Strategic Intelligence
ANAGO
Avril 2016
FAUT-IL AVOIR PEUR DE LA SITUATION AU MOZAMBIQUE ?
Une terre d’opportunités, une terre de défis
Mecatherm impose le pain français au
Mozambique
MECATHERM, le fabricant français
spécialisé dans les équipements de
boulangerie industrielle va installer à
Maputo deux lignes de production de pain.
Le groupe alsacien, qui emploie 470
salariés sur ses deux usines françaises, mise
sur les pays émergents pour développer ses
ventes. Et en particulier sur l’Afrique. Ces
dernières années, il a vendu des lignes de
production de baguettes en République
démocratique du Congo, en Guinée
équatoriale, en Algérie et au Nigeria.
«D’autres pays sont en ligne de mire. Dans
les grandes métropoles, la production
artisanale des boulangers n’est pas
suffisante en quantité ni en qualité pour
répondre aux besoins», analyse Olivier
Sergent, le président de l’entreprise leader
mondial dans son domaine.
Avec l’essor d’une classe moyenne dans les
pays émergents, la demande en pain a
explosé. Une aubaine pour Mecatherm. Sa
priorité, ce sont les anciennes colonies
francophones et lusophones, où les
populations ont gardé l’habitude de
consommer des baguettes. Près de 85 %
de ses 104 millions d’euros de chiffre
d’affaires sont réalisés à l’export et ses
lignes de production sont installées dans
51 pays. Les pays émergents représentent
30 % du chiffre d’affaires du groupe.
Pour s’imposer dans ces nouveaux pays,
l’entreprise mise surtout sur une offre «tout
compris». Le fabricant ne se contente pas
de vendre ses lignes de production grande
capacité. Il propose aussi le financement et
la formation des personnels.
by Afrikasources
Au Mozambique, le groupe a été le
premier à obtenir un crédit acheteur de
Bpifrance pour son client, un groupe de
distribution locale qui opère un
supermarché dans la capitale. En revanche,
au Brésil, en Argentine et en Ukraine, il a
monté des financements avec des banques
commerciales. «Les montants des contrats
comme celui du Mozambique sont de
taille un peu faible pour les banques
commerciales. Grâce à Bpifrance, nous
jouons à armes égales avec les ETI
allemandes», reconnaît Olivier Sergent, qui
emmène plusieurs fournisseurs
français spécialistes du pétrissage ou des
fours dans ce pays.
REPERES
http://www.mecatherm.fr/ Après cinq siècles de domination portugaise, le
Mozambique est devenu indépendant en
1975, au terme d’une guerre d’usure qui
faucha 63 500 personnes dont de nombreux
Crédit acheteur pour petits contrats
civils. Quarante ans après la fin de la
La pratique est courante pour les colonisation, la mémoire de la lutte pour la
grands contrats. Elle l’est moins pour les libération de la patrie reste encore vivace. En
petits. Depuis avril 2015, Bpifrance faisant appel à cette mémoire, le pouvoir
accorde en direct des crédits aux clients mozambicain tente de prévenir contre les
étrangers souhaitant acheter des produits tensions qui montent et menacent la stabilité
français sur des montants compris entre économique et politique dans ce pays encore
5 et 25 millions d’euros et jusqu’à 75 fragile.
millions d’euros en cofinancement. Ce Successeur des présidents Armando Guebuzo
et Joaquim Chissano, Nyusi fait partie, comme
dispositif vise à pallier le retrait des
tous ses prédécesseurs, du Front de libération
banques commerciales. Celles-ci de Mozambique (Frelimo), mouvement
renâclent à prendre en charge ces petits d’obédience marxiste-léniniste qui a porté à
montants qui entraînent des coûts de bout de bras la lutte contre le colonisateur
traitement trop importants pour être portugais et qui gouverne le pays sans
rentables. interruption depuis l’indépendance.
http://www.bpifrance.fr/Bpifrance/Nos- Redistribuer les fruits de la croissance d'une
metiers/International/Contribuer-au- manière plus équitable, c'est le défi que le
developpement-de-l-export président Nyusi a promis de relever pendant la
campagne électorale de 2014.
