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F a c u l t é d e s S c i e n c e s A p p l i q u é e s
Frédéric Bossens
iii
iv 0. Remerciements
Résumé
v
vi 0. Résumé
Table des matières
Remerciements iii
Résumé v
1 Introduction 1
1.1 Contrôle actif en génie civil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Contrôle actif des treillis spatiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3 Organisation du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.4 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
vii
viii TABLE DES MATIÈRES
4 Ponts haubanés 47
4.1 Maquette de laboratoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.1.1 Tendon actif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.1.2 Lieu des pôles en boucle fermée . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.1.3 Interaction câbles-tablier, résonance paramétrique . . . . . . . 51
4.2 Maquette “ACE” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
4.2.1 Description de la maquette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.2.2 Actionneur hydraulique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4.2.3 Implémentation du contrôle actif . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
4.2.4 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
4.3 Chargement statique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.3.1 Câble actif en présence d’un chargement statique . . . . . . . . 69
4.3.2 Effet d’un filtre passe-haut du premier ordre . . . . . . . . . . 70
4.3.3 Effet d’un filtre passe-haut du second ordre . . . . . . . . . . . 71
4.3.4 Régulation feedforward de la tension des câbles . . . . . . . . . 74
4.4 Contrôle du flottement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
4.4.1 Chargement aérodynamique d’un tablier de pont [18, 20] . . . 78
4.4.2 Aérodynamique instationnaire d’une aile mince [21, 27] . . . . 80
4.4.3 Aérodynamique instationnaire d’un tablier de pont . . . . . . . 83
4.4.4 Contrôle actif du flottement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
4.5 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
5 Treillis spatiaux 95
5.1 Colonne en treillis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.2 Modèle réduit du JPL-MPI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.2.1 Dispositif expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.2.2 Lieu des pôles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.2.3 Saturation des actionneurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.3 Microvibrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.3.1 Instrumentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
5.3.2 Résultats expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
5.4 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
6 Conclusion 111
6.1 Aspects originaux de ce travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
6.2 Perspectives d’applications . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
6.3 Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Introduction
1
2 1. Introduction
Fig. 1.1 – Amortissement actif d’un building (a)Active Mass Damper (b)Hybrid Mass
Damper
Fig. 1.2 – (a) Pylône du “Rainbow Bridge” en construction (b) HMD employé durant
la construction
ont retardé l’implémentation du contrôle actif des ponts haubanés. Par contre, des
systèmes temporaires d’amortissement hybride (HMD) ont déjà été employés pendant
la construction des pylônes (avant qu’ils ne bénéficient de la rigidité des nappes de
haubans), pour réduire leur réponse au vent. La figure 1.2 montre un pylône du “Rain-
bow Bridge”(Tokyo, 1991-92) pendant sa construction (a), et son système HMD (b).
La dissipation est obtenue principalement grâce au mécanisme de pendule amorti, le
contrôle actif permettant d’augmenter l’efficacité, et d’adapter le système à la dyna-
mique du pylône au cours de la construction. A l’heure actuelle, cette technique a été
utilisée pour la construction d’une dizaine de ponts au Japon.
Les haubans, dont les plus longs avoisinent 500m, sont flexibles et légers (comparés
au tablier) ; ils présentent un amortissement naturel très faible (ξi < 0.002) [9]. Ce
sont donc des candidats potentiels aux problèmes de vibrations. Des oscillations de
grande amplitude (∼ 50cm) ont fréquemment été observées sur des ponts haubanés,
spécialement en présence simultanée de pluie et de vent [10, 11]. Ces oscillations ne
sont pas directement dangereuses pour l’intégrité du pont, mais elles provoquent de
l’usure prématurée des câbles par fatigue. Suite à ces problèmes, des dispositifs de
contrôle (passifs) ont été développés. Une solution consiste à installer des amortis-
seurs hydrauliques entre la base du hauban et le tablier (Fig.1.3.(a)) [12, 13, 10]. On
peut aussi relier les haubans par des câbles secondaires (Fig.1.3.(b)) [14]. Cette tech-
nique marche dans beaucoup de cas, mais elle est assez empirique, et il n’existe pas de
méthodologie rigoureuse pour le choix du type et de l’emplacement des câbles secon-
daires. Le profilage de la gaine de protection recouvrant les haubans donne également
de bons résultats (Fig.1.3.(c)) [9, 11, 15]. Son but est de réduire les forces de traı̂née
à l’aide d’un revêtement rugueux, ou d’empêcher le mouvement déstabilisant de l’eau
de ruissellement à l’aide de proéminences axiales ou hélicoı̈dales.
4 1. Introduction
Fig. 1.3 – Contrôle des vibrations de haubans (a) amortisseur hydraulique (b) câbles
secondaires (c) profilage de la gaine visant à réduire les forces de traı̂née par une
surface rugueuse, ou à empêcher, à l’aide de proéminences axiales ou hélicoı̈dales,
l’effet déstabilisant du ruissellement de l’eau de pluie
Fig. 1.5 – Configuration possible pour une future mission “Terrestrial Planet Fin-
der”(vue d’artiste) [19]
1.4 Références
[1] Y. Achkire. Active Tendon Control of Cable-Stayed Bridges. PhD thesis, Uni-
versité Libre de Bruxelles, Belgium, May 1997.
[2] B.F. Spencer, Jr. and M. K. Sain. Controlling buildings : A new frontier in
feedback. IEEE Control Systems Magazine on Emerging Technologies (Special
Issue), 17(6) :19–35, December 1997.
[3] R.H. Scanlan. The action of flexible bridges under wind, I : Flutter theory. J. of
Sound and Vibration, 60(2) :187–199, 1978.
[4] N. Narita and K. Yokoyama. A summarized account of damping capacity and
measures against wind action in cable-stayed bridges in japan. In M. Ito et al.,
editor, Cable-Stayed Bridges : Recent Developments and their Future, pages 257–
278. Elsevier, 1991.
[5] S.J. Shelley, K.L. Lee, T. Aksel, and A.E. Aktan. Active control and forced
vibration studies on highway bridge. Journal of Structural Engineering, pages
1306–1312, September 1995.
[6] J.N. Yang and F. Giannopoulos. Active control and stability of cable-stayed
bridge. ASCE, J. Eng. Mech. div., 105 :677–694, August 1979.
[7] J.N. Yang and F. Giannopoulos. Active control of two-cable-stayed bridge.
ASCE, J. Eng. Mech. div., 105(EM5) :795–809, October 1979.
[8] Y.Q. Ni, B.F. Spencer, Jr., and J.M. Ko. Active/semiactive seismic response
control of cable-supported bridges : current research status and key issues. In
B.F. Spencer, Jr. and Y. X. Hu, editors, Earthquake Engineering Frontiers in the
New Millennium, Rotterdam, Netherlands, 2001. A. A. Balkema.
8 1. Introduction
[9] H. Yamaguchi and Y. Fujino. Stayed cable dynamics and its vibration control. In
International Symposium on Advances in Bridge Aerodynamics, pages 235–253,
Copenhagen, Denmark, May 1998.
[10] J. Main and N. Jones. Full-scale measurements of stay cable vibration. In 10th
Int. Conference on Wind Engineering, Copenhagen, June 1999.
[11] T. Saito, M. Matsumoto, and M. Kitazawa. Rain-wind excitation of cables on
cable-stayed Higashi-Kobe Bridge and cable vibration control. In Proc. IABSE/
FIP Int. Conference on Cables-Stayed and Suspension Bridges, pages 507–514,
Deauville, France, October 1994.
[12] B.M. Pacheco, Y. Fujino, and A. Sulekh. Estimation curve for modal damping
in stay cables with viscous damper. ASCE Journal of Structural Engineering,
119(6) :1961–1979, 1993.
[13] C. Geurts, T. Vrouwenvelder, P. van Staalduinen, and J. Reusink. Numerical
modelling of rain-wind-induced vibration : Erasmus Bridge, Rotterdam. IABSE
Journal of Structural Engineering International, 2 :129–135, 1998.
[14] H. Yamaguchi. Control of cable vibrations with secondary cables. In Proc.
International Symposium on Cable Dynamics, pages 445–452, Liège, Belgium,
October 1995.
[15] O. Flamand. Rain-wind induced vibration of cables. In Proceedings of the Second
European Conference on Structural Dynamics, Eurodyn ’93, pages 1019–1025,
Trondheim, Norway, June 1993. Balkema, Rotterdam.
[16] ACE. Active control in Civil Engineering. EC Contract No. BRPR-CT97-0402,
1997-2000.
[17] The TPF Working Group. The Terrestrial Planet Finder (TPF) : A NASA
Origins Program to Search for Habitable Planets. JPL Publication 99-003, 1999.
[18] DARWIN, The InfraRed Space Interferometer, Concept and Feasibility Report.
ESA-SCI(2000)12, 2000.
[19] A. K. Noor, R. J. Doyle, and S. L. Venneri. Bringing life to space exploration.
Aerospace America, pages 28–33, November 1999.
[20] P.R. Lawson. Principles of Long Baseline Stellar Interferometry, Course Notes
from the 1999 Michelson Summer School. JPL Publication 00-09, 2000.
Chapitre 2
Modélisation de la dynamique
d’une structure câblée
9
10 2. Modélisation de la dynamique d’une structure câblée
Fig. 2.1 – (a) Modes globaux de structure (calcul éléments finis) (b) modes locaux des
câbles (modélisation analytique non-linéaire)
modes de couplage et d’excitation du système. Ceci sera illustré par des expériences
numériques.
Fig. 2.2 – Décomposition de la déformée d’un câble incliné avec ancrages mobiles
γl2 x x 2
s
w (x) = − (2.4)
2σ s l l
où σ s est la contrainte statique dans le câble (supposée constante sur la longueur), ρ
est la masse volumique effective et l la distance entre les ancrages. A ce stade, il nous
paraı̂t important d’introduire le paramètre adimensionnel d’Irvine [6], permettant de
quantifier la validité de l’hypothèse de faible flèche :
2 2
ρgl cos θ E 8d E
λ2 = = (2.5)
σs σs l σs
où E est le module d’élasticité du matériau constituant le câble, et d est la flèche
à mi-corde. Par la suite, nous considérerons qu’un câble est à faible flèche, lorsque
λ2 < 1 (nous verrons pourquoi ci-dessous). Il est également commode de définir le
module de Young axial effectif, prenant en compte la diminution de raideur due à la
présence de la flèche :
1
Eq = 2 E (2.6)
1 + λ12
X m
= Lib ( ei (t)φi (x)) + (δuib , δvbi , δwbi )T (2.8)
i=1
où Li sont les matrices de projection permettant de passer du vecteur x des dépla-
cements de l’ensemble de la structure en coordonnées globales, aux déplacements des
ancrages du câble i en coordonnées locales. C’est par l’intermédiaire des relations
(2.8) qu’intervient le couplage câbles-structure dans notre modèle.
2 Approche semi-analytique 13
ud (x, t) ≈ 0
X X nπx
v d (x, t) = yn (t)φn (x) = yn (t) sin
n n
l
X X nπx
wd (x, t) = zn (t)ψn (x) = zn (t) sin (2.9)
n n
l
Les sinus sont les formes propres exactes des cordes vibrantes, et restent une bonne
approximation pour les câbles si λ2 < 1 (hypothèse de faible flèche mentionnée
précédemment) ; ceci est démontré dans [8]. Sous cette condition, la discrétisation
spatiale (2.9) est adéquate pour un câble.
La déformée totale du câble s’obtient en sommant les contributions statique, quasi-
statique et dynamique :
u(x, t) = uq (x, t)
v(x, t) = vq (x, t) + vd (x, t)
w(x, t) = ws (x) + wq (x, t) + wd (x, t) (2.10)
Le déplacement total de chaque câble sera donc complètement défini par l’ensemble
de coordonnées ua , va , wa , ub , vb , wb , ..yi .., ..zi ...
| {z }
dépl. struct. ei
1 T
Ks = ė µė (2.11)
2
1 T 2
Us = e µω e (2.12)
2
14 2. Modélisation de la dynamique d’une structure câblée
µ et ω sont les matrices diagonales des masses généralisées et des fréquences propres,
calculées précédemment par une analyse dynamique, par exemple à l’aide d’un logiciel
d’éléments finis.
