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PRATICIEN
MÉDECINE GÉNÉRALE
N° 716/717
j a n v i e r 2 0 0 6
FORMATION
En pratique
Ostéoporose post-ménopausique:
le traitement
Rédigé à partir de l’article « Traitement de l’ostéoporose post-ménopausique »
LA REVUE DU de Roland Chapurlat et Pierre D. Delmas*, publié dans la monographie
PRATICIEN «Ostéoporose:une maladie encore trop négligée» de La Revue du Praticien.
1 5 D É C E M B R E 2 0 0 4 / T O M E 5 4 N º 1 9
p u b l i c a t i o n
DE MÉMOIRE DE MÉDECIN Les hôpitaux militaires, modèles pour le civil
b i m e n s u e l l e d e f o r m a t i o n m é d i c a l e c o n t i n u e
Apports recommandés : – Dose : 800 UI/j.
– 1 000 à 1 200 mg/jour
L’ESSENTIEL • Œstrogènes
pour les adultes jusqu’à 70 ans ;
Malgré des conséquences
– au moins 1 200 mg/jour après 70 ans. Avantages
importantes en termes de
morbidité et de mortalité, Réduction de l’ordre de :
• Exercice physique
l’ostéoporose reste souvent non – 30 % du risque de fracture
diagnostiquée ou non traitée. L’exercice intense, régulier, avec impact : de hanche ;
Pourtant, une stratégie simple
de dépistage des sujets à risque
– entraînerait une élévation de la – 30 à 50 % du risque
reposant sur la détection de densité minérale osseuse (DMO) ; de fracture vertébrale.
quelques facteurs de risque – a probablement un effet bénéfique : Inconvénients
cliniques et la mesure de la . chez la personne âgée, Augmentation du risque
densité minérale osseuse
permettrait de réduire le risque . en améliorant l’équilibre à long terme des :
de fracture avec les traitements et la trophicité musculaire, – accidents coronaires ;
ayant fait la preuve de leur . et donc en réduisant – accidents vasculaires cérébraux ;
efficacité. le risque de chute. – cancers du sein ;
– démences.
• Protecteurs de hanche
Recommandations
Objectif du traitement Observance médiocre par les patientes. Ne sont plus recommandés
Réduire le risque de fracture dans le traitement et la prévention
vertébrale et périphérique. Médicaments disponibles de l’ostéoporose post-ménopausique.
De ce fait, l’intérêt des traitements
• Calcium • Biphosphonates
est jugé en fonction de ce critère.
– Pris isolément : Étidronate (Didronel)
Intervention . est susceptible de ralentir – En régime intermittent.
non médicamenteuse la perte osseuse ; – Élévation modérée de la DMO.
. mais son efficacité – Efficacité antifracturaire
• Facteurs d’environnement antifracturaire est douteuse. vertébrale controversée.
– Éviter de soulever des charges lourdes – Il est prescrit en association à tous – Pas d’efficacité sur les fractures
en cas d’ostéoporose vertébrale. les médicaments anti-ostéoporotiques. extravertébrales.
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OSTÉOPOROSE POST-MÉNOPAUSIQUE
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FORMATION
e syndrome du canal carpien résulte d’un conflit chirurgicaux, la profession manuelle ou non et les
L
Par Fabien Wallach
et Emmanuel contenant-contenu. Le contenant, inextensible, est autres activités manuelles (couture, sport, musique). La
Masmejean,
unité de chirurgie bordé en arrière par les os du carpe et en avant par notion de tabagisme est importante.
de la main et le rétinaculum des fléchisseurs (ligament annulaire Les principaux symptômes sont des paresthésies dans
des nerfs antérieur du carpe). Le contenu du canal est composé les 3 premiers doigts, le plus souvent en milieu ou fin de
périphériques,
Hôpital européen des tendons fléchisseurs des doigts, du tendon du long nuit, après une période d’endormissement. Des pares-
Georges Pompi- fléchisseur du pouce et du nerf médian, structure la plus thésies diurnes peuvent également exister, alors invali-
dou,75908 Paris superficielle et la plus sensible à la compression (fig. 1). dantes pour les prises fines (boutons) et parfois avec une
Cedex 15.
irradiation ascendante douloureuse.
emmanuel. DIAGNOSTIC : PARESTHÉSIES Les paresthésies sont localisées dans le territoire du nerf
masmejean@ DES 3 PREMIERS DOIGTS médian, c’est-à-dire dans les 3 premiers doigts, voire le
egp.aphp.fr
Recherche de signes de gravité bord radial de l’annulaire.
à l’examen clinique À l’examen,il faut rechercher des pathologies intri-
L’interrogatoire doit faire préciser le sexe, l’âge du quées :
patient, le côté dominant, les antécédents médicaux et – des cervicalgies, voire une névralgie cervico-brachiale ;
– des paresthésies dans les 2 derniers doigts, en faveur
Fig. 1 – Représentation d’une compression du nerf ulnaire au coude ;
du canal carpien – des signes de pathologies associées : rhizarthrose ou
et de ses éléments
(coll. SFCM). doigt à ressaut.
Enfin, il faut également rechercher des éléments en faveur
Rétinaculum des fléchisseurs : d’un syndrome du canal carpien secondaire qui est excep-
très solide, il forme tionnellement révélateur d’une maladie (encadré 1).
le toit du canal. L’examen est bilatéral et comparatif :
– test de la sensibilité des zones indépendantes à la com-
Nerf médian : il transporte
presse (face postérieure de la 1re commissure pour le nerf
les sensations des doigts radial, pulpe du pouce ou de l’index pour le nerf médian
et permet certains et pulpe du 5e doigt pour le nerf ulnaire) ;
mouvements du pouce. – évaluation de la mobilité du poignet, des doigts longs
Tendons fléchisseurs :
ils passent dans le canal et du pouce ;
carpien avec le nerf
médian. – recherche d’une amyotrophie de l’éminence thénar
(fig. 2) qui signe une atteinte motrice sévère (atteinte de
la branche motrice thénarienne) ;
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SUMMARY.
en pratique The carpal tunnel syndrome is the
most frequent peripheral nerve
compression syndrome. It results
• Le syndrome du canal carpien est le syndrome de compression nerveuse le plus fréquent, of the compression of the median
il correspond à des signes de souffrance du nerf médian au poignet. nerve in the carpal tunnel.
It usually occurs in the mid-age
• Il survient typiquement chez la femme en période périménopausique de façon idiopathique. woman, without any cause found.
Cliniquement, les paresthésies nocturnes dans les 3 premiers doigts sont les principaux The patient usually complaints
symptômes. Les causes secondaires les plus fréquentes sont endocriniennes et traumatiques. with nocturnal paresthesia in the
sensitive territory of the median
• Le syndrome du canal carpien peut être reconnu comme maladie professionnelle. nerve.
Electrophysiological study is not
• Il faut rechercher des signes objectifs de gravité (amyotrophie thénarienne, baisse compulsory but it can help for the
de la sensibilité) et des pathologies intriquées (cervicalgies, atteinte ulnaire, rhizarthrose, positive diagnosis and for finding
doigt à ressaut). signs of motor deficiency.
When the compression is light,
• L’EMG n’est pas obligatoire, mais il permet d’avoir un bilan objectif de la compression et de medical treatment can be effec-
rechercher des signes de gravité. tive with rest, nocturnal splint and
corticoid infiltration. Otherwise
• Une forme subjective débutante peut bénéficier d’un traitement médical (infiltration, surgical treatment with section of
attelle). Une forme résistante au traitement médical ou objective nécessite une libération the flexor retinaculum has a high
chirurgicale. success rate with few complica-
tions.
Année : ❑ 2004 ■
■ ❑ 2003/2002 ❑ 2001
■
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les 40 numéros de La Revue du Praticien-
Médecine Générale parus en 2004. Ville :
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FORMATION
Quinolones:
règles d’utilisation en ville
Objectif : connaître le bon usage des quinolones en pratique de ville.
Le principal problème lié à l’utilisation des quinolones est une forte augmentation
de la résistance par la sélection de mutant résistant dans le foyer infectieux
et dans les flores bactériennes de l’organisme, et aussi par la transmission
des souches résistantes. Certaines règles d’utilisation doivent donc être respectées.
es quinolones sont, avec les β-lactamines (pénicil- des infections tissulaires diverses, en particulier osseuses Par Emmanuelle
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mutant résistant sont dépendants : globalisé par le paramètre de « Concentration ➜ Enfin, la possibilité de transmission
– de l’espèce bactérienne et de son degré de prévenant les mutations » (CPM), qui détermine interbactérienne de gènes de résistance aux
résistance naturelle aux quinolones (valeur de la CMI) ; in vitro la plus petite concentration de quinolone quinolones a été récemment décrite : soit par
– de la quinolone utilisée et de sa sensibilité aux pour laquelle aucun mutant n’est sélectionné à transformation avec des allèles résistants gyrA ou
mécanismes de résistance que la bactérie est partir d’un fort inoculum (1010). parC entre streptocoques, soit par conjugaison
capable de développer ; Cela est cohérent avec les résultats des études d’un plasmide de multirésistance contenant le
– de la posologie et du mode d’administration de cliniques sur la sélection de résistant in vivo. gène qnr. La protéine QNR protège l’ADN-gyrase
la quinolone ; de l’effet inhibiteur des quinolones, et confère un
➜ Sélection de mutant résistant dans les flores
– de la taille de l’inoculum bactérien (probabilité bas niveau de résistance qui s’ajoute à celui
bactériennes de l’organisme.
de l’existence du mutant); conféré par les autres mécanismes.
