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140 JEAN KOENIG bibliques cités. L’apparition des bétes sauvages marque une phase extréme dans le recul et exclusion de homme. Je ne suivrai pas plus loin les exécrations bibliques sur les cités <étuites, bien que le rEpertoire ne soit pas épuisé. Jai seulement voulu examiner quelques textes oii on peut retrouver des coloris pittoresques et divers renseignements qui échappent a la prospection archéologique des ruines et qui me paraissent offtir de T'intérét pour Métude du comportement des populations des régions en question, au cours des Ages MINA MARTENS L‘ARCHANGE MICHEL ET LHERITAGE ESCHATOLOGIQUE PRE-CHRETIEN Essai de contribution @ la connaissance des mentalités populaires avant 600 : de la eroyance au culte Monsieur Abel me proposait en 1952 d'étudier les représentations iconographiques et les textes ayant pour objet Varchange Michel, Les tunes et les autres abondaient et la téche d’en marquer les caractéres propres se révélait délicate, du fait de leur appartenance & des civilisa- tions orientales ou occidentales, pré ow post-chrétiennes, Les premiers résultats publiés ne portérent que sur des points précis du culte rendu archange en Belgique et dans les Pays-Bas?, ce qui ne répondait qu’imparfaitement au veu du professeur d'histoire des religions dont les ouvrages ou les cours? signalaient, chemin feisant, importance de la croyance angélologique dans différents courants de pensée iraniens, grees, romains, gnostiques, chrétiens ou islamiques*. ‘Aussi, le théme que nous avons voulu traiter, dans le cadre de oes Mélanges, se situe-t-il dans les perspectives initiales d’un eulte michaé- lique aux confins d'idées chéres & celui a qui ils rendent hommage. Précisons les points de repéres chronologiques retenus. Le nom de, Michel apparait pour la premiére fois dans le livre du prophéte Daniel, aig peu apres 175 av. 1.C.*. Les premiéres représentations chrétiennes M, Martens, Le cute de saint Michel en Belgique, dans Milénaire monastque de Mont Saint-Micheh,t Il, Cute de saint Michel et pélerinager an Mont, Pars, 1971, +. 423-46; Un vital dispara aux armes des ignages bruxelois la cathédrale Saint. Michel, Miscellanea Jozef Duvrger, Gent 1988, p. 311 827 Le cule de saint Michel dans les Pays-Bas. dans Millnaire monatiqe ds Mont Soint Micke, CII, p. 447 4.458, Histoire des religions, cours recusl et présemé par Madame A.C. Dero; Bruxelles, Presses universtires de Bruxelles, 1972 On citera: «Les sources arabes sur le manichéismen, exrat de Yemmaire de ost de Phillopie et d Histoire orientate et slave, t. XWU (1961-1962) not p65: Aspects socilogigues des religions «masichéénneso. dans Mélanges oferas @ René Croset, Poitiers, 1986, p. 35, n. 6 4 propos de Michel et de Varchange Tum: cf. \Sautzes travaux concernant les problémes touchant la rsurrection, c-apeés, 1. § SCI Henti Carles, Le Jugement des morts on lead, Sources arenas m4, 120. 136, 12 MINA MARTENS de Tarchange, au départ de toute la typologie michaélienne, sont des StL 6* sidcles de notre ére®. Un grand nombre d'érudits” ont, sans contredit, maintes et maintes fois accordé dans leur travaux une atten- tion spéciale & Michel. Ils ont fait au départ de sources variées, propres & plusieurs milieux de culture, celui du juif et du chrétien, du grec et du gnostique entre autres; ils Tont fait parfois en fonction d'crigines probables, mésopotamiennes, iraniennes, égyptiennes, hellé- nistiques ou romaines; ils ont aussi cerné des problémes propres aux différents types iconographiques de Iarchange et se sont subsidiaire- ment penchés sur le probleme des raisons qui les motivaient. manque cependant encore une certaine recherche des coincidences de ces diverses données, qui expliqueraient que Yon passe du stade de croyance aux anges et archanges, sous la forme d'une sorte de vénéra- tion, tlle cele que lui ont rendue, par exemple, les Juifs, a un stade tris précis de culte chez les Chrétiens qui se conerétisera par la fondation d'églises dédiées & Michel et la confection d'images le représentant. Lapparence de Michel nécessite une mise au point, d'une part, chez Je prophéte Daniel, au 2° s. avant notre are et, d'autre part, chez les Chrétiens, aux 5¢ et 6s. aprés J.C. Le prophéte Daniel évoquait la vision, qu'il aurait eue, pendant la captivité des Israélites a Babylone®, d'un homme vétu de lin, les reins ceints d'une ceinture dor, le comps de chrysolite, le visage resplendissant comme un éclair, les yeux comme des lampes de feu, les pieds comme Técat d'un airain poli et le brut... des paroles comme le bruit d'une multitude de gens (Daniel X.5-6), qui lui aurait annoneé les souffrances Israél et Ia libération future du peuple capt. «Celui qui ressemblait 4 un homme» (Daniel X.18), «Wan des grands venu pour m’aider (Daniel