Pour le câble i, l’énergie cinétique s’écrit :
Z l Z lh
1 2 1 2
i
u̇ + v̇ 2 + ẇ2 dx = ρA u̇q + (v̇ q + v̇ d )2 + (ẇq + ẇd )2 dx
Kc,i = ρA
2 0 2 0
(2.13)
et l’énergie potentielle du câble provient d’une part de la déformation élastique interne
et d’autre part du potentiel gravitationnel :
EA l
Z Z l
2
Aρg (ws + wq + wd ) cos θ − uq sin θ dx
Uc,i = ε(x, t) dx − (2.14)
2 0
| {z } |0 {z }
élastique gravitationnel
Dans cette dernière équation, ε est le taux de déformation axiale du câble, supposé
être la seule contribution à l’énergie de déformation. En d’autres mots, notre modèle
fait l’hypothèse d’une raideur nulle en flexion. ε est évalué en utilisant la mesure de
Green du tenseur de déformations :
1 ∂ui ∂uj ∂uk ∂uk
εij = ( + + ) (2.15)
2 ∂xj ∂xi ∂xi ∂xj
où la somme sur les indices répétés est implicite. Dans notre cas, l’Equ.(2.15) se réduit
à :
∂uq 1 ∂uq 2 ∂(v q + v d ) 2 ∂(ws + wq + wd ) 2
ε(x, t) = εxx (x, t) = + ( ) +( ) +( )
∂x 2 ∂x ∂x ∂x
(2.16)
Nous remarquons qu’étant donné la forme des expressions (2.11) à (2.14), l’énergie
cinétique K ne dépend que des dérivées q̇i d’ordre 1 des coordonnées de Lagrange, au
contraire de l’énergie potentielle U +V qui ne dépend que des coordonnées de Lagrange
non différentiées qi . Les équations de Lagrange (2.2) peuvent donc se simplifier en :
d ∂K ∂(U + V )
+ = Qi i = 1...n (2.17)
dt ∂ q̇i ∂qi
Nous introduisons également l’hypothèse que la déformation axiale ε (donc la ten-
sion) est constante le long du câble. Ceci peut se justifier car la dynamique longitu-
dinale (modes de vibration axiaux d’une barre encastrée-encastrée) s’effectue à des
fréquences beaucoup plus élevées que les modes latéraux qui nous intéressent ici, de
sorte qu’une différence de tension au sein du câble sera égalisée en un temps négligeable
vis-à-vis de ces derniers. En fait, en supposant ud (x, t) ≈ 0 dans les Equ.(2.9), pour
simplifier la mise en équations, nous avons artificiellement contraint le système. Le fait
de considérer la tension constante le long du câble ne fait que relâcher cette contrainte.
Pour chaque câble, nous définissons donc une déformée moyenne dépendant du temps
uniquement :
1 l
Z
ε̄(t) = ε(x, t)dx (2.18)
l 0
2 Approche semi-analytique 15
Nous insistons particulièrement sur cette hypothèse car elle permet une simplification
substantielle du calcul de l’énergie potentielle de déformation d’un câble (le premier
terme du membre de droite de la relation (2.14), ainsi que de sa dérivée intervenant
dans (2.17)) :
Rl Rl
Uc,d = EA
2 0
ε(x, t)2 dx = EA 2 EAl
2l ( 0 ε(x, t)dx) = 2 ε̄(t)
2
(2.19)
∂Uc,d = EAlε̄ ∂ ε̄
∂qi ∂qi
1 n n2 π 2 o ml
ml ÿn + 2ξyn ωn ẏn + 2
T 0 + T q + T d yn = Fyn − (v̈a + (−1)n+1 v̈b ) (2.21)
2 ml nπ
où m est la masse linéique du câble,
T0 est la tension statique du câble à l’équilibre,
(1) (2)
Tq = Tq + Tq est l’incrément de tension induit par le mouvement des ancrages,
scindé en une contribution du premier et une contribution du deuxième ordre :
16 2. Modélisation de la dynamique d’une structure câblée
ub − ua
Tq(1) = Eq A
l
Eq λ 2 (ub − ua )2 (vb − va )2
Tq(2) = EA 1 + + EA
σs 12 + λ2 2l2 2l2
2 2
λ σs (wb − wa )
+ EA 1 + (2.22)
12E 2l2
Td est l’incrément de tension dû aux mouvements dynamiques du câble (modes yn et
zn ), scindé de façon analogue :
(1) EA2 γ X h zn i
Td = (1 + (−1)n+1 )
To n
nπ
EA X 2 k 2 π 2 EA X 2 k 2 π 2
(2)
Td = yk 2 + zk 2
2 2l 2 2l
k k
Eq EAγ ub − ua X (1 + (−1)n+1 )
− (zk ) (2.23)
σs2 l kπ
k
Nous pouvons d’ores et déjà mettre en évidence deux mécanismes distincts d’exci-
tation du câble : (i) l’excitation directe via les termes agissant comme des forces
extérieures, qui se trouvent dans le membre de droite de (2.21) ; on y distingue une
contribution sismique des ancrages, et la composante modale des forces extérieures,
(ii) l’excitation paramétrique via les déplacements des supports, entraı̂nant la modi-
fication de la tension quasi-statique Tq . Celle-ci apparaı̂t comme un terme de raideur
(le paramètre) dans l’Equ.(2.21). Nous reviendrons ultérieurement sur les différents
modes d’excitation du câble.
(1)
γAl (1 + (−1)n+1 ) Tq
+ (Tq + Td )
T0 nπ T0
(2.25)
Tq2
En faisant l’hypothèse que 1 et TTdo 1, et en limitant Tq au premier ordre, il
To2
vient :
1 n n2 π 2 o
ml z̈n + 2ξzn ωn żn + T 0 + T q + T d zn
2 ml2
ml
= Fzn − (ẅa + (−1)n+1 ẅb )
nπ
ml2 Eq γ (1 + (−1)n+1 )
+ (üb − üa )
σs2 (nπ)3
γAl (1 + (−1)n+1 )
− Td (2.26)
T0 nπ
Nous remarquons l’apparition de deux termes d’excitation supplémentaires par rap-
port à l’équation des modes horizontaux (2.21). Ceux-ci sont dus à la présence de
la flèche statique, donc de la gravité, et n’affectent que les modes verticaux d’ordre
impair. Le premier est un terme d’inertie associé aux mouvements axiaux des an-
crages (üb − üa ) ; même pour un câble à faible flèche, il n’est pas négligeable, et peut
servir à contrôler les modes verticaux impairs au moyen d’un tendon actif [1, 9]. Le
(1)
second, linéaire en Td , comprend donc des termes en zn (voir l’expression de Td dans
(2.23)) et apparaı̂t comme une raideur. Il est responsable d’une fréquence naturelle
plus élevée pour les modes verticaux que pour les modes horizontaux. Pour le premier
mode horizontal et vertical, nous trouvons respectivement [10] :
r
π σs
ω y1 = (2.27)
l ρ
r
8λ2
ωz1 = ωy1 1 + 4 (2.28)
π
On constate logiquement que si l’on supprime l’effet de la gravité (γ = ρg cos θ = 0 ;
λ = 0), les Equ.(2.21) et (2.25) deviennent identiques, se ramenant à l’équation d’une
corde vibrante.
avec, dans le membre de droite, les efforts dynamiques aux ancrages des câbles,
agissant comme des forces extérieures sur la structure. Il faut se rappeler que
18 2. Modélisation de la dynamique d’une structure câblée
On voit clairement apparaı̂tre dans cette relation les forces de réaction aux ancrages
dans les coordonnées locales :
d ∂Kc ∂Uc
Fua = + (2.33)
dt ∂ u̇a ∂ua
les autres composantes s’obtenant de façon analogue. Les expressions des forces de
réaction dynamiques aux ancrages sont données explicitement à l’annexe A.
paramètre valeur
Longueur l 7,6 m
Tension statique To 36,28 N
Module d’élasticité E 2, 1.1011 P a
Diamètre 1, 085.10−3 m
Amortissements modaux ξi 0, 15%
Masse volumique ρ 1, 22.104 kg/m3
Paramètre d’Irvine λ 1.648
Fréquence “corde”(sans gravité) 23.43rad/sec
du premier mode ωo
Amplitude d’excitation X 0.4 mm
Facteur de normalisation
K utilisé pour les courbes 0.0764 m
de résonance de la figure 2.5
Tab. 2.1 – Valeurs des paramètres pour l’expérience numérique de la figure 2.4 [10]
Fig. 2.5 – Courbe de résonance d’un câble horizontal excité par un mouvement vertical
d’un support (a) courbe analytique obtenue par la méthode des échelles multiples [10],
(b) modèle semi-analytique (câble=Equ.(2.26)), (c) modèle éléments finis non-linéaire
[12], (d) enveloppe du déplacement au cours de l’expérience numérique
port ; l’excitation directe provient alors de l’inertie axiale induite par la déformée
statique (terme 7 sur la figure 2.3). L’influence de l’excitation paramétrique est
négligeable dans ce cas (ceci sera montré à la section suivante). Une étude numérique
et expérimentale relative à cette configuration est présentée dans [1].
L’Equ.(2.34) est conditionnellement stable, c’est à dire qu’il existe des combinaisons
(ωs , Tq ) qui conduisent à une réponse infinie en yn . On trouve dans la littérature,
l’étude de stabilité de l’équation de Mathieu [13] :
En général, ces zones sont représentées graphiquement dans le plan (δ,ε). Nous avons
T
préféré projeter les relations (2.37) dans le plan ( ωωos , Toq ) - faisant apparaı̂tre claire-
ment les caractéristiques de l’excitation - à l’aide des changements de variable (2.36).
La figure 2.7 montre les zones d’excitation paramétrique (en hachuré) d’ordre 1 et
2 (l’instabilité d’ordre 0 n’est pas représentée, car elle correspond à un support se
2 Validation du modèle ; analyse des mécanismes d’excitation et de couplage 23
déplaçant suivant une loi exponentielle, et non de façon harmonique). D’une manière
générale, l’excitation paramétrique d’ordre k d’un mode de fréquence ωo correspond
à une fréquence d’excitation valant :
2ωo
ωk = , k = 1, 2, 3, ... (2.38)
k
Comme le montre la figure 2.7, les régions d’instabilité deviennent d’autant plus
Fig. 2.7 – Zones d’instabilité d’un câble soumis à une excitation paramétrique,
représentées dans le domaine “fréquence / amplitude”
étroites que k est grand. On voit aussi que pour un amortissement donné, l’ampli-
tude minimale d’excitation pour atteindre l’instabilité augmente avec k. Ceci explique
qu’en pratique, seule l’excitation paramétrique d’ordre 1 (la fréquence du mouvement
des supports vaut le double de la fréquence fondamentale du câble) est potentielle-
ment dangereuse.
Dans le cas général, les mouvements des supports ne sont pas alignés avec l’axe du
câble, si bien que les termes d’excitation directe existent aussi, combinant les deux
mécanismes d’excitation. L’angle entre l’axe du câble et les mouvements des sup-
ports joue un rôle prépondérant dans l’importance relative entre l’excitation directe
et l’excitation paramétrique. Dans certains cas, l’excitation paramétrique d’ordre 1
du mode 1 d’un câble n’est pas possible car elle est suppléée par la réponse du mode 2
en excitation directe ; ceci est mis en évidence dans [14]. Il semble donc qu’en plus des
limites représentées à la figure 2.7, il existe une autre limite liée à la réponse directe
des modes d’ordres supérieurs.
24 2. Modélisation de la dynamique d’une structure câblée
Câble a Câble b
Longueur (corde) l 1,242 m 1,242 m
Tension statique To 55,4 N 12,4 N
Module d’Young E 2, 25.1010 P a 2, 25.1010 P a
Diamètre 10−3 m 10−3 m
Amortissement modal ξi 0, 3% 0, 3%
Masse volumique ρ 6.104 kg/m3 6.104 kg/m3
Inclinaison sur l’horizontale θ 54o 54o
Paramètre d’Irvine λ 0,109 1,026
Fréquence du premier 13, 7Hz 6, 75Hz
mode vertical (Eq.2.28)
les déplacements du tablier sont réduits dans la même proportion. C’est également
ce qui se produit pour le premier mode plan du câble a, excité de façon directe. Par
contre, la résonance du câble b disparaı̂t complètement : en réduisant l’amplitude de
déplacement de l’ancrage, nous sommes sortis de la zone d’existence de l’excitation
paramétrique d’ordre 1. Ceci est illustré à la figure 2.7, où le point 1 représente l’ex-
citation paramétrique pendant les 25 premières secondes, et le point 2 représente la
26 2. Modélisation de la dynamique d’une structure câblée
2.3 Conclusion
En utilisant une approche semi-analytique semblable à celle de Y. Achkire, nous avons
dérivé les équations régissant le comportement d’une structure câblée. Celles-ci ont
été implémentées dans le module SIMULINK de MATLAB, sous forme d’un élément
“câble” à paramétrer. Nous avons ensuite analysé 2 modes d’excitation d’un câble :
l’excitation directe et l’excitation paramétrique. Au travers d’un exemple trouvé dans
la littérature, nous avons comparé notre modèle à un module commercial d’éléments
finis non-linéaire. Des résultats semblables ont été obtenus, tant qualitativement que
quantitativement. Enfin, une expérience numérique représentative d’un pont haubané
en construction a été réalisée. Elle fait intervenir des couplages de types direct et
paramétrique entre la structure et les câbles. Des résultats expérimentaux similaires
seront présentés au chapitre 4.
L’approche semi-analytique présentée ici possède l’avantage de pouvoir introduire
2 Références 27
des paramètres globaux, comme les amortissements modaux des câbles, grandeurs
difficiles à introduire dans une modélisation éléments finis. De plus, le fait de séparer
la structure en sa partie linéaire (modélisée à l’aide d’un développement modal limité),
et sa partie non-linéaire (les câbles) permet de réduire considérablement l’effort de
calcul.
