agrandir, dans la diversité, en réunissant des ombusdman de type
scandinave, des commissions nationales consultatives sur le modèle
français, des commissions spécialisées - notamment dans la lutte contre
la discrimination raciale - ou des commissions à compétences
juridictionnelles pour les Etats du Commonwealth. A l’invitation de la très
active Commission sud-africaine des droits de l’homme, les Institutions
nationales se sont réunies lors de la conférence de Durban, en septembre
2001, adoptant leur propre texte de référence, transmis à la Conférence
des Nations Unies contre le racisme.
Les 5èmes rencontres internationales organisées à Rabat, par le Conseil
consultatif des droits de l’homme du Royaume du Maroc, ont eu lieu les
13-15 avril 2000. A cette occasion, le doyen Gérard Cohen-Jonathan, en
tant que rapporteur général, a présenté un exposé oral que nous sommes
heureux de publier dans sa version initiale, complétée de notes infra-
paginales. Soulignant l’importance des valeurs universelles que
constituent les droits de l’homme, d’un point de vue politique mais aussi
sur le plan juridique, ce rapport s’inscrit dans le fil du Manifeste sur
l’universalité et l’indivisibilité des droits de l’homme adopté par les
Institutions nationales, réunies une nouvelle fois à Paris en décembre
1998, à l’occasion du 50ème anniversaire de la Déclaration universelle
des droits de l’homme.

A propos des droits de l’homme : un regard anthropologique

par Norbert ROULAND, Membre de l’Institut Universitaire de France,


Professeur à l’Université Paul Cézanne-Aix-Marseille III

jeudi 12 août 2004


Présentation

Lors de la Conférence mondiale des droits de l'Homme organisée par les Nations
Unies à Vienne en 1993, deux grandes conceptions ont été en présence. Selon la
première, portée par les pays occidentaux, les droits de l'Homme sont l'expression
de valeurs universelles bien qu'ils soient le fruit d'expériences historiques
occidentales. A plusieurs reprises, le Dalaï Lama a manifesté son soutien à cette
théorie. Mais cette position demeure relativement isolée parmi les civilisations et les
cultures non occidentales. Plusieurs pays musulmans rejettent fermement toute
conception des droits de l'Homme qui ne serait pas fondée sur le droit divin. Les
États asiatiques, réunis lors d'une conférence régionale organisée en amont de la
conférence de Vienne ont adopté la Déclaration de Bangkok, qui affirme que
l'universalité des droits de l'Homme implique le respect des particularismes : « Si les
droits de l'homme sont par nature universels, ils doivent être envisagés dans le
contexte du processus dynamique et évolutif de fixation des normes internationales,
en ayant à l'esprit l'importance des particularismes nationaux et régionaux comme
des divers contextes historiques, culturels et religieux ». Ce texte a été repris in fine
- mais sous une forme différente et surtout dans un tout autre contexte - au § 5 de la
Déclaration finale de la Conférence de Vienne qu'il faut citer en entier : « Tous les
droits de l'homme sont universels, indissociables interdépendants et intimement
liés. La communauté internationale doit traiter des droits de l'homme globalement,
de manière équitable et équilibrée, sur un pied d'égalité et en leur accordant la
même importance. S'il convient de ne pas perdre de vue l'importance des
particularismes nationaux et régionaux et la diversité historique, culturelle et
religieuse, il est du devoir des Etats, quel qu'en soit le système politique,
économique et culturel, de promouvoir et de protéger tous les droits de l'homme et
toutes les libertés fondamentales ».

Cette formule synthétique peut donner lieu à deux interprétations. Soit il exprime
une position de compromis qui reflète un consensus illusoire. Soit il porte en germe
un programme spécifique, pour ce début du XXIème Siècle, en proposant une
nouvelle méthode de compréhension des droits de l'Homme universels ; cette
méthode permet de prendre en compte de manière dynamique des facteurs
particuliers tels que la culture de l'individu. Mais il ne suffit pas de répondre à la
question de savoir laquelle de ces deux interprétations est la bonne : il convient
aussi d'analyser cette question dans sa dimension anthropologique.

Etude en droit international comparé :Cas du Maroc-Abidjan

Amnistie et impunité des crimes internationaux


par Gallo Blandine KOUDOU, Magistrat - Abidjan (Côte d’Ivoire)

2004

Introduction

Certaines mesures sont destinées, périodiquement, à aplanir les reliefs de la vie


politique des Etats et surtout à apaiser, voire à pacifier le climat de tension qui a
prévalu dans les rapports entre Etats, entre Etats et individus ou entre individus eux-
mêmes. Au nombre de ces mesures figure l'amnistie. La première amnistie, celle de
Thrasybule, remonte à l'an 403 avant Jésus-Christ. Cet homme, rentré d'exil pour
chasser les trente tyrans d'Athènes et rétablir la démocratie dans sa cité, proposa à
l'assemblée des citoyens de voter une loi pour consacrer l'oubli des divisions
antérieures. La loi de Thrasybule donne à la notion d'amnistie son caractère d'oubli
volontaire puisqu'institué.

Pour Stéphane Gacon, « l'amnistie est un processus juridique surprenant par l'effet
radical qu'il impose : on oublie tout, rien ne s'est passé ». Par l'effet de l'amnistie,
l'événement, réputé comme n'ayant jamais eu lieu, emporte effacement de
l'infraction, arrêt des poursuites et extinction de la peine quelle que soit la gravité
des faits reprochés à leurs auteurs. Les prisonniers retrouvent leur liberté, les exilés
leur maison et les condamnés leur virginité. L'amnistie a, selon les termes de
Gacon, « une utilité première et immédiate, celle de la pacification définitive après la
lutte, celle de la volonté affirmée d'un retour à la normale ». Il l'assimile même à
« une réconciliation offerte au corps social, un artifice pour pouvoir continuer à vivre
ensemble après la lutte ». En somme, il s'agit de clore définitivement le conflit, d'y
mettre un « Point final ».

Mais au regard de la pratique de cette mesure, il convient désormais d'associer à


l'idée d'oubli contenue initialement dans l'étymologie même du terme, celle de
pardon. Celle-ci est, du reste, contenue implicitement dans cette définition donnée
par le Vocabulaire juridique et selon laquelle l'amnistie est une « mesure qui ôte
rétroactivement à certains faits commis à une période déterminée leur caractère
délictueux (ces faits étant réputés avoir été licites, mais non pas ne pas avoir eu
lieu) ».

Sous ce rapport, l'amnistie des crimes internationaux revient à les plonger dans
l'oubli, voire à en nier l'existence au point de rendre superflu le pardon qui sous-tend
la mesure. Cet oubli et ce pardon légaux ou décrétés, cette négation officielle de
l'évènement, peuvent sembler incompréhensibles s'agissant d'infractions d'une
gravité sans commune mesure, notamment de crimes internationaux, « entendus
au double sens formel (d'infraction établie par une norme internationale [coutumière
ou conventionnelle] et matériel (d'infraction portant atteinte à l'ordre public de la
société internationale) ».

Au surplus, elle pose des problèmes moraux, d'éthique et de justice. En effet, le


crime, nonobstant le caractère artificiel de l'effacement, a fait des victimes qui
portent en elles, à jamais, les traces indélébiles du geste qui les a atteintes. Est-il
possible, dans ces conditions, d'oublier ces crimes commis délibérément, de
pardonner des comportements qu'on savait intolérables ? Ne faut-il pas poser
comme principe qu'il faut rendre des comptes quand on franchit certaines limites
même lors d'un conflit armé et conduire devant la justice ceux qui, de quelque
manière que ce soit, portent une responsabilité pour les atrocités commises ?

Assurément, la négation officielle de l'évènement peut sembler incompréhensible.


Elle serait à la fois immorale en ce qu'elle blanchit des crimes de sang, socialement
dangereuse en ce qu'elle met en doute l'autorité de la chose jugée et
historiquement inconséquente en ce qu'elle efface de la mémoire officielle des
exemples édifiants pouvant protéger la postérité des erreurs du passé et qui pourrait
éviter leur répétition.

Toutefois, en dehors des problèmes moraux, éthiques et surtout de justice que


soulève l'amnistie, celle-ci renferme un volet éminemment politique. Les arguments
ne manquent pas qui légitiment le recours fréquent à cette mesure. En effet, selon
les partisans de l'amnistie, cette mesure est accordée en vue de sceller la
réconciliation, de remettre les parties en conflit ensemble pour rétablir entre elles la
paix sociale et l'unité nationale perdues ou gravement entamées après le conflit et
les déchirements, ou encore pour accompagner des processus de restauration de la
démocratie. Elle serait certainement une façon de refaire l'unité nationale, une façon
symbolique de la proclamer à nouveau. C'est pourquoi Hugo, cité par Gacon, voyait
dans l'amnistie « le démenti à la discorde » et « la suprême extinction des colères ».
Il ressort de là que l'amnistie réaffirmerait que la nation est une et indivisible dans la
République qui ne peut s'accommoder de pratiques en rupture avec les droits de
l'homme.

Aussi pertinents que soient ces arguments, la raison d'Etat doit-elle prendre le pas
sur la défense et la protection de Droits pourtant déclarés « consubstantiels et
inaliénables » ? N'y aurait-il pas alors un basculement vers l'impunité des ennemis
de l'humanité (hostes humani generis) et des crimes par eux commis et qui relèvent,
pour leur répression, de régimes dérogatoires à ceux en vigueur dans les ordres
juridiques internes ? Joinet entend la notion d'impunité, essentiellement, comme
une absence de sanction. Selon lui, elle est précisément « l'absence, en droit ou en
fait, de la mise en cause de la responsabilité pénale des auteurs de violations des
droits de l'homme, ainsi que leur responsabilité civile, administrative ou disciplinaire,
en ce qu'ils échappent à toute enquête tendant à permettre leur mise en accusation,
leur arrestation, leur jugement et, s'ils sont reconnus coupables, leur condamnation
à des peines appropriés, y compris à réparer le préjudice subi par leurs victimes ».
Même si les lois d'amnistie, dans leur majorité, traduisent bien ou, du moins rendent
compte de cette définition de la notion d'impunité, elle présente et renferme
néanmoins des limites. En effet, l'impunité, en dépit du prononcé de la sanction,
reste de mise et ce, toutes les fois que celle-ci paraît insuffisante, c'est-à-dire
complètement disproportionnée eu égard à la gravité de l'infraction commise.
L'impunité demeure également dans tous les cas de mauvaise exécution, voire
d'inexécution de la sanction régulièrement prononcée. Aussi, l'approche de
l'impunité retenue par Guissé nous semble-t-elle plus complète. Pour lui, l'impunité
est « l'absence ou l'insuffisance de sanctions répressives et réparatrices de
violations volontaires ou involontaires des droits et libertés de l'individu ».

Ainsi entendue, l'impunité ne laisse pas présager de lendemains meilleurs quant à


la cohésion sociale qui sous-tend toute revendication en vue de l'amnistie. Plus
exactement elle ne permet pas d'atteindre ou de réaliser cette cohésion. En effet,
les incidences profondes de l'impunité, tant sur le plan moral, éthique et juridique
que sur le plan politique, représentent une entrave sérieuse au développement
démocratique et au maintien de la paix et de l'unité nationales tant recherchées. Elle
ouvre la porte aux violations les plus graves et les plus odieuses des droits de
l'homme dans l'humiliation et le mépris le plus total des victimes. L'impunité devient,
en outre, le linceul qui recouvre les trahisons et les crimes aberrants.

