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République Tunisienne Cycle de Formation Doctorale

Ministère de l’Enseignement Supérieur et dans la Discipline de géologie


de la Recherche Scientifique
Mastère Génie de
l’Environnement et
Université de Sfax
l’Aménagement
Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax
Département de Génie Géologie Mémoire de MASTERE
N° d’ordre:

MEMOIRE
Présenté à

L’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax


(Département de Génie Géologie)

en vue de l’obtention du

MASTERE
Dans la discipline de Géologie
Mastère de génie de l’environnement et de l’aménagement

par

Zohra KRAIEM
(Maîtrise en sciences de la terre)

ETUDE HYDROGEOLOGIQUE, HYDROCHIMIQUE ET


ISOTOPIQUE DES NAPPES PHREATIQUES DE LA JEFFARA
ET DE LA REGION DE KEBILI

Soutenu le 02 mars 2007, devant la commission d'examen:

M. Samir BOUAZIZ Président


M. Kamel ZOUARI Directeur de Mastère
Mme. Najiba CHKIR Examinateur
M. Issa HAGOUN Invité

Travail réalisé au laboratoire de Radio-Analyses et Environnement de l’ENIS


Remerciement

REMERCIEMENT

Ce travail a été réalisé au sein du laboratoire de Radio-Analyses et


Environnement (LRAE), sous la direction de Monsieur le professeur Kamel
Zouari.
Au terme de ce travail, je tiens à adresser mes remerciements à toutes les
personnes qui ont contribuées à son réalisation.
C’est tout d’abord à mon professeur Monsieur Kamel ZOUARI,
Professeur à l’Ecole Nationale d’Ingénieur de Sfax et directeur du laboratoire
Radio-Analyses et Environnement, de m’avoir accueillie dans son laboratoire et
d’avoir mis à ma disposition tous les moyens possibles et nécessaires pour
l’avancement de mes travaux de recherche dans des bonnes conditions.
Je remercie Monsieur Samir BOUAZIZ Professeur à l’Ecole Nationale
d’Ingénieur de Sfax, qui me fait l’honneur de présider la comité d’examen de ce
travail.
Je remercie infinement madame Najiba CHKIR, maître assistant à la
faculté des lettres et sciences humaines de Sfax. D’abord pour ses conseils et ses
remarques qui m’ont été très bénéfiques pour l’amélioration de ce travail. Je la
remercie également d’avoir accepté d’examiner ce travail.
Je remercie profondément Monsieur Issa HAGOUN, Chef
d’arrondissement des ressources en eau à la CRDA de Kébili pour ses conseils
bénéfiques et son collaboration durant les campagnes d’échantillonnages.
Je tiens à remercier énormément Mme Leila JRIBI, Rim TRABELSI et
Abir KACEM pour leurs aides précieuses, leurs discussions et leurs conseils.
Mes remerciements les plus vifs s’adressent à Monsieur Brahim ABIDI,
Chef d’arrondissement des ressources en eau à la CRDA de Gabès, pour son aide
et ses remarques constructives qui m’ont aidé dans l’amélioration de ce travail.
Remerciement

J’adresse aussi mes remerciements à monsieur Houcine YAHYAOUI et


Monsieur Dhafer Gabri, Chefs d’arrondissement des ressources en eau aux
CRDA de Médenine et de Tataouine pour leur disponibilité.
Je tiens à remercier également tout le personnel de DRE de Kébili et de
Douz pour leurs aides au cours des campagnes d’échantillonnages et pour les
bons moments qui m’ont offert : Mr Ammar, Mr Abdelaziz, Mr Mehdi, Mr
Abdallah, Mr Kamel, Mr Abdallah, Mr Belgacem, Mr Mongi, Mme Naïma.
Mes remerciements vont également à tout le personnel des directions des
ressources en eau (DRE) de Gabès pour leurs services incessants, à Mr Kamel
BECHEKH, Mr Ridha GOUDI, Mr Mansour BEN SALEM, Lemeia, Rabiaa
et Sihem.
Je remercie tous les membres du laboratoire Radio-Analyses et
Environnement à l’Ecole Nationale d’Ingénieur de Sfax. Hafedh, Leila et
Sameh.
A tous mes collègues à l’ENIS et à la faculté des sciences de Sfax.
Un grand merci pour tous les membres de ma famille qui m’ont aidé dans
la réalisation de ce travail.
Sommaire

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE………………………………………………………………1

CHAPITRE I : Cadre climatique et hydrologique


I. Cadre géographique ………………………………………………...……...………………..3

II. Cadre Climatique…………………………………………………………….……..…..…...3

II.1. La pluviométrie………………. ………………………………………………….…..….3

II.1. 1. La pluviométrie annuelle………………………………………………………...….3

II.1.2. La pluviométrie mensuelle……………...……………………..……..……………..6

II.2. Les températures ………………………………………………….………...........………8

II.2.1. Les températures moyennes annuelles………………………………………….…...8

II.2.2. Les températures moyennes mensuelles………………………………………..…...9

II.3. Le vent……………………………………………………………………….….……....10

II.4. L’évaporation…………………………... …………………………………….......…....11

IlI. L’hydrologie………………………………………………..…………………………......12

III.1. Le réseau hydrographique de la Jeffara et de la région de Kébili…………………...…12

III. 1.1. Les oueds…………………………………………… …………………..….….…12

III. 1. 2. Les dépressions fermées…………………………..………………..…..…….….18

III. 2. Les caractéristiques hydrologiques de la Jeffara et de la région de Kébili…………....18

 Les apports moyen interannuels……………………………….…...….…..18

IV. Conclusions…………………………………………………………………….…..….…23

CHAPITRE II : Cadre géologique de la zone d’étude


I. Introduction………………………………………………………………………..……….25

II. Stratigraphie…………...………………………………………….……………......….….25
Sommaire

II. 1. Le paléozoïque……………………………………………………………….….…..…26

II. 2. Le Mésozoïque …………………………………………………….....….…..…..….…26

II. 2. 1. Le Trias………………………………………………………………………..….26

II. 2. 2. Le Jurassique …………………………………………………………..…………27

II. 2. 3. Le Crétacé ……………………………………………………………………...…29

II. 3. Le Cénozoïque……………………………………………………………….…....……29

II.3.1. Le Miocène…………………………………………………………….….....…..…30

II. 3. 2 .Le Miocène –Pliocène …………………….……………………………….......…30

II. 4. Le Quaternaire…………………………………………………….………….……...…30

III. Tectonique……………………………………………………………....…..………….…31

IV. Conclusions………………………………………………………………………….……32

CHAPITRE III : Etude hydrogéologique


I. Introduction…………………………………………………………………………………33

I. 1. Les nappes phréatiques alluviales……………………………………………………….33

I. 2. Les nappes phréatiques d’underflow……………………...…………………………….34

I. 3. Les nappes phréatiques d’oasis………………………………………………………….35

II. Corrélations litho stratigraphiques………………………………………….……….…….35

II.1. Coupe (C1) ………………………………..…………………….…….……....…….….36

II.2. Coupe ( C2)……………… …………………..……………………..…...….…...…..…37

II.3. Coupe (C3)…………………………….……………………..…………..…...…..….…38

II.4. Coupe (C4)……………………………………………………………….………….….39

II.5. Coupe (C5)……………………………………………………………….………...…...40

III. Piézomètrie………………………………………………………………………..…......40

III. 1. Les nappes phréatiques de la Jeffara…………………………………………...……...40

III. 2. Les nappes phréatiques de la région de Kébili……………………………......…….…41


Sommaire

III. 3. L´étude temporelle de la piézomètrie……………...……………………….………….43

IV. Exploitation des nappes phréatiques ……………………………………….……….……43

V. Conclusions………………………………………………………………….….…...…….47

CHAPITRE IV : Etude hydrochimique


I. Introduction…………………………………………………………..…………….….……49

II. Paramètres physico-chimiques……………………………..……………….……….….…49

II. 1. La température………………………..………………………………..….……...….…49

II.2. Le pH ….. ………………………………………………..…..…………………………49

II.3. La conductivité………………………………………………………...………...…...…51

III. Caractérisation chimique des eaux ………………………………………………….……52

III.1.Méthodes analytiques ……………………………………………………………...…...52

III.1.1. Le résidu sec………………………...…………..……………………………..……52

III.1.2. L´alcalinité ……………………………………………………………………...….53

a. Dosage des carbonates ………………………………………..………………..……..53

b. Dosage des bicarbonates ……………………………………………………………...53

III. 2. Interprétation des résultats …………………………………………….………….......53

III.2.1. Répartition spatiale de la minéralisation totale ……………………………….…....53

a. Les nappes phréatiques de la région de Kébili ………………………………….….....53

b. Les nappes phréatiques de la Jeffara………………………………...…………….…..54

III.2.2. Identification des faciès et parenté chimique……………………………………….54

 Diagramme Piper……………………………………………………………………..54

III.2.3. Mécanisme de la minéralisation des eaux ……………………………………..…...59

a. Calcul des indices de saturation………………………………………………………59

b. Origine de la minéralisation ……………………………………………..…..…….…60

c. Etude de quelques rapports ioniques……………………………………………...…..69


Sommaire

IV. Conclusions………………………………………………………………………….……71

CHAPITRE V : Etude isotopique


I. Introduction…………………………………………………………………………...…….73
II. Traçage des eaux naturelles par le couple (18O/ 2H)………………..……………………..73
II.1. Généralités……………………………...……………..………………………………..73
II.2. Résultats et interprétation…………………………….....…..………………………….75
III. Traçage des eaux souterraines par le carbone 14 (14C: isotope radioactif du
carbone)………………………………………………….………….…………….. …………81
III.1. Le carbone 14 ……………………………………………………………...….…..…..82
III.2. Présentation des résultats ………………………………………………...……...……83
IV. Conclusions………………………………………………………………..…….…….….89
Liste des figures

Liste des Figures

Chapitre I : Cadre climatique et hydrologique


Figure I.1 : Carte de localisation de la zone d’étude …………………………………………..4

Figure I. 2 : Evolution de la pluviométrie annuelle des stations CRDA de Gabès de Médenine


et de Tataouine ………………………………………………………………………………...5

Figure I. 3 : Evolution de la pluviométrie annuelle enregistrée à la station météorologique

Kébili (1988-2004)…………………………………………… ……………………….....…....6

Figure I. 4 : Evolution de la pluviométrie mensuelle moyenne enregistrée aux stations CRDA


de Gabès, de Médenine et de Tataouine………………………………………………………..7

Figure I. 5 : Evolution de la pluviométrie mensuelle moyenne enregistrée à la station


météorologique de Kébili (2004-2005)………………………………………………………...7

Figure I. 6 : Evolution des températures moyennes annuelles enregistrées à la station (CRDA


de Gabès, 2006)………………………………………………………………………………...8

Figure I. 7: Evolution des températures moyennes annuelles enregistrées à la station

météorologique de Kébili (1995-2003)………………………………………………………...9

Figure I. 8: Evolution des températures moyennes mensuelles enregistrées aux stations CRDA
de Gabès, de Médenine, de Tataouine et de Kébili……………………………………........…9

Figure I. 9: Evolution de la vitesse moyenne mensuelle du vent enregistrée aux station CRDA
de Gabès , de Médenine, de Tataouine et de Kébili…………………………………….….…11

Figure I. 10: Evolution de l’évaporation enregistrée à la station CRDA de Gabès

(1977-2005)………………………………………………………………………………..…12

Figure I. 11: Evolution de l’évaporation enregistrée à la station Météorologique de Kébili


(1991-2003)………………………………………………………………………………..….12
Figure I. 12 : Carte du réseau hydrographique de la zone d’étude (Extraite de la carte
hydrologique, Fersi, 1979)…………………………………………………………………....13
Liste des figures

Chapitre II : Cadre géologique de la zone d’étude


Figure II.1 : Carte géologique de la zone d’étude (extraite de la carte géologique de la Tunisie
1/500000)………………………………………...…………………… ………………..……28

Chapitre III : Etude hydrogéologique


Figure III.1 : Schématisation des nappes phréatiques d’underflow du Sud tunisien (Publication
de la DGRE, 1991)……………………………………………………………………………35
Figure III. 2 : Carte de situation de tracés de corrélations hydrostratigraphiques dans la zone
d’étude………………………………………………………………………………………...36
Figure III. 3 : Coupe de Corrélation (C1) lithostratigraphique du mio-plio quaternaire dans la
région de Kébili…………………………………………………………………………….…37
Figure III. 4 : Coupe de Corrélation (C2) des épaisseurs du quaternaire dans la région de
Gabès………………………………………………………………………………………….38
Figure III. 5 : Coupe (C3) KLF1 – Dar Jerba (Yahyaoui, 1994 modifiée)………………..….39
Figure III. 6: Coupe de Corrélation (C4) des épaisseurs du mio-plio quaternaire dans la plaine
d’El Ouara (région deTataouine)………………………………………………………...….. 39
Figure III. 7 : Coupe (C5) DB1 – SCH1 (Yahyaoui, 1994 modifiée)……………………….40
Figure III. 8 : Evolution temporelle du niveau statique des puits de surface des nappes
phréatiques de la région de Kébili…………………………………………………………….42
Figure III. 9 : Evolution temporelle du niveau statique des puits de surface des nappes
phréatiques de la région de Gabès…………………………………………………………….43
Figure III. 10 : Evolution de l’exploitation des nappes phréatiques des région de Gabès, de
Médenine, de Tataouine et de Kébili……………………………………………...…….……43
Figure III. 11 : Carte piézomètrique des nappes phréatiques de la région de Kébili ………..44

Figure III. 12 : Carte piézomètrique des nappes phréatiques de la Jeffara (de Gabès, de
Médenine et de Tataouine), ………………………………………………………………..…45

Figure III. 13 : Carte piézomètrique de la nappe profonde de la Jeffara ( Kallel, 2006)….....46


Figure III. 14 : Evolution du nombre de puits des nappes phréatiques des région de Gabès, de
Médenine, de Tataouine et de Kébili………………………………...………………….……47

Chapitre IV : Etude hydrochimique


Figure IV. 1 : Carte de situation des points d’eau échantillonnés dans la zone d’étude……...50
Liste des figures

Figure IV.2 : Evolution de la température en fonction de la profondeur de captage (m) des


nappes phréatiques de la zone d’étude………………………………………….…………….51

Figure IV. 3 : Relation Conductivité (µS/ cm)/Résidu Sec (mg/l)………… ………………...52


Figure IV. 4 : Représentation graphique du diagramme Piper …………….………………...54
Figure IV. 5 : Carte de répartition de la salinité (mg/l) des nappes phréatiques de la région de
Kébili (2005-2006)…………………………………………………………………...….…....55

Figure IV. 6 : Carte de répartition de la salinité (mg/l) des nappes phréatiques de la Jeffara
(2004-2005)…………………………………………………………………………………...56

Figure IV. 7 : Diagramme de Piper des échantillons des nappes phréatiques de la zone
d’étude………………………………………………..……………………………………….58

Figure IV. 8: Indices de saturation de quelques puits de surface de la région de


Kébili)……………………………………………………………………………………...…61

Figure IV. 9: Indices de saturation de quelques puits de surface de la région de


Gabès……………………………………………………………………………………….…62

Figure IV. 10: Indices de saturation de quelques puits de surface des régions de Médenine et
de Tataouine)………………………………………………………………………………….63

Figure IV. 11: Evolution des éléments chimiques majeurs avec la minéralisation des eaux

des puits de surface de la région de Kébili……………………………………………………64

Figure IV. 12: Evolution des éléments chimiques majeurs avec la minéralisation des eaux

des puits de surface de la Jeffara…………………………………………………………...…65

Figure IV. 13 : Relation entre les teneurs en chlorures et en sodium des eaux des nappes
phréatiques de la région de Kébili……………………………………..………………...……66

Figure IV. 14 : Relation entre les teneurs en chlorures et en sodium des eaux des nappes
phréatiques de la Jeffara…………………………………………………..…………………..66
Figure IV.15 : Relation entre les variations des teneurs en Ca2+et (Ca2+ + Mg2+) et en sulfates
des eaux des nappes phréatiques de la région de Kébili (A), (B)…………………….……....67
Figure IV.16 : Relation entre les variations des teneurs en Ca2+ et (Ca2+ + Mg2+) et en sulfates
des eaux des nappes phréatiques de la Jeffara (C), (D)…………………………….……..….68
Liste des figures

Figure IV.17 : Relation entre les variations des teneurs en HCO32- et Ca2+ des eaux des
nappes phréatiques de la région de Kébili…………………………………………………….68

Figure IV.18 : Relation entre les variations des teneurs en HCO32- et Ca2+ des eaux des
nappes phréatiques de la Jeffara………………………………………………………….…...69

Figure IV.19 : Rapport Na+/Cl- en fonction des teneurs en Cl- des aquifères phréatiques de la
Jeffara……………………………………………………………………………………..…..70

Figure IV.20 : Rapport [Ca2+] / [Cl-] en fonction des teneurs en Cl- des aquifères phréatiques
de la Jeffara……………………………………………………………………………….…..70

Figure IV.21 : Rapport [SO42-] / [Cl-] en fonction des teneurs en Cl- des aquifères phréatiques
de la Jeffara…………………………………………………………………………………...70

Chapitre V : Etude isotopique

Figure V.1 : Modalités du traçage en isotopes stables (Fontes, 1976)………………………..75

Figure V. 2 : Relation teneurs en deutérium en fonction de l’oxygène 18 des eaux des nappes
phréatiques de la région de Kébili……………………………………………………….……78

Figure V. 3 : Relation teneurs en deutérium en fonction de l’oxygène 18 des eaux des nappes
phréatiques de la Jeffara………………………………………………………………...….…78
Figure V. 4 : Relation teneurs en deutérium en fonction de l’oxygène 18 des eaux des nappes
phréatiques de Kébili et de Gabès………………………………………………………….....79
Figure V. 5 : Evolution des teneurs en oxygène 18 en fonction du résidu sec des eaux des
nappes phréatiques de la région de Kébili …………………………………………………....80
Figure V. 6 : Evolution des teneurs en oxygène 18 en fonction du résidu sec des eaux des
nappes phréatiques de la Jeffara ……………………………………………………….……..80
Figure V.7 : Relation entre les teneurs en oxygène 18 et en chlorures des eaux des nappes
phréatiques de la région de Kébili……………………………………………………….……81
Figure V.8 : Relation entre les teneurs en oxygène 18 et en chlorures des eaux des nappes
phréatiques de la Jeffara………………………………………………………………………81
Figure V. 9 : Carte de répartition des activités en 14C (%) des eaux des nappes phréatiques de
la région de Kébili (Janvier 2006), …………………………………………….….…….…....85
Figure V. 10 : Carte de répartition des activités en 14C (%) des eaux des nappes phréatiques de
la Jeffara (de Gabès, de Médenine et de Tataouine (2004-2005), ………………….………..86
Liste des figures

14
Figure V. 11 : Relation entre les activités en C et les teneurs en deutérium des eaux des
nappes phréatiques de la région de Kébili………………………………………………….…87
14
Figure V. 12 : Evolution des activités en C en fonction de la profondeur de captage des
eaux des nappes phréatiques de la région de Kébili…………………………………..………88
14
Figure V. 13: Relation entre les activités en C et les teneurs en deutérium des eaux des
nappes phréatiques de la Jeffara………………………………………………………………89
Liste des Tableaux

Liste des Tableaux

Chapitre I : Cadre climatique et Hydrologique

Tableau I. 1 : Bassins versants de la Jeffara de Gabès (Nord)………………………………..15

Tableau I. 2 : Bassins versants de la Jeffara de Gabès (Sud)…………………………………15

Tableau I. 3 : Bassins versants de la Jeffara de Médenine……………………………………16

Tableau I. 4 : Bassins versants de la Jeffara de Tataouine……………………………...…….17

Tableau I. 5 : Bassins versants de la partie orientale du piémont du Dahar……………….…17

Tableau I. 6 : Volumes ruisselés du bassin versant de la région de Gabès (Nord) …………..19

Tableau I. 7 : Volumes ruisselés du bassin versant de la région de Gabès (Sud)…………….20

Tableau I. 8 : Volumes ruisselés du bassin versant du secteur B2…………………….......…21

Tableau I. 9 : Volumes ruisselés du bassin versant du secteur B3……………………………21

Tableau I. 10 : Volumes ruisselés du bassin versant du secteur B4…………………........…..22

Tableau I. 11 : Les apports ruisselés et mobilisables des bassins versants du gouvernorat de


Kébili……………………………………………………………………………………….…23

Chapitre V : Etude Isotopique

14
Tableau V. 1 : Teneurs en C des eaux des nappes phréatiques de la Jeffara ( de
Gabès, de Médenine et de Tataouine)……...…………………………………………84

14
Tableau V. 2 : Teneurs en C des eaux des nappes phréatiques de la région de
Kébili……………………………………………………………………………….....84
Introduction générale

Introduction générale
Dans le sud tunisien, l’eau souterraine constitue un élément de vie, de société et
d’économie comme nulle part en Tunisie du fait qu’elle est la ressource naturelle qui est à
l’origine de la vie et de l’activité humaine.