2.4 Références
[1] Y. Achkire. Active Tendon Control of Cable-Stayed Bridges. PhD thesis, Uni-
versité Libre de Bruxelles, Belgium, May 1997.
[2] T. Susumpow and Y. Fujino. Active control of cable and cable-structure system.
In 1st Int. Conf. on Motion and Vibration Control, volume 1, pages 170–175,
September 1992.
[3] V. Gattuli and A. Paolone. Planar motion of a cable-supported beam with
feedback controlled actions. J. of Intelligent Material Systems and Structures,
8 :767–774, september 1997.
[4] V. Gattuli and A. Paolone. A Nonlinear Dynamic Model for a Cable-Supported
Beam. DISAT- REPORT n.1/98, Universita’ di L’Aquila, Italy, 1998.
[5] M. Geradin and D. Rixen. Théorie des Vibrations - Application à la Dynamique
des Structures. Masson, 1993.
28 2. Modélisation de la dynamique d’une structure câblée
Classiquement, le but recherché en ajoutant des câbles à une structure est de la rendre
plus rigide, en ne lui ajoutant qu’une faible masse. La rigidité apportée dépend non
seulement des caractéristiques structurelles des câbles (module de Young, diamètre
et longueur), mais également des tensions dans les câbles, par le biais de la raideur
géométrique. Cette technique est appliqué couramment en génie civil (ponts haubanés,
antennes de télécommunication, toitures de stades). Dans le cas des ponts haubanés,
les câbles servent bien entendu avant tout à soutenir le poids du tablier. Ils constituent
également la principale contribution à la raideur.
Les structures spatiales déployables comportent des jeux au niveau des mécanismes de
déploiement. Sur terre, les jeux sont compensés par le poids propre, ce qui n’est plus
le cas dans l’espace. Ils sont gênants dans la mesure où ils rendent la dynamique de
la structure incertaine. L’usage de câbles permettrait, en plus de l’apport de raideur,
de compenser les jeux en créant une précontrainte.
Dans ce chapitre, nous allons montrer comment les câbles peuvent servir à amortir
la structure par le biais du contrôle actif. Nous envisagerons d’abord le contrôle actif
pour amortir le câble lui-même, ensuite nous verrons comment un câble contrôlé
activement peut servir à amortir l’ensemble de la structure. Dans les deux cas, nous
prônons l’usage d’une loi de contrôle robuste, indépendante d’un modèle, basée sur
une configuration capteur/actionneur colocalisés au niveau de l’ancrage.
29
30 3. Amortissement actif d’une structure câblée
Fig. 3.2 – Contrôle d’un hauban à l’aide d’amortisseurs hydrauliques : (a) Pont de
l’Iroise (France) (b) Pont de Aratsu (Japon)
ixc /L < 0.15 (l’amortisseur doit être situé bien avant le premier ventre du mode à
amortir), et elle ne prend pas en compte l’influence de la gravité. Les auteurs ont
cependant montré qu’elle reste valable pour des câbles à faible flèche (λ < 1). Plus
récemment, Krenk [4] a étudié le même problème, utilisant des déformées modales
complexes, séparées en 2 domaines de calcul, de part et d’autre de l’amortisseur. Il
obtient la forme analytique de la courbe de la figure 3.3 :
ξi (cixc )/(mω01 L2 )
= π2
xc /L 1 + π 4 (cixc )2 /(mω01 L2 )2
max
ξi
= 0.5 (3.1)
xc /L
L2 ω01 m
c(ξi =ξimax ) =
π 2 ixc
Fig. 3.4 – Dynamique d’un câble contrôlé au moyen d’un tendon actif
dénotée stretching est prise en compte dans les équations (non-linéaires) suivantes.
Elle est responsable d’une augmentation de la fréquence naturelle de la corde avec
l’amplitude de vibration, et du phénomène de saut, évoqués à la section 2.2.1. A la
figure 3.4 (b), nous introduisons le déplacement longitudinal d’un support, se tra-
duisant par une modification hu u de la tension (dénotée “excitation paramétrique”).
En prenant en compte la gravité (figure 3.4 (c)), des termes supplémentaires appa-
raissent dans l’équation des modes verticaux. L’un d’eux (dénoté “inertie”) provient
de l’accélération longitudinale du support mobile αc ü. Il peut s’utiliser pour contrôler
les modes verticaux symétriques (zn , n impair). On parle alors de contrôle active
sag induced inertia. Y. Fujino et T. Susumpow ont étudié et implémenté un tel
système, avec un contrôleur Direct Velocity Feedback (DVF) [10, 11] (figure 3.1 (e)).
Les stratégies basées sur le terme d’excitation paramétrique hu u (terme 1 sur la fi-
gure 2.3) peuvent se classer dans la catégorie du contrôle active stiffness (figure 3.1
(f)) [11, 12, 13, 14, 15]. La sortie du compensateur est une fonction quadratique du
mode ciblé, si bien que le support - comme pour l’excitation paramétrique d’ordre 1
vue à la section 2.2.2 - se déplace à une fréquence double de celle du mode contrôlé.
Le tableau 3.1 rassemble différentes stratégies de contrôle d’un câble par tendon ac-
tif, avec l’amortissement théorique qu’elles permettent d’obtenir. Dans ce tableau,
34 3. Amortissement actif d’une structure câblée
Contrôleur
de Onoda [14, 15]
au si yn ẏn > 0
u(t) =
−au si yn ẏn < 0
ξyn = π1 ε10 1λ2 alu
1+ 12
IFF [16]
R
u(t) = gp T (t)dt
gp hu √
2 2 1 1 1 au
ξzn = (nπ)4 (1 + (−1)n+1 )λ2 ωzn
gp hu
2 ξzn = 8 ε0 1+ λ2 κn l
1+ ωzn 12
√
2 1 1 au
ξyn = 0 ξyn = 8 ε0 1+ λ2 l
12
Tab. 3.1 – Différents contrôleurs pour l’amortissement d’un câble à l’aide d’un tendon
actif
3 Amortissement actif d’un câble 35
d’un actionneur en déplacement (figure 3.5 (b)). L’IFF peut s’écrire (en utilisant les
notations de la figure 3.6) :
Z
u = gp T dt (gp > 0) (3.2)
déformées modales ne sont pas affectées par la présence des câbles actifs. Moyennant
ces deux hypothèses, il est possible de développer une théorie linéaire simplifiée pour
la prédiction des pôles de la structure en boucle fermée, que nous présentons ici.
Considérons l’équation générale d’une structure non-amortie munie de câbles :
M ẍ + Kx = −BT (3.3)
T = Kc B T x − u
(3.4)
où Kc = diag(hc ) est la matrice diagonale contenant les raideurs des câbles actifs,
B T x représente les élongations des câbles actifs dues aux mouvements de leurs points
d’ancrages sur la structure, et u contient les déplacements actifs des tendons. La
même matrice d’influence B apparaı̂t dans les Equ.(3.3) et (3.4), car le capteur (T )
38 3. Amortissement actif d’une structure câblée
Fig. 3.7 – Lieu des pôles d’une structure câblée en boucle fermée
et l’actionneur (u) de chaque tendon actif sont colocalisés, alignés suivant la direction
du câble. La loi de contrôle décentralisée relie l’élongation u des éléments actifs, à la
mesure T de leurs capteurs respectifs. Si nous étendons l’équation du contrôle (3.2)
au cas de plusieurs câble actifs, il vient, en variable de Laplace :
g −1
u= K T (3.5)
s c
Dans cette équation, Kc−1 T représente l’élongation élastique dans les câbles actifs ;
T et u sont des vecteurs et le gain normalisé g est identique pour chaque boucle de
contrôle ; il est relié au gain physique de l’Equ.(3.2) par la relation
g
gp = (3.6)
hc
En combinant les relations (3.3) à (3.5), on trouve l’équation du système en boucle
fermée en coordonnées globales x (en variable de Laplace) :
g
M s2 + (K + BKc B T ) − BKc B T x = 0 (3.7)
s+g
actifs. Si nous faisons l’analogie avec un système à une entrée et une sortie (SISO),
pour lequel les zéros du système en boucle ouverte correspondent aux pôles du système
en boucle fermée quand g → ∞, nous voyons que l’on peut assimiler les pôles de la
structure sans ses câbles actifs aux zéros de transmission de la fonction de transfert
en boucle ouverte de notre système (en réalité, u et T étant des vecteurs, il n’y a plus
une fonction de transfert, mais bien une matrice de transfert, et le concept de zéros de
transmission n’a donc plus la même signification. Cependant, nous l’utilisons car on
le montrera plus loin, la formulation mathématique développée ici établit l’analogie
entre la branche du lieu décrite par chacun des pôles de la structure, et le lieu des
pôles d’un système SISO équivalent en boucle fermée). Moyennant l’hypothèse que la
présence des câbles actifs n’affecte pas les déformées modales, nous allons calculer la
trajectoire de chacun des pôles de la structure de façon découplée. Pour cela, nous
désignons par ω = diag(ωi ) la matrice des fréquences naturelles de la structure sans
les câbles actifs, et par Ω = diag(Ωi ) la matrice des fréquence naturelles de la struc-
ture avec les câbles actifs (les actionneurs à l’arrêt), et nous normalisons les déformées
modales suivant ΦT M Φ = I. Si nous projetons l’Equ.(3.7) en coordonnées modales
(x = Φz), nous obtenons :
g
s2 I + ΦT K + BKc B T Φ − ΦT BKc B T Φ z = 0
(3.8)
s+g
Nous introduisons maintenant l’hypothèse de déformées modales inchangées, nous
permettant d’écrire :
ΦT K + BKc B T Φ = Ω2 ΦT KΦ = ω 2
et (3.9)
Nous avons donc négligé les termes non diagonaux de ΦT BKc B T Φ ; les termes diago-
naux donnent les énergies modales de déformation dans les câbles. En substituant les
relations (3.9) dans (3.8), nous obtenons une équation découplée pour chaque mode :
g
s2 + Ω2i − Ω2i − ωi2 = 0
s+g
ou encore
s s2 + Ω2i + g s2 + ωi2 = 0
(3.10)
qui peut être interprétée comme l’équation caractéristique d’un système SISO
équivalent en boucle fermée, dont la fonction de transfert en boucle ouverte serait :
s2 + ωi2
G(s) = g (3.11)
s (s2 + Ω2i )
Chaque pôle de la structure décrit donc dans le plan d’Evans, une trajectoire partant
des pôles (du système équivalent) en boucle ouverte ±jΩi pour g = 0 vers les zéros
en boucle ouverte ±jωi pour g → ∞ (figure 3.7). Chacune de ces boucles est stable,
et l’on peut montrer que l’amortissement maximum vaut :
Ωi − ω i
ξimax = (3.12)
2ωi
40 3. Amortissement actif d’une structure câblée
où νi = (Ω2i −ωi2 )/Ω2i est une estimation de la fraction modale d’énergie de déformation
dans les câbles actifs. Les Equ.(3.11) à (3.14) constituent un ensemble d’outils simples
et efficaces pour dimensionner une structure câblée active. Dans les deux sections qui
suivent, nous allons illustrer cette théorie linéaire simplifiée à l’aide d’un exemple
numérique, et nous la comparerons à un calcul plus élaboré faisant intervenir les
couplages modaux.
Fig. 3.8 – Disposition des câbles actifs de Kevlar sur le treillis du JPL
3 Structure câblée 41
i ωi Ωi ξimax (%)
(rad/sec) (rad/sec) (Equ.(3.12))
7 51.4 74.6 23
8 76.4 101 16
9 83.3 106.4 14
Tab. 3.2 – Fréquences propres avec et sans les câbles, et amortissement des 3 premiers
modes flexibles
Fig. 3.10 – Lieu des pôles des 3 premiers modes flexibles et position pour g = 116rad/s
maximale de l’amortissement actif dans chaque mode. Il suffit de connaı̂tre les valeurs
des fréquences propres avec et sans les câbles. Dans notre exemple, les fréquences avec
les câbles ont été évaluées en calculant les valeurs propres de la matrice M −1 Ktot ,
après avoir ajouté la contribution des câbles à la matrice de raideur initiale :
où Kc est une matrice diagonale 3 × 3 contenant les raideurs des 3 câbles et B est
leur matrice de projection dans les coordonnées globales. Le tableau 3.2 résume les
résultats ainsi obtenus (Ωi et ωi désignent respectivement les fréquences naturelles
avec et sans les câbles). Notons que l’optimum ne pourra pas être atteint simul-
tanément pour les 3 modes, le gain optimum théorique (3.13) étant différent pour
3 Structure câblée 43
Fig. 3.11 – Convergence des pôles des 3 premiers modes (pour un gain g fixé) en
fonction du nombre de modes pris en compte dans le modèle
44 3. Amortissement actif d’une structure câblée
Les courbes 3.12.(a) comparent les amortissements modaux maximaux prédits par la
théorie linéaire simplifiée à ceux obtenus avec le modèle de référence. Le diamètre
des câbles de Kevlar est indiqué en abscisse. Nous avons également indiqué νi , défini
par la relation (3.16), donnant une estimation de la fraction modale d’énergie de
déformation dans les câbles, c’est à dire le rapport, pour une déformée modale i, entre
l’énergie de déformation contenue dans les câbles, et celle contenue dans l’ensemble
3 Références 45
de la structure :
ΦT BKc B T Φ Ω2 − ω 2
νi = 2 ≈ i 2 i (3.16)
µi Ωi Ωi
On constate que même pour des valeurs élevées de νi , la formule approchée (3.12)
reste correcte à quelques pourcents près, tout en étant basée sur un problème découplé,
d’une taille 100 fois moindre dans notre cas. Les courbes de la figure 3.12 (b) repré-
sentent les gains de contrôle correspondant aux amortissements de la figure 3.12 (a).