[1]
Une crise politique devenue crise humanitaire au nord En juin 2015, le célèbre auteur Le Mozambique compte
mozambicain Mia Couto
Depuis décembre 2015, le Malawi a vu une augmentation des plus de 20 millions
nouveaux arrivants en provenance du Mozambique, avec plus de expliquait d'ailleurs assez d’habitants dont 70 % de
250 arrivants par jour début mars 2016. « Les chiffres ont depuis justement, dans un entretien à moins de 30 ans. 60 % de
diminué de manière significative, mais les personnes ayant réussi l'AFP : « Le Mozambique est la population vit à
à passer la frontière ont informé le HCR avoir choisi d'autres un pays qui cherche à être une moins de 100 kilomètres
itinéraires en raison d'une présence militaire accrue le long de la nation mais qui se heurte à
frontière », a déclaré William Spindler, le porte-parole de de la mer. Le Mozambique
une très grande diversité. […]
l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). enregistre un des taux
Nous avons construit notre État
Le Gouvernement du Malawi a autorisé le HCR à transférer de prévalence du VIH les
en suivant le modèle européen
les demandeurs d'asile originaires du Mozambique vers un d'Etat unique, centralisé.
plus élevés au monde.
ancien camp à Luwani qui a été rouvert à cet effet.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a C'était une violence
établi un partenariat avec le HCR pour fournir un soutien silencieuse : nous avons oublié
logistique. les énormes différences entre
La majorité des demandeurs d'asile originaires du Mozambique, le monde rural et urbain, entre les gens capables de gérer la
au nombre de près de 10 000, vivaient jusqu'à présent dans des modernité et les autres. » Et entre les peuples du Mozambique qui
conditions de surpeuplement dans une zone d'environ se considèrent représentés par le pouvoir à Maputo, et ceux qui au
100 kilomètres au sud de Lilongwe, la capitale. La plupart se contraire, se sentent lésés par des décennies de domination du
trouvent dans le village de Kapise, près de la frontière Frelimo. « C'est un pays tellement divers, avec tellement d'histoires,
avec le Mozambique, où de fortes pluies rendent actuellement précisait l'écrivain au journal Notícias, dans un entretien publié le
les routes impraticables.
17 juin 2015. Nous n'avons pas commencé [avec le jour de
Le Mozambicain lambda s’est habitué à entendre les médias l'indépendance, le 25 juin 1975], il y a toujours eu plusieurs
rapporter les dernières informations relatives aux commencements, comme il y a plusieurs peuples, diverses cultures.
affrontements entre les autorités mozambicaines et les miliciens » Sans réelle perspective politique supposant une renégociation du «
de la Renamo. Cette crise trouve ses racines dans le résultat – contrat » qui lie les différentes composantes de la nation
contesté par la Renamo  – des élections du 15 octobre 2014, mozambicaine, et qui permette un consensus sur ce que doit être le
qui ont consacré, une énième fois, la victoire du parti au Mozambique de demain, l'escalade de la violence ne peut tout
pouvoir depuis l'indépendance, le Front de Libération du bonnement pas cesser.
Mozambique (Frelimo).

Bien entendu, cette crise a des origines plus profondes, liées à la Selon Radio Vaticana, l’Eglise catholique de Mozambique se déclare
confiscation du pouvoir par les dirigeants du Frelimo prête à organiser une médiation entre les deux parties au conflit .
depuis l'indépendance (1975), aux dépens des populations du Une situation semblant se répéter alors que l’application des
centre et du nord du pays, qui se sont toujours senties accords de paix signés à Rome en 1992, sous les hospices de la
lésées par la domination de quelques ethnies (Tsongas, communauté catholique Sant’Egidio, demeure vaine sur le terrain…
Makondés) au sein de l'appareil d'État. Pour rappel, la Renamo
est née en 1976 sous la forme d'un mouvement armé, avec
pour objectif de lutter contre le régime du Frelimo. Depuis
la fin de la guerre civile (1977-1992), le pays s’est pacifié Pour aller plus loin:
et cinq élections générales ont eu lieu – les premières en « Au Mozambique, la guerre silencieuse », Le Monde Afrique, par Adrien
1994. Elles ont toujours consacré la défaite d’Afonso Barbier (09/02/2016)
Dhlakama, leader de la Renamo depuis 1979, face au Frelimo,
successivement représenté par Joaquim Alberto Chissano « Renamo vs Frelimo : le Mozambique embourbé dans un nouveau
(président de 1986 à 2005), Armando Emílio Guebuza conflit larvé » - AFP (via VOA), 17 mars 2016
(2005-2015), et Filipe Jacinto Nyusi, actuel chef de l'État. « «  Décentralisation au Mozambique : après l'impasse politique, la
Le même parti dirige donc le Mozambique depuis guerre ? » par David BRITES qui publie d’intéressantes analyses sur
l’indépendance, et la scène politique est caractérisée depuis les son blog http://lallumeurdereverbere.over-blog.com
années 1990 par une forte bipolarisation dont le pays peine Pour revenir aux origines des clivages partisans au Mozambique, lire
encore à se défaire. « Mozambique : les plaies de la guerre civile toujours ouvertes » et « La
cause des armes au Mozambique : anthropologie d'une guerre civile »
La situation politico-militaire au Mozambique a dégénéré en par Roland MARCHAL
conflit de basse intensité depuis qu'Afonso Dhlakama, qui
conteste les élections générales de 2014, a annoncé mi-
décembre qu'il prendrait le pouvoir dans six des 11 provinces du
Pour les anglophones:
pays d'ici fin mars. « Political crisis threatens decades of success in Mozambique » - in
Club of Mozambique
La rhétorique de guerre entraîne une surenchère dans la « Inclusive development critical for preventing conflict in Africa » -
diabolisation de l'adversaire. Le 17 février, au Parlement, Southern Times,April 10th 2016
la présidente du groupe Renamo, Ivone Soares, accusait le
Frelimo d'importer des blindés et des armes en grand nombre.
