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Associé de recherche, Laboratoire de Constructions Hydrauliques, Ecole Polytechnique
Fédérale de Lausanne, 1015 Lausanne, Suisse. Email : selim.sayah@epfl.ch
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Elève ingénieur, Ecole Nationale du Génie de l’Eau et de l’Environnement de Strasbourg, 1
quai Koch - B.P. 61039 - 67070 Strasbourg cedex, France.
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Adjoint Scientifique, Laboratoire de Constructions Hydrauliques, Ecole Polytechnique
Fédérale de Lausanne, 1015 Lausanne, Suisse.
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Directeur, Laboratoire de Constructions Hydrauliques, Ecole Polytechnique Fédérale de
Lausanne, 1015 Lausanne, Suisse.
pratique actuelle concernant la protection des rives consiste à surdimensionner les structures,
ce qui peut porter préjudice à l’aspect naturel de la côte (Ostendorp 1995).
Afin d’éviter une dégradation éventuelle du paysage, des structures pionnières en matière de
protection douce ont été installées en Suisse sur le Lac de Bienne. Depuis 1985,
l’ « Association pour la Protection du Lac de Bienne » (VBS) a développé des techniques de
génie biologique pour protéger le fond et les rives de l’érosion. Soutenue par plusieurs
localités et différents services cantonaux et fédéraux, l’Association a initiée de nombreuses
mesures biotechniques, comme des fagots ou des pieux en bois, utilisés sous forme d’épis ou
de brise vagues, ou encore le remblayage en gravier et des plantations de roseaux utilisés
comme agents de consolidation du rivage (Iseli 1995). Bien que de nombreux exemples de ces
types de mesures de protection des rives aient été réalisés, il n’existe toujours que peu ou pas
de bases scientifiques solides de dimensionnement permettant d’optimiser l’effet de
protection (Sayah 2004).
(a) (b)
Figure 1 : Utilisation des palissades dans le lac de Bienne (a) pour la protection de roselières,
(b) pour lutter contre l’érosion des rives
Les palissades sont principalement utilisées dans des régions peu profondes du lac, où les
forces hydrodynamiques générées par les vagues de vent et les courants ne sont pas très
importantes. Dans le cas du Lac de Bienne, les palissades sont constituées d’une ou plusieurs
rangées de pieux en bois alignés. Ces pieux sont plantés de façon quasi jointive, l’espacement
entre deux pieux successifs d’une même rangée n’excédant pas 2 centimètres. L’espacement
entre deux rangées de pieux est variable et atteint jusqu’à deux fois le diamètre des pieux soit
environ 20 centimètres. Le principal objectif des essais sur modèle physique consiste à
déterminer les valeurs optimales de ces deux espacements. C’est en effet la porosité
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géométrique de la structure de la palissade qui exerce le principal effet de dissipation de la
vague incidente.
3. Description de l’installation et de la procédure expérimentale
Les essais physiques sont conduits dans un bassin à houle de 10 m de longueur, 6 m de
largeur et 1.3 m de hauteur selon le schéma de la figure 2.
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configuration entre les rangées : alignées (dl=0) ou en quinconce (dl=1). La hauteur h des
pieux est initialement fixée à 150 mm.
(a) (b)
Figure 3 : (a) Implantation du modèle physique de palissades dans le bassin à houle
(b) Détail des palissades avec différents écartements des pieux
5. Influence de el sur KT pour une palissade présentant une seule rangée de pieux
Les résultats expérimentaux ont permis d’évaluer le coefficient de transmission KT en
fonction de l’espacement latéral entre deux pieux successifs de la palissade change. Les
valeurs de KT ont été calculées en utilisant la relation KT=HT/Hi, où HT est la hauteur de la
vague transmise à travers la palissade et Hi la hauteur de la vague incidente.
La figure 4 indique les variations de KT en fonction de la revanche relative de la structure
Rc/Hi. Ces résultats permettent de définir deux domaines de fonctionnement de la de
protection en palissade. Le premier domaine correspond à un comportement immergé (Rc < 0)
et le second à un comportement émergé (Rc > 0).