X.13), a un pouvoir précisé, lui, dont il est dit qu'il «n'y en a pas un qui tienne ferme avee moi en ces choses, sinon Micaél, votre chef (Daniel X.20), ou encore «ce grand chef qui tient ferme pour les enfants de ton peuple» (Daniel XIII). Vision théophanique de la voix de Jahvé, Thomme vétu de lin, estil distinct de Michel ou se confond-il avec lui? Si l'affabulation textuelle laisse planer le doute, il n’en reste, pas moins, que I'«image» © Ch chaprés, p. 143 et su. 2 certains de oes tavaux signals chaprés a, 17 et suv "Cf A. Abel «Eschatologie et cosmogonien, dans drmoles du cenre ditude des religions, 1° 3 LARCHANGE MICHEL 143 révélée s'accordera grosso modo avec les premiéres figurations angélo- logiques*. Les premiéres représentations chrétiennes de larchange Michel au 5*-6*siécles sont, elles, entigrement typées'®. Lune, des plus anciennes, figure au pied-droit de la porte de église du monastére d’Alahan en Isaurie? Gabriel y est représenté-& Tautte pied-droit. tous deux en tant que gardiens du sanctuaire. Michel Gough ui la public"? Iui_auribue la date du miley du $* sifle. On y ‘gconnsit'™ un personnage, AIMBE-OW non, vétu Tune tunique courte, parte ceux args ale, porta ss fooue HOSEA. wlinoant ‘ae que, sans la description donnée par M. Gough, il serait quasi impossible de les y découvrir. I s'agit & coup sr d'un prototype hybride de l'archange, jumelant plusieurs attributs, séparés dans les représentations ultérieures connuee. Qn_y reconnait, tout abo, Je Michel.«a-ls-balanceyconnu. dans son_r6le dé peseur d'ames, psychopompe! ou psychagogue'*. Le Michel tenant le globe rappelle'S, de loin sans doute, le Michel en” «empereur ou de majésté que nous examinerons sous peu'®. Enfin, le Michel éerasant deux bustes humains — pour autant que la descrip- tion en soit juste — ouvre la Voie & une double symbolique : Tune chrétienne, celle d'un personnage draconoctone identfié par Jerpha- nion*? dans un tissu cope du Musée des Arts décoratifS é’Athénes ° Cr. caprésn 28 + Une immense quamtité d'ouvrages ou articles ont é consacrs 4 ce sujet; ind ‘quons momentanémentquelqiesns centre eux: L, Réat,Ioonogrphie de Vert cledtion. Il, 1986, p. 44; Dom Cabrol et dom Leelerg, Dictionnaire d'archéolepie clrtinne ot de lege, Paris 1932, «XI, col, 907 et suiv; Levikon fr Theoogie und Kirche, 1 &d, Facburg, 1962, £6, ol. 394 et suit; Bibliotheca sanctormy, Rome, 1967, t. IX, 410 et suiv.: Lenn des Chrslchen enographie, 197, t IM, p. 255 et suv "The carly cists, Londres, 1961, p. 170, plenche 28 et description de la planche p. 256-257 "Voir planche 1 "9 CF Réay, loc cit le Lexikon flr Theologie und Kirche, oe city le Lexikon des CGiristichenIkonograpie col 262; tandis que la Bibithece sanctum (oe. ct, co. 432) le recent & Téyal du mat payshagogue, CI. André Maury, Recherches sur Vorigne des représentations gurdes de la piychostasie ou pisement des ames et sur lee coyances ui sy rattachaientn, dans Revue erchologigue . 1 (1844-1845), p 300 et suv ™"Terme que M, Jean Fournée («L’archange de la mort ct du Jugement», dans Milenaie ch Mont Soint- Michel, 1 Ul, 76 et sul.) choi de preference "8" Bibliotheca Sanctorum, leet Voir plane nS. °° B.G. Jerphanion, «Liovigine copte du type de sunt Michel debout sur le dragon ‘dans Acadinie der Inacriptions et Belles Lettres er. des ances de Vannée 1938. p. 371 et 380 of Tauteur sééve contre Torigine occidentale du type et entre autre contre 144 MINA MARTENS datant du 5¢ ou du 6¢ s., mais of les attributs chrétiens de Ia eroix et de le lance frappant le dragon, seraient, selon lui, le type soit du Christ, soit d'un Michel sans ailes"*, fort répandu par la suite!?; autre, de facture byzantine, of Yempereur, portant le labarum ou la croix, foule aux pieds ses ennemis, symbolisés par le serpent?° a Vinstar du Christ €erasant Paspic et le basilic?* La complexité du Michel d’Alahan ne laisse pas de surprendre; elle le doit, sans doute, & la période peut-étre précoce oit elle fut congue? Pes de temps aprés, ailleurs, les types vont se figer en se simplifiant Je Michel archiseratége en tenue impériale, nimbé, vétu de la chlamyde, aux ailes légérement déployées, portant le labarum avec le mot dyiog trois fois reproduit”*, tel qu'il apparait dans la mosaique byzantine de la basilique de San Appolinare in Classe de Ravenne construite de 534 8 549°; le Michel byzantin en tenue d'archange, tenant d'une main le globe surmonté d'une croix grecque et de autre tenant un baton de commandement — insignes impériaux — dont une plaque d'ivoire, du milieu du 6° siécle, offre une admirable figuration’ Nirait-on pas jusqu’a comparer le symbolisme de l'église dAlahen — archanges gardiens de la maison du seigneur — avec I'étimasie byzantine développée, par exemple, a Vabside de St. Michel in AMfi- cisco, datée de 545, oi le logos est entouré des deux taxiarques, Michel et Gabriel, revétus du loros?