Dorénavant, il n'est plus étonnant que dans les contextes de réconciliation


nationale, de négociation de paix et de démocratisation dans lesquels s'inscrivent
généralement les lois d'amnistie, les parties soient partagées. La logique de l'oubli
et du pardon anime, sans aucun doute, l'oppresseur. Il veut même l'imposer à la
victime. Celle-ci, par contre, du haut de ses meurtrissures et de ses stigmates, en
appelle à la logique de justice, opposable à l'oppresseur. Face à ces positions,
somme toutes divergentes, comment concilier alors les buts de l'amnistie avec
l'impérieuse nécessité, voire l'obligation internationale de sauvegarde des droits de
l'homme ?

Cette préoccupation mérite bien d'être soulevée puisque l'analyse minutieuse de


l'amnistie révèle et manifeste son incompatibilité avec l'obligation internationale de
protection et de sauvegarde des droits de l'homme (I), tout constat qui recommande
une limitation de son domaine (II).

Dialogues droits de l’homme, dialogue politique : éléments de


synthèse

par Sara GUILLET, consultante

2007

Présentation
Cette synthèse a été préparée à la demande du Parlement européen, dont la sous-
commission droits de l'homme a entrepris d'analyser l'impact des dialogues que
l'Union européenne entretient avec des pays tiers.

Elle fait suite à la réalisation de six études réalisées sur les dialogues suivants : le
dialogue sur les droits de l'Homme entre l'UE et l'Iran, le dialogue sur les droits de
l'Homme entre l'UE et la Chine, les consultations entre l'UE et la Russie sur les
droits de l'Homme, l'application de l'article 96 de l'Accord de Cotonou, les plans
d'action des pays du voisinage (pour la Méditerranée) et la place des droits de
l'homme dans le dialogue politique en Amérique centrale.

Elle s'appuie également sur une série d'entretiens avec des acteurs institutionnels et
autres acteurs impliqués dans les dialogues que l'UE entretient avec des Etats tiers.

Elle a pour objectif de faire le point sur le déroulement des différents types de
dialogue et de nourrir la réflexion sur les pistes envisageables pour améliorer
l'efficacité de cet outil de la politique extérieure de l'Union européenne.

La Justice et l’Histoire

14 novembre 1945 - 1er octobre 1946 : le procès de Nuremberg

Crée par les pays vainqueurs, le tribunal de Nuremberg a siégé 218 jours pour faire
le procès des maîtres du IIIe Reich. Le Tribunal militaire international de Nuremberg
a été crée en exécution de l’accord signé à Londres le 8 août 1945 par les Alliés
pour juger et punir les grands criminels de guerre des pays européens de l’Axe,
selon 4 chefs d’accusation, complot, crimes contre la paix, crimes de guerre, crimes
contre l’humanité. Ce procès est entré dans l’Histoire comme un évènement à part
entière, suscitant immédiatement une abondante littérature, davantage américaine
que française. Chez les juristes d’abord, qui interrogèrent sa légitimité, et ne
cessèrent de débattre de ses prolongements possibles. Nuremberg est à l’origine
d’un nouveau droit international. Chez les historiens ensuite, qui s’attachèrent à en
dégager les prémisses, à en décrire les acteurs, à en analyser le déroulement.
Voir : “un veritable process de Nuremberg à faire à
casablanca”

Grands dossiers du Maroc


La torture dans le monde

LES PERSONNES HANDICAPÉES PARTICULIÈREMENT VISÉES PAR LA TORTURE


ET LES MAUVAIS TRAITEMENTS

Alors que la torture reste fréquente voire commune dans de nombreux pays, les
personnes handicapées sont de façon disproportionnée victimes de torture et de mauvais
traitements, dans les prisons, les centres sociaux, les orphelinats ainsi que dans leurs
propres foyers, selon un rapport d'un expert des Nations Unies.
« Les personnes handicapées sont souvent victimes de négligence, d'isolement, de
graves formes de contraintes, ainsi que de violences physiques, mentales et sexuelles »,
affirme Manfred Nowak, rapporteur spécial auprès des Nations Unies sur la torture et
d'autres formes de traitements ou punitions cruels, inhumains ou dégradants, lors d'une
présentation devant la Troisième Commission de l'Assemblée générale.
L'expert a ajouté que les personnes handicapées sont aussi fréquemment exposées à
des expériences médicales et à des traitements médicaux irréversibles sans leur
consentement, y compris la stérilisation, l'avortement, des électrochocs et des drogues
psychotropes.
Chez elles, elles sont particulièrement vulnérables aux violences et aux abus, notamment
sexuels, par leur propre famille, leurs gardiens et des membres de leur communauté.
De façon plus large, Manfred Nowak a rappelé que la torture et les mauvais traitements
continuent d'être fréquents dans de nombreux pays du fait d'un manque de surveillance
de l'opinion publique.
Il a appelé les Etats Membres à ratifier le Protocole facultatif à la Convention des Nations
Unies contre la torture et à établir les mécanismes nationaux de prévention prévus pour
procéder à des visites des lieux de détentions afin qu'ils ne soient plus à l'abri du regard
public.

Manfred Nowak a enfin déploré le recours excessif et trop fréquent à l'isolement des
détenus, dans de nombreux pays, pratique qui a de graves effets médicaux.
« Lorsqu'il s'agit d'imposer une pression psychologique sur les individus, cette pratique
coercitive doit être absolument prohibée », a déclaré le rapporteur, estimant que la
pratique ne devrait être utilisée que dans des cas exceptionnels et pour une durée de
temps limitée.

la parole aux membres du jury

Françoise Tulkens

Juge à la Cour européenne des Droits de l'Homme et présidente de la


Deuxième Section Cour européenne des Droits de l'Homme, Françoise Tulkens
avoue avoir beaucoup d'admiration pour ces jeunes avocats qui viennent
plaider pour les Droits de l'Homme. Très heureuse de présider ce jury, elle ne
cache pas son enthousiasme quant à ces jeunes qui ont le courage de
défendre des cas réels, qui ont "des yeux pour voir, des oreilles pour entendre
et des voix pour parler" ! Car elle le dit haut et fort : en matière de Droits de
l'homme, tout doit commencer par l'indignation ! Et elle ne peut
qu'encourager ces avocat, à l'aube de leur profession (certains n'ont que 26
ans !), qui viennent mettre leurs compétences et leurs pratiques au service
d'une cause universelle et avant tout humaine. Plus passionnant encore, elle
peut, après avoir écouté les plaidoiries et en accord avec les autres membres
du jury, décider du suivi des affaires qui l'auront particulièrement interpellée.

Astrid Betancourt

Avocate à Bogota, Astrid Betancourt est particulièrement engagée dans la


défense des Droits de l'Homme, notamment dans son combat personnel : son
espoir de libération de sa soeur Ingrid Betancourt, détenue par les Farcs
depuis 2002, et de tous les autres otages de la guérilla colombienne.
Pragmatique, elle voit dans ces plaidoiries un moyen d'éveiller les consciences
à des problèmes qui restent peu connus. Souvent, les avocats ne connaissent
que les problèmes de leur propre pays et n'ont que quelques échos des droits
bafoués à l'étranger. Ces avocats venus du monde entier ont le pouvoir de
faire bouger les choses, d'abord en étant entendus, mais aussi en ayant fait

connaître leur cas aux membres du jury. Ces plaidoiries permettent aussi à
ces jeunes plaideurs de s'éloigner un peu des cas précis qu'ils ont l'habitude
de traiter dans leurs cabinets d'avocats, d'élargir leur vision. En parlant de la
Colombie, le pays où elle a exercé, elle rappelle que des juges y sont encore
assassinés...

LA TORTURE AU MAROC

Rapport Droits de l’Homme


Rappel du rapport de l’ambassade des USA : 2007

Le Maroc est une monarchie constitutionnelle avec un Parlement élu et une


population d’environ 34 millions d’habitants. Selon la Constitution, le pouvoir
ultime revient au Roi, Mohammed VI, qui préside au conseil des ministres,
désigne ou agrée les membres du gouvernement. Le Roi peut démettre les
ministres de leurs fonctions, dissoudre le Parlement, appeler à de nouvelles
élections et exercer son pouvoir par décret. Dans ce système bicaméral, la
chambre basse du Parlement peut dissoudre le gouvernement par une motion
de censure. Les élections législatives du 7 septembre pour élire la chambre
basse se sont déroulées sans problème et ont été marquées par la
transparence et le professionnalisme, selon les observateurs internationaux.
On dénombre 35 partis politiques dans le pays. Les autorités civiles
maintiennent en général un contrôle efficace sur les forces de sécurité.

Les citoyens n'ont pas le droit de changer les dispositions de la Constitution


établissant la forme monarchique de leur gouvernement, ni les lois relatives à
l'islam. Les rapports de tortures infligées par diverses branches des forces de
sécurité persistent. Les conditions de détention restent en ça des normes
internationales. Les rapports faisant état d'arrestations arbitraires, de
détentions au secret, d'impunité des forces de police et de sécurité se
poursuivent.

L'indépendance de la justice par rapport à la branche exécutive du


gouvernement demeure un problème. Le gouvernement restreint la liberté
d'expression, de presse et de religion. Le trafic d'êtres humains se poursuit, et
le travail des enfants, en particulier dans le secteur informel ne faisant pas
l'objet de réglementations, reste un problème. Les civils maintiennent en
général un contrôle effectif sur les forces de sécurité. Le Maroc a, durant
l'année, mis en oeuvre des mesures significatives ayant pour résultat des
avancées dans le domaine des droits de l'homme, dont la révisons par
gouvernement du Code de la Nationalité à leurs enfants, et la publication de
statistiques sur la violence domestique. En septembre, l'engagement civique
de tous à développer une culture des droits de l'homme a été reflété dans les
élections législatives contrôlées par des observateurs nationaux et
internationaux.

RESPECT DES DROITS DE L'HOMME

Section1: Respect de l’intégrité de la personne par l’absence de:

a. Exécutions Arbitraires ou Illégales

On ne signale aucun cas d'exécution pour un mobile politique commise par le


gouvernement ou par l’un de ses agents.

b. Disparitions

En 2004, le Roi Mohammed VI a créé l’Instance pour l’Equité et la


Réconciliation (IER) pour enquêter sur les disparitions longues et forcées de
personnes s’étant opposées au gouvernement et à sa politique entre 1956,
année de l’Indépendance, et 1999. De janvier 2004 à novembre 2005, l’IER a
enquêté sur les cas importants de violations des droits de l’homme et a fixé
les niveaux d’indemnisation pour les cas spécifiques de détentions et de
disparitions arbitraires. L’IER a enregistré 22.000 plaintes, s’est prononcée sur
16.861 cas d’indemnisation, et a conclu qu’une indemnité devrait être versée
à 9.779 victimes, accompagnée de soins médicaux et de réhabilitation. Les
groupes de défense des droits de l’homme et les familles continuent de dire
que l’IER n’a pas tenu compte de tous les cas de disparitions, nombreuses au
Sahara Occidental.

Dans son rapport final de janvier 2006, l’IER a annoncé qu’elle avait résolu
742 cas de disparition et que 66 autres cas en souffrance feraient l’objet d’une
enquête par un comité de suivi de l’instance lui succédant, le CCDH (Conseil
Consultatif des Droits de l’Homme).