Les courbes 3.12 (c) montrent l’allure du lieu des pôles pour un diamètre de 4mm.
On constate que le modèle de référence s’éloigne quelque peu de la théorie simplifiée :
les branches du lieu partant des fréquences Ω8 et Ω9 ont interverti leurs comporte-
ments asymptotiques par rapport au modèle simplifié (rappelons que pour ce dernier,
chaque pôle de fréquence Ωi se dirige asymptotiquement vers sa fréquence “non-
câblée” ωi ). Ce changement dans l’allure du lieu est illustré à la figure 3.12.(d), mon-
trant l’évolution de la branche correspondant au mode 9 pour un diamètre croissant
des câbles de Kevlar. Soulignons toutefois que nous sommes ici en présence d’amor-
tissements modaux supérieurs à 40%, et que les prédictions (3.12) restent malgré tout
remarquablement fiables.
Nous en concluons donc que l’hypothèse de déformées modales inchangées, même si
elle n’est pas rigoureusement vérifiée, n’entrave pas la fiabilité du modèle simplifié
de la section 3.2.1 dans les applications que nous avons examinées. Nous pensons
que cette bonne concordance entre la théorie simplifiée et la solution exacte peut se
généraliser à l’ensemble des structures câblées, si l’on vise des taux d’amortissement
raisonnables (∼ 10%).
3.3 Références
[1] H. Yamaguchi and N.N. Dung. Active wave control of sagged-cable vibration.
In 1st Int. Conf. on Motion and Vibration Control, volume 1, pages 134–139,
Yokohama, Japan, September 1992.
[2] C. Geurts, T. Vrouwenvelder, P. van Staalduinen, and J. Reusink. Numerical
modelling of rain-wind-induced vibration : Erasmus Bridge, Rotterdam. IABSE
Journal of Structural Engineering International, 2 :129–135, 1998.
[3] B.M. Pacheco, Y. Fujino, and A. Sulekh. Estimation curve for modal damping
in stay cables with viscous damper. ASCE Journal of Structural Engineering,
119(6) :1961–1979, 1993.
[4] S. Krenk. Vibrations of a taut cable with an external damper. Journal of Applied
Mechanics, 67 :772–776, December 2000.
[5] E.A. Johnson, G.A. Baker, B.F. Spencer, Jr., and Y. Fujino. Mitigating stay
cable oscillation using semiactive damping. In Smart Structures and Materials
2000 : Smart Systems for Bridges, Structures and Highways, Proceeding of SPIE
Vol. 3988, Newport Beach, California, USA, March 2000.
[6] Y.Q. Ni, Y. Chen, J.M. Ko, and D.Q. Cao. Neuro-control of cable vibration
46 3. Amortissement actif d’une structure câblée
Ponts haubanés
Fig. 4.1 – Deux configurations possibles pour le contrôle d’un pont haubané au moyen
de tendons actifs : (a) système permanent (b) système temporaire durant la construc-
tion d’un pylone de viaduc (les actionneurs ne sont pas à l’échelle)
47
48 4. Ponts haubanés
un rapport masse/tension plus réaliste (une discussion des aspects de similarité peut
se trouver dans [3]). Le tablier et les pylônes ont été réalisés en acier, ainsi que les
haubans constitués de filins tressés de 1mm de diamètre. L’ensemble mesure environ
3m d’envergure. Les 4 haubans les plus longs sont munis de tendons actifs, assurant
le pilotage en position de l’ancrage à l’aide d’un actionneur piézoélectrique. Le para-
graphe suivant décrit le concept de tendon actif et la manière dont il est réalisé en
pratique.
Fig. 4.4 – Réponses fréquentielles entre un bruit blanc envoyé à l’un des 4 actionneurs
et le signal du capteur de force colocalisé, pour différents gains de contrôle
se déplacent dans le plan complexe. La figure 4.5 nous montre la trajectoire des pôles
correspondant aux deux premières fréquences propres du système (le premier mode
Fig. 4.5 – Lieu des pôles expérimental comparé aux prédictions analytiques
4 Maquette de laboratoire 51
Fig. 4.6 – Excitation par le tablier de deux câbles respectivement “en résonance”(f )
et “en résonance paramétrique”(f /2)
Jusqu’à présent, nous ne nous sommes pas intéressés à l’influence que pouvaient avoir
les câbles sur la dynamique de la structure, tout au plus s’est-on assuré que les modes
locaux des câbles étaient situés en dehors de la gamme de fréquence des modes glo-
baux, afin d’être le plus proche possible de la théorie linéaire.
Ici au contraire, on souhaite expressément ajuster les fréquences propres de certains
câbles sur des modes globaux de la structure, car ce type d’excitation est à l’origine
52 4. Ponts haubanés
une grande proximité entre les fréquences naturelles des principaux modes globaux et
celles des modes locaux des haubans ; ceci permettra d’étudier expérimentalement les
interactions non-linéaires haubans-tablier, non envisagées dans la théorie simplifiée
exposée au chapitre 3. Pour mener à bien la campagne de tests, il fallait équiper la
structure du matériel nécessaire pour l’exciter et pour mesurer sa réponse. La figure
4.10 indique les principaux instruments installés sur la maquette.
4.11. Elle est basée sur une architecture à deux étages, intéressante du point de vue
énergétique : la charge statique permanente est reprise par une chambre de grand
diamètre, mise sous pression par un accumulateur à gaz, gonflé une fois pour toute,
et l’étage dynamique se chargera de faire suivre au piston la consigne de déplacement
imposée par le contrôle actif. Idéalement, l’accumulateur doit fournir une pression
constante, indépendante de la position du piston dans la chambre ; ceci se réalise
par la présence de gaz sous pression dans l’accumulateur, dont la compressibilité est
beaucoup plus élevée que celle de l’huile. Les changements à long terme de la charge
statique ainsi que des variations thermiques peuvent nécessiter un réajustement de
la pression dans l’accumulateur. Notons encore que l’étage dynamique est piloté par
une valve bi-directionnelle, répartissant la pression de part et d’autre du piston. Ce
dernier est de type “rod-in-rod”, c’est à dire que la chambre de gauche est constituée
d’un volume annulaire entourant le piston, celle de droite étant creusée au centre
du cylindre. Cette configuration permet la réduction de l’encombrement ainsi qu’une
économie d’énergie hydraulique. Le tendon actif est constitué de l’actionneur décrit
ci-dessus, sur lequel on a fixé une cellule de charge mesurant la tension dans le câble.
On dispose ainsi d’une paire capteur/actionneur colocalisés. En principe, pour faire
l’économie du capteur de force, nous aurions pu déduire la tension dans le câble de
la différence de pression de part et d’autre du piston ; nous n’y sommes pas parvenus
en raison des frottements internes importants. Il est cependant envisageable d’utiliser
un estimateur (basé sur un modèle de friction) pour reconstruire la force du piston à
partir des pressions hydrauliques [8].
58 4. Ponts haubanés
Le contrôle actif est réalisé de façon numérique à l’aide d’une carte digitale de traite-
ment de signaux (DSP) installée dans un PC. Cette solution offre une grande flexibilité
quant à des modifications éventuelles à apporter à la loi de contrôle. Celle-ci est es-
sentiellement un Integral Force Feedback (présenté au chapitre 3), chaque tendon actif
fonctionnant de manière indépendante. L’implémentation (illustrée à la figure 4.12)
nécessite cependant quelques aménagements par rapport à l’Equ.(3.2) : (i) La fonc-
tion de transfert d’un intégrateur étant par essence infinie à fréquence nulle, il faut
éliminer la composante statique de la force mesurée dans le câble, sans quoi nous se-
rons confrontés à un problème de dérive de l’actionneur. Ceci est réalisé par un filtre
passe-haut du second ordre, possédant une fréquence de coupure à 0.1Hz (le problème
du filtrage de la composante statique de la force sera abordé plus en détail à la section
4.3). (ii) Etant donné la bande passante limitée de l’actionneur (comme nous le ver-
rons plus loin, son retard de phase croı̂t rapidement avec la fréquence), il faut filtrer
les composantes haute fréquence du signal de force, afin de garder des marges de gain
et de phase positives. On utilise pour cela un filtre passe-bas à fréquence de coupure
20Hz ; les modes haute fréquence les plus visibles par le capteur de force, et donc
les plus dangereux sont des modes de cavité hydraulique des actionneurs, couplés aux
modes longitudinaux des systèmes masses-ressorts constitués par les câbles lestés. (iii)
Dans la loi de contrôle originale, le signal de commande est le déplacement du piston,
ce qui convient bien pour un actionneur piézoélectrique puisque celui-ci est naturelle-
ment piloté en déplacement (proportionnel à la tension appliquée). Dans le cas d’un
actionneur hydraulique, le mouvement du piston est commandé par une valve, dont
l’ouverture fixe grosso modo le débit d’huile et donc la vitesse du piston. Il paraı̂t donc
plus naturel d’avoir un signal de commande en vitesse. Ceci est facilement réalisable en
remarquant qu’appliquer un déplacement proportionnel à l’intégrale du signal de force
(la loi de contrôle IF F originale) équivaut à appliquer une vitesse proportionnelle à
la force. L’implémentation choisie est en réalité un mélange entre ces deux variantes :
d’une part une consigne de position est envoyée, servant de référence à un contrôleur
hydraulique interne réglant l’ouverture de la valve par rapport à l’erreur de suivi en
position, et d’autre part, une consigne de vitesse est directement envoyée à la valve.
Cette configuration permet d’augmenter la bande passante de l’actionneur. La figure
4.13 compare les réponses fréquentielles d’un intégrateur pur, du contrôleur digital
programmé dans la carte DSP (entre 1 et 3 sur la figure 4.12), et du contrôleur effec-
tivement réalisé en aval de l’actionneur, incluant ainsi la dynamique de l’actionneur
et son contrôleur local (entre 1 et 2). On remarque que celui-ci suit bien la consigne
du contrôleur à basse fréquence, jusqu’environ 2Hz, au-delà de quoi il présente une
chute de phase croissante. Les modes de vibration principaux de la structure sont
heureusement situés en deçà de 2 Hz, où la loi de contrôle fonctionne correctement.
Dans le cadre du projet ACE, la modélisation hydraulique était sous la responsabi-
lité de la Technische Universität Dresden, qui nous a fourni une représentation en
variables d’état de l’actionneur. Nous n’aborderons pas ce problème ici, considérant
qu’il sort du cadre de cette étude. Le lecteur intéressé par la modélisation et l’étude
des systèmes hydrauliques pourra se référer à [9].
4 Maquette “ACE” 59
Fig. 4.13 – Réponse fréquentielle u/T (1 et 2 sur la figure 4.12) ; la courbe en pointillés
n’inclut pas la dynamique d’actionneur (1 et 3 sur la figure 4.12).
Excitation harmonique
Lors de ce test, le vibreur (équipé d’une masse mobile de 210kg) est animé d’un
mouvement sinusoı̈dal dont la fréquence est ajustée sur le premier mode de flexion
verticale (1.04 Hz). La figure 4.15 montre le déplacement vertical à l’extrémité du
tablier. Lorsque le contrôleur est enclenché (t = 64sec), on observe une décroissance
spectaculaire de l’amplitude, d’un facteur supérieur à 10. Notons que le vibreur reste
animé du même mouvement après que le contrôleur a été enclenché.
Il faut toutefois nuancer l’allure spectaculaire de la courbe présentée à la figure
60 4. Ponts haubanés
Fig. 4.14 – Réponse fréquentielle en boucle ouverte (T /u) vue depuis l’un des tendons
actifs
Réponse libre
Ce test consiste à suspendre une masse de béton de 316kg à l’extrémité du tablier
(figure 4.10), et à couper simplement la corde d’attache, ce qui équivaut à appliquer
brusquement une sollicitation compensant exactement le poids de la masse suspendue.