*! Max de Fraipont, «Les ovgines occidenales du type de sain-Michel debout sur le ‘ragon», dans Revue darchéologie et dhutoire de Part, t. VII (93%) fase, p. 289 " Jerphanion a’ose y reconratre Varchange Michel du fait de absence eile. (Cex ne nous paralt pas SuTisant (vor & ce propos craprts p. 145) "> Voir le bel jsoie earolingen du Museum des Kunshandwerks de Leipaig, daté des années 800, pl 2 A. Grabar, Lmpereur bysanin — Recherches sur art officiel de Yat Orient (Publiations de la Faculté des Lettres de Université de Strsbourg, fase. 75, Pais 1936, 43-4, 160, Yoir 1a mosatgue du palazzo arevescovle de Ravenne datée du 6* sitele (voir pln 2}, dont le theme saitrépandu au V*s. sur les lampes de tere cuit afrcanes, sous a forme du Christ foulant aux peds le lion et le dragon (A. Michel, Histoire de art, 1, Pats, 1936, p68). 2M Gough ui atribue la date du milieu du 5 sgt, P Voir notamment Venturi, Storia del Are, Hp 266 3 CF pnt. 2 CI. planche n 5. Voir D. Talbot Rice, rt tion p. 280 et pn 48 et. fF. van der Meer, Majestas Domini, Théophanles de Fapocolypse dans Vart ‘lrties, Rome-Pais, 193, p. 2824 24 f,planche 06 nn, Pari-Braxelles, 1959, descrip Fig. 1. St, Michel figurant au pied-droit do la porte de Wéglise d’Alahan en Tsaurie, d Michel Gough, The easly christians, th pris 38 Fig. 3. Le Christ cu palazzo arciv tant St. Michel, décorant I'ég apres une photographi Fig. 5. 10 ichel en archange @apriés D. Talbot Rice, Art byzantin, pl ae Aitriciseo, LARCHANGE MICHEL 145 Le formalisme iconographique s'est ainsi largement affirmé depuis la vision de Daniel: du jeune homme lumineux et resplendissant, Michel s'est mué en plusieurs figurations ailées, spécifiques de fonc- tions précises signifiées par le port de symboles adéquats, L’absence ou 'adjonction?” d'ailes est dimportance seconde: en plein 4° siécle, Michel ou Gabriel restent, dans l'art des catacombes romaines, de jeunes hommes sans ailes?*, quoique les Kheroubim de Arche de PAlliance?? et du Temple de Salomon a Jérusalem*? en possédaient plusieurs; les seuls «anges» visibles d'ailleurs, alors méme que toute autre «image» était proscrite, jusqu’au jour o, corrélative- ment a art chrétien, naquit un art funéraire «illustré» dans les colonies Juives de Rome*?, ou encore Vart des fresques des synagogues en Palestine et ailleurs™? A quoi faut-il, par contre, attribuer la «diversification» de représen- tations de Michel? Pour le savoir, il faut, au préalable, déterminer quelques-unes des significations des premiéres implantations du culte chrétien de l'ar- change, marquées par Ia fondation d’églises avant le 6* siécle de notre Une telle fondation ne laisse pas d'étonner, si Y'on songe que les premiers édifices du genre exigeaient, en principe, la présence de reliques de saints*®, ayant eu done une vie terrestre et laissant leurs corps & la terre: conditions exclues dans le cas de V'archange Michel Quetques liewx cultuels «exceptionnels» remplirent seuls ces condi- tions dernires; ceux que M. Grabar définit «comme les sanctuaires commémoratifS des lieux saints en Palestine», élevés «sur Yemplace- Ct. cbapés n. 28 André Michel, Histoire de (irr «1, p. 28, 33 — Literpetation liuérale et late des texessaces, tlle livre de Daniel fort list (id, p.29), reste encore de rigueur (ibid, p. 68). Les mosaigues de Ste Marie Majeure (432-440) montzent par contre des anges aux ale replies iid, p. 48) 2 Voir notamment J B. Frey. wLa question des images cher les Jue & ta lumiBse des eécentes découvertesn, dans Biblica, t 15,1934, p 2684 270, 38 bid, Did, p. 273 et suv; ce nest qui la fin du-VI 5. qu'on redevint rigors; (ibd, p, 298) dans un sens pls reset. Marcel Simon, Vera Israel Paris, 1948, (Bibl thaque des Ecoles franaises &'Athine et de Rome, fase. 166 p. 44 4). SP CE. Marcel Simon, op. cif, . 94 e suv.; du Mesnil du Buisson, Les petmures de 1a synagoque de Doura-Europot, Rome, 1839 "Te le joué par les martsra dans ls fondation délises a &€ mis en lumitre notamment pat A. Grabar (‘Martviun, recherche sur le cule dex veliges et Part chréien damtgue, 1, Architecture, Paris, 1946). 146 MINA MARTENS ‘ment des théophanies historiques» od s'était manifestée Ia «divinité du Christ»; ceux, encore qui correspondaient a une théophanie biblique et, par la suite, les sanctuaires commémoratifs des personnages et des Evénaments de PAncien Testament, centrés dailleurs autour de la personne de Dieu®. Michel prenait-il place dans cette catégorie? Son réle de messager de Diew ly prédisposait?