N UM ERO 46

JOURNAL D’INFORMATION DU SYNDICAT SUD ÉDUCATION VENDÉE

SUD VERSION
M ARS - AVR IL 2010
85
Solidaire Unitaire et démocratiqu e

Appel à la mobilisation :
Pas de recette miracle !
"Seule une crise, réelle ou imaginaire,
peut engendrer un changement profond"
Milton Friedman
Sans adhérer entièrement à la théorie de
N. Klein développée dans son livre La stra-
tégie du choc, cette doctri-
ne, énoncée par un prix nobel
d'économie, peut nous per-
mettre de comprendre le
contexte actuel appelé régu-
lièrement « la crise ». Com-
ment faire pour accélérer les
régressions sociales et qu'el-
les soient acceptées plus fa-
cilement ? En ayant recourt à
la nécessité du changement,
avec une pincée de médias
aux ordres du PPA* et un
zeste de crise économique ou
écologique mondiale.
Avec l'ambition de défaire
méthodiquement le programme du « Conseil
National de la Résistance », les gouverne-
Sommaire
Edito 1 - 2
Suite Edito — Base élèves 2 qui reste une des meilleures réponses pour cons-
Déclaration CTPD 3 truire le rapport de force nécessaire face aux en-
Evaluation, les ânes du savoir 4 jeux actuels : informer, diffuser, expliquer, trac-
Réforme du lycée et EPLE, Résis-
5
tons !
Evaluation des élèves et contrôle
du personnel 6-7
Précarité : CUI
Bulletin d’adhésion 8
ments successifs n'ont fait que le premier pas
vers un individualisme sauvage qui se fait passer
pour un "libéralisme progressiste", où leurs inté-
rêts particuliers passent avant l'intérêt général.
La Gwève généwale kont la pwofitasyon !
Pas un seul jour sans qu'une action
mérite d'être menée concernant
l'Education Nationale :
- fichage des enfants à travers Ba-
se Élèves
- mise en place de la
« Hamstérisation » et son lot de
cobayes
- casse programmée du statut de
fonctionnaire,
- réformes des programmes, des
Lycées, de l'Université, de la for-
mation des maîtres, etc….
Et aussi plus largement :
- soutien avec les travailleurs sans-
papiers en grève depuis le mois
d’octobre 2009.
- destruction du système de santé, des retraites,
etc.
Mais quelle cohérence, quelle stratégie, quelle
convergence, quelle réponse syndicale ?
Le militantisme au quotidien, encore et toujours,
ter. Pour cela, il faut faciliter la mise en place de
temps collectifs (AG, Heure syndicale, formations,
discussions), ainsi que des espace d'échanges pour
convaincre de la nécessité de la mobilisation du
maximum de collègues, de parents, de citoyens.
Et puis la Politique, sans aucun doute, dans ce qui
a trait au collectif, peut également permettre
S U D V ER SI O N 85
d'initier les luttes. Plus précisément, en se posant la
question, au sein de ces temps collectifs, de savoir
comment en 2010, se structure et fonctionne (de fa-
çon théorique et pratique) une équipe éducative au
sein d'un établissement ou d'une école.
Quels rapports existent-ils entre nous, avec la hié-
rarchie, avec les élèves ? Est-ce que cela nous
convient ? Comment trouver des pistes pour améliorer
les conditions de travail ? Ainsi, prendre le temps de
mettre en évidence comment les réformes libérales
affectent concrètement notre quotidien auprès des
élèves devient une nécessité. Partir du vécu de cha-
cun, écouter les difficultés rencontrées et proposer
collectivement des alternatives au sein de chaque
équipe semble désormais être une urgence. Ne pas
reste isoler et au contrai-
re s'entre-aider, coopé-
rer c'est faire preuve de
résistance aux attaques
libérales. Enfin, en appli-
quant graduellement, cha-
cun, dans sa classe, son
établissement, son école,
