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Fiche de synthèse

Ière Partie – Les personnes physiques

Les différents sujets de droit sont, juridiquement des personnes. On distingue


personnes physiques et personnes morales (celles-ci peuvent être de dt. privé ou de
droit public).

Livre I – La notion de personne physique

Ch. I – L’existence des personnes physiques

Section I – La vie des personnes physiques

I – L’espèce concernée

§1 – La situation juridique de l’animal

Les animaux sont en principe des meubles.


- Art. 528 ; 522, 524 : L’animal est assimilé comme une chose par le CCIV.

§2 – La protection de l’animal

A] La répression des mauvais traitements

B] L’apparition de la notion d’être sensible

II – L’espace accordé

Les personnes physiques comprennent en droit français que les êtres humains, il
convient alors de préciser l’espace qui lui est imparti entre la vie et la mort.

§1 – La naissance

A] Les conditions de la naissance


L’enfant doit être né viable et sa naissance doit être déclarée.
1) La viabilité de l’enfant
Le CCIV prolonge cette condition générale en indiquant :
- Art. 314 ; 725 ; 906
Les seuils de viabilité :
• 22 semaines d’aménorrhée ;
• Un poids de 500g.
- Art. 79-1 al. 2 : Acte d’enfant sans vie.
La question : Que doit-on entendre par « un enfant sans vie » ? Doit-on appliquer les
critères de l’OMS ?
La réponse : La C. cass. a par 3 arrêts du 06/02/2008 a jugé que dans la mesure où
l’art. 79-1 ne subordonne la rédaction de l’acte d’enfant sans vie à aucune condition,
tout fœtus né sans vie à la suite d’un accouchement pouvait être inscrit sur les registres
de décès de l’état civil, quel que soit son niveau de développement.
 Les deux décrets et les deux arrêtés du 20/08/2008 ont admis la possibilité
d’inscrire à l’état civil tout enfant né sans vie.
Toutefois cette inscription n’a aucune incidence sur la filiation et sur le statut juridique
du fœtus : Il n’a pas de personnalité juridique.
2) La déclaration de la naissance
a) Les personnes tenues de la déclaration
b) Les mentions portées sur l’acte de naissance

B] Circonstances particulières
1) Rétroactivité de l’acquisition de la personnalité
L’intérêt de l’enfant a pu amener à faire rétroagir l’acquisition de sa personnalité.
Art. 311 CCIV : Règle infans conceptus.
2) Problèmes liés à la période prénatale
Il s’agit donc du droit applicable à l’embryon et au fœtus dans le cadre de la définition
de la vie humaine et de la recherche du moment d’acquisition de la personnalité.
On peut noter que le médiateur de la Rép. s’est prononcé en faveur du « droit de
reconnaître à un enfant né sans vie dans le but de lui attribuer un nom et une
filiation ».
a) Les avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE)
Il a indiqué que l’embryon était une personne humaine potentielle. Il recommande
également que le fœtus ne soit jamais considéré comme un déchet hospitalier.
b) La jurisprudence
- La question : Diverses décisions ont été amenées à se demander sur les
circonstances d’accidents survenus à un fœtus sont susceptibles de faire
retenir la qualification d’homicide involontaire, en application de l’art. 221-
6 CPEN.
La réponse :
• L’Ass. plén. Du 29/06/2001 a refusé de retenir la
qualification d’homicide involontaire « le principe de légalité
des délits et des peines, qui impose une interprétation stricte de
la loi pénale, s’oppose à ce que l’incrimination prévue par
l’art. 221-6 CPEN, réprimant l’homicide involontaire d’autrui,
soit étendue au cas de l’enfant à naître dont le régime
juridique relève de texte particulier sur l’embryon ou le
fœtus ».
Décision suivie par la Chambre criminelle également ;
• La CEDH ne prend pas nettement position sur la
question et préfère se contenter à la lecture de l’art. 2
Conv.EDH, pour ce qui est du fœtus, toutefois pour l’embryon
la CEDH a considéré que le droit à la vie garantie par l’art. 2 ne
s’appliquait pas aux embryons
c) Les textes
Avant les lois sur la bioéthique, on s’est demandé si une loi sur l’IVG pouvait donner
quelques indications sur le commencement de la vie.
[1] Dispositions relatives à l’IVG
Et bien NON : la loi du 17/01/1975 n’a pas été très approfondie en réalité.
C’est pourquoi la loi du 04/07/2001 a porté le délai à 12 semaines comme dans la
plupart des Etats européens.
[2] Les lois sur la bioéthique
Quelques éléments des lois du 29/07/1994 :
- Dispositions générales : Art. 16 CCIV, il est évident que ce principe laisse
subsister la difficulté d’une définition du début de la vie.
Saisi à propos de la constitutionnalité de la loi du 29/07/1994, le C. const. le
27/07/19904 a provisoirement mis fin au débat relatif à la personnalité de l’embryon
en indiquant que « le principe du respect de tout être humain dès le commencement
de sa vie ne leur était pas applicable »
- Conservation des embryons surnuméraires : La loi fait une disjonction :
• Les embryons déjà congelés : Il est mis fin à leur conservation s’ils ont
été conservés plus de 5 ans et si leur réimplantation n’est pas envisagée ;
• Les embryons à venir : Une conservation est prévue pour 5 ans.
- Réforme sur la bioéthique 06/08/2004, elle est intervenue sur deux points :
• La recherche sur l’embryon (surnuméraire) demeure de principe
interdite, toutefois des expérimentations sont possibles mais très
encadrées (la conception d’embryon à des fins de recherche est interdite
par ex.) ;
• Des interdictions :
 Le clonage reproductif (Art. 16-4 CCIV) et le clonage
thérapeutique ;
 La conception d’embryons à des fins de recherche ou
commerciales ;
 De l’eugénisme, Cad des pratiques sélectives des personnes.

§2 – Le décès

A] L’établissement du décès
Le décès, dont le moment doit être déterminé, fait l’objet d’une déclaration.
1) Le moment du décès
Des difficultés sont apparues du fait du maintien en vie de personnes en état végétatif,
c’est là que se pose la question de la détermination du moment de la mort.
En effet, longtemps a t’on pu entendre dire que la mort était liée à l’arrêt des
battements du cœur.
Un décret est venu précisé que, « outre l’arrêt cardiaque et respiratoire, la mort n’était
établie que si trois critères étaient réunis concurremment :
- l’absence totale de conscience et d’activité motrice spontanée ;
- l’abolition de tous les réflexes du tronc cérébrale ;
- l’absence totale de ventilation spontanée.
 La jurisprudence a fait application d’une distinction entre mort corticale
(état végétatif) et mort cérébrale.
2) La déclaration de décès
Le décès doit avoir été constaté par un médecin
B] La situation juridique après décès
1) L’organisation des funérailles
cf. p. 26
2) Le statut des restes humains
La dépouille au sens juridique du terme n’est plus, au sens juridique, une personne.
Il n’est en effet pas possible d’appliquer au cadavre des dispositions relevant du droit
des personnes, les restes humains devenant en quelque sorte une chose.
En cas de crémation, les cendres deviennent un bien, et la jurisprudence avait, à
l’occasion, conclu une copropriété de l’urne cinéraire et de son contenu entre les
héritiers.
En outre, le respect des dernières volontés (testament), l’honneur ou la mémoire d’un
disparu méritent encore protection.
Art. 16-1 CCIV
a) Le devenir du cadavre
Les textes obligent l’inhumation.
La personne décédée peut également choisir :
• De léguer son corps à la science ;
• De s’opposer par avance à un prélèvement d’organes
après sa mort.
b) Le devenir des cendres

Section II – Les situations incertaines

I – L’absence
L’absent est celui qui a cessé de paraître à son domicile sans que l’on ait de ses
nouvelles.
§1 – La présomption d’absence
1ère phase : L’intéressé est considéré comme vivant.

A] La constatation judiciaire
L’absence doit être constatée par le juge, sur demande du MP ou des personnes
intéressées (conjoint, créanciers, héritiers présomptifs, associés).

B] Le régime de l’absence
Il s’agit d’aménager une administration des biens de l’absent, pendant une période qui
peut durer 6 ans.
Ce régime a un caractère subsidiaire (secondaire).
Le fait que l’absent soit présumé vivant a des conséquences tangibles (que l’on peut
constater)
§2 – La déclaration d’absence
2ème phase : La déclaration d’absence aboutit à une présomption de décès de l’absent.
Un jugement du TGI qui intervient dans 3 hypothèses :
• A l’issue de la période de 10 ans visée précédemment à compter du jugement
constatant la présomption d’absence ;
• A l’issue d’une période de 20 ans sans nouvelles de l’intéressé s’il n’y a pas eu
de jugement constatant la présomption d’absence ;
• Si un jugement a constaté l’impossibilité pour un conjoint absent de gérer ses
biens.
 Absence et prestations sociales : La jurisprudence a hésité sur le
versement de celles-ci, l’acceptant dans certains cas (assurance vieillesse, Ch.
Soc.) comme le refusant dans d’autres (pension de réversion, Ch. Soc.).
II – La disparition
La disparition vise la situation dans laquelle une personne n’est pas réapparue, mais
dont on sait qu’elle s’exposait à un péril.

Ch. II – L’état des personnes physiques


L’identification des personnes physiques se fait à l’état civil.

Section I – Les éléments de l’état civil

I – L’individualisation de la personne
Traditionnellement, en droit, la personne est individualisée par des éléments d’identité,
et par la détermination de son sexe.