Il apparaît que le fonctionnement émergé de la palissade assure une meilleure atténuation de
l’énergie de la vague incidente. En effet, la pente des courbes de tendance des régimes
immergé et émergé indique que pour une même diminution du rapport Rc/Hi, la perte
d’efficacité en régime immergé est d’environ 1.5 fois supérieure à celle observée en régime
émergé. En régime émergé, l’influence de el sur KT n’est pas linéaire. En effet, lorsque
l’espacement latérale entre les pieux el, double, la valeur moyenne de KT est multipliée par
1.2 alors que ce coefficient est égal à 1.5 quand la valeur de el est multipliée par 7. De plus, il
semble que seule la valeur de el = 0.2 D permet d’assurer une réduction sensible de l’énergie
de la vague incidente avec un KT moyen de l’ordre de 0.79 en régime immergé et 0.67 en
régime émergé.
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1.4
el = 0.2 D
1.3
el = 0.4 D
1.2 el = 1.4 D
1.1
1
KT
0.9
0.8
0.7
0.6
0.5
0.4
-1.75 -1.5 -1.25 -1 -0.75 -0.5 -0.25 0 0.25 0.5 0.75 1 1.25 1.5 1.75
Rc/Hi
KT moyen
Rc
ec = 2 mm ec = 4 mm ec = 10 mm ec = 34 mm
0.5 h 0.66 0.79 0.69 0.99
0.3 h 1.05 1.00 0.95
0 0.77 0.87 0.86 0.96
-0.25 h 1.13 1.02 1.01 1.03
Tableau 1 : Influence de l’espacement ec des deux rangées de palissades pour différentes
valeurs de revanche Rc
Il apparaît que les résultats les plus satisfaisants en terme de dissipation d’énergie de la vague
incidente, correspondent aux configurations pour lesquelles ec varie entre 2 et 10 mm, et ce,
pour une revanche nulle ou égale à 0.5 h, cette dernière présentant néanmoins les meilleurs
résultats. L’influence de ec sur la valeur de KT dans la gamme de valeurs 2≤ec≤10mm
n’apparaît pas comme significative. Le comportement de la palissade immergée s’avère
encore une fois médiocre (KT>1).
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7. Conclusions
La transmission des vagues à travers une palissade a été étudiée par expérimentation sur
modèle physique à échelle réduite. Deux principaux types de configurations ont été testés,
pour des dispositions en une ou deux rangées de pieux, et ce afin de comparer leurs
performances respectives. L’influence d’autres paramètres comme l’espacement longitudinal
entre deux pieux successifs et l’espacement latéral entre deux rangées de pieux a été étudiée
pour plusieurs types de vagues incidentes. Les résultats montrent que, pour un même nombre
de pieux utilisés, les deux types de configurations donnent des résultats similaires en terme de
dissipation d’énergie des vagues incidentes (KT = 0.67 pour une seule rangée de pieux et KT =
0.66 pour deux rangées de pieux). Il est toutefois conseillé d’adopter la configuration en deux
rangées car la modification naturelle de la valeur de el sous l’effet des vagues au cours du
temps aura moins d’influence sur l’efficacité de la palissade que dans la cas où celle-ci est
composée d’une seule rangée de pieux. De plus, il est préconisé de limiter la valeur de ec à
une fois le diamètre des pieux afin d’optimiser le fonctionnement de la palissade. Au vu de
ces conclusions, les palissades apparaissent comme une mesure efficace de protection des
rives contre l’érosion produite par les vagues dans les régions peu profondes des lacs.
8. References
Iseli, C., et Wherli, M. 1995. Zehn Jahre Schilf- und Uferschutzmassnahmen am Bielersee.
VBS Schriftenreihe, 4.
Ostendorp, W., Iseli, C., Krauss, M., Krumscheid-Plankeart, P., Moret, J.-L., Rollier, M., et
Schanz, F. 1995. Lake Shore Deterioration, reed management and bank restauration in some
Central European lakes. Ecological Engineering 5: 51-75.
Sayah, S. M., Boillat, J.-L., et Schleiss, A. 2004. The Use of Soft Shore Protection Measures
in Shallow Lakes: Research Methodology and Case Study. Limnologica 34(1-2): 65-74.
9. Nomenclature
el - ec [m]: espacements respectives entre les pieux et les deux rangées de pieux de palissade
Rc [m]: revanche de la palissade
dl [-]: égal à 0 quand les rangées de pieux sont parallèles et à 1 quand elles sont en quinconces
h [m]: hauteur de la palissade
KT [-]: coefficient de transmission égal à HT/Hi
HT - Hi [m]: hauteurs respectives des vagues transmises et incidentes