sans attendre que tous le
fassent, les idées qui per-
mettront de faire un pre-
mier pas vers le vrai chan-
gement, incitera les au-
tres à suivre.
Après, il sera toujours
temps de discuter des objectifs ou du but de ces lut-
tes. L'heure est à l'unité et à la convergence des
moyens de luttes... même si certains se disent :
« surtout ne pas perdre ou pas trop », il y en aura tou-
jours, plus ambitieux, qui voudront une école sans dis-
crimination, émancipatrice, à visée éducative et ci-
toyenne, non soumise aux intérêts du patronat, et
pour l’égalité des droits des personnes dans l’accès à
l’éducation et à la culture, avec ou sans papiers.
INVERSONS LE RAPPORT DE FORCE
REPRENONS LE CONTROLE
*PPA : le Parti de la Presse et de l’Argent.
P AGE 2
Fichier Base élèves : le collectif vendéen
appelle à préparer le dépôt de plainte
collectif du 19 mai 2010
Après l’arrestation d’un père de famille sans-
papier deux jours après l’inscription de ses en-
fants à l’école de Rennes-Vezins, les membres du
collectif sont plus que jamais convaincus du dan-
ger de ce fichier.
En effet, les ministère de l’intérieur et de l’immi-
gration ont droit d’accès à tous les fichiers…
Le collectif a également écrit à l’inspecteur d’Aca-
démie de Vendée pour demander l’annulation des
sanctions et menaces de sanctions à l’encontre
des directeurs d’école qui refusent
d’inscrire leurs élèves dans le fichier
« base élèves ». A cette occasion,
nous rappelons que le rapport des
nations unis sur la situation des dé-
fenseurs des droits de l’homme dans
le monde confère à ces directeurs
d’école menacés le statut « de dé-
fenseurs des droits de l’homme » et
demande l’annulation des sanctions à
leur encontre.
La multiplication des fichiers dans
tous les domaines (police, scolaire,
commerciaux…) suscite de nombreu-
ses interrogations.
Aussi, le collectif organise une soirée d’informa-
tion débat sur ce thème le mardi 27 avril 2010 à
20 h 30 à la salle 3 de la bourse du travail
avec Jean-Claude Vitran, militant de la Ligue des
Droits de l'Homme et animateur du groupe de
travail "Libertés et TIC". A cette occasion il
abordera les thèmes suivants :le contrôle social
et la société de surveillance dont le fichage
( policier, administratif et marchand). Enfin, le
collectif souhaite mobiliser les parents d’élèves
pour un nouveau dépôt de plainte collectif le
mercredi 19 mai. La démarche est simple et
elle s’effectue en relation avec un cabinet d’a-
vocat. Pour cela, il vous faut contacter le col-
lectif à l’adresse suivante :
crbe85@laposte.net
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Déclaration au CTPD du 29 mars 2010
La rentrée 2010 dans les collèges de Vendée se
prépare encore une fois dans lafièvre d'une «
RGPPite aigüe » et éhontée de nos autorités.
En effet la hausse démographique des collèges
publics est bien là mais malgré cette réalité in-
contestable les créations de postes, indispensables,
sont de nouveau repoussées aux calendes grecques.
Le satisfecit des autorités académiques sur le
statu quo obtenu l’an passé cachait déjà bien mal
la pénurie. Or aujourd'hui le manque d’anticipation
des années précédentes aggrave dangereusement
les conditions de travail des personnels, bien sûr,
mais aussi celle des élèves.
Devant l'insuffisance des heures postes dans les
dotations, on remarque ici ou là...Non! Pardon! Rec-
tification...ici ET là et ENCORE ailleurs: la hausse
des effectifs par classe, l’augmentation des heures
supplémentaires, la multiplication des postes parta-
gés et des