On obtient donc une réponse indicielle (réponse à une sollicitation en échelon). La
figure 4.16 montre la réponse en déplacement du tablier, avec et sans contrôle. On
reconnaı̂t aisément les instants t1 où la masse est suspendue lentement à l’aide d’une
4 Maquette “ACE” 61
Fig. 4.15 – Déplacement vertical à l’extrémité du tablier, pour une excitation harmo-
nique à la fréquence du premier mode de flexion verticale
grue, et t2 où l’on coupe la corde. Le phénomène de battement observé sur la réponse
libre est dû à la proximité entre le mode de flexion et le mode de torsion. Ici encore,
l’efficacité du contrôle est clairement démontrée. Néanmoins, ce test met en évidence
un problème important lié à la reprise des charges (quasi-)statiques : on remarque
en effet que la déflection du tablier sous l’effet de la masse suspendue est plus élevé
pour la réponse contrôlée ; les câbles actifs semblent donc ne plus jouer correctement
Fig. 4.16 – Déplacement vertical à l’extrémité du tablier, pour une excitation indicielle
62 4. Ponts haubanés
leur rôle de raidisseurs. Le filtre passe-haut à 0.1Hz tend à ramener le piston vers
sa position zéro, ce qui équivaut à un hauban normal, mais ce retour s’effectue très
lentement. Le problème de la reprise des charges statiques sera discuté plus en détail
à la section 4.3.
tielle des différents pics de résonance par rapport à la réponse libre, atteignant 30dB
dans le cas du premier mode global de flexion du tablier.
On peut enfin adopter une représentation permettant de visualiser sur un même
graphe, l’évolution temporelle de la réponse du tablier, ainsi que sa répartition spec-
trale : la figure 4.19 est une représentation tridimensionnelle de l’énergie du signal
dans le domaine temps / fréquence (spectre évolutif de Mark) [10]. On y retrouve le
signal temporel original (figure 4.17) sur un plan vertical parallèle à l’axe du temps,
ainsi que le spectre de Fourier du signal total sur un plan vertical parallèle à l’axe des
fréquences. Ici encore, l’effet du contrôle est incontestable.
Fig. 4.19 – Spectre évolutif du déplacement du tablier pour une excitation à fréquence
balayée (a) sans contrôle (b) avec contrôle
locaux des câbles (leur tension statique ainsi que leur masse linéique élevées en
accentuent la répercussion sur le tablier) rendent l’identification problématique.
4 Maquette “ACE” 65
On s’est alors tourné vers une méthode utilisée en vibrations aléatoires, pour
caractériser la réponse d’un oscillateur linéaire à un degré de liberté, soumis à une
excitation sismique [11]. Cette méthode, due à M. Aupérin [12] permet de réduire
l’identification à une plage de fréquence limitée, contenant le pic de résonance
d’intérêt. Nous l’avons appliquée au premier mode de flexion global de la structure,
pour lequel la théorie linéaire du chapitre 3 prédit un amortissement maximum de
18 %. L’algorithme d’identification utilisé est décrit en détail à l’annexe C. La figure
4.20 compare, pour le premier mode global de flexion, le lieu des pôles théorique
(Equ.(3.10)) au lieu expérimental déduit de la PSD de la réponse du système à
une excitation aléatoire en bande étroite. Les astérisques sur la courbe théorique
correspondent aux gains utilisés pour réaliser la courbe expérimentale (“+”). L’allure
du lieu expérimental est très semblable aux prédictions théoriques, même si celles-
ci prévoient un gain plus faible que l’expérience pour atteindre un point donné du lieu.
Pour atténuer les non-linéarités présentes dans les expériences décrites ci-avant, nous
avons retiré les masses additionnelles des câbles actifs. Nous nous assurons ainsi
que l’expression de la tension dans les tendons actifs sera correctement décrite par
la relation linéaire (3.4). Nous avons recommencé les tests d’excitation aléatoire
en bande étroite (0.6 → 1.3Hz) afin d’obtenir des fonctions de transfert entre le
déplacement du shaker et celui du tablier. Cette fois, l’identification modale a été
possible, et nous avons pu suivre simultanément les trajectoires des deux premiers
modes propres (flexion et torsion) pour des valeurs croissantes de gain (figure 4.21).
Nous voyons que l’allure du lieu expérimental est très proche de la prédiction, y
compris pour la valeur du gain.
66 4. Ponts haubanés
Fig. 4.21 – Lieu expérimental des pôles de flexion et de torsion, sans lestage sur les
câbles actifs
Dans ce qui précède, les tendons actifs sont situés entre le tablier et le pylône (confi-
guration de la figure 4.1.(a)). Ce système est destiné à amortir le pont de façon
permanente. Une configuration différente pourrait être utilisée temporairement pen-
dant la phase de construction, particulièrement délicate du point de vue de la réponse
aux sollicitations éoliennes. La figure 4.1.(b) est une vue d’artiste de ce que pourrait
être l’amortissement actif d’un tronçon de viaduc en construction à l’aide de haubans
actifs secondaires [13]. Remarquons qu’ici, les actionneurs ne doivent plus supporter
le poids propre du tablier (une certaine charge statique sera cependant nécessaire
pour maintenir le câble en tension durant les oscillations). Une telle configuration a
été simulée expérimentalement en reliant le tablier de la maquette au sol, par l’in-
termédiaire de ressorts montés sur des petits vérins hydrauliques (figure 4.22). Les
ressorts (60KN/m) simulent ici la raideur axiale des haubans secondaires. Des tests
similaires à ceux décrits dans la section précédente ont été réalisés, et donnent des
résultats très satisfaisants. Nous nous contenterons ici de montrer l’allure du lieu du
premier pôle de flexion pour des valeurs croissantes du gain, obtenu par la technique
déjà utilisée dans la section précédente, décrite à l’annexe C. On voit que la corres-
pondance est excellente, non seulement du point de vue de l’allure, mais également
du point de vue de la valeur du gain nécessaire pour atteindre un point du lieu.
L’amortissement maximum n’est ici que de 4%, ce qui traduit simplement le fait que
4 Maquette “ACE” 67
Vries proposent une loi de contrôle IFF optimal, permettant de trouver le compromis
raideur/amortissement minimisant les déplacements de la structure contrôlée [14]. La
loi n’est malheureusement optimale que pour une excitation de contenu fréquentiel
donné. Dans ce paragraphe, nous tentons d’apporter d’autres solutions à ce problème
4 Chargement statique 69
qui peut s’avérer crucial dans certaines applications, par exemple dans le cas d’un
pont, où l’on ne souhaite pas avoir un affaissement anormal à chaque passage de
véhicule au voisinage d’un câble actif. Mentionnons à ce propos, les travaux théoriques
et expérimentaux de Reckmann et Popp [15], visant à minimiser la déflection au droit
d’une masse mobile se déplaçant sur une poutre, à l’aide de lois de contrôle optimales,
ainsi qu’une procédure itérative en boucle ouverte. Le contrôle est appliquée via un
tendon contrôlé en force.
Fig. 4.25 – Comportement d’un câble actif en présence d’un chargement statique
70 4. Ponts haubanés
Imaginons maintenant que l’on place une consigne de force fictive Tc (en grisé sur
la figure 4.25), la loi de contrôle intégrale va minimiser l’erreur de suivi ∆T , entre
la force mesurée et la consigne fictive. Autrement dit, elle va piloter l’actionneur en
déplacement jusqu’à obtenir effectivement une tension Tc dans le câble. Cette consigne
étant fictive, cela revient à considérer une consigne réelle de valeur 0, et donc la loi
de contrôle va en permanence garder une tension nulle dans le câble actif, (ou une
certaine valeur T0 si l’électronique du capteur de force inclut un “offset” Tc = T0 ).
Autrement dit, pour un chargement statique (de contenu fréquentiel inférieur aux
modes que l’on cherche à contrôler), le câble actif va se comporter vis-à-vis du reste
de la structure comme une force constante, indépendante du chargement ; ce câble ne
participe donc plus correctement à la raideur de la structure. Pour tenter d’apporter
une solution à cet effet indésirable, nous allons étudier successivement 3 possibilités :
(i) l’ajout d’un filtre passe-haut du premier ordre dans la boucle de rétroaction (ii)
l’ajout d’un filtre passe-haut du second ordre et (iii) l’usage de la consigne Tc avec
une régulation Feedforward.
s2 + ωi2 Nf (s)
G(s) = g (4.3)
s(s2 + Ω2i ) Df (s)
Si en plus on suppose que le gain est optimum pour le mode i (Equ.(3.13)), il vient
que sa raideur effective statique vaut :
r
T ωf ωi
|s=0 = Kc (4.5)
u Ωi Ωi
Remarquons encore que la rigidité globale du câble actif s’obtient par la mise en série
de celle du câble (Kc ) et celle du tendon actif (Equ.(4.5)) :
√
ωf ωi
Kef f ectif = p 3 √ Kc (4.6)
Ωi + ω f ω i
u=0 (4.8)
Le tendon actif se comportera donc comme un ancrage rigide aux basses fréquences.
C’est ce que recherchons, mais il faut encore répondre à 2 questions : “Dans quelle
mesure les performances de l’amortissement sont elles dégradées ?” et “Avec quelle
rapidité l’actionneur reprendra sa position zéro lors d’un chargement statique ?”. Pour
tenter de répondre à la première question, nous avons tracé, comme pour le filtre
du premier ordre, le lieu des pôles de notre structure pour différentes valeurs ωf de
fréquence de coupure du filtre (l’amortissement ξf du filtre est fixé à 0.5) : sur la figure
4.27, nous voyons qu’une augmentation de ωf déteriore nettement les performances,
rendant même le système instable lorsque ωf /Ωi se rapproche de l’unité. Lors des
expériences de contrôle actif sur la maquette d’Ispra, nous avons effectivement choisi
d’utiliser un filtre du second ordre (figure 4.12), avec une fréquence de coupure à
0.1Hz (ωf /Ωi < 0.1). Nous nous sommes cependant aperçus qu’en cas de chargement
72 4. Ponts haubanés
Fig. 4.26 – Effet d’un filtre passe-haut du 1er ordre sur la raideur effective du câble
et sur les performances de l’amortissement actif
Fig. 4.27 – Effet d’un filtre passe-haut du 2nd ordre sur la dynamique du système
que les pôles du filtre, localisés à 0.1Hz en boucle ouverte, ont changé de position
en boucle fermée. Ceci est illustré à la figure 4.28 : on observe que pour g = gopt ,
les deux pôles du filtre se trouvent sur l’axe réel, l’un des deux situé très proche de
l’origine (son module valant approximativement le dixième de la fréquence de coupure
choisie en boucle ouverte). La dynamique du système en basse fréquence sera donc
dominée par ce pôle très lent, expliquant notamment l’allure de la réponse contrôlée
de la figure 4.16.
74 4. Ponts haubanés
Fig. 4.29 – Ajustement feedforward de la tension statique lors du passage d’un véhicule
Fig. 4.30 – Fonctions d’influence donnant les tensions à appliquer dans les haubans
2 et 3 en fonction de la position d’une masse mobile unitaire, pour que ceux-ci se
comportent comme des haubans passifs
Fig. 4.31 – Comportement statique et dynamique d’une structure amortie par IFF
constituent des facteurs aggravants du point de vue de la sensibilité au vent. Pour des
portées de plusieurs kilomètres (ce qui est envisagé dans un futur proche), le problème
de la résistance au flottement aérodynamique constitue un obstacle majeur, qui n’est
pas encore totalement surmonté [18, 19]. Avant d’aborder le contrôle du flottement
au moyen d’une simulation numérique et d’une expérience de laboratoire, nous al-
78 4. Ponts haubanés
S = fs D/U (4.9)
D est la largeur du sillage (voir figure 4.32). Ce phénomène est considéré comme
indépendant du mouvement de la structure, sauf si l’une de ses fréquences naturelles
est proche de fs . Dans ce cas, un phénomène d’accrochage (lock-in) se produit (la
fréquence de détachement des tourbillons ne dépend plus de la vitesse U , mais reste
constante, égale à celle de la structure, jusqu’à une certaine vitesse au delà de laquelle
fs est à nouveau déterminée par la loi (4.9)). La phase d’accrochage peut conduire
à de l’auto-excitation. Ce phénomène est assez courant, car les vitesses de vent
nécessaires pour atteindre l’accrochage sur les modes fondamentaux d’un pont sont
relativement modérées (15 − 20m/s). Les oscillations qui en résultent restent toujours
limitées à de faibles amplitudes grâce à l’apparition d’un terme d’amortissement
aérodynamique. Le vortex shedding doit malgré tout être évité, car il provoque des
désagréments pour les usagers et des problèmes d’usure par fatigue. La réduction de
la réponse au vortex shedding s’obtient en ajoutant de l’amortissement ou par des
dispositifs aérodynamiques empêchant la formation de tourbillons cohérents dans le
sillage [18].
4 Contrôle du flottement 79
∂Mα
Kα < (4.10)
∂α
Fig. 4.33 – Sections typiques d’un tablier de pont (a) truss stiffened girder, (b) stream-
lined box girder
grand nombre de profils, en réalisant des essais dynamiques sur des modèles réduits
de sections de tabliers placés en soufflerie [22, 23].
où ρ est la masse volumique de l’air, b est la 1/2 corde, et w que nous définirons plus
loin dépend des coordonnées h et α. La figure 4.35 montre l’allure de la fonction de
Wagner. Celle-ci est exprimée en fonction de τ , mesurant le nombre de 1/2 cordes b
parcourues par le profil dans l’écoulement. Il est en effet de tradition en aéroélastique
d’utiliser des grandeurs adimensionnelles relatives au temps t et à la fréquence ω :
τ = U t/b
k = ωb/U (4.13)
Dans l’aérodynamique de l’aile mince, les points du profil situés au 1/4 corde et
est supposé se trouver à mi-corde. Remarquons que nous négligeons ici les termes
de portance et de moment d’origine non-circulatoire, liés à la masse d’air apparente,
accompagnant l’aile en mouvement.