Si la prévention de la sélection de mutant
– de la présence d’un corps étranger.
résistant dans le foyer infectieux est essentielle TABLEAU 2 – MODIFICATIONS DE LA SENSIBILITÉ
Ces différents facteurs peuvent être évalués in
pour assurer la guérison et l’absence d’échec AUX QUINOLONES ENTRAINÉES PAR
vitro par les paramètres suivants :
secondaire, la sélection de mutant résistant est LES DIFFÉRENTS MÉCANISMES DE RÉSISTANCE.
– la CMI vis-à-vis de la souche sauvage qui
aussi observée dans les flores bactériennes de EXEMPLE DE ESCHERICHIA COLI
donne le niveau de résistance naturelle ;
l’organisme, ce qui est considéré alors comme un CMI (mg/L) / SIR*
– la fréquence de mutation déterminée in vitro Mécanismes de résistance
effet délétère de l’antibiotique. Cet effet, non Nal Lev Cip
(de 10-6 à 10-8), ou proportion de mutant Ofl
recherché, concourt d’abord à l’augmentation de
résistant (1/106 à 1/108) ;
la prévalence de la résistance bactérienne aux Pas de résistance acquise 4/S 0,06 / S 0,03 / S 0,01 / S
– l’augmentation des CMI de la quinolone (de
quinolones, et apporte à l’individu un risque
2 x CMI à 20 x CMI) en fonction du mécanisme Diminution de concentration
supplémentaire d’échec lors d’un traitement par 16 / I 0,25 / S 0,12 / S 0,05 / S
de résistance conféré par la mutation. intracytoplasmique
les quinolones dans les semaines qui suivent.
Par exemple, le risque de sélection est de 10 %
en cas d’infection tissulaire à P. æruginosa traitée ➜ Transmission de souches résistantes. Mutation gènes de ADN
gyrase (gyrA ou gyrB) 128 / R 1/I 0,5 / S 0,25 / S
par la ciprofloxacine (CMI de 0,25 mg/L, Si la sélection de mutants in vivo concourt à la
Cmax de 2 mg/L après 200 mg IV, et production d’environ 5 à 10 % de souches résistantes Mutations ADN gyrase +
CMI de 2 à 4 mg/L vis-à-vis d’un mutant d’efflux acquises, cette prévalence de résistance est gènes de la topoisomérase 1024 / R 8/R 4/R 1/I
ou de gyrase) mais de 0 % en cas d’infection largement amplifiée par la transmission de souches IV (parC ou parE)
urinaire à E. coli, sensible à l’acide nalidixique, résistantes non seulement dans les infections Association
traitée par la ciprofloxacine (CMI ciprofloxacine nosocomiales (S. aureus résistant à la méticilline, de 3 mécanismes > 1024 / R 64 / R 32 / R 16 / R
de 0,01 mg/L et CMI vis-à-vis d’un mutant entérobacteries), mais aussi dans les infections *Concentrations critiques (CA-SFM). Acide nalidixique (Nal) : S ≤ 8 et R > 16 ;
d’efflux ou de gyrase de 0,25 mg/L). Cela a été communautaires (gonocoques, pneumocoques). ofloxacine (Ofl) : S ≤ 0,5 et R > 1 ; lévofloxacine (Lev) : S ≤ 1 et R > 2 ;
ciprofloxacine (Cip) : S ≤ 0,5 et R > 1
valence de la résistance est supérieure aux cas n’ayant pas Il est recommandé de veiller à une bonne tolérance :
eu de traitement antérieur (p. ex. 6 % contre 22 % dans – précautions d’emploi chez le sujet âgé (risque de
l’étude AFORCOPI-Bio, www.onerba.org). désorientation) ;
Il est recommandé de choisir une posologie adaptée – précautions d’emploi chez le sportif (risque de tendi-
au site de l’infection et à la bactérie en cause : nopathie) ;
– de fortes posologies doivent être choisies en cas d’infec- – pas d’exposition solaire (risque de photosensibilisation);
tion tissulaire, d’infection à bactérie à Gram négatif en – s’assurer de l’absence de grossesse chez la femme ;
attendant les résultats de l’antibiogramme, d’infection à – évaluer les interactions médicamenteuses potentielle-
bactéries à Gram positif (pneumocoque, staphylo- ment néfastes.
coques…) pour toute la durée du traitement, d’infection Il est recommandé de choisir la quinolone la plus
à entérobactéries sensible aux fluoroquinolones mais active sur la bactérie responsable de l’infection (CMI
résistantes à l’acide nalidixique (NalR-CipS) et, enfin, en basse) et celle pour laquelle les rapports Cmax/CMI et
cas de poids élevé ; AUIC sont les plus élevés.
– une posologie normale est choisie uniquement en cas
d’infection urinaire ou intestinale, ou d’infection à enté- Infection urinaire : oui mais…
robactéries sensibles à l’acide nalidixique. Les quinolones sont les antibiotiques de choix du traite-
Il est fortement recommandé d’associer la quino- ment des infections urinaires :
lone à un autre antibiotique : – la ciprofloxacine, la lévofloxacine ou l’ofloxacine pour
– dans les infections tissulaires. L’autre antibiotique doit les pyélonéphrites et les prostatites ;
bien diffuser dans les tissus (rifampicine, acide fusidique, – la norfloxacine pour les infections urinaires basses ;
macrolides, clindamycine, synergistines, fosfomycine, – mais pas les quinolones classiques ;
éventuellement β-lactamines à fortes doses) ; – après avoir interrogé sur la prise de quinolones dans les
– dans les infections nosocomiales en traitement proba- mois précédents.
biliste (prévalence de résistance élevée) ; Oui au traitement probabiliste (avant documenta-
– en cas d’infection à P. æruginosa (bacille pyocyanique), tion bactériologique) si pas de prise antérieure récente
à staphylocoques, à mycobactéries, à entérobactéries de quinolones :
NalR-CipS. – mais vérifier la sensibilité aux quinolones au vu du
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Références
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FORMATION
Allergie alimentaire:
de plus en plus fréquente
Objectif : savoir évoquer et confirmer une allergie alimentaire.
Les allergènes alimentaires sont multiples mais les plus fréquents chez l’enfant
sont le lait de vache, l’œuf et l’arachide. Les manifestations cliniques sont variables
et peuvent être aiguës (avec parfois un risque vital) ou chroniques, rendant
le diagnostic plus ou moins difficile. Le meilleur traitement est le régime d’éviction
qui est à adapter au cas par cas.
a fréquence de l’allergie alimentaire (AA) est esti- peuvent également s’inscrire dans l’allergie alimentaire3
L
Par Martine Drouet,
mée dans la population générale à 3,4 %,1 mais et tous les étages digestifs peuvent être impliqués (reflux unité d’allergologie
générale, CHU,
cette pathologie concerne prioritairement l’enfant. gastro-œsophagien, gastroentéropathies, entéropathies, 49933 Angers
Les aliments sont, en effet, les premiers allergènes de la coliques…). Cedex 9.
vie d’un sujet atopique. Aucun des symptômes énumérés ci-dessus n’est patho-
madrouet@
Les allergies alimentaires de l’enfant peuvent disparaître ; gnomonique d’une allergie alimentaire – qui n’est chu-angers.fr
c’est souvent le cas pour l’allergie au lait de vache et celle qu’une des causes possibles à envisager – sauf le syn-
à l’œuf. Mais cette évolution favorable pour les aliments drome oral qui, lui, est pathognomonique de l’allergie
peut se faire aux dépens des pneumallergènes qui alimentaire. Il s’agit d’une sensation de prurit ou de
prennent souvent le relais chez les sujets atopiques. picotement endobuccal,parfois associée à une impression
D’autres allergies alimentaires sont plus durables (ara- de corps étranger pharyngé, souvent source de toux
chide, poisson). sèche. Ce symptôme est observé uniquement avec les
Les allergènes alimentaires sont mul- aliments végétaux. Très souvent, l’ali-
tiples, mais les aliments les plus sou- ment responsable résulte d’une allergie
vent incriminés sont l’œuf, l’arachide et croisée avec des pollens.
le lait de vache.2 L’allergie alimentaire au travers des
symptômes décrits ci-dessus peut s’ex-
DU SYNDROME ORAL AU CHOC primer sous 2 formes très différentes :
ANAPHYLACTIQUE – une forme aiguë correspondant à des
Tous les symptômes allergiques peu- manifestations de type anaphylactique
vent être observés dans l’allergie ali- ou bronchospasme aigu ; le pronostic
mentaire, du plus bénin (syndrome vital peut alors être mis en jeu ;4,5
oral dit de Lessof) au plus grave tel le – une forme chronique se présentant
choc anaphylactique, en passant par les sous l’angle d’une pathologie elle-
formes cutanéo-muqueuses (urticaire même chronique, type dermatite ato-
aiguë, œdème laryngé, eczéma ato- pique, rhinite, asthme ; le pronostic
pique) ou, plus rarement, les manifes- vital n’est jamais mis en jeu.