Le mandat de l’IER ne l’autorisait pas à divulguer les noms des personnes


responsables de ces violations des droits de l’homme. Son rapport final
comportait une série de recommandations pour faire avancer les réformes en
cours, parmi lesquelles la consolidation des garanties constitutionnelles en
matière de droits de l’homme, la lutte contre l’impunité, le renforcement de
l’indépendance de la justice et la création de mécanismes de suivi.

c-Torture et autres Traitements Cruels, Inhumains ou Dégradants

La loi interdit ce genre de pratiques et le gouvernement nie avoir recours à la


torture; toutefois, selon des organisations et des avocats locaux et
internationaux de défense des droits de l’homme, et selon des prisonniers et
des détenus, les forces de l'ordre torturent ou brutalisent les détenus. Le Code
Pénal prévoit des peines de prison à vie pour les fonctionnaires qui utilisent ou
autorisent l’utilisation de la violence contre d'autres personnes dans l'exercice
de leurs fonctions.

Selon le ministère de la Justice, les autorités ont inculpé 17 membres des


services de sécurité pour violations des droits de l’homme incluant la torture,
en 2007.

En mars 2006, le gouvernement a adopté une loi spécifique contre la torture.


De par la loi, les juges d’instruction sont tenus, si on le leur demande ou s'ils
notent eux-mêmes des traces physiques qui en témoignent, de transférer la
personne concernée devant un médecin expert. Au cours de l’année, selon le
gouvernement, au moins une douzaine de cas ont été signalés aux médecins.
Dans au moins trois de ces cas, les médecins ont trouvé suffisamment de
preuves de violences pour autoriser une nouvelle enquête. Les résultats de
ces enquêtes n’étaient toujours pas disponibles à la fin de l’année.

Conditions de détention en Prison

Les conditions de détention restent extrêmement mauvaises et ne répondent


pas en général aux normes internationales. La surpopulation extrême, la
malnutrition et l’absence d’hygiène, continuent d’aggraver les mauvaises
conditions sanitaires à l’intérieur des prisons. Au cours de l’année, le
gouvernement a achevé la construction d’une nouvelle prison, a poursuivi la
construction de huit autres et en a rénové plusieurs. Durant l’année, six
centres éducatifs, dédiés principalement à la formation professionnelle, ont
été achevés. Les détenus placés en détention provisoire sont mélangés aux
autres prisonniers.

Les prisonniers peuvent choisir de poursuivre leurs études, se voir décerner


des diplômes universitaires, ou apprendre un métier. Selon des rapports de
presse, 30.000 détenus on pris participé à des programmes d’enseignement
en prison depuis 2001.

Dans son rapport annuel publié le 22 novembre, l’Observatoire Marocain des


Prisons (OMP), une ONG qui reçoit peu d’argent du gouvernement, indiquait
que le système pénitentiaire était surpeuplé et qu’il ne répondait pas à
plusieurs normes locales et internationales. Ce même rapport indiquait que la
capacité actuelle des prisons suffit pour la moitié de la population carcérale
seulement.

Le 25 septembre, 200 prisonniers de la prison de Salé ont entamé une grève


de la faim pour protester contre leurs conditions de détention, contre la
torture, et contre le déni de leurs droits selon la loi. Cette grève de la faim
aurait débuté pour protester contre le décès de Mohammed Nahari, mort en
septembre d’une intoxication alimentaire. Le ministère de la Justice a récusé
tout mauvais traitement de ces prisonniers. La grève de la faim, par
participants, a, toutefois, pris fin le 29 octobre après une rencontre des
prisonniers avec le CCDH et avec une coalition d’ONG, incluant l’Organisation
Marocaine des Droits de l’Homme (OMDH), l’Association Marocaine des Droits
de l’Homme (AMDH), et l’Observatoire Marocain des Prisons (OMP). Le rapport
publié par la suite par les ONG révélait que les administrateurs de la prison
avaient violé les droits des prisonniers, mais révélait aussi que certaines des
revendications des détenus étaient infondées. Les ONG ont appelé à une
enquête complète.

Le gouvernement a autorisé durant l’année la visite d’observateurs


indépendants des droits de l’homme, y compris de groupes internationaux et
locaux de défense des droits de l’homme, et des médias.

Le gouvernement a autorisé l’OMP à visiter, sans obstacle et à tout moment,


les prisons et les centres de détention dans tout le pays pour observer les
conditions de détention et écouter les plaintes.

d. Arrestations Arbitraires ou Détention

La loi n'interdit pas les arrestations ou la détention arbitraires et la police


utilise ces deux pratiques. La police n’observe pas toujours les procédures
applicables; selon des ONG et des associations locales, il lui arrive, par
exemple, de ne pas s’identifier au moment d’arrêter un suspect et d’agir sans
mandat. La police aurait également détenu des personnes sans motif
d’accusation.

Rôle de la Police et de l’Appareil de Sécurité

L'appareil de sécurité se compose de plusieurs organisations policières et


paramilitaires qui se chevauchent. La Police Nationale (DGSN), la Direction
Générale de la Sécurité du Territoire (DGST) et les Forces Auxiliaires sont des
entités séparées dépendant du ministère de l’Intérieur. La Gendarmerie
Royale dépend du ministère de la Défense et est chargée de l’application de la
loi en milieu rural, y compris sur les routes nationales. Le Département de la
Sécurité Royale dépend du Palais.

La Police Nationale (DGSN) est chargée des frontières et de l’immigration. Le


principal organe d’investigation, la Brigade Nationale, est chargée d’enquêter
sur les cas de violations du code pénal, tels que le terrorisme, le crime
organisé et la criminalité de col blanc. La DGST et les Forces Auxiliaires ont un
rôle sécuritaire.
Alors que la police est efficace, la corruption et l’impunité des policiers restent
un problème. Le ministère de l’Intérieur a enquêté sur certaines accusations
d’abus commis par la police et de corruption, mais ces enquêtes aboutissent
rarement à des mesures disciplinaires connues du public ou à des actions en
justice. Les affaires traînent en général, sans être résolues.

Le 30 août, le directeur de la police de Rabat a été démis de ses fonctions


pour sa supposée participation dans un trafic de drogue et dans un réseau de
prostitution. Son cas était toujours devant les tribunaux à la fin de l’année.

Le 15 septembre 2006, le ministère de l’Intérieur a démis de leurs fonctions


huit membres des forces de sécurité et quatre fonctionnaires accusés
d’irrégularités.

Le 17 octobre 2006, le ministère de l’Intérieur a démantelé le Groupe Urbain


de Sécurité (GUS) qui avait acquis une réputation de corruption et d’abus. Le
personnel de ce groupe a rejoint les rangs de la police.

Au cours de l’année, une poursuite judiciaire pour abus policiers a été


signalée. En décembre, trois gendarmes ont comparu devant un tribunal dans
la ville d’Inezgane pour avoir accepté de l’argent. Un homme a proposé de les
payer pour l’aider à convaincre une femme qui l’accusait de viol d’abandonner
sa plainte. L’affaire n’était toujours pas résolue à la fin de l’année.

Le 6 décembre, six agents de la sécurité, trois membres des forces auxiliaires;


trois fonctionnaires du ministère de l’Intérieur, et 11 autres personnes, ont été
jugés pour leur implication dans un réseau criminel ayant acquis de faux
documents via le Palais et utilisé ces fausses identités pour percevoir des
avantages frauduleux du gouvernement. Cette affaire n’était toujours pas
résolue à la fin de l’année.

Arrestations et Détention

La police peut procéder à une arrestation sur délivrance d’un mandat oral ou
écrit par un procureur, encore que, dans la pratique, ce mandat soit parfois
délivré après les faits. Les inculpés n’ont pas accès à leur avocat ni à leur
famille pendant les premières 96 heures de leur détention, période initiale
d’interrogatoires où les abus et les tortures sont le plus susceptibles de se
produire.

La loi prévoit un système limité de libération sous caution; elle est toutefois
rarement accordée. La loi ne requiert aucune autorisation écrite pour libérer
une personne. Dans certains cas, les juges libèrent les prévenus sur caution
personnelle. La loi anti-terroriste n’inclut aucun système de libération sous
caution. Selon un code militaire séparé, les autorités militaires peuvent détenir
des membres de l’armée sans mandat ni jugement public.
Selon la loi, chaque accusé a le droit d’être représenté par un avocat et,
lorsqu’il n’en a pas les moyens, un avocat commis d’office lui est proposé
lorsque la peine de prison dépasse les cinq ans. Cette disposition n’est pas
toujours suivie dans la pratique. La police est tenue d’informer un membre de
la famille du détenu, dès que possible, à l’issue des premières 48 heures de
garde à vue, mais cette disposition n’est pas toujours respectée. Du fait du
retard mis à contacter les familles, les avocats ne sont pas toujours informés
en temps voulu de la date d’arrestation de leur client et sont donc dans
l'incapacité de vérifier si la durée légale de garde à vue a été respectée. Les
limites de la période de garde à vue sont souvent dépassées dans les affaires
liées au terrorisme

Dans le cadre de la lutte anti-terroriste, les arrestations ont été plus


importantes, au cours de l’année, que lors des attentats de Casablanca, en
2003.

Amnistie

e. Refus de Procès Public Equitable

La Constitution garantit un système judiciaire indépendant; malgré tout, les


tribunaux demeurent soumis à des pressions extrajudiciaires. Selon des
observateurs, la corruption demeure courante. Les juges n’appliquent pas
toujours les nouvelles lois et, parfois, se réfèrent à des lois qui ne sont plus en
vigueur dans leurs décisions.

En juin 2005, le Conseil Suprême de la Magistrature a lancé des procédures


disciplinaires contre sept juges accusés de corruption. L’un de ces juges a été
renvoyé, trois d’entre eux ont été mis à pied temporairement; deux ont pris
une retraite anticipée, et un a été blanchi.

Le système de tribunaux de droit commun est composé de quatre catégories:


les tribunaux des communes et des arrondissements, les tribunaux de
première instance, les cours d’appel et la Cour Suprême. Toutes les décisions
prises dans les affaires pénales et civiles pour lesquelles l’amende excède 330
dirhams peuvent être portées en appel devant les tribunaux de première
instance (tribunaux régionaux). Les tribunaux régionaux sont subdivisés en
sections civile, commerciale, administrative et pénale, et rabbinique. Les
affaires peuvent être transférées en appel des tribunaux régionaux aux cours
d’appel.

A la discrétion du gouvernement, les cas graves touchant à la sécurité de


l'Etat, comme les délits considérés comme portant atteinte à la monarchie, à
l'islam ou à l'intégrité territoriale du pays (comme le fait de prôner
l’indépendance du Sahara Occidental), peuvent être portés contre n’importe
qui. Un tribunal, relevant du ministère de l’Intérieur, est constitué pour la
circonstance.

Procédures d’Instance

La loi garantit le droit à un jugement équitable pour tous les citoyens.


Toutefois, selon des ONG de défense des droits de l’homme, cela ne se passe
pas toujours ainsi dans la pratique, en particulier pour ceux qui remettent en
question la marocanité du Sahara Occidental. On n’utilise alors pas de jurés.

Bien que les accusés soient en général traduits en justice dans une période
initiale de deux mois, les procureurs peuvent demander jusqu’à cinq
prolongations de deux mois de la détention provisoire ; ainsi, un inculpé peut
être détenu provisoirement pendant un an avant d’être jugé. La présomption
d’innocence est un droit garanti à chaque accusé.