Les eaux du Sud tunisien sont des eaux très vulnérables, du fait qu’elles sont entourées
soit par la mer soit par les Sebkhas. Autrefois, on s’intéressait uniquement aux eaux
profondes. Actuellement, avec la demande de plus en plus importante des ressources en eaux,
les eaux des nappes phréatiques sont de plus en plus sollicitées.

Le présent travail est consacré à l’étude des nappes phréatiques de la Jeffara et de la


presqu’île de Kébili. Il a été fait dans le cadre d’une collaboration entre le laboratoire de
Radio- Analyses et Environnement (LRAE) à l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Sfax (ENIS)
et les Commissariats Régionaux au Développement agricole (CRDA) de Gabès, de Médenine,
de Tataouine et de Kébili.

La zone d’étude englobe les régions de Gabès, de Médenine, de Tataouine et de


Kébili. La partie orientale constitue une plaine largement ouverte sur la méditerranée dont la
superficie est de l’ordre de 15000 km2. Elle est limitée à l’Est par la mer méditerranéenne et à
l’Ouest par le Dahar. La région de Kébili, limitée au Nord par le chott Djérid et au Sud par le
grand Erg oriental, est une zone qui s’étend sur une superficie de l’ordre de 250 km2. Ainsi, la
superficie de la zone d’étude est de l’ordre 15250 km2.

Cette zone, qui s’étend sur des superficies très importantes, a fait l’objet de plusieurs
études surtout pour les aquifères profonds, mais aucune synthèse générale des nappes
phréatiques n’a été établie.

C’est dans ce contexte que nous avons mené une étude multidisciplinaire
(hydrogéologie, géochimie générale et isotopique) des différentes nappes phréatiques de la
zone d’étude dont les objectifs sont les suivants :

1
Introduction générale

 Identifier les différentes nappes phréatiques des différents secteurs.


 Définir le comportement hydrodynamique des nappes phréatiques de la Jeffara et
de la région de Kébili (variation piézométrique, sens d’écoulement et gradient
hydraulique).
 Caractérisation géochimique et isotopique des différentes nappes phréatiques de la
zone d’étude.
 Définir les processus de minéralisation.
 Appréhender les communications latérales et verticales entre les nappes.
 Etudier les relations hydrodynamiques entre les aquifères de la Jeffara et de Kébili.
Cette étude a nécessité un travail de terrain, au cours duquel 100 échantillons ont été
prélevés, dont 36 échantillons concernent la région de Kébili pendant l’année 2006 et 64 pris
des nappes phréatiques de la Jeffara au cours de la période 2004-2005.

Ce mémoire est organisé en cinq chapitres qui sont :

 Le premier chapitre est une synthèse des données climatiques et hydrologiques de la


zone d’étude.
 Le deuxième chapitre est une présentation du cadre géologique de la zone d’étude.
 Le troisième chapitre est consacré à l’étude hydrogéologique des différentes nappes
phréatiques de la zone d’étude.
 Le quatrième chapitre comporte une étude hydrochimique des eaux des différents
aquifères (faciès chimique, salinité des eaux, origine de la minéralisation des eaux).
 Le cinquième chapitre est consacré à la présentation des résultats des analyses
isotopiques (18O, 2H et 14C) des eaux des nappes phréatiques de la zone d’étude.

2
Cadre climatique et hydrologique

CHAPITRE I : Cadre climatique et hydrologique de la zone d’étude

I. Cadre géographique

La zone d’étude englobe la Jeffara tunisienne et la région de la presqu’île de Kébili.


Elle se situe entre les parallèles 32°-34° 20' 08" et les méridiens 8° 20' 40"-11° 60' 35" (figure
I.1). La Jeffara est une plaine côtière largement ouverte sur la méditerranée orientale. Elle
s’étend entre le Dahar à l’Ouest et la mer méditerranéenne à l’Est. Elle s’incline
régulièrement vers la mer. Elle se caractérise par des altitudes qui ne dépassent pas les 150 m.
Plus à l’Ouest, la zone d’étude s’étend jusqu’à la région de Kébili limitée au Nord-Ouest par
le chott Jérid, au Nord-Est par la chaîne Nord des chotts et les plaines de Segui et de Chareb,
au Sud-Ouest par le grand Erg oriental et au Sud Est par le Dahar.

II. Cadre Climatique

La zone d’étude est caractérisée par un climat aride à semi –aride influencé par :
 l’effet des masses d’air sahariennes sèches et chaudes soufflant du Sud.
 l’effet de la méditerranée caractérisée par des masses d’air froides et humides.
Dans ce chapitre, on va définir les principales caractéristiques climatiques du Sud Est
tunisien et de la région de Kébili. On s’est basé sur les données récoltées des stations
météorologiques des CRDA et les travaux de Kallel, 2003.

II.1. LA PLUVIOMETRIE
II.1. 1. La pluviométrie annuelle

Quelle que soit la situation des stations pluviométriques ou leur appartenance à une
zone d’influence maritime ou continentale, on observe une variabilité très forte des hauteurs
des pluies annuelles et une répartition spatiale et temporelle très hétérogène.

3
Cadre climatique et hydrologique

8° 9° 10° 11°

Plaine de Segui et
mer méditéranéenne 34°
de Chareb
Gabès
Chott Fejej
Zone d'Etude ili
El Hamma
Ile de Jerba
Kébili K éb
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i ne
Limite de la zone Pla

d'étude

0 40 Km
Dehibat 32°

Figure I. 1: Carte de localisation de la zone d’étude

4
Cadre climatique et hydrologique

Le diagramme de variation des précipitations annuelles enregistrées aux stations


CRDA de Gabès, de Médenine et de Tataouine au cours de la période (1970-2004), (figure
I.2), montre une irrégularité de répartition spatiale et temporelle de la pluviométrie. La station
CRDA de Gabès indique la pluviométrie la plus élevée. L’année 1995-1996 est la plus
pluvieuse (552 mm). L’année la plus sèche est 1996-1997 (83 mm). La moyenne
interannuelle est de l’ordre de 184 mm. Pour les stations de Médenine et de Tataouine, le
diagramme de variation des précipitations annuelles au cours de la période 1970-2001, montre
que l’année 1975-1976 est la plus pluvieuse. L’année 2000-2001 est l’année la plus sèche. La
station de Médenine montre une moyenne interannuelle de l’ordre de 186 mm, alors qu’à la
station de Tataouine, elle est de l’ordre de 139 mm.
Le diagramme de variation des précipitations annuelles enregistrées à la station de
Kébili au cours de la période (1988-2004), (figure I. 3) montre également une irrégularité de
répartition de la pluviométrie. L’année 1990-1991 est la plus humide (270 mm). L’année la
plus sèche est 1989-1990 (37 mm). La moyenne interannuelle est de l’ordre de 102 mm

700
Pluv (m m ) Gabès
Pluv (m m ) Médenine
600
Pluv (m m ) Tataouine

500

400
Pluviométrie (mm)

300

200

100

0
1970/1971

1972/1973

1974/1975

1976/1977

1978/1979

1980/1981

1982/1983

1984/1985

1986/1987

1988/1989

1990/1991

1992/1993

1994/1995

1996/1997

1998/1999

2000/2001

2002/2003

2004/2005

Source : Kallel, 2003

Figure I. 2: Evolution de la pluviométrie annuelle des stations CRDA de Gabès, de


Médenine et de Tataouine

5
Cadre climatique et hydrologique

300

250
Pluviométrie (mm)

200

150

100

50

0
1988/1989

1989/1990

1990/1991

1991/1992

1992/1993

1993/1994

1994/1995

1995/1996

1996/1997

1997/1998

1998/1999

1999/2000

2000/2001

2001/2002

2002/2003

2003/2004

2004/2005
Source : Station météorologique de Kébili

Figure I. 3: Evolution de la pluviométrie annuelle enregistrée à la station


météorologique de Kébili (1988-2004)

II.1.2. La pluviométrie mensuelle

La zone d’étude se caractérise par l’extrême irrégularité des précipitations aussi bien à
l’échelle annuelle que mensuelle. C’est une caractéristique principale du climat.
Au niveau de la station de Gabès, la répartition mensuelle des précipitations montre
que le mois d’Avril est le plus arrosé. Pour les stations de Médenine et de Tataouine, c’est
plutôt le mois de Mars qui est le plus pluvieux. Les mois de Juillet et d’Août sont les plus secs
(figure I.4).
L’évolution de la pluviométrie mensuelle moyenne à la station de Kébili montre que le
mois de Novembre est le plus pluvieux. Le mois de Juin est relativement arrosé (10mm),
(figure I.5).

6
Cadre climatique et hydrologique

35
Pluv (mm) Ga bè s
30
Pluv (mm) Médenine

) 25 Pluv (mm) Tataouine


m
m
(
ir 20
e
t
é
m15
o
i
v
u
l 10
P

0
. . . . . . S I L
T T V C V R R IL A IN L T
P C O E N V R M U I T U
E O N D A E A V J U E O
S J F M A J A

Source : Kallel, 2003

Figure I. 4: Evolution de la pluviométrie mensuelle moyenne enregistrée aux stations


CRDA de Gabès, de Médenine et de Tataouine

18
16
14
Pluviométrie (mm)

12
10
8
6
4
2
0
Avril

Aout
Juillet
Sept

Oct

Nov

Dec

Janv

Fév

Mars

Juin
Mai

Source : Station météorologique de Kébili

Figure I. 5: Evolution de la pluviométrie mensuelle moyenne enregistrée à la station


météorologique de Kébili

7
Cadre climatique et hydrologique

II.2. LES TEMPERATURES

II.2.1. Les températures moyennes annuelles

Le diagramme des variations des températures moyennes annuelles en fonction du


temps montre la même allure pour les stations de Gabès (Figure I.6) et de Kébili (Figure I.7).
Les moyennes oscillent aux alentours de 20°C. Pour la station de Gabès, l’année 1995-1996
est relativement froide.
Ainsi, les diagrammes de l’évolution des températures moyennes annuelles des
stations de Gabès et de Kébili montrent la variation des températures entre le Sud Est et le
Sud Ouest. Ces températures atteignent les 30°C à la station de Kébili alors qu’elles ne
dépassent pas les 25°C à la station de Gabès.

30

25

20
Températures (°C)

15

10

0
1977-1978

1979-1980

1981-1982

1983-1984

1985-1986

1987-1988

1989-1990

1991-1992

1993-1994

1995-1996

1997-1998

1999-2000

2001-2002

2003-2004

Temp max Temp min Temp moy

Source : CRDA de Gabès

Figure I. 6: Evolution des températures moyennes annuelles enregistrées à la station

CRDA de Gabès (1977-2004).

8
Cadre climatique et hydrologique

35

30

Températures (°C)
25

20

15

10

0
1995

1996

1997

1998

1999

2000

2001

2002

2003
Moy. min Moy. Moy. max

Source : Station météorologique de Kébili

Figure I. 7: Evolution des températures moyennes annuelles enregistrées à la station

météorologique de Kébili (1995-2003)

II.2.2. Les températures moyennes mensuelles

Les variations des températures moyennes mensuelles des stations de Gabès, de


Médenine, de Tataouine et de Kébili sont données par le diagramme suivant (Figure I.8) :

40

35

30

25
Temp. moy. (mm)

20

15 Moy Gabès
Moy Médenine
10
Moy Tataouine
5 Moy Kébili
0
Nov
Oct
Fev

Dec
Juill
Jan

Juin

Aout
Avril

Mai

Sep
Mars

Figure I. 8: Evolution des températures moyennes mensuelles enregistrées aux stations


CRDA de Gabès, de Médenine, de Tataouine et de Kébili

9
Cadre climatique et hydrologique

Pour la station de Gabès, la température moyenne mensuelle varie entre 27°C au mois

de Juillet et 10°C au mois de Janvier. La température maximale (33°C) est mesurée au mois

d’Août (le mois le plus chaud). La température minimale est enregistrée au mois de Janvier

(5°C) considéré comme le mois le plus froid.

On remarque que les stations de Médenine et de Tataouine enregistrent les mêmes


variations de température moyennes mensuelles. Le mois d’Août reste le mois le plus chaud
avec des moyennes maximales de 37°C. Le mois de Janvier est le mois le plus froid avec des
moyennes minimales de 7°C.
Toute fois, la région de Kébili est marquée par des valeurs de températures plus
importantes par rapport à celles des stations représentatives du Sud Est tunisien. En effet, les
moyennes mensuelles varient entre 34°C au mois de Juillet et 11°C au mois de Décembre. La
température moyenne maximale atteint 42°C au mois de Juillet qui marque le mois le plus
chaud de l’année. Le mois de Janvier reste le mois le plus froid avec des moyennes minimales
de 5°C.

II.3. LE VENT

Les vents dans le Sud tunisien ont un régime saisonnier:

 En été, les vents sont généralement réguliers et faibles soufflant du Nord-Est et de


l’Est avec la fréquence des vents du Sud et du Sud Est qui sont chauds et secs.

 En hiver, les vents sont plus forts et plus réguliers. Ils sont froids et secs mais parfois
chargés de sable (Ben Baccar, 1982).

Le sirocco est un vent chaud et sec d’origine saharienne venant en général du secteur Sud
à Sud-Ouest. Il est responsable d’une forte évaporation et de la chute de l’humidité relative de
l’air (Mekrazy, 1975).
Située sur la limite du Grand Erg oriental, la région de Kébili subit l’influence du vent
chaud (sirocco) en été, des vents de sables (du secteurs Est et NE en particulier au printemps)
et des vents froids et secs (du secteurs W et NW) en hiver. Dans cette région, la vitesse du
vents est souvent très forte comparée à celle du Sud Est tunisien. Elle peut même dépasser les
30 m/s (figure I. 9).

10
Cadre climatique et hydrologique

35

30

25
Vitesse (m/s) 20

15

10

Avril

Aout
Oct

Nov

Dec

Fev

Mars
Sep

Jan

Juin
Mai

Juill
V(m/s) Gabès V (m/s) Médenine
V (m/s) Tataouine V (m/s) Kébili

Source : CRDA de Gabès, de Médenine, de Tataouine et de Kébili

Figure I. 9: Evolution de la vitesse moyenne mensuelle du vent enregistrée aux stations


CRDA de Gabès, de Médenine, de Tataouine et de Kébili

II.4.L’EVAPORATION

Constituant le résultat de combinaison des facteurs climatiques (précipitation,


température, vent), l’évaporation est le mécanisme qui permet à l’eau de quitter la surface de
la terre pour rejoindre l’atmosphère sous forme de vapeur. L’action de l’évaporation ne se
limite pas à la surface libre du sol. Elle s’effectue aux dépens de tous les états physiques et
tous les types d’eau.
Les diagrammes suivants (figure I. 10 et figure I. 11) montrent l’évolution de
l’évaporation annuelle. Pour la région de Gabès, elle varie entre les 2000 mm et les 3400 mm.
Toutefois, la région de Kébili se caractérise par les valeurs de l’évaporation les plus élevées
étant donné que les températures dans cette région sont plus importantes que celles du Sud Est
tunisien.

11
Cadre climatique et hydrologique

4000

3 50 0

3000

Evaporation (mm)
2 50 0

2000

150 0

10 0 0

50 0

1977-1978

1980-1981

1983-1984

1986-1987

1989-1990

1992-1993

1995-1996

1998-1999

2001-2002

2004-2005
Source : CRDA de Gabès

Figure I. 10: Evolution de l’évaporation enregistrée à la station CRDA de Gabès

(1977-2005)

4000
3500
3000
Evaporation (mm)

2500
2000
1500
1000
500
0
1991 1994 1996 1999 2001 2003

Station météorologique de Kébili

Figure I. 11: Evolution de l’évaporation enregistrée à la station météorologique de


Kébili (1991-2003)

IlI. L'hydrologie

III. 1. LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DE LA JEFFARA ET DE LA REGION


DE KEBILI

La figure I.12 montre le réseau hydrographique de la zone d’étude. Il comprend celui de


la Jeffara ainsi que de la région de Kébili.

12
Cadre climatique et hydrologique

III. 1.1. Les oueds


Pour l'étude des caractéristiques des bassins versants de la zone d’étude, nous avons
procédé à un découpage en secteurs homogènes formés par plusieurs oueds. Plusieurs
ensembles ont été ainsi définis dans la Jeffara (Ridha Kallel, 2003) et dans la presqu’île de
Kébili (Touil. H, 1997):

 l'ensemble B1 formé par les oueds de la partie Nord et Sud de la Jeffara de Gabès,

 l'ensembles B2 correspondant aux oueds drainant la Jeffara de Médenine,

 l'ensemble B3 correspondant aux bassins de la Jeffara de Tataouine,

 l'ensemble B4 correspond aux oueds drainant la partie orientale du piémont du Dahar,

 l'ensemble B5 correspond aux oueds drainant les bassins des régions de Segui, Chareb
Est, Chareb Ouest et Behaier. En effet, ce bassin peut être subdivisé en deux sous
bassins, B5 (1) et B5 (2).

 l'ensemble B6 correspond aux oueds drainant les bassins de la région de Tebaga et


Dahar,

 l'ensemble B7 regroupe les oueds des bassins versants de la région de Bouflidja.