§1 – L’identité

A] Le nom
1) Le nom de famille
Chacun doit se faire désigner par son nom dans les documents officiels et signer ces
documents de son nom.
D’une façon générale, on constatait jusqu’aux réformes, on constatait une
tendance de la jurisprudence à préférer le nom du père, en ce que celui-ci opérait un
rapprochement avec la situation de l’enfant légitime qui semble socialement plus
adéquate.
a) Les principes de dévolution du nom de famille
[1] Les règles de dévolution du nom
1.1. L’enfant dont la filiation est établie à l’égard de
ses deux parents
Art. 311-21 CCIV, le principe est celui de la liberté de choix. Mais si les parents
s’abstiendraient d’exercer leur choix, la loi pallie alors cette difficulté en imposant une
solution (même art.).
1.2. L’enfant dont la filiation n’est établie qu’à
l’égard des deux parents
Art. 311-23 al. 1 et 2 CCIV, on retrouve la même liberté de choix que lorsque l’enfant
a une filiation établie à l’égard de ses deux parents le jour de la déclaration de sa
naissance ou par la suite mais simultanément.
[2] Adaptation des règles au cas de l’adoption
2.1. Adoption plénière
Art. 357 al. 1, 2 ,3 et 4 CCIV.
2.2. Adoption simple
Art. 363 al. 1, 2, 3 et 4.
b) Les modalités de déclaration du nom de famille
Le décret du 29/10/2004 a précisé les modalités de déclaration du choix du nom :
- Forme : la déclaration doit être conjointe ;
- Compétence : l’officier d’état civil ;
- Modalités : 2 situations principales sont visées :
1) Quand la filiation est établie à l’égard des deux parents au plus
tard le jour de sa naissance ;
2) Quand la filiation découle d’un acte de reconnaissance simultané
postérieur à la déclaration de naissance
c) Le régime juridique du nom
[1] Les caractères du nom
Outre son caractère obligatoire :
1.1. L’unicité du nom
Tout individu n’a qu’un seul nom. Toutefois, l’auteur d’une œuvre littéraire ou
artistique a la possibilité d’user d’un pseudonyme, dans ce cas, le droit d’auteur
s’applique au pseudonyme comme au nom des auteurs.
1.2. L’immutabilité du nom
Par principe le nom est immuable, « loi du VI Fructidor An II ».
Néanmoins, depuis la loi du 08/01/1993 le changement peut intervenir si une personne
« justifie un intérêt légitime » (art. 61 CCIV).
Art. 311-23 CCIV.
1.3. L’indisponibilité du nom
Le nom fait en effet partie de la catégorie des droits extrapatrimoniaux. Le nom
d’un individu peut être donné à une entreprise. Il faut néanmoins séparer le nom de la
personne de la dénomination : celle-ci prend une sorte d’autonomie par rapport à
l’intéressé qui ne peut plus s’opposer à l’utilisation de son nom.
1.4. L’imprescriptibilité du nom
• Sur le terrain de la prescription extinctive, on voit que l’on peut toujours
revendiquer un nom même longtemps inutilisé, toutefois cela à certaines
conditions évoquées par la Cour de cassation dans un arrêt du 15/03/1988.
La 1° Civ. a précisé dans un arrêt du 25/05/1992 que la possession invoquée
pour porter un nom inutilisé doit être souverainement appréciée parles juges du
fond.
• Sur le terrain de la prescription acquisitive, on ne peut normalement pas
s’approprier un nom s’il ne s’agit pas de son nom d’origine, même si on
l’utilise depuis longtemps.
[2] Le droit au nom
On désigne par cela, un ensemble de prérogatives qui s’attachent à la protection, à la
défense du nom patronymique.
2.1. La protection contre l’utilisation et
l’usurpation de son nom
• On peut ainsi s’opposer à l’usurpation de son nom par un tiers ;
• On peut ainsi s’opposer à l’utilisation de son nom en matière commerciale.
Une certaine jurisprudence a tendance à demander que soit rapportée la preuve
d’une confusion, ce qui s’avère il faut le souligner assez difficile à prouver ;
• On peut également s’opposer à l’utilisation de son nom en matière littéraire et
artistique, à certaines conditions, à savoir une confusion encore une fois.
2.2. La nature du droit au nom
• Selon Planiol, le nom est une sorte « d’institution de police civile » ce qui
impliquerait qu’il n’y ait plus de droit subjectif qui s’attache au nom, mais
seulement un souci objectif d’individualiser chaque individu ;
• Un droit de propriété ? La jurisprudence ne s’est pas engagée sur cette
considération. D’ailleurs certains caractères du nom (comme l’inaliénabilité)
sont incompatibles avec la notion de propriété ;
• Un droit de la personnalité ? Le nom étant destiné à identifier une personne
dans les actes de la vie civile, il est difficile de dire que son utilisation étant
destiné à être publique, le nom demeure dans la sphère de la vie privée.

2) Les éléments accessoires au nom


a) Le nom d’usage
C’est un nom qui n’a pas été transmis, et qu’une personne peut ajouter à son nom à
titre d’usage.

[1] Les diverses situations


1.1. Les enfants mineurs
L’avis de l’enfant n’est pas requis, ce sont les titulaires de l’autorité parentale qui en
décident.
1.2. Les conjoints
Il est possible à la femme mariée d’ajouter le nom de son mari au sien.
[2] Le régime juridique
Le nom d’usage n’est pas mentionné à l’état civil.
b) Les noms substitués au nom légal
L’usage d’un pseudonyme, volontairement choisi est possible, sauf dans le cas de
certaines professions.
Le surnom, dont l’usage est possible, peut être mentionné dans certains documents
administratifs.
c) Les éléments nobiliaires
La particule fait partie intégrante du nom et peut être protégée comme celui-ci.
En revanche les titres nobiliaires (duc, baron, marquis…) ne sont pas des élément du
nom.

B] Le prénom
1) Le choix du prénom
a) Problèmes d’application des anciennes dispositions
Le choix des prénoms n’était pas libre, il était acquis qu’une réserve générale liée à
l’intérêt de l’enfant devait être opposée aux prénoms jugés ridicules.
La jurisprudence : De nombreux contentieux sont intervenus s’agissant de prénoms
régionaux, ou refusant les prénoms qui relevaient de traditions étrangères.
b) La solution retenue
Art. 57 CCIV, la liberté de choix.
2) Le changement de prénom
Art. 60 CCIV.
a) L’objet de la demande
Par ex. la C. cass. a considéré qu’une demande visant à intervertir les prénoms devait
être rejetée.
b) La notion d’intérêt légitime
La jurisprudence est assez souple en ce domaine, bien que des décisions de refus un
peu surprenants puissent toujours être relevées.
c) Les modalités
La compétence appartient au juge aux affaires familiales.

§2 – Le sexe
Les personnes physiques sont avant tout identifiées par leur sexe (Art. 57 al. 1 CCIV).
On conçoit a priori que le sexe soit immuable.

A] Le cas du transsexualisme
Art. 99 CCIV.
1) La situation avant l’intervention des juridictions euro
La jurisprudence :
- Les juges ont avancé qu’il pouvait exister une différence entre un
changement de sexe voulu (souhait d’une intervention chirurgicale)
et un changement de sexe subi (pression psychologique).
Question : Où est la ligne de partage ?
- Plus généralement, les décisions du fond étaient partagées
- La C. cass : elle s’est toujours opposée aux rectification d’état civil
(changement de nom) dues au transsexualisme (les 4 arrêts de la 1°
Civ. de mai 1990).
Problème : Sur le fond, le droit tourner le dos à une réalité
médicale et faisait fi de la dimension psychologique dans le
processus.
2) L’intervention des juridictions euro
Suite à un refus de rectification de l’état civil par la C. cass. une transsexuelle a saisi
les juridictions européennes sur les fondement de l’art. 8 Conv.EDH ; Art. 99 CCIV.
a) Les décisions de la Commission et de la Cour EDH
Elle a donné gain de cause à l’intéressée.
b) Les conséquences : Les arrêts de l’assemblée plénière
Arrêt du 11/12/1992
[1] La motivation des décisions
C’est sur la base du respect de la vie privée que se fonde l’Ass. plén., en visant l’art. 8
CEDH soit l’art. 9 CCIV (1ère fois que la C. cass. utilise celui-ci en matière de trans.
La Cour s’écarte donc des trois motivations suggérées par le MP :
1.1. Reconnaissance d’une identité
sexuelle
1.2. Reconnaissance d’un sexe simplement
apparent
1.3. Reconnaissance d’un simple souci
d’aménager la vie quotidienne du
transsexuel
[2] Les conditions de la modification
2.1. La juridiction compétente
La requête doit être présentée au TGI, et pas seulement au Prsdt., car il s’agit d’une
action d’état et pas seulement d’une rectification d’état civil, l’Ass. plén. N’a en effet
pas visé l’art. 99 CCIV.
2.2. Les critères de recevabilité de la
demande
Il existe quatre conditions pour que la demande de modification de l’état civil soit
acceptée :
- La demande de modif. de l’état civil ne doit intervenir qu’après
l’opération ;
- Une expertise judiciaire doit rapporter la reconnaissance
médicale du transsexualisme ;
- L’apparence physique du transsexuel doit coïncider avec le
sexe dont la mention est demandée ;
- Le comportement du requérant doit correspondre d’un point de
vue social au sexe dont la mention est demandée.

c) L’élaboration d’un statut juridique du transsexuel


Note ss. art. 99 CCIV.
La CJCE en statuant à 2 reprises à franchi un pas supplémentaire.
- L’arrêt Goodwin : l’émergence d’un véritable statut du
transsexuel (en contradiction ac. la jurisprudence Rees (1986) ;
- L’affaire K.B.

B] Le cas d’intersexualité
Selon la Cour d’appel de Paris, le « statut mixte d’intersexualité » n’existe pas en droit
français, il faut bien considérer le cas de l’intersexualité.
II – La localisation de la personne
Une personne physique est identifiée géographiquement par sa nationalité et son
domicile.

§1 – La nationalité
Art. 28 & s. CCIV.
Une question délicate, car sensible d’un point de vue politique.
Les enjeux de la question :
 Le choix du critère de base qui doit être retenu :
• Jus sanguinis : Une nationalité déterminée par filiation ;
• Jus solis : Une nationalité déterminée par naissance et résidence en
France.
 La question procédurale du mode d’acquisition de la nationalité : on retrouve là
les arguments échangés sur le terrain politique (le fait d’ « être français sans le
savoir »…) ;
 Tout débat sur la nationalité porte en lui la question de l’intégration.

A] L’acquisition de la nationalité
Le mode a changé à plusieurs reprises, la Réforme Guigou avec la loi du 16/03/1998.
1) La prise en compte des conditions de la naissance
Régime mixte qui accueille à la fois les logiques de droit du sang et du droit du sol.
a) Droit du sang : On ne tient compte que de la filiation.
b) Droit du sol : Deux conditions pour les étrangers, nés en
France, de parents étrangers.
[1] La stabilité de la situation en France
1.1. Résidence habituelle en France
Art. 21-7 ; -8 ; -20 CCIV.
1.2. Ressources stables
La jurisprudence exige des revenus professionnels stables en France.
[2] L’absence de condamnations ou de mesures
privant d’accès au territoire français
Art. 21-8 CCIV.
c) Droit du sol et droit du sang
Art. 21-7 CCIV, dans 4 situations particulières un enfant est français :
- Né en France de parents inconnus, sauf établissement ultérieur
de filiation et acquisition de la nationalité de son ou de ses
parents ;
- Né en France de parents apatrides ;
- Né en France de parents étrangers quand il n’obtient la
nationalité d’aucun de ses parents en vertu de la loi étrangère ;
- Né en France lorsqu’au moins un des parents y est né.

2) Les cas particuliers


a) L’acquisition de la nationalité par déclaration
Art. 21-1 CCIV.
[1] Le mariage
Art. 21-2 CCIV. Le gvt. Peut faire opposition à l’acquisition de la nationalité (par
décret en CE) pour défaut d’assimilation ou indignité (art. 21-4 CCIV) ; cf. aussi art.
21-27 CCIV.
[2] Les enfants adoptés par un français ou
recueillis en France
Art. 21-12 CCIV.
[3] La possession d’état français
Art. 21-13 CCIV.
Possession d’état de français : Fait pour un individu de se comporter comme ayant
l’état de français et d’être considéré comme l’ayant, même si en droit il ne l’a pas.
[4] Les personnes ayant perdu la nationalité
française par désuétude
Art. 23-6 ; 30-3 CCIV.
Ces personnes peuvent obtenir la nationalité française par déclaration, et ce à certaines
conditions.
[5] Les personnes réintégrées dans la nationalité
française
Des personnes ayant perdu leur nationalité française par mariage avec un étranger ou
par acquisition volontaire de nationalité étrangère et qui auraient conservés des liens
avec la France peuvent réintégrer la nationalité française.

3) L’accueil dans la citoyenneté française


Art. 21-28 CCIV : la cérémonie d’accueil dans la citoyenneté française. Une
procédure qui existait déjà pour les naturalisés par décret et était spontanément
organisée dans certaines communes.