Selon la loi, chaque accusé a le droit d’être représenté par un avocat et,
lorsqu’un accusé n’a pas les moyens d’en avoir un, un avocat commis d’office
lui est proposé pour les délits passibles de 5 ans de prison ou plus. Les avocats
ne sont, cependant, pas toujours commis d'office, ou, s’ils le sont, ne sont pas
rémunérés correctement et offrent souvent une défense inadéquate. Les juges
refusent parfois à la défense le droit d’interroger les témoins. Les accusés ont
le droit d’être présents et de consulter leur avocat.

Les inculpés sont présentés devant un tribunal de première instance. Si le juge


décide que les aveux ont été extorqués par la force, la loi lui ordonne de les
exclure des preuves. Des ONG de défense des droits de l’homme accusent,
cependant, les juges de statuer sur des cas souvent sur la base d'aveux
obtenus sous la contrainte, en particulier dans les cas d’islamistes accusés de
terrorisme ou pour certains Sahraouis. Les rapports de police sont parfois
utilisés à la place des aveux de l’accusé. Les cours d'appel peuvent, en
certains cas, être utilisées comme un second recours pour les tribunaux de
première instance, bien qu’elles traitent principalement des délits passibles de
5 ans de prison ou plus.

La Cour Suprême peut annuler la décision d'une cour d'appel sur de simples
motifs de procédure. En conséquence, les procédures d’appel ne sont pas
fréquentes. Une enquête effectuée par un juge d'instruction n'est obligatoire
que dans les délits passibles d'une condamnation à la prison à vie ou d'une
condamnation à mort.

Les tribunaux familiaux règlent les affaires de divorce et de garde des enfants,
conformément au droit de la famille. Ces tribunaux traitent des affaires
familiales pour les Musulmans, et des juges ont été formés au droit islamique
ou "charia" tel qu’appliqué dans le pays, ainsi qu’aux nouvelles dispositions du
code de la famille adopté en 2004. Les Juifs ont leurs propres tribunaux pour
traiter des affaires familiales.

Prisonniers et Détenus Politiques

Le droit marocain ne fait pas de distinction entre les affaires politiques et


d'atteinte à la sécurité de l'Etat et celles de droit commun. Le gouvernement
considère ne détenir aucun prisonnier politique. Selon lui, il ne détient que des
prisonniers de droit commun. Plusieurs ONG, parmi lesquelles l’AMDH, des
organisations sahraouies et des groupes militants berbères, accusent le
gouvernement de détenir des personnes pour leurs activités politiques ou pour
leurs croyances, au motif de délits criminels, comme les membres de l’AMDH
arrêtés pour avoir scandé des slogans anti-monarchistes.

Procédures et Mesures Correctives Judiciaires Civiles

L’appareil judiciaire, quoiqu’en général efficace, n’est pas totalement


indépendant et reste soumis à influence, en particulier dans les cas sensibles
tels que ceux qui ont un lien avec la monarchie, le Sahara Occidental et la
religion. Des recours administratifs et judiciaire existent pour les torts
supposés.

Un médiateur national résout les affaires civiles lors que la justice ne peut le
faire. Le CCDH sert également d’intermédiaire par lequel les citoyens peuvent
se plaindre de malfaisances ou de violations des droits de l’homme de la part
du gouvernement.

f. Ingérence Arbitraire dans la Vie Privée, la Famille, le Domicile ou la


Correspondance

Selon la Constitution, le domicile est inviolable et nulle fouille ou enquête ne


peut y être menée sans un mandat de perquisition; malgré tout, les autorités
ignorent parfois ces dispositions. La loi stipule qu’un procureur peut délivrer
un mandat de perquisition pour un motif valable, en particulier dans les
affaires de terrorisme. Des policiers en civil, qui ne déclinent pas leur identité
et qui ne présentent pas non plus de mandat, perquisitionnent des domiciles.

Comme l’an dernier, les autorités ont perquisitionné et fermé les domiciles de
membres de l’Organisation Islamiste Justice et Charité (OJC). L’OJC est un
groupe islamiste sociopolitique d’opposition qui a choisi de ne pas prendre
part aux dernières élections. Des membres de cette association auraient
utilisé ces domiciles comme lieux de réunions politiques.

Section 2: Respect des Droits Civiques, parmi lesquels:

a. Liberté de Presse et d'Expression


La loi garantit en général la liberté d'expression et de presse. Dans la
pratique, le gouvernement respecte généralement ces droits. La loi ne permet
pas de critiquer l’islam, la monarchie et l’intégrité territoriale en public, et elle
est fréquemment appliquée.

Selon les statistiques du gouvernement, 26 plaintes ont été déposées contre


la presse au cours de l’année. L’une des affaires s’est conclue par une peine
de prison, au moins trois par des peines de prison avec sursis, et cinq par des
amendes; le reste des affaires était toujours en cours à la fin de l’année.
Aucune de ces affaires ne s’est terminée par un acquittement.

Ces dernières années, certaines publications ayant testé les limites de cette
liberté se sont vu rapidement infliger des amendes. Dans un communiqué
paru en août, l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a signalé qu’au moins 34
médias avaient été censurés et qu’au moins 20 journalistes avaient fait l’objet
de poursuites selon les lois régissant la presse, les délits ou le terrorisme,
depuis l’avènement de Mohammed VI en 1999.

La loi anti-terroriste et le Code de la Presse prévoient des amendes pour les


journalistes et les éditeurs qui violent les restrictions en matière de
diffamation, de calomnie et d’insulte, à l’égard de la monarchie, de l’intégrité
territoriale (comme de prôner l’indépendance du Sahara Occidental) et de
l'islam. Des peines de prison peuvent également frapper les personnes
reconnues coupables de calomnie. Le Code de la Presse cite les menaces à
l’ordre public comme l’un des critères de censure. Le gouvernement a
également le pouvoir d’annuler les autorisations et de suspendre et de
confisquer des publications. Dans le cadre de ces limites interprétées très
largement, les journaux et hebdomadaires de tous bords politiques publient
leurs articles et leurs commentaires souvent critiques vis-à-vis de politique et
de personnes non sensibles.

Le ministère de la Communication donne ses directives et ses conseils et


subventionne les publications. Le gouvernement a suspendu temporairement
des publications jugées offensantes, tout en les autorisant à continuer de
fonctionner. Au cours de l’année, le gouvernement a continué à censurer
directement les journaux en leur donnant l’ordre de ne pas traiter de tel ou tel
évènement ou sujet spécifique, et en les menaçant de les sanctionner s’ils le
faisaient. Les médias pratiquent aussi l’autocensure. Le gouvernement a
indiqué qu’aucune peine de prison n’était imposée dans le cadre du nouveau
Code de la Presse.

aucun contrôle des publications étrangères, par la saisie de publications


interdites après leur distribution, par le ministère de la Communication.

Par le biais du ministère de la Communication, le gouvernement aide la


plupart des journaux, à divers degrés, y compris ceux qui le critiquent. La
publicité ordonnée par le gouvernement joue également un rôle sur les
rentrées financières de ces publications. Les subventions gouvernementales
varient selon le pourcentage de lecteurs.

Le gouvernement possède la Société Nationale de Radiodiffusion et de


Télévision, anciennement Radiotélévision Marocaine, qui possède et gère
plusieurs stations locales de télévision et de radio. Il possède aussi en partie la
télévision 2M et sa radio. La station de télévision « Medi-Sat » et la station de
radio «Medi-1», soutenues par la France, sont nommément privées et
indépendantes. Un comité nommé par le gouvernement contrôle les
diffusions. Le gouvernement possède en totalité ou en partie les uniques
chaînes de télévision recevables dans la majeure partie du pays sans
décodeur ni antenne parabolique. Depuis 2006, le gouvernement a autorisé le
fonctionnement de plusieurs stations de radio indépendantes qui proposent
des nouvelles et des informations. Les antennes paraboliques sont très
utilisées dans tout le pays. Le gouvernement n'empêche pas la réception des
chaînes étrangères.

Accès à l’Internet

Il n’existe aucune loi ni aucune décision judiciaire spécifique concernant le


contenu d’Internet ou son accès. A l’occasion, le gouvernement bloque l’accès
à des sites Web spécifiques, par le biais de Maroc Télécom. Les autorités ont
bloqué le site Web de l’OJC de manière sporadique tout au long de l’année.

En mai, les autorités ont bloqué l’accès à YouTube pendant 6 jours après la
mise en ligne de vidéos considérées comme insultantes pour le Roi, puis,
pendant 4 jours, après une vidéo impliquant la police dans des actes de
corruption. Depuis 2006, le gouvernement a bloqué en diverses occasions les
sites « Google Earth », « Google Map » et « Live Journal ». Il reconnaît avoir
bloqué ces sites, ainsi que certains sites extrémistes islamiques,
conformément à la loi qui prohibe la remise en question de l’intégrité
territoriale du Maroc, la promotion de l’indépendance du Sahara Occidental.

Programmes Universitaires et Manifestations Culturelles

De par la loi et de par la pratique, le gouvernement limite, dans le contexte


universitaire et culturel, les débats et les exposés sur tout ce qui peut critiquer
la monarchie, l’islam, ou le statut du Sahara Occidental. Les groupes
islamistes contrôlent de nombreux syndicats étudiants et agissent parfois pour
restreindre la liberté universitaire. Le ministère de l’Intérieur approuve la
nomination des recteurs des universités.

Le gouvernement a interdit la littérature islamiste, qu’il a qualifiée


d’extrémiste, à la Foire aux Livres 2007 de Casablanca.
b. Liberté de Réunion Pacifique et d'Association

La Constitution garantit le droit de réunion et d’association, dans les limites


prévues par la loi ; dans la pratique, le gouvernement met un terme à des
manifestations ou interdit des associations qui outrepassent les limites fixées
par la loi dans les domaines de la liberté d’expression et de la presse.

Liberté de Réunion

Le ministère de l’Intérieur doit donner son accord pour toute réunion publique.
Au cours de l’année, la police a empêché et dispersé brutalement des
manifestations et des rassemblements pacifiques ; ces incidents ont été moins
nombreux que par le passé. De nombreuses manifestations ont eu lieu au
cours de l’année sur une grande variété de sujets.

Le 17 février, l’OJC a signalé que les forces de sécurité avaient pénétré au


domicile de Hussein Marjane qui tenait une réunion du conseil de
l’Organisation Justice et Charité. Les 72 participants, y compris les dirigeants
de l’organisation, ont été emmenés au commissariat et retenus pendant deux
à huit heures, sans aucun chef d’accusation ni arrestation officielle, au motif
que la réunion n’avait pas été autorisée. Selon le gouvernement, les tribunaux
ont inculpé 44 membres de l’OJC et en ont acquitté 15 pour participation à une
organisation interdite et tenue de réunions illégales.

Le 1er mai toujours, les forces de sécurité ont arrêté sept membres de l’AMDH
pour avoir scandé des slogans anti-monarchiques lors d’une manifestation de
la Journée Internationale des Travailleurs. Ils ont été jugés et reconnus
coupables de laminer la monarchie et ont été condamnés à des peines allant
de un à trois ans de prison. L’organisation Amnesty International (AI) a indiqué
que les avocats des inculpés n’avaient pas été autorisés à appeler certains
témoins et que les prisonniers avaient été maltraités durant leur
interrogatoire. Les forces de sécurité ont dispersé des manifestations
postérieures à Rabat, organisées pour attirer l’attention sur l’affaire de
l’AMDH, et ont arrêté encore plus de monde. Huit membres de l’AMDH étaient
en prison à la fin de l’année et trois ont été condamnés avec sursis. Les
manifestations de protestation qui ont suivi cette arrestation ont été
dispersées par la force.

Liberté d’association

La Constitution garantit la liberté d'association telle qu’appliquée par la loi.