couplages collège/lycée voire LP, au mépris des
statuts...la liste des bombes à retardement n'est
pas close.
De fait de plus en plus d'enseignants deviennent
des profs « navettes » pour ne pas dire « klennex
», tant sont nombreux les précaires exploités et
«jetés» sans considération.
A chaque CTPD même constat, même dénon-
ciation et même réponse cynique: cela pourrait
être pire…C'est d'ailleurs déjà le cas en l'état, vu
qu’en septembre ce qui a été établi à la CTPD de
mars a été modifié et que de nouvelles dégrada-
tions apparaissent; non communiquées aux représen-
tants syndicaux, bien sûr.
Alors pourquoi ne pas prévoir, au nom de la trans-
parence et du paritarisme, une CTPD fin juin; voir
début juillet?
Transparence, paritarisme. SUD Education
doute chaque jour davantage que nos autorités
connaissent le sens de ces mots quand on voit les
dérives dans les instances consultatives et les man-
quements aux règles en vigueur.
Pourquoi le non-respect des délais de communi-
cation des documents de travail par l’inspection
académique, pour des motifs spécieux liés à des
considérations électorales, n’a t-il pas cours dans le
département voisin (44) où les instances se sont
tenues dans le respect de ceux qui y siègent?
Ce déni de démocratie se retrouve à tous les
P AGE 3
niveaux et en particulier dans les conseils d’adminis-
tration des collèges où parfois la commission perma-
nente n’est pas réunie dans des conditions légales
avant le CA.
Ailleurs ce sont les documents qui ne sont
pas remis dans les temps aux élus enseignants,
parents et élèves, voire qui sont remis en cours de
séance.
On note même des documents proposés en CA où il
est présenté des BMP qui n’existent pas ensuite
dans les documents officiels du CTPD.
On le voit les mauvaises pratique se généralisent,
mais dans quel but?
Le décret qui prévoit la consultation par deux fois
de la commission permanente et du CA en cas de
refus de la répartition de la DGH, sans modification
nécessaire, laisse peu de doute. Les modalités de
l'incantatoire «autonomie des établissements» fi-
nissent de nous convaincre.
Il faut faire croire de manière démagogique à un
dialogue entre les différents acteurs des établisse-
ments mais l’hypocrisie domine sans aucun état d’â-
me.
Ce sont toutes les instances paritaires et repré-
sentatives qui sont progressivement vidées de leur
substance. Pourtant SUD Education n’est pas las de
croire qu’une autre éducation est possible, une édu-
cation qui a des valeurs et des ambitions mais qui a
un coût:
 parce qu'elle est administrée et organisée de
manière juste et transparente
 parce qu'elle dispose des personnels nécessai-
res
 parce qu'elle forme et respecte ces mêmes
personnels
 parce qu’elle accueille tous les élèves dans de
bonnes conditions pédagogiques et matérielles
 parce qu’elle propose la même offre d’ensei-
gnement à tous les enfants de la République
qu'ils vivent à Chantonnay ou dans l'ouest pari-
sien.
On le constate aisément, le bilan négatif s’alour-
dit pour le secondaire vendéen, cet héritage tout
indigent soit-il sera aussi le vôtre M l’Inspecteur
d’Académie.
SUD Education Vendée
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EVALUATION, LES ÂNES DU SAVOIR
Nous autres sommes l’exception et le danger,
pourvu qu’elle ne veuille jamais devenir la rè-
gle ».
L’idée « géniale » de Bentham au 19ème était de
vouloir tout contrôler tout voir afin que rien n’é-
chappe à la vigilance, à la transparence. Il par-
lait des prisons et avait mis au point un disposi-
tif architectural permettant de TOUT VOIR.