Le 29 février, le porte-parole de la Renamo, António
Muchanga, a récusé (et qualifié de « pitrerie ») les accusations
selon lesquelles des miliciens de son mouvement suivraient
des formations militaires en Ouganda ou au Kenya. Le chef de
cabinet d'Afonso Dhlakama, Augusto Mateus, déclarait
quant à lui, par un communiqué publié le 1er mars,
« [avoir] connaissance de l'entraînement, sur le sol de la
patrie, de militaires mozambicains par des instructeurs nord-
coréens, et cela avec pour objectif de faire échouer le début
de la gouvernance de la Renamo à partir du mois de mars » ;
plus précisément, les soupçons se portaient sur la formation
supposée d'un « escadron de la mort » par des agents nord-
coréens. De son côté, la police mozambicaine dénonçait,
le 7 mars, le recrutement par la Renamo de jeunes
zimbabwéens. Évidemment, à chaque fois, aucune manière
de vérifier ces allégations.

[!2]
Une situation alimentaire difficile
Le Mozambique présente deux visages. Si la situation macro-
économique y est satisfaisante, paradoxalement, elle n’a pas
suffisamment d’impact sur la réduction de la pauvreté et le
développement humain (l'indice de développement humain
du pays est le cinquième le plus bas au monde), phénomène
aggravé par de fréquentes catastrophes. Alors qu’une partie
de la population exerce des activités économiques très
lucratives, principalement dans le commerce et les industries
extractives, plus de dix millions de Mozambicains et
Mozambicaines  vivent dans une pauvreté absolue et la
sécurité alimentaire est menacée. Ceci affecte de façon
disproportionnée les femmes (le pays est classé 125e sur 146,
selon l'indice d’inégalité en matière de genre) et les groupes
vulnérables.
Le Mozambique a récemment été identifié comme le
deuxième pays au monde où les impacts des changements
climatiques risquent d’être les plus importants.
Suite à une accumulation de catastrophes naturelles
(sécheresse et inondations), le Mozambique a déclaré un état
d'urgence climatique aggravée par le phénomène El Niño.
Cette édition 2015-2016 d’El Niño est l’une des plus
puissantes enregistrées depuis 35 ans. Il est encore trop tôt
pour dire si cet épisode est le plus important jamais observé,
mais une chose est certaine : sous l’effet d’un réchauffement
climatique non contrôlé, les El Niño extrêmes - et leur
pendant, le phénomène La Nina - seront plus fréquents,
comme l’a confirmé une étude scientifique parue en
2014 dans Nature. Cette fréquence pourrait doubler d’ici à
2050 si les émissions de gaz à effet de serre continuent à un
niveau soutenu.
Les effets de ce changement climatique se font déjà sentir en
Afrique australe. L'Afrique du Sud va importer du maïs et au
Mozambique, l’objectif affiché de 6,5 % de croissance
agricole ne sera pas atteint. Les autorités ont revu leurs
objectifs à 5% et selon Mauricio Xerimba, le directeur du
Centre national pour les opérations d’urgence (Cenoe), "le
nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire est
passé de 380 000 en janvier à près de 1,5 million ».
Selon les autorités mozambicaines, 11% de la surface totale
ensemencée pour le compte de la campagne agricole en
cours, a été considérée comme perdue. Soit 518.000
hectares destinées à produire des céréales (maïs, riz) et des
légumes.