* sans doute, quoique aucun édifice palestinien portent son nom n’ait été signalé, alors que des églises Saint-Michel serort fondées en Asie Mineure et 4 Constantinople. Liimage théophanique de Varchange a-telle cédé la place & d'autres aspirations religieuses? A-t-lle été doublée par elles? Les deux fondations d'église, les plus anciennes, Pune Constanti- hople, autre au lieu dit Chonai fourniront, a cet égard, de précieuses La premitre remonterait Constantin fondant sur les rives du Bosphore, 4 Anaplou, au milieu du 4° siele?5, selon Sozoméne (400-460)3”, un michaelium, ou édifice funéraire rond, pour y enterrer son fils, La disparition de la plupart des fondations chrétiennes de Constan- tin, fort nombreuses dans sa nouvelle capitale?”, a rendu malaisée Ja tche de ceux qui veulent retrouver & coup sir le michaelium en uestion, et ce, d’autant plus qu'un autre michaelium construit par Vempereur Justin IL (565-578) en Yhonneur de son fils appelé, lui aussi, Michel, a quelquefois passé pour une seule et méme construc- tion. Remarquons simplement que Sozoméne ne pouvait pas connaitre — vu la date de son édification — ce second édlifice, non plus que celui élevé par Justinien (527-565). % Ibid. p. 322 et notamment p. 323 of M. Grabar cite des sanctusires dlevés & une ‘on Putte des théophaniee divine. 28'Cr chaprés p 153 et sv 3% Ct R. Janin («Les sanctuaires byzantns de saint Michel», dans Ector d'Orient, 1834, p, 37) sur la foi des écrts de Sozomne (ct. n, sui.) et de Théopane (Choro. raph, 6d. De Boor, I. p. 24) Diji dégradée au VI" «ells fa & ce moment restaurée aries soins de Vempereur Justnien Jann, ee. cit), voir aussi Grabar (Marri, . 574) qui, Saprés Procope (De edit. , p. 185) signale cet Eifce et Testime onde par un sénateur 2 Histoire ecelésastique (P.G. , LXI, cl. 940.94), 3 A. Grabar, Marien, 207 » Iba, p. 207 t 295et 90 © R. Jann, lc. cit, et Théophane, Chorographis, éd. De Boor, 1. 1, p. 470/30 ania. VARCHANGE MICHEL 147 Quoiqu'll en soit, ces fondations s‘inscrivent dans la ligne de la politique suivie par Constantin d’élever des mausolées en honneur ddes membres de sa famille*!. Mais alors qu’il édifia le sien prés de ‘église des Saints Apétres & Constantinople*?, celui de sa mére, Héléne, prés de la basilique des Saints Pierre et Marcellin a Rome, celui de sa fille, Constantina, prés de Sainte Agnés a Rome*, cest-iedire pris d'un liew saint consacré, il choisit pour son fils la protection de Michel, ne pouvant invoquer qu’une théophanie de l’Ancien Testa- ment‘, M. Janin*® attribua pour sa part la fondation du michaelium ‘aux miracles que Varchange y aurait opérés*; mais Sozoméne*’, sur lequel il appuyait ses dires, n’écrivait qu’un siécle aprés la fondation proprement dite. L’action thaumaturgique de Michel s'était-elle done ‘manifestée en ces lieux avant qu’on y construise le monument funéraire? M, Janin ne nous en dit rien. Aussi, avant d°épuiser le champ des hypothéses qui peuvent étre émises pour comprendre les raisons qui motivérent le choix de Constantin, peut-étre estil utile d’examiner autre fondation de sanctuaire 4 Saint Michel: celle qui cut pour théétre les miracles de Michel & Chonai, en Asie Mineure. Il n'est guére question de faire étude — qui manque encore — de ensemble des problémes de localisation et de datation, extrémement complexes, des miracles dits de Chonai, que d’aucuns considérent comme marquant 'instauration méme du culte chrétien de Michel. F, Nau‘? a bien défini dans quel cadre géographique et chrono- logique se circonscrivaient les recherches relatives 4 la «Narration de ces miracles, connue seulement par une relation greeque anonyme du X*s,,considérée par lui comme original, par une rédaction attribuée 4 Sisinnius archevéque de Constantinople au X® siécle** et par la 1 Grabar, Martyrium, p. 143, 204, 207 2 Chop it, p. 227 not ® Op.cit, pS + Op eit, p. 204, 205, 208 2 Sani, op. cia p37. PG. 67, p 940941 2 Sani, op. cit p38. * Voie entre ates, A. Lukyn Willams, «The cult of the angels at Colessae», ans Journal of Theological Studies, 1909, p. 46 et ui. "Le miracle de Saint Michel & Colosses, Patologia Orientals, Paris 1808, p. $42 Voie la publication du texte (bid, p. $47), * Publige par ls Bollandises (AA SS t, VIL, septembre, p. 38 4 49). 148 MINA MARTENS célébre relation de Siméon Métaphraste de la méme époque*?. L'argue mentation qu'il rappelle repose essentiellement sur la localisation de Chonai citée dans le titre, En voici les points principaux, Dans le cas o Chonai est l'actuelle Chonas (dite Konais, Conas), distinct de Colosses, Ja datation du texte se situe entre 692 et 787, période au cours de laquelle lévéque de Chonai succéde & l'évéque de Colosses *, ville qui vient d'étre détruite ou abandonnée au moment ott le nouvel évéché se constitue**. Si Chonai n'est qu’un autre nom de Colosses, un quartier de la ville en quelque sorte, la rédaction de a Narratio prendrait place au 7* ou méme ou 6 sigcle**, avant done la disparition ou abandon de Colosses. Enfin, si Chonai et Colosses