(4.15)
Mα (k) = πρb2 U 2 αo + ikh ikαo
o
+ C(k)
b 2
Dans le cas plus général d’une aile se déplaçant arbitrairement (suivant les
degrés de liberté h et α) dans un écoulement uniforme de vitesse U , l’évolution
temporelle de la portance Lh et du moment Mα s’obtient au moyen d’intégrales de
convolution : hR i
τ dw(τ )
Lh (τ ) = −2πρbU −∞ dτ00 φ(τ − τ0 )dτ0
hR i (4.16)
Mα (τ ) = πρb2 U τ dw(τ0 ) φ(τ − τ0 )dτ0
−∞ dτ0
La fonction de Wagner apparaı̂t ici comme une fonction d’hérédité, servant à pondérer
les contributions des mouvements infinitésimaux passés dw(τo ) dans le calcul des
forces aérodynamiques à l’instant présent τ .
Un produit de convolution dans le domaine temporel se transformant en un produit
dans le domaine fréquentiel, on calcule facilement les transformées de Laplace des
forces aérodynamiques instationnaires (4.16) :
h i
sh(s) sα(s)
Lh (s) = −2πρbU 2 α(s) + b + 2
Φ(s)s
h i (4.17)
Mα (s) = πρb2 U 2 α(s) + sh(s) + sα(s) Φ(s)s
b 2
Les expressions des forces aérodynamiques (4.17) peuvent alors facilement s’écrire
sous forme de matrices de transfert, ou en variables d’état.
4 Nous voyons que dans le cas particulier des ailes minces, une fonction d’hérédité
unique (la fonction de Wagner) suffit pour exprimer la portance Lh et le moment Mα ,
en fonction des déplacements h et α. Cela n’est plus vrai pour le tablier d’un pont.
(4.21)
Mα = ρU 2 B 2 KA∗1 (K) ḣ + KA∗2 (K) B α̇ + K 2 A∗3 (K)α + K 2 A∗4 (K) h
U U B
Pour déterminer les forces aérodynamiques dans le cas d’un mouvement arbi-
traire de la section, Bucher et Lin proposent d’utiliser des intégrales de convolution,
séparées en un terme relatif au déplacement vertical h et un terme relatif à l’angle
d’incidence α [28] :
Rt Rt
Lh (t) = −∞ fLh (t − to )h(to )dto + −∞ fLα (t − to )α(to )dto
Rt Rt (4.22)
Mα (t) = f (t − to )h(to )dto + f (t − to )α(to )dto
−∞ M h −∞ M α
où les fonctions f (t) sont des réponses impulsionnelles, définies comme l’évolution
temporelle de la portance et du moment (dans un écoulement stationnaire) après une
excitation impulsionnelle suivant h ou α. Les expressions (4.22) sont une généralisation
des expressions (4.16) utilisées pour l’aile. Nous ne sommes pas directement intéressés
4 Contrôle du flottement 85
par les fonctions f (t), mais par leurs transformées de Laplace F (s), nécessaires pour
exprimer les forces aérodynamiques sous forme de fonctions de transfert :
Lh (s) = FLh (s)h(s) + FLα (s)α(s)
(4.23)
Mα (s) = FM h (s)h(s) + FM α (s)α(s)
Les fonctions F (s) peuvent être approchées par une somme de filtres du premier
ordre [28], de manière analogue à Φ(s) dans (4.20). Cette formulation est commode
pour construire une représentation en variables d’état des forces aérodynamiques :
n
2 B s
P
FLh (s) = ρU C1,Lh + U sC2,Lh + Ck,Lh d
U
k,Lh B +s
k=3
n
2 B s
P
FLα (s) = ρBU C1,Lα + U sC2,Lα + Ck,Lα d
U
k,Lα B +s
k=3
n
(4.24)
2 B s
P
FM h (s) = ρBU C1,M h + U sC2,M h + Ck,M h d U
k,M h B +s
k=3
n
2 2 B s
P
F
Mα
(s) = ρB U C1,M α + U sC2,M α + C k,M α d U
+s
k,M α B
k=3
Actuellement, seuls des Tuned Mass Dampers (TMD) sont utilisés comme dispositifs
d’amortissement additionnels [29, 30]. Ils ont l’avantage d’offrir une stabilité garantie,
mais ils rajoutent une masse non négligeable au tablier (1 à 2%), et leur efficacité est
fortement conditionnée par l’ajustement précis des fréquences naturelles des TMDs
sur les modes de structure. Ils permettent de réduire la réponse dynamique d’environ
30% et d’augmenter la vitesse critique de flottement d’environ 15%. Le contrôle actif,
plus efficace, pourrait être une alternative prometteuse pour de futurs très grands
ponts. Des études théoriques et expérimentales ont montré que l’on pouvait repousser
la vitesse critique de flottement à l’aide de surfaces de contrôle, dont on pilote
continûment l’orientation ou la courbure en fonction des mouvements du tablier [31].
Pour cette étude, nous limitons notre discussion au contrôle du flottement au moyen
de tendons actifs. Cette solution avait déjà été examinée analytiquement dans une
configuration capteurs/actionneurs non-colocalisés [32, 33]. Comme on l’a évoqué
auparavant, une telle configuration peut donner lieu à du spillover, alors que la loi
de contrôle que nous proposons est inconditionnellement stable. Ci-dessous, nous
présentons une simulation numérique et une expérience de laboratoire, montrant
l’efficacité de notre stratégie d’amortissement actif pour augmenter la vitesse critique
de flottement d’un pont.
Simulation numérique
L’approche proposée pour le contrôle du flottement est illustrée schématiquement
à la figure 4.37. Il s’agit d’un modèle simplifié à 2 degrés de liberté h et α.
Les caractéristiques structurelles, géométriques et aérodynamiques de la section
correspondent au pont Vasco de Gama sur le Tage [34, 35] ; elles sont regroupées
dans le tableau 4.2, la masse et le moment d’inertie étant exprimés par unité de
longueur. Les expressions des forces aérodynamiques (4.23) ont été implémentées
sous forme de matrices de transfert, comme illustré à la figure 4.38. Dans notre
courbes continues représentent le lieu des pôles lorsque la vitesse du vent augmente.
On les a dessinées pour g = 0 (pas de contrôle, on retrouve la vitesse critique
donnée dans [35], correspondant au franchissement de l’axe imaginaire par le pôle de
torsion), et pour un gain g proche de l’optimum d’amortissement en torsion (5%).
On constate que la vitesse critique a augmenté d’environ 60% (elle est passée de
Fig. 4.39 – Evolution des pôles du système avec la vitesse du vent, pour g = 0, et
pour g proche de l’optimum d’amortissement en torsion (par souci de clarté, seule la
moitié supérieure du lieu symétrique est représentée).
Expérience [36]
La simulation numérique de la section précédente a montré que la vitesse critique
de flottement augmentait en utilisant des câbles actifs munis d’un contrôleur IFF
décentralisé pour stabiliser le tablier. Dans cette section, nous allons le montrer
expérimentalement. Le démonstrateur utilisé est représenté à la figure 4.40. La
structure en “T” située à droite est une modélisation simplifiée d’un tablier de
pont. Sa dynamique est dominée par un mode de torsion et un mode de flexion.
La structure est équipée de deux câbles actifs destinés à stabiliser le “tablier”. Les
tendons actifs pilotant les câbles (à gauche sur la figure 4.40) sont basés sur le même
principe que ceux utilisés pour contrôler la petite maquette de pont (figure 4.3).
4 Contrôle du flottement 89
Fig. 4.41 – Mode de torsion de la structure câblée de la figure 4.40 : (a) modèle linéaire
(b) réponse fréquentielle entre la commande du shaker v et l’accélération angulaire α̈
en variables d’état :
−Ω2t
d α̇ −2ξt Ωt α̇ k
= + v = Ax + Bv
dt α 1 0 α 0
α̇
y = α̈ = −2ξt Ωt − Ω2t + kv = Cx + Dv (4.26)
α
où les 2 gains du vecteur G ont été choisis pour placer les pôles dans le demi-plan
instable. Le gain g ∗ a été introduit pour permettre une déstabilisation graduelle, g ∗ =
0 correspondant à la structure en boucle ouverte (sans vent) et g ∗ = 1 au flottement
en torsion (une vitesse de vent supérieure à la vitesse critique de flottement). La loi de
contrôle (4.27) nécessite la connaissance de états (α̇ α)T . Ceux-ci n’étant pas mesurés
directement, nous utiliseront un estimateur qui fournira une approximation des états,
ˆ T , basée sur le modèle recalé (4.26) et sur la mesure de α̈.
x̂ = (α̂ α̇)
4 Contrôle du flottement 91
Fig. 4.43 – Lieu des pôles expérimental du mode de torsion en fonction du gain de
flottement g ∗
92 4. Ponts haubanés
4.5 Références
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94 4. Ponts haubanés
Treillis spatiaux
Comme on l’a dit dans l’introduction, 2 concepts sont envisagés pour les futures mis-
sions interférométriques spatiales : le premier est basé sur le vol en formation des
différentes unités optiques (free-flyer), le second sur une structure monolithique sup-
portant les différents composants. Dans ce dernier cas, il faudra sans-doute faire usage
de treillis de grande taille (Pour la mission “Terrestrial Planet Finder”, on envisage
une distance atteignant 200m entre 2 télescopes [1]). Ceux-ci devront répondre à des
exigences sévères en matière de stabilité dynamique. Etant légers, flexibles et peu
amortis, ils seront sensibles aux sollicitations induites par le contrôle d’attitude, des
phénomènes thermiques transitoires, ou l’impact de micrométéorites. Le contrôle actif
du treillis apparaı̂t dès lors indispensables.
Dans ce chapitre, nous présenterons les résultats expérimentaux obtenus sur 2 ma-
quettes en treillis, contrôlées au moyen de câbles actifs [2, 3]. Pour ces expériences,
nous avons utilisé le même concept de tendon actif qu’au chapitre 4 : chaque câble
est équipé d’une paire capteur/actionneur colocalisés, munie d’une loi de contrôle
IFF décentralisée. Nous examinerons ensuite l’influence de la saturation d’un action-
neur sur les performances du système, et finalement, nous envisagerons l’utilisation
de câbles actifs pour amortir des microvibrations.
95
96 5. Treillis spatiaux
Fig. 5.1 – Colonne en treillis, munie de barreaux et de câbles actifs (a) vue d’ensemble
(b) détail des barreaux actifs (c) détail des tendons actifs
Fig. 5.2 – Amortissement par câbles actifs : comparaison entre le lieu des pôles
expérimental et théorique
+ câbles actifs. Ces réponses fréquentielles ont été réalisées entre un marteau ins-
trumenté et un accéléromètre placé sur la structure. La figure 5.3.(d) montre que
l’utilisation combinée des deux systèmes élimine presque complètement les pics de
résonance. Afin de mieux visualiser ce que cela représente en terme d’amortissement
du signal, la figure 5.4 montre une réponse temporelle, au cours de laquelle nous
avons enclenché simultanément les deux systèmes de contrôle (configuration (d)). On
y voit l’accélération mesurée sur la structure, suite à une excitation impulsionnelle
(en t = 4.5sec). Lorsque le contrôle est enclenché (t = 8sec), la vibration disparaı̂t
presque instantanément.
i 1 2
ωi 53.8 66
Ωi 67.9 78.9
Fig. 5.4 – Réponse temporelle avec et sans contrôle (câbles + barreaux actifs).
Fig. 5.6 – Deux concepts de tendon actif pour l’amortissement d’un treillis
avec des câbles : (a) capteur BK8200 ; actionneur PI840.30 ; course 100µm ;
raideur 2, 7.106 N/m ; masse 1, 5kg (b) capteur BK8200 ; actionneur APA100M ;
course 110µm ; raideur 7.105 N/m ; masse 55gr
i 1 2 3 4 5
sans câbles ωi 95.6 104.3 120 137.3 149
Tendon EA ≈ 4000N Ωi 107 114.7 126.5 146.4 162.9
1 EA ≈ 19000N Ωi 112.4 118.6 131.2 163 179
Tendon sans câbles ωi 119.4 157.1 165.7 208.1 /
2 EA ≈ 19000N Ωi 146.1 173.6 205.8 220.7 /
Tab. 5.2 – Fréquences naturelles (rad/s) du treillis de la figure 5.5, avec et sans les
câbles actifs, pour les 2 concepts de tendon actif
avons ajusté la tension des câbles de manière à ce qu’ils aient une fréquence natu-
relle fondamentale d’environ 400rad/sec, soit bien au-dessus des modes de structure
que nous voulons contrôler. En réalisant des expériences avec les câbles moins ten-
dus, on s’est aperçu que cette condition n’était pas nécessaire. Durant la campagne
expérimentale, la structure était suspendue à l’aide de cordons élastiques (d’une rigi-
dité nettement inférieure à celle du treillis), afin de simuler l’absence de gravité.
les câbles. On observe ainsi, pour chaque mode, une transition continue entre Ωi et ωi .