Selon le Réseau des systèmes d’alerte rapide aux risques de
famine, mis en place en 1985 par l’agence américaine pour
le développement international, USAID, les faibles
précipitations et la hausse des températures persisteront en
Afrique australe en 2016 et la crise alimentaire risque de
durer jusqu’en 2017.
«Le Mozambique et les pays d’Afrique australe sont proches
du désastre si la pluie ne tombe pas d’ici quelques
semaines», a déclaré Abdoulaye  Balde, directeur pays du
Programme alimentaire mondial (PAM) à Maputo. «  Cette
année, l’Afrique du Sud a besoin de 6 millions de tonnes de
nourriture. Normalement, c’est le pays qui remplit les
réserves alimentaires de la région, mais s’il doit importer
6 millions de tonnes de denrées alimentaires, il ne restera pas
grand-chose pour les autres pays. Le prix des denrées va
donc fortement augmenter. »
La grande majorité des Mozambicains et Mozambicaines
dépendent de petites exploitations agricoles.  Les zones
utilisées pour l’agriculture s’étendent et la production se
diversifie, mais les rendements stagnent; le Mozambique est
toujours un importateur net de produits alimentaires.
[3]
Un écosystème menacé
Bien que les autorités mozambicaines aient fait savoir qu’il
était peu probable que le pays atteigne la cible de durabilité
environnementale établie par l’objectif du Millénaire pour le
développement (OMD7), le pays a néanmoins enregistré des
progrès dans les domaines du changement climatique et de
l’économie verte.
En effet, avec plus de 10 millions d'hectares d'aires
protégées, le Mozambique souhaite faire de la préservation et
l’exploitation durable de ses ressources naturelles
(écotourisme, chasse sportive, séquestration de carbone…)
un axe de développement économique.
Le pays est toutefois menacé par une pression humaine
croissante sur les écosystèmes. En outre, chaque année, les
effets du changement climatique exacerbent la fragilité des
communautés rurales et minent les efforts de lutte contre la
pauvreté.
Pour contrer cette menace, le gouvernement a adopté une
stratégie nationale d’adaptation au changement climatique et
d’atténuation de ses effets (approuvée en novembre 2012),
qui instaure un système de suivi et d’évaluation. Il a
également adopté un décret provisoire sur la réduction des
émissions dues à la déforestation et à la dégradation des
forêts (REDD+), qui établit des règles pour les concessions
forestières, et a présenté au Parlement un projet de loi sur la
gestion des risques de catastrophe (DRM), qui contraint les
autorités centrales et locales à dégager des fonds pour la
gestion des risques de catastrophe et la lutte contre le
changement climatique.
Un contexte sécuritaire tendu
L'ambassade du Vietnam au Mozambique vient d’appeler les
autorités mozambicaines à prendre des mesures efficaces
afin d'assurer la sécurité des Vietnamiens et de leurs biens.
Le diplomate vietnamien a demandé aux organes compétents
mozambicains de protéger les employés de Movitel, un joint-
venture entre le Groupe des télécommunications de l'Armée
du Vietnam (Viettel) et son partenaire mozambicain SPI &
Invespar du Mozambique, mettant en œuvre des projets dans
onze provinces du Mozambique, ainsi qu'un groupe
d'experts agricoles vietnamiens travaillant pour un projet
dans la province de Zambezia.
Attirés par des risques relativement faibles et des rendements
élevés, les réseaux criminels organisés ont fait irruption dans
le commerce illégal des espèces sauvages en y important
leurs méthodes de braconnage et de trafic plus sophistiquées,
mais aussi en alimentant la violence et la corruption. Le
Mozambique a été particulièrement touché puisque le
nombre d'éléphants y a été divisé par deux en cinq ans au
Mozambique, chutant de 20'000 à près de 10'000, à cause
du braconnage pour l'ivoire, selon un comptage de l'ONG
américaine Wildlife Conservation Society (WCS).
Des enjeux maritimes complexes
Avec 70% de la population vivant sur le littoral, l’océan est
source d’emplois, de protéines et de sécurité alimentaire et
le secteur de la pêche représente une source importante de
revenus pour l’économie du Mozambique.
Pourtant, au cours des dernières décennies, la surpêche et
les techniques destructives de pêche ont largement
contribué à une diminution des prises et à la dégradation de
l’écosystème dans de nombreuses zones côtières. Malgré
l’instauration au début des années 2000 d’une période de
repos biologique de six mois pour la pêche à la crevette, les
stocks de crevettes d’eau peu profonde ont continué à  se
réduire en même temps que la taille des prises dans les
filets de pêcheurs continuait de diminuer. Le littoral étant
particulièrement vulnérable aux cyclones, aux ondes de
tempêtes et aux inondations, il est prévisible que le
changement climatique ne fasse qu’aggraver la situation.