Les diverses caractéristiques physiques des différents bassins versants de la zone d’étude ont
été calculées à partir des cartes au 1/100.000 des régions (Fersi, 1979).

Pour chacun des bassins; les paramètres suivants ont été déterminés:

 La surface S du bassin versant (en Km²),

 La longueur L et la largeur l du rectangle équivalent ainsi que le périmètre


stylisé P (en Km),

 Le coefficient de forme de Gravelius: Kc = 0,28. P / S0.5,

 Les altitudes maximale (Hmax), minimale (Hmin),

 L’indice de pente global lg = (H5% - H95%)/ L (en m/Km),

 La dénivelée spécifique Ds (en m).

13
Cadre climatique et hydrologique

8G60'30"
ME
O
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d
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B5 (1) Se
re
g-
S El HAMMA
RA
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ui GABES NN
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Kébili
B5 (2) O
Ga

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MEDENINE 37G

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TATAOUINE St. Chegaig

B3
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B4
na
m
Se
ed
Ou
REMADA IE
LYB

if
kr
Ne
Légende:

d
ue
O
: Oueds
35G50'

: Limite des bassins


versants
: Sebkhas Echelle
0 5 10Km

Figure I. 12: Carte du réseau hydrographique de la zone d’étude

(Extraite de la carte hydrologique, Fersi, 1979)


La dénivelée spécifique déterminée par la relation Ds = Ig * A0.5 permet de classer le
relief de chacun des bassins selon la classification suivante (Ridha Kallel, 2003):

 Classe R1 : Ds < 10 m relief très faible,

 Classe R2 :10 <Ds <25 m Relief faible,

 Classe R3 : 25 <Ds < 50 m Relief assez faible,

 Classe R4 :50 <Ds < 100 m Relief modéré,

 Classe R5 :100 <Ds <250 m Relief assez fort,

 Classe R6 :250 <Ds <500 m Relief fort,

 Classe R7 : Ds > 500 m Relief très fort.

Nous présentons dans les tableaux ci-après les caractéristiques physiques pour les
principaux oueds de chacun des secteurs de la Jeffara (Ridha Kallel, 2003) :
14
Cadre climatique et hydrologique

Tableau I. 1: Bassins versants de la Jeffara de Gabès (Nord)

Bassin versant S P Hmax Hmin Kc L l D Ig Ds Classe


(km²) (km) (m) (m) (km) (km) (m) (m/km) (m) relief

oued el Akarit 94,4 42 273 0 1,21 14,28 6,52 114 7,87 76 R4


Oudiane el Rlicaraiba 44,1 32,3 80 0 1,36 14,5 3,04 60 4,14 27 R3
O.Er Rekrama 9,3 12,3 51 0 1,13 3,44 2,7 45 13,08 40 R3
O.El Hssa 7,3 14,6 65 0 1,51 6,1 1,2 50 8,79 22 R2

O.Melah 280,7 82 247 0 1,37 32,3 8,69 135 4,18 70 R4


O.du N rahio 9,2 18,4 26 0 1,7 8,04 1,14 20 2,49 8 R1
O.El Bled 23,3 19,1 96 15 1,11 4,83 4,22 55 11,39 55 R4
O .El Mezra 17,8 21,2 147 14 1,41 8,5 2,09 60 7,06 30 R3
B.de Mezra Ghannouche 13,9 21,1 60 0 1,58 9 1,54 49 5,44 20 R2
O.Et Tine 20,9 21,7 147 0 1,33 8,34 2,5 75 8,99 41 R3
Source : Kallel, 2003

D'une façon générale les bassins versants des oueds de la région de Gabès Nord ont
une forme assez allongée à compacte, avec des reliefs peu accentués, assez faibles à modérés.

Tableau I. 2: Bassins versants de la Jeffara de Gabès (Sud)

Bassin versant S P Hmax Hmin Kc L l D Ig Ds Classe

(km²) (km) (m) (m) (km) (km) (m) (m/km) (m) relief

Oued Gabès 88 42,9 233 15 1,22 14,27 6,17 154 10,8 101 R5

Oued Es Sourrag 349,9 95,2 470 0 1,43 38,5 9,09 180 4,67 87 R4
O.Hachana et
O.Temoula 34 23,2 76 0 1,12 5,83 5,83 60 10,29 60 R4
B.entre
O.Hachana et
O.Ferd 11,8 16,7 38 0 1,36 6,53 1,81 34 5,21 18 R2

O.El Ferd 466,7 114,8 612 0 1,49 47,59 9,81 475 9,98 216 R5
B.entre O,Ferd
et O,Zerk 19,9 1,7 63 0 1,12 4,46 4,46 55 12,33 55 R4

O.Zerkine 142,21 55,6 291 0 1,31 20,95 6,79 145 6,92 83 R4


O .Ouerz(Segui
Mareth) 377 89,5 682 0 1,5 37,2 7,46 325 8,73 170 R5

15
Cadre climatique et hydrologique

B.Om el Abaier 7,5 11,3 53 0 1,16 3,51 2,13 48 13,66 37 R3


B.Chott el
Mamoura 20,3 18,8 49 0 1,17 6,03 3,36 45 7,46 34 R3

O.Zigzaou 213,9 96,2 713 0 1,84 43,15 4,96 420 9,73 142 R5
Source : Kallel, 2003

Les oueds des bassins versants de la région de Gabès Sud ont d'une façon générale,
une forme plus ou moins allongée à l'exception de l'oued Zigzaou dont le coefficient de
compacité est égal à 1,84 se traduit par une forme très allongée compacte. Les reliefs sont un
peu plus marqués avec la prédominance des classes R4 et R5 soit des reliefs modérés à assez
forts.

Tableau I. 3: Bassins versants de la Jeffara de Médenine

Bassin versant S P Hmax Hmin Kc L l D Ig Ds Classe

(km²) (km) (m) (m) (km) (km) (m) (m/km) (m) relief

O.Oglet Es Sed 33,6 24,2 30 15 1,17 7,79 4,31 12 1,54 9 R1

O.sidi Makhlouf 49 29,2 90 15 1,17 9,37 5,23 65 6,93 49 R3

O.Rebia 86,2 50,4 187 15 1,52 21,55 4 104 4,92 46 R3

O.Zeuss 166,9 60,5 330 20 1,31 22,99 7,26 140 6,09 79 R4

O.Om Zessar 350 121 713 10 1,81 53,97 6,49 450 8,34 156 R5

O.El Fedje 447,8 128,5 561 0 1,7 56,28 7,96 440 7,82 165 R5

O.Smar 590,8 142 634 0 1,64 61,37 9,63 430 7 170 R5

O .Rmel 36,7 35,8 70 8 1,66 15,44 2,38 57 3,67 22 R2

O.Cheraiu 19,3 23 69 10 1,46 9,46 2,04 55 5,81 26 R3

O.el Maider 22,1 24,3 72 11 1,45 9,92 2,23 58 5,85 28 R3

O.Bou Hamed 551,7 154,5 634 10 1,84 69,21 7,97 330 4,77 112 R5
Source : Kallel, 2003

La plupart des bassins de ce secteur (B2) présentent des formes allongées notamment

16
Cadre climatique et hydrologique

dans la partie Sud du secteur. On note la prédominance des reliefs modérés à assez forts.

Tableau I. 4: Bassins versants de la Jeffara de Tataouine

Bassin versant S P Hmax Hmin Kc L l D Ig Ds Classe

(km²) (km) (m) (m) (km) (km) (m) (m/km) (m) relief

O.Fessi 2230,7 285 640 10 1,69 124,6 17,9 428 3,43 162 R5

O. Chabet Frifita 177,8 70 93 5 1,47 28,84 6,17 57 1,98 26 R3

O. Rebaia 25,7 23,5 45 5 1,3 8,85 30 15 1,7 9 R1

O. En Nhil 50 33 56 8 1,31 12,5 4 35 2,8 20 R2

O. EsSmailet 118,5 84,5 107 8 2,17 18,06 6,56 74 4,1 45 R3

O. Melah 105,8 68 98 10 1,85 30,53 3,47 80 2,62 27 R3

O. Hassi Soltane 190,3 95,5 191 15 1,94 43,35 4,39 101 2,33 32 R3
Source : Kallel, 2003

Avec des bassins très allongés, le secteur B4, présente généralement un relief faible à
assez faible.

Tableau I. 5 : Bassins versants de la partie orientale du piémont du Dahar

Bassin versant S P Hmax Hmin Kc L l D Ig Ds Classe


(km²) (km) (m) (m) (km) (km) (m) (m/km) (m) relief

O. El Hagfa 1488,6 192 565 175 1,39 76,53 19,45 247 3,23 125 R5

O. semna 632,8 158 618 210 1,76 69,97 9,04 250 3,57 90 R4
O. El Melah 133,4 57,6 545 216 1,4 23 5,8 185 8,04 93 R4
O. Atlat Eddib 44,8 34,3 388 221 1,44 13,93 3,22 106 7,61 51 R4
O. Nekrif 236,6 94,7 212 599 1,72 41,67 5,68 300 7,2 111 R5
O. Om Souirh 97,6 51,5 210 362 1,46 21,14 4,62 125 5,91 58 R4
O. El Akreb 48,4 43 205 362 1,73 18,94 4,62 130 6,86 48 R3
O. Moghri 259,4 73,4 220 595 1,28 27,13 2,56 280 10,32 166 R5
O. El Fezrat 121,8 63,1 260 573 1,6 26,94 9,56 255 9,46 104 R5
O. El Frid 39,5 30,3 235 600 1,35 11,8 4,52 103 8,73 55 R4
O. Dhibat 91,7 40,2 272 600 1,18 13,1 3,35 245 18,7 179 R5
O. Aouinet elbagrat et
Beni Gardal 24 20,5 235 595 1,17 6,63 7 152 22,91 112 R5

17
Cadre climatique et hydrologique

O,Essouinia 61,5 38 206 80 1,36 14,86 3,62 104 7 55 R4


O. Errachadat 190,7 76 419 85 1,37 30,21 6,31 175 5,46 75 R4
Source : Kallel, 2003

De même les tableaux en annexe1 font apparaître les caractéristiques physiques des
bassins versants par zone soit : Segui, Chareb Est, Chareb Ouest, Behaier, Tebaga, Dahar et
Bouflidja (Touil, 1997).

III. 1. 2. Les dépressions fermées

La plaine de la Jeffara se caractérise par l'importance des dépressions fermées et de


leur extension. On y distingue les Sebkhas et les Garaas ou Béhiras (Kallel, 2003).

III. 1. 2. 1. Les sebkhas


Ce sont les dépressions où les eaux sont salées. Le plus souvent durant la saison
humide elles sont couvertes d'une mince lame d'eau. Pendant l'été elles sont toujours à sec,
leurs fonds étant tapissés d'une pellicule de sel.

Les Sebkhas, nombreuses dans cette région couvrent des superficies importantes, Elles
semblent même connaître une extension récente. On cite Sebkha Om Zessar, Sebkha El
Melah, Mellahet El Brèga, Sebkha El Adibate, Sebkha Tadet, Sebkha Om El Khebaillat...
(Kallel, 2003).

III. 1. 2. 2. Les garaas ou béhiras


Ce sont des dépressions fermées continentales d'étendue moins importante que celle des
sebkhas. On les appelle également Béhiras dans la région de la Tunisie méridionale. Elles sont
alimentées de manière épisodique par les petits oueds qui dévalent de la corniche du Jebel.

III. 2. LES CARACTERISTIQUES HYDROLOGIQUES DE LA JEFFARA ET DE


LA REGION DE KEBILI

 LES APPORTS MOYENS INTERANNUELS

En l'absence de séries d'observations hydrométriques suffisamment représentatives du


régime des écoulements, on procède généralement pour l'estimation des apports liquides
moyens inter annuels à l'application des formules telles que:

18
Cadre climatique et hydrologique

LA FORMULE DE FERSI :
Cette formule, appliquée dans le cas des bassins versants de la Tunisie du centre et du sud
de régime moyen annuel pluviométrique inférieur à 400 mm, s’écrit :

R= 16, 4 P √ Ig
P : pluviométrie moyenne du bassin versant en m,

Ig: indice de pente global du bassin versant en m /km,

R: moyenne de la lame écoulée annuelle en mm.

C'est la loi de Fersi qui donne les valeurs les plus probables du ruissellement inter
annuel pour les bassins du Sud. Pour son application, il suffit de considérer pour chaque
bassin l'indice de pente globale et d'estimer la pluie moyenne sur le bassin.

L'application de la formule aux ensembles de bassins de la Jeffara défini ci-dessus


aboutit aux résultats suivants :

Tableau I. 6: Volumes ruisselés du bassin versant de la région de Gabès Nord

Bassin versant S (km²) Ig (m/km) P. moy (mm) Lr (mm) V (Mm3)


oued el Akarit 94,4 7,8742 175 8,1 0,76
Oudiane el Rlicaraiba 44,1 4,14 170 5,7 0,25
O. Er Rekrama 9,3 13,08 170 10,1 0,094
O. El Hssa 7,3 8,19 170 8 0,058
O. Melah 280,7 4,18 170 5,7 1,6
O. du N rahio 9,2 2,49 170 4,4 0,04
O. El Bled 23,3 11,39 170 9,4 0,219
O. El Mezra 17,8 7,06 170 7,4 0,132
B. de Mezra Ghannouche 13,9 5,44 170 6,5 0,09
O. Et Tine 20,9 8,99 170 8,4 0,175
Total Secteur 1 520,9 - 171 6,6 3,419
Source : Kallel, 2003

Pour une pluviométrie moyenne inter annuel pondérée de 171 mm, le bassin versant de
Gabès Nord, de superficie globale de 521 Km2, présente une lame ruisselée moyenne inter-
annuelle pondérée de 6,6 mm: correspondant à un coefficient de ruissellement moyen Cr égal
à 3,8 % et un apport moyen annuel de 3,42 millions de m³.

19
Cadre climatique et hydrologique

Tableau I. 7: Volumes ruisselés du bassin versant de la région de Gabès Sud

P. moy
Bassin versant S (km²) Ig (m/km) (mm) Lr (mm) V (Mm3)
Oued Gabès 88 10,8 180 9,7 0,854
Oued Es Sourrag 349,9 4,67 180 6,4 2,232
O.Chot el Es 5,9 6,8 190 8,1 0,048
O. Hachana et O. Temoula 34 10,29 190 10 0,34
B. entre O. Hachana et O. Ferd 11,8 5,21 200 7,5 0,088
O. El Ferd 466,7 9,98 185 9,6 4,473
B. entre O. Ferd et O. Zerk 19,9 12,33 200 11,5 0,229
O. Zerkine 42,2 6,92 200 8,6 1,227
O. entre O. Zerkine et Abaier 7 12 190 10,8 0,076
O.Ouerz (Segui Mareth) 377 8,73 185 9 3,38
B. Om el Abaier 7,5 13,66 185 11,2 0,084
B. Chott el Mamoura 20,3 7,46 190 8,5 0,173
O. Zigzaou 213,9 9,73 180 9,2 1,97
Total Secteur 2 1744,1 - 185 8,7 15,173
Source : Kallel, 2003

Pour une pluviométrie moyenne inter annuelle pondérée de 185 mm, le bassin versant
de Gabès Sud, de superficie globale de 1744 Km2, présente une lame ruisselée moyenne inter
annuelle pondérée de 8,7 mm correspondant à un coefficient de ruissellement moyen Cr égal à
4,7 % et un apport moyen annuel de 15,2 millions de m³.

Tableau I. 8: Volumes ruisselés du bassin versant du secteur B2


P. moy
Bassin versant S (km²) Ig (m/km) (mm) Lr (mm) V (Mm3)
O. Oglet Es Sed 33,6 24,2 30 15 1,17
O. sidi Makhlouf 49 29,2 90 15 1,17
O. Rebia 86,2 50,4 187 15 1,52
O. Zeuss 166,9 60,5 330 20 1,31
O.Om Zessar 350 121 713 10 1,81
O. El Fedje 447,8 128,5 561 0 1,7
O. Smar 590,8 142 634 0 1,64
O. Rmel 36,7 35,8 70 8 1,66
O. Cheraiu 19,3 23 69 10 1,46
O. el Maider 22,1 24,3 72 11 1,45
O. Bou Hamed 551,7 154,5 634 10 1,84
Total Secteur 3 2354,1 - 167 7 16,393
Source : Kallel, 2003

20
Cadre climatique et hydrologique

Pour une pluviométrie moyenne inter annuelle pondérée de 167 mm, le bassin versant
de Jeffara de Médenine, de superficie globale de 2354 Km, présente une lame ruisselée
moyenne inter annuelle pondérée de 7 mm correspondant à un coefficient de ruissellement
moyen Cr égal à 4,2% et un apport moyen annuel de 16,4 millions de m3.

Tableau I. 9: Volumes ruisselés du bassin versant du secteur B3


Bassin versant S (km²) Ig (m/km) P. moy (mm) Lr (mm) V (Mm3)
O. Fessi 2230,7 28,5 125 3,9 8,808
O. Sud Frifita 177,8 70 145 3,5 0,615
O. Rebaia 25,7 23,5 155 3,4 0,088
O. En Nhil 50 33 155 4,4 0,22
O. Es Smailet 118,5 84,5 140 5,3 0,63
O. Melah 105,8 68 145 4,2 0,449
O. Hassi Soltane 190,3 95,5 140 3,5 0,667
Total Secteur 4 2898,8 135 3,96 11,477
Source: Kallel, 2003

Pour une pluviométrie moyenne inter annuelle pondérée de 135 mm, le bassin versant
de la Jeffara Tataouine, de superficie globale de 2899 Km², présente une lame ruisselée
moyenne inter annuelle pondérée de 4 mm correspondant à un coefficient de ruissellement
moyen Cr égal à 2,9 % et un apport moyen annuel de 11,5 millions de m3.

Tableau I. 10: Volumes ruisselés du bassin versant du secteur B4


Bassin versant S (km²) Ig (m/km) P. moy (mm) Lr (mm) V (Mm3)
O. El Hagfa 1488,6 3,23 110 3,6 5,345
O. Semna 632,8 3,57 80 2,8 1,789
O. El malah 133,4 8,04 75 3,8 0,512
O. Atlas Eddib 44,8 7,61 90 4,4 0,198
O.Nekrif 236,6 7,2 75 3,6 0,863
O.Om Soulrh 97,6 5,91 85 3,7 0,365
O. El Akreb 48,4 6,86 85 4 0,194
O. Moghri 259,4 10,32 80 4,6 1,184
O. Fezrat 121,8 9,46 85 4,6 0,565
O. el Frid 39,5 8,73 85 4,5 0,176
O. Dhibat 91,7 18,7 90 6,7 0,617
O. Aouinet el Bagrat +Obeni Gardal 24 22,91 90 7,4 0,178
O. Essouinia 61,5 7 105 4,9 0,302
O. Errachadat 190,7 5,46 105 4,4 0,834
Total Secteur 5 3470,8 95 3,43 11,9
Source: Kallel, 2003

21
Cadre climatique et hydrologique

Pour une pluviométrie moyenne inter annuelle pondérée de 95 mm, le bassin versant
de Jeffara extrême sud, de superficie globale de 347 Km², présente une lame ruisselée
moyenne inter annuelle pondérée de 3,4 mm correspondant à un coefficient de ruissellement
moyen Cr égal à 3,6 % et un apport moyen annuel de 11,9 millions de m3.