tations respiratoires (rhinite ou Cette distinction clinique6 correspond
Phanie
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A L L E R G I E A L I M E N TA I R E
AUGMENTATION DE conduite des bilans allergologiques ainsi qu’à une prise les aliments les plus fréquemment en cause dans ce syn-
LA FRÉQUENCE en charge thérapeutique différente. drome.8 La difficulté de ce type d’allergie alimentaire tient
DE L’ALLERGIE à la multiplicité des cofacteurs non spécifiques, variables
ALIMENTAIRE ÉVOQUÉ SUR L’ANAMNÈSE, LE DIAGNOSTIC d’un patient à l’autre,voire chez le même patient.Les cofac-
La fréquence de EST À CONFIRMER PAR DES TESTS CUTANÉS teurs non spécifiques les plus fréquents, outre l’exercice,
l’allergie alimentaire ET LE DOSAGE DES IgE
est croissante et les sont la prise de médicaments (notamment aspirine et anti-
raisons de cette À l’instar de toute enquête allergologique, le diagnostic inflammatoires) qui amène régulièrement à suspecter à
augmentation sont positif d’une allergie alimentaire est le résultat d’un tort le médicament lui-même, l’alcool, la chaleur intense,
probablement faisceau d’arguments qui commence par l’anamnèse et un facteur hormonal,9 voire une simple asthénie. Ce type
multiples. Le défaut
d’allaitement qui est complété par des examens, essentiellement des d’allergie alimentaire concerne peu le petit enfant mais
maternel, la diversifi- tests cutanés et (ou) un dosage d’IgE spécifiques anti-ali- plutôt l’adolescent ou l’adulte.
cation trop précoce ments. Parfois, il est nécessaire d’effectuer un test de L’allergie alimentaire chroniqueimplique des symp-
des aliments du
réintroduction. tômes eux-mêmes chroniques tels la dermatite atopique,
nourrisson pourraient
être des facteurs la rhinite et (ou) l’asthme. L’anamnèse n’est jamais évi-
alimentaires
La recherche de l’aliment en cause est orientée dente, car l’aliment en cause est consommé quotidien-
favorisants. La théorie
par la situation clinique
nement et les symptômes sont eux-mêmes quotidiens.
hygiéniste postule
que l’excès d’hygiène
Il existe 3 situations cliniques principales. Ce diagnostic ne peut donc être évoqué qu’après la réa-
peut faire dévier la L’allergie alimentaire aiguë sans cofacteur associé : lisation d’un bilan complémentaire. Dans la dermatite
réponse immunitaire le patient exprime systématiquement son allergie alimen- atopique,l’allergie alimentaire est souvent évoquée parce
vers les phénomènes taire sur le mode aigu, dans un délai le plus souvent très que le symptôme est lui-même évocateur.Dans le cas des
allergiques,
expliquant ainsi la
bref après la consommation de l’aliment. Ce caractère manifestations respiratoires,c’est souvent une démarche
plus grande fréquence systématique et ce délai court rendent le diagnostic rela- diagnostique d’élimination qui amène à envisager un tel
des allergies dans les tivement aisé.Il concerne des aliments consommés occa- diagnostic. Par exemple, si un jeune enfant souffre
pays riches et sionnellement et le lien de causalité est souvent évident. d’asthme (a priori atopique) alors que le bilan allergolo-
industrialisés.
L’allergie alimentaire aiguë avec cofacteurs est plus gique est négatif pour les pneumallergènes, il est parfois
complexe.Le patient exprime l’allergie alimentaire sur un opportun de rechercher une allergie alimentaire en ciblant
mode aigu mais l’aliment n’est déclenchant que lorsqu’il particulièrement les 2 aliments susceptibles d’induire une
est associé à des facteurs non allergiques dits cofacteurs telle chronicité : le lait de vache et les dérivés du blé (et
non spécifiques (CNS).L’exercice physique est le cofacteur autres céréales).
non spécifique le mieux connu et fut l’un des premiers Le tableau ci-dessous résume les différences entre ces
décrits7 sous forme du syndrome d’anaphylaxie induit par 3 types d’allergie.
l’exercice (AIE). Les allergies alimentaires avec cofacteurs
sont le plus souvent déroutantes, car l’aliment n’est pas Effectuer des tests cutanés et (ou) un dosage
des IgE spécifiques…
systématiquement déclenchant et les nouvelles ingestions
sans accidents sont faussement rassurantes. Les aliments Dans ces 3 situations cliniques, le diagnostic est évoqué
sont souvent, dans ce cas, consommés quotidiennement, de façon différente par l’anamnèse mais la confirmation
telles les céréales (farine de blé et gluten) qui représentent est faite par les mêmes examens : les tests cutanés et (ou)
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Fig. 1 – Prick-test :
positif à la viande
de poulet.
Fig. 2 – Epidermo-
test : positif pour
le lait de vache
(LV).
1 2
le dosage des IgE spécifiques anti-aliments. d’IgE spécifiques, la probabilité d’une allergie clinique à
Les tests cutanés. Deux techniques peuvent être un aliment peut être prédite avec une sensibilité satis-
utilisées : faisante (0,95 soit 95 fois sur 100 cas). Des auteurs10
– le prick-test (PT) est une érosion punctiforme et proposent ainsi chez l’enfant des seuils pour l’arachide
superficielle de l’épiderme : il est effectué avec des (14 KuA/L), le lait de vache (15 KuA/L), le poisson
extraits allergéniques ou les aliments eux-mêmes (dits (20 kuA/L) et l’œuf (7 KuA/L). Ces valeurs sont diffé-
aliment natifs) ; il est lu 15 à 20 minutes après. Il est rentes chez l’enfant de moins de 2 ans,11 notamment pour
considéré positif s’il induit une réaction de type urti- le lait de vache (2KuA/L).
caire (papule et érythème) [fig. 1]. Ce test explore
essentiellement l’hypersensibilité immédiate (HSI) ; il … et,éventuellement,un test de réintroduction
est donc approprié dans l’urticaire, les réactions ana- En cas d’allergie alimentaire aiguë simple. Les tests
phylactiques, la rhinite et l’asthme ; de réintroduction ne sont envisagés qu’en milieu hospi-
– les épidermotests (ET) correspondent à l’application talier suivant des règles de prudence extrême. Les inges-
sur le derme de l’extrait allergénique alimentaire pen- tas se font à doses progressives chez un patient disposant
dant 48 heures. La lecture se fait après dépose du test à d’un abord veineux en place. Les indications de réintro-
48 heures mais également à 96 heures. La positivité est duction alimentaire répondent à 2 objectifs différents :
exprimée par une réaction de type eczéma avec éry-
thème, œdème, prurit et parfois vésicules. Ces tests
explorent davantage l’hypersensibilité retardée (HSR) et
DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL
sont surtout utilisés dans la dermatite atopique et les ➜ Pour les manifestations anaphylactiques, il faut envisager les autres
troubles digestifs (fig. 2). causes principales, notamment l’allergie médicamenteuse.
Il est, en effet, parfois difficile d’identifier l’allergène entre aliment
Il est assez souvent utile d’associer les 2 types de tests. et médicament quand ils sont consommés ensemble
Le dosage des IgE spécifiques anti-aliments. Les (les médicaments sont souvent pris au cours du repas).
anticorps responsables de l’allergie alimentaire sont des ➜ Pour le syndrome d’anaphylaxie induit par l’exercice, il faut parfois
IgE qui peuvent être dosées spécifiquement (contre un discuter certaines formes d’urticaire cholinergique bien qu’il soit
aliment précis) au niveau sérique : il s’agit du dosage des rare, dans ce cas, que les symptômes évoluent jusqu’au choc.
IgE spécifiques sériques dont les résultats sont exprimés ➜ La mastocytose cutanée et (ou) systémique peut, cliniquement,
en unités, variables selon la technique. Pour le dosage faire évoquer une allergie alimentaire par la survenue d’accident
par technique CAP-RAST Pharmacia, la positivité est pseudo-allergique (mais avec parfois des hypotensions très
retenue à partir de 0,350 kUA/L. sévères) en post-prandial. L’examen clinique doit rechercher
un signe de Darier au moindre doute (lésion pigmentaire prenant
Quelle que soit la technique, ce dosage peut parfois un aspect urticarien après frottement).
manquer de spécificité (faux positifs dans la population
➜ Plus rarement, chez l’enfant et chez l’adolescent, il faut se méfier
non allergique). Concernant la sensibilité (pourcentage de certains troubles du comportement alimentaire. Certaines
de positivité dans la population allergique), plus le taux anorexies se réfugient ainsi derrière le masque plus « honorable »
est élevé, plus l’imputabilité de l’aliment est grande. Il de l’allergie alimentaire.
peut même être considéré qu’à partir d’un certain seuil
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ÉVOLUTION – confirmer un diagnostic si l’enquête préalable (anam- à faire ingérer un aliment en débutant par des doses infi-
DE L’ALLERGIE nèse, tests cutanés, biologie) n’a pas été convaincante ; nitésimales, puis à augmenter progressivement ces doses
ALIMENTAIRE – quantifier approximativement le seuil réactogène du jusqu’à induire une tolérance pour de plus fortes doses.