Et les ressources halieutiques des pays doivent faire face à
une autre menace : la pêche Illégale, Non-Déclarée et Non-
Réglementée (INN). A cause des lacunes au niveau de la
surveillance et de la gouvernance dans le secteur de la
pêche, le pays africain a été la cible de navires de pêche
étrangers venant pêcher illégalement dans ses eaux
territoriales. On estime que la pêche illégale représente une
perte annuelle de 35 millions de dollar pour le
Mozambique.
L’affaire EMATUM ou « Tuna Bonds »
L’affaire Ematum, ou des Tuna Bonds, le plus gros scandale
politico-financier qu’ait connu le pays n’en finit pas d’agiter
le Mozambique. La dette, que le gouvernement a
contractée pour financer l’achat d’embarcations militaires,
d’abord sous couvert d’une banale activité de pêche au
thon, serait en réalité deux fois plus élevée.
Un emprunt de 850  millions de dollars (745  millions
d’euros), levé en catimini en  2013 par une entreprise
publique EMATUM, pour financer l’achat de 30 bateaux
aux chantiers navals cherbourgeois des Constructions
Mécaniques de Normandie (CMN), avait depuis longtemps
révélé ses secrets et était accusé de plomber l’économie. Le
contrat EMATUM, signé avec CMN en septembre 2013,
portait sur la livraison de 30 navires: 24 chalutiers et
palangriers, mais aussi 3 trimarans de patrouille maritime
Ocean Eagle, et 3 intercepteurs HSI 32. Une commande de
3 intercepteurs supplémentaires a été signée en janvier
2015.
Mais on vient de découvrir qu’un autre emprunt, d’au
moins 622 millions de dollars, aurait également été réalisé
en  2013, dans la plus grande opacité, par une autre
entreprise publique (PROINDICUS). Ici aussi, la somme
aurait servi à acheter des embarcations militaires et des
équipements de surveillance (dont des radars) à la maison
mère des CMN, Abu Dhabi Mar, la firme présidée par
Iskandar Safa, le sulfureux milliardaire franco-libanais.
Rappelons que le Président Nuysi était Ministre de la
Défense au moment du deal et qu’il ne pouvait ignorer les
détails de ces transactions. D’autant plus qu’un
des principaux actionnaires de PROINDICUS est une
holding financière dénommée Monte Binga, et qui
appartient au Ministère de la Défense…
NB: Adrien BARBIER, correspond du Monde au Mozambique couvre le
sujet avec attention (https://twitter.com/AdrienBarbier)
[4]
EMATUM or PROINDICUS SA, Where did the investment go?
The theory of buying defense equipment actually makes business
sense as it addresses objectives of (1) Avoiding illegal fishing that
is causing financial leakage and stripping the Mozambican
coastline of fishing resources, which essentially complements the
purchase of the fishing boats (2) Protects maritime trade,
primarily offshore drilling from pirating, a service that can be
offed to the gas companies for an estimated cost of $1m per day.
The problem is that the fishing company is at this point not
sufficiently producing –operating at about 5% of expected returns
which forces the government (taxes payers) to pay the bill. The
debt also deteriorates international reserves and the central
bank’s ability to intervene to stabilize currency deprecation and
control inflation, a symptom that is evident by the 29% decrease
in the exchange rate — but ALSO, the security provision
business, will only become profitable once gas companies actually
begin to drill –final investment decisions for the construction
offshore rigs was scheduled to be made in the 1st  quarters. of
2016 but have been delayed.
The deal was a gamble, but no-one actually challenged the
authority of leadership to do this, nor were final decisions that
involved tax payer money ever debated or made public.
The end result is that Mozambique is now deeper in debt (+/-
53% of GDP) paying higher interest on the new restructured
bonds and weathering another downgrade of the credit rating.
La colère du FMI
Le scandale des Tuna Bonds a donc pris une nouvelle ampleur
lors de la restructuration récente de la dette supposément due
par l'entreprise publique Ematum et garantie par l’Etat. Au cours
de ce processus, les groupes Crédit Suisse et VTB Bank (Russie)
ont remis une note d'information, dans laquelle apparaissait
l'existence d'une autre dette de 800 millions $, garantie par l'Etat
mozambicain. Le deal PROINDICUS était exposé à la
communauté internationale.