De même l’établissement des caractéristiques des écoulements des différents oueds du


gouvernorat de Kébili, est basé sur l’application de la formule empirique établi par Fersi.

Les résultats des apports ruisselés et mobilisables des différents bassins versants de la
région de kébili sont récapitulés dans le tableau ci-dessous (Tableau I.11).

Tableau I. 11: Les apports ruisselés et mobilisables des bassins versants du gouvernorat
de Kébili

N° Nom du Bassin versant Volume ruisselé Volume mobilisable

D’ordre 106 m 3 106 m3

1 Oued Sereg- Segui 1,6 1,6

2 Chareb Est 1,2 1,2

3 Chareb Ouest 2,5 2,5

4 El Behaier 0,755 0,25

5 O. Brimba 0,079 0,079

6 O. El Hachana 0,06 0,06

7 O. El Melah- Nord Kébili 0,286 0,286

8 O. Oum Goulam 0,154 0,154

9 O. El Melah- Dahar 1,9 1,9

10 O. El Guelta- Dahar 0,172 0,172

11 O. El Guessiet- Dahar 0,117 0,117

12 O. El Hallouf- Dahar 9,2 9,2

13 Bouflidja 3,4 -

TOTAL 21,4 17,5

Source : Touil, 1997

22
Cadre climatique et hydrologique

IV. Conclusions

Le climat du Sud tunisien est soumis par sa position à deux centres d’actions
climatiques totalement opposés l’un situé au Sud-Ouest, est le lieu de climat subtropical
saharien chaud et sec, l’autre situé dans le Golfe de Gabès, profite d’un climat méditerranéen
relativement humide et tempéré.
La zone d’étude est largement influencée par un climat à caractère aride. Ainsi, elle
subit l’effet des vents chauds et secs d’origine saharienne, ce qui augmente la température et
l’évaporation. Cette évaporation se fait aux dépens des eaux de la nappe phréatique qui sont
très proches de la surface. Dans la région de Kébili, le Chott constitue une grande surface
d’évaporation.
L’analyse de la température montre un contraste thermique entre une longue saison
chaude et une saison relativement douce. Durant la saison chaude, les précipitations sont rares
et ont un caractère torrentiel et par conséquent, elles n’ont pas d’importance en ce qui
concerne l’alimentation de la nappe. De ce fait le réseau hydrographique de la région de
Kébili est relativement peu développé par rapport à celui de la Jeffara. Les apports
correspondants sont respectivement de 21,4 Mm3 et de 58,5 Mm3.
Situé entre les grands bassins du Sud Est et celui de la région de Kébili, le Dahar
constitue une limite hydrologique qui contribue à leur alimentation par le ruissellement des
eaux en période de crue. Il forme la ligne de partage des eaux hydrologiques des bassins
versants de la zone d’étude.

23
CHAPITRE II : Cadre géologique de la zone d’étude

I. Introduction
L’étude géologique de la zone d’étude a été faite à partir des :
 Carte géologique de la Tunisie au 1/500.000 (Ben Haj Ali et al, 1985),
 Observations directes sur terrain,
 Des données de sondages (forages pétroliers et forages d’eau).
La zone d’étude comporte le bassin de la Jeffara et la région de Kébili. La Jeffara est une
vaste plaine qui sépare les affleurements du plateau du Dahar de la côte méditerranéenne. Elle
est constituée par des dépôts Mio-Plio-Quaternaires. La région de Kébili se caractérise par
l’affleurement des terrains secondaires. Ces derniers se situent au niveau de la chaîne de
« Tebaga de Kébili ». Le reste de la région est recouvert par des dépôts Mio-Plio-
Quaternaires.
II. Stratigraphie

La stratigraphie de la zone d’étude concerne celle de la Jeffara et de la région de


Kébili. La première est caractérisée par l’effondrement du Mésozoïque à la faveur d’un réseau
d’accident NW-SE : accident de Médenine. En amont de la faille de Médenine, les
affleurements correspondent à des grès du Trias. Alors qu’en aval, c’est plutôt du remplissage
Mio-Plio-Quaternaire (figure II. 1). Toutefois, les forages ont atteint le Paléozoïque supérieur,
traversant parfois des séries complètes du Mésozoïque (Bouaziz, 1995).

La région sud des Chotts, limitant vers le Nord la plate-forme saharienne, est
caractérisée par une chaîne de montagne nommée « Tebaga de Kébili » qui s’étend depuis la
région d’El Hamma à l’Est, jusqu’à la région de Kébili. Cette chaîne qui borde vers le Sud le
Chott El Fejej, est formée d’une suite de ligne de crête continue, longue d’environ 100 km. A
l’affleurement, la série stratigraphique est représentée uniquement par une série allant du
Crétacé inférieur à faciès Weldien au Sénonien. Les forages profonds montrent des puissantes
séries Jurassique, du Trias supérieur discordant sur le Paléozoïque qui atteint le Cambrien
(Bouaziz, 1995). Le reste de la région de Kébili est recouvert par des dépôts Mio-Plio-
Quaternaires.

24
II. 1. LE PALEOZOÏQUE

Dans le bassin de la Jeffara, le Permo- Carbonifère est épais et repose en discordance


sur les terrains antérieurs (Bouaziz, 1995).
Dans la plaine de la Jeffara, le Permien se développe au niveau de la plaine d’El
Ababsa. Il est plus épais au niveau de Tebaga de Médenine. Son épaisseur se réduit
progressivement en allant vers le Sud (Kirchaou, Bou Nemch, Kraoui el koui ; in Mamou,
1990).
Sous la Jeffara de Gabès, le Permien est très profond et n’a été atteint par aucun sondage
(Mamou, 1990). Dans la région de Dkhilet Toujane, le Permien est reconnu à des très faibles
profondeurs vers 200 m de profondeur. Ainsi l’affleurement permien du Tebaga de Médenine
est l’unique en Tunisie (Ben Baccar, 1982).

Au niveau de la chaîne Tebaga de Kébili, le Cambrien est constitué par des grès
quartzeux massifs. En revanche, l’Ordovicien est généralement présent dans tous les
forages implantés à l’Ouest de la chaîne du Tebaga de Kébili. Il est composé par des
séries argileuses. Par contre le Silurien est représenté par une série d’argile, de silts et
de sables noirs (Bouaziz, 1995).

II. 2. LE MESOZOÏQUE

II. 2. 1. Le Trias

Il n’affleure qu’au Sud du Tebaga de Médenine, où il se présente sous trois formations.


Une province centrale qui s’étend depuis l’oued Tataouine jusqu’en Libye, l’autre
septentrionale dont la limite Nord est située au promontoire permien du Tebaga de Médenine
(Ben Baccar, 1982). A ces deux provinces, il y a lieu d’ajouter une troisième située plus au
Nord où le Trias est sous forme de pointement (Mamou, 1990).
De point de vue sédimentologie, les trois formations se suivent dans cet ordre et de bas en
haut (Ben Baccar, 1982) :
1. Une formation détritique très épaisse constituée par des grés rouges violacés et noirs.
Cette formation, représentant le Trias inférieur et moyen, constitue la partie
essentielle de la sédimentation triasique de la province septentrionale.
2. Une formation dolomitique : représentant le Trias dolomitique.
3. Une formation évaporitique : représentant le Trias argilo- évaporitique.

25
Ces deux dernières formations représentent le Trias supérieur. Ces séries sont très
épaisses. Dans la région de Gabès Sud, aucun affleurement triasique n’est signalé. Dans le
golfe de Gabès le Trias inférieur à moyen est représenté par des para- séquences carbonatées
et argileuses de plate-forme assez profonde, discordante sur le Permien. Au Nord du môle du
Jebel Tebaga de Médenine, les séries triasiques sont totalement absentes.
Notons que l’amincissement du Trias du Sud vers le Nord s’accompagne de
l’enrichissement en carbonates.
Les épaisseurs considérables des séries triasiques et la prédominance des apports
détritiques dans les séries de base, donnent de la Jeffara une zone subsidente (Bouaziz, 1995).
En revanche, dans la région de Kébili, le Trias supérieur, argilo carbonaté et argilo-
évaporitique, est discordant sur l’ordovicien.

II. 2. 2. Le Jurassique

Le Jurassique n’a été étudié, dans le Sud tunisien, que le long de la chaîne du Dahar là
où il affleure et dans les sondages de l’extrême sud et du chott Fedjej (Mamou, 1990). Le
Jurassique s’épaissit tout autour du Paléozoïque du Tebaga. Son épaisseur maximale dans la
région de Gabès sud ne semble pas dépasser 600 m (Ben Baccar, 1982).
Les séries jurassico-crétacées ont été traversées dans la totalité des forages profonds de la
Jeffara et du golf de Gabès. On y reconnaît les mêmes successions qu’à l’affleurement, au
rebord Est du Dahar (Ben Baccar, 1982).
Cependant, quelques variations sont à noter :
 l’intervalle du Trias terminal- Lias est caractérisé par une sédimentation évaporitique à
passées dolomitiques et argileuses. Plus au Nord, dans le golf de Gabès, cette
sédimentation est essentiellement carbonatée.
 le Jurassique moyen (Bajocien-Bathonien et Callovien) à sédimentations carbonatées,
et à passage d’anhydrites, de grès, de sables et d’argiles dans les niveaux de base,
correspond aux formations de Krachoua et de Techout. Vers le sommet, la
sédimentation devient presque exclusivement carbonatée. Elle correspond à la
formation Tataouine.

26
8° 9° 10° 11°

Cba-ap 34°
Cba-ap

Gabès
Zone d'étude Ct
El Hamma
Q
Ile de Jerba
Cba-ap
Kébili Cal-Ce Ct
J. Tebaga
Matmata
Cco-S Cal-Ce Q Zarzis
Q
Pr3
M-PI
T1-2

Cca-M
Médenine Q

Q
J1-2
Ben Guerdane
33°
Ct T1-2
Cco-S Tataouine aT3

J3-C1

Jb bT3
Jc-o
J1
Q J1-Jb

Ct

Cco-S

Légende Cca-M
Dehibat 32°

Q Quaternaire cba-ap Barremien- apt. J1 Lias inférieur


Faille
Mio-Pliocène J3-c1 Jurassique terminal bt3 Trias supérieur
M-PI Crétacé inf.
Sénonien sup. Jc-o Callovo-Oxfordien
Cca-M aT3 Camien
Cco-S Sénonien inf.
Jb Bathonien T1-2 Trias inférieur 0 40 km
J1-JB Lias-Bathonien et moyen
Ct Turonien (dolomie) Pr3 Permien supérieur
Cal-ce Cénomanien J1-2 Lias-Bathonien
(calcaire)

Figure II. 1: Carte géologique de la zone d’étude (extraite de la carte géologique de la


Tunisie 1/500000)

 le Jurassique supérieur-Crétacé inférieur présente à la base un ensemble constitué par


des alternances d’argile, de sables et de dolomies et un ensemble gréseux au sommet.
Dans l’extrémité orientale de la chaîne de Tebaga de Kébili, le Jurassique est représenté
par des puissantes séries calcaréo-dolomitiques couronnées par des faciès argilo-sableux. Ces
séries ont été attribuées à l’intervalle Lias inférieur- Crétacé inférieur (Bonnefous, 1972 ; in
Bouaziz, 1995)
Dans la région de Sabria, les forages ont détecté 600 m d’anhydrites, de dolomies et
d’argiles formant la transition entre le Trias et le Lias. Le Dogger (300 m) et le Malm (440 m)
sont constitués d’alternances de calcaires, de marnes et de faciès argilo-évaporitique.
Ainsi le Jurassique terminal- Crétacé inférieur est formé de deux ensembles :

27
 un ensemble inférieur (290-420 m), attribué au Jurassique terminal-Aptien,
essentiellement argilo-sableux.
 un ensemble supérieur (50 m), attribué à l’Aptien supérieur-Albien inférieur, constitué
de dolomies surmontées par des grès, de sables et d’argiles.

II. 2. 3. Le Crétacé

Les formations du Crétacé dominent l’ensemble du Sud tunisien. Sur la carte


géologique (Figure II.1) les séries Crétacées s’étendent du Crétacé inférieur (J3-C1) jusqu’au
Sénonien inférieur (Cco-S).
Le Crétacé inférieur est constitué par des mégaséquences qui comportent des assises à
faciès Weldien, les sables de Sidi Aïch au dessus des quels on trouve les carbonates et les
alternances de l’Albo- Aptien
Dans la Jeffara, ces formations sont légèrement affleurantes à l’Ouest de Tataouine et
elles s’amincissent en allant vers le Nord jusqu’à disparaître. Elles véhiculent la nappe du
Continental Intercalaire.
Dans la région de Kébili, les sédiments Crétacés s’observent sur la chaîne du Tebaga,
aux chaînes Nord des Chotts, dans la région d’El Bhaier et à l’Est entre la Nefzaoua et les
monts de Matmata (Mamou, 1976).
Dans la région de Kébili, le Crétacé supérieur est représenté par la formation Zebbag
du Vracono- Cénomanien à faciès carbonaté dolomitique avec des alternances d’argiles
gypseuses et carbonatées d’épaisseur variable de 10 à 200 m. La série se termine par une barre
de dolomie rousse (40 m) appelée « barre de Gattar » et attribuée au Cénomanien supérieur-
Turonien inférieur (Mamou, 1976).
Le Sénonien Supérieur est de nature calcaire au rôle limité dans l’hydrodynamisme de la
nappe, son extension se limite à la région de Zarsis-Ben Gardene où il a été traversé par
forages.

II. 3. LE CENOZOÏQUE

L’intervalle Sénonien supérieur-Miocène continental est caractérisé par une lacune


sédimentaire générale dans toute la Tunisie présaharienne. Cette lacune correspond au retrait
de la mer et à l’émersion de toute la région à partir de la fin du Mastrichien (Mamou, 1976).

La comparaison des séries tertiaires montre un épaississement de l’Ouest vers l’Est et


du Nord-Ouest vers le Sud Est.

28
II. 3.1. Le Miocène
Le Miocène est représenté par le Vindobonien marin composé de deux unités marno-
argileuses intercalées par une unité sablo-gréso-silteuse qui constitue le principal aquifère de
Jerba-Zarzis-Jorf. L’épaisseur de cette unité varie de 50 m à 150 m. Au niveau de la plaine
d’El Hamada, cette unité lenticulaire se biseaute et apparaît surmonté d’une autre unité
sableuse qui correspond elle- même aux sables du Vindobonien.

II. 3.2.Le Miocène - Pliocène :

Au niveau de la Jeffara, le Miocène-Pliocène est représenté par des séquences


d’argiles et de sables qui s’épaississent du Nord -Ouest vers le Sud- Est et vers le Nord-Est.
Ces formations correspondent à la formation Oum Dhouil d’age Miocène moyen.
Dans la Nefzaoua, le Mio-Pliocène est représenté par des formations continentales.
Ces dernières se caractérisent par un faciès typique, qui comporte un terme médian argileux
encadré par deux termes sableux. Le terme sableux du sommet de la série connaît une large
extension à travers la presqu’île de Kébili. Il peut contenir des niveaux aquifères. Le terme
sableux de base n’est connu qu’à travers les forages. L’épaisseur des argiles de la série
médiane varie de quelques mètres à environ 100 m. Au sein de cette série existent quelques
niveaux calcaires, mais ne sont pas aquifères (Mamou, 1976).

II. 4. LE QUATERNAIRE

Le Quaternaire du Sud tunisien est continental sur l’ensemble du bassin saharien, et de


la plaine côtière. Seuls quelques niveaux calcaires sur les côtes du golfe de Gabès et à Djerba
sont reconnus comme étant marins (Mamou, 1990).
Les dépôts Quaternaires sont constitués par des croûtes souvent calcaires et parfois
gypseuses, de limons sableux ou à nodules calcaires et gypseux, des alluvions des oueds, des
sols de Sebkhas, des colluvions, des brèches de pente et des cailloutis dans les cônes de
déjection. Ces dépôts, qui peuvent renfermer l’aquifère à étudier peuvent être subdivisés en
trois unités stratigraphiques:
 Les dépôts modernes:
Ces sont des dépôts essentiellement alluviaux et éoliens. Ils sont représentés par les
alluvions grossières en amont des oueds. Vers l’aval, ces alluvions deviennent de moins en
moins grossières et s’enrichissent en sables charriés du Continental Intercalaire.
 Le Quaternaire récent:

29
Il correspond au dépôt des limons couvrant les bas-fonds ainsi que certaines plaines et
versants de plateaux. Ces dépôts reposent parfois sur les croûtes du Quaternaire ancien,
d’autre directement sur les formations Mésozoïques (Yahyaoui, 1994).
 Le Quaternaire ancien:
C’est l’époque de formation de croûte calcaire à concrétions variées, parfois d’aspect
conglomératique. A la base de cette croûte apparaît un encroûtement calcaire, blanc, noduleux
et pulvérulent. Leur épaisseur totale atteint par endroit une dizaine de mètres (Yahyaoui,
1994).

III. Tectonique

La Jeffara se présente en surface sous forme d’une plaine côtière qui s’étend le long du
golfe de Gabès jusqu’en Tripolitaine. En profondeur, elle correspond à une grande fosse
tectonique orientée NW-SE qui est limitée dans sa partie occidentale, par le monoclinal du
Dahar. La partie effondrée de cette plaine est en fait le flanc oriental du grand dôme du Dahar.

Dans l’ensemble, la plaine côtière est très peu accidentée, sa monotonie n’est
perturbée que par la chaîne de Tebaga de Médenine qui se présente sous forme d’un ressaut
topographique. C’est un monoclinal permien à faible pendage vers le Sud qui est très affectée
par des failles sur sa partie septentrionale. Il constitue un seuil contre lequel a buté la
sédimentation mésozoïque. On y reconnaît deux parties (Mamou, 1990):

 La Jeffara maritime : s’étendant le long de la bande continentale.


 La Jeffara continentale : centrée sur la partie interne de la plaine côtière entre les
chaînons triasiques de Rahach-Sidi Toui et le Dahar.

La Jeffara maritime se caractérise par son réseau de failles conjuguées dont certaines
sont associées au monoclinal permien de Tebaga. Ces failles ont engendré des structures, on
distingue ainsi :

 des structures d’effondrement : elles sont le résultat de l’accident Sud tunisien


définie par G. Castany (1954) comme étant une série de failles qui affectent le
rebord oriental des Matmatas et le Tebaga. Cet accident se prolonge au pied du
Jebel par les failles en gradins qui ont limité les parties affaissées du bassin de la
Jeffara. La faille de Médenine de direction NW-SE est la plus importante de ces
failles.