Le tendon 1 (1, 5kg) étant beaucoup plus massif que le tendon 2 (55gr), la dynamique
varie d’une configuration à l’autre, et nous ne pourrons pas comparer rigoureusement
les résultats obtenus avec les deux types de tendons. Dans la seconde configuration,
seuls 4 modes ont été observés correctement.
La figure 5.7 compare le lieu des pôles expérimental en boucle fermée aux prédictions
analytiques (obtenues à partir des valeurs du tableau 5.2 et de la formule (3.11)),
pour 3 configurations : (a) tendons 1, câbles souples (b) tendons 1, câbles rigides et
(c) tendons 2, câbles rigides. Nous remarquons que si la concordance est assez bonne
Fig. 5.7 – Comparaison entre le lieu des pôles théorique et expérimental des premiers
modes flexibles du treillis. (a) tendon actif n◦ 1 ; EA = 4000N (b) tendon actif n◦ 1 ;
EA = 19000N (c) tendon actif n◦ 2 ; EA = 19000N
102 5. Treillis spatiaux
dans le cas de câbles souples (figure 5.7.(a)), elle l’est moins dans le cas des câbles
rigides (figure 5.7.(b) et (c)). Nous constatons par exemple, dans la figure 5.7.(b), que
le pôle Ω5 semble tendre vers le zéro ω4 , alors que la branche du lieu partant de Ω4 se
dirige vers le haut. Nous ne sommes pas parvenus à expliquer ces phénomènes ; tout au
plus pouvons-nous souligner la difficulté d’appliquer la procédure d’identification mo-
dale à des réponses fréquentielles très amorties, pouvant mener à une détermination
imprécise des pôles. Les réponses fréquentielles ont été réalisées entre un marteau
instrumenté et un accéléromètre placé sur l’une des extrémités. La figure 5.8 montre,
pour la configuration (a), leur allure caractéristique avec et sans contrôle.
Fig. 5.9 – Commande d’un actionneur (a) en régime linéaire (b) saturation à 45µm
(c) saturation à 30µm (d) saturation à 15µm
mesurée sur la structure est peu influencée -en basses fréquences- par la saturation.
Ceci s’explique en considérant la puissance instantanée dissipée dans un tendon actif :
P = u̇T (5.1)
où T est la tension du câble et u est le déplacement de l’actionneur. Par définition,
la saturation se produit au voisinage d’un maximum du déplacement, autrement dit,
104 5. Treillis spatiaux
Tab. 5.3 – Accélérations RMS mesurées sur la structure pour différentes conditions
de saturation
5.3 Microvibrations
Le succès de futures missions interférométriques reposera entre autre sur la capacité
à assurer une stabilité dynamique de l’ordre de quelques nanomètres au treillis sup-
port [6]. Dans cette gamme de fonctionnement, les propriétés dynamiques d’un treillis
déployable sont largement incertaines. Des études ont montré que la structure se com-
porte principalement linéairement [7], ceci pouvant s’expliquer par des contraintes
internes très faibles, insuffisantes pour vaincre les frottements aux joints. D’autres
expériences mettent en évidence divers phénomènes non-linéaires, comme des distor-
sions harmoniques, des comportements viscoélastiques, ou des changements brusques
de configuration lors de variations thermiques (thermal snaps) [8]. La stratégie de
contrôle présentée dans ce travail, basée sur un contrôleur IFF est en principe incon-
ditionnellement stable, et doit donc pouvoir s’appliquer à une structure non-linéaire
de dynamique incertaine. Cependant, tous les résultats présentés dans les sections 5.1
et 5.2 ont été obtenus avec des vibrations d’amplitudes variant entre le millimètre et
le micron. Il se pourrait très bien que, pour de plus petites amplitudes, le comporte-
ment du système de contrôle actif soit dominé par les non-linéarités de l’actionneur
(hystérèse) ou par le bruit des signaux électriques. Le but de l’expérience présentée
ici est de déterminer la limite d’utilisation d’un tendon actif en petites amplitudes.
Le dispositif expérimental est représenté schématiquement à la figure 5.11. Il s’agit
d’une structure dont la dynamique est dominée par son mode fondamental, équipée
5 Microvibrations 105
d’un tendon actif. Le tout est placé sur une table d’isolation. Pour les plus petites
amplitudes, les mesures ont été réalisées dans un environnement plus calme que celui
de l’Université Libre de Bruxelles, sur une dalle anti-sismique du Centre Spatial de
Liège. Pour juger de l’efficacité de l’amortissement actif, nous avons enregistré les
5.3.1 Instrumentation
Les différents composants constituant la boucle de contrôle sont représentés à la figure
5.12. Le tableau 5.4 les reprend, avec pour chacun la sensibilité et la grandeur qui
limitera l’utilisation en microvibration. La sensibilité du capteur de force doit être
la plus élevée possible. Pour cela, nous avons utilisé un actionneur piézoélectrique (PI
840.30) en mode capteur. Sa grande sensibilité (environ 70000 fois celle du capteur
standard B&K8200) provient du nombre n élevé de céramiques qui le constituent. On
peut montrer que la charge Q générée par un capteur (un empilement de n éléments
piézoélectriques, connectés mécaniquement en série, et électriquement en parallèle)
soumis à une force F est proportionnelle à n [9] :
Q = nd33 F (5.2)
où d33 est la constante piézoélectrique du matériau. Ceci est illustré à la figure 5.13,
la configuration (b) ayant la plus grande sensibilité.
La sensibilité de l’actionneur doit être petite, pour augmenter la résolution du
déplacement. Le déplacement u de l’actionneur s’écrit en fonction de la tension ap-
pliquée V :
u = nd33 V (5.3)
Pour des applications de micro-positionnement, on choisira donc la configuration (a)
de la figure 5.13. Nous avons utilisé un actionneur Philips (PXE HPA1), de faible
sensibilité (30nm/V ).
5 Microvibrations 107
5.4 Références
[1] The TPF Working Group. The Terrestrial Planet Finder (TPF) : A NASA Ori-
gins Program to Search for Habitable Planets. JPL Publication 99-003, 1999.
[2] A. Preumont, Y. Achkire, and F. Bossens. Active tendon control of large trusses.
AIAA Journal, 38(3) :493–498, March 2000.
[3] A. Preumont and F. Bossens. Active tendon control of vibration of truss struc-
tures : Theory and experiments. Journal of Intelligent Material Systems and
Structures, 11(2) :91–99, February 2000.
[4] A. Preumont, J.P. Dufour, and C. Malekian. Active damping by a local force
feedback with piezoelectric actuators. AIAA, J. of Guidance, 15(2) :390–395,
March-April 1992.
[5] G. W. Neat, A. Abramovici, J. M. Melody, R. J. Calvet, N. M. Nerheim, and
J. F. O’Brien. Control technology readiness for spaceborne optical interferometer
missions. Proceedings SMACS-2, Toulouse, 1 :13–32, 1997.
[6] L.D. Peterson, M.S. Lake, and L.M.R. Hardaway. Micron accuracy deployment
experiments (MADE) : a space station laboratory for actively controlled precision
deployable structures technology. In Proceedings of the Space Technology and
Applications International Forum, Albuquerque (NM), February 1999.
[7] M.D. Ingham and E. F. Crawley. Microdynamic characterization of modal para-
meters for deployable space structure. AIAA Journal, 39(2) :331–338, February
2001.
[8] L. M. R. Hardaway and L.D. Peterson. Microdynamics of a precision deployable
optical truss. In SPIE Paper No. 3785-01, Proceedings of the SPIE Annual Mee-
ting, volume 2, Denver (Colorado), July 1999.
[9] V. Piefort. Finite element modelling of piezoelectric active structures. PhD thesis,
Université Libre de Bruxelles, Belgium, June 2001.
110 5. Treillis spatiaux
Chapitre 6
Conclusion
111
112 6. Conclusion
efficacité de notre stratégie pour contrôler les quelques premiers modes du tablier. Elle
s’est également avérée efficace pour atténuer l’excitation directe d’un câble, et pour
stabiliser un câble soumis à l’excitation paramétrique (dans la mesure où la réduction
de l’amplitude des déplacements du tablier fait disparaı̂tre la condition d’existence de
l’instabilité paramétrique). Une seconde maquette à plus grande échelle (30m) a été
construite au JRC d’Ispra, dans le cadre d’un projet européen du programme Brite
Euram (projet ACE). Elle est équipée d’actionneurs hydrauliques sur deux haubans.
L’efficacité de l’algorithme a également été démontrée au travers de réponses libres,
et de tests en excitation aléatoire. Des amortissements modaux voisins de 10 et 20%
ont été obtenus respectivement pour le premier mode de torsion et de flexion du
tablier. Les résultats de ces deux expériences confirment les prédictions de la théorie
simplifiée du chapitre 3. Nous avons ensuite examiné numériquement le problème
du comportement d’un hauban actif en présence d’un chargement quasi-statique
(passage d’un véhicule) ; nous proposons de superposer une loi feedforward à la loi
de contrôle originale, permettant de bénéficier pleinement de la raideur du câble,
sans dégrader les performances de l’amortissement actif. Enfin, nous avons montré
numériquement et expérimentalement que la stratégie de contrôle que nous utili-
sons permet de repousser substantiellement la vitesse critique de flottement d’un pont.
cela, nous avons établi un modèle de structure câblée active en variables d’état, que
nous avons pris comme référence.
– Nous avons conçu, instrumenté, et testé 2 maquettes de laboratoire équipées de
tendons actifs piézoélectriques spécialement développés : il s’agit d’un modèle de
pont en construction (figure 4.2), et d’un treillis à 3 branches représentant une
structure spatiale (figure 5.5). Nous avons également équipé une maquette existante
de câbles actifs. Les expériences réalisées sur ces maquettes ont permis de vérifier
l’efficacité du système de contrôle, la fiabilité de la théorie prédictive simplifiée,
et d’examiner l’influence de la saturation des actionneurs. Un nouveau concept de
tendon actif (figure 5.6.(b)) a été développé dans la perspective d’une application
spatiale.
– Nous avons implémenté l’algorithme de contrôle de la maquette “ACE” sur une
carte DSP, et interfacé celui-ci avec les contrôleurs locaux des actionneurs hydrau-
liques. Nous avons participé activement à la campagne de tests, et au dépouillement
des résultats. Pour l’analyse de certains d’entre eux, nous avons développé une
méthode d’identification modale basée sur la théorie des vibrations aléatoires, sui-
vant l’idée originale de Michel Auperin.
– Nous avons étudié théoriquement le problème du chargement statique d’une struc-
ture câblée active (observé lors des expériences sur la maquette “ACE”). Nous pro-
posons une solution basée sur un contrôleur feedforward superposé à l’algorithme
d’amortissement actif.
– Nous avons démontré numériquement l’efficacité du système de contrôle pour aug-
menter la vitesse critique de flottement, en utilisant les données aérodynamiques et
structurelles du pont Vasco de Gama.
– Nous avons réalisé avec succès une expérience d’amortissement actif des microvi-
brations (quelques nanomètres) d’une structure câblée. Nous avons pu mettre en
évidence certains éléments critiques comme la résolution de l’actionneur ou la sen-
sibilité du capteur de force.
Fig. 6.1 – Amortissement actif d’un pylône du viaduc de Millau en phase finale de
construction (vue d’artiste)
application est illustrée à la figure 6.2. Il s’agit d’un modèle plan du pont suspendu
d’Askoy, auquel ont été rajoutés des câbles actifs entre les extrémités du tablier et
le câble principal. Les câbles actifs courts et longs sont constitués respectivement
de 12 et 31 torons d’acier de type T15 (à comparer aux 1000 torons T15 du câble
principal). On a représenté les déformées des quelques premiers modes, ainsi que
le taux d’amortissement actif potentiel correspondant (dans le tableau inséré). En
plus des taux d’amortissement élevés que laisse prévoir cette simulation, ce système
pourrait être installé sur un pont suspendu existant sans modifications majeures.
Lors de la présentation de nos travaux sur les treillis spatiaux à l’ESA, une
discussion a été entamée pour mettre sur pied un programme de recherche sur les
structures câblées actives. Ceci se ferait dans le cadre du programme DARWIN,
visant à envoyer des télescopes dans l’espace pour détecter des planètes lointaines
pouvant abriter des formes de vie. Pour ces missions deux concepts de télescopes
6 Références 115
interférométriques sont envisagés [2] : l’un est basé sur le vol en formation des
différentes unités optiques (Free-flyer) ; l’autre concept repose sur une structure en
étoile supportant les différents télescopes, il est illustré à la figure 6.3.(a). Les figures
6.3.(b) et (c) indiquent quelle pourrait être la configuration des câbles actifs. Certains
problèmes technologiques devraient toutefois être adressés, comme le fonctionnement
dans des conditions de température extrêmes, et l’adaptation à des changements
géométriques importants lors des gradients thermiques.