Cette dette, de plus d’un milliard, dans un premier temps niée
par le ministre mozambicain des Finances, a finalement été
reconnue par le Premier ministre Carlos Agostinho do Rosario
qui s’est aussitôt rendu Washington pour tenter de s’expliquer
auprès des institutions internationales. Saluant cet aveu, M.
Lazare, chef de la mission du FMI au Mozambique, a affirmé
qu'il constituait un "premier pas important vers la restauration de
la confiance" entre les deux parties. "Le Fonds et le Mozambique
vont continuer de travailler ensemble de façon constructive pour
évaluer les implications macroéconomiques de la révélation de
cette information et identifier les étapes pour consolider la
stabilité financière (...) et améliorer la gouvernance et la
supervision des entreprises publiques", a conclu Michel Lazare.
Il est vrai que les perspectives économiques mozambicaines
étant ce qu’elles sont, c’est-à-dire totalement dépendantes de
l’évolution du cours des matières premières, on voit mal
comment le pays pourra faire face à ces nouvelles conditions
qui s’ajoutent à un stock de la dette en constante augmentation
ces dernières années.
OIL & GAS: ENI réduit la voilure mais reste dans les
starting blocks
La mise en valeur des gigantesques gisements découverts au
Nord du pays va transformer le Mozambique en acteur
majeur du secteur gazier et bouleverser l’économie du pays.
Les réserves prouvées contenues dans les champs identifiés
(champ de Prosperidade/Mamba, champ de Golfinho et de
Coral/Agulha) atteignent 184 billions de pieds cubes, ce qui
place d’ores et déjà le Mozambique au 8e ou 9e rang
mondial en termes de réserves.
La production de GNL est susceptible de commencer vers
2020. Le Mozambique pourrait alors compter parmi les plus
importants producteurs mondiaux de gaz et se hisser au 3e
rang mondial des fournisseurs de GNL, avec une production
de 5 millions de tonnes dans un premier temps, pouvant
passer à 20 millions de tonnes à terme.
Ces perspectives idylliques restent pour l’heure hypothétiques
de part une mauvaise conjoncture mondiale et des troubles
politiques internes. La chute du prix des matières premières
pousse l’italien ENI et l’américain Anadarko à retarder leurs
projets d’investissements. Elle a aussi fait plonger le cours du
metical, la monnaie locale, qui a perdu 40 % de sa valeur
face au dollar en 2015, engendrant une flambée des prix des
biens de consommation massivement importés.
Dans ce contexte tendu, l’italien ENI entend céder jusqu’à 7
milliards de dollars d’actifs au Mozambique et en Egypte  par
dilution, d’ici 2019, pour se refaire une santé financière et
couvrir les coûts d’une exploration tout azimut depuis 2008.
Il est en outre parvenu à un accord avec ANADARKO pour
une exploitation en joint-venture du gisement offshore.
Rappelons que ce site de Romuva , co-decouvert avec
l’américain Anadarko, a fait l’objet d’importants deals depuis
2010. A l’époque, l’on reprochait au président Armando
Gabuza, alors sur le départ et remplacé depuis, son manque
d’agressivité qui aurait fait perdre des milliards de dollars à
un pays meurtri par une guerre civile de 20 ans.
Dans l’onshore, ANADARKO et son partenaire japonais
Mitsui veulent construire une unité de production de GNL
(Gaz Naturel Liquéfié) dans la région de Cabo Delgado.
Dans l’offshore, l’italien ENI mène le bal mais doit composer
avec des partenaires qui s’impatientent. Pour reconstituer son
assise financière, le groupe italien négocie avec l’américain
ExxonMobil qui envisage l'achat d'une participation
d'environ 15% dans le champ gazier majeur d'Eni Area 4. Le
groupe américain veut profiter de la conjoncture des cours
bas pour se repositionner en Afrique.
Maputo a donné son feu vert au major italien engagé sur une
usine offshore de 3 million de tonnes par an de gaz naturel
liquéfié (GNL) prévue entrer en activité en 2020.
[5]
L’idée de consacrer jusqu’à 25% de ce GNL au marché local
via un pipe line, une exigence des autorités mozambicaines,
se heurte pour le moment à des «considérations
environnementales». Cet argument écologique, s’il n’est pas
battu en brèche, risque de reconduire le même schéma d’une
exploitation destinée entièrement  à l’étranger à l’inverse de
ce qu’on voit au Qatar et dans les pays gazier non africains.