Les allergies patient afin d’adapter le régime alimentaire pour le Les doses tolérées atteintes sont variables :
alimentaires rendre le moins contraignant possible. – une accoutumance obtenue pour des fortes doses
de l’enfant
disparaissent En cas d’allergie alimentaire aiguë avec cofacteurs, permet ensuite une reconsommation de l’aliment ;
fréquemment la réintroduction alimentaire peut être envisagée en – une accoutumance qui doit être interrompue à des
avec l’âge, mais association avec certains cofacteurs non spécifiques doses plus faibles n’est pas nécessairement un échec,
2 d’entre elles sont
(exercice physique par exemple) mais certains d’entre car les petites doses permettent de ne plus redouter
très persistantes,
l’arachide et eux ne s’y prêtent pas, car ils sont peu reproductibles l’écart de régime.
le poisson. Les (asthénie par exemple). La contrainte de l’accoutumance réside dans le fait que,
allergies apparues En cas d’allergie alimentaire chronique,le test de réin- une fois la dose maximale tolérée atteinte,les ingestions de
chez l’adulte
sont souvent plus
troduction avec surveillance immédiate en milieu hospi- l’aliment doivent être poursuivies quotidiennement pour
définitives. talier n’a pas d’intérêt. Il s’agit toujours de réactions non assurer le maintien de la tolérance. Les accoutumances
sévères qui peuvent être appréhendées par un test de sup- sont volontiers proposées dans l’allergie au lait de vache
pression suivi d’une réintroduction dans un but de contre- chez l’enfant lorsque l’allergie subsiste au-delà de 3 à 5 ans.
épreuve. La durée de la suppression est d’environ 3 à Projet d’accueil individualisé (PAI). Les enfants
4semaines.Ce type de test peut être effectué en ambulatoire. ayant une allergie alimentaire aiguë doivent en bénéfi-
cier dans toutes les collectivités, y compris à l’école. Ce
LE MEILLEUR TRAITEMENT EST L’ÉVICTION document est élaboré par les médecins de l’Éducation
DE L’ALIMENT nationale à partir des renseignements médicaux fournis
Allergie alimentaire aiguë : l’éviction est par l’allergologue. Il permet d’informer l’ensemble du
fondamentale personnel (enseignant, personnel de cantine) des aller-
L’éviction de l’aliment est fondamentale pour empê- gies de l’enfant,de faire entrer les médicaments d’urgence
cher la récidive des signes cliniques.Il peut alors être utile dans les collectivités et d’en préciser les modalités d’uti-
de rechercher le seuil de réactivité, démarche souvent lisation en langage clairement compris de tous (v. article
effectuée dans l’allergie à l’arachide par exemple.Un enfant p. 30).
réactif dès la consommation de quelques milligrammes
d’arachide doit suivre un régime très strict sans arachide, Allergie alimentaire avec cofacteurs : éviction
de l’aliment ou du cofacteur
mais également sans traces d’arachide. S’il réagit uni-
quement à une dose de 1 000 mg, le régime est moins Les difficultés de la prise en charge dépendent du type
strict, car les écarts de régime (ingestion malencontreuse d’aliment concerné : s’il s’agit d’un aliment rarement
de petites doses) ne sont plus à craindre. consommé, le plus simple est de proposer l’éviction de
Accoutumance alimentaire. Parfois, l’allergie per- cet aliment. En revanche, lorsqu’il s’agit d’un aliment
dure et le seuil réactogène reste bas. Dans ces cas, une quotidiennement consommé (type céréales), l’éviction
accoutumance alimentaire peut être tentée. Elle consiste est plus difficilement envisageable. Dans le syndrome
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d’anaphylaxie induit par l’exercice suite à la consomma- Références
tion de céréales, l’aliment est déclenchant lorsqu’il est 1. Kanny G, Moneret-Vautrin DA, Flabbee J, Beaudouin E, Morisset M,
ingéré dans les 2 ou 3 heures précédant l’exercice. Il est Thevenin F. Population study of food allergy in France. J Allergy Clin
alors conseillé au patient de ne pas le consommer dans Immunol 2001;108:133-40.
ce délai avant un effort physique. 2. Rancé F, Kanny G, Dutau G, Moneret Vautrin DA. Food hypersen-
sitivity in children: clinical aspects and distribution of allergens. Pediatr
Allergie alimentaire chronique : les écarts Allergy Immunol 1999;10:33-8.
sont autorisés 3. Sicherer SH. Clinical aspects of gastrointestinal food allergy in chil-
hood. Pediatrics 2003;111:1609-16.
Le régime est souvent moins contraignant, car il existe 4. Bock SA, Munoz-Furlong A, Sampson HA. Fatalities due to ana-
généralement une dose-dépendance qui autorise les phylactic reactions to foods. J Allergy Clin Immunol 2001;107:191-3.
écarts.Le régime strict ne se justifie donc que dans la phase 5. Macdougall CF, Cant AJ, Colver AF. How dangerous is food allergy
diagnostique. Ensuite, il peut être élargi, le patient in childhood ? The incidence of severe and fatal allergic reactions across
pouvant lui-même effectuer des réintroductions « tests ». the UK and Ireland. Arch Dis Child 2002;86:236-9.
Il n’y a aucun risque anaphylactique dans ce cas. 6.Drouet M.Allergie alimentaire aiguë ou chronique: démarches théra-
peutiques et diagnostiques adaptées.Allerg Immunol 1997;29:129-36.
CONCLUSION 7. Drouet M, Sabbah A. Anaphylaxie induite par l’exercice liée à une
allergie alimentaire. Presse Med 1984;13:2390-1.
L’allergie alimentaire est une pathologie de plus en plus 8. Guinnepain MT, Laurent J. Anaphylaxie induite par l’effort:
fréquente, notamment en pédiatrie. Les allergènes ali- la sensibilisation aux céréales y est fréquente. Rev Fr Allergol
mentaires sont multiples mais les plus fréquents chez 1997;37:562-7.
l’enfant sont le lait de vache,l’œuf et l’arachide.La popu- 9. Drouet M, Sabbah A. Anaphylaxie: rôle d’un cofacteur hormonal.
lation concernée est souvent atopique. Les manifesta- Presse Med 1997;26:17.
tions cliniques sont variables et peuvent être aiguës (avec 10. Sampson HA. Update on food allergy. J Allergy Clin Immunol
2004;113:805-19.
parfois un risque vital) ou chroniques. Le diagnostic est
11. Garcia-Ara C, Boyano-Martinez T, Diaz Pena JM, Martin-Muñoz
plus ou moins difficile selon que l’allergie alimentaire est F, Reche-Frutos M, Martin-Esteban M. Specific IgE levels in the dia-
aiguë ou chronique. Le meilleur traitement est le régime gnosis of immediate hypersensitivity to cows’milk protein in the enfant.
d’éviction à adapter au cas par cas. ■ J Allergy Clin Immunol 2001;107:185-90.
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FORMATION
allergie aux protéines du lait de vache (APLV) est général, dans l’heure, voire les minutes suivant l’inges-
L’
Par Delphine
de Boissieu, l’allergie alimentaire la plus fréquente dans la tion de lait. Elles peuvent se limiter à une réaction locale,
service de
médecine première année de vie et toucherait 2 à 3 % des ou être plus sévères, voire aller jusqu’au collapsus.
néonatale, hôpital enfants de moins de un an.1 L’évolution est favorable Schématiquement, plus la réaction apparaît précoce-
Saint-Vincent- dans la plupart des cas avec 85 à 90 % de guérisons à ment après l’ingestion de l’aliment, plus elle est sévère.
de-Paul,
75674 Paris 3 ans. L’APLV est responsable d’une variété considé-
Cedex 14. rable de symptômes, impliquant la peau, le tractus Manifestations digestives : symptômes
résistant au traitement, sévères, durables
ddeboissieu@ digestif et, rarement, le tractus respiratoire. Les méca-
wanadoo.fr nismes immunologiques impliqués peuvent être liés Les manifestations digestives de l’APLV sont nom-
aux IgE, avec des manifestations de type immédiat sur- breuses.2 Les symptômes les plus fréquents figurent dans
venant dans les 2 heures après la prise de lait, mais elles le tableau. En dehors des rectorragies, volontiers évoca-
peuvent également être non IgE-médiées, à médiation trices d’APLV chez le nouveau-né, les symptômes diges-
cellulaire, responsables de réactions retardées. tifs ne sont pas spécifiques de l’allergie au lait. Ce dia-
gnostic doit être évoqué lorsque ces symptômes sont
SYMPTOMATOLOGIE DOMINÉE résistants aux traitements classiques bien conduits,
PAR LA DERMATITE ATOPIQUE anormalement sévères ou durables, ou diversement
ET LES MANIFESTATIONS DIGESTIVES
associés entre eux.