30
Des failles de même orientation s’échelonnent entre les Matmatas et la Méditerranée
engendrant des paliers en escaliers responsable de l’effondrement sous la mer, du flanc
oriental du bassin de la Jeffara.

 des structures en compression : les failles responsables de ces structures possèdent


une orientation perpendiculaire à la faille d’effondrement, ces failles
correspondent à une phase de compression atlasique.
 des structures de réajustement : très proches dans leurs orientations des
précédentes, ces failles ont eu pour rôle de basculer certains compartiments déjà
fracturés (Rouatbi, 1967; in Mamou, 1990).

La Jeffara continentale est moins affectée par la tectonique cassante que la Jeffara
maritime. Elle se distingue de celle-ci par la retombée très douce de pendages des couches
vers la plate-forme saharienne.

Le système de failles de direction différentes a donné à la Jeffara de Gabès l’aspect de


chapelets de horsts et de grabens. On distingue :

-Le graben d’El Meida, Tarfaiet Oudref-Gabès, El Hamma, Mareth.

-Le horst d’El Hammamet, Teboulbou, Kettana, Zarat.

La région de Kébili recouverte par les sédiments mio-plio-quaternaires, est


caractérisée par la chaîne Tébaga de Kébili. Cette dernière apparaît comme un monoclinal à
pendage Sud faisant partie de la méga structure anticlinale du Chott El Fejej. Cette région est
affectée par des failles normales principalement sub-méridiennes.

IV. Conclusions
Selon le découpage lithologique du sous- sol de la zone d’étude, plusieurs formations
géologiques sont susceptibles d’être aquifères. Parmi ces niveaux, on distingue: les
alternances des sables et des argiles du Mio-Pliocène et les alluvions du Quaternaire.

Jalonnée par la faille de Médenine, la plaine de la Jeffara est caractérisée par la


présence de deux systèmes hydrogéologiques. En amont de la faille, ce sont les grès du Trias
alors qu’en aval c’est plutôt le Quaternaire qui s’épaissit considérablement en se dirigeant
vers la mer.
Dans la Nefzaoua, le Mio-Pliocène comporte un faciès typique formé par un terme
argileux encadré par deux termes sableux. Le terme sableux du sommet peut être aquifère
dans certaines localités.

31
Etude hydrogéologique

CHAPITRE III : Etude hydrogéologique

I. Introduction

Les nappes phréatiques du Sud tunisien sont considérées comme aquifères secondaires
du fait que sur les plans quantitatifs, leurs contributions aux ressources de la région est
relativement modeste. Afin de dégager les principales caractéristiques relatives aux conditions
de leur alimentation, de montrer leur spécificité dans les ressources en eau de la région, il est
utile de les subdiviser en trois catégories qui sont : (Mamou, 1990)
Les nappes phréatiques alluviales.
Les nappes phréatiques d’underflow.
Les nappes phréatiques d’oasis.

I. 1. LES NAPPES PHREATIQUES ALLUVIALES

D’une façon générale, ces nappes constituent le niveau aquifère le plus superficiel
dans un système multicouche au sein duquel la drainance est le principal mode de
communication verticale.
Les formations aquifères susceptibles de contenir ce type de nappes, correspondent
dans le sud tunisien, à une sédimentation continentale où les niveaux sablo- argileux et
gravillonnaires sont les plus fréquents (Mamou, 1990).
 L’alimentation
L’alimentation de ces aquifères provient d’une part de l’infiltration des eaux de
surface et d’autre part de la drainance des nappes sous-jacentes. L’infiltration est le
phénomène qui est le mieux mis en évidence.
Comme les formations aquifères ne sont grossières que dans la partie amont des
bassins versants, l’infiltration directe est relativement limitée dans les plaines et l’essentiel de
l’alimentation de ces nappes résulte du ruissellement à la suite des crues (Mamou, 1990).
La présence en surface de croûte gypseuse ou calcaire est un autre phénomène qui
réduit l’infiltration directe dans la partie amont du bassin. A ceci, s’ajoute le type d’averses
pluvieuses qui sont pour les plus importantes, orageuses et de forte intensité. La ramification
du réseau hydrographique a aussi un rôle prépondérant dans l’alimentation de ces nappes
(Mamou, 1990).

32
Etude hydrogéologique

Dans certaines régions ces nappes sont datées du Quaternaire. Elles sont dites alors
nappes superficielles du Quaternaire.
Ainsi au piémont du Dahar, seul les alluvions d’oueds parmi les formations
Quaternaires emmagasinent des nappes d’eau souterraines. Ces dépôts sont constitués de
galets, de graviers, calcaires et de conglomérats. Les évaporites et les sels apparaissent dans
les zones qui étaient soumises à l’évaporation au niveau des émergences (source charcahra,
source om chraket ….) et des sebkhas (Yahyaoui, 1994).
Malgré leurs dimensions relativement réduites, Ces dépôts alluviaux renferment des
nappes phréatiques importantes.

I. 2. LES NAPPES PHREATIQUES D’UNDERFLOW

Les nappes d’underflow correspondent à des petits aquifères superficiels logés dans
les dépôts alluvionnaires des lits d’oueds (figure III. 1). Ces dépôts très hétérogènes, sont
formés par des alluvions grossièrs, dans le lit de l’oued et des éléments fins sur les berges.
Ces nappes se caractérisent par (Ebrentz, 1977; in Mamou, 1990):
 Une faible épaisseur de la formation aquifère.
 Une bonne perméabilité des formations alluvionnaires.
 Un régime d’écoulement souterrain en nappe libre.
 Un gradient hydraulique généralement voisin de celui de la pente topographique.
 Des oscillations piézométriques commandées par les crues ou l’intensification de
l’exploitation allant de quelques mètres (NP1) à 15 m (NP2), (figure III. 1).
Dans certains endroits, ces nappes se trouvent dan le Mio-Pliocène et sont dites nappes
du Mio-Pliocène. Ainsi le Mio- Pliocène est représenté par des séquences d’argiles et de
sables au niveau de la Jeffara. Ces alternances s’observent aussi dans la région de Kébili.
Elles se caractérisent par un faciès typique qui comporte un terme médian argileux encadré
par deux termes sableux. Le terme sableux du sommet peut être aquifère dans certaines
localités.
Ces nappes phréatiques se localisent, le long des oueds descendants du Dahar et se
développent sous la plaine côtière où elles sont soutenues par les niveaux aquifères sous-
jacents.
Ainsi par leurs ressources relativement moins importantes que celles des principales
nappes du sud tunisien, les aquifères secondaires de cette région se distinguent de celles -ci
par :

33
Etude hydrogéologique

 Une alimentation superficielle prépondérante.


 Un taux de renouvellement relativement élevé.
 Un nombre d’ouvrage d’exploitation élevé.

NP2
NP1

Calcaire Grès NP : Niveau piezométrique


Calcaire argileux Sable argileux

Argile verte Argile sableuse

Figure III. 1: Schématisation des nappes phréatiques d’underflow du Sud tunisien


(Publication de la DGRE, 1991)

I. 3. LES NAPPES PHREATIQUES D’OASIS

Les nappes phréatiques d’oasis englobent toutes les nappes phréatiques localisées au
sein des oasis de la région de Kébili. La lithologie de ces aquifères est caractérisée par des
sables limono- gypseux à perméabilité faible. L’alimentation de ces nappes est assurée
essentiellement par l’infiltration des eaux d’irrigation et par la drainance verticale des niveaux
aquifères sous-jacents (Mamou, Hlaimi, 1999).

II. Corrélations litho stratigraphiques

Dans le but de définir l’épaisseur des réservoirs superficiels de la zone d’étude, on a


établi des corrélations lithostratigraphiques (figure III.2). Ces dernières ont été effectuées en
se basant sur les coupes de piézomètres et de quelques forages d’eau.

34
Etude hydrogéologique

8° 9° 10° 11°

Plaine de Segui 34°


et de Chareb

Gabès
Ile de Jerba
El Hamma 19976
Chott Jérid 14659 17620
20235 20854/5
Kébili J. Tebaga C2
Matmata
20184 HEB1
C3 Zarzis
19308/5 C1 Hmaima
19450/5 20220/5
19343/5
El Faouar Médenine

Sahel El Ababsa SCH1

Ben Guerdane
Grand Erg Oriental 33°
Tataouine
Légende: Dahar 6631/5 LG2
a
Piézomètre et N° IRH ar
Ou
6904/5
19118/5
E l
C1 Coupe C4 d'
ne
ai C5
Pl
lithostratigraphique 19216/5

Echelle 19194

KF1
0 40Km

Dehibat DB1 32°

Figure III. 2: Carte de situation des tracés de corrélations lithostratigraphiques dans la


zone d’étude

III. 1. COUPE (C1)

Dans la région de Kébili la sédimentation mio-plio-quaternaire est essentiellement


détritique. Cette sédimentation (figure III.3) est représentée par des sables argileux et des
argiles sableuses. Ces formations s’épaississent considérablement suivant une direction Est-
Ouest en passant de 10 m en amont (F. Oued El Hallouf, N°IRH : 20184) à 90 m en aval (F.
El Faouar 4, N°IRH : 19343/5). Elle constitue le siège de certaines nappes phréatiques de type
underflow (cas d’Oued El Hallouf).

35
Etude hydrogéologique

F. o. elhallouf
20184
Alt: 128m NE

Douz
Fowar 4 EL Hsay6 19450/5
19308/5 Alt:63m MPQ
19343/5
Alt:60m
Alt: 45m
SO
MPQ
0 Sénonien

Sable Calcaire
Sénonien argileux
100 Argile Dolomie
sableuse
Calcaire 8Km
Echélle

Figure III. 3: Coupe de corrélation lithostratigraphique (C1) du Mio-Plio- Quaternaire


dans la région de Kébili
II. 2. COUPE (C2)

Dans la région de Gabès les deux types de nappes existent à savoir les nappes
d’underflow et les nappes alluviales. Les nappes d’underflow correspondent à des petits
aquifères superficiels localisés dans la sédimentation alluvionnaire grossière des oueds. Au
niveau de Gabès Nord et El Hamma -Chenchou, les nappes phréatiques d’underflow
n’existent pas. Dans ces régions, les nappes alluviales sont logées dans les formations argilo-
sableuses du Mio- Pliocène (Abidi, 2004).
Le tracé de corrélation lithostratigraphique (figure III. 4) jalonné par les piézomètres
Guettaya et oued Hjel, montre que la nappe phréatique est logée dans des lentilles sableuses
fines du Quaternaire. Ces sables montrent une variation latérale d’épaisseur, entre 30 m à
Guettaya, et 15 m au PZ oued Hjel. Au niveau du forage Tmoula, le Quaternaire est absent et
on rencontre directement le Pliocène. Ceci est en étroite relation avec la structuration en horst
et graben de la région de Gabès.

36
Etude hydrogéologique

Ouest Est
Guettaya PZ Lymaoua Tmoula
PZ Oued Hjel
N°IRH : 20235 N°IRH 19976
N°IRH :14659 N°IRH :17620
Alt: 50m Alt: 2Om
Alt:20m Alt: 10,8m

Q
0

100
Sable fin Calcaire
marneux
Argile Argile
Gravier graveleuse
Calcaire Echelle: 20m
4Km

Figure III. 4: Coupe de corrélation (C2) des épaisseurs du Quaternaire dans la région de
Gabès

III. 3. COUPE (C3)

Orienté SW – NE, le tracé de coupe (figure III. 5), qui part des reliefs du Dahar et se
termine en mer en traversant l’île de Jerba, est jalonnée par les forages Hmaïma (N°IRH
20048/5), (N°IRH 20220/5), HEB1, et (N°IRH 20854/5). Ce tracé montre, d’une part, la
continuité de la formation réservoir d’âge Miocène à l’Est de la faille de Médenine. D’autre
part, elle met en évidence le rôle du Trias gréseux dans l’alimentation de la nappe du Mio-
Plio-Quaternaire de la Jeffara par l’intermédiaire de la faille de Médenine (FM).
En effet, la couche superficielle du Plio- Quaternaire subit des variations latérales des
épaisseurs (moyenne de 40 m) d’où le rôle que peut jouer ces dépôts dans l’emmagasinement
des eaux superficielles.

37
Etude hydrogéologique

sw NE
Hmeima 20220/5 HEB-1 20854
FM
100m

Plio -Quaternaire Grès du Trias


Miocène Faille

Figure III. 5: Coupe (C3) KLF1 – Dar Jerba (Yahyaoui, 1994, modifiée)

II. 4. COUPE (C4)

Située dans la région de Tataouine, cette coupe (figure III. 6) est jalonnée par les
piézomètres EL Gorifa et Ouadi Boujlida, dans la plaine d’El Ouara.
La plaine d’El Ouara est la région où le Trias affleure, ainsi en se dirigeant du SSE (PZ El
Gorifa) vers le NNW (PZ Ouadi Boujlida), les formations du Mio-Plio- Quaternaire ont été
remplacées par le Trias évaporitique. Elles sont constituées par du sable, argile avec parfois
quelques intercalations des bancs de calcaire sableux.

SSE
El Gorifa Touama II NNW
Gareat Helal Kraoui Legred Ouadi Boujlida
N°IRH: 19194 N°IRH:19216/5 N°IRH:19118/5 N°IRH:6904/5 N°IRH: 6631/5
ALT:120m ALT:98m ALT:125m ALT:95m ALT:70m

50

Sable Calcaire
marneux
Evaporite
Calcaire Gravier
sableux
Dolomie Marne 12m
Echelle
Sable 2Km
argileux

Figure III. 6: Coupe de corrélation (C4) des épaisseurs du Mio-Plio- Quaternaire dans la
plaine d’El Ouara (région de Tataouine)

38
Etude hydrogéologique

III. 5. COUPE (C5)

Cette coupe (figure III. 7), orientée S-N, traverse les forages pétroliers DB1, KF1,
LG2 et SCH1. Elle illustre bien la fracturation du dôme triasique et l’effondrement de son
flanc Est. Le Quaternaire est de même affecté par les failles d’effondrement et constitue un
système aquifère en communication avec les aquifères sous-jacent.

S N
DB1

KF-1 LG2 Ben Guerdane SCH1

200m

Quaternaire Grès du Trias

Lias évaporitique Miocène inférieur


Faille

Figure III. 7: Coupe (C5) DB1 – SCH1 (Yahyaoui, 1994, modifiée)

III. Piézomètrie
Les cartes piézomètriques des nappes phréatiques de la zone d’étude ont été établi à
partir des données de l’année (2004-2005) concernant la Jeffara et de l’année (2005-2006)
pour la région de Kébili.

IV. 1. LES NAPPES PHREATIQUES DE LA JEFFARA

Au niveau de la Jeffara, la carte piézomètrique (figure III.8B) indique un alignement


général des isopièzes dans une direction NW-SE. Ces courbes isopièzes montrent un
espacement variable en liaison avec la topographie du bassin. Elles sont plus serrées en amont
du bassin (au niveau de Zeuss-Koutine et en amont de la plaine d’El Ouara), en relation avec
la pente topographique la plus élevée. Le gradient hydraulique calculé est de l’ordre de 4,5‰.
En se dérigeant vers la côte, les courbes isopièzes deviennent plus espacées avec une
piézomètrie qui peut atteindre des valeurs négatives, marquant ainsi la diminution du gradient
hydraulique. Cette diminution est due à la diminution de la pente topographique et
l’augmentation de la perméabilité des formations aquifères.

39
Etude hydrogéologique

Au niveau de la presqu’île d’El Jorf, la piézomètrie atteint des valeurs de l’ordre de -1 m qui
s’expliquent par une forte exploitation. Cette diminution de la piézomètrie peut provoquer de
l’intrusion marine.
Cette carte révèle des altitudes piézomètriques variant entre 90 et -1 m. Les valeurs les plus
élevées se trouvent au niveau du piémont du Dahar, elles diminuent respectivement en allant
vers le NE et le SE du bassin.
Les zones de recharge se localisent au niveau du piémont du Dahar. Le sens d’écoulement
s’effectue vers la mer méditerranéenne considérée comme exutoire de toutes les nappes
phréatiques de la Jeffara.
Donc la piézomètrie montre que les nappes phréatiques de la Jeffara apparaissent
comme une seule entité hydrogéologique et que les limites ne sont que régionales.
En effet, la comparaison de la carte piézomètrique de la nappe profonde de la Jeffara (figure
III. 13) avec la carte piézomètrique des nappes phréatiques montre la probabilité de
l’existence d’un effet de surcharge de la nappe profonde à la nappe phréatique surtout au
niveau de la plaine d’El Ouara (figure III. 12).

IV. 2. LES NAPPES PHREATIQUES DE LA REGION DE KEBILI

Les mesures du niveau statique des piézomètres et des puits de surface de la région de
Kébili, ont permis de tracer la carte piézomètrique des niveaux aquifères phréatiques. La
carte montre des valeurs qui varient entre 100 et 20 m. Les valeurs les plus élevées se
trouvent au piémont du Dahar et au niveau des chaînes Nord des chotts. Cette carte met en
évidence les directions d’écoulements suivants, dont l’exutoire est la cuvette des chotts:
 Un écoulement en provenance du piémont du Dahar,
 Un écoulement en provenance du grand Erg oriental,
 Un écoulement en provenance des chaînes Nord des chotts.
Les variations piézomètriques épousent le relief du terrain traversé, ce qui indique que
la recharge des nappes phréatiques s’effectue essentiellement à partir de l’infiltration des eaux
de ruissellement en période de crues, au piémont des reliefs. Ces eaux se dirigent des hauts
reliefs montagneux, entaillent les lits des oueds en aboutissant à la cuvette du Chott Jérid.

III.3. L’ETUDE TEMPORELLE DE LA PIEZOMETRIE

Le suivi temporel de la piézomètrie pour les nappes phréatiques se fait à partir de 22


puits de surface pour la région de Kébili et 81 puits pour la région de Gabès.

40
Etude hydrogéologique

Pour la région de Kébili, ce suivi (figure III. 8) indique des nappes avec un niveau
statique qui tend à augmenter. C’est le cas du puit Ghizen situé dans les zones de pâturage.
D’autres nappes se caractérisent par un niveau statique stationnaire, c’est le cas des puits
situés au niveau des oasis (P. Boukhriss) suite à l’infiltration par retour des eaux d’irrigation
et au niveau de la plaine de Segui et Chareb par infiltration des eaux en période de crues (P.
Essania, P. Om Ali).

Le suivi piézomètrique des puits de surface de la région de Gabès (figure III.9) montre
aussi trois types d’évolutions piézomètriques :

 des puits où l’évolution piézomètrique reste stationnaire au cours du temps.


 des puits où le niveau statique tend à diminuer, comme c’est le cas des puits
Amarat et puit Med b. Hassen. Donc la nappe est surexploitée.
 des puits où la nappe présente un taux de recharge supérieur au taux d’exploitation
avec un niveau statique qui tend à augmenter, le cas du puit public Zograta et puit
B. Abdallah aissa, c’est essentiellement le cas de la nappe de Gabès Sud et de
Menzel Habib.