B] La perte de la nationalité
Une question relativement complexe, qui sera juste esquissée.
1) La perte proprement dite de la nationalité
a) Déclaration de l’intéressé (celui qui prend une nationalité
différente)
b) Répudiation de la nationalité : diverses hypothèses :
• Enfant né dont un seul des parents est né en France ;
• Enfant qui n’est pas né en France dont un seul des
parents et français ;
• Enfant qui acquiert la nationalité française en raison
de l’acquisition de celle-ci par l’un de ses parents et
qui n’est pas né en France.
A titre de sanction, un décret peut intervenir.
La perte de la nationalité par désuétude se constate quant à elle par jugement.

2) La déchéance de la nationalité
Elle est réservée aux personnes ayant acquis la nationalité française, et ne s’applique
pas aux français d’origine.
Elle intervient suite à certaines condamnations.
Toutefois, la déchéance ne pourra pas intervenir si elle a comme conséquence de
rendre l’intéressé apatride.
§2 – Le domicile
Une personne physique est également individualisée par son domicile.

A] La détermination du domicile
1) Définition du domicile
On doit distinguer entre « domicile » et « résidence ».
a) Définition légale
Art. 102 CCIV.
Lieu où une personne a son principal établissement. Ce lieu d’établissement est
repérable au moyen de deux éléments :
• Un élément matériel : l’établissement suppose
qu’une personne qui habite un lieu y dispose de ses
affaires et de celles de sa famille ;
• Un élément intentionnel : le domicile correspond à
une volonté de se fixer.
b) Distinction domicile/résidence
Déterminer la résidence (autre lieu de vie) suppose une certaine stabilité de vie dans le
lieu, et non un simple passage ou séjour.
2) Fixation du domicile
En principe, une personne a le libre choix de son domicile.
a) Le domicile légal
La loi impose parfois un domicile (Art. 108-2 et 3 CCIV ; art. 102 al. 2 CCIV)
b) Le domicile élu
L’élection de domicile permet, selon l’art. 111 CCIV, la détermination d’un domicile
(fictif) pour les besoins (temporaires) d’une opération ou d’une procédure.

B] La protection du domicile
Elle relève du champ d’application de l’art. 9 CCIV.
Mais c’est sur le fondement de l’art. 8 de la Conv.EDH que la France a été condamné
plusieurs fois.

Section II – Le fonctionnement de l’état civil

I – Les actes de l’état civil


Ils résultent d’un instrumentum.

§1 – La rédaction des actes

A] Les intervenants
1) Les personnes habilitées à rédiger les actes
Les actes sont passés devant un officier d’état civil (ex. : le maire, ses agents
communauxsauf pour le mariage ou le premier et ses adjoints sont seuls
compétents). Il s’agit donc d’actes authentiques.
A noter : Le maire relève dans sa fonction d’officier d’état civil du Parquet.

2) Les autres intervenants


Les parties intéressées doivent être présentes.
B] Les actes
1) La forme des actes
Art. 34 CCIV.
A noter : Les registres doivent être édités en double original.
2) Le contenu des registres
Les registres contiennent globalement trois types de mention :
• Les actes eux-mêmes (indication d’une naissance, d’un
mariage, d’un décès), avec nombre d’éléments obligatoires ;
• Les « mentions en marge), qui viennent ajouter une précision ;
• Les transcriptions, Cad les reproductions d’actes dressés pas
un officier d’état civil extérieur à la commune.

§2 – L’utilisation des actes

A] Les éléments délivrés


1) Le livret de famille
Il est remis aux conjoints lors de la célébration du mariage.
2) Les copies ou extraits du registre
cf. p. 65-66
B] Le répertoire civil
Son utilité est double :
 Il centralise d’abord les indications figurant sue le registre d’état civil ;
 Il permet de réunir des indications qui ne sont pas mentionnées sur le registre,
mais dont la connaissance peut s’avérer importante : tutelle ou curatelle,
modification du régime matrimonial, déclaration d’absence.

II – La sanction des règles relatives à l’état civil

§1- L’inobservation des règles de formes


En principe, en cas de non respect des formalités prescrites, les actes d’état civil
peuvent encourir la nullité.

§2- La contestation des éléments de l’état civil

A] L’inscription en faux
Deux modalités sont à signaler :
• Les mentions par lesquelles l’officier d’état civil fait état d’un simple constat
font foi jusqu’à inscription en faux ;
• Les mentions par lesquelles l’officier d’état civil fait état des déclarations des
parties font foi jusqu’à ce que soit rapportée la preuve du contraire.

B] Le contentieux
Il faut de toute manière un jugement, qu’il s’agisse de réparer une erreur ou pour
suppléer à l’absence d’acte.
1) Les jugements rectificatifs
Art. 99 à 101 CCIV. Ils permettent la rectification d’une erreur portée sur les registres
de l’état civil.
A noter : La rectification n’est pas modification de l’état des personnes.
2) Les jugements supplétifs
Art. 46 CCIV.

Livre II – Le respect des personnes physiques


La disjonction du respect de la dignité et de la protection de la personnalité ne
doit pas faire oublier qu’il est difficile parfois d’établir une ligne de partage trop
stricte entre des notions qui peuvent s’interpénétrer.

Ch. I – Le respect de la dignité


Cette notion est au cœur d’interventions de plus en fréquentes, il faut bien l’avouer.

Section I – La régulation des diverses situations


La notion de dignité surgit quand il s’agit d’intervenir dans des situations jugées
inadmissibles à divers titres.

I – Les conditions de vie

§1 – La lutte contre l’exclusion


C’est là un enjeu fondamental de ces dernières décennies.
Le RMI par exemple, qui est l’aide peut-être à la fois la plus fondamentale, et la plus
emblématique d’une volonté de généraliser des prestations en prenant conscience
qu’il n’est pas tolérable, au nom d’une dignité élémentaire, de laisser une personne
dans le besoin sans qu’elle puisse bénéficier d’un certain niveau de ressources,
aussi modeste soit-il.
A] L’accès aux droits
1) L’accès au logement
Ce droit a trouvé un écho dans une décision du Conseil constitutionnel du
19/01/1995. En effet cela est dû en partie à l’importante croissance des SDF et par
conséquent à la pression des associations de défense du droit du logement.
On trouve également soulevée la question du droit à un logement décent (salubre).
Cad que le droit français a déjà lié dignité de la personne et conditions de logement en
condamnant les bailleurs qui proposaient des logements ne disposant pas des
conditions minimales de confort. Toutefois, il existe une limite à cela, effectivement si
l’on en croit la Commission euro., la Conv.EDH ne semble pas considérer comme
dégradante la pauvreté.
La question a été soulevée lors de ces dernières semaines, avec l’effet d’annonce d’une
loi nouvelle concernant l’apparition d’un droit au logement opposable
2) L’accès aux soins
L’accès au soin du plus grand nombre est encore en lien avec la dignité humaine.
C’est plus particulièrement l’affiliation à la CMU, qui est bien sûr subordonnée au
versement de cotisations, mais les intéressés n’en sont redevables que si leurs
ressources dépassent un certain plafond.
C’est affaire de dignité, sans aucun doute, que d’aménager de façon générale
l’affiliation de toute personne au régime général et de lui ouvrir ainsi droit aux
prestations servies en cas de maladie et de maternité.
En outre, le dispositif mis en place prévoit des protections complémentaires pour les
personnes les plus défavorisées.
3) L’exercice de la citoyenneté
La loi du 29/07/1998 prend quelques mesures ponctuelles :
• Elle facilite pour certaines personnes défavorisées la
délivrance de la carte d’identité, l’inscription sur les listes
électorales ou l’accès à l’Aide Juridique (AJ) ;
• Elle édicte un droit des personnes à une information sur leurs
droits sociaux.

B] La prévention de l’exclusion
Il s’agit des conditions de la question des conditions d’un d’existence d’un débiteur.
Par ex. le fait de laisser à une personne endettée un minimum de ressources pour
vivre. C’est le fait également que certains biens sont insaisissables.
1) Le traitement des situations de surendettement
C’est en général l’étalement des dettes, le rééchelonnement des échéances.
Mais en cas d’insolvabilité constatée du débiteur il existe des dispositions qui viennent
en aide aux plus démunis.
2) Le maintien dans le logement
Il est en effet possible d’expulser une personne. Mais même dans cas on tente de
ménager la dignité de la personne en fixant des conditions d’expulsion.

§2 – La fin de la vie
A] Les situations des malades en fin de vie
Le douloureux problème de l’accompagnement du malade en phase terminale a fait
l’objet d’une loi du 09/06/2001.
En outre, les textes prévoient même un congé d’accompagnement de la personne en fin
de vie de trois mois maximum pour les salariés.
La notion de « fin de vie » est évidemment délicate à cerner : la loi parle « d’affection
grave et incurable » et de « phase avancée ou terminale ».
1) Le choix du malade
 Si l’intéressé est conscient : il assume directement son choix ;
 L’intéressé peut avoir prévu par avance les instructions
nécessaires au cas où il ne serait plus en état de faire valoir ses
choix ;
 L’intéressé peut aussi désigner une personne dite « personne
de confiance » pour intervenir.
A noter : On voit qu’intervient dans la loi du 22/04/2005, relative aux droits des
malades et à la fin de la vie, la notion de « dignité de la personne humaine »,
s’agissant de la dignité du mourant.
2) Les prérogatives du praticien
Art. L. 1111-13 Code de la santé publique : il permet au médecin, lorsque son patient
est hors d’état d’exprimer sa volonté, d’arrêter un « traitement inutile » et sa décision
est inscrite dans le livret médical.
B] La question de l’euthanasie
Cf. ss. Art. 16 & 16-9 CCIV.
Certains la considèrent comme un moyen de respecter la dignité du mourant.
Une question qui reste cependant posée :
Le CCNE a rendu public un rapport sur cette question, dans lequel il considère en
particulier que « face à certaines détresses, lorsque tout espoir thérapeutique et vain
et que la souffrance est insupportable, on peut se trouver conduit à prendre en
considération le fait que l’être humain surpasse la règle et que la simple sollicitude
se révèle parfois comme le dernier moyen de faire face ensemble à l’inéluctable ».
Néanmoins dans l’état actuel du droit, administrer la mort tombe sous le coup
d’une incrimination pénale.
La loi du 04/03/2002 a ouvert une première brèche en la matière, sans solutionner ni
aborder le problème de l’euthanasie, il découle en effet de cet article que le malade
peut choisir d’interrompre le traitement qui le maintient en vie, et que le praticien ne
peut lui imposer l’obligation de tenter de la convaincre.
On sent bien que le souhait demeure d’éviter de laisser mourir, même si
l’intéressé en manifeste le désir.
Et la loi du 22/04/2005 prolonge infra ; mais, d’autre part, elle intervient sur quelques
points nouveaux : administration possible d’un traitement anti-douleur qui peut avoir
pour conséquences secondaires le décès, demande de limitation ou d’arrêt de tout
traitement par le patient.
En tout cas, la dépénalisation de l’euthanasie n’est pas à l’ordre du jour.
On a également parlé du « suicide assisté » :
La CEDH qui a toujours jugé irrecevables les requêtes introduites en matière
d’euthanasie, a eu l’occasion de se prononcer dans une hypothèse d’assistance au
suicide.
La demanderesse (patiente atteinte d’une maladie grave et incurable) invoquait l’art.
2 de la Conv.EDH , qui interdit de mettre fin à la vie d’autrui. Cela en l’interprétant
largement, Cad qu’elle en retirait que seul l’individu avait un droit sur sa propre vie.
Elle invoquait aussi l’art. 3.
La Cour a cependant rejeté l’ensemble de ces prétentions, dans des termes qui
mériteraient de larges discussions : ainsi elle ne croit pas que « le droit à la vie puisse
s’interpréter comme comportant un aspect négatif » ; elle affirme également que
l’art. 2 de la CEDH puisse s’interpréter comme conférant un « droit à mourir » et qu’
« il ne saurait davantage créer un droit à l’autodétermination, en ce sens qu’il
donnerait à tout individu le droit de choisir la mort plutôt que la vie »

II – Les situations inhumaines ou dégradantes


C’est ici le droit pénal qui est plus particulièrement impliqué.