Mais que se passe-t-il, actuellement avec cette
haine du singulier, de la personne, de l’enfant-
élève et de cette demande d’homogénéisation,
cette massive introduction de l’évaluation ?
C’est la production de tonnes de résultats, de
tonnes de rapports, de tonnes de papiers que
personne ne lira jamais, et c’est fait pour cela.
Noyer les personnels sous des demandes
contradictoires afin de démontrer que le servi-
ce public se porte mal.
Cette agression massive du libéralisme, c’est
un virus qui ressemble à ces attaques sur inter-
net. On n’arrête pas de les repousser. C’est cet
exhibitionnisme à la facedebouc -que vous sou-
haiteriez désirable- mais qui n’est que commer-
ce intrusif. Ces producteurs d’évaluationite ai-
guë sont des quantophrènes (pathologie qui
consiste à vouloir traduire systématiquement
les phénomènes sociaux et humains en langage
mathématique).
Pour les personnels, imposer ce type d’évalua-
tion, c’est introduire le suicide. (Si, si, vous ver-
rez). Pourquoi ?
 Parce que l’évaluation se fait contre
l’homme contre ses productions, il
transforme les hommes en hyènes, car
les hommes sont ravalés au rang du
chiffre de leurs performances.
 Parce que le but de l’évaluation n’est
autre que la réduction des effectifs.
 Parce que l’évaluation déstructure les
équipes. On demande aux enseignants
de ne plus se réunir mais de répondre
aux demandes des parents par courriel
24h/24. De ce fait on squeeze les
P AGE 4
corps intermédiaires qui font lien so-
cial. C’est la dictature du Oui, du positi-
vement correct, de la « laïcité positi-
ve », chère à ceux qui n’ont connu que
l’école catholique.
L’expert commence par vous dire que vous n’a-
vez rien compris, et effectivement, comme l’éva-
luateur et l’évalué ne parlent pas la même langue,
ils ne peuvent se comprendre. Les personnes qui
pensaient bien faire leur travail sont déstabili-
sées, ravalées si elles n’y prennent garde à des
déchets, des mauvais objets, du jetable.
Nous avons accompagné dernièrement une en-
seignante du département qui expliquait à l’ins-
pecteur qu’elle ne voulait pas rajouter du temps
d’école à des petites et moyennes sections, en
faisant l’aide personnalisée auprès des enfants,
qui n’en pouvaient déjà plus après 6 heures de
classe (Elle ne refusait pas l’aide personnalisée,
d’ailleurs inscrite dans son emploi du temps). Il
lui a été répondu qu’elle ne respectait pas la loi,
le chiffre magique de x heures d’aide auprès des
enfants (qui n’est pas dans la loi, rappelons-le).
Cela remplaçait toute pensée, tout bon sens.
L’enfant de petite section évalué, devait subir
son quota de redressage lié à une politique de
rendement. : Aberrant !
Ce qui est tout de même rassurant, c’est que
l’évaluation nous fait jouer à qui perd gagne ; on
triche !
On triche face à cette caste de managers, qui
n’a de savoir, que de ce qu’ils ont mis en place :
L’incompétent refuse le savoir, mais en exige
toujours plus de l’autre qui se soumet.
On triche, on planque, on tripatouille, on dupe,
on truque face aux médiocres, aux mauvais
joueurs. Ces mauvais joueurs produisent des
classements qui désignent « les meilleurs » et
stigmatisent « les non nommés ». Ils ne nous
font pas confiance apriori. Nous le leur ren-
voyons. Ils ont choisi d’être les serviteurs du
pouvoir pour en obtenir quelques miettes, mais
bientôt ce sera leur tour d’être évalués, objecti-
vés.…renvoyés. M. T. (avec l’aide de LNA10)
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P AGE 5
Syndicat
SUD Education Vendée