1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004


0
P.Boukhriss
-5
Niveau statique (m)

P. Ghizen
-10

-15 P. Essania

-20 P. Om Ali

-25
P. Soltane

-30

Figure III. 8 : Evolution temporelle du niveau statique des puits de surface des nappes
phréatiques de la région de Kébili

41
Etude hydrogéologique

1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 P. B
Abdalah
0
aissa
P. Beni
-5 Zelten

Niveau statique (m)


P. Yahya
-10 Hamdi

P. Public
-15 Zograta

-20 P. Public
Amarat

-25 P. Med b
Hassen

-30

Figure III. 9: Evolution temporelle du niveau statique des puits de surface des nappes
phréatiques de la région de Gabès

IV. Exploitation des nappes phréatiques

L’intérêt des nappes phréatiques du Sud tunisien réside de point de vue exploitation,
dans le fait qu’elles sont accessibles à faible profondeur. Cette exploitation se fait à l’aide des
ouvrages dont la répartition est conditionnée par les changements des caractéristiques
lithologiques des formations aquifères. Ces conditions expliquent la multitude de puits qui
captent et exploitent ces nappes.

Le diagramme de l’évolution de l’exploitation depuis l’année 1980 (figure III. 10)


montre une évolution croissante surtout pour la région de Gabès. Cette dernière montre une
exploitation qui atteint 25 Mm3 en l’année 2000. En effet, le Sud Est est le plus exploité par
comparaison avec la région de Kébili.

25
Exploitation (Mm3/an)

20

15

10

0
1980 1985 1990 1995 2000

Exp. Gabès Exp. Médenine Exp. Tataouine Exp. Kébili

Figure III. 10: Evolution de l’exploitation des nappes phréatiques des régions de Gabès,
de Médenine, de Tataouine et de Kébili

42
Etude hydrogéologique

8° 9°

Chott Fejej

ili
e Kéb
Tebaga d
Chott Djérid
100
90
80
70
60
50
30

ar
Dah
40
LEGENDE :

du
sens d'ecoulement

ont
110

Piém
Puit de surface 120130 190
140150
160 170180
Grand Erg Oriental
0 40 Km

Figure III. 11: Carte piézométrique des nappes phréatiques de la région de

Kébili (2005-2006)

43
Etude hydrogéologique

Figure III. 12: Carte piézomètrique des nappes phréatiques


de la Jeffara (de Gabès, de Médenine et de Tataouine), (2004-2005)

44
Etude hydrogéologique

Plaine d’El Ouara

Figure III. 13: Carte piézométrique de la nappe profonde de la Jeffara (Kallel, 2006)

45
Etude hydrogéologique

6000

5000

Nombre des puits


4000

3000

2000

1000

0
1980 1985 1990 1995 2000
Nbre puit Médenine Nbre puit Gabès
Nbre puit Tataouine Nbre puit Kébili

Figure III. 14: Evolution du nombre de puits des nappes phréatiques des régions de
Gabès, de Médenine, de Tataouine et de Kébili

L’évolution du nombre de puits (figure III. 14) va de même avec l’exploitation. La


région de Kébili montre le nombre de puit le moins important. Ceci explique le fait que les
nappes phréatiques dans la région de Kébili sont utilisées d’une manière secondaire.

V. Conclusions

Dans le Sud, on distingue la présence de trois types de nappes :

 Les nappes phréatiques alluviales se caractérisent par des formations aquifères à


sédimentation continentale où dominent des niveaux sablo-argileux et gravillonnaires.
 Les nappes phréatiques d’underflow correspondent à des petits aquifères superficiels
logés dans les dépôts alluvionnaires des lits des oueds. Ces dépôts correspondent à des
alluvions grossières dans le lit principal et des éléments fins sur les berges.
 Les nappes phréatiques d’oasis se rencontrent au niveau des oasis de Kébili. La
lithologie de ces aquifères correspond à des sables limono - gypseux.

Les coupes de corrélation litho- stratigraphiques ont permis de mettre en évidence la


variation des épaisseurs de ces niveaux aquifères dans la zone d’étude. Ainsi, dans la région
de Kébili, les épaisseurs du Mio- Plio- Quaternaire passent d’une épaisseur moyenne de 10 m
à oued El Hallouf à des épaisseurs de 90 m en aval du bassin. Dans la Jeffara, les épaisseurs
du Quaternaire s’épaississent considérablement du piémont du Dahar vers la côte. En amont
de la faille de Médenine, on rencontre le Trias gréseux. En aval, on observe le remplissage
Mio- Plio-Quaternaire.

46
Etude hydrogéologique

L’étude des cartes piézomètriques de la zone d’étude montre :

 Pour les nappes phréatiques de la Jeffara, le sens d’écoulement est Ouest-Est (vers la
mer), les zones de recharges se situent au piémont du Dahar. La mer constitue
l’exutoire de toutes les nappes phréatiques de la Jeffara.
 Pour les nappes phréatiques de la région de Kébili, le sens d’écoulement converge vers
les Chotts, La recharge se fait à partir des chaînes du Dahar et des chaînes Nord des
chotts.

L’étude de l’évolution temporelle de la piézomètrie des nappes phréatiques permet de


distinguer :

 des nappes à niveau piézomètrique stationnaire;


 des nappes surexploitées avec un niveau piézomètrique qui tend à s’abaisser.
 des nappes avec une recharge qui dépasse l’exploitation et un niveau piézomètrique
qui tend à s’élever.

47
Etude hydrochimique

CHAPITRE IV : Etude hydrochimique

I. Introduction

L’étude géochimique vise essentiellement à caractériser la chimie des eaux des nappes
phréatiques dans la zone d’étude : détermination des paramètres physico-chimiques et des
faciès chimiques, étude de la salinité des eaux et son évolution spatiale ainsi que les modes et
les origines de la minéralisation des eaux. Cette étude a nécessité un travail de terrain au cours
du quel 100 échantillons ont été prélevés (figure IV. 1), dont 36 échantillons concernent la
région de Kébili, pendant l’année 2006, 64 pris des nappes phréatiques de la Jeffara au cours
de la période 2004-2005.

II. Paramètres physico-chimiques

Les paramètres physico- chimiques (T°, pH, Cté) ont été mesurés in situ. Le matériel
utilisé pour la mesure de la température, du pH et de la conductivité consiste respectivement
en un thermomètre, pH mètre et un conductimètre.

III. 1. La température

Les mesures des températures des eaux des puits de surface ainsi prélevées dans la
zone d’étude montrent des valeurs qui varient entre 14°C et 27°C.
Les points échantillonnés ont été portés sur un diagramme de variation de la
température en fonction de la profondeur (figure IV.2). Prés de la surface, la température de
l’eau est influencée par la température atmosphérique. Certains puits de faibles profondeurs,
sont caractérisés par des températures relativement élevées qui peuvent atteindre 27°C. Ce ci
reflète l’effet de la saison au cours de la quelle a été fait l’échantillonnage.

48
Etude hydrochimique

8° 11°
9° 10°
29
27 14
31
23
19 16
1 28 17152124
16 22 30
2
20
Plaine de Segui 18
19 34°
et de Chareb
23 26
El Hamma 13
Gabès Ile de Jerba
12 10 6059
2 11
Chott Jérid 6 43 1 58
8 5 14 J. Tebaga 56
43
Kébili 403432
33
22
Matmata 9 3639
11 8 Zarzis
9 12 18
20 35
34 715 10 2421
29
13 17 3032 25
28 31 Médenine
36 27
47
35 41 a Ben Gardane
l A bebs 56 38
E
Grand Erg oriental ahel
33 Dahar 51 S 61
57 33°
5053
64 55
62
43 Tataouine ar
a
42 37
l Ou 49
Légende 'E
45 ed
52 l ain
Puit de surface P
de la Jeffara
Puit de surface
de la région de Kébili 63
Echelle
0 40Km 48
44

Dehibat 32°
54

Figure IV. 1: Carte de situation des points d’eau échantillonnés dans la zone d’étude

49
Etude hydrochimique

0 5 10 T (°C) 15 20 25 30
0

10

20
Prof (m)
30

40

50

60
Phréatique de Jeffara Phréatique de Kébili

Figure IV. 2: Evolution de la température en fonction de la profondeur de captage (m)


des nappes phréatiques de la zone d’étude

II. 2. Le pH
Les valeurs de pH des eaux superficielles des bassins de la Jeffara et de la région de
Kébili sont homogènes. Ces valeurs varient entre 6,5 et 8,78 avec une moyenne de 7,64 pour
la région de Kébili et entre 6,64 et 8,52 avec une moyenne de 7,58 pour la Jeffara, indiquant
un caractère neutre de ces eaux.

II. 3. La conductivité

Elle se lie généralement à la minéralisation totale de l’eau. Elle est en étroite liaison
avec la nature lithologique, la vitesse, le sens de l’écoulement d’une nappe et le temps de
séjour des eaux.
Dans la zone d’étude, les valeurs oscillent entre 557 et 17760 µS/cm. Dans la région
de Kébili, la conductivité la plus élevée est rencontrée en bordure du Chott Jérid et au niveau
des oasis (aval du bassin). Dans la Jeffara, la conductivité augmente en s’éloignant du
piémont du Dahar (1900 à puit Triki Ali, n° 53) et en se dirigeant vers la côte (10180 à puit
Abdelkabir, 56). Les points échantillonnés ont été portés sur le diagramme de variation de la
conductivité en fonction de la salinité (figure IV. 3). On remarque sur ce diagramme une
bonne corrélation de ces deux paramètres.

50
Etude hydrochimique

14000

12000 y = 0,7781x + 73,103

10000

8000
6000 y = 0,6966x + 994,57

4000

2000

0
0 5000 10000 15000 20000 25000
Cté (µS/cm )

Phréatique de Kébili Phréatique de Jeffara

Figure IV. 3:Relation Conductivité (µS/cm) /Résidu sec (mg/l)

III. Caractérisation chimique des eaux

IV. 1. Méthodes analytiques

Les échantillons d’eau prélevés au niveau des différents puits de surface de la Jeffara
et de la région de Kébili ont fait l’objet d’une analyse chimique complète. Les éléments
majeurs ont été déterminés au laboratoire de Radio-Analyses et Environnement (LRAE) de
l’ENIS à Sfax au moyen de la chromatographie ionique en phase liquide à haute performance
(HPLC).
IV. 1. 1. Le résidu sec

La détermination du résidu sec consiste à faire évaporer, pendant 24h dans une étuve à
105° C, 100 ml de l’échantillon de l’eau. Le résidu sec correspond à la différence de masse et
s’exprime en g/l.

III. 1. 2. L’alcalinité

a. Dosage des carbonates

Le dosage des ions carbonatés se fait par neutralisation par l’acide chlorhydrique
N/10, en présence d’un indicateur coloré, la phénolphtaléine (8,3< pH <10). La non présence
ou la neutralisation des ions carbonatés est déterminée par l’absence ou la disparition, au
cours du dosage, de la couleur rose caractéristique de l’indicateur. Ainsi, à partir du volume
du HCl versé et la prise d’essai, on détermine la concentration en ions CO32-.

51
Etude hydrochimique

b. Dosage des bicarbonates

Pour le dosage des bicarbonates, on procède de la même façon que précédemment. On


utilise dans ce cas le rouge de méthyle comme indicateur coloré. La neutralisation est atteinte
lorsqu’il y a virage de la coloration jaune vers l’orangé, c’est à dire à pH compris entre
3,2 et 4,4.

IV. 2. Interprétation des résultats

La composition chimique des eaux des nappes phréatiques analysées dans le cadre de
cette étude est reportée dans les tableaux en annexe.
III. 2.1. Répartition spatiale de la minéralisation totale

Les eaux des nappes phréatiques de la zone d’étude montrent généralement des
salinités très élevées. Ces valeurs sont enregistrées surtout au niveau des exutoires des bassins
de la Jeffara et de la région de Kébili.
a. Les nappes phréatiques de la région de Kébili

La salinité des eaux des puits de surface de la région de Kébili (figure IV.5), mesurée
en Janvier 2006 varie entre 358 mg/l (puit Gsir echtawa, 29) et 14343 mg/l (Nouil forêt, 9).
Les faibles salinités s’observent au niveau des puits Jbil (33), Gdir Mhalla (24), Gsir echtawa
(29), soltane (27) etc. Ces puits se chargent par les eaux de ruissellement du Dahar. Les fortes
salinités caractérisent les puits localisés prés du Chott et au niveau des oasis. Ce-ci est en
étroite relation avec l’infiltration des eaux d’irrigation fortement chargées en sels minéraux.
En effet, les eaux de drainage montrent des salinités de l’ordre de 17460 mg/l.

b. Les nappes phréatiques de la Jeffara

La plaine de la Jeffara montre une répartition hétérogène de la salinité (figure IV.6),


les fortes salinités s’observent prés des Sebkhas et au niveau d’El Jorf. Elles atteignent des
valeurs de l’ordre de 25000 mg/l à puit Dreblia (40). Les faibles salinités caractérisent les
puits localisés au piémont de la chaîne du Dahar. Elles arrivent à 1130mg/l à puit
Triki Ali (53). En effet, les faibles salinités caractérisent les grès du Trias, en amont de la
faille de Médenine.

52
Etude hydrochimique

III. 2.2. Identification des faciès et parenté chimique

 Diagramme Piper

Les résultats des analyses chimiques, ont été reportés sur le diagramme de Piper
(Freeze et Cherry, 1979), (figure IV. 4) afin de déterminer les faciès chimiques caractérisant
les eaux aquifères phréatiques des différentes régions.

Cl + SO4 Ca+Mg

Chlorurée
et/ou sulfatée
Calcique et/ou
magnésienne

Chloruré
Bicarbonatée et/ou sulfatée
Mg Calcique et/ou
magnésienne
Sodique et/ou SO4
Potassique

Bicarbonatée
Sodique Sulfaté
Magnésienne
et/ou
Pas de cations Potassique Pas d'anions
dominants dominants

Sodique/
Calcique Carbonaté/ Chloruré
Potassique Bicarbonaté

Ca Na+K HCO3 Cl

Figure IV. 4: Représentation graphique du diagramme de Piper

(Freeze et Cherry, 1979)

53
Etude hydrochimique

34°

5.63
Chott Fejej
8.56 El Hamma
bili
7.87
7.01

a e Ké
Chott Jérid 8 b a
Te5.32 g d

7
6.92 3.94
7.49 6
7.22 10.48 1.09

du Dahar
5 0.71
0.56
4 0.35
4.16 2.26 3.170.33 0.51
1.64 3
0.4
5.14 2
4.61

Piémont
1

0.67

Grand Erg Oriental 0 40 Km


33°

Figure IV. 5: Carte de répartition de la salinité (mg/l) des nappes phréatiques de la région de Kébili (2005-2006).

54
Etude hydrochimique

8° 9° 10° 11°

29
27 14
31
23
28 152124
16
17 22 30
20
18
19 34°
13
12 10Gabès 6059
2 11 Ile de Jerba
Chott Jérid 43 1 58
56
403432
33
Matmata 9 3639
8 35

47
41
56 38
23 51 57 33°
61
21 5053
64 55
62
19
43
42 37
49
17
45
15 52
13

11 Dahar
9 63
7
48
5
44 0 40Km
3

Dehibat 32°
1
54

Figure IV. 6: Carte de répartition de la salinité (mg/l) des nappes phréatiques de la Jeffara (2004-2005)

55
Etude hydrochimique

Les points représentatifs des eaux des nappes phréatiques des régions étudiées sont
reportés sur le diagramme de Piper (figure IV.7). Les eaux montrent une grande hétérogénéité
de faciès chimique.
 Les eaux des nappes phréatiques de Gabès (A)
Le diagramme des anions montre la dominance des sulfates par rapport aux chlorures
et aux bicarbonates. Dans le diagramme des cations, on note une dominance du calcium par
rapport au sodium et au magnésium. En effet, on distingue une évolution entre un pôle sulfaté
calcique représenté par les puits Amar ben Mefteh (26), Hajri (14) etc., localisés dans la partie
amont du bassin et un pôle mixte à chloruré sodique représenté par les puits Akarmi (24),
Projet El Hicha (30) etc, localisés dans la partie aval du bassin.

 Les eaux des nappes phréatiques de Médenine (B)


Dans la région de Médenine, les eaux des nappes phréatiques présentent une évolution
entre un pôle sulfaté calcique représenté par les puits Chouikhi (39), Saadane (35)…prés des
sebkhas et un pôle chloruré sodique représenté par les puits Tannich (60), Abdelkabir (56)….
Le faciès devient mixte à coté de la faille de Médenine.

 Les eaux des nappes phréatiques de Tataouine (C)


Les eaux des nappes phréatiques de Tataouine présentent un faciès mixte bicarbonaté-
chloruro- calco-sodique résultant du lessivage des formations Mio-Plio-Quaternaire formé de
sable, argile avec parfois quelques intercalations des bancs de calcaire sableux.
Ainsi, l’ensemble des nappes phréatiques de la Jeffara montre une évolution entre un
faciès sulfaté-calcique dans les grès du Trias, en amont de la faille de Médenine, et un faciès
chloruro-calcique dans le remplissage Mio-Plio-Quaternaire en aval de la faille de Médenine.
Le faciès devient mixte près de la faille.

 Les eaux des nappes phréatiques de Kébili (D).


Pour la région de Kébili, on distingue deux types de faciès :
 Le premier à dominance de bicarbonate, de calcium et de magnésium
représenté par les puits Zoummit (21), Gdir Mhalla (24), Gsir Echtawa
(29), Jbil (33), Soltane (27), Sabria (17) situés en amont du bassin de la
région de Kébili. Ces puits caractérisent les nappes phréatiques
d’underflow.

56
Etude hydrochimique

 Le second est plutôt sulfato- chloruro-calco-sodique caractérisant les


nappes phréatiques d’oasis où la salinité est la plus élevée essentiellement
par retour des eaux d’irrigation.

A B

Mg SO4
Mg SO4

Ca Na HCO3 Cl
Cl Phréatique de Médenine
Ca Na HCO3 Nappes phréatiques de Médenine
Phréatique de Gabès
Nappes phréatiques de Gabès

C D
Gdir Mhalla
Soltane
Jbil
Gsir echtawa
Zoummit
Mg SO4 Mg SO4

Ca Na HCO3 Cl
Ca Na HCO3 Cl
Phréatique de Tataouine Underflow de Kébili Oasis de Kébili
Nappes phréatiques de Tataouine
Nappes phréatiques de Kébili

Figure IV. 7: Diagrammes de Piper des échantillons des nappes phréatique de la zone
d’étude

57
Etude hydrochimique

III. 2.3. Mécanisme de la minéralisation des eaux


La minéralisation des eaux souterraines dépend essentiellement de la composition
initiale des eaux. Toutefois, certains processus, tel que l’interaction avec les roches
encaissantes, la dissolution et l’évaporation, peuvent intervenir au cours du transit des eaux
dans le système hydrogéologique. La composition initiale peut elle même changer par le
mélange avec des eaux de composition différente.
Pour mieux déterminer les processus d’acquisition de la minéralisation des eaux des
nappes phréatiques de la zone d’étude, nous nous sommes basé sur le calcul des indices de
saturation de quelques puits de surface, aux corrélations entre certains éléments majeurs et
entre la concentration de chaque élément et la minéralisation totale des eaux échantillonnées
des puits de surface. On a eu recours aussi au calcul des quelques rapports ioniques.

a. Calcul des indices de saturation

L’équilibre des eaux avec la matrice est souvent exprimé par l’indice de saturation, Is.
Il est exprimé par la formule suivante:
Is =log (PAI/ Ks);
Où PAI est le produit d’activité ionique des ions concernés, Ks est le produit de solubilité du
minéral considéré.