§1 – Les traitements contraires à la dignité dans un cadre répressif

A] Les peines infamantes


Sans doute l’exhibition à l’occasion de l’accomplissement des peines pénales a-t-elle
disparu en France, mais on sait que certains Etats affectionnent la pratique des
démonstrations judiciaires, telle la lapidation en place publique.
Toutefois le droit français connaît encore quelques peines infamantes :
Dégradation militaire, interdiction de porter les décorations les plus honorifiques,
privation de droits civiques. Des peines, on le voit, plutôt symboliques : Il n’en
demeure pas moins qu’elles sont destinées à frapper d’indignité les personnes
auxquelles elles sont appliquées. Il en va ainsi de la privation des droits civiques et
des mandats électifs.
B] Les mauvais traitements
Cf. ss. Art. 16 CCIV.
Longtemps les sévices sur les détenus ont été autorisés.
Toutefois des exactions tout à fait odieuses se produisent encore : l’Irak est venue le
rappeler.
La jurisprudence : La CEDH considère qu’un mauvais traitement sur une personne
privée de liberté est interdit, du fait que cette personne est en état d’infériorité
précisément à cause de sa privation de liberté.
Solution retenue par l’arrêt TOMASI du 22/08/1992.
Egalement on peut noter l’affaire SELMOUNI du 28/07/1999, dans laquelle la France
a été condamné pour « actes de tortures ». Deux aspects de la décision doivent être
soulignés :
• La Cour n’hésite pas à parler de torture, selon une lecture de l’art. 3 CEDH qui
va dans le sens d’une plus grande sévérité (il faut souligner que la CEDH avait
déjà indiqué que l’art. 3 « consacre l’une des valeurs fondamentales des
sociétés démocratiques ») ;
• Sur le terrain de la preuve de l’imputabilité (caractère de ce qui peut être mis
au compte d’une personne comme une faute par ex.) des faits, la Cour opère un
reversement de la charge de la preuve. Renversement qui est le gage d’une plus
grade facilité d’application de l’art. 3.
Au final, on voit véritablement le caractère absolu qu’attache la CEDH à cet art. 3.

C] Les conditions d’exécution des peines


cf. ss. Art. 16 CCIV.
 Ce sont d’abord les conditions générales de l’incarcération qui peuvent être
condamnées, on stigmatise donc ici le comportement fautif de l’administration
pénitentiaire du fait de l’hygiène, la promiscuité, la taille des cellules, etc. ;
 Certaines procédures sont visées, et notamment les fouilles corporelles
intégrales. On peut noter, en l’espèce, notamment la condamnation de la France
par la CEDH, pour un membre du groupe d’Action directe qui s’était plaint
d’avoir subi des fouilles corporelles intégrales ;
 L’accès aux soins des détenus doit également être aménagé.

§2 – Les divers comportements portant atteinte à la dignité

A] Les conditions de travail


La brutalité du licenciement, certaines contraintes vestimentaires imposées au salarié,
peuvent ainsi porter atteinte à leur dignité.
B] L’instrumentalisation de l’être humain
Entrent ici, les textes réprimant le proxénétisme (art. 225-5 CPEN), la traite des être
humains (art. 225-4-1 & s. CPEN), l’exploitation de la mendicité (art. 225-12-5
CPEN) ou la condamnation du bizutage (art. 225-16-1 CPEN)
Ces textes se rejoignent dans la répression de diverses instrumentalisations de la
personne humaine, toujours asservie dans les hypothèses visées.
On peut aussi évoquer l’art. 4 de la Conv.EDH qui prohibe l’esclavage, la servitude et
le travail forcé obligatoire.
Sur la notion de « dignité humaine » :
Une notion qui resurgit à l’occasion de diverses hypothèses dans lesquelles
l’image de la personne peut être montrée de manière dégradante. Par ex. en
matière de spectacle et de publicité.
Section II – Les domaines d’intervention particuliers
LE droit à la dignité est spécifiquement évoqué dans deux domaines.

I – Les médias
En matière audiovisuelle, la loi du 30/09/1986 soumet le principe de liberté de la
communication audiovisuelle au « respect de la dignité de la personne humaine »
Le CSA est intervenu à plusieurs reprises sur ce fondement : le plus souvent des
simples rappels à l’ordre ont été adressés aux chaînes concernées.
Néanmoins, il arrive que des sanctions plus lourdes soient adressées.
Toutefois, il faut faire la part des choses, en lien avec la liberté de création :
seule une volonté délibérée de sanctionner peut occulter par exemple la dimension
métaphorique du rap pour prendre à la lettre les propos tenus.
Il faut bien signaler que l’on ne peut se priver totalement, au nom d’une « pudeur
médiatique », de véhicules médiatiques de la violence, du désarroi ou du désespoir ;
mais il appartient à chacun, et notamment aux professionnels impliqués, de faire la
part de ce qui est montrables ou pas en lien avec les objectifs que l’on assigne.

II – La bioéthique
Le concept de dignité humaine parcourt les textes relatifs à la bioéthique.

§1 – La loi française sur la bioéthique


On notera en 1er lieu que l’art. 16 CCIV prohibe l’atteinte à la dignité « dès le
commencement de la vie ».
Du côté des dispositions pénales, on voit qu’elles n’ont pas le même caractère
emblématique que les dispositions de l’art. 16 CCIV.

§2 – Les conventions et déclarations sur la bioéthique

A] La convention d’Oviedo
Signée le 04/04/1997. Le texte lui-même envisage tant le respect de la vie privée que
des modalités spécifiques d’intervention médicale.
B] La déclaration universelle du génome humain et les droits de l’homme
Elaborée par l’UNESCO, on notera particulièrement, outre la réaffirmation du principe
du respect de la dignité humaine, quelques allusions fondamentales à la dignité
humaine dans le préambule au texte, qui fait référence au préambule de l’Acte
constitutif de l’UNESCO qui évoque lui-même un « idéal démocratique de dignité,
d’égalité et de respect de la personne humaine ».
C] Le protocole du Conseil de l’Europe interdisant le clonage des êtres
humains
« Considérant que l’instrumentalisation de l’être humain par la création d’être
humains génétiquement identiques est contraire à la dignité de l’homme et constitue
un usage impropre de la biologie et de la médecine », on voit bien dans l’exposé de
ce « considérant » la difficulté de saisir la matière, en son dosage subtil entre progrès
techniques et dignité de l’homme.
CONCLUSION :

On voit l’extrême difficulté qui transparaît lorsque l’on veut cerner la notion,
déterminer la valeur juridique du respect de la dignité, qui semble bien relever,
comme le dit Saint-James d’un « principe matriciel par excellence ».
 Un principe à valeur constitutionnelle : Le Conseil const. l’a érigé en
principe constitutionnel en le dégageant du préambule de la Constitution de
1946.
Néanmoins il ne s’agit pas d’une décision très claire. Elle souffre en
particulier de plusieurs imprécisions lorsqu’il s’agit d’établir une ligne de
partage entre dignité et respect ou entre personne humaine et corps humain.
 Un droit fondamental ? En effet le concept de dignité humaine fédère en
réalité tout une série de principes déclinés au fil des textes, qui mis bout à bout,
ressembleraient à ceux qui parsèmeraient une déclaration des droits du corps
humain.
De surcroît, les liens avec les DHC sont évident : La DDHC porte la notion de
dignité en germe dans son préambule, les conventions également.
Toutefois, on voit que l’accumulation des revendications en termes de
« droits à » contribue à affaiblir une catégorie qui, de « droits fondamentaux »,
devient un réservoir à intérêts particuliers : droit au travail, à la dignité, au
logement, au mariage…
Au final, on se demande s’il ne s’agit pas tout simplement de promouvoir une étique,
à tel point que ce serait peut-être de la dignité qui aurait un rôle matriciel, de tracer
des lignes de conduites, dont découleraient les principes mêmes des droits de
l’homme.

Ch. II – La protection de la personnalité


Avec les droits de la personnalité, nous abordons une catégorie de droits (subjectifs),
dont les finalités sont diversifiées et la nature assez trouble. On peut convenir que les
droits de la personnalité ont pour but de protéger/préserver l’intégrité et
l’individualité de la personne.

Section I – L’intégrité de la personne

I – L’intégrité physique
Elle découle naturellement, elle aussi, de la notion de droit à la vie.
Les textes :
• Le prélèvement d’organe : lois des 22/12/1976 & 20/12/1988, le consentement
des personnes ;
• Diverses dispositions relatives au corps humain : Art. 16 & s. CCIV, d’où se
dégage le principe selon lequel, le corps, ses éléments et ses produits ne
peuvent faire l’objet d’une patrimonialisation.
 Art. 16-1, parle d’un respect dû au corps humain, etc. ;
 Dans sa nouvelle rédaction l’art. 16-3, parle de « nécessité médicale »,
ce qui permet une atteinte à l’intégrité physique dans un objectif de
prévention.
II – L’intégrité morale
Le droit pénal sanctionne différents comportements portant atteinte à l’intégrité
morale, à l’honneur.
On verra ici les deux incriminations pénale qui visent directement un comportement
portant atteinte à l’honneur : la diffamation et l’injure.

§1 – La diffamation
L’art. 29 de la loi sur la liberté de la presse qui définit la diffamation comme « toute
allégation ou imputation d’un qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération
de la personne ou du corps auquel le fait est imputé ».
Selon la jurisprudence : « l’allégation ou l’imputation doit se présenter sous la forme
d’une articulation précise de faits de nature à être, sans difficulté, l’objet d’une
preuve d’un débat contradictoire ».

A] La preuve de la vérité des faits


Lorsque la diffamation est établie, celui qui en est à l’origine a toujours la possibilité
d’invoquer l’exceptio veritatis : la preuve de la vérité des faits allégués peut
permettre d’aboutir à la relaxe du prévenu.
Néanmoins cette possibilité est exclue dans 3 cas :
• Quand l’imputation concerne la vie privée de la personne ;
• Quand l’imputation se réfère à des faits qui remontent à plus de dix ans ;
• Quand l’imputation se réfère à un fait constituant une infraction amnistiée ou
prescrite.
Au final, on voit que la rigueur du dispositif et la rapidité de la procédure tiennent au
fait que l’on considère que le diffamateur devrait être en mesure de prouver les faits
allégués au moment où il tient ses propos.

B] L’invocation de la bonne foi


Les dispositions relatives à la diffamation sont assorties d’une présomption d’intention
de nuire et, pour la C. cass., puisque la preuve de la vérité est possible « le principe
selon lequel l’intention de nuire est attachée de plein droit aux imputations
diffamatoires » n’est pas incompatible avec les dispositions des arts. 6 et 10 CEDH.
Bien évidemment la présomption de mauvaise foi peut être combattue par l’invocation
« des faits justificatifs suffisants pour faire admettre la bonne foi ».
La jurisprudence : Elle a dégagé les quatre critères de la bonne foi : objectivité,
sincérité, légitimité du but poursuivi (ce qui ramène à l’intérêt public, aux questions
d’intérêt général ; il y a alors bonne foi, par exemple, si « les imputations, exprimées
dans le cadre d’un débat politique, concernent l’activité publique de la personne
mise en cause, en dehors de toute attaque contre sa vie privée, et à la condition que
l’information n’ait pas été dénaturée »), la prudence.
Il est à noter que ces critères dégagés sont cumulatifs.