La symptomatologie (v. tableau), chez le nourrisson, est L’association d’un reflux gastro-œsophagien et
largement dominée par la dermatite atopique et les d’une APLV n’est pas fortuite : plus de 40 % des enfants
symptômes digestifs chroniques ; cependant, il peut de moins de un an ayant un reflux prouvé par pH-métrie
également y avoir des manifestations de type immédiat. auraient une APLV.Les recommandations sont de recher-
cher systématiquement une APLV chez un enfant ayant
Manifestations anaphylactiques : un reflux associé à d’autres signes tels que diarrhée,lésions
dans l’heure suivant l’ingestion de lait
d’eczéma, rhinite, ou si le reflux est résistant aux traite-
Les manifestations anaphylactiques surviennent, en ments usuels.3
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La diarrhée lors d’une APLV peut être observée dans
TABLEAU – MANIFESTATIONS CLINIQUES DE L’ALLERGIE AUX PROTÉINES
2 cadres différents : DU LAIT DE VACHE CHEZ LE NOURRISSON ET L’ENFANT
–une débâcle diarrhéique dans les heures suivant la prise Manifestations anaphylactiques
de lait. C’est une manifestation d’anaphylaxie digestive, – Syndrome oral
IgE-dépendante. Ce symptôme est rarement isolé ; – Modérées : urticaire, vomissement, rhinite, œdème
– Sévères : bronchospasme, hypotension, collapsus
– une diarrhée chronique, volontiers associée à des
douleurs abdominales et des gaz, qui correspond à la Manifestations digestives
– Rectorragies
classique entéropathie avec malabsorption,manifestation – Nausées, vomissements, reflux gastro-œsophagien
non IgE-médiée.4 – Œsophagite, hématémèse
La constipationest un symptôme tout à fait inhabituel – Anorexie, refus d’alimentation
– Douleurs abdominales, coliques du nourrisson
d’APLV.La présence d’éosinophiles a été mise en évidence – Ballonnements, gaz
dans la muqueuse rectale d’enfants ayant comme seule – Diarrhée chronique, constipation sévère
manifestation d’APLV une constipation sévère résistant – Irritabilité, troubles du sommeil
– Cassure de la courbe de poids
aux traitements et cédant avec un régime d’exclusion.
La cassure de la courbe de poids est un signe classique Manifestations cutanées
– Urticaire
d’APLV.Elle peut être liée à une malabsorption,une ano- – Dermatite atopique
rexie et (ou) aux vomissements. C’est un signe souvent
Manifestations respiratoires-ORL
tardif, apparaissant après plusieurs semaines ou mois – Rhinite, toux chronique
d’évolution de la maladie. Par ailleurs, c’est un symp- – Asthme du nourrisson
tôme inconstant : certains enfants ayant une réelle APLV – Otites séreuses, otites moyennes aiguës résistantes aux traitements
ont une courbe de poids parfaite. Il ne faut donc pas
attendre une mauvaise prise de poids pour évoquer le alimentaire doit être évoquée lorsque les manifestations
diagnostic devant des symptômes digestifs persistants. sont déclenchées par le repas, en l’absence de sensibilisa-
tion aux pneumallergènes ou s’ils sont associés à une
Manifestations cutanées:essentiellementl’eczéma dermatite atopique, un RGO, des troubles digestifs.
À côté de l’urticaire correspondant à une manifestation L’APLV peut également être responsable d’otites
d’anaphylaxie, les réactions cutanées de l’allergie ali- moyennes aiguës récidivantes ou d’otites séreuses résis-
mentaire sont représentées essentiellement par l’eczéma. tant au traitement chirurgical avec adénoïdectomie et
La place exacte de l’allergie alimentaire est encore discutée, drains transtympaniques.
mais il semble acquis que celle-ci soit plus fréquente chez
les enfants ayant une dermatite atopique. L’APLV pour- DIAGNOSTIC : PAS TOUJOURS ÉVIDENT
rait atteindre 50 à 70 % des enfants ayant une dermatite Le diagnostic de l’APLV est parfois facilement évoqué
atopique.5 Plus la dermatite atopique débute tôt et plus devant des manifestations cliniques immédiates surve-
les lésions cutanés sont sévères,plus l’allergie alimentaire nant après la prise des biberons. Il est parfois plus diffi-
joue un rôle dans l’aggravation, voire l’apparition des cile devant une symptomatologie chronique, digestive
lésions. ou cutanée ; cependant, il doit être évoqué le plus tôt
possible, avant la diversification, à un âge où le lait
Manifestations respiratoires et ORL : constitue le seul aliment de l’enfant.
rhinite, toux, asthme et otites
Rhinite, toux chronique et asthme peuvent, assez rare- Trois tests pour l’orientation diagnostique
ment, être une manifestation d’allergie alimentaire, les Les prick-tests, de réalisation facile en consultation
pneumallergènes ayant un rôle prépondérant. L’allergie d’allergologie, étudient la réactivité immédiate. Ils dia-
gnostiquent essentiellement les réactions IgE-médiées.
Ils sont réalisables dès les premiers mois de la vie, âge
auquel ils sont peu sensibles mais très spécifiques.
Les patch-tests, ou test épicutané, étudient les réac-
tions de type retardé et consistent à mettre l’allergène au
contact de la peau pendant 48 heures. La lecture se fait à
72 heures par rapport à un témoin.
Ces tests cutanés (prick et patch), étudiant des méca-
nismes immunologiques différents, sont complémen-
taires pour le diagnostic de l’APLV.5 Un patch-test au lait
prêt à l’emploi (Diallertest) est actuellement disponible
BSIP
en pharmacie.6
Les réactions cutanées de l’allergie alimentaire sont
représentées essentiellement par l’eczéma. Le dosage des IgE spécifiques, selon la méthode des
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RAST (CAP System Pharmacia), donne des résultats En cas de doute,ces examens peuvent être répétés quelques
globalement comparables à ceux des prick-tests. En cas semaines ou mois plus tard.
de positivité, les IgE spécifiques ont une valeur diagnos-
tique quantitative :7 une valeur supérieure à 15 kUA/L Test de provocation : permet un diagnostic
de certitude
(5 kUA/L chez l’enfant de moins de 2 ans) est prédictive
à 95% d’une réaction de type immédiate.Un dosage régu- Le diagnostic de certitude repose sur le test de provocation.
lier des IgE spécifiques permet ainsi de suivre l’évolution En cas de manifestations immédiates sévères, si les
de ces allergies et d’éviter des tests de provocation inutiles. prick-tests et les IgE spécifiques sont concordants avec
En revanche, la négativité des IgE spécifiques n’élimine l’histoire clinique, le test de provocation peut être évité.
pas une APLV si celle-ci est non IgE-dépendante. En cas de manifestations chroniques, le test de pro-
L’utilisation en première intention de l’un ou l’autre vocation doit être précédé par un régime d’exclusion de
test dépend donc de la symptomatologie présentée par plusieurs semaines.Cela entraîne une amélioration,voire
l’enfant (v. figure). En cas de réaction de type immédiat, une disparition des symptômes, qui récidivent lors de la
il faut faire un prick-test et (ou) un dosage des IgE spé- réintroduction du lait. Celle-ci doit être prolongée sur
cifiques.Chez un enfant ayant un régime normal avec du plusieurs jours,à dose croissante,les symptômes pouvant
lait de vache et une symptomatologie chronique,le patch- ne réapparaître qu’après plusieurs jours.
test est indiqué en première intention. L’interprétation
doit se faire en fonction de l’âge,car plus l’enfant est jeune, LE RÉGIME D’EXCLUSION DU LAIT
plus il existe de faux négatifs, quel que soit le test utilisé. EST LE SEUL TRAITEMENT
Il n’y a pas, à l’heure actuelle, de traitement proprement
dit, si ce n’est le régime d’exclusion du lait et de ses déri-
FIGURE – ARBRE DÉCISIONNEL DE L’UTILISATION vés (laitages, fromages, crème fraîche, beurre et produits
DES MOYENS DIAGNOSTIQUES DE L’APLV contenant du lait).
Hydrolysats. Chez le nourrisson, l’équilibre nutri-
1- Manifestations de type immédiat.
tionnel est préservé par l’utilisation d’hydrolysats (de
Urticaire, caséine, de lactosérum ou de soja et collagène de porc)
œdème, disponibles en pharmacie, à condition que l’enfant en
vomissement en jets dans l’heure suivant le repas prenne au moins 500 mL par jour.En cas d’apports insuf-
choc anaphylactique
fisants, une supplémentation calcique peut être néces-
saire. Chez certains enfants, une réactivité aux résidus
Prick-test au lait peptidiques présents dans les hydrolysats de protéines8
et (ou) justifie le recours à une formule à base d’acides aminés
IgE spécifiques
(Neocate) pour alimenter l’enfant.
Le bœuf et le veau ne sont pas à exclure systémati-
2- Manifestations chroniques chez un enfant ayant un régime normal. quement ; moins de 5 % des enfants ayant une APLV
Rejets, vomissements, reflux, œsophagite, difficultés d’alimentation,
réagissent également à la viande de bœuf et de veau. En
nausées, coliques, troubles du sommeil, troubles du transit, rectorragies, cas de réaction immédiate sévère, les IgE spécifiques à la
mauvaise prise de poids, eczéma… viande de bœuf peuvent être testées par sécurité avant
l’introduction de celle-ci.
Des réactions croisées lait de vache-lait de chèvre et
Patch-test au lait (ou) lait de brebis sont très fréquentes. Ces laits ne sont
donc pas indiqués chez le petit nourrisson, d’autant qu’il
n’existe pas de formules adaptées au petit enfant sur le
Positif Négatif plan nutritionnel. Si l’APLV est durable, ces laits doivent
être testés avant leur introduction afin de ne pas risquer
d’accident allergique en cas de réaction croisée.
Régime d’exclusion Chercher une autre cause Les formules à base de lait de riz, d’amande, de
châtaigne… ne sont pas du tout adaptées sur le plan
nutritionnel et exposent l’enfant à des carences impor-
Négatif Positif tantes (calcium, protéines… selon les formules) si elles
sont utilisées pendant des périodes prolongées.