sont distinctes mais contemporaines Tune de autre, et si Colosses est bien le lieu od les Miracles se sont produits, le texte aurait vu le jour, d’aprés Max Bonnet", entre le S*et le début du 7 sidcle Cette argumentation Iaissait complétement dans lombre le nom de «Cheretop» mentionné dans le corps méme du texte et dont en avait ailleurs aussi perdu le souvenit au moment de la rédaction de la arrati, soit au X* siéele, la localité ayant disparu entre temps Lon s'étonnera, néanmoins, que W.R. Ramsay qui eut & rappeler — mais n'y attacha manifestement aucune importance — les Miracles dits de Chonai, lorsqu'l taita de Colosses*, n'at fat qu'un rapproche- ‘ment furtif avec la ville de Keretapa’, qui retint par ailleurs son attention sous le vocable de Keretapa-Diokaesareia ®, Les investigations entreprises depuis, en Asie Mineure, par M. Louis Robert, pour localiser certains points du pays et dont les résultats furent publiés par la suite*', eurent ceci de bénéfique qu’elles mirent * Publige par Max Bonnet, «Ni io de miraculo a Michacle archangslo Chonis Pateato edjcto Symeonis Metaphrasiae de eadem re libellon, dans le snaleca Bel Jandiona it. VII, 1889, p. 287 et suv.) en méme temps que la relation anonyme Ubi, 308) Caprés un autre manuscrit que ccli utilise por Nau {9 Le lieu «Cheretop» signalé dans Je corps méme du texte n'a pas retenu Uatten- lion des tfiteurs, Voir e-apres, Na op it, SH, 2% Loe ei 8 Loe ci. 2 Loe cit {The Cities and Bluhoprics of Plrsgio, Oxford, 1895, 1, p. 208 4215, 8 Ibid, p. 215, Ibid, sp. 275 sui. et not. p. 277 ob Ramsay rappelle que Duchéne (Bul {Citique,'890, p. 444) parait de deux Keretapa, Tune prés de Chonai, Tautre Sune localisation indéfne ©" Vilesd'Asie Mineure, ude de gigraphieanclenne, 2&4. Pars, 1962. VARCHANGE MICHEL, 149 4 avant plan le site de Keretapa, voisin de Chonai et Colosses*?, endroit qui se voit des chances d'étre localisé @ Yemplacement d'un lieu dit Kayser qui ne serait autre qu'une déformation populaire de Keretapa-Diokaisareia®? Quoiqu’on fasse, la localisation géographique des Miracles de saint Michel se cisconscrit en un pourtour précis, engtobant Colosses et Keretapa-Diokaisareia — toutes deux disparues, mais ayant laissé Tune® et Pautre®> de nombreux vestiges archéologiques, antiques et byzantins — et actuelle Chonas (Chonai). Colosses, tout comme Chonai, d'ailleurs, offtiraient aux dires de E, de Camus, des vestiges d’un sanctuaire Saint-Michel® Ces trois localisations correspondent grosso-medo aux renseigne- ‘ments géographiques signalés dans la Narratio®? : le confluent de deux rividres®*, reconnues par certains comme le Lycus et 'Ak-su®, autre- fois théatre d'un phénomene de disparition et de résurgence des eaux”? Quels sont, de leur cété, les faits hagiographiques narrés dans le texte, Au début de l'ére chrétienne, Jean le Théologien et Papatre Philippe vinrent a Ephése pour y combattre les croyants d’Artémis, Ja déesse aux serpents; ils gagnérent de la Keretapa pour y ft témoignage des miracles que Varchistratége Michel opérait prés d'une source miraculeuse”?, Leur départ™ fut suivi d'une longue période de remise en honneur des pratiques paiennes, jusqu'au jour oii un ‘id, . 105 4 121 et p. 318 et sui. Le om Cheretop fgurant dans la naraio sul proveir de une des graphics srecgues Katperora. (bid. p. 103). 2 thi, p05, $e p 108,10, 113 121, + Ramsay, op cit typ 12,113. Ruins nombres de vestiges byzantine e:mabes angus & Colas Robert, Vilesd'dse Mincue, not. p. ld et INT, pour le lieu Kayer qu pou est une forme populie de Dias). 6 Or E. de Cams, Voyage aur spt Slice de Ppoclue, Pais, sd, p. 179, sur a fide renseignements bien spun, © Nos n'y insserons pas ic. Iy a ew de se reporter aun ouvrages de Ramsay (op, et p 213), de Nau (op city p. 348) de L. Robert (op. cts p.113) dans le ca Se Tienuition des ius avec Kays 8 Nas, op. cp. S44; Ramsay, opt p 218 not "Apple Lucocapros ee Cupos(Anaeca Bllndana, 1889, p. 28), 1° Ramsay, op cis p. 215, Chona signiiant «goulfren (Na, op cc, p. $44 nt 2 ot galement Max Bonnet, op it, p. 542-58) ° Anaeea Bollandans, 83, 249-290 2 Naw petty p57) et Anata Bolling, 188, . 29 12 Ms'ytouvalent des bain chads (A. Lukyn Wiliams, The eu of the angels 1 Colleton 9.435) pot decessionem . apostoloramm (Nv, op. city p. 58). 