L’eau est en équilibre avec un minéral lorsque Is est nul (PAI = Ks), elle est sous-
saturée lorsque Is est inférieur à 0 (PAI < Ks) et sur- saturée lorsque Is est supérieur à 0
(PAI > Ks), (Maliki, 2000).

Néanmoins l’imprécision de la mesure de pH et l’erreur dans les analyses chimiques


se traduit par une imprécision de calcul de Is. Par conséquent il est recommander de
considérer que la saturation est obtenue dans un domaine plus large tel que -1< Is< 1
(Daoued, 1995, in Kacem, 2003).

Pour la région de Kébili, la figure IV.8 montre que la majorité des puits de surface
présentent une sous-saturation vis à vis des carbonates, de l’aragonite et de la dolomite.
Toutefois les puits situés au niveau des oasis présentent une sur-saturation vis à vis de ces
minéraux. Ceci est en étroite relation avec l’infiltration des eaux d’irrigations fortement
minéralisées. Ces mêmes puits présentent une sous- saturation vis à vis des autres minéraux
(magnésite, gypse, anhydrite).

58
Etude hydrochimique

Le calcul de l’indice de saturation de quelques puits de surface pour la région de


Gabès (figure IV. 9) montre une sur-saturation vis à vis des carbonates et de la dolomite,
exception faite pour quelques puits, comme le puit Gannouch, qui est sous-saturé vis à vis de
ces minéraux et n’est saturé qu’en gypse. Ce-ci est peut être rattaché à des réactions de
précipitation des carbonates caractérisant les niveaux phréatiques dans cette région. Alors
qu’ils présentent tous une sous-saturation en anhydrite.
La majorité des puits de surface des régions de Médenine et de Tataouine (figure
IV.10) présentent une sous-saturation vis à vis de la magnésite, du gypse et de l'anhydrite.
Pour la région de Médenine, les puits Ben Moussa, Ben Babis, Tannich sont sur-saturés vis à
vis des carbonates, de l’aragonite et de la dolomite. Ceci est en étroite relation avec la nature
du terrain dans lequel circulent les eaux de ruissellement.
Les eaux du Sud Est tunisien sont en général saturées en carbonates. Toutefois, la
région de Kébili montre que les eaux des nappes phréatiques d’underflow sont sous-saturées
en carbonates. Alors que celles d’oasis présentent une sur-saturation vis à vis de ces minéraux
carbonatés.

b. Origine de la minéralisation

Afin de déterminer l’origine de la minéralisation totale des eaux des nappes


phréatiques de la région de Kébili et de la Jeffara, des corrélations entre les principaux
éléments majeurs et la salinité ont été établis (figure IV.11), (figure IV.12). Pour les deux
régions, on remarque que les teneurs en Ca2+, Mg2+, Na+, Cl- et SO42- augmentent
graduellement avec la charge saline pour les différentes nappes phréatiques. Ils sont donc
déterminants dans la minéralisation totale des eaux.
Pour la région de Kébili, on remarque deux groupes d’eaux. Le premier groupe (G1)
se caractérisent par un RS < 4000 mg/l. Il est représenté par les puits Zoummit (21), (Gdir
Mhalla (24), Gsir echtawa (29), Jbil (33), Soltane (27), Sabria (17) situés en amont du bassin
de la région de Kébili et caractérisant les nappes phréatiques d’underflows. Le deuxième
groupe (G2) se caractérise par un RS > 4000 mg/l. Il est représenté essentiellement par les
puits localisés au niveau des oasis et au niveau des chotts (partie aval du bassin). La
minéralisation est affectée par le retour des eaux d’irrigation.
Pour les nappes phréatiques de la Jeffara, on remarque un groupe des points avec un
résidu sec <5000 mg/l. Ce groupe caractérise les nappes phréatiques du Trias gréseux. L’autre

59
-3,5
-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1

-1,8
-1,6
-1,4
-1,2
-1,0
-0,8
-0,6
-0,4
-0,2
0,0
0,2
0,4
Ghizen Ghizen
Ghizen Zoummit Zoummit

Gypse
Zoummit Gsir Gsir
Gsir Agareb Agareb
Agareb Rekeb Rekeb

Dolomite
Rekeb Sabria Sabria
Calcite

Sabria Gdir Gdir


Gdir Elgolaa Elgolaa
Elgolaa Boukhriss Boukhriss
Boukhriss Senia Senia
Senia Ali B Ali B
Ali B Diebi Diebi
Diebi B aissa 2 B aissa 2
B aissa 2
-2
-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1

-3
-2,5
-2
-1,5
-1
-0,5
0

Ghizen Ghizen

-2
-1

-1,8
-1,6
-1,4
-1,2
-0,8
-0,6
-0,4
-0,2
0
Zoummit Zoummit
Ghizen Gsir echtawa Gsir
Zoummit Agareb

Anhydrite
Agareb
Magnésite

Gsir Rekeb
captant le Mio-Plio-Quaternaire en aval de la faille de Médenine.

Agareb Rekeb
Sabria
Aragonite

Rekeb Sabria
Gdir
Sabria Gdir Mhalla
Gdir Elgolaa
Elgolaa
Elgolaa Boukhriss
Boukhriss
Boukhriss Senia
Senia
Senia Ali B
Ali B Othman
Ali B Diebi
Diebi Diebi
B aissa 2
B aissa 2 B aissa 2

Figure IV. 8: Indices de saturation de quelques puits de surface de la région de Kébili


Etude hydrochimique

60
groupe caractérise les puits de surface dont la salinité est > 5000 mg/l. Ces sont les puits
-0,6
-0,4
-0,2
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4

-1,5
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
2
2,5

-0,2
0

-0,15
-0,1
-0,05
0,05
0,1
Hadj Ltaief Hadj Ltaief

Gypse
Hadj Ltaief
P. P.
P. Gannouch Gannouch

Dolomite
Calcite

Gannouch
P. Elafsa P. Elafsa
P. Elafsa
Hassen
Hassen Hassen
oudi
oudi oudi
Abdelaziz
Abdelaziz Abdelaziz
ammar
ammar ammar
Brahim
Brahim
Rhouma Brahim
Rhouma
PP Rhouma
PP
Mhamla Mhamla PP
Mhamla
0

-1,4
-1,2
-1
-0,8
-0,6
-0,4
-0,2
0,2
0,4
-0,6
-0,4
-0,2
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2

-0,35
-0,25
-0,15
-0,05
0

-0,4
-0,3
-0,2
-0,1
Hadj Ltaief Hadj Ltaief
Hadj Ltaief
Aragonite

P. P.
P.
Gannouch
Magnésite

Gannouch
Anhydrite
Gannouch
P. Elafsa P. Elafsa
P. Elafsa
Hassen Hassen
Hassen
oudi oudi
oudi
Abdelaziz Abdelaziz
ammar Abdelaziz
ammar
Brahim ammar
Brahim
Rhouma Rhouma Brahim
PP PP Rhouma
Mhamla Mhamla PP
Mhamla

Figure IV. 9: Indices de saturation de quelques puits de surface de la région de Gabès


Etude hydrochimique

61
Etude hydrochimique

Calcite Aragonite
1,5
1
1
0,5
0,5
0
0

Merzougui
P Choucha
P Saidane

PP Essed

Abdellah
Ben

Tannich
Triki Ali
P.P
P
Abdelkabir

P Jarjer

Tahar

Ben Babis
Merzougui
Tahar
Abdelkabir

P Jarjer

Ben Babis
P Choucha
P Saidane

Abdellah
Ben

Tannich
PP Essed
P.P
P
Triki Ali
-0,5
-0,5
-1
-1
-1,5
-1,5

Dolomite Magnésite

1 0,5

0,5 0

Merzougui
P Choucha
P Saidane

PP Essed

Abdellah
Ben

Tannich
Triki Ali
P.P
P
Abdelkabir

P Jarjer

Tahar

Ben Babis
0 -0,5
Merzougui
Abdelkabir

P Jarjer

Tahar

Ben Babis
P Choucha
P Saidane

PP Essed

Abdellah
Ben

Tannich
Triki Ali
P.P
P

-0,5 -1

-1
-1,5
-1,5
-2

Gypse Anhydrite
0
0
Merzougui
P Choucha
P Saidane

PP Essed

Abdellah
Ben

Tannich
Triki Ali
P.P
P
Abdelkabir

P Jarjer

Tahar

Ben Babis

Merzougui
P Choucha
P Saidane

Abdellah
Ben
PP Essed

Tannich
Triki Ali
P.P
P
Abdelkabir

P Jarjer

Tahar

Ben Babis
-0,5
-0,5

-1
-1

-1,5 -1,5

-2 -2

-2,5 -2,5

-3 -3

Figure IV. 10: Indices de saturation de quelques puits de surface

des régions de Médenine et de Tataouine


L’évolution des teneurs en nitrates en fonction de la charge saline montre une
augmentation graduelle pour quelques puits de surface de la région de Kébili (figure IV. 11).
Ce-ci implique que le nitrate participe à la minéralisation des eaux des nappes phréatiques.
Cette contribution est observée essentiellement au niveau des oasis par retour des eaux
d’irrigation. Ce qui met en évidence l’existence d’une pollution locale qui touche les niveaux
phréatiques d’oasis.

62
Etude hydrochimique

4500 7000
4000 6000
3500
3000 5000
SO4-(mg/l)

2500 4000

Cl-(mg/l)
2000
3000
1500
1000 2000
500 1000
0
0
0 5000 10000 15000 20000
0 5000 10000 15000 20000
RS(mg/l) RS(mg/l)

1400 450
1200 400
1000 350
Ca++(mg/l)

Mg++(mg/l)
300
800
250
600 200
400 150
200 100
50
0
0
0 5000 10000 15000 20000
0 5000 10000 15000 20000
RS(mg/l) RS(mg/l)

4500 500
4000 450
3500 400
350
HCO3-(mg/l)

3000
300
Na+(mg/l)

2500
250
2000
200
1500 150
1000 100
500 50
0 0
0 5000 10000 15000 20000 0 5000 10000 15000 20000
RS(mg/l) RS(mg/l)

600

500
NO3- (mg/l)

400

300

200

100

0
0 2000 4000 6000 8000 10000

RS (m g/l)

Figure IV. 11:Evolution des éléments chimiques majeurs avec la minéralisation des eaux
des puits de surface de la région de Kébili

63
Etude hydrochimique

4500 2000
4000 1800
3500 1600
1400
3000
SO42- (mg/l)

Ca2+ (mg/l)
1200
2500
1000
2000
800
1500
600
1000 400
500 200
0 0
0 5000 10000 15000 20000 25000 0 5000 10000 15000 20000 25000
RS (mg/l) RS (mg/l)

8000 700
7000 600
6000
500

HCO32-(mg/l)
5000
Cl- (mg/l)

400
4000
300
3000
200
2000
1000 100
0 0
0 5000 10000 15000 20000 25000 0 5000 10000 15000 20000 25000
RS (m g/l) RS (m g/l)

1000 7000

800 6000
Mg2+(mg/l)

5000
600
Na+ (mg/l)

4000
400 3000
2000
200
1000
0 0
0 5000 10000 15000 20000 25000 0 5000 10000 15000 20000 25000
RS (mg/l) RS (m g/l)

Figure IV. 12: Evolution des éléments chimiques majeurs avec la minéralisation des
eaux des puits de surface de la Jeffara

Pour mieux connaître l’origine de la minéralisation, des corrélations entre les éléments
chimiques majeurs ont été établies et sont interprétées comme suit :

 Le chlorure- le sodium
Pour connaître l’origine du Cl-, considéré comme un ion conservé, nous avons effectué
des corrélations avec le Na+. Ainsi, les teneurs en sodium des eaux des nappes phréatiques de
la région de Kébili et de la Jeffara sont bien corrélés avec celles en chlorures selon une droite
de pente 1 (figure IV. 13), (figure IV.14). Ceci montre que le sodium de ces eaux aurait une
origine commune avec le Cl- qui est sans doute la mise en solution de l’halite.

64
Etude hydrochimique

1000,0
G2
100,0
G1

Na+ (méq/l)
10,0

1,0

0,1
0,1 1,0 10,0 100,0 1000,0
Cl-(m éq/l)

Figure IV. 13 : Relation entre les teneurs en chlorures et en sodium des eaux des nappes
phréatiques de la région de Kébili

1000

100
Na+ (méq/l)

10

1
1,0 10,0 100,0 1000,0
Cl- (m éq/l)

Figure IV. 14: Relation entre les teneurs en chlorures et en sodium des eaux des nappes
phréatiques de la Jeffara

 Le calcium
Les teneurs en calcium des eaux des nappes phréatiques de la Jeffara et de la région de
Kébili varient largement. Cette variabilité s’explique par le fait que l’ion Ca2+ est impliqué
dans des processus de dissolution- précipitation des carbonates, de mise en solution du gypse
et d’échange de base avec les argiles. En effet, pour les eaux des nappes phréatiques de la
Jeffara et des oasis de la région de Kébili, (figure IV.15 A), (figure IV.15 B) presque la
totalité des points analytiques sont situés en dessous de la droite de mise en solution du gypse,
montrant ainsi un déficit en Ca2+, alors qu’ils se positionnent préférentiellement au dessus de
la droite de dissolution de la calcite traduisant ainsi un excès en Ca2+ (figure IV.17),

65
Etude hydrochimique

(figure IV.18). La dissolution du gypse semble donc fournir plus d’ions Ca2+ que ne peut
consommer la précipitation de la calcite, ou la fixation du calcium par les minéraux argileux.

 Les sulfates
Les teneurs en sulfates varient largement en fonction des aquifères. En effet, les
sulfates constituent un élément majeur dans la minéralisation totale des eaux des nappes
phréatiques de la zone d’étude. On peut expliquer les fortes teneurs par la mise en solution du
gypse contenu dans l’aquifère même ou du lessivage des formations gypseuses en place ou
remaniées.
Dans ce cas, les teneurs en sulfates des eaux devraient être bien corrélées avec celles
en calcium. Ceci n’est pas mis en évidence pour les eaux des nappes phréatiques de la Jeffara
ainsi que les eaux des nappes phréatiques des oasis de la région de Kébili (figure IV.15 A),
(figure IV.16 A). Cependant une bonne corrélation est observée entre (Ca2+ + Mg2+) et SO42-
pour ces types d’eau (figure IV.15 B), (figure.IV.16 B). Donc le déficit en calcium par rapport
au sulfates pourrait être lié à la précipitation de la dolomite ou bien à un échange de base des
ions Ca2+ au profit des ions Mg2+ dans les minéraux argileux.
Pour les nappes phréatiques d’underflow de la région de Kébili, l’excès en calcium par
rapport aux sulfates ne peut être expliqué que par la dissolution des carbonates.

G2
100,0 G2 100
C a 2+ + M g 2+ (m éq /l)

G1
G1
C a 2 + (m eq /l)

10,0 10

1
1,0
1 10 100
1,0 10,0 100,0
SO42- (m éq/l)
SO42-(m eq/l)

(A) (B)

Figure IV. 15: Relation entre les variations des teneurs en Ca2+ et (Ca2+ + Mg2+) et en
sulfates des eaux des nappes phréatiques de la région de Kébili (A) et (B)

66
Etude hydrochimique

1000
100

[Ca2+ + Mg 2+] (méq/l)


100
Ca2+ (méq/l)

10
10

1 1
1 10 100 1 10 100
2- 2-
SO4 (méq/l) SO4 (m éq/l)

(C) (D)

Figure IV. 16: Relation entre les variations des teneurs en Ca2+ et (Ca2+ + Mg2+) et en
sulfates des eaux des nappes phréatiques de la Jeffara (C) et (D)

 Les bicarbonates
Les corrélations entre les teneurs en carbonates et le résidu sec (figure IV 11), (figure
IV 12) montrent une distribution aléatoire, ce qui fait que les carbonates présentent plusieurs
origines et des mécanismes complexes.
Les corrélations entre le bicarbonate et le calcium (figure IV.17), (figure IV.18)
montrent que les points représentatifs des échantillons analysés se trouvent au dessus de la
droite de dissolution des carbonates. Ceci indique que le calcium possède une origine autre
que la dissolution des carbonates. Cet excès peut être interprété comme étant le résultat de la
mise en solution du gypse libérant dans la solution des quantités importantes de Ca2+.

100
Ca2+(méq/l)

10

1
1 10
2-
HCO3 (méq/l)

Figure IV. 17: Relation entre les variations des teneurs en HCO32- et Ca2+ des eaux des
nappes phréatiques de la région de Kébili

67
Etude hydrochimique

1000

100

Ca2+ (méq/l)
10

1
1 10
HCO32- (m éq/l)

Figure IV. 18: Relation entre les variations des teneurs en HCO32- et Ca2+ des eaux des
nappes phréatiques de la Jeffara

c. Etude de quelques rapports ioniques

L’étude de l’évolution de quelques rapports ioniques en fonction du taux de chlorures


est nécessaire pour s’affranchir des effets de dilution ou de concentration. Ce-ci permet donc
d’obtenir des renseignements sur l’origine des solutions et l’identification d’éventuelles
contributions d’eau marine.
La figure. IV.19 permet de distinguer :
 Un premier groupe avec des rapports [Na+]/ [Cl-] proche de rapport marin (0,55
d’après les données de Hermann et al. ,1973 in Poutoukis, 1991). ce sont
essentiellement les puits de surface situés prés de la côte et qui ont eu certainement un
mélange avec les eaux de mer. Ce ci s’explique dans certains cas par un effet de
surexploitation que peut causer de l’intrusion marine essentiellement au niveau de la
presqu’île d’El Jorf.
 Un deuxième groupe se présente avec des rapports [Na+]/ [Cl-] élevés et des teneurs en
chlorures qui ne dépassent pas les 2000 mg/l. Ce groupe englobe les puits de surface
situés au niveau des zones de recharge et captant les grès du Trias.
 Le troisième groupe regroupe les points d’eau qui ont des rapports [Na+]/ [Cl-] faibles
et des teneurs en chlorure élevés. Ces derniers peuvent atteindre les 4000 mg/l. Ils
peuvent être attachés à la dissolution de l’halite. Ce sont les eaux des nappes
phréatiques du remplissage Mio-Plio-Quaternaire.
Ces trois groupes ont été aussi démontrés par les rapports [Ca2+] / [Cl-] et [SO42-]/ [Cl-]
(figure. IV.20 et figure. IV.21).