– Régime d’exclusion d’épreuve Traitement Trousse d’urgence. Chez les enfants ayant une
– Remettre un patch-test au lait forme IgE-médiée de l’APLV, il faut également fournir
quelques semaines plus tard
une trousse d’urgence en cas d’erreur de régime, avec
un anti-histaminique, un corticoïde per os et parfois
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de l’adrénaline injectable en fonction de la sympto- mise.Une analyse fine des « erreurs » éventuelles de régime
matologie initiale. permet d’envisager une réintroduction ou, au contraire,
de la retarder. Fait essentiel, la phase d’acquisition de la
RÉÉVALUER SOUVENT POUR DÉTECTER tolérance peut comporter une période au cours de laquelle
L’ACQUISITION DE LA TOLÉRANCE les quantités de lait tolérées sont quantitativement limi-
Le diagnostic d’APLV chez un enfant et l’institution tées, par exemple au maximum un yaourt par jour. Le
d’un régime d’éviction imposent une surveillance et une devenir à long terme des enfants allergiques au lait de
réévaluation régulières, pour détecter à temps l’acqui- vache peut d’ailleurs se traduire par la persistance de
sition de la tolérance au lait.9 Celle-ci varie selon les indi- troubles digestifs limités lors de l’ingestion d’une quan-
vidus ; elle est schématiquement plus rapide pour les tité normale de laitages, faisant désormais évoquer, au
manifestations digestives isolées que pour les manifesta- moins chez certains,plus une amélioration de la tolérance
tions IgE-dépendantes associées à des manifestations qu’une véritable guérison.
cutanées ou respiratoires.
Dans les manifestations IgE-dépendantes, les tenta- CONCLUSION
tives de réintroduction du lait, régulièrement envisagées, L’APLV est une pathologie très fréquente chez le nourrisson
doivent se fonder sur la surveillance des tests cutanés et du avec des formes cliniques extrêmement variées. Le dia-
dosage des IgE spécifiques. La diminution des concentra- gnostic est parfois difficile devant une symptomatologie
tions d’IgE spécifiques est corrélée avec l’acquisition de la chronique, mais doit être évoqué devant une symptoma-
tolérance.Parmi les enfants âgés de moins de 3ans qui ont tologie digestive chronique résistant au traitement ou en
un taux d’IgE anti-lait de vache (CAPSystem) inférieur à présence d’une dermatite atopique sévère. Un diagnostic
14,3 kUA/L, 80 % guériraient de leur allergie (p = 0,02). 9 précoce, si possible avant la diversification alimentaire, est
En l’absence de manifestations IgE-dépendantes, le meilleur atout pronostique de l’APLV et permet
ces paramètres demeurent toutefois non contributifs et d’envisager une prévention des autres allergies alimen-
la prudence lors des tests de réintroduction doit rester de taires en retardant la diversification après l’âge de 6 mois.■
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FORMATION
Par Fabienne a prévalence de l’allergie alimentaire chez l’enfant cueil individualisé (PAI), selon la circulaire n° 2003-135
Rancé,
allergologie et
pneumologie
pédiatriques,
hôpital des
L augmente. En France, elle est estimée à 6,7 % chez
les enfants d’âge scolaire.1 Les urgences allergolo-
giques se sont multipliées au cours des 5 dernières
du 8 septembre 2003 qui actualise l’ancienne circulaire de
1999.3 Cette circulaire est applicable dans les écoles, les
établissements publics locaux d’enseignement relevant
Enfants,TSA années comme en témoignent l’augmentation des du ministère chargé de l’Éducation nationale et du
70034, 31059 consultations en service d’urgence et les décès liés direc- ministère chargé de l’Agriculture et les établissements
Toulouse Cedex. tement à l’ingestion d’aliments allergisants.2 Cela privés sous contrat. Elle sert de cadre de référence aux
explique que l’accueil des enfants souffrant d’allergies établissements d’accueil de la petite enfance (crèches,
rance.f@ alimentaires dans les structures scolaires et périscolaires haltes-garderies, jardins d’enfants) et aux centres de
chu-toulouse.fr
soit un sujet d’actualité. vacances et de loisirs.
La prise en charge d’un enfant allergique ne se conçoit
qu’après avoir établi un diagnostic précis et remis suffi- UNE EXPLORATION ALLERGOLOGIQUE
samment d’informations aux parents mais aussi aux INITIALE RIGOUREUSE
personnels scolaires et périscolaires amenés à s’occuper Les modalités de prise en charge d’un enfant ayant une
de cet enfant. Le traitement repose sur une éviction allergie alimentaire doivent reposer sur une exploration
stricte de l’aliment incriminé et des produits finis pou- allergologique rigoureuse. De nombreux patients sont
vant en contenir. Le régime est difficile pour les enfants persuadés d’être allergiques à un ou plusieurs aliments,
qui ont des réactions avec des quantités minimes d’ali- mais la réalité de cette allergie est rarement prouvée.
ments ou lors de l’inhalation de l’aliment ou par un L’anamnèse,les tests cutanés et le dosage des IgE sériques
simple contact avec la peau. Le traitement des symp- spécifiques orientent vers une allergie alimentaire. En
tômes de l’allergie alimentaire est individualisé et peut dehors d’une histoire clinique évidente d’anaphylaxie,
comporter la prescription d’un dispositif auto-injec- les tests de provocation par voie orale sont indispen-
table d’adrénaline. sables au diagnostic précis de l’allergie alimentaire. Ils
À l’école, les enfants ayant des réactions allergiques permettent d’identifier le (ou les) aliment(s) impliqué(s),
sévères bénéficient de la mise en place d’un projet d’ac- d’en préciser la quantité qui déclenche les symptômes et
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logie : choc anaphylactique, asthme aigu grave, œdème 2001 relative à la composition des
laryngé, urticaire généralisée qui s’étend.5 Le dispositif repas servis en restauration scolaire
et à la sécurité des aliments.6
est à considérer au cas par cas sur des terrains particuliers
En pratique, ces repas sont stockés dans un emballage hermétique au
comme l’asthme, les syndromes d’allergies multiples, les nom et à la classe de l'enfant, puis déposés dans le réfrigérateur scolaire,
allergies vis-à-vis des aliments connus pour donner des toujours étiquetés au nom de l'enfant allergique. Ils sont réchauffés dans
réactions sévères (arachide, fruits à coque, sésame, pois- le four habituel de la restauration collective.7
son et crustacés) et la mastocytose.5
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A N N
2
de la circulaire n° 2003-135 du 8-9-2003
MODÈLE DE PROJET D'ACCUEIL INDIVIDUALISÉ
E X E 2
1
Coordonnées
des adultes
qui suivent
l'enfant
— Les parents
— Le responsable de la collectivité
— Le médecin et l'infirmier(ère) de la collectivité
— Le médecin qui suit l'enfant dans le cadre de
sa pathologie
Pédagogique
❑ Soutien scolaire : matières, heures
❑ Assistance pédagogique à domicile : intervenant
et modalités
❑ Prise en charge en orthophonie : coordonnées, lieu
— Le service hospitalier d'intervention et horaires
2
Besoins ❑
spécifiques ❑
ou de
Horaires adaptés
Double jeu de livres
❑ Salle de classe au rez-de-chaussée ou accessible par
de l'enfant ascenseur
❑ Mobilier adapté
l'adolescent ❑ Lieu de repos
Traitement (selon
médical
4
l'ordonnance adressée sous pli cacheté
au médecin de la collectivité)
❑ Nom du médicament . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
❑ Doses, mode de prise et horaires. . . . . . . . . . . . . . . .
...........................................
3
Prise
en charge
complé-
mentaire
Médicale
❑ Intervention d'un kinésithérapeute : coordonnées, lieu
d'intervention, heures et jours
❑ Intervention d'un personnel soignant : coordonnées
lieu d'intervention, heures et jours
Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
❑ SAMU: 15 ou 112 par portable
❑ Pompiers : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Service hospitalier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Tél. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Signataires du projet
Les parents ou représentant légal - L'enfant ou l'adolescent - Le responsable de l'institution -
Les personnels de santé - Le représentant de la municipalité.
Date :
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FORMATION
e cancer broncho-pulmonaire (CBP) est la cause de Dans l’étude française du CPHG,3 l’âge moyen n’est pas
L
Par Michel Grivaux,
Chrystèle Locher, mortalité par cancer la plus fréquente dans le significativement différent entre les hommes (63,9 ans)
François Blanchon,
service de monde. Lié essentiellement au tabagisme, ce cancer et les femmes (64,4 ans) au moment du diagnostic ; mais
pneumologie, est en progression régulière chez les femmes. En France, la comparaison des tranches d’âge révèle une différence
centre hospitalier c’est la 3e cause de décès par cancer, après le cancer du nette : il existe une surreprésentation significative des
de Meaux,
77100 Meaux. sein et le cancer colo-rectal ;1 sa mortalité augmente de femmes atteintes de CBP avant 50 ans et après 70 ans par
façon épidémique chez les femmes alors qu’elle a ten- rapport aux hommes.
dance à diminuer chez les hommes.