Selon le gouvernement, plus de 2.500 ONG et associations sont enregistrées.
Toute nouvelle organisation doit s’inscrire auprès du ministère de l’Intérieur.
La nouvelle organisation doit d’abord soumettre ses statuts au ministère. Si
ces statuts sont favorables à la monarchie, à l’islam et à l’intégrité territoriale,
le ministère délivre alors un reçu de confirmation d’inscription à l’organisation
en question, ayant valeur d’autorisation officielle. L’organisation peut
demander une exonération d’impôts et un financement du gouvernement. Si
l’organisation ne reçoit pas son reçu dans la semaine, elle n’est alors pas
enregistrée officiellement. De nombreuses organisations fonctionnent sans ce
reçu.

Les organisations favorables à l’autodétermination du Sahara Occidental ne


sont pas autorisées à s’inscrire, dont l’Association des Victimes de Violations
Graves des Droits de l’Homme (ASVDH) et le Collectif Sahraoui des Défenseurs
des Droits de l’Homme (CODESA). Les organisations qui ne sont pas
enregistrées ne peuvent avoir accès au financement du gouvernement ni
accepter légalement des contributions.

Le ministère de l’Intérieur doit autoriser les partis politiques. En décembre


2005 puis en février 2007, le Parlement a adopté une loi imposant des
conditions plus rigoureuses à la création et au fonctionnement des partis
politiques. La loi de 2007 oblige les partis à tenir des congrès nationaux
fréquemment et à inclure des femmes et des jeunes dans leurs structures
dirigeantes. Le financement public des partis est basé sur leur représentation
totale au Parlement et sur le nombre total de votes reçus au niveau national.

Seuls les membres inscrits d’un parti peuvent apporter une contribution
financière à titre privé. En vertu de cette loi, un parti peut être dissous s’il ne
se conforme pas à ces dispositions. Pour créer un nouveau parti, une
déclaration doit être soumise au ministère de l’Intérieur et signée par au
moins 300 membres cofondateurs, originaires d’une moitié des 16 régions du
pays. La loi reflète les changements et les révisions suggérés par les partis
politiques existants et par les membres de la société civile.

c. Liberté de Culte

La Constitution garantit la liberté de culte et le gouvernement respecte en


général ce droit dans la pratique. Selon la Constitution, l’islam est la religion
officielle du pays et le Roi est le "Commandeur des Croyants et le
Représentant Suprême des Musulmans ”. Les communautés non musulmanes
pratiquent ouvertement leur religion avec divers degrés de restrictions
officielles. Le gouvernement soutient et facilite les activités religieuses de la
communauté juive.

Le gouvernement interdit la distribution d’articles religieux chrétiens à des fins


de prosélytisme mais tolère plusieurs petites minorités religieuses.

Le gouvernement n'autorise ni n'approuve les religions ou les organisations


religieuses. Il octroie des exonérations de taxes, des dons pour les terrains et
les constructions, des subventions et des exonérations de douane, pour les
importations d'articles nécessaires à la pratique des principales religions.

Le ministère des Habous et des Affaires Islamiques continue de contrôler les


prêches du vendredi dans les mosquées ainsi que le programme des écoles
coraniques (institutions de formation religieuse) afin de s'assurer que seules
les doctrines autorisées y sont enseignées. Durant l’année, le ministère a
fourni à 38.000 mosquées des téléviseurs et des antennes paraboliques pour
qu’elles puissent recevoir ses programmes. Le ministère des Habous et des
Affaires Islamiques place des restrictions sur certains musulmans et
organisations islamiques dont les activités sont jugées comme excédant les
limites de la pratique religieuse ou comme étant devenues politiques dans leur
nature. Le gouvernement contrôle strictement la construction de nouvelles
mosquées, exigeant un permis pour le faire. Les autorités ont institué ces
mesures pour éviter l’exploitation des mosquées à des fins de propagande
politique, telle que la distribution de brochures et la collecte de fonds, ou la
propagation d’idées extrémistes.

Le gouvernement tolère, en général, les activités qui se limitent à la diffusion


de l'islam et à des activités scolaires ou caritatives. De mars à juillet, les
forces de sécurité ont cessé d’autoriser les activités de l’OJC au motif qu’elles
sont plus politiques que religieuses. Les forces de l'ordre ferment
communément les mosquées au public à l'issue des services du vendredi pour
prévenir toute utilisation des locaux à des fins politiques non autorisées. En
août 2006, le ministère des Habous et des Affaires Islamiques a annoncé la
fermeture de 17 mosquées dans le pays. Ces mosquées auraient été fermées
pour des raisons administratives et pour maintenir la sécurité de la population
face à l’extrémisme religieux. Le gouvernement n’a fermé aucune mosquée en
2007.

La petite communauté chrétienne gère des églises, des orphelinats, des


hôpitaux et des écoles, sans restrictions ni conditions d'autorisation. Les
missionnaires qui se conforment aux usages de la société ne font l'objet
d'aucune entrave à leurs activités, mais ceux qui font publiquement du
prosélytisme risquent d'être expulsés. On ne signale aucun cas
d’interrogatoire de missionnaires étrangers par la police parce qu’ils portaient
sur eux des objets chrétiens. Le nombre de chrétiens locaux, en dehors des
épouses étrangères de citoyens marocains, n’est pas connu.

La loi et la tradition musulmanes appellent à une peine sévère la conversion


d'un musulman à une autre religion. Toute tentative de conversion d'un
musulman est illégale. A l’inverse de l’année précédente, on ne signale aucun
cas de poursuite pénale pour prosélytisme.

Abus et discrimination sociaux


On ne signale aucun acte, publication, ou incitation à la violence ou à la haine
antisémites, même si certains organes de presse, dont Tajdid, le journal du
Parti de la Justice et du Développement, contient certains articles antisémites
associées à la critique d’Israël et de sa politique.

Les membres de la minorité juive, estimée à environ 4000 personnes par les
dirigeants de la communauté, vivent généralement en sécurité dans tout le
pays. La communauté juive gère un certain nombre d’écoles et d’hôpitaux
dont les services sont ouverts à tous. Le gouvernement participe au
financement de l’instruction religieuse du petit système parallèle d’écoles
publiques juives. Les juifs suivent leurs services religieux dans les synagogues
dans tout le pays. Il existe deux types de lois et de tribunaux - un pour les
musulmans et un pour les juifs - qui régissent les mariages, les successions et
les affaires de famille.

Avec le Code de la Famille, qui s’applique aux musulmans, le gouvernement a


entrepris une nouvelle formation pour les juges et en a recruté de nouveaux
dans la fonction publique, tandis que les autorités rabbiniques continuent
d’administrer les tribunaux de famille pour les juifs. Il n’existe pas de
tribunaux familiaux séparés pour les autres religions. Le gouvernement
continue d’encourager la tolérance et le respect entre les religions.

Pour plus de détails, voir le Rapport 2007 sur la Liberté Religieuse


Internationale.

d. Liberté de Circulation, Personnes Déplacées à l’intérieur du Pays,


Protection des Réfugiées et Apatrides

La Constitution garantit la liberté de circulation, toutefois, le gouvernement


limite sévèrement cette liberté dans les zones considérées comme
militairement sensibles dans la partie du Sahara Occidental administrée par le
Maroc. Le ministère de l'Intérieur limite la liberté de voyager hors du Maroc
pour tous les fonctionnaires, y compris les enseignants et les militaires. Les
fonctionnaires doivent avoir une autorisation écrite de leur ministère de tutelle
pour quitter le pays. L’exil forcé est prévu par la loi; cependant, on ne signale
aucun cas connu de ce genre pour cette année. Le gouvernement encourage
le retour volontaire au pays des membres de la communauté juive ayant
quitté le Maroc.

Les juifs marocains ayant émigré reviennent librement au Maroc, y compris


ceux qui ont pris la nationalité israélienne. Le gouvernement encourage aussi
le retour des Sahraouis à condition qu'ils reconnaissent la revendication du
Maroc sur cette région.

Protection des Réfugiés


La Loi sur l’Emigration et l’Immigration prévoit d’accorder le droit d’asile ou le
statut de réfugié, conformément à la Convention de 1951 de l’ONU sur le
Statut des Réfugiés et à son Protocole de 1967. Cette loi accorde le droit
d’asile et de résidence temporaire aux personnes n’ayant pas la qualité leur
permettant de revendiquer le statut de réfugié ou l’asile. Le Haut-
Commissariat de l’ONU aux Réfugiés (UNHCR) est actuellement la seule
agence dans le pays habilitée à accorder le statut de réfugié et à vérifier les
demandes d’asile. Le 20 juillet, le gouvernement a signé un accord avec le
UNHCR pour renforcer la coopération face au nombre croissant d’immigrants
tentant de se rendre en Europe. Cet accord élève le bureau du UNHCR dans le
pays au rang de représentation à part entière et fournit au personnel de
l’organisation un meilleur accès aux départements concernés du
gouvernement. Avant la signature de cet accord, le UNHCR a dispensé une
formation aux fonctionnaires sur le traitement approprié à apporter aux
réfugiés. Dans la pratique, le gouvernement apporte une certaine protection
contre le refoulement, expulsion forcée de personnes vers un pays où elles
craignent pour leur vie ou pour leur liberté. Le gouvernement a accordé le
statut de réfugié et l’asile à des demandeurs et a travaillé avec le HCR pour
identifier les personnes concernées. A la fin de l’année, le UNHCR dénombrait
786 réfugiés et 488 demandeurs d’asile au Maroc.

Selon le UNHCR, sur les 10 premiers mois de l’année, le nombre d’expulsions


par le gouvernement de personnes porteuses de documents du UNHCR a
décru de 67 pour cent par rapport à la même période en 2006. A l’inverse de
2006, les détenteurs de papiers du UNHCR détenus lors d’arrestations
collectives d’immigrants ont été immédiatement relâchés.

Depuis 2006, l’ONG Médecins Sans Frontières signale une amélioration dans la
possibilité d’accès aux soins médicaux pour les immigrants sub-Sahariens au
sein du système de santé marocain.

L’Espagne continue de renvoyer au Maroc les immigrés clandestins pris en


mer, quelle que soit leur nationalité. Le gouvernement continue de rapatrier
les réfugiés à ses frais.

Section 3: Respect des Droits Politiques: Droit des Citoyens à changer


de Gouvernement

La Constitution prévoit des élections libres et régulières, sur la base du


suffrage universel; encore que les citoyens n'aient pas totalement le droit de
changer de gouvernement. Le Roi, en sa qualité de chef de l'Etat, nomme le
Premier ministre à la tête du gouvernement. La Constitution autorise le
Premier ministre à nommer tous les ministres du gouvernement, mais le Roi
se réserve le droit de remplacer n'importe quel ministre à son gré. Le
gouvernement se compose de 34 postes ministériels, dont le Premier ministre
et 5 ministres "souverains" directement nommés par le Roi (Intérieur, Affaires
étrangères, Justice, Affaires Islamiques et Défense nationale). Le ministère de
l'Intérieur propose les gouverneurs provinciaux (walis) et les caïds locaux
(responsables administratifs de district) et le Roi les nomme. Le Roi nomme
aussi le Conseil Constitutionnel qui détermine si les lois adoptées sont
conformes à la Constitution.