Ensemble résistons aux contre-réformes de l'éducation!

SUD éducation s’est prononcé dès le début de l'année scolaire contre les réformes Chatel (réforme du ly-
cée, décret EPLE sur le conseil pédagogique, et contre la mastérisation déjà l'année dernière). Nous avons
appuyé les mobilisations contre les réformes et les suppressions de postes qui en découlent pour construire
un mouvement national qui a émergé avec l'appel national à la grève du 12 mars.
Malheureusement aucune autre organisation ne s'est située dans cette perspective après cette date, ce qui
pouvait permettre de construire un mouvement de grande ampleur pour obtenir un recul décisif du ministè-
re.
Pour autant, la lutte passe aussi par le blocage des réformes dans nos établissements. Les rectorats prépa-
rent activement la mise en place de ces contre- reformes. Dans les lycées de nombreuses réunions officiel-
les se sont déjà tenues et avec l’arrivée des dotations horaires dans les établissements des choix concrets
vont devoir être faits pour mettre en place la réforme Chatel. Dans le même temps, c'est l'ensemble du se-
cond degré qui est concerné par la mise en place des conseils pédagogiques, tandis que la masterisation va
toucher le premier et le second degré.

Dans les Lycées : Dans les collèges et les lycées :

Déjouons le piége de la division entre collègues Exigeons la tenue des C.A pour avoir connaissance
pour l’attribution du tiers des heures « globalisées». de la DHG et surtout du TRMD* dès à présent et
Faisons des choix collectifs en AG des personnels non en mai/ juin comme le conseille le Ministère !
sur lesquels les élus en CA seront mandatés. Les élus peuvent exiger la tenue d'un CA extraordi-
Proposons un contre projet de répartition horaire naire en cas de refus des chefs d'établissement !
qui reconduise les dédoublements actuels de la clas- * TRMD : tableau de répartition des moyens par discipline, traduction de la DHG en
terme de postes, permettant d'identifier les postes supprimés, mis au mouvement ou pas,
se de seconde et refusons ainsi la mise en concurren- bloqués pour des stagiaires, la quantité d'heures supplémentaires par matières, etc.
ce des disciplines pour les « enseignements à effec- Refusons en AG du personnel la participation
tifs réduits ».
au Conseil pédagogique instance de caporalisation
non élue, chargée d’appliquer une reforme dont la
Exigeons avec les parents et les lycéens l’extension majorité des collègues ne veut pas.
des soutiens disciplinaires et méthodologiques en Refusons collectivement les heures supplémentai-
petits groupes et refusons la mise en place de l’Ac- res face aux départs à la retraite non remplacés et
compagnement Personnalisé car il est déconnecté aux mesures de carte scolaire qui frappent nos collè-
des enseignements et ne répond pas au besoin d’aide gues. Faisons- le savoir au rectorat.
et de soutien des élèves. Montrons que L’A.P se fait
au détriment des dédoublements actuels désormais Refusons collectivement l’encadrement des stagiai-
supprimés. res, scandaleusement nommés à temps complet dès
la 1ère année, ainsi que des étudiants en M2 qui doi-
vent au deuxième trimestre prendre
Refusons collectivement la charge de P.P. en en responsabilité les classes du tuteur!
seconde dans le cas où le contre-projet est refusé et Exigeons que les postes vacants soient proposés au
faisons -le savoir au proviseur , au rectorat et aux mouvement et non bloqués pour des personnels non
parents d'élèves. formés : formulons des vœux à faire voter au CA
allant dans ce sens.