150 MINA MARTENS citoyen de Laodicée, adorateur d'idoles, eut une vision de Michel; ‘ce demier lui promettait la guérison de sa fille, muette, s'il allait & Kereiapa et y prononcait invocation trinitaire completée par celle duu nom de Michel, La guérison obtenue, ce paien n’eut de cesse que de construire un petit sanctuaire en lhonneur de Iarchange. Nenante ans plus tard, un jeune homme vint y vivre en ermite pendant 60 ans, avant d’étre le promoteur d'un miracle de retrait des aux en pleines crues, miracle quill opéra & vocation du seul nom de Michel, archistratége de la puissance de Dieu. Ceite narratio ne peut, & coup sGr, étre utilisée qu’en tant qu’ordre de référence aux faits historiques repérés par ailleurs Le stjour des apétres & Ephése est connu’®. L’épitre de saint Paul aux Colossiens (II, 18) vilipende ale service aux anges» auquel s'adonnent les habitants de Laodicée, Colosses et sa contrée furent- elles, dés le I* siécle, selon les affirmations de Paul, livrées au culte des anges, ou de l'archange Michel cité dans la Narratio? Colle-ci signale une situation religieuse confuse, postérieurement au départ des apétres, situation que d'autres textes confirment d'ailleurs. ure le courant gnostique judéo-hellénique, signalé par le culte des. anges” & Laodicée, la Phrygie se révéle aux prises avec des forces iverses, les unes paiennes — notre adorateur des idoles en est un exemple’? —, d'autres chrétiennes: Papias, au début du 2° siécle, Evéque de Laodicée, aurait dans ses éerits, perdus a ce jour, évoqué Je passage des apétres Jean et Jacques’. M. Abel a longuement ‘éveloppé les raisons qu'il avait de considérer Abercius comme l'un des premiers chefs de communauté chrétienne en Phrygie au 2*siécle® Cet Abercius fit faire, avant 216, une épitaphe funéraire®® of figurent des symboles chrétiens®, et cela, au moment oii le montanisme, le marcionisme, le valentianisme faisaient des adeptes** en plein pays. D'autres épitaphes funéraires de la région laissent, elles aussi souvent, "J. Hladot, "Apocalypse de Jean et es chistianismesprimiifer, Revue de PUL.B, 19651956, p. 196. % Maurice Gopuel, La natsance du Christianame, Biblithique historique Payot, 1946, p36, 487, 1 dnalecta Bollandiana, 1889, p. 296. % QI Hadot, Apocalypse de Jear,p. 196, % Brae sur Mhserpion Abereus, BYzantion, Il, 1926, p. 321 et suv, Ii, 9.347 8 id 9 388, "Cr ibid, p. 358; sur xs différentes gnoseschrtiennes, voi par ex. Jules Lebreton, ‘Histoire du dogme de la winté des origins au conile de Wick, t. Ul, De St, Clement 4 St Irate, Pai, 1928 (Bibliotheque de Théologie historique). LARCHANGE MICHEL 151 les spécialistes perplexes, quant & une nette attribution juive plutdt que chrétienne®, ou vice versa. En 363, le concile de Laodicée stigmatisait encore les adorateurs didoles*, Le climat religieux était done loin d°étre simple. Les localités de Colosses et de Keretapa ont-lles un passé historique susceptible d'éclairer, mieux que Ia narratio ne le fait, leur milieu religieux propre? Colosses offre peu d'espoir; soit ville phrygienne, soit ville grecque, elle n’a laissé que peu de vestiges des périodes ultérieures — on citera une monnaie du 2* s.*® portant inscription ¢t téte couronnée*, — avant quelle n'entre en décadence sous les Byzantins*”, Rien de bien constructif donc. Keretapa, elle, est mentionnée comme rohic au 2 siécle et figure au 3° sigcle parmi les villes qui envoyérent une délégation & Aphrodisias pour la célébration d'un fepoc avon: elle prend parfois le nom de Diokaisareia. Le nom de Keretapa, remis en honneur sous les Byzan- tins*® au 5*siécle® figure, seul, ou conjointement avee Diokaisareia®* sur des monnaies datées d’Antonin a Caracalla”? Or, ces monnaies fournissent les premiers indices de la vie religieuse dans Ia localité. Elles semblent révéler existence d'un culte a Héraklés, sion tient compte que le héros figure sur l'une d'entre elles tendant la main & Tempereur®%, sur une autre face & Zeus** ou sur d'autres, enfin, soit comme enfant agenouillé sur un rocher, étranglant les serpents ou simplement symbolisé par sa massue et son carquois®. Voie Louis Rober, Recueil déperaphi, de numlsmatiue et dantiguiés gregues, Helenea, vol. XLXM, 1960, p. 381 et sis 6 Ramsay, op. ct, p. Al Ramsay, op. ct, p. 212. De Camus, Yoyage aux sept églies de Fapocelpee, p. 176 of Velie y Rivne © Ramsay, op. ely p. 213. Louis Robert, op cp. 107 La pénetration byzantine peut avoir & sigifenive dans ces régions et avoir contribué & 1x difsion du culte de Tarchange, Le michatiui <'Anaplou cb Ja date du 6 septembre, le miracle opéré & Colosies par Tatchange (ct Janin, op. cit, p. 39, apts le synasires), Louis Robert, op cits p. 120, 0. 