§2 – L’injure
Selon la loi du 29/04/1881, l’injure s’entend comme « toute expression outrageante,
terme de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait ».
Elle peut avoir un caractère discriminatoire, on voit donc là un rapprochement
possible avec la diffamation. C’est depuis 2004 qu’est punissable une injure
publique commise envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur
sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap.
L’absence d’un fait susceptible d’être prouvé, en revanche, constitue une différence
essentielle avec la diffamation.
A] L’excuse de provocation
Les textes admettent au bénéfice de celui qui se voit reprocher l’injure une excuse de
provocation. La provocation relève de « tout fait accompli dans le but d’irriter une
personne et venant par suite expliquer et excuser les propos injurieux qui lui sont
reprochés ».
B] L’invocation du contexte
Il n’y a pas d’invocation possible de la bonne foi en matière d’injure, comme cela
est possible pour la diffamation.
Néanmoins certaines décisions s’en approchent en refusant de prendre en
considération le contexte dans lequel l’injure est intervenue.

Section II – L’individualité de la personne

I – Les attributs physiques de la personne


Les droits de la personnalité protègent l’image et la voix d’une personne.

§1 – L’image

A] Le principe du droit à l’image


Le principe du droit à l’image se fonde en droit civil sur l’art. 9 CCIV selon lequel
« chacun a droit au respect de sa vie privée ».
J-C SAINT-PAU constate que, « le droit au respect de la vie privée a vocation à
absorber tous les droits de la personnalité ayant pour objet de protéger l’intégrité
morale comme le droit au respect du corps humain », il visera d’ailleurs cet art. 9
comme la « matrice des droits de la personnalité ».
Une différence essentielle : Le droit à l’image des personnes protège la
personnalité de l’individu alors que le droit à l’image des biens n’est dans le meilleur
des cas de propriété sur un objet totalement extérieur à l’individu.
L’Ass. plén. est intervenue pour clore le débat sur l’image de biens en indiquant que le
propriétaire n’a pas un droit exclusif sur cette image, mais que s’il prouve qu’il subit
un trouble anormal, il peut s’opposer à l’utilisation de celle-ci.
Egalement on notera que certaines dispositions pénales sanctionnent les
atteintes des atteintes à l’image.

B] Les applications jurisprudentielles


Cf. ss. Art. 9 CCIV.
Le principe : dès lors que l’image de la personne est protégée, il faut obtenir
l’autorisation d’utiliser celle-ci.
C] Le cumul des problématiques
1) Droit à l’image et atteinte à la vie privée
En effet, l’atteinte au droit à l’image peut se doubler (ou être vecteur) d’une atteinte à
la vie privée des personnes.
La jurisprudence : Les caméras de surveillance, l’utilisation des images prises
dans les lieux publics…
Néanmoins il convient de distinguer les deux hypothèses : « l’atteinte à la vie au droit
de la personne sur son image est distincte de l’atteinte au respect ou à l’intimité de
la vie privée ».
La C. cass. a eu l’occasion de préciser qu’il y a bien, par l’utilisation de la photo dans
un contexte étranger à celui dans lequel elle avait été prise, atteinte au respect de
l’image et de la personne ; mais il n’y a pas diffamation puisque rien ne permet de
faire le lien entre l’image publiée et l’enquête judiciaire sur le dopage qui est invoquée
dans l’article (1°Civ. le 05/07/2005).
Egalement, ce cumul pose le problème du fait d’une personne décédée (les photos de
Mitterrand sur son lit de mort) : la vie privée cesse t’elle avec la mort de l’intéressé ?
La C. cass. en rejetant le pourvoi sur cette affaire, avait indiqué clairement que « la
fixation de l’image d’une personne, vivante ou morte, sans autorisation préalable
des personnes ayant le pouvoir de l’accorder, est prohibée ».
Une question sous-jacente : Peut-on parler de vie privée familiale ? La
jurisprudence ne l’a pas admis, en revanche elle a pu relever une faute dans le fait
d’avoir publié des photos sans le consentement de(s) intéressé(s).

2) Droit à l’image et atteinte à l’honneur


En effet, l’utilisation de l’image se conjugue souvent avec une atteinte à l’honneur des
personnes visées.
Une affaire intéressante avait mêlé le droit à l’image au droit à l’honneur des
individus. Une affaire qui concernait le jeu multimédia intitulé « Jean-Marie jeu
national multimédia FN 1992 ».
On voit que la C. cass. a rejeté le pourvoi de manière très nette en considérant que
« selon l’art. 9 CCIV, chacun a le droit de s’opposer à la reproduction de son image,
et l’utilisation, dans un sens volontairement dévalorisant, de l’image d’une
personne, justifient que soient prises par le juge toutes mesures propres à faire
cesser l’atteinte ainsi portée aux droits de la personne ».

D] Les limites du droit à l’image


Lorsqu’une personne participe directement à un événement d’actualité, elle ne saurait
un droit à l’image pour s’opposer à la diffusion de celle-ci sans autorisation : c’est le
sens d’une jurisprudence qui remet peu à peu en cause le caractère absolu du
droit à l’image, et cherche à trouver un équilibre entre droit à l’image et liberté
d’information.
Cependant même lorsqu’une personne se trouve en public, la publication de sa photo
isolée peut heurter son droit à l’image, il faut néanmoins que cette personne soit
identifiable
Globalement, lorsqu’une personne vue sur une photo n’est qu’un élément accessoire
par rapport à l’ensemble, le droit à l’image ne peut être invoqué.
On conçoit par ex. que le choix de participer à une manifestation puisse exclure que
l’on revendique le droit à l’image dès lors que l’on accepte de paraître en public dans
un rassemblement organisé.
On peut aussi discuter de la notion « d’actualité ». Il n’y a généralement pas de
problème lorsqu’il s’agit de « couvrir un événement ».
Il ne faut pas non plus qu’il y ait détournement de l’image.
Le lien de la photo à l’événement à l’événement est essentiel.
Selon la C. cass., la publication d’images relatives à un événement est possible au
nom de la liberté de communication « sous la seule réserve du respect de la dignité de
la personne humaine ».
Le débat s’est enrichi des décisions rendues dans l’affaire concernant les poupées
vaudou à l’effigie du prsdt. de la Rép. La Cour d’appel avait reconnu d’une part que la
poupée, en elle-même, porteuse d’expressions reprenant les propos du prsdt., n’est pas
critiquable. En revanche elle a sanctionné sur le fondement de la dignité de la
personne.

§2 – La voix
La voix a été considérée comme un autre attribut de la personnalité.
Quelques décisions (notamment celle concernant la Callas) ont montré que la voix
devait être considérée comme une « image sonore » et comme un « attribut de la
personnalité ». Il faut néanmoins la plupart de ces décisions confondent droits de la
personnalité et droits des interprètes.

§3 – Les caractéristiques génétiques


Art. 16-10 et -11 CCIV.
Les textes aménagent les droits de la personne eu égard à l’examen de ses
caractéristiques génétiques.

II – L’intimité de la personne

§1 – La vie privée
Le respect de la vie privée est aménagé par l’art. 9 CCIV.
L’atteinte au respect de la vie privée (et à l’image) entraîne souvent l’intervention du
juge des référés, notamment lorsqu’il s’agit de prendre des mesures en cas de
publication par la presse : l’urgence vient souvent du souci de limiter l’atteinte aux
droits de la personnalité en faisant retirer de la vente le périodique.
Outre le CCIV des textes supranationaux interviennent en la matière :
 L’art. 12 DDHC ;
 L’art. 17 du PI relatif aux droits civils et politiques ;
 L’art. 8 de la Conv.EDH.