Dans nos AG d'établissement, de ville, organisons le refus des réformes (boycott, grève, ras-
semblements au Rectorat pour exiger des moyens et refuser les postes réservés aux stages...).
Les réformes ne passeront pas par nos établissements!
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Evaluation des élèves et contrôle des personnels
Tout un programme pour le stage de formation syndicale
organisé à Nantes par Emancipation tendance intersyn-
dicale et le Collectif Anti-hiérarchie les 11 et 12 mars
derniers !
Une bonne participation et une diversité intéressante
90 enseignants des 1er et 2d degrés, originaires de
Marseille, Paris, Lyon, Strasbourg, du Lot, d’Ariège, de
Bretagne, des Pays de Loire… ont donc eu deux jours
pour échanger sur ces thèmes très actuels et com-
plexes. Bon nombre d’entre eux sont syndiqués (Cnt, Fsu,
Sud…) et/ou militants à Résistance pédagogique, Emanci-
pation, à l’ICEM Pédagogie Freinet, à l’OCCE, ou au Col-
lectif anti-hiérarchie, ce qui a permis au débat d’exister
et d’élargir les points de vue.
Le mythe de l’évaluation objective… au service d’une
politique libérale
Yves Matheron, chercheur à l’INRP et membre d’Emanci-
pation, est intervenu sur les dimensions historiques, pé-
dagogiques et politiques des évaluations. Il a notamment
rappelé l’inévitable subjectivité de toute évaluation, mê-
me (ou peut-être surtout) lorsque sa traduction est une
note : même avec des critères communs précis, on sait
que deux correcteurs ne donneront pas la même note à
une même copie…
D’où les dangers qu’induit l’évaluation chiffrée et stan-
dardisée que l’on impose à tous pour générer les
« bonnes pratiques » et rendre le système « efficace et
« rentable » par mise en concurrence à tous les niveaux
(entre élèves, entre enseignants, entre écoles). Ceci re-
joint les 4 objectifs de Bologne adoptés en 2003 pour
l’enseignement supérieur en Europe : le système scolaire
doit permettre l’employabilité, la flexibilité, la mobilité
et l’adaptabilité du « capital humain ».
L’exemple des Etats-Unis a été donné pour illustrer les
dérives de telles politiques : on ferme les écoles qui
n’ont pas de résultats satisfaisants aux tests et les en-
seignants font « bachoter » leurs élèves en délaissant
« l’à côté », ce qui débouche sur l’affaiblissement des
connaissances et de la culture générale des enfants, ain-
si que sur l’exclusion des plus faibles.
Ambiguïté du terme « compétence »
Une intervention très intéressante d’Hélène Bertrand
sur l’utilisation galvaudée des notions de
« compétence » (cf Nico Hirt). Le terme de compétence
P AGE 6
s’est développé dans les années 90. L’OCDE et la
Banque mondiale l’ont souhaité, les réels objectifs
des Etats n’étant pas une remédiation pédagogique
mais une réponse aux besoins économiques. La né-
cessité de flexibilité, la définition de capacités
d’actions à atteindre, l’individualisation des forma-
tions, entraînent mine de rien un retour insidieux au
livret de l’ouvrier du XIXème siècle, au contrat in-
dividuel patron ouvrier. Le danger : moins, voire
plus, de conventions collectives, une dérèglementa-
tion totale, chaque personne étant responsable de
son « employabilité ». Des programmes volontaire-
ment flous donnant l’impression que le savoir de-
vient accessoire, qu’il devient un moyen d’attein-
dre la « compétence ». Le livret de compétences
redéfinit en fait les apprentissages : l’objectif est
de remplacer à 100 % les évaluations classiques…
Pédagogie et évaluation
Un groupe de travail a réfléchi à ce que peut, ce
que pourrait être une évaluation qui permette de
progresser, de permettre l’estime de soi, de consi-
dérer l’erreur autrement, une évaluation qui exclut
les notes et les classements, l’humiliation, la mise
en concurrence…Nous avons échangé lors de cet
atelier sur les outils élaborés dans les classes Frei-
net et/ ou classes coopératives : les livrets de pro-
grès en maternelle, le plan de travail, les brevets,
les arbres de connaissance, les « chefs d’œuvre »…
sont autant de moyens de développer une pédagogie
tout simplement plus humaine.
Il est clair que ce que l’on nous impose est l’exact
contraire de ce que peut et doit être une évaluation
qui formerait des êtres humains créatifs, coopéra-
teurs, libres. L’institution utilise ainsi sciemment
certains termes et concepts de la pédagogie nouvel-
le et les détourne honteusement.
Un contrôle croissant des personnels
Dans l’atelier consacré à ce sujet, une collègue a
évoqué le besoin de reconnaissance qui constitue
un point d’appui idéal pour le contrôle infantilisant
et croissant que notre hiérarchie nous impose pour
parvenir à ses fins. Plusieurs rappellent que les cas
de brimades et de harcèlement ne manquent pas de
la part des inspecteurs qui relaient la pression qu’ils