4 ep. 319, © Bids p. 107 not © Did, 105 et su, {2 Bid. p. 107 et la planche I, fig. 2 od Tune de ces monnaies a été reproduite. Loe. cit, M. Robert a émis Thypothtse d'une ssmpolitique entre deux villes limitrophes, sy signalant par leur culte respec? (bid, p. 328, 326), quoigue, par ailleurs, d'autres pidces de monnaies repésentent seulersent ou Cybile, ou Dionysus fou Hérakles seul (iid, p, 26), 8 Did, p.1OT et pT. 1 et 3 152 MINA MARTENS és qu’on est en possession de ces données numismatiques, ouvrant le champ a Vexistance possible d'un culte rendu a Héraclés, on saisit toute Timportance d'une localisation des Miracles dits de Chonai & Keretapa. Sila chose peut étre considérée comme acquise, le culte rendu a Héraklés a probablement précédé le culte rendu a larchange; & moins qu'il ne lait concurrencé pendant un certain temps, jusqu’a la pénétra- tion byzantine au 5* s., date qui est également I'une des plus anciennes données pour la rédaction de la narratio Héraklés présente, en effet, certains traits communs avec Michel ce htros mi-dieu, mi-homme, s'est rendu populaire par ses luttes contre les serpents, Ihydre de Lemes notamment; par ses rapports avee Hacés ou Pluton, dieu des enfers, relié au probléme de la vie ou de a mort: par ses contacts avec Apollon, mythes qui ne sont pas sans faire songer a un Michel peseur d’éme ou draconoctone. Le Michel sculpté & Alaham, n’en porte-til pas les marques! Marques, quilui viennent de recours & des symboles religieux de moins en moins spécifiques de sectes propres, celles-ci aussi de plus en plus troublées par leur large diffusion, Les monuments funéraires de Phrygie en offrent d'autres témoignages®”, Quill y ait eu, sur Ie plan des mentalités et des comportements populaires chrétiens ou paiens, confusion avouée ou inconsciente, le ‘«jumelage» de mythes probable — Héraklés-Michel 4 Keretapa — est fondamental. 1 permettrait d'expliquer le passage de la seule vénération rendue 4 Yacchange, chez Daniel, par exemple, au culte bien localisé a Kere- tapa; en d'autres termes d’expliquer le passege d'une vénération théo- Phanique sans célébration de culte, & une célébration de culte dans ‘ou avec théophanie clairement exprimée. L'intermédiaire d'un culte — el celui rendu a Héraklés avec des pratiques cérémonielles plus mmanifestes — pourrait étre l'un des chainons de localisation qui conduiront & I'édification de sanctuaires michaeliens. (Or, une tele symbiose ne peut sétre produite sans raisons profondes. Quels en sont les éléments constitutifs? Dans le cas qui nous occupe, l'un doit d’abord étre cherché dans la és large diffusion, théophanique celle-li, de Ia croyance en un " W. H. Roscher, Ausfiirliches Lexikon der Griccischew and Romanischen Mithor losie Leipng, 18861890, ¢ T col. 2135 et su, Robert Graves, Ler Mythes Grees, Pass, 967 "CF es exemples donnés par M. Abel, par Louis Robert (cedessus p. 180-13). VARCHANGE MICHEL 183 Michel qui va bientdt s'individualiser, se personnifier grace a des attributs de plus en plus spécifiques®®, Michel n'est au départ chez Daniel qu'un personnage éblouissant, chargé de transmettre aux hhommes la parole de Jahvé Chez Hénoch®, son contemporain de peu ou de loin, Michel est celui qui est donné pour maitre de la meilleure part de humanité et Imaitre sur le chaos; pour celui qui est semblable & Dieu et a en apanage Ia miséricorde et la tolérance'®!, dans un récit rappelant Jonguement la nature bénéfique ou maléfique des anges, leurs noms et les fonctions qui en découlent. Le livre de Naphtali écrit entre 109 et 106 avant notre ére*# ‘monte Michel s‘adressant aux 7 nations de la part de Jahvé!® Le «pouvoir» de Michel s"éclaire, dans le livre de Noé, of on le dlonne comme dépositaire du nom secret de Dieu et du pouvoir comme de Ia force qui y est contenu et que Dieu y a placé*®*; de plus dans kes Visions d’Hénoch, il est guide du prophéte vers les mondes inter- planétaires — spirituel ou physique —, o& tréne Dieu, car Michel connait les serets du ciel et des corps lumineux'®5; enfin le livre des Secrets d’Hénoch, au début de Vere chrétienne?®6, le qualifie d'archi- stratge ”, Dans l'action, Michel se révéle mieux encore, L'Apocalypse de Jean de Patmos, datée entre 66-70 et 160 de notre ére!™ le présente, Jors du jugement demier, dans la bataille livrée au ciel par Michel t ses anges contre Je dragon et ses anges, d'oi est defini son réle archistratége de Diew"®*. Le Livre de Jude, écrit entre 95 et 125 " H nest guére dans notre propos de relever ici tous les textes of te nom de Michel apparait; les indices des differents ouvrages que nous uiisons le permtent aistment (6. . suv); nous ne retendrons que la citation parculiéremeat exemplars W. Lucken (Michal, Gotinga, 1898) ena relevé un nombre considerable RH. Charles, The apoerypha and Picwiepigrapha ofthe Old Testament, Oxford, 1913, sp. 165 ive eit ene le 2 sicle avant et apres ere ehrenne, "8? Livte @'Henoch 20, -6 (bid, p. 201), 12% Livre d'Hénoeh, 409 (iid, p. 211), 5° Charles, op itp. 282 "> Livge di Testament de Naphiali, 9.1 (Charles, op. cit, p- 363). "96 Livee d Hénoch, 69, 14 et 16 (bid, p 234) ' Livre dHénoeh, 71, 3 (iid, p. 236). id, p25, 1az Live des secrets d'Hénoch, B 22, 6 (bi p. $43), A 33, 10 (ibid, p. 428). '** Stanislas Gist L apocalypse et Vhistoive. Eade historique sur Apovalpie Johan nique, Pris, 1987, VII, 260 p.s J. Hadet, [Apocalypse de Jean et ley cbrsiataes printf, . 190 & 200. 