Pour se consoler, les mozambicains auront droit à des
dividendes (10% de la partie distribuable du bénéfice et une
part moindre dans le consortium ENI-Andarko), des emplois
et les paiements des taxes, jamais évidents en zone offshore.
ENI joue pour l’instant avec le temps pour mobiliser les 8 à 9
milliards de dollars nécessaires à la construction de son usine
flottante. Pour le groupe italien, la rentabilité ne peut être au
rendez-vous avec un baril en dessous des 80 dollars, ce qui
risque de retarder l’entrée en production. En octobre 2015,
un road show mené auprès des banquiers Londoniens, eux
aussi suspendus sur le cours du baril de pétrole, a récolté un
enthousiasme plutôt modéré. Les argentiers promettent  une
réponse durant le deuxième semestre 2016 ou,
probablement, en 2017. Si l’on se réfère aux déclarations du
groupe ENI faites au moment des découvertes, l’usine devait
entrer en activité en 2016.
Eni is the operator of Area 4 with a 50% indirect interest,
owned through Eni East Africa (EEA), which holds a 70%
stake of Area 4. The other Concessionaires are Galp
E n e r g i a , KO G A S a n d E m p r e s a N a c i o n a l d e
Hidrocarbonetos (ENH) with a 10% stake each. CNPC
owns a 20% indirect interest in Area 4 through Eni East
Africa.
De mega-projets d’infrastructure
La compagnie mozambicaine d’État en charge des
hydrocarbures (ENH) vient de signer un accord de
coopération avec l’entreprise sud-africaine Sacoil portant
sur la construction du ROMPCO: un gazoduc de large
diamètre, long de 2600 km, reliant le bassin de Rovuma
au Mozambique à Gauteng en Afrique du sud. La
construction de l’infrastructure coûtera au total 6 milliards
de dollars et servira à transporter le gaz naturel produit
dans le prolifique bassin de la Rovuma sur le marché
sud-africain via la province du centre du pays. Il servira
également à desservir les autres pays d’Afrique australe.
Le projet de port logistique gazier porté notamment par
Orlean Invest à Pemba commence également à prendre
forme.
La baie de Nacala, dans le nord-est du Mozambique, abrite
le seul port en eau profonde du pays ; mais, jusqu’à
récemment, celui de Beira (Centre), qui ne peut recevoir que
des navires de petit tonnage, et celui de Maputo (extrême
Sud) assuraient bon an mal an la plupart des entrées et sorties
logistiques du Mozambique et des pays de l’hinterland
(Zimbabwe, Zambie et Malawi). Les choses ont changé avec
l’entrée en service de l’ancienne voie ferrée coloniale reliant
Tete (Nord-Ouest) à Nacala (via le Malawi) et
l’agrandissement du port, en décembre 2015. Un projet
motivé par le démarrage de l’exploitation du charbon dans la
région de Tete, en 2010, puis la découverte de gigantesques
champs gaziers près de Pemba (extrême Nord) ; le
gouvernement s’était alors décidé à canaliser l’appétit des
investisseurs pour ces matières premières en les associant aux
travaux.
 Aérien
Depuis début avril 2016 Quatar Airways relie Doha à
Maputo sans escale trois fois par semaine avec un B787. Le
Dreamliner part vers le Mozambique à 6h30 tous les mardi,
jeudi et dimanche où il se pose à 13h40. L'appareil quitte
l'aéroport africain à 15h05 et atterrit sur son hub à 00h10 le
lendemain.
Air France – KLM serait, selon le site starafrica.com, en train
de négocier avec le gouvernement du Mozambique pour
ouvrir une nouvelle ligne entre Paris Charles de Gaulle et
Maputo. Franck Legre, directeur Afrique d’Air France, aurait
annoncé à un journal local qu’il espérait finaliser les
discussions pour une ouverture en 2016 ou 2017.
BTP
RAZEL-BEC (795 M€ de chiffre d’affaires, 6 000
collaborateurs), filiale du Groupe FAYAT, 1er
indépendant français du BTP, est une entreprise de Travaux
Publics implantée en France et à l’International.
L’entreprise est présente sur les grands travaux
d’infrastructures mais aussi sur les travaux de proximité.
Tous impliquent la maîtrise des terrassements, du génie
civil, des travaux souterrains, des travaux de voirie, de
réseaux et d’aménagements urbains. Elle intervient sur le
chantier de l’aéroport de Maputo.
EIFFAGE est actif au Mozambique dans la branche
Energie, avec des chantiers réalisés par sa filiale portugaise
JJ Tomé.