subissent eux-mêmes de la part de leur hiérarchie
directe.
S U D V ER SI O N 85
On remarque combien la logique de management se dé-
veloppe, induisant toujours plus de stress et l’exacerba-
tion de l’individualisme au détriment de la solidarité
collective. Comment expliquer autrement le fleurisse-
ment des primes dans l’Education Nationale comme dans
la plupart des services publics sur le modèle exemplaire
du secteur privé ? Pourtant ce modèle montre de plus en
plus ces failles et loin d’amener à une amélioration de
l’enseignement, il semble plutôt qu’on aille vers un appau-
vrissement pédagogique et un démantèlement du service
public d’éducation de qualité accessible à tous les ci-
toyens.
Besoin de reconnaissance ? … Une des participantes pro-
pose de la chercher ailleurs qu’au moment de l’inspection.
Par exemple, en participant à des temps d’échanges de
pratiques et de réflexion pédagogique comme ceux que
proposent des associations et mouvements pédagogiques
comme l’ICEM ou l’OCCE. Ou en reprenant le temps au
sein de chaque école, en équipe…
Cet aspect semble d’autant plus important à l’heure de
l’inspection d’équipe qui peut être une arme de destruc-
tion ou… de cohésion ! Quelqu’un rappelle aussi qu’avec le
projet des EPEP, on va vers la mise en place de hiérar-
chies intermédiaires présentes au quotidien au sein
des écoles pour assurer ce contrôle. Et un collègue évo-
que le changement de mission des conseillers pédagogi-
ques et des professeurs chargés de mission auprès des
inspecteurs, stipulé dans la circulaire n° 2009-064 du 19
-05-09 : « Ces personnels sont en mesure de fournir des
éléments d’appréciation documentés sur l’activité des
personnels enseignants. ».
D’où la question finale « que faire ? » à laquelle les pro-
positions de réponses sont diverses :
 informer les enseignants de leurs droits et
des limites de leurs devoirs (notamment ad-
ministratifs) afin de limiter les abus de la part
de certains inspecteurs
 refuser l’entrée dans l’école à l’administra-
tion et l’ouvrir davantage aux parents, en le
faisant savoir
 faire vivre les réseaux de communication en-
tre militants et les relier pour créer un rap-
port de force favorable et éviter que certains
se sentent isolés
 inverser le contrôle en diffusant largement
chaque attaque contre un collègue et en ré-
agissant collectivement à chacune pour stop-
per les excès de zèle de certains inspecteurs
ou chefs d’établissement.
P AGE 7
Les CAE sont CUI...
Depuis janvier 2010, le CUI (contrat unique d’in-
sertion) de droit privé remplace les CAE et les
CAV dans le secteur non marchand. Une circulaire,
envoyée aux recteurs et aux IA par le ministère,
indique clairement : « la possibilité de moduler le
temps de travail sur tout ou partie de la période
couverte par le contrat, sans être supérieure à la
durée légale, a été introduite dans le code du tra-
vail (article L5134-25) ». Ce contrat permettra-t-il
légalement de faire rattraper une partie des vacan-
ces scolaires aux futurs CUI ? En effet, les éta-
blissements, sur les conseils des IA et du ministè-
re, cherchent à faire rattraper aux personnels de
droit privé (CAE-CAV-CUI) une partie des vacances
scolaires sur leur temps hebdomadaire de travail,
ce qui conduit à réaliser un horaire complémentaire
(environ 4 heures) par semaine par rapport au
contrat initial. (Le CUI comme les autres contrats
CCD-CDI a droit à 2,5 jours de congés par mois).
Si on se réfère au code du travail, cette pratique
est complètement illégale. Ce dernier dit que lors-
que l'établissement dont dépend le salarié est fer-
mé, celui-ci au terme de ses jours légaux de congés
payés bénéficie d'une indemnité au moins égale à
son indemnité de congé payé. En conclusion, un CUI
comme tout autre contrat n’a pas à rattraper des
heures qu’il ne peut pas faire parce que l’établisse-
ment est fermé. La circulaire ne change rien et, si
la modulation du temps de travail est inscrite dans
le contrat, celle-ci ne pourra être appliquée qu’en
dehors des périodes de fermeture des établisse-
ments.
Soyons vigilants ! Tout personnel précaire doit
faire l’objet d’une attention particulière de notre
part car il est souvent victime d’abus de sa hiérar-
chie, de nombreux exemples le montrent. D’ailleurs,
des établissements du second degré du bassin yon-
nais ont déjà été condamnés aux prud’hommes.
Pour Sud Education, la lutte contre le déve-
loppement des contrats de travail précaires doit
demeurer une priorité. Utilisons les conseils
d’administration pour refuser ces contrats pro-
posés par l’administration comme étant une solu-
tion de remplacement aux postes non pourvus par
des titulaires : CDI, service d’intendance,
agents…
http://sudeduc5962.lautre.net/spip.php?article965
 P AGE 8
S U D V ER SI O N 85