Un travail récent de la Caisse nationale d’assurance Signes cliniques : moins de symptômes
maladie 2 montre que le taux d’incidence du CBP chez la Une étude récente5 montre que les femmes ont moins de
femme a augmenté de 5,6 % par an entre 1997 et 2002 symptômes cliniques que les hommes : 32 % sont
alors qu’il a régressé pour la première fois chez l’homme asymptomatiques (vs 22 % chez les hommes), et cer-
(– 0,6 % par an). tains symptômes (douleurs thoraciques, hémoptysies,
De plus, le CBP chez la femme n’est pas superposable à surinfections, amaigrissement) sont moins fréquents.
celui de l’homme, notamment en matière épidémiolo- Cela pourrait expliquer des délais diagnostiques plus
gique (âge, tabagisme) et histologique, comme le longs. Ainsi, dans l’étude du CPHG,3, 4 le délai moyen
confirme une étude récente du Collège des pneumo- entre les premiers symptômes et le prélèvement qui per-
logues des hôpitaux généraux (CPHG).3 Parmi les met le diagnostic histologique est en moyenne de
5 667 patients atteints de CBP inclus dans cette étude au 80,6 jours, avec une médiane de 47 jours. Ce délai est
cours de l’année 2000, le nombre de femmes apparaît en nettement plus court à partir de la première radio-
augmentation : il est de 904,soit 16 % de l’ensemble de la graphie pulmonaire pathologique puisqu’il passe à
cohorte. Il a fait l’objet d’une analyse détaillée sur 34,2 jours en moyenne avec une médiane de 13 jours.
laquelle nous nous appuyons ci-après.4
Type histologique : l’adénocarcinome
CARACTÉRISTIQUES : DES DIFFÉRENCES est le plus fréquent
PAR RAPPORT AUX HOMMES Le cancer bronchique à petites cellules (CBPC) est
Âge : surreprésentation avant 50 ans et observé chez 16 % des patients, sans différence entre les
après 70 ans deux sexes. Par contre, une différence significative entre
Les données de la littérature sont discordantes : soit elles les hommes et les femmes existe pour certains types de
ne mettent pas en évidence de différence d’âge entre les cancers bronchiques non à petites cellules (CBNPC)
hommes et les femmes au moment du diagnostic, soit [fig. 1] : l’adénocarcinome est le type le plus fréquent
elles montrent une tendance à un âge plus jeune chez les chez la femme (45,3 %) alors que chez l’homme c’est le
femmes atteintes. carcinome épidermoïde (43,1 %). La fréquence des
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tion monte à 43,4 % pour les adénocarcinomes. ciation et la maturation du 50 Femmes 53,2
48,5
Deux notions contradictoires ressortent : poumon fœtal et que des 44,3
Patients (%)
40
– les CBP de la femme tabagique apparaissent pour récepteurs aux œstrogènes 30 32,3
des durées et des quantités fumées significativement ont été mis en évidence sur
20
moindres que chez l’homme ; des cellules cancéreuses pul- 19,1
– il existe une proportion beaucoup plus importante de monaires.15 10
2,5
femmes non fumeuses atteintes par rapport aux hommes. De même, une relation a été 0
Ces deux données orientent, pour la première, vers une observée entre la prise d’un Non-fumeurs Ex-fumeurs Fumeurs
2
sensibilité accrue au tabac et, pour la seconde, vers traitement substitutif œstro-
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FORMATION
algré un usage fréquent du terme, et bien qu’il encore très largement valide : présence du comporte-
M
Par Antoine
s’agisse d’une notion clé en matière d’évalua- ment de retrait, des mouvements atypiques des doigts Guedeney,
Laure Quantin,
tion clinique, la dépression du bébé reste un (que l’on nommerait maintenant gestes autocentrés) et service de psycho-
concept relativement mal défini et mal évalué, depuis de la rigidité faciale (v. encadré 1). pathologie
l’apport initial de René Spitz.1 La notion de dépression Quant aux circonstances déclenchantes, il s’agissait de l’enfant et
de l’adolescent,
du bébé est apparue il y a une vingtaine d’années, et elle d’enfants de 6 mois et plus qui souffraient d’une carence hôpital Bichat-
occupe une place importante dans la pratique clinique aiguë de soins maternels, sans soins substitutifs adé- Claude Bernard,
de la petite enfance. Elle indique que les moyens de la quats, après avoir connu une période initiale de relation policlinique Ney,
75018 Paris Cedex.
résilience face à une situation difficile sont dépassés pour mère-enfant satisfaisante, étroite mais exclusive. Spitz
le bébé. Or, la dépression précoce demeure difficile à classait donc la dépression anaclitique dans les « mala- antoine.guedeney@
bch.ap-hop-paris.fr
repérer, surtout au début. De plus, nous ne disposons, à dies de carence » (deficiency diseases). Il considérait que,
l’heure actuelle, d’aucun système de critères diagnos- malgré les similitudes de la dépression anaclitique avec
tiques validés, ni d’aucun outil fiable d’évaluation cli- la dépression de l’adulte, les deux syndromes différaient
nique et de dépistage. Et nombre de questions essen-
tielles restent encore sans réponse : la dépression
anaclitique (terme grec qui signifie manque d’appui) ENCADRÉ 1 – SYNDROME DE CARENCE AFFECTIVE (SPITZ)*
est-elle du même type que celle de l’enfant plus âgé, ou
que celle de l’adulte ? À partir de quel âge peut-on parler • Larmoiements • Retrait
de dépression ? La dépression précoce est-elle toujours • Attitude exigeante • Insomnie
• Perte d’appétit • Mobilité amoindrie
liée à la carence des soins ou à la séparation ? Quel est le
• Perte de Poids • Risques d’infection
devenir psychopathologique de la dépression précoce ? • Augmentation (de la réaction aux • Rigidité faciale
stimulus) dans le secteur social • Mouvements des doigts
LES DIFFÉRENTES CONCEPTIONS
• Régression du Q.D. atypiques
PSYCHANALYTIQUES
• Absence d’activité auto-érotique • Morbidité en augmentation
Spitz et la dépression anaclitique : maladie
de carence * In : Spitz R. De la naissance à la parole. La première année de la vie (1965). Paris :
PUF; 1968. p. 218 (Trad. française Liliane Flournoy).
La description de Spitz en 19461 est bien connue et
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D É P R E S S I O N C H E Z L E J E U N E E N FA N T
du fait de l’absence de structuration développée du moi QUAND LA DÉPRESSION PRÉCOCE
chez le jeune enfant. COMMENCE-T-ELLE, À PROPREMENT PARLER ?
Au contraire, Bowlby2 pense, lui, que la dépression ana- Si la dépression est bien la conséquence de la perte d’un
clitique représente bien le prototype de la dépression de objet interne constitué, c’est-à-dire de la rupture de la
l’adulte. relation avec l’objet interne, alors la dépression stricto
La dépression anaclitique est donc en fait une interrup- sensu n’existe que lorsque cette relation est constituée, et
tion brusque du lien d’attachement en voie de constitu- que l’enfant a la capacité de penser à la relation, c’est-à-
tion, chez un bébé qui n’a pas d’autre figure d’attache- dire de développer des représentations assez élaborées
ment disponible. Pour Spitz, elle donnait lieu, si elle de lui-même et des autres,et de craindre qu’il ait endom-
durait, à l’hospitalisme qui est en fait la symptomatolo- magé sa relation à son objet d’attachement. On peut
gie du marasme observé dans les pouponnières fran- penser, à la lumière des recherches récentes sur le déve-
çaises de l’après-guerre et dans les orphelinats roumains, loppement précoce, qu’il faut atteindre un certain stade
russes ou chinois, jusqu’à une période récente. pour que se développent des capacités de mémoire, de
pensée sur les relations et d’autoréflexion sur ces repré-
La dépression du bébé et la question du début sentations. Tous ces éléments sont nécessaires pour par-
de la vie psychique
ler de dépression ; ils semblent exister de façon fonction-
Après Freud, dans Deuil et Mélancolie (1917),3 qui situe nelle à partir de 18 mois.
la dépression dans le registre narcissique de la perte de Avant cette période, il est difficile de penser qu’un enfant
l’estime de soi, Mélanie Klein (1932) 4 lie le sentiment de puisse souffrir d’une relation inadéquate avec ses
dépression à celui de l’attaque hai- parents, s’en sentir responsable, et ainsi se mettre en
Corbis
neuse contre l’objet, et considère la retrait, même s’il est possible d’imaginer que la pensée
position dépressive comme l’indice dépressive puisse exister avant le langage.
de l’accès à l’objet total, et donc Mais dès deux ans et demi,dans des circonstances excep-
comme une étape essentielle du tionnelles, on peut observer de tels comportements,6-8
développement psychique. L’échec notamment quand l’enfant est soumis, dans le cadre de
de ce processus d’intégration d’une la relation à sa figure d’attachement, à une situation
relation à l’objet dans sa totalité imprévisible et négative, émotionnellement frustrante
conduirait à des fixations narcis- voire violente,et sans qu’il puisse s’appuyer sur une autre
siques, à la dépression et à sa figure rassurante. Cette situation évoque celle de l’im-
défense spécifique, la défense puissance apprise9 qui est un modèle animal bien connu
maniaque. Cependant, une telle de comportement de figement et de stress.