12? Et factum est bellum in caelo, Michael et angel jus pugnabant cum deagone, 1 draco pugnabat et angi usm (cf. W. Neuss, Die spatelypse des hl. Johan, Munster, 931,01, p18), 154 MINA MARTENS aprés"®, lui réserve de disputer au diable le corps de Moise", Le Livre d’Adam et d'Eve, vraisemblablement écrit entre le I* et le 4* 5 de notre ére''?, donne & Michel un réle, lors de la création d'Adam fait a image de Diew'™, ils'y présente a la droite de Dieu ordonnant aun anges déchus de I'adorer'™4, il chasse Adam du Paradis"'*; enfin, son réle dans Ja mort est mis en évidence: Michel prophétisera la mort d’Adam'"*, et le conduira, aprés la mort, vers les formes de son jugement qu'il attendra jusqu'aux demigres années"?”, jusqu‘au ‘moment oi il sera introduit au paradis par Michel aidé d’Uriel!"® De support visuel de la parole de Jahvé chez Daniel, Michel a lentement acquis les attributs divins; sa force réside dans sa connais- sanze du secret du nom de Diew, non encore révélé "9, dans son role de guide du chemin qui méne & Diew en passant par les stades de Ia Justice et des fins derniéres de 'homme. Sans doute, toutes les sectes juives nacceptent-elles pas ces missions richaéliques ou refusent méme d’y croire °, Pour les Esséniens, vers 63 av. J.C., Michel se voyait réduit au réle traditionnel de défenseur d'Israél", cite & cdté du Grand Ange!?? dont le nom reste célé et des anges de lumiéres et de tenébres'??; des sectes judéo-chrétiennes, 2M. Gonuel, Neitsance di critiantame,p. 456 8 Jude, 9 8° Chae, op cit, p. 126 ot sis 8 Lele d'Adant er dBve, XIV, 1 (Chases, op, ets p. 130) 88 Op cia XX,2 1, OB, fie, XW, 3 (Charles, p. 139) et XXIV, 1 (Charles, p. 40) 2 hid, 51 (Chars, p18}, 2" Tid, 46, 2:48, 2 (Chaves, p. 150) ‘bid, 48, 58.7 (Chace, p. 151), 1 On cherche de toutes manilres & le connate (c Marcel Simon, Verur lr p39. 2° Les Pharsens les acceptent (voir not. Massi, ulglse et le Christanismen, Rena de !Université Libre de Brexelles, 1965-1966, p. 238 a 245) au contrite det Seducéens qui edsent quil n'y a point de réureetion, ni ange, ni desprit, mais Jes Pharsins soutennent Tune Taute» (Actes des Apdtres, XXII, 8); egalement our fe refus des Saductens de se liter & ces eroyances (Evangile de Mathieu XXII, 23; Brangile de Mare, XIL, 18 et Evangile de Lus, XX, 27). Cl. notemment parti de hombreut ouvrages, J. B. Frey, «La vie de aude dans les conceptions juives du temps de Jésus-Christn, Béla, «13, 1932, p, 129168; André Caquot. wAnges et demons en Israel», Sources oriemaes, 8, Tours 1971, p. 115 4132. "21 Cf. A. DupontSommer, Ler érits essénions dicowertsprés de la mer Morte, Paris, Bibliothéque Historique Payot, 1958, p 209 etn. 2 "25 Qui ne serait autre que le wPrince des Lumiticsm chet supréme des anges de lumi (le it). 9 Dd texte p94 9, entre autres, LARCHANGE MICHEL 155 au sens large, Padoptent et Apocalypse de Jean de Patmos en est l'un des meilleurs témoins ™; certaines sectes gnostiques, celle du Pasteur d'Hermas, au le? proclame «l'ange grand et glorieux, c'est Michel, qui a pouvoir sur ce peuple et le gouverne, car c'est iui qui leur donne Ia loj et la met au ccrur des croyants»'?*; on va jusqu’a l'assi- miler au fils de Diew'?7; on parle de Tange fort qui est la personne du Sauveur"?4, L’empire byzantin, enfin, par sa figuation artistique, en fait un doublet des vertus impériales: Michel en tunique d’empe- reur!?? Michel, malgré Ja diversité des croyances qui s'attachérent & son nom, ce nom chargé d'efficace °, trouve son unité dans sa «réverbéra- tion» de image de Dieu dont il tie sa substance. Il change au rythme des modifications que subit elle-méme Tidée de Dieu, victorieux, slorieux, justicier et messianique. La place privilégite de Michel a la droite de Dieu le méle, parfois intimement, a toute V'élaboration de la mystique du tréne divin, qu'elle soit juive oii chrétienne***, de la phase purement symbolique, oi le nom de Dieu reste secret, a celle olla figure du Christ en gloire se révéle a chacun, Son réle d'intercesseur auprés de Dieu, distributeur des peines ou des récompenses derniéres, le place aux moments cruciaux du jugement 12 Voir par ex. J. Hadot (L'apocaypse de Jean et lex cristanames printf 9. 208) 4 exclusion de empire byzantin od il ne péndirera qu’avec les Paléologves (F Wan der Meer, Mojesas domini, Thtophanies de V Apocalpae dans Vart Craven, p22) Marcel Simon (Naissance d'une catgorie historique le ebristiaisme, Revue de ' Univer sité Libre de Bruxelles, 1965-1966, p. 406 et sui) a rappel. qusiques uns des tate ui Gistancent Juifs et Chrévens du fei du message de St. Paul. M. Fre Masa Gu, 238 & 245) propose quant A lui de reconnatre trois tendances dans le chrsanisng imi es heléistes, le courant judéo-chrtien de type essnien et le courant judéo™

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