La Constitution ne peut être modifiée sans l'approbation du Roi. Selon la


Constitution, ni le système monarchique ni les directives concernant l’islam ne
peuvent être soumises à révision. Seul le Roi a le pouvoir d’ordonner un
référendum national sur des propositions d’amendement à la Constitution. Les
amendements peuvent être proposés directement par le Roi ou par le
Parlement, qui doit d’abord adopter une proposition aux deux tiers de la
majorité de ses deux chambres. Une fois l’arrêté royal décrété, l’amendement
peut être soumis à un référendum national ; toutefois, le Roi a le pouvoir de
contourner n’importe quel référendum. Les citoyens élisent directement les
conseillers municipaux ; ils élisent les conseils régionaux par le biais de
représentants.

Elections et Participation Politique

De par la loi électorale et les réglementations qui s’y rapportent, le ministère


de l’Intérieur détient l’autorité sur le déroulement général des élections – de
l’établissement des districts électoraux au comptage des votes. En mars, les
districts électoraux ont été redessinés, donnant davantage de sièges aux
zones les moins peuplées et diluant les votes urbains. Le nombre d’électeurs
représentés par chaque membre du Parlement varie de manière significative
selon la manière dont les districts électoraux ont été dessinés. .

Lors des élections de septembre pour la chambre basse du Parlement, le


gouvernement a enregistré une participation officielle de 37 pour cent. Le
ministère de l’Intérieur a publié les chiffres de la participation et les résultats
des votes populaires par district sur son site Web et dans les médias dans les
48 heures. Les résultats par circonscription électorale n’étaient toujours pas
rendus publics à la fin de l’année. Le comptage final des votes a été accepté
par tous les partis politiques comme étant précis et certifié comme légitime
par le ministère de l’Intérieur.

Les rapports définitifs des observateurs nationaux et internationaux ont


félicité le gouvernement et le ministère de l’Intérieur pour leur gestion
professionnelle du scrutin du 7 septembre. Ils ont également attribué le faible
taux de participation électorale et le taux important de votes de protestation à
la faiblesse des partis et à un Parlement qui a peu de pouvoirs.

Le rapport final des quelque 50 observateurs internationaux indique que le


scrutin s’est déroulé sans heurt, dans l’ordre et la transparence. Le rapport
des quelque 3.000 observateurs nationaux, issus d’un collectif de plus de 700
ONG et organisations de la société civile, a qualifié les élections de
généralement bien menées et transparentes, mais est plus critique en ce qui
concerne l’achat des voix avant les élections par les partis et certains cas de
mauvaise conduite officielle au niveau des districts. Les observateurs
nationaux n’ont pas reçu leur accréditation avant la veille du scrutin. Les
autorités ont également été lentes à instaurer des procédures claires pour les
observateurs nationaux avant le jour des élections. Tous les rapports ont
préconisé la création d’une commission électorale indépendante.

L’ONG basée à Berlin, Democracy Reporting International, certains


observateurs nationaux, les médias, certains partis politiques (y compris le
Parti de la Justice et du Développement) et des ONG locales, ont formulé de
nettes accusations de subversion électorale contre les partis politiques
pendant la campagne électorale. Les exemples les plus flagrants de cette
corruption vont de l’achat de voix en milieu rural au versement d’argent à des
électeurs en échange de leur voix, en passant par l’organisation de fêtes
communautaires. Les observateurs internationaux n’ont pas contrôlé les
activités préélectorales.

La plupart des soixante-dix huit pour cent des Marocains éligibles se sont
inscrits sur les listes, mais seuls 37 pour cent d’entre eux ont voté en
septembre, par rapport aux 52 pour cent de participation aux élections de
2002. Cette faible participation est attribuée à l’apathie des électeurs, à la
large insatisfaction face aux réalisations du Parlement, ainsi qu’à la croyance
selon laquelle la corruption des partis ayant déterminé les résultats à l’avance,
il serait superflu de voter. Il s’agit aussi d’un vote de mécontentement. Sur les
37 pour cent de ceux qui ont voté, 24 pour cent des bulletins concernant les
listes locales et 21 pour cent des listes nationales étaient blancs, souillés ou
porteurs de critiques coléreuses du système et des partis; ce qui revient à dire
que, par exemple, à Casablanca, quelque 30 pour cent des bulletins de vote
étaient blancs, souillés, ou porteurs de critiques. Dans ce cas, selon le rapport
final de la mission internationale du NDI, moins de 14 pour cent des électeurs
potentiellement éligibles de Casablanca ont voté pour les partis figurant sur
les listes.

Corruption du Gouvernement et Transparence

Les Indicateurs de la Gestion des Affaires Publiques dans le Monde de la


Banque Mondiale reflètent un problème de corruption et l’on note un
sentiment général de corruption dans les branches exécutive, législative et
judiciaire du gouvernement.

Au cours de l’année, le ministère de l’Intérieur s’est prononcé sur plus de


5.000 affaires de corruption, encore que l’issue de la plupart de ces affaires
reste indéterminée. En juillet, le Directeur de la Police de Rabat a été relevé
de ses fonctions et accusé d’implication dans un réseau de prostitution et de
drogue. A la fin de l’année, l’affaire était toujours devant les tribunaux. En
mai, le ministre de la Justice d’alors déclarait dans un discours que la
corruption et les délits économiques représentaient dix pour cent des affaires
traitées par tous les tribunaux du Maroc.

La tendance de l’appareil judiciaire à être influencé est largement reconnue.


Dans une interview accordée en février au quotidien Al-Messae, Abbas El
Fassi, alors ministre d’Etat sans portefeuille et aujourd’hui Premier ministre,
déclarait, "Les juges devraient écouter la voix de leur conscience, et non pas
les instructions reçues sur leurs téléphones portables."

Dans le cadre des préparatifs des élections législatives, le ministère de


l’Intérieur et celui de la Justice ont publié un communiqué commun en août
visant à décourager la pratique de la corruption et à renforcer les lois. Le
ministre de l’Intérieur et son ministre délégué ont également rencontré les
gouverneurs et les autorités des diverses régions pour réitérer la position du
gouvernement selon laquelle aucun officiel ne devait s’ingérer dans le
processus démocratique. Le Roi a également prononcé plusieurs discours
condamnant la corruption électorale. En août, le ministère de l’Intérieur a
laissé entendre que les maires de Rabat et de Meknès avaient abusé de leur
position à des fins électorales. L’enquête était toujours en cours à la fin de
l’année.

Le pays n’a aucune loi sur la liberté d’information. Le 24 avril, le Parlement a


adopté une loi intimant aux juges de donner la liste de leurs biens et de leurs
avoirs. Le ministère de la Justice, la Cour des Comptes et la Commission
Centrale pour la Prévention de la Corruption, nouvellement créée, sont tous
chargés de lutter contre la corruption.

Le gouvernement publie les nouvelles lois et réglementations au Journal


Officiel dans les trente jours suivant leur adoption ou leur promulgation.

Section 4: Attitude du Gouvernement par rapport aux Enquêtes


Internationales et non Gouvernementales sur les Accusations de
Violations des Droits de l’Homme

L’attitude du gouvernement à l’égard des organisations internationales de


défense des droits de l’homme varie, en fonction du degré de sensibilité de la
question en cause. Les groupes locaux et internationaux de défense des droits
de l’homme opèrent en général sans limitation de la part du gouvernement,
sauf pour ce qui touche au Sahara Occidental, enquêtant et publiant leurs
conclusions.

Les ONG nationales de défense des droits de l'homme, reconnues et


coopérant avec le gouvernement, sont les suivantes: l'Organisation Marocaine
des Droits de l'Homme (OMDH) et la Ligue Marocaine de Défense des Droits de
l'Homme (LMDDH). Depuis 2000, l’OMDH et la LMDDH bénéficient de
subventions du gouvernement. L'AMDH ne coopère pas officiellement avec le
gouvernement, mais échange en général des informations avec lui. Les
organisations régionales de défense des droits de l’homme sont également
nombreuses, comme l’ASVDH et le CODESA. Selon le gouvernement, on
dénombre plus de 2.500 ONG et associations enregistrées dans le pays.

L'Observatoire National Marocain des Prisons (OMP), une ONG de défense des
droits de l’homme reconnue par le gouvernement, a été autorisée par le
ministère de la Justice, en 2007, à se rendre dans les prisons du pays,
n’importe quand, et à parler aux prisonniers. L’OMP participe officiellement au
programme de réforme pénale du ministère de la Justice et lui apporte son
conseil. L'objectif premier de l'OMP est d'améliorer les conditions de vie dans
les prisons. Il a réussi à faciliter certaines améliorations dans les domaines des
conditions de détention, de la nutrition, de la formation et de la capacité des
détenus à signaler les abus.

Les organisations Amnesty International et Human Rights Watch se sont


également rendues dans le pays. En outre, le gouvernement a rencontré des
représentants de Human Rights Watch.Le programme de formation aux droits
de l'homme, basé sur un accord passé en 2002 entre Amnesty International et
le gouvernement, pour une période de 10 ans, se poursuit. Le ministère de la
Justice et le ministère de l'Education Nationale ont proposé une formation aux
enseignants et, en coopération avec le Comité International de la Croix Rouge,
ont offert un programme d’étude pour enseigner le droit humanitaire
international dans les écoles. Le ministère de la Justice a apporté une
formation plus solide en matière de droits de l’homme aux responsables des
prisons, et d’autres départements du gouvernement on apporté une formation
en ce sens aux militaires, à la police et au personnel médical.

Le Conseil Consultatif des Droits de l'Homme (CCDH), nommé par le Roi,


conseille le Palais sur les questions relatives aux droits de l'homme. Un
médiateur, n’appartenant pas à la sphère judiciaire, a examiné les accusations
d’injustices gouvernementales, mais il est largement perçu comme n’étant
pas efficace. Dans la pratique, le CCDH remplit le rôle de médiateur social
national. Le rapport annuel du CCDH pour 2006 se focalise sur l’immigration.
Le rapport pour 2007 n’était pas disponible à la fin de l’année.

Section 5: Discrimination, Abus Sociétaux et Trafic de Personnes

La Constitution interdit la discrimination basée sur la race, le sexe, le


handicap, la langue ou le statut social; les femmes font, toutefois, l'objet de
discrimination dans les pratiques traditionnelles, en particulier en milieu rural.

Femmes
Le 18 Javier, le gouvernement a réformé le Code de la Nationalité datant de
1958, donnant aux femmes musulmanes le droit de transmettre leur
nationalité marocaine à leurs enfants. Auparavant, la nationalité ne se
transmettait que par le père. Cette nouvelle loi résulte d’une collaboration
intensive entre l’Association Démocratique des Femmes Marocaines (ADFM),
plusieurs organisations de défense des femmes et des droits de l’homme et le
gouvernement. Ce changement permet aux enfants nés de mère marocaine et
de père non marocain, tous deux musulmans, d’avoir droit à tous les
avantages éducatifs et sociaux dispensés à tous les ressortissants marocains.
Il a également des implications sur le droit de garde international impliquant
des couples binationaux. La nationalité marocaine ne peut toutefois être
transmise que si les deux parents sont musulmans et si leur mariage est
reconnu par la loi.

La Ligue Démocratique des Droits de la Femme, une ONG, qui a publié un


rapport au premier semestre 2007, indique que le terme de violence
économique, qui se définit comme le manquement à subvenir aux besoins
financiers de la famille ou de l’enfant, représente 37 pour cent des cas, tandis
que la violence physique se place derrière avec 23 pour cent. Des numéros
verts (gratuits) pour les victimes de violences conjugales existent dans 20
centres dans tout le pays.