organisation existe-t-elle vraiment
si tôt dans la vie ? De plus, est-elle LE LIEN ENTRE LA SÉPARATION, LA CARENCE
normale ou ne survient-elle qu’en ET LA DÉPRESSION DANS LA PETITE ENFANCE
réponse à des troubles des interac- Pour Bowlby,10 la dépression ne survient que lorsque
tions précoces ? Le mouvement l’espoir disparaît, sur la base de l’expérience des relations
théorique qui décrit la place de la dépression précoce antérieures. Ainsi, la dépression ne résulte pas directe-
dans la théorie psychanalytique du développement est ment de la perte, mais de la conviction de son caractère
donc d’abord plutôt centré sur le développement intra- irrémédiable.
psychique du bébé. Geneviève Appell et Myriam David11,12 ont décrit l’état
À partir de la fin des années 1950 se développe un cou- d’enfants vus en pouponnière dans l’après-guerre et
rant de pensée plus interpersonnel autour de la dépres- souffrant d’une carence sévère et durable de soins
sion précoce, considérée comme une réaction biolo- adaptés : contact avide, trop facile avec l’adulte, « com-
gique de base en réponse aux troubles de la relation portement vide » ; signes de retard de croissance, de
parents-enfant. retard dans le développement cognitif et psychomo-
teur, avec des troubles fonctionnels et des infections
Les conceptions françaises fréquentes. Plus tard, ces mêmes auteurs ont mis en
En France, à la suite de Marty (1980), Kreisler5 considère évidence, au sein d’une pouponnière moderne et bien
la dépression du bébé comme la préforme de la « dépres- équipée, le facteur carentiel représenté par la multipli-
sion essentielle », celle-ci étant la condition du déclen- cation des personnes s’occupant du bébé, et la nécessité
chement d’une « désorganisation somatique ». de favoriser l’attachement à une figure particulière au
Les éléments essentiels de la description clinique sont travers des soins physiques et de l’attention. Ces
l’atonie thymique, l’inertie motrice, la pauvreté interac- apports ont amené une modification réelle des façons
tive et le repli, et enfin la désorganisation psychosoma- de s’occuper des jeunes enfants hospitalisés, en favori-
tique.5 sant la présence des parents à l’hôpital. De ce fait, les
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carences de soins liées à l’hospitalisation des enfants dans les familles à difficultés multiples. En 1992, Powell
ont sensiblement diminué, du moins dans les pays et Bettes écrivent « qu’il existe un certain nombre de dia-
développés. Cependant, la dépression précoce et la gnostics du DSM-III-R qui peuvent s’appliquer au retard
carence, en particulier intrafamiliale, n’ont pas pour de croissance non organique, en particulier le Trouble réac-
autant disparu et continuent de se manifester, voire tionnel de l’attachement de la petite enfance et l’Episode
d’augmenter, dans le monde et ne se limitent pas, dans dépressif majeur. »
les pays développés, aux familles à difficultés multiples.
Dans ces situations, on peut toujours observer des RÉACTION DE RETRAIT : SIGNE D’ALARME
comportements cliniques évoquant la dépression ana- DANS LA PETITE ENFANCE (fig. 1)
clitique. Le retrait relationnel bref est d’abord un phénomène
normal de l’interaction parents-bébé où il joue un rôle
LA DÉPRESSION MATERNELLE, LE RETRAIT de mécanisme régulateur important. En 1956, Engel et
ET LA DÉPRESSION DU BÉBÉ Reichman22 décrivent le cas de Monica, une petite fille
Les relations entre dépression maternelle et dépression porteuse d’une fistule gastrique et qui montrait un syn-
du bébé ne sont pas plus simples, ni plus directes, drome de retrait majeur quand elle fut rendue à sa mère
qu’entre séparation et dépression chez le jeune enfant. déprimée, après avoir vécu avec sa grand-mère chaleu-
Le paradigme du visage immobile (still face)13 donne reuse.
cependant un modèle de la transmission possible de l’af- Fraiberg23 a décrit, sur la base de son expérience clinique
fect dépressif de la mère à l’enfant. Les bébés de mères considérable avec les bébés et les familles en grande diffi-
déprimées montrent nettement moins d’expressions culté, quatre types de défenses pathologiques observées
positives que les autres, avec un comportement inhibé entre 3 et 18 mois chez des enfants soumis à des carences
d’allure dépressive, et ce même quand ils sont en pré- majeures et, surtout, à des situations relationnelles très
sence d’adultes non déprimés.14 Le bébé de 2 mois est pathologiques : le plus précoce est l’évitement (avoi-
pris dans la relation à sa mère et vit comme une violation dance) avec en particulier l’évitement sélectif du regard,
grave cette interruption de la relation. Il y réagit par une le second est le figement (freezing) ; l’identification à
protestation, un figement et un détachement. Les effets l’agresseur (role reversal) et la lutte (fight) sont,eux,d’ap-
de la dépression maternelle semblent plus peser du côté parition plus tardive. Il s’agit de comportements défen-
du développement cognitif de l’enfant, de celui du sifs mis en jeu précocement, sur la base d’un répertoire
défaut de contrôle et des troubles du comportement et biologique, face à des circonstances exceptionnelles.
de la régulation émotionnelle, touchant d’ailleurs sur- Nous avons vu que le retrait est un élément majeur du
tout les garçons, que de celui de la survenue d’une répertoire comportemental précoce,et notamment de la
dépression ultérieure. Ces bébés de mères déprimées réponse du bébé à la situation expérimentale dite du
sont de « bons suiveurs » mais de piètres initiateurs des visage immobile (still face), à celle de la désynchronisa-
relations, et pourraient être ainsi prédisposés au risque tion24 comme, en clinique, face à celle de la dépression
dépressif selon Marcelli15,16 ; il décrit ainsi un aspect maternelle précoce.13,14,26 Il est cependant difficile à
biphasique de la dépression précoce liée à la dépression identifier dans sa symptomatologie « en négatif ». Sur le
maternelle, avec d’abord un bébé sage et suiveur, puis un plan pathologique, il s’observe dans un grand nombre
épuisement. de syndromes de la petite enfance, et se présente donc
d’une façon bien plus large que la dépression précoce
LES FORMES ACTUELLES DE LA DÉPRESSION dont il est un élément majeur. Dès lors, il s’agit donc
PRÉCOCE DANS LE MONDE : MALNUTRITION d’un signal d’alarme utile à prendre en compte pour la
ET RETARD DE CROISSANCE Fig. 1 – Place du
détection précoce des troubles organiques, relationnels retrait relationnel
durable dans la
Dans les pays en voie de développement de la ceinture ou mixtes. Malgré l’ampleur des changements liés au psychopathologie
tropicale et surtout dans ceux affectés par la décultu- développement dans les 3 premières années, le compor- précoce.
ration et la guerre, la « malnutrition protéino énergé-
tique » (MPE) constitue un problème majeur de santé
publique. Ce syndrome pourrait être inclus dans les Troubles Syndromes Troubles
manifestations de la dépression précoce.17 La description sensoriels autistiques de la régulation
initiale du kwashiorkor en 1933 tenait déjà compte de
la dimension culturelle du syndrome et du rôle de la Troubles de Réaction Syndrome
dépression du jeune enfant, sevré brutalement à l’an- l'attachement de retrait post-traumatique
nonce de la grossesse de sa mère.7
Dans les pays développés, l’un des aspects les plus fré-
Douleur aiguë
quents de la dépression précoce est représenté par le Dépression durable Anxiété
retard de croissance non organique (RCNO), du moins
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tement de retrait apparaît être un élément observable de réaction face à la perte d’espoir, lié au concept de Base
façon stable dans cette période de la vie. Cependant, il Sure,10 marque bien les liens entre la dépression précoce
n’existe pas encore d’outil d’évaluation et de dépistage et l’attachement. Cela nous incite à considérer que la
de la réaction précoce de retrait. C’est pourquoi nous dépression précoce, au sens strict, pourrait donc s’obser-
avons développé l’échelle d’Alarme Détresse Bébé, ver dès l’âge de deux ans à deux ans et demi.
l’ADBB (ou « Aider Bébé »), de façon à évaluer D’autres études sont nécessaires pour valider cette caté-
la réaction durable de retrait entre 2 et 24 mois,26 et le gorie diagnostique chez les enfants de moins de trois ans,
site adbb (www.adbb.net) sur lequel l’échelle est dis- préciser les comorbidités éventuelles, mieux apprécier
ponible.27 son évolution spontanée.
La réaction durable de retrait relationnel s’applique à un
CONCLUSION champ clinique plus large, et apparaît comme l’un des
Le concept de dépression précoce occupe une place indices d’alarmes les plus précieux dans la petite
importante dans la clinique quotidienne, mais sa défini- enfance. Le bébé en retrait ou déprimé est un scandale :
tion et ses critères restent très divers, notamment selon « un bébé tout seul, ça n’existe pas…». Dès lors, l’attention
les périodes du développement. Cependant, la recon- portée à l’enfant en retrait ou qui semble déprimé est la
naissance d’un état de retrait précoce peut en être un première étape du processus thérapeutique. ■
précurseur et constituer un élément essentiel du proces-
sus de l’évaluation clinique, car il indique que l’enfant ne
peut plus faire les frais de la situation relationnelle dans Références
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40 L A R E V U E D U P R AT I C I E N - M É D E C I N E G É N É R A L E . T O M E 2 0 . N ° 7 1 6 / 7 1 7 D U 1 6 J A N V I E R 2 0 0 6
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