J OU RNAL D’ I NF O RM ATI O N DU S Y ND IC AT SU D ÉD UC ATI O N VE ND É E

Bulletin d’adhésion
Nom :……………………………Prénom :………………………..

Adresse personnelle :…………………………………………………

SUD Version 85
…………………………………………………………………………. N °46
M ARS - AVR I L 2 010
Téléphone :………………………E-mail :……………………………

Etablissement d’exercice …………………………………………… La bourse du travail

16 bd Louis Blanc 85000 la Roche-sur-Yon
Catégorie (instit, PE, contractuel, CES, agrégé, certifié CPE,
PLP,AE…) : …………….……
Téléphone : 02 51 05 93 72
Fonction ou discipline :…………………………….. 06 75 60 44 07
Montant de la cotisation (voir la grille ci-dessous) :…………. Messagerie : sudeduc.vendee@laposte.net
Permanence téléphonique : Le mardi et le jeudi
Nombre de versements :…………………….
Site internet : www.sudeducation.org
(Possibilité de fractionner votre cotisation en 1 ou plusieurs verse-
ments, il suffit de dater vos chèques à la date du jour et au dos leurs
dates d’encaissement, merci d’envoyer tous les chèques en même
temps ce qui simplifie la tâche du trésorier) La Roche sur Yon CTC

SUD
A ……………………………le …………………………
VERSION 85
Signature :

Chèques à l’ordre de Sud Education Vendée Déposé le 6 avril 2010

Montant des cotisations 2009-2010

Salaire net Cotisations Salaire net Cotisations
mensuel (€) annuelles mensuel (€) annuelles

< à 600€ 6€ + de 2200€ 251€

+ de 600€ 15€ + de 2300€ 272€
+ de 750€ 27€ + de 2400€ 293€
+ de 900€ 45€ + de 2500€ 315€
e
+ de 1000 54€ + de 2600€ 340€
+ de 1100€ 64€ + de 2700€ 364€ Sud éducation Vendée - 16 bd Louis Blanc
+ de 1200€ 75€ + de 2800€ 390€ 85000 La Roche/Yon
+ de 1300€ 88€ + de 2900€ 416€
+ de 1400€ 102€ + de 3000€ 443€
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+ de 2000€ 210€ + de 3600€ 625€ CPPAP : 0211 S 05689
+ de 2100€ 230€ + de 3700€ 658€ ISSN : 1625-6069

Brèves CAPD du 2 avril RESTRUCTURATIONS

Dans le cadre des restructurations liées à la RGPP qui entérine la casse du service public, l'Inspecteur d'Académie nous a annon-
cé que la Vendée deviendrait la plate-forme académique de l'enseignement privé du 1er degré!
Nous avons toujours dénoncé la spécialisation d'Inspecteurs en faveur de l'enseignement catholique, nous en mesurons les résul-
tats. Pour notre part nous pensons à un cadeau sur plateau d'argent à l'enseignement privé que nous dénonçons. Cela nous rappel-
le de bien tristes souvenirs.
Si la Vendée doit devenir plate-forme académique de référence, qu'elle le soit pour l'enseignement public! Cela donnera du bau-
me au cœur à l'enseignement privé, particulièrement ceux syndiqués au SUNDEP, qui réclament l'intégration des écoles privées
au service public.