A] Le domaine de la vie privée


Nombre de circonstances interfèrent avec la protection de la vie privée. A l’évidence,
comme l’a dit la CEDH, « la notion de vie privée et de vie familiale sont des notions
larges qui ne peuvent faire l’objet d’une définition exhaustive »…
1) La délimitation du cadre
Très tôt le juge des référés avait tenté de fixer le domaine de la vie privée : « si le
domaine de la vie privée de l’homme est parfois malaisé à déterminer, il s’étend
incontestablement à tout ce qui concerne sa vie amoureuse, sa vie familiale, ses
ressources et les aspects non publics de sa vie professionnelle et de ses loisirs ; se
trouvent au contraire généralement en dehors des frontières de la vie privée, la part
de la vie de l’individu qui se déroule nécessairement en présence du public et sa
participation à la vie publique de la cité ».
• La vie familiale est classiquement protégée. Depuis le domaine n’a cessé
d’être complété ou précisé. Prolongeant le fait que le domaine de la vie privée
s’étend au domicile, une décision admet que la publication dans la presse d’une
photographie de la résidence accompagnée du nom du propriétaire et de sa
localisation porte atteinte à la vie privée de ce dernier ;
• Le domaine de la vie privée s’étend aux correspondances : L’art. 8
Conv.EDH les cite expressément, et la CEDH opte pour une conception
extensive de la notion de vie privée en parlant d’un « droit pour l’individu de
nouer et développer des relations avec ses semblables » ;
• Les convictions religieuses appartiennent à la sphère de la vie privée ;
• On s’est demandé si la divulgation d’éléments relatifs au patrimoine des
personnes constitue une atteinte à la vie privée. Mais la jurisprudence qui
s’est développée à l’aube des années 90’ a plutôt eu tendance à prendre le
contre-pied de cette interprétation.
On voit dans le même registre que la publication d’informations patrimoniales
ne porte pas atteinte au respect de la vie privée si aucun élément réellement lié à
la vie privée et à la personnalité des personnes visées n’est donné. Une
conception dominante dans la jurisprudence.
Néanmoins, il faut tenir compte des circonstances dans lesquelles intervient la
divulgation d’informations ;
• De son côté, la CEDH a également élargi le domaine de la vie privée, en
allant bien souvent au-delà du strict domaine visé par l’art. 8 de la Conv.EDH.
La CEDH a admis également l’extension du domaine de la vie privée au mode
de vie pris en un sens plus général dans l’arrêt CHAPMAN du 18/02/2001. Le
problème amène alors à se demander si une atteinte à l’environnement peut
porter atteinte au respect de la vie privée et familiale en référence à l’art. 8
CEDH.
La CEDH a rappelé plusieurs fois que la notion de vie privée et familiale
s’entend aussi du respect des morts et des cérémonies funéraires.
• On s’est également posé la question de savoir si le nom faisait partie du
domaine de la vie privée. Il est à la fois un élément d’identification de la
personne et un révélateur d’éléments familiaux.
Toutefois, les révélations qui sont faites et qui mettent en jeu le nom peuvent
être sanctionnées sur le fondement d’une atteinte au respect de la vie privée.
2) Quelques circonstances particulières
a) Questions liées à la situation de la personne
[1] La vie privée des personnes de notoriété
La question du respect de la vie privée est plus délicate à traiter s’agissant de
personnes célèbres, ou ayant des fonctions de responsabilité, ou encore placées sous
les feux de l’actualité à l’occasion d’un événement.
La CEDH elle-même a bien indiqué que la sphère de la vie privée est plus importante
chez une personne ordinaire que chez une personne publique.
 Un 1er problème tient à la délimitation de la vie privée et de la vie publique,
s’opposent ici le droit au respect de la vie privée et la liberté d’expression,
cette dernière, fondamentale, est d’ailleurs aménagée par des textes
emblématiques : art. 11 DDHC, loi de 1881 sur la liberté de la presse, art. 10
Conv.EDH de 1950.
Or par principe, toute personne, quelle que soit sa notoriété a droit au
respect de sa vie privée.
Il y a donc un équilibre à trouver entre la liberté d’expression et le respect
de la vie privée.
La jurisprudence : La C. cass. avait justement trouvé cet équilibre dans 2 arrêts
rendus par la 1°Civ. en 2003 :
 Dans le 1er, elle avait considéré que les juges du fond avaient « justifié
l’équilibre entre la liberté de l’information et le droit de chacun au
respect de sa vie privée et familiale » ;
 Dans le 2nd, elle avait indiqué que « les droits au respect de la vie privée
et à la liberté d’expression font ainsi devoir au juge saisi de rechercher
leur équilibre et, le cas échéant, de privilégier la solution de l’intérêt le
plus légitime ».
Un article publié à propos de l’annonce de l’annonce du mariage d’une présentatrice
de télévision ne peut par principe être sanctionné.
Egalement on peut s’intéressé aux circonstances qui ont entouré la disparition de
François Mitterrand, et qui ont abouti à l’interdiction de poursuivre la diffusion du
livre écrit par l’ancien médecin du Prsdt. de la Rép., « Le grand secret », au motif que
les révélations « constituent par leur nature une intrusion particulièrement grave
dans l’intimité de la vie privée familiale du Prsdt., et dans celle de son épouse et de
ses enfants ».
On peut noter la motivation principale de la C. cass., qui était que le souci de rétablir
la vérité ou l’importance informations concernant l’état de santé d’un personnage
investi des plus hautes responsabilités n’autorisent pas la violation du secret
médical.
 Y a-t-il une interprétation ultralibérale de la liberté d’expression par la
CEDH ?
Ainsi, un arrêt avait sanctionné l’édition d’un hebdomadaire révélant les noms et
prénoms de dirigeants de loges franc-maçonniques, ainsi que leurs fonctions au sein de
l’ordre, sur la base de l’atteinte à la vie privée.
Autrement dit si les convictions appartiennent à la sphère de la vie privée, on ne peut
s’en prévaloir pour empêcher la révélation d’exercice d’activités (politiques,
associatives…) dans ces domaines ; en quelque sorte, l’engagement prive alors
d’agir sur ce point.
[2] La vie privée des salariés
cf. ss. Art. 9 CCIV.
La jurisprudence protège la vie privée du salarié :
o Contre l’écoute des conversations des salariés : ainsi a été
sanctionné le fait d’enregistrer une conversation entre deux salariés pour la
diffuser devant l’ensemble du personnel ;
o Contre le contrôle des courriers électroniques des salariés par
l’employeur ;
o Egalement contre la fouille clandestine des fichiers informatiques
personnels de ses salariés.
On voit que le principe de respect de la vie privée est assorti de deux limites
tenant, d’une part, à l’existence d’un risque ou événement particulier et, d’autre part,
à la nécessité de procéder en présence du salarié.
2.1. L’astreinte
Que cette notion implique une interférence avec la vie privée est indéniable, et l’on
s’est demandé si cette atteinte pouvait être sanctionné.
La Cour d’appel de Lyon s’y refuse : « le principe du droit du salarié a l’intimité de
sa vie privée ne fait pas obstacle à l’organisation d’un système d’astreinte auquel le
salarié est soumis pendant les périodes de repos journalier ou hebdomadaire ».
2.2. La clause de mobilité
Elle est celle qui, dans un contrat de travail, prévoit, comme son nom l’indique, le
déplacement ou le changement d’affectation du salarié. Par principe, le refus du
déplacement constitue dès lors un manquement à l’obligation contractuelle, mais une
faute grave du salarié justifiant son licenciement. Ainsi la close de mobilité ne doit pas
être étrangère aux intérêts de l’entreprise. Elle ne doit pas non plus heurter la vie
familiale du salarié.
Néanmoins, subsiste une question de preuve : la bonne foi dans l’exécution
d’un contrat étant présumée, une Cour d’appel avait rejeté la demande d’une salariée,
faute pour elle d’avoir prouver la mauvaise foi de l’employeur.
[3] La vie privée des malades
Il s’agit avant tout du champ d’application du secret médical « L’ensemble des
informations concernant le personne venue à la connaissance des pros. de santé, de
tout membre du personnel et de toute autre personne en relation, de par ses activités
avec ces établissements.
[4] La vie privée des débiteurs
Dans diverses hypothèses (recouvrements, procédures…), il peut être nécessaire de
rechercher des informations visant les intéressés. La jurisprudence veille néanmoins
à faire respecter la vie privée.
 Les procédures de saisie aménagent des possibilités d’agir qui interfèrent avec
la vie privée du débiteur. Toutefois, le respect de la vie privée du débiteur ne
permet pas à celui-ci « de se dérober à l’exécution de ses obligations et de
faire échec au droit de ses créanciers ». On conçoit également que le respect
de la vie privée empêche de pouvoir agir à n’importe quel moment au domicile
d’un débiteur (loi du 09/07/1991) ;
 Le recollection des informations sur la situation patrimoniale d’un ménage a
constitué une atteinte à l’intimité de la vie privée ;
 Il y a également immixtion arbitraire dans la vie privée lorsqu’une
personne fait l’objet d’une surveillance qui s’avérerait disproportionnée avec
le but à atteindre.
[5] La vie privée des détenus
cf. ss. Art. 16 CCIV.
Le régime français d’appl. des peines se souci peu du droit à une vie privée et
familiale de la personne incarcérée.
b) Questions liées à des circonstances spécifiques
[1] Les faits historiques ou connus
On comprend bien que les événements historiques échappent dans une certaine
mesure aux réserves dues au respect de la vie privée. Néanmoins, certaines limites
peuvent voir le jour. Par ex., l’actualité judiciaire peut amener à dévoiler des éléments
de la vie privée.
On peut noter également, que le fait de faire revivre dans une œuvre de fiction des
faits réels liés à une affaire criminelle ne porte pas forcément atteinte à la vie
privée, tout comme il n’y a pas non plus automatiquement atteinte à la vie privée ou à
la dignité des parents d’une victime lorsqu’un ouvrage remet en cause la culpabilité
d’un condamné.
La jurisprudence : Un arrêt de la C. cass. du 03/04/2002 a été abondamment
commenté. Certains y avaient vu, en l’absence d’atteinte à la vie privée du moment
que les faits rapportés étaient connus, une redéfinition de la sphère de la vie privée.

[2] La révélation d’une actualité judiciaire


Le fait de dévoiler qu’une procédure est engagée contre une personne ne
constitue pas une atteinte au respect de la vie privée : à l’occasion de la publication
d’un article, la C. cass. a confirmé qu’une affaire financière en cours, les titres de la
personne publique en cause, sa fuite à l’étranger et ses activités relevaient d’une
actualité judiciaire et de la liberté d’informer ; en revanche, la révélation de
conversations avec sa compagne et des relations avec leurs enfants constituaient une
atteinte à la vie privée.
[3] La complaisance de la victime
Le fait par ex. pour une personne d’exposer sa vie privée dans le cadre d’une émission
de TV ne permet pas toutes les révélations sur celle-ci.
[4] L’interception des télécommunications
L’interception des télécommunications porte évidemment atteinte à la vie privée.
La jurisprudence pouvait donc logiquement sanctionner sur le fondement de
l’art. 9 CCIV l’enregistrement téléphonique. Or un arrêt de 2°Civ. introduit désormais
un doute sur le fondement juridique de l’atteinte. Il est d’ailleurs assez singulier de
voir l’arrêt ignore le respect de la vie privée au profit d’un double fondement sur la
licéité de la preuve (art. 9 NCPC) et le droit au procès équitable (art. 6 CEDH).
Le CPEN prévoit en la matière un délit d’atteinte à la vie privée (art. 226-1
CPEN).
Toutefois, l’interception des télécommunications peut être nécessaire pour des
raisons d’ordre public, et il faut alors trouver à nouveau un équilibre entre deux
intérêts antagonistes.
[5] La surveillance des personnes
On peut se poser la question du respect de la vie privée en confrontation à la pratique
des filatures. Il en va ici d’un mode de recherche de preuves.
La jurisprudence : En la matière, elle a rappelé ferment que l’immixtion dans
la vie privée d’autrui est illicite.
Néanmoins, on peut déduire de deux arrêts de la C. cass., qu’elle admet la possibilité
de recourir à la filature quand les moyens mis en œuvre sont proportionnés au but
poursuivi, ce qui suppose une appréciation des circonstances au cas par cas.
[6] Atteintes susceptibles d’être qualifiées de violence
Dans quelques hypothèses particulières, la qualification pénale de violence peut être
retenue pour des faits qui visent une atteinte à l’intimité et à la vie privée.
Dans les décisions, on s’aperçoit le plus souvent que la violence est caractérisée
à chaque fois par le choc psychologique, soit direct, soit indirect.
B] Les modalités de la protection
Le droit au respect de la vie privée présente un caractère individuel, ne vise que les
atteintes subies personnellement par l’intéressé et ne se transmet pas aux héritiers.
Le jurisprudence : la Cour de Paris a ainsi décidé que des articles de presse
relatifs au suicide d’un avocat ne pouvait porter atteinte à sa vie privée (puisqu’il était
décédé) et qu’une demande d’indemnisation par sa veuve et son fils était irrecevable.
Egalement, le fait que l’intéressé lui-même ait dévoilé certains aspects de sa vie privée
dans des récits autobio. peut aussi priver sa veuve d’invoquer, lors de la parution d’un
ouvrage ultérieur, l’atteinte au respect de la vie privée, ainsi qu’il en a été décidé à
propos d’une publication relative au dernier empereur de Chine, Pu Yi.

§2 – Convictions, opinions, libertés d’expression


Le respect des convictions et opinion est fondamental.
A] La liberté d’expression
La jurisprudence : Elle s’est prononcer dans le sens d’envisager une balance des
intérêts, de trouver un modus vivendi (compromis) entre l’application du principe de
liberté d’expression et le respect de la vie privée des individus.
Dans le domaine de l’information, la liberté d’expression est également visée par la loi
du 29/07/1881 sur la presse. Il est constant que, si la liberté d’expression doit être
respectée, certains abus peuvent être sanctionnés. Mais, la C. cass. en Ass. plén., a
considéré que « les abus de la liberté d’expression prévus et réprimés par la loi 1881
ne peuvent pas être réparés sur le fondement de l’art. 1382 CCIV ».
Un juge des référés à faire dire plus à ce principe lorsqu’il a considéré que « le
principe de légalité exige que toute restriction apportée à la liberté d’expression soit
inscrite dans le droit positif » et que, dès lors, « seule l’existence d’une diffamation
au sens de la loi sur la presse serait susceptible de caractériser le trouble allégué »
(affaire sur l’affiche du film « Amen »).
On note d’ailleurs de nombreux contentieux intervenant plus spécialement dans la
confrontation entre liberté d’expression et droit au respect du sentiment religieux.

