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Le sujet de Philosophie sujet 1 :

L'art peut-il se passer de règles ?

Le corrigé en Philosophie sujet 1, Bac S :


Notions étudiées : art, technique, liberté, loi.

Auteurs en référence :
- Kant et le génie
- Alain, Système des Beaux-Arts
- Hegel, Esthétique (critique de l’art comme copie)

Plan proposé :
- L’art, c’est la liberté
- Sans règles, pas de création possible
- Nouvelle règle : refuser les règles

Ce sujet invitait à penser le rapport entre art/technique, travail et art/liberté. L’artiste est-il un
technicien ? La liberté de l’artiste s’oppose-t-elle à toute règle, contrainte, norme ? L’art, est-ce
n’importe quoi ? N’importe comment ?

I. L’art, c’est la liberté


L’idée de règles renvoie à l’idée de conventions, de normes et donc de contraintes. Ce qui semble
s’opposer à l’idée de création artistique associée spontanément à l’idée de liberté : l’artiste ferait ce
qui lui plaît. Une œuvre unique, originale, inutile. Donc, on pourrait penser que l’art peut se passer
de règles !
1. Une œuvre d’art est différente de la production artisanale et industrielle : reproductible et
utilitaire où le concept précède le produit et obéit à des contraintes techniques. En art, le concept de
l’œuvre ne préexiste pas à l’œuvre.
2. L ‘artiste est inspiré c’est-à-dire dépossédé de sa création au moment de la possession.
3. « Pas de recettes pour faire un chef d’œuvre ». Paul Valéry.
a. Différence entre artiste scolaire reproduisant ce qu’il a appris ; l’artiste sans génie qui copie
l’artiste n’est alors qu’un brillant artisan.
b. L’application de règles peut entrainer un académisme qui s’oppose à l’art.

II. Sans règles, pas de création possible


Mais, d’un autre côté, si l’artiste n’est pas qu’un artisan, (« désir » différent de « besoin », «
création » différent de « production »), ne doit-il pas être d’abord un artisan ?
1. L’art commence là où la technique s’achève. A la fois au sens où il n’y a plus de règles
préétablies, mais aussi au moment où la technique est tellement maîtrisée qu’elle n’apparaît plus.
C’est l’idée de Nietzsche sur le génie : on crie au génie en art parce qu’on ne voit pas de traces d’un
processus de fabrication. Mais ce processus existe bel et bien et le métier est bien là, tout comme la
connaissance de l’art.
2. L’artiste nie ce qui est, la matière brute pour la modeler : c’est dans la contrainte que la liberté
peut se montrer. Si le marbre se sculptait seul, ou n’obéissait à aucune règle, ce serait impossible de
créer quoi que ce soit.
3. Il y a des règles : le génie donne ses règles à l’art mais :
a. « La règle du beau n’apparaît pas dans l’œuvre et y reste prise en sorte qu’elle ne peut servir
jamais d’aucune manière à faire une autre œuvre. » Système des Beaux-Arts, Alain.
b. Kant. Le génie ne peut expliquer ses règles mais il y a des règles données par cette œuvre. Elle
sera originale à la fois au sens d’unique mais aussi de celle qui va servir d’original, de modèle pour
d’autres artistes. Le génie fait école, le talent crée un style, même si celui si ne suffit pas pour
expliquer et produire des chefs d’œuvres.
Transition : Donc, même si la règle ne se voit pas, le travail disparaît pour donner l’impression de
facilité, de produit de la nature ou même de l’improvisation.

III. Nouvelle règle : refuser les règles


Mais la règle contemporaine ne peut-elle pas être de rompre avec la règle ? N’est-ce pas là encore
une nouvelle règle de l’art ?
1. Au nom de la liberté, l’art moderne, puis contemporain, refuse la définition de l’œuvre d’art du
XVIIIe - XIXe siècle.
2. Dans l’art contemporain, l’œuvre n’est plus l’objet, c’est la démarche qui devient le centre de la
préoccupation de l’artiste.
« Ce n’est pas la fin de l’art, c’est la fin de son régime d’objet. » Yves Michaux
3. L’art oblige à remettre en questions nos propres règles (la réforme du regard de la conception du
monde) : l’art lève le voile (Bergson et Paul Klee).

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