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Il semblerait donc que les fondements des mathématiques existent bel et bien
en dehors de l'esprit humain. C'est le point de vue de l'idéalisme.
C'est la façon la plus simple de concevoir les mathématiques, c'est à dire de
soutenir que le monde est, au sens profond, mathématique, que les idées
mathématiques existent bel et bien. L'activité mathématique n'est plus une
création mais une découverte. Le 2 existe réellement et se concrétise dans le
cas précis des jumeaux, de pile ou face, toi et moi, etc.... Le nombre Pi existe,
ce n'est pas une invention de l'homme et il a été découvert comme on
découvre l'Amérique.
L'harmonie est d'autant grande que l'on s'approche du monde des idées, ainsi
que dans ce monde lui-même où les mathématiques occupent une place
privilégiée comme le souligne Platon en disant que : «L’importance de la
géométrie ne s’explique pas par son utilité pratique, mais tient au fait qu’elle
étudie des objets éternels et inaltérables et s’efforce d’élever l’âme vers la
vérité» (427-347), tandis qu’Archimède souligne le caractère éclairant de cette
science: «Il y a des phénomènes qui semblent incroyables à la plupart des
gens qui n’ont pas étudié les mathématiques.» (Archimède, 287-217).
Puisqu’en principe, ce sont les dieux qui ont le monopole des vérités absolues
et immuables, la connaissance des mathématiques permet de s’élever au
même rang qu’eux et d’obtenir une place dans leur voisinage. Des
considérations de ce genre semblent indiquer que Dieu serait un
mathématicien. Et de fait si tout l'Univers matériel peut être décrit par les
mathématiques comme le pensaient les grecs et comme le suppose la
cosmologie moderne, il doit bien exister une logique immatérielle plus vaste
que cet Univers matériel.
Presque deux mille ans plus tard, lors de la renaissance des cultures grecques,
cette harmonie entre la pensée de l’homme, la nature et le divin est toujours
prédominante. Pour les grandes figures intellectuelles de la Renaissance, les
mathématiques conservent une place privilégiée: «Qui manque de respect pour
la certitude qu’offrent les mathématiques se précipite dans le chaos des
idées», fait remarquer Leonardo da Vinci. «Le grand livre de l’univers est écrit
en langage mathématique», décrète Galileo Galilei, alors que Nicolas de Cues
se fait péremptoire: «La connaissance du divin est inaccessible pour quelqu’un
sans formation mathématique.»
Mais l'harmonie entre les trois domaines pensée-nature-divin, n'est plus tout a
fait aussi parfaite que du temps des grecs. L'Église catholique ne se montre
pas aussi tolérante que les dieux de l’Olympe. Elle s’oppose notamment à la
tendance des sciences naturelles de remplacer la spéculation, l’inspection par
la méthode empirique qui risque d’aboutir à des résultats incompatibles avec
des dogmes religieux. Même les mathématiques ne conduisent plus
automatiquement vers des vérités absolues; elles risquent même de conduire
vers le mal, vers le diable. Augustin, au IVe siècle, brandit l’arme de la
menace: «Il y a le danger que les mathématiciens soient les complices du
diable, ils cherchent à troubler les esprits et s’empêtrent dans les liens de
l’enfer.» Plus de mille ans ont passé quand Fénélon conseille: «Défiez-vous des
ensorcellements et des attraits diaboliques de la géométrie.»
Une autre approche permet de ramener les moutons dans la bergerie, c'est
celle du logicisme, traditionnel, conservateur, il tend à réduire le savoir
mathématique à un système d'axiomes et de règles d'inférences, de sorte qu'il
se trouve être défini comme l'ensemble de toutes les déductions possibles,
logiquement cohérentes.
Cette grande broderie de connexions logiques liées les unes aux autres par la
manipulation des axiomes de départ, suivant toute la panoplie des règles non
contradictoires constituerait ce que l'on appelle communément« les
mathématiques ».
Il démontra que quelque soit l'ensemble des axiomes de départ choisi, pourvu
que le système soit assez grand pour contenir l'arithmétique ainsi que ses
règles et ses symboles, il existera toujours une proposition exprimable dans le
langage de ces symboles dont on ne pourra décider si elle est vraie ou fausse
en se servant de ces axiomes et de ces mêmes règles.
Ce qui veut dire que la vérité mathématique va au delà des axiomes et des
règles. Une autre façon de dire les choses est que l'ensemble des vérités est
plus grand que l'ensemble des propositions démontrables et le contient.
Gödel ira même plus loin, en démontrant qu'on ne peut prouver la cohérence
propre d'aucun système logique comprenant l'arithmétique au sein même de
ce système. Ainsi, il existera toujours des systèmes dont on ne pourra pas
prouver la cohérence!
Malgré les limites imposées par Gödel, un groupe français nommé Nicolas
Bourbaki chercha à codifier et unifier la partie décidable des mathématiques.
C'est ce qui donna lieu à l'étude des structures algébriques créées par les
différents ensembles d'axiomes. Ceci entrera dans l'enseignement secondaire
sous la dénomination de « maths modernes ». Pendant très peu de temps
d'ailleurs car trop difficiles à appréhender par les élèves et les parents. Ce qui
permet de constater que le cerveau humain ne se construit pas de la même
façon que les mathématiques peuvent l'être.
Kronecker, l'un de ses fondateurs avait la devise suivante : « Dieu créa les
nombres entiers, le reste c'est l'homme qui l'a fait ». Il voulait dire par là que
nous ne devrions accepter comme point de départ que les nombres entiers, les
notions mathématiques les plus simples et déduire out le reste par étapes
successives à partir de ces notions intuitivement évidentes.
Par contre une suite aléatoire se caractérise par le fait qu'il n'existe pas de
formule plus courte que la suite elle-même qui la définisse. Le seul moyen de
l'obtenir est de l'écrire. Les suites aléatoires, une fois données, ne sont pas
réductibles à un algorithme, elles ne peuvent être définies par rien d'autre
qu'elles-mêmes.
On peut ainsi définir la complexité d'une suite de nombres comme la longueur
du programme capable de la générer et énoncer qu'une suite aléatoire est une
suite dont la complexité est égale à elle même.