B] La liberté de création
La liberté de création de l’auteur d’une œuvre littéraire ou artistique peut être
contrariée à certaines occasions.
1) L’atteinte au respect des croyances

Distinction à vérifier : ésotérique (caractère obscur de quelque chose)/ exotérique (se


dit de doctrine philosophique qui font l’objet d’un enseignement public).

Souvent, elle a été utilisée pour faire interdire des œuvres cinématographiques.
Les demandeurs n’ont pas eu gain de cause, dans la mesure où celui qui effectue la
démarche d’entrer dans une salle de spectacle s’expose à voir une œuvre qui ne
correspond pas à ses opinions, ou même le heurte, et qu’il ne peut pas faire interdire
eu égard à la liberté de création, qui découle en elle-même de la libre
communication des pensées et des opinions.
A l’inverse, une décision avait sanctionné l’affiche du film
« Ave Maria (1984) », celle-ci se trouvant sur la voie publique ; on ne pouvait alors
pas opposer le fait que le spectateur a assisté volontairement à une projection.
Mais, depuis lors, le juge des référés a rejeté une demande d’interdiction de l’affiche
du film « Larry Flint », estimant que celle-ci était dénuée de tout caractère
pornographique et ne constituait pas un outrage flagrant aux sentiments religieux.
On peut voir dernièrement aussi le contentieux, à propos des caricatures de Mahomet,
dans lequel il a été jugé que « les limites admissibles de la liberté d’expression n’ont
pas été dépassées ». Les limites de la liberté d’expression sont donc strictement
appréciées.

Sur un autre versant, il y a le débat de l’incitation à la violence, qui est


toujours très difficile à cerner, entre ce qui relève de la violence au premier degré ou
d’une violence symbolique. On peut voir sur cette question tous les procès d’intentions
faits au rap. On voit donc, que ces situations interviennent toujours sur les marges, les
limites : Où s’arrête la tolérance ? Où commence la censure larvée ?
2) La censure
La censure se caractérise par un acte d’interdiction émanant d’une autorité qui poursuit
un but (politique, religieux, etc.). Les décisions d’interdiction pour atteindre au respect
de la vie privée ou au respect d’un sentiment religieux ne constituent pas des actes de
censure même si, sur le versant religieux, certaines associations intégristes mènent une
sorte de guérilla judiciaire par assignation systématique.
On voit également que par principe, on ne peut pas interdire par avance un
livre qui n’est pas écrit : « le principe à valeur constitutionnelle de la liberté
d’expression s’oppose à ce que le tribunal, qui ne dispose pas d’un pouvoir général de
control préalable des publications, interdise la mise en en vente d’un ouvrage non
écrit dont la teneur réelle demeure incertaine ou détermine a priori les faits qui dans
une éventuelle bio. d’un artiste, ne devraient pas être évoqués ».
Le contrôle anticipé des publications reverrait en effet à un acte de censure.
Néanmoins, ce contrôle a priori existe en matière d’exploitation
cinématographique.

§3 – La présomption d’innocence
cf. ss. Art 9-1 CCIV.
Elle est évoquée dans l’art. 6, al. 2 de la Conv.EDH et dans l’art. 9-1 CCIV.
Une décision avait fait un raccourci simple de cet art. : « l’atteinte à la présomption
d’innocence consiste à présenter publiquement comme coupable, avant
condamnation, une personne poursuivie pénalement ».
Une décision retient l’atteinte à la présomption d’innocence dans le cas fort
médiatisé de F. Heaulme, lorsque celui-ci a été présenté dans une « fiction
documentaire » de TF1 par un gendarme enquêteur comme coupable d’un double
meurtre pour lequel P. Dils a été condamné puis acquitté après révision de son procès.
C’est également, le cas en l’espèce de l’œuvre de N. TRINTIGNANT suite au
décès de sa fille, dans lequel elle présente l’ex-compagnon de sa fille comme « le
meurtrier » de celle-ci.
La Cour avait simplement à l’éditeur d’insérer un encart rappelant le principe de la
présomption d’innocence. Cette solution mesurée est dictée selon la Cour (Paris)
par le double souci de concilier le respect des droits de la personnalité et la liberté
d’expression.
La loi du 15/06/2000, qui a pour but de renforcer la protection de la présomption
d’innocence et le droit des victimes, contient quelques dispositions en lien avec la
dignité humaine (le fait pour la personne mise en examen de rester libre ; le port des
menottes ou d’entraves, des mesures à caractère exceptionnel ; les accusés libres ne
sont plus obligés de se constituer prisonniers la veille des audiences).
CONCLUSION : Le débat relatif à la nature des droits de la personnalité
• Des droits extrapatrimoniaux : Il s’agit en effet de préros. destinées à préserver
l’intimité, l’individualité ou l’intégrité d’une personne, hors de tout commerce
juridique. Toutefois, une tendance générale à la « patrimonialisation » des droits
de la personnalité s’instaure (contrat d’exploitation de l’image d’une personne pour
certaines personnes, comme les mannequins par ex.) ;
• Des droits réels ou personnels ? L’hésitation est permise et pourrait faire
conclure à une impossibilité de ranger les droits de la personnalité dans l’une
ou l’autre des catégories :
 Si les droits réels sont ceux s’exercent sur une chose, les droits de la
perso. N’en font pas partie dans la mesure où ils ne portent pas sur un
objet ;
 Si les droits personnels sont des prérogatives dont dispose une personne
à l’égard d’une autre, les drts. De la perso. n’en font pas non plus partie
car on peut difficilement admettre que chaque individu puisse les
opposer à tous.
• Un principe à valeur constitutionnelle ? Certaines décisions tendent à établir un
fondement constitutionnel au principe du respect de la vie privée. Egalement le
C. const. a répondu à diverses questions concernant la CMU et en liant la
protection de la vie privée à l’art. 2 DDHC.
Seconde partie – La famille

Livre I – Le couple

Titre I – Le lien conjugal

Ch. I – Le mariage

Chez les romains, le mariage se définissait par un union destiné à durer toute la vie
« consortium omnis vitae ». Portalis définissait le mariage comme « la société de
l’homme et de la femme qui s’unissent pour partager leur commune destinée » et
Carbonnier lui comme un des « piliers » de notre droit.

Section I – Le droit au mariage

I – Les atteintes directes

Publiques ou privées.

§1 – Les atteintes publiques

Elles le sont du fait de la loi.

A] Les interventions de la CEDH


1) L’affaire Johnston c/Irlande
• L’art. 12 CEDH ne fonctionnerait pas pour la dissolution du
mariage ;
• Pas d’atteinte à l’art. 8 CEDH, car pas de conséquence sur la
vie familiale du couple ;
• L’art. 9 CEDH, ne s’étend pas au cas du divorce ;
• Violation de l’art. 8 CEDH pour ce qui est de la vie familiale
de l’enfant.
2) L’affaire F. c/Suisse
La Cour a décidé que l’interdiction de remariage (art. 150 CCIV Suisse) portait
atteinte à la « substance même du droit au mariage ».

B] Une intervention du Conseil constitutionnel

Arrêt 13/08/1993 C. const. a refusé les dispositions prévus à l’art. 175-2 CCIV
(relatives au mariage blanc et à ses conséquences) qui pour lui « en subordonnant la
célébration du mariage à de telles conditions préalables, ces dispositions
méconnaissent le principe de la liberté du mariage, qui est une des composantes de
la liberté individuelle ».

§2 – Les atteintes privées

Il s’agit ici des engagements préalables au mariage.


A] La promesse de mariage et les fiançailles
La promesse de mariage ou les fiançailles n’ont aucune valeur juridique.
1) La rupture fautive
Les circonstances de cette rupture relèvent de l’application de la théorie de l’abus de
droit : Cad que la liberté de renoncer à un projet de mariage se transforme en usage
abusif de la faculté qui est laissé à chacun de se déterminer librement.
2) Le sort des cadeaux
Art. 1088 CCIV, néanmoins les cadeaux de faible valeur reste acquis à celui qui en a
été le destinataire. Pour les autres, des décisions ont admis que les cadeaux pouvaient
être conservés en cas de rupture fautive, en sorte d’indemnisation du préjudice subi.
Toutefois souvent cette se double bien souvent d’un problème de preuve. La preuve
est possible par tous moyens, et il faut donc que celui qui réclame la restitution du
bien prouve le don., et si ce don est prouvé c’est à celui qui a reçu le cadeau de
prouver que la restitution du bien a été effectuée.

B] Le courtage
La loi du 23/06/1989, a soumis le courtage aux règles protectrices du droit de la
consommation, ce faisant elle le définit en son art. 6 comme « l’offre de rencontre en
vue d’un mariage ou d’une union stable ».

II – Les atteintes indirectes

§1 – Les atteintes publiques


Essentiellement au travers de dispositions fiscales ou sociales.

§2- Les atteintes privées


Il existe deux formes indirectes d’atteinte à la liberté du mariage :

A] L’intervention sur le remariage du conjoint

1) Les conditions accompagnant une libéralité (


Elles tombent largement en désuétude.
2) Les conditions de transmission du droit moral de l’auteur

B] Les conditions de travail


1) Le contentieux Air-France
En effet la société fut condamnée pour avoir imposer une clause de célibat à ses
hôtesses de l’air. Selon la Cour « la clause de célibat doit être déclaré nulle et
attentatoire à un droit fondamental de la personnalité ».
2) Le contentieux relatif aux institutions religieuses
Le Code du travail interdit toute sanction (parmi lesquelles le licenciement) pour des
raisons familiales et religieuses.
Section II – L’établissement du lien matrimonial

I – Les conditions du mariage

§1 – Les conditions de fond

A] Les conditions d’ordre physiologique


1) La différence des sexes
Une évidence en 1804, c’est pourquoi cette exigence de différence n’est pas précisée.
L’art. 144 CCIV néanmoins le précise.
La jurisprudence a rejeté le mariage homosexuel, on peut évoquer le mariage célébré
le 05/06/2003 à la mairie de Bègles.
2) L’âge minimum requis
• Le principe : Art. 144 CCIV ;
• La sanction : Art. 184 CCIV ;
• La dérogation : Art. 145 CCIV.
3) L’état de santé des conjoints
La légèreté du certificat prénuptial prévu à l’art. 63 CCIV.
B] Les interdictions
1) La polygamie
a) Le principe
L’art. 147 CCIV dispose qu’« on ne peut contracter un second mariage avant la
dissolution du premier » ; cette dissolution du 1er lien peut résulter soit d’un divorce,
soit d’un jugement déclaratif d’absence, soit d’un décès.
b) Les cas particuliers
[1] Les mariages polygames
La C. cass. a ouvert au profit du conjoint le bénéfice de la prestation compensatoire.
[2] La situation des étrangers polygames
Le mariage polygame régulièrement contracté à l’étranger est valable en France. Cela
selon un PGD. Inter. Privé, exprimé à l’art. 3 al. 3 CCIV.
2) L’inceste
a) Cadre général
[1] Les interdictions
• Art. 161 CCIV, le mariage est prohibé en ligne directe
entre tous les ascendants, les descendants et les alliés ;
• Art. 162 CCIV, le mariage est prohibé en ligne
collatérale, entre le frère et la sœur donc ;
• Art. 163 CCIV, le mariage est prohibé entre l’oncle et
la nièce, la tante et le neveu, Cad jusqu’au 3ème degré
[2] La levée de l’interdiction
Par le Psdt. de la Rép., pour des causes graves. Le plus souvent en lien avec l’intérêt
des enfants (en matière de successions) : Art. 164 CCIV
b) Cas particulier de la famille adoptive
[1] L’adoption plénière (celle qui consomme une rupture
totale ac. la famille d’origine)
On applique les règles ci-dessus, de telle sorte que si l’enfant était légitime (avt. la
réforme de la filiation).
[2] L’adoption simple (celle qui maintien des liens avec la
famille d’origine)
2.1. L’interdiction absolue
2.2. L’interdiction relative