6.3 Références
[1] M. Auperin and C. Dumoulin. Structural control : point of view of a civil enginee-
ring company in the field of cable-supported structures. In Proceedings of the 3rd
International Workshop on Structural Control, pages 49–57, Paris, France, August
2000.
[2] DARWIN, The InfraRed Space Interferometer, Concept and Feasibility Report.
ESA-SCI(2000)12, 2000.
116 6. Conclusion
Z l
−(wq + wd )cos(θ) + uq sin(θ) dx
Uc,g = ν0 + Aρgl
0
1
= Aρ gl sin(θ) (ub + ua )
2
1 A3 ρ g cos(θ)Eq γ l2
+ (ub − ua )
12 To 2
1
− Aρ gl cos(θ)(wb + wa )
2
1 A2 ρ g sin(θ)l2 γ
− (wb − wa )
12 To
X 1 + (−1)n+1
−Aρ gl cos(θ) zn + ν0
n
nπ
(A.1)
T0 Eq ub − ua γA X zn (t)
ε̄(t) = + + (1 + (−1)n+1 )
EA E l T0 n nπ
118 A. Dynamique d’un câble à faible flèche : grandeurs caractéristiques
k2 π2 n2 π 2
1X 1X
+ yk (t)2 2 + zn (t)2 2
2 2l 2 n 2l
k
Eq A2 γ ub − ua X zn (t)((−1)n − 1)
+
T02 l n
nπ
2 2
(vb − va )2
(ub − ua ) Eq λ
+ 1 + +
2l2 σs 12 + λ2 2l2
2 2
(wb − wa ) λ σs
+ 2
1+ (A.2)
2l 12E
(
1 1 2 1 λ 2 λ4 λ2 E
Kc = ρAl 2 + + + (u̇b − u̇a )2
2 1 + λ12 3 18 432 120 σ s
1 2 1 2
+u̇b u̇a + (v̇b − v̇a ) + v̇b v̇a + (ẇb − ẇa ) + ẇb ẇa
3 r 3
σs λ2
1 λ E
− 1+ + (ẇb − ẇa )(u̇b − u̇a )
12 1 + λ2 E 12 σ s
12
λ2 σ s
+ (ẇb − ẇa )2
120 E r
r
1 λ E λ σs
− (u̇b − u̇a )ẇa − (ẇb − ẇa )u̇a
6 1 + λ2 σ s 6 E
12
X 2 2
v̇a + (−1)k+1 v̇b ẏk + ẇa + (−1)k+1 ẇb żk
+
kπ kπ
k
)
γl (1 + (−1)k+1 ) 1 Eq 1 2 1 2
−2 s 2 (u̇b − u̇a )żk + ẏk + żk
σ kπ (kπ) σ s 2 2
(A.3)
( )
1 X 1 + (−1)n+1
Fu a = ml c1 (üb − üa ) + üb + c2 (ẅb − ẅa ) + c3 ẅa + c4 z̈n
2 n
(nπ)3
A Efforts dynamiques aux ancrages 119
( )
X 1 + (−1)n+1
+ (T0 + Tq + Td ) c5 + c6 zn + c7 (ub − ua )
n
(nπ)
( )
1 X 1 + (−1)n+1
Fub = ml −c1 (üb − üa ) + üa + c8 (ẅb − ẅa ) − c3 ẅa − c4 z̈n
2 n
(nπ)3
( )
X 1 + (−1)n+1
− (T0 + Tq + Td ) c5 + c6 zn + c7 (ub − ua )
n
(nπ)
( )
1 2 X ÿn
Fv a = ml − (v̈b − v̈a ) + v̈b + 2
2 3 n
nπ
vb − va
− (T0 + Tq + Td )
( l )
1 2 X (−1)n+1 ÿn
Fvb = ml (v̈b − v̈a ) + v̈a + 2
2 3 n
nπ
vb − va
+ (T0 + Tq + Td )
( l )
1 X z̈n
Fwa = ml c9 (ẅb − ẅa ) + ẅb − c10 (üb − üa ) + c11 üa + 2
2 n
nπ
+ c12 (T0 + Tq + Td )(wb − wa )
( )
1 X (−1)n+1 z̈n
Fw b = ml −c9 (ẅb − ẅa ) + ẅa + c8 (üb − üa ) − c11 üa + 2
2 n
nπ
− c12 (T0 + Tq + Td )(wb − wa ) (A.4)
λ2
r
λ σs E
c8 = − 1 + +
12 + λ2 E 12 σs
2
2 λ σs
c9 = − −
3 60E
λ2
r
λ σs E
c10 = 1+ −
12 + λ2 E 12 σs
r
λ σs
c11 = −
6 E
λ2 σs
1
c12 = − 1+ (A.5)
l 12E
Annexe B
Représentation en variables
d’état d’une structure câblée
Nous exposons ici une méthode pour calculer les pôles en boucle fermée d’une structure
câblée contrôlée par IFF, en tenant compte des couplages modaux. Nous décrirons la
construction de 2 modèles : dans le premier, la dynamique de la structure est repré-
sentée par un développement modal (complet ou tronqué) ; dans le second, elle est
représentée par un développement modal limité aux basses fréquences, complété par
la contribution quasi-statique des modes restants (mode résiduel).
Cs = [ B T Φ O] Ds = 0
B Dynamique en boucle ouverte 123
O I O
Abo = Bbo =
−ω 2 − µ−1 ΦT BKc B T Φ −2ξω µ−1 ΦT1 BKc (B.3)
x˙1 A11 A12 x1 B1
= + u
x˙2 A21 A22 x2 B2
(B.4)
x1
y = [ C1 C2 ]
x2
z˙1 O I O O z1 O
z¨1 −ω12 −2ξ1 ω1 O O z˙1 −µ−1 T
1 Φ1 B
= + T
z˙2 O O O I z2 O
z¨2 O O −ω22 O z˙2 −µ−1 T
2 Φ2 B
(B.6)
z1
z˙1
∆ = B T x = B T Φz = [ B T Φ1 O B T Φ2 O]
z2
z˙2
où l’indice 1 se rapporte aux modes de basse fréquence, et l’indice 2 aux modes de
haute fréquence. Pour faciliter le calcul de (A22 )−1 , nous n’avons pas associé d’amor-
tissement aux modes de haute fréquence (ξ2 = 0). Cela ne porte pas à conséquence
puisque la dynamique de ces modes est négligée (z˙2 = 0). En appliquant les relations
(B.5) à la dynamique de la structure (B.6), on trouve facilement le modèle réduit :
O I O
A0s = Bs0 =
−ω12 −2ξ1 ω1 −µ−1 T
1 Φ1 B
Cs0 = [ B T Φ1 O] (B.7)
−1
O I O
Ds0 = − [ B Φ2 T
O] = −B T Φ2 (ω22 µ2 )−1 ΦT2 B
−ω22 O −µ−1 T
2 Φ2 B
La notation ()0 signale que avons inclu la contribution quasi-statique des modes de
haute fréquence, contrairement aux relations (B.2). Introduisons la décomposition
modale de la matrice de flexibilité statique G
X φi φT (ω12 µ1 )−1
O
ΦT1
i
G= = [ Φ1 Φ2 ] (B.8)
ωi2 µi O (ω22 µ2 )−1 ΦT2
i
permettant d’exprimer la matrice Ds0 sans faire intervenir les modes de haute
fréquence :
O I
A0bo =
−ω12 −2ξ1 ω1
O
I + Kc B T (G − Φ1 (ω12 µ1 )−1 ΦT1 )B −1 Kc [ B T Φ1
− O]
µ−1 T
1 Φ1 B
O
0 I + Kc B T (G − Φ1 (ω12 µ1 )−1 ΦT1 )B −1 Kc
Bbo = −
µ−1 T
1 Φ1 B
0
−1
= − I + Kc B T (G − Φ1 (ω12 µ1 )−1 ΦT1 )B
Cbo K c [ B T Φ1 O]
0
−1
= − I + Kc B T (G − Φ1 (ω12 µ1 )−1 ΦT1 )B
Dbo Kc
(B.10)
où Onc est une matrice carrée nulle de dimension nc et Inc est une matrice carrée
unitaire de dimension nc . En appliquant les relations de la figure B.2 et en tenant
compte des équations du contrôleur (B.11), la matrice d’état de la structure câblée
en boucle fermée s’écrit :
gBbo Kc−1
Abo
Abf = (B.12)
−1
Cbo gDbo Kc
Suivant que l’on utilise les expressions (B.10) ou (B.3) pour le système en boucle
ouverte, on tiendra compte ou non de la contribution quasi-statique des modes de
haute fréquence. Les pôles du système en boucle fermée sont les valeurs propres de
Abf .
B.3 Références
[1] R.E. Skelton. Dynamic Systems Control. John Wiley & Sons, 1988.
Annexe C
Cette section décrit les étapes successives effectuées pour estimer les valeurs de l’amor-
tissement et de la fréquence naturelle des modes fondamentaux de la maquette de pont
d’Ispra. La démarche est globalement analogue a celle proposée initialement par Mi-
chel Auperin [1]. Cette méthode a été utilisée pour obtenir les lieux des pôles des
figures 4.20 et 4.23.
C.1 Excitation
La commande en déplacement de l’excitateur à masse mobile (figure 4.10) est com-
posée d’une somme d’harmoniques de phases aléatoires et de fréquences linéairement
réparties sur une plage contenant les modes fondamentaux de flexion et de torsion de
la maquette (0.6 → 1.3Hz) :
1434
X sin (ωi t + φi )
u= (C.1)
i=1
ωi2
où le facteur 1/ωi2 a été introduit pour que l’amplitude des forces d’inertie générées par
la masse mobile soit constante sur la plage de fréquence. Le signal a une durée de 330
secondes. La meilleure résolution fréquentielle obtenue par un calcul de Transformée
de Fourier Digitale (DFT) sera donc de 1/330sec = 0.003Hz.
128 C. Identification modale basée sur la théorie des vibrations aléatoires
Fig. C.1 – (a) mécanisme d’excitation de la maquette à l’aide d’un excitateur inertiel
(b) excitation sismique d’un oscillateur à 1ddl
obtenu sera donc la moyenne des PSD des différentes sections auxquelles ont été
appliquées les opérations 2 et 3 ci-dessus. La figure C.3 montre la courbe de PSD
obtenue pour différentes combinaisons :(a) une seule section de 330sec avec fenêtre
de Hanning.(b) 4 section de 82.5sec sans recouvrement, avec fenêtre de Hanning(c)
13 sections de 82.5sec avec recouvrement de 3/4, avec fenêtre de Hanning.(d) Idem
(c), où chaque section est complétée par une séquence de zéros pour atteindre 330sec.
On voit que l’allure générale de la courbe est sensiblement influencée par le choix de
la méthode de calcul. On devra donc s’assurer que l’algorithme de reconstruction du
lieu de pôles qui sera décrit à la section suivante est robuste vis à vis de ce choix.
Algorithme itératif
Celui-ci est basé sur les relations (C.11) vues précédemment ; pour le calcul des mo-
ments spectraux, les limites d’intégration devront bien sûr rester à l’intérieur de
la plage de fréquence du signal d’excitation, où la PSD sera bien approchée par
l’Equ.(C.6). Pour les calculs présentés ci-après, on choisit f1 = 0.65Hz et f2 = 1.2Hz ;
on évite ainsi la résonance des haubans, située au-delà. La méthode présentée ici est
conçue pour l’identification d’un système à un seul degré de liberté, or la maquette
possède 2 modes propres (flexion et torsion) dans la plage de fréquence d’excitation.
Pour extraire du mouvement global du tablier des coordonnées en flexion ou en tor-
sion seule, nous considérons la combinaison linéaire de 2 capteurs de déplacement
verticaux situés de part et d’autre de l’axe de torsion. La coordonnée de flexion est
132 C. Identification modale basée sur la théorie des vibrations aléatoires
r s
m̂2 Φ(ω1 , ω2 , ωn(i) , ξn )
ωn(i+1) =
m̂o Ψ(ω1 , ω2 , ωn(i) , ξn )
2m̂o ξn ωn3
So = (C.12)
πΦ(ω1 , ω2 , ωn , ξn )
Pour chacun des tests suivants (pour des valeurs croissantes du gain de contrôle), on
résout itérativement (C.11) par rapport aux 2 inconnues {ωn , ξn } :
r s
m̂2 Φ(ω1 , ω2 , ωn(i) , ξn(i) )
ωn(i+1) =
m̂o Ψ(ω1 , ω2 , ωn(i) , ξn(i) )
πSo Φ(ω1 , ω2 , ωn(i) , ξn(i) )
ξn(i+1) = 3 (C.13)
2m̂o ωn(i)
< = −ξn ωn
p
= = ωn 1 − ξn2 (C.14)
C.5 Références
[1] M. Auperin. Analyse des tests 157 à 164. ACE, Personal communication, April
2000.
[2] A. Preumont. Random Vibration and Spectral Analysis. Kluwer Academic Publi-
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C Références 133
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