La loi prévoit des peines sévères pour les hommes inculpés pour viol ou
agression sexuelle et les autorités appliquent ces dispositions. Le viol conjugal
ne constitue toutefois pas un délit. Il revient à l'accusé, en dehors des cas de
viol conjugal, de prouver son innocence. Toutefois, de nombreux viols sont
passés sous silence. Même si la loi ne le prévoit pas, la famille peut opter pour
un mariage entre le coupable et sa victime, afin de préserver l'honneur de la
famille.

La loi est plus indulgente vis-à-vis des hommes pour les délits commis à
l'égard de leurs femmes. La police est réticente à s’impliquer dans ce qu’elle
considère comme une affaire privée entre un mari et sa femme. Des crimes
d'honneur, ou violences perpétrées sur une femme dans l'intention de la tuer,
sont perpétrés. Au lieu de renforcer la loi après une récente campagne pour
mettre fin au « crimes d’honneur », le gouvernement a élargi la même
protection aux épouses qui tuent leur mari. Aucun crime de ce genre n’a été
signalé cette année au Maroc.

Le harcèlement sexuel sur le lieu de travail est un délit. Les statistiques à ce


sujet ne sont pas disponibles. En mai 2006, le gouvernement a adopté une
stratégie nationale pour l’égalité des sexes en intégrant une approche basée
sur cette égalité dans toutes les politiques et dans tous les programmes de
développement.
Le budget 2006 du gouvernement tient compte pour la première fois des
différents sexes. Tous les ministères doivent analyser leur budget du point de
vue de son impact sur les femmes et sur les hommes, sur les garçons et sur
les filles. Au niveau local, le gouvernement a édité des manuels et des
programmes de formation pour améliorer la capacité des autorités locales et
des communautés à prendre en compte la question de l’égalité des sexes
dans leurs processus de planification et de budgétisation.

Depuis février 2006, le gouvernement a formé 50 femmes comme assistantes


religieuses (Mourchidates) dans le cadre d’une campagne lancée par le Roi
pour saper l’extrémisme religieux en renforçant et en promouvant le message
de modération de l’islam. Depuis sa création, ce programme a diplômé quatre
groupes de 50 stagiaires. Chaque femme a été affectée à l’une des 33.000
mosquées du pays. Bien qu’elle ne dirigent pas les prières, un rôle toujours
dévolu exclusivement aux hommes, les Mourchidates dispensent une
instruction religieuse de base dans les mosquées et apportent un soutien
religieux dans les prisons, les hôpitaux et les écoles. Les femmes siègent
désormais au Haut Conseil des Oulémas (l’autorité religieuse suprême),
présidé par le Roi, et aux conseils religieux locaux.

La mise en application du Code de la Famille adopté en 2004 demeure un


sujet de préoccupation car il dépend largement de la capacité et de la volonté
de l’appareil judiciaire à le mettre en pratique. En raison de sa nature prêtant
à controverse, la loi ayant été rédigée d’une telle façon qu’elle offre à chaque
juge toute latitude d’interprétation, les juges ne sont pas tous d’accord avec
elle. La corruption au sein des greffiers des tribunaux, et l’absence de
connaissance de ses dispositions chez de nombreux magistrats, constituent
également des obstacles.

Les élections législatives de septembre 2007 ont vu la sélection de 34 femmes


sur un total de 325 sièges parlementaires – soit un siège de moins que lors du
précédent mandat. Trente des 34 nouvelles députées ont été élues sur une
liste nationale réservée aux femmes candidates. Le nouveau gouvernement
du Premier ministre, Abbas El Fassi, constitue un record avec sept femmes
ministres par rapport aux deux qui occupaient un poste dans le précédent
gouvernement. Les femmes occupent d’autres créneaux de leaders, comme
maire d’Essaouira et gouverneur d’un district à Casablanca.

La représentation des femmes dans les structures de prise de décisions des


partis politiques reste faible. En août, toutefois, le Parti de la Société
Démocratique est devenu le premier parti à être dirigé par une femme, Zhor
Chekkafi. Dans le secteur privé, les femmes sont représentées au plus haut
niveau de la direction. Même si de nombreuses femmes marocaines diplômées
font carrière dans divers domaines, peu d'entre elles parviennent au sommet
de l'échelle professionnelle. D’après les statistiques compilées par le
gouvernement en 2006, les femmes représentent environ 35 pour cent de la
main d’œuvre et 22 pour cent constituent la source principale de revenu de
leur famille. Les femmes souffrent davantage des inégalités dans le monde
rural. Les jeunes filles qui passent leur baccalauréat ont les mêmes chances
que les garçons d'entrer à l'université et 47 pour cent des étudiants
universitaires sont des filles.

Pour l’année scolaire 2006-2007, plus de 80 pour cent des personnes suivant
les cours d’alphabétisation proposés par le gouvernement étaient des
femmes, dont 45 pour cent en zone rurale. De nombreuses ONG oeuvrent à
faire avancer les droits des femmes et à promouvoir les questions les
concernant. On compte, parmi ces ONG, l’Association Démocratique des
Femmes Marocaines, l’Union pour l’Action Féminine et l’Association Marocaine
des Droits des Femmes, qui toutes prônent un renforcement des droits
politiques et civiques des femmes. De nombreuses ONG offrent un abri aux
femmes battues, leur enseignent des rudiments d’hygiène, les initient au
planning familial, leur apprennent à s'occuper de leurs enfants, et
encouragent l’alphabétisation.

Enfants

Selon la Constitution, la scolarité est obligatoire, gratuite et universelle pour


les enfants âgés de 6 à 15 ans. Le gouvernement cherche de plus en plus à
faire appliquer cette loi. Le gouvernement s’est également engagé à protéger
les enfants. Avec le Plan National d’Action pour l’Enfance de 2006, le
gouvernement a commencé à améliorer la qualité de l’éducation et de
l’enseignement, en particulier en zone rurale.

Aucune statistique fiable n’est disponible quant au nombre de jeunes filles


mariées avant l’âge de 18 ans. Alors que le mariage des enfants est illégal,
certains rapports signalent qu’il est toujours pratiqué dans tout le pays, en
particulier en milieu rural. Utilisant le code de la famille, le gouvernement, en
coordination avec des ONG locales et internationales, a informé les femmes de
leurs droits, en partie pour lutter contre les mariages précoces.

Le travail des enfants constitue un problème sérieux.

Le gouvernement maintient ses accords avec l’Espagne et l’Italie pour


rapatrier les mineurs non accompagnés. Les rapatriements restent lents à
cause des familles marocaines qui ne donnent pas leur accord pour que
l’enfant rentre chez lui, et à cause du manque de place dans les centres
d’accueil pour les mineurs qui n’ont nulle part où aller. Au cours de l’année,
les fonds apportés par l’Espagne ont permis de créer des centres de
réadaptation près de Tanger et de Marrakech pour aider à la réinsertion de ces
jeunes.

Trafic de Personnes
La loi interdit le trafic de personnes ; certains rapports font, toutefois, état de
personnes ayant fait l’objet d’un trafic, à destination, en provenance, et à
l’intérieur du pays. Le nombre de mineurs émigrant vers l’Europe continue
d’augmenter, selon le ministère chargé des Marocains vivant à l’Etranger. Le
nombre de mineurs passant par les Iles Canaries a quadruplé cette année,
près d’un tiers de ceux-ci venant du Maroc.

La Loi sur l’Immigration et l’Emigration interdit de manière spécifique le trafic


de personnes et impose des amendes et des peines de prison aux personnes,
y compris aux agents du gouvernement, impliquées dans un trafic de
personne, ou ne l’ayant pas signalé. Selon la loi, les auteurs de ce genre de
trafic sont poursuivis soit pour escroquerie, soit pour kidnapping, soit pour
détournement de mineur, soit pour proxénétisme. Les statuts anti-trafic du
gouvernement punissent les trafiquants et les agents du gouvernement qui
sont complices de peines allant de six mois à 20 ans de prison, assorties d’une
confiscation de leurs biens.

La loi interdit le trafic de personnes et l’immigration clandestine. Les


statistiques du gouvernement ne font pas la différence entre les personnes
victimes de trafic et les immigrants volontaires pour raisons économiques. La
protection du HCR est mise à la disposition des personnes victimes de trafic.

Le pays est une source de victimes, hommes, femmes et enfants, faisant


l’objet d’un trafic vers l’Italie, l’Espagne et d’autres parties d’Europe et du
Moyen-Orient, à des fins de travail forcé et d’exploitation sexuelle. Le trafic au
niveau national reste un problème. Les deux groupes faisant le plus souvent
l’objet d’un trafic sont les fillettes exploitées comme domestiques et les
femmes exploitées sexuellement. Les femmes font l’objet d’un trafic en Arabie
Saoudite, en Syrie et aux Emirats Arabes Unis, forcées de travailler comme
prostituées alors qu’on leur avait promis un emploi de domestique.

Le pays sert de point de transit pour l'émigration clandestine. Des hommes et


des femmes, originaires du Nigeria, d’Inde, du Bangladesh, du Sri Lanka et du
Pakistan, font l’objet d’un trafic à destination de l’Europe ou des pays du
Proche-Orient. Les Africains sub-sahariens qui passent par le pays pour se
rendre en Europe sont également victimes des trafiquants. Les femmes sont
souvent obligées de se prostituer et d’entrer en servitude involontaire pour
pouvoir se nourrir ou s’abriter.

Le trafic au niveau national reste un problème, en particulier pour les femmes


et les jeunes filles. Selon l’UNICEF et des ONG nationales, des recruteurs
parcourent les villages isolés de l’Atlas et persuadent les parents que leur
fillette serait mieux comme servante. Le trafic de mineurs pour une
exploitation sexuelle attire des touristes sexuels d’Europe et du Golfe
Persique.
Des gangs du crime organisé coordonnent une partie de l’immigration
clandestine vers l’Europe, en particulier pour les sub-Sahariens transitant par
le pays. Une partie de cette activité peut également inclure un trafic. Des
policiers du nord du pays, qui auraient fermé les yeux sur un trafic pour de
l’argent, ont été arrêtés et inculpés de divers délits. La plupart des réseaux de
trafiquants sont des petits groupes criminels. Selon des rapports non officiels,
du personnel hôtelier a organisé le transport de fillettes et de jeunes femmes
de zones rurales vers les villes pour y être exploitées sexuellement.

En 2005, selon le ministère de l’Intérieur, le gouvernement a adopté une


stratégie de lutte contre le trafic de personnes, basé sur cinq piliers principaux
: mesures de sécurité, législation, création d’institutions spécialisées dans la
lutte contre l’immigration clandestine, coopération internationale, et
campagnes de sensibilisation du public.

L’Observatoire National des Migrations sert de groupe d’action contre le trafic


de personnes et élabore des mesures. Les activités de lutte contre le trafic de
personnes ont été principalement mises en œuvre par le ministère de
l’Intérieur. L’immigration clandestine relève du domaine des responsables
chargés de l’immigration ; la prostitution est du ressort de la police ; et les
mariages précoces relèvent des autorités locales, qui en font le rapport au
ministère de l’Intérieur. Les personnels chargés de la répression participent
souvent à des séminaires et à des formations sur le trafic et les droits de
l’homme en général.

En février 2006, les autorités ont démantelé un vaste réseau international de


trafic de personnes venant d’Inde, et ont arrêté 70 suspects, y compris un
policier. A la fin de l’année, ces affaires n’étaient toujours pas traitées.