C] Le consentement au mariage
Il relève de la seule volonté des époux, lorsqu’ils sont majeurs. Alors qu’il faut le
consentement des parents à moins de 18 ans.
1) La volonté des époux
a) La réalité du consentement
[1] Les personnes faisant l’objet d’une mesure
de protection
1.1. Personne sous sauvegarde de justice
Elle peut se marier librement, en revanche le divorce est soumis à des conditions
particulières.
1.2. Personne sous curatelle
Elle ne peut se marier qu’avec le consentement de son curateur pu du juge des tutelles.
1.3. Personne sous tutelle
Le mariage n’est possible qu’à deux conditions :
• L’avis du médecin traitant ;
• Le consentement du père et de la mère.
[2] L’incidence d’une affection mentale
b) L’intégrité du consentement
Trois hypothèses de doutes de l’intégrité du consentement au mariage.
[1] L’erreur
1.1. Situation antérieure à la loi du
11/07/1975
Elle était basée sur le fondement de l’ancien art. 180 CCIV, Cad qu’une demande de
nullité du mariage n’était admise qu’en cas « d’erreur dans la personne ». (cf. Arrêt
« Berthon » du 24/04/1862 Ch. réunies)
1.2. Situation postérieure à la loi du
11/07/1975
Avec la notion de « qualités essentielles » (Art. 180 al. 2 CCIV), on voit intervenir
une dimension subjective. Il s’agit en quelque de qualités auxquelles on attache une
importance telle que, si l’on avait eu connaissance de leur absence chez le conjoint, on
ne se serait pas marier.
[2] Le dol
Le dol est une manœuvre qui provoque une erreur. Dans le cas du mariage il faut
l’envisager comme des simulations, des mensonges qui auraient permis d’aboutir au
mariage en conditionnant sciemment (en pleine connaissance de cause) l’erreur du
conjoint.
[3] La violence
La violence s’entend d’une contrainte sous laquelle l’un des conjoints a été obligé
de se marier.
Elle est plus souvent morale que physique. La difficulté dans le cadre d’une contrainte
purement morale, vient de la preuve à rapporter de l’existence de cette obligation dans
laquelle l’intéressé(e) a été placé(e).

c) La simulation
La simulation s’entend de l’absence totale de consentement au mariage lui-même,
lorsque le but des époux n’est pas en réalité la volonté de fonder une famille. On peut
citer l’exemple des mariages dits « blancs ».
La jurisprudence est donc régulièrement amenée à annuler des mariages dans le but
d’obtenir la nationalité française ou un avantage particulier.
2) Le consentement familial
Les mineurs doivent obtenir le consentement des parents au mariage.
a) Les personnes devant consentir
• Art. 148 CCIV, consentement des pères et mères, s’il y a dissentiment entre les
deux, ce partage emporte consentement ;
• Art. 149 CCIV, si l’un des deux est mort, le consentement de l’autre suffit ;
• Art. 150 al. 1 CCIV, si les père et mère sont décédés, ce sont les aïeuls les
remplacent ;
• Art. 160 CCIV, si absence des conditions précédentes, les mineurs doivent
avoir le consentement du conseil de famille.

b) L’expression du consentement
Le consentement des personnes pressenties est un simple acte de volonté, mais
dont le caractère est discrétionnaire, Cvd qu’il ne peut faire l’objet d’aucun recours.

§2 – Les conditions de forme

A] Les obligations administratives


Elles sont antérieures au mariage et sont destinées à permettre la vérification que
les conditions de fond du mariage sont réunies.
1) La production de pièces
Essentiellement l’acte de naissance, datant de moins de trois mois, ac. mentions
obligatoires concernant les parents et les précédents mariages (et divorces) des
intéressés.
La loi du 14/11/2006 relative au contrôle de la validité des mariages exige que les
futurs époux justifient leur identité.
2) La publication

B] La solennité du mariage
La célébration du mariage a perdu quelque peu de son caractère solennel.
Le fait qu’il est un caractère solennel réagit néanmoins sur le mode de preuve du
mariage. Il se prouve en effet au moyen des actes de l’état civil (Arts. 194 & s. CCIV)
1) Les règles générales
a) Le moment de célébration
Déterminé par les intéressés et quelques autres considérations administratives.
b) Le lieu de célébration
Commune de l’un ou l’autre des conjoints.
c) Le déroulement de la célébration
Célébré par le maire ou un adjoint (en qualité d’officier d’état civil) ;
Les conjoints doivent être présents (art. 146-1 CCIV) ;
La présence de 2 témoins au minimum, 4 au maximum ;
L’officier d’état civil est tenu de donner lecture des arts. du CCIV relatifs aux droits et
devoirs des époux (arts. 75, 212, 213, 214 al. 1 et 215 al. 1).

2) Les cas particuliers


a) Les mariages contractés par des français à l’étranger
[1] Les conditions du mariage
Un mariage à l’étranger peut être célébré selon la tradition locale sous réserve que les
conditions de fonds déterminées par la loi française soient réunies et qu’une
publication soit effectuée en France si l’un des conjoints à un domicile en France.
1.1. Conditions préalables au mariage
Prévues par l’art. 63 CCIV.

1.2. Transcription de l’acte de mariage sur


les registres de l’état-civil français
Elle est obligatoire pour que l’acte de mariage d’un Français célébré par une
autorité étrangère soit opposable (dont la valeur comme élément de l’ordre juridique
ne peut être méconnue par les tiers, lesquels, n’étant pas directement obligés par ce
qui leur est opposable, n’en sont pas moins tenus d’en reconnaître et d’en respecter
l’existence et même d’en subir les effets.) aux tiers en France.
[2] Les dispositifs de contrôle
La donne notamment le pouvoir à l’administration de rejeter les actes étrangers
qui se révéleraient irréguliers ou frauduleux.
b) Les mariages posthumes
Il a pu en être célébré en vertu de l’art. 171 CCIV.
II – Les sanctions des règles de formation du mariage
La sanction logique des règles de formation du mariage est la nullité. Néanmoins…
§1 – La prévention des causes de nullité
On a prévu l’exercice d’un droit d’opposition.
A] Les conditions d’intervention de l’opposition
1) Les personnes visées
a) L’opposition discrétionnaire
Les parents et les ascendants ont le pouvoir discrétionnaire de s’opposer au
mariage, Cad pour tout motif qui pourrait entraîner une nullité.
b) L’opposition pour des motifs particuliers
• Le conjoint d’un premier mariage : pour éviter la
bigamie ;
• Le tuteur peut faire opposition (défaut du
consentement du conseil de famille et affection
mentale) ;
• Certains collatéraux peuvent demander l’affection
mentale ;
• Le ministère public (toutes les raisons qui
toucheraient l’ordre public).
2) La forme d’opposition
Elle s’effectue par acte d’huissier, selon les dispositions des arts. 66 & 176 CCIV.
B] Les effets de l’opposition
L’opposition a pour effet d’empêcher la célébration du mariage, à condition qu’un
jugement aille dans ce sens.
§2 – L’exercice des nullités

A] Les conditions de l’action en nullité


1) Les cas d’intervention de la nullité
a) Les cas de nullité absolue
[1] L’union de personnes du même sexe
[2] Le défaut de célébration du mariage
[3] L’union de personnes impubères
[4] La bigamie
[5] L’inceste
[6] L’absence totale de consentement
Dans les [1], [2] et [6] cas, on a pu voir la doctrine proposé la théorie de
l’inexistence.
b) Les cas de nullité relative
Elle intervient notamment en cas de vice du consentement ou en l’absence de
consentement des parents lorsque celui-ci est requis.

2) Les modalités d’action


a) L’action en nullité absolue
[1] Les personnes habilités à agir
• Les époux ;
• Un conjoint antérieur du fait de la bigamie ;
• Le conseil de famille, dont l’autorisation était
requise, etc. (Ministère public, certains
collatéraux…)
[2] Les règles régissant l’action
Par principe l’action peut être exercé à tout moment, elle est imprescriptible.
b) L’action en nullité relative
[1] Les personnes habilités à agir
Seules les personnes protégés peuvent agir :
• En cas de vice de consentement, l’époux dont
le consentement a été vicié ;
• En cas de défaut de consentement des
parents, aux parents qui devaient consentir au
mariage et au conjoint qui avait besoin du
consentement parental.
[2] Les règles régissant l’action
2.1. L’exercice de l’action
• S’il s’agit d’une action pour vice de
consentement, le délai de prescription est de
cinq ans à compter du jour de la découverte du
vice ;
• S’il s’agit d’une action pour défaut de
consentement des parents, le délai de
prescription est celui de l’art. 183
2.2. La confirmation du mariage
• S’il s’agit d’une nullité pour vice de
consentement, l’action en nullité devient
impossible dès lors qu’il y aura eu cohabitation
continue de plus de six mois à compter du jour
où le vice a cessé ;
• S’il s’agit d’une nullité pour défaut de
consentement des parents, celui dont le
consentement était requis peut confirmer le
mariage en renonçant expressément à exercer
une action ou en s’abstenant d’agir et
considérant les époux comme mariés.

B] Les conséquences de la nullité


Lorsque le mariage est annulé, l’acte normalement est considéré comme n’ayant
jamais existé. Ce qui pouvait entraîner de désastreux effets. On a donc imaginé pour
éviter cela la théorie de mariage putatif.
1) La notion de mariage putatif
Il est le mariage dont on croyait qu’il était valable de bonne foi.
a) L’apparition jurisprudentielle de la notion
• Ce mariage, même déclaré nul, pouvait
continuer à produire des effets à l’égard de
l’époux de bonne foi ;
• Les enfants pouvaient également invoquer à
leur profit le mariage putatif.
b) L’intervention de la loi du 03/01/1972
Elle prévoit que le mariage nul produit ses effets à l’égard des enfants, même si
aucun des parents n’est de bonne foi.
2) La mise en œuvre de la putativité
a) Les conditions de la demande
L’époux qui demande à bénéficier de la putativité doit être de bonne foi. Toutefois
la jurisprudence s’est parfois montrée assez accueillante. Les enfants bénéficient en
toutes hypothèses des effets du mariage. Normalement, le bénéfice de la putativité
s’acquiert au moment où à la nullité est prononcée.
b) Les effets de la putativité
[1] Des effets patrimoniaux directs
• S’agissant des époux, c’est la liquidation sur
fondement d’un régime matrimonial ;
• S’agissant des enfants, c’est essentiellement leur
intérêt successoral qui est ménagé.
[2] Des rapprochements avec le divorce
2.1. En matière d’autorité parentale
L’art. 202 CCIV prévoit que la nullité du mariage produit à cet égard les mêmes
effets que le divorce.
2.2. La prestation compensatoire
Un arrêt important du 23/10/1990 de la C. cass. est intervenu pour admettre le
versement d’une prestation compensatoire.

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