Energie
La société Gigawatt-Mozambique vient d’annoncer
l’achèvement de la construction d’une centrale électrique
alimentée en gaz. D’une valeur de 200 millions de dollars, elle
produira 120 MW à sa mise en service (date non annoncée)
et est située à Ressano Garcia, à la frontière avec l'Afrique du
Sud. En vertu d’un contrat signé avec Gigawatt, l’énergie
produite par la centrale sera vendue à la société d’Etat
Electricité de Mozambique (EDM), qui se chargera de sa
distribution sur le marché local.
L’entreprise française TECHNIP devrait être un acteur
majeur de ces différents projets. On note d’ailleurs la
nomination récente d’un nouveau Directeur pour le pays : M.
Nicolas SICARD.
Bancaire
La Société Générale a acquis 65% du capital de la
Mauritius Commercial Bank Mozambique (MCBM) qui
devient la Société Générale Moçambique. Son Directeur
est M. Laurent Thong Vanh.
La BEI (Banque Européenne d’Investissement) a
annoncé qu’elle allait ouvrir un bureau régional au
Mozambique.
La création de la bourse du Mozambique est
relativement récente et le marché reste étroit, tant en
nombre de titres de dette cotés, que d’entreprises (quatre
cotées, dont deux détenues majoritairement par
l’Etat). Les perspectives de développement sont très
importantes compte tenu de la mise en œuvre de grands
projets et de la forte croissance du secteur financier, dont
les investissements soutiennent le marché boursier.
La présence française au Mozambique
La France entretient avec le Mozambique une relation de
voisinage ancienne dans l’Océan Indien. L’appartenance à la
France de l’île de la Réunion, qui a développé très tôt des
relations économiques avec le Mozambique, date ainsi de
1642. Les deux Départements français de Mayotte et La
Réunion comptent aujourd’hui plus d’un million d’habitants,
la plus importante population française d’outre-mer, et sont
des vecteurs importants de la coopération (militaire,
économique et culturelle) entre la France, le Mozambique et
les autres pays de l’Océan Indien.
La France possède également une vaste zone économique
exclusive dans le canal du Mozambique, autour des îles
Eparses, qui font partie des Terres Australes et Antarctiques
Françaises (TAAF). La France occupe donc une position de
choix dans cette région stratégique, qui voit passer
annuellement 30 % du trafic mondial de pétroliers.
Fin 2014, on dénombrait une cinquantaine de filiales et
succursales françaises employant un nombre important de
travailleurs, estimé à près de 10 000. Ces entreprises
opèrent dans les secteurs du transport et de la logistique
(Bolloré Africa Logistics, CMA-CGM), des filières primaires
(le sucre – Tereos - l’aquaculture – Aquapesca - et le bois -
Fibres de la Réunion -), des services (Egis, CIS Catering), de
l’énergie (Total,Technip), du BTP (Razel, Sogea-Satom) et des
équipements électriques (Alstom).
Selon la Banque de France, le stock d’investissement français
au Mozambique atteignait seulement 47,4 M€ fin 2013. Ces
chiffres ne font cependant pas apparaître l’investissement
réalisé par Total en 2012 pour prendre une participation de
40% dans les blocs d’exploration pétrolière 3 et 6 au large
du Mozambique. Les données diffusées par le FMI
(Coordinated Direct Investment Survey) et qui semblent
mieux refléter la réalité, placent la France au 13e rang des
investisseurs étrangers au Mozambique avec un stock de
195 MUSD fin 2012.
En 2015, les échanges de biens entre la France et le
Mozambique se sont élevés à 235 M EUR, chiffre en hausse
de 26,8% par rapport à 2014. Cette progression est
notamment due à une augmentation de certaines
exportations françaises, telles qu’équipements électriques et
ménagers, produits pharmaceutiques et matériel de
transport. On constate par ailleurs une baisse des
importations françaises en provenance du Mozambique, de
-10,6%. En 2015, le solde commercial bilatéral est, pour la
deuxième année consécutive, favorable à notre pays. Le
Mozambique se classe au 108e rang des clients de la France
et au 100e rang de ses fournisseurs. Pour l’année 2015, le
Mozambique représente le 68e excédent commercial de la
France.
Le Mozambique est en outre devenu membre-observateur
de la Francophonie en 2006, démontrant ainsi l’intérêt du
pays pour la langue française. Rappelons que le français est
l’une des langues officielles de la SADC (communauté des
Etats d’Afrique Australe) et de l’Union Africaine, qui sont les
deux organisations régionales prioritaires de la diplomatie
mozambicaine.

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