Début 2007, deux policiers de Casablanca ont été accusés d’avoir organisé un
réseau criminel pour faciliter l’entrée clandestine d’étrangers dans le pays et
les aider à en sortir. Aucune information n’était disponible, à la fin de l’année,
sur cette affaire. En outre, des soldats marocains, faisant partie d’un
contingent de maintien de la paix de l’ONU, en Côte d’Ivoire, font l’objet d’une
enquête pour violences sexuelles sur des femmes et des jeunes filles
ivoiriennes. L’ONU n’a pas réussi à obtenir des preuves crédibles de ces
méfaits.

Selon le ministère de la Justice, de nombreux accords existent avec d’autres


pays pour enquêter et poursuivre les trafiquants. Malgré l’existence de traités
bilatéraux avec les pays concernés, le gouvernement n’a extradé aucun
ressortissant marocain accusé de trafic, conformément à l’Article 721 du Code
Pénal.

Handicapés
Trois lois existent pour venir en aide aux personnes handicapées. Le
gouvernement fournit des directives sur la façon dont les personnes
handicapées doivent être traitées, mais elles n’ont aucun effet juridique. Plus
spécifiquement, la loi n’oblige pas les constructeurs à prévoir des
aménagements spéciaux pour l’accès des handicapés. Le ministère du
Développement Social, de la Famille et de la Solidarité s'attache à intégrer ces
personnes dans la société, cette intégration est, dans la pratique, largement
laissée aux soins d'organisations charitables privées. Les personnes
handicapées sont en général à la charge de leur famille ou vivent de
mendicité.

Minorités Nationales/Raciales/Ethniques

La langue officielle est l'arabe; toutefois, les langues utilisées dans


l'enseignement et les médias sont l'arabe et le français. Les programmes
scientifiques et techniques sont dispensés en français, empêchant ainsi
d'emblée la majorité de population ne parlant que l'arabe ou le berbère
(Tamazight) d’en profiter. Les réformes de l'enseignement marocain ont, cette
dernière décennie, intensifié l'usage de l'arabe dans les lycées. L'absence de
transformation similaire dans le système universitaire éloigne toutefois d'office
de nombreux étudiants de la possibilité de poursuivre des études supérieures
dans les domaines des techniques de pointe. Les élèves issus des classes
défavorisées n'ont pas les moyens de prendre des cours de français pour
renforcer le programme dispensé dans le système public.

Environ 60 pour cent de la population revendique un héritage Amazigh

(berbère), y compris la Famille Royale. Les groupes culturels berbères se


plaignent de ce que leurs traditions et leur langue se perdent rapidement au
profit de l’arabisation. En réponse à leurs préoccupations, les programmes
médiatiques officiels en langue berbère (Tamazight) on connu une forte
augmentation durant l’année, passant de quatre à huit heures par jour en
2005. En septembre, des programmes de télévision ont été ajoutés pour la
première fois en Tamazight. Des cours de langue berbère ont également été
inclus dans le programme d’un nombre limité d’écoles primaires

Autres Abus et Discrimination dans la Société

Une certaine violence de la société, basée sur l’orientation sexuelle, a pu être


notée cette année. Les actes homosexuels constituent un délit selon le Code
Pénal, mais la loi n’est pas souvent appliquée. Le 23 novembre, le domicile
d’un homme qui avait accueilli un supposé mariage gay le week-end
précédent a été mis à sac par une foule en colère. Le 10 décembre, cet
homme et cinq autres participants ont été jugés et inculpés de violation de la
loi contre les actes homosexuels. A la fin de l’année, ils étaient toujours en
prison.

Chapitre 6: Droits des Travailleurs

a. Liberté d'Association

La Constitution autorise les travailleurs à créer des syndicats et à y adhérer,


bien que les lois ne soient pas toujours appliquées dans certaines régions. La
plupart de ces syndicats sont liés à des partis politiques, mais les syndicats
eux-mêmes sont exempts de l'ingérence du gouvernement.

Le Code du Travail décrit en détails les restrictions concernant le nombre


d’heures supplémentaires autorisées par semaine et le tarif des salaires pour
les jours fériés, le travail de nuit, et les heures supplémentaires habituelles.
Selon des ONG nationales et internationales, les travailleurs travaillent parfois
plus de 44 heures par semaine et sont souvent obligés de faire des heures
supplémentaires.

La loi interdite de manière spécifique la discrimination antisyndicale mais


refuse à plusieurs catégories de fonctionnaires, comme les membres des
forces armées, de la police et de la magistrature, le droit de créer des
syndicats. La loi interdit expressément aux sociétés de renvoyer des employés
pour leur participation à des activités organisées de manière légitime par leurs
syndicats, elle donne également autorité au gouvernement pour intervenir
dans les grèves. Les employeurs ne peuvent poursuivre en pénal les employés
lorsqu’ils font grève. A l’inverse de l’année précédente, on ne signale aucun
cas pression du gouvernement sur les syndicalistes.

Les tribunaux ont le pouvoir de réintégrer les employés renvoyés de manière


arbitraire et peuvent faire appliquer des lois qui obligent les employeurs à leur
verser des dommages et intérêts ainsi qu’un salaire rétroactif. Les syndicats
peuvent aller en justice pour que les lois du travail soient appliquées, et les
employeurs peuvent poursuivre les syndicats lorsqu'ils pensent que ceux-ci
ont outrepassé leurs fonctions.

b. Droit de s'Organiser et de Négocier Collectivement

La loi accorde le droit de s'organiser et de négocier collectivement, et le


gouvernement défend en général ce droit. Les fédérations syndicales se font
concurrence afin de recruter des travailleurs. Tout groupe de huit employés
peut s'organiser en syndicat et il est facile de changer d'affiliation. Ainsi, peut-
on trouver dans une seule usine plusieurs cellules indépendantes ou des
cellules affiliées à plus d'une fédération ouvrière ; toutefois, seuls les syndicats
pouvant prouver qu’ils représentent au moins 35 pour cent des salariés
peuvent être reconnus comme partenaires de négociations.

La convention collective est une tradition établie depuis longtemps dans


certains secteurs de l'économie tels que le secteur industriel, et s'étend de
plus en plus au secteur des services, parmi lesquels la banque, la santé et la
fonction publique. Les salaires et les conditions d'emploi des travailleurs
syndiqués sont en général fixés lors de discussions entre l'employeur et les
représentants syndicaux ; toutefois, les employeurs fixent unilatéralement les
salaires pour la majorité des travailleurs. L'absence d'application par
l'employeur des accords issus des négociations collectives et la retenue des
salaires résulte parfois en conflits.

La loi requiert un arbitrage obligatoire lors de conflits, interdit les sit-in,


instaure le droit de travailler, exige un préavis de 10 jours en cas de grève, et
autorise l’embauche de remplaçants temporaires. Le gouvernement peut
intervenir dans les grèves et une grève ne peut avoir lieu pour des motifs
couverts par un contrat collectif dans l’année suivant l’entrée en vigueur dudit
contrat. Le gouvernement a le pouvoir de briser les manifestations dans les
zones publiques où les grèves ne sont pas autorisées et d’empêcher
l’occupation sans autorisation d’espaces privés.

c. Prohibition du Travail Forcé ou Obligatoire

Le travail forcé ou obligatoire est prohibé par la loi, y compris le travail forcé
des enfants; de telles pratiques existent cependant. En fait, le gouvernement
n'a pas les moyens d'inspecter les nombreux petits ateliers ou les domiciles
privés où se produit la grande majorité de ce genre de cas. Le travail forcé
persiste dans le cas de la servitude adoptive.

Interdiction de la Main-d'oeuvre Enfantine. et Age Minimum pour l'Emploi des


Enfants

La loi protège les enfants de l’exploitation et interdit le travail forcé ou


obligatoire ; toutefois, le gouvernement a des difficultés à faire appliquer cette
loi, sauf dans le secteur du travail organisé. Le non-respect de cette loi est
fréquent, en particulier dans le secteur agricole. En 2004, le Programme
International pour l’Elimination du Travail des Enfants (IPEC) a signalé que 80
pour cent des enfants qui travaillent le font dans la ferme familiale.

Le pays constitue une destination pour des enfants faisant l’objet d’un trafic
en provenance d’Afrique sub-saharienne, d’Afrique du Nord et d’Asie, et sert
de plaque tournante et de point d’origine pour des enfants faisant l’objet d’un
trafic vers l’Europe. Les enfants font également l’objet d’un trafic au sein
même du pays pour y être exploités comme domestiques, comme mendiants
ou pour la prostitution.
Le nombre d’enfants travaillant illégalement comme domestiques est estimé
entre 66.000 et 88.000, et tous ces enfants ont moins de 15 ans, selon Human
Rights Watch (HRW). Sur ce chiffre, 90 pour cent viennent de la campagne, et
84 pour cent sont analphabètes. Le code du travail ne couvre pas le travail
domestique et n’interdit donc pas l’emploi des « petites bonnes ».

La pratique de l'adoption à des fins de servitude, dans laquelle des familles de


la ville adoptent des fillettes du monde rural pour les utiliser comme
domestiques, est courante. Des rapports crédibles de mauvais traitements
physiques et psychologiques abondent. Certains orphelinats ont été accusés
de complicité dans cette pratique. L’opinion publique accepte en général cette
idée de servitude adoptive. Selon HRW, la majorité des enfants domestiques
travaille entre 14 et 18 heures par jour sans interruption, sept jours sur sept,
pour un salaire allant de 0,40 à 1 dirham de l’heure. La plupart de ces enfants
ne reçoivent pas d’argent directement; de fait, ils travaillent en échange de
nourriture, d’un logement et de vêtements. Certains enfants sont également «
loués » par leurs parents ou par d’autres membres de leur famille pour
mendier. Les parents sont payés pour l’utilisation de leur enfant et le « loueur
» de l’enfant prend l’argent récolté par l’enfant qui mendie.

Le ministère du Développement Social, de la Famille et de la Solidarité est


chargé de l’application et de la répression en matière de lois et de
réglementations protégeant les enfants, en général observées dans le secteur
industrialisé et syndiqué de l’économie. Le code du travail prévoit des
Sanctions juridiques contre les employeurs qui recrutent des enfants de moins
de 15 ans, allant de 25.000 à 30.000 dirhams. Les dispositions juridiques à cet
égard incluent des peines, des amendes et le retrait ou la suspension de l’un,
ou plus, des droits civiques, nationaux ou familiaux, parmi lesquels le refus de
résidence légale dans le pays pour une période allant de 5 à 10 ans. Le
gouvernement a adopté des lois interdisant la mendicité impliquant des
enfants et l’achat ou la vente de jeunes filles pour les marier. Selon le
ministère de la Justice, aucun employeur n’a été accusé de violation des lois
sur le travail des enfants.

L’application de l’âge légal minimum d’emploi continue d’être méprisée à la


fois dans les secteurs formel et informel. Selon des responsables du ministère
de la Justice, aucun employeur n’a jamais été inculpé pour l’emploi d’un
enfant en dessous de 15 ans, en dépit de la reconnaissance du problème de
l’emploi des enfants. Le secteur informel, où travaillent la majorité des
enfants, n’est pas soumis au contrôle des inspecteurs peu nombreux du
ministère du Travail. Aucun inspecteur du travail n’est spécialement affecté à
la question du travail des enfants.

Selon HRW, la police, les procureurs et les juges appliquent rarement les
dispositions du code pénal sur l’abus des enfants ou sur le «travail forcé dans
des cas impliquant des enfants domestiques», et peu de parents d’enfants
travaillant en tant que domestiques sont désireux ou capables de porter
l’affaire en justice, puisqu’ils n’en retireront sans doute aucun bénéfice direct.

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