68
Etude hydrochimique

1,2
Gabès Médenine Tataouine
1

0,8
Groupe 2

Na+/Cl- 0,6 Groupe 1

0,4

0,2 Groupe 3
0
0 2000 4000 6000 8000
-
Cl (m g/l)

Figure IV. 19: Rapport Na+/Cl- en fonction des teneurs en Cl- des aquifères phréatiques
de la Jeffara
2
1,8 Gabès Médenine Tataouine
1,6
1,4 Groupe 2
1,2
Ca2+/Cl-

1
0,8 Groupe 1 Groupe 3
0,6
0,4
0,2
0
0 1000 2000 3000 4000 5000
Cl-(m g/l)

Figure IV. 20: Rapport [Ca2+] / [Cl-] en fonction des teneurs en Cl- des aquifères
phréatiques de la Jeffara
6
Gabès Médenine Tataouine
5

4
Groupe 2
SO42-/Cl-

3
Groupe 1
2

1 Groupe 3
0
0 2000 4000 6000 8000
-
Cl (m g/l)

Figure IV. 21: Rapport [SO42-]/ [Cl-] en fonction des teneurs en Cl- des aquifères
phréatiques de la Jeffara

69
Etude hydrochimique

V. Conclusions

Les températures des puits de surface des nappes phréatiques sont en accordance avec
la température ambiante.
La salinité est faible au niveau des zones de recharges situées au piémont de la chaîne
de Dahar. Elle est élevée au niveau des oasis, prés des Chotts pour les nappes phréatiques de
Kébili et en s’approchant de plus en plus vers la mer, en ce qui concerne les nappes
phréatiques de la Jeffara.
Dans la région de Kébili, on montre l’existence de deux types de nappes :
 Les nappes phréatiques d’underflow ayant un résidu sec inférieur à 4 g/l.
 Les nappes phréatiques d’oasis se caractérisent par un résidu sec compris entre 4 g/l et
14 g/l.
Dans la Jeffara, on a des nappes phréatiques qui captent le Trias gréseux, en amont de
la faille de Médenine avec un résidu sec inférieur à 5 g/l et des nappes phréatiques qui captent
le remplissage Mio-Plio-Quaternaire avec un résidu sec supérieur à 5 g/l.
Le diagramme de Piper montre des familles spécifiques pour chaque nappe en relation
avec la position géographique.
 Les nappes phréatiques de la région de Gabès présentent une évolution entre un pôle
sulfaté calcique en amont du bassin et un pôle mixte à chloruré sodique dans la partie
aval du bassin.
 Les nappes phréatiques de la région de Médenine présentent aussi une évolution entre
un pôle sulfaté- calcique, prés des sebkhas et un pôle chloruré- sodique. Le faciès
devient mixte prés de la faille de Médenine.
 Les nappes phréatiques de la région de Tataouine présentent un faciès mixte
bicarbonaté –chloruré – calcique – sodique résultant du lessivage du sable, d’argile
avec parfois des intercalations des bancs de calcaire sableux.
Donc les nappes phréatiques de la Jeffara présentent une évolution du faciès chimique
entre un pôle sulfaté –calcique caractérisant les grès du Trias en amont de la faille de
Médenine et un pôle chloruré- sodique en aval de la faille. Le faciès devient mixte à coté de la
faille.
 Les nappes phréatiques de la région de Kébili présentent deux types de faciès :
 Un faciès à dominance de bicarbonates de calcium et de magnésium. Il
caractérise les nappes phréatiques d’underflow.

70
Etude hydrochimique

 Un faciès sulfaté- chloruré- calcique –sodique rencontré au niveau des nappes


phréatiques d’oasis.
Le faciès sulfaté- calcique caractérise les zones de recharge alors qu’au niveau des
exutoires des bassins (la cuvette de Chott), c’est plutôt le faciès sulfaté- chloruré- calcique.
Les corrélations des éléments majeurs (Ca2+, Mg2+, Na+, Cl- et SO42-) avec le résidu
sec pour les différents types de nappes phréatiques, montrent que ces derniers augmentent
avec la charge saline. Donc, ils sont déterminants dans la minéralisation totale de l’eau.
Les corrélations établis entre certains éléments majeurs ont permis de mettre en
évidence deux sources de minéralisation totale des eaux : évaporitique suite à la dissolution
du gypse et de l’halite et bicarbonaté rencontré surtout au niveau des nappes d’underflow de
la région de Kébili.
L’étude de l’évolution des teneurs en nitrates en fonction de la charge saline permet de
mettre en évidence l’existence d’une pollution locale en nitrates qui touche les niveaux
phréatiques d’oasis de la région de Kébili.
L’étude de quelques rapports ioniques permet de mettre en évidence l’effet de la
surexploitation dans certaines localités que peut causer l’effet de l’intrusion marine surtout au
niveau de la presqu’île d’El Jorf.

71
Etude isotopique

CHAPITRE V : Etude isotopique

I. Introduction

L’hydrologie isotopique est devenue un outil indispensable dans les études modernes du
cycle de l’eau. L’apport des techniques isotopiques peut être résumé comme suit :
 La connaissance de l’origine et de l’âge des eaux ;
 La mise en évidence du mélange entre les masses d’eau ;
 La localisation des zones de recharge et de décharge des nappes ;
 L’estimation des vitesses d’écoulement, des taux de recharge et du temps de résidence
des eaux.

II. Traçage des eaux naturelles par le couple (18O/ 2H)

II.1. GENERALITES

On appelle isotope, tous les atomes ayant le même cortège électronique et le même
nombre de protons mais un nombre variable de neutrons.
Les isotopes lourds de la molécule d’eau peuvent fournir plusieurs informations sur
l’origine des eaux, leurs mélange, les conditions d’infiltration, le phénomène d’évaporation et
les échanges entre l’eau souterraine et l’encaissant.
L’oxygène 18 et le deutérium sont les traceurs les plus efficaces dans l’identification
du processus de mélange entre les différentes nappes puisqu’ils font partie intégrante de la
molécule d’eau. Toute fois une évaporation prolongée des eaux souterraines peut altérer les
signatures isotopiques et masquer l’effet du mélange.
La mesure de l’abondance s’effectue à l’aide du spectromètre de masse, permettant la
comparaison entre l’échantillon et un étalon de référence. Les résultats s’expriment en part
pour mille (‰) de différence par rapport à l’étalon de référence, le SMOW (Standard Mean
Oceanic Water), qui représente la composition isotopique moyenne des eaux océaniques
(Craig, 1961a), ou le V-SMOW (Vienna standard Mean Oceanic Water) distribué par
l’agence Internationale d’énergie atomique de vienne. La différence relative par rapport à ces
étalons s’exprime par la relation (δ) :

δ = [(R échantillon –R étalon) / R étalon] *1000 Avec :

 R échantillon= 18O/16O ou (2H / 1H) échantillon ;

72
Etude isotopique

 R étalon= 18O/16O ou (2H / 1H) étalon ;


 δSMOW=0‰.

Lors du passage de l’eau d’une phase à une autre (glace, liquide, vapeur), un
fractionnement isotopique s’opère. Les molécules légères passent plus facilement dans la
18
phase vapeur que les molécules lourdes. La signature isotopique, O et 2H, des eaux
météoriques n’ayant pas subit d’évaporation est une relation linéaire appelée droite des eaux
météoriques mondiale ou droite de Craig (Craig, 1961b; in Maliki, 2000):

δ2H(‰)= 8. δ18O +d

La constance de la pente 8 au cours de tous les phénomènes de précipitations, est due


au fait que la condensation est toujours un phénomène d’équilibre puisqu’il intervient à la
saturation. La valeur d, désignée sous le nom d’excès en deutérium, est voisine de +10 (figure
V. 1), pour les régions soumises à un régime de perturbation océanique (Craig, 1961b, in
Maliki, 2000). On aura alors :

δ2H(‰)= 8. δ18O + 10

Lorsqu’une proportion notable de la vapeur condensant provient d’une mer fermée ou


de l’évaporation continentale, le paramètre d varie. Pour le bassin oriental de la méditerranée,
les compositions isotopiques des précipitations obéissent à la relation suivante :

δ2H(‰)= 8. δ18O + 22 (Nir, 1976, in Fontes, 1976)


Pour la région de Sfax l’excès en deutérium est de +13,5 (Maliki, 2000), on aura alors:
δ2H(‰)= 8. δ18O + 13,5

Suite à la condensation, au cours de sa chute dans l’atmosphère, à la surface du sol ou


dans la zone non saturée, l’eau est soumise à l’évaporation. Ceci conduira à un enrichissement
de la teneur en isotopes lourds de la fraction restante.

La teneur en isotopes des eaux de pluie varie considérablement en fonction de la


température, elle-même dépendante du climat, de la latitude, de l’altitude et de la saison.

La signature isotopique de l’évaporation se traduit par des relations linéaires entre les
18
teneurs en O et 2H des fractions liquides restantes avec des pentes toujours inférieurs à 8
(Fontes, 1976). L’intersection de ces droites avec la droite météorique mondiale permet de
déterminer les teneurs isotopiques initiales de l’eau avant l’évaporation.

73
Etude isotopique

+50 Précipitations(Domaine méditerranéen)

Précipitation (Echelle mondiale)


δ 2H (‰ vsSMOW)
0
EVAPORATION

-50
Froid

-10 -5 0 +5 +10

δ 18O (‰ vs SMOW)

Figure V. 1: Modalités du traçage en isotopes stables (Fontes, 1976)

II.2. RESULTATS ET INTERPRETATION

Dans le cadre du projet RAF/8/035, une campagne d’échantillonnage a été effectuée


en Jeffara en l’année (2004-2005) sur 58 puits de surface. En l’année 2006 une compagne
d’échantillonnage a intéressé 33 puits de surfaces dans la région de Kébili. Ces échantillons
ont fait l’objet d’analyses isotopiques d’18O et de 2H au laboratoire d’hydrologie isotopique de
l’Agence Internationale de l’Energie Atomique de Vienne (AIEA) par la technique de
spectrométrie de masse.
On s’est basé pour l’interprétation isotopique sur la droite météorique de Sfax (DMS)
pour plusieurs raisons :
 L’absence d’une chronique de mesure bien déterminée pour la région de Kébili.
 La composition isotopique moyenne des précipitations de la région de Kébili se situe
sur la DMS, donc proche de la composition isotopique de Sfax.
On étudie les nappes phréatiques de la zone d’étude par région :
18
Pour les nappes phréatiques de la région de Gabès les teneurs en O varient entre
- 4,11 et - 8,2 ‰ vs SMOW avec une moyenne de l'ordre de - 5,9 ‰ vs SMOW. Les teneurs
en 2H varient entre -23,3 et -60,8 ‰ vs SMOW avec une moyenne de - 41,9 ‰ vs SMOW.
Pour les nappes phréatiques de la région de Médenine les teneurs en 18O montrent des
valeurs qui varient entre - 4,1 et - 5,8 ‰ vs SMOW avec une moyenne de l'ordre de - 4,5 ‰
vs SMOW. Les teneurs en 2H varient entre -26,3 et -39,6 ‰ vs SMOW avec une moyenne de
- 31,4 ‰ vs SMOW.

74
Etude isotopique

En ce qui concerne les nappes phréatiques de la région de Tataouine les teneurs en 18 O


s’échelonnent entre -4,1 et -7,57 ‰ vs SMOW avec une moyenne de l'ordre de -5,9 ‰ vs
SMOW. Les teneurs en 2H varient entre -27,6 et -54,4 ‰ vs SMOW avec une moyenne de
-39,05 ‰ vs SMOW.
Les nappes phréatiques de la région de Kébili indiquent que les teneurs en 18O varient
entre -4 et -7 ‰ vs SMOW avec une moyenne de l'ordre de -5 ‰ vs SMOW. Les teneurs en
2
H varient entre -26 et -49 ‰ vs SMOW avec une moyenne de -39 ‰ vs SMOW.
On remarque que pour les différentes types de nappes phréatiques, les teneurs
moyennes en isotopes stables sont voisines de -5 ‰ vs SMOW pour l’oxygène 18 et de -40
‰ vs SMOW pour le deutérium. Ce sont des teneurs relativement élevés ce qui indique que
les nappes phréatiques présentent généralement des teneurs élevés en isotopes stables.
Cependant quelques puits présentent des teneurs faibles en oxygène 18 et en deutérium. Ceci
est peut être soit le résultat d’un mélange avec les eaux des aquifères profondes par drainance
verticale soit due à un effet d’altitude.
La figure V.2 montre l’évolution des teneurs en oxygène 18 en fonction des teneurs en
deutérium des nappes phréatiques de la région de Kébili. On remarque sur ce diagramme un
ensemble des points formé par les puits Gdir Mhalla (24), Gsir Echtawa (29), Soltane (27) etc,
qui se situe de part et d’autre de la droite météorique mondiale de Craig (1961) et sous la
droite météorique locale de Sfax. Ces points sont représentatifs des eaux des nappes
phréatiques qui se chargent directement par infiltration rapide des eaux de précipitations. Ce
sont les puits de surface localisés au niveau des underflows. Un autre ensemble des points
s’inscrive nettement en dessous de la droite météorique mondiale de Craig (1961) dans le
domaine des eaux dites évaporés et traduisant un changement de leur composition isotopique.
En revanche, le point représentatif du puit Abdelah Jobrane (6), dont la composition
isotopique est de l’ordre de -7 ‰ vs SMOW pour l’oxygène 18 et de -54‰ vs SMOW pour le
deutérium se trouve prés du point représentatif de la composition isotopique moyenne du
complexe terminal. Cet appauvrissement peut être due soit à un effet de mélange par
drainance vertical des eaux du complexe Terminal soit à un effet d’altitude. L’ensemble de
ces puits constitue sur le diagramme un pôle appauvris. On remarque aussi un pôle enrichi
formé par les puits de surface qui ont subi de l’évaporation. Entre ces deux pôles se situe une
droite de mélange. Elle représente la composition isotopique des eaux des nappes phréatiques
des oasis et dont les eaux sont des eaux de retour d’irrigation. Ce ci est confirmé sur la figure
V.2 par la situation du point représentatif des eaux de drainage sur la droite de mélange.

75
Etude isotopique

De ce fait, les teneurs en isotopes lourds des eaux des nappes phréatiques de la région
de Kébili, à l’exception de quelques points qui ont subit l’évaporation, sont significativement
plus faibles que celles des précipitations moyennes à Kébili (Janvier 2006), (figure V. 2).
La différence de teneurs isotopiques entre nappes superficielles et précipitations peut
être liée :
Soit à une paléorecharge sous un climat beaucoup plus humide et plus froid que
l’actuel. Cette hypothèse ne paraît pas plausible surtout que les activités en carbone 14
rencontrées dans le bassin de Kébili sont très élevées (voir partie 14C).
Soit à des altitudes de recharge élevées. En effet, sachant que la teneure moyenne en
oxygène 18 des précipitations au niveau de Sfax est de l’ordre de -5‰ vs SMOW, et
en adoptant un gradient de -0,3 par cent mètres d’altitude, les teneurs moyennes de
recharge (altitude moyenne du piémont du Dahar de l’ordre de 650 m), seraient estimé
à -6,95‰ vs SMOW. Cette teneure est en accordance avec les teneurs rencontrées au
niveau du puit Abdalah Jobrane (6), (-7‰ vs SMOW en oxygène 18). Cette hypothèse
permet de conclure que la recharge des nappes phréatiques de la région de Kébili est
sous l’effet des altitudes élevées.
La figureV.3 illustre l’évolution des teneurs en oxygène 18 en fonction des teneurs en
deutérium des eaux des nappes phréatiques de la Jeffara (de Gabès, de Médenine et de
Tataouine). On remarque sur ce diagramme un ensemble des points se situant entre la droite
météorique locale de Sfax et la droite météorique mondiale de Craig (1961). Ce sont les eaux
des nappes phréatiques qui ont subi la recharge à partir de l’infiltration directe des eaux de
précipitation. Ce sont essentiellement les eaux des nappes phréatiques qui captent les grés du
Trias. On distingue un autre groupe d’eau dit évaporé. Il est en majorité représenté par les
puits de surfaces de la région de Médenine. En effet, la faible profondeur du plan d’eau des
nappes phréatiques dans cette région favorise le phénomène de l’évaporation.
On remarque aussi l’individualisation du puit El Afsa (12) à coté du point représentatif
de la composition isotopique moyenne du Continental Intercalaire (-8,2‰ vs SMOW pour
l’oxygène 18 et de -62,6‰ vs SMOW pour le deutérium) formant ainsi un pôle appauvris. Ce
point possède des compositions isotopiques semblables à celles de la composition isotopique
moyenne du Continental Intercalaire. De plus, Ce puit par ses caractéristiques
hydrogéologiques qu’il se situe prés du seuil d’El Hamma. Tout ceci permet d’envisager
l’hypothèse de l’effet de mélange des eaux des nappes phréatiques dans cette région par effet
de drainance à partir du Continental Intercalaire.

76
Etude isotopique

DMSfax DMM
-20
Eaux issues de la
recharge actuelle

-30

2H°/°° Vs SMOW
-40
Pôle enrichis
P. Abdelah Jobrane
-50
Droite de mélange

-60
Pôle appauvris

-70
-9 -8 -7 -6 -5 -4 -3
18O°/°° Vs SMOW

Phréatique de Kébili
Complexe Terminal
Précipitation moyenne à Kébili (Janvier 2006)
Eau de drain

Figure V. 2: Relation teneurs en deutérium en fonction de l’oxygène 18 des eaux des


nappes phréatiques de la région de Kébili

Pôle enrichis
DMSfax
DMM
-25
Droite de mélange

-35
H°/°° VsSMOW

-45

P. El Afsa

-55
2

Pôle appauvris

-65
-9 -8 -7 -6 -5 -4

18
O°/°° VsSMOW
Phréatique de Tataouine Phréatique de Gabès
Phréatique de Médenine Continental intercalaire

Figure V. 3: Relation teneurs en deutérium en fonction de l’oxygène 18 des eaux des


nappes phréatiques de la Jeffara
77
Etude isotopique

Les points représentatifs des échantillons des nappes phréatiques des régions de Gabès
et de Kébili (figure V.4) se répartissent nettement en dessous de la droite des précipitations
régionales (droite météorique de Sfax: DMS) et à proximité de la droite météorique mondiale
(DMM), mais en majorité en dessous de celle-ci (d inférieur ou égal à 10). On distingue un
pôle appauvris représenté par les puits Abdelah Jobrane et El Afsa et un domaine d’eaux dites
évaporées représentant les eaux qui ont subi de l’évaporation.

DMSfax DMM

Eaux provenant de
-25 la recharge actuelle

-35
Domaine d’évaporation
H°/°°vs SMOW

-45

-55
2

Pôle appauvris

-65
-9 -8 -7 -6 -5 -4
18
O°/°°vs SM OW
Phréatique de Kébili
Phréatique de Gabès
Conplexe Term inal
Précipitation m oyenne à Kébili (Janvier 2006)

Figure V. 4: Relation teneurs en deutérium en fonction de l’oxygène 18 des eaux des


nappes phréatiques de Kébili et de Gabès
L’effet de l’évaporation se manifeste par un enrichissement en isotopes stables. Les
figure V.5 et V.6 illustrent la variation des teneurs en oxygène 18 en fonction du résidu sec
des eaux des nappes phréatiques de la région de Kébili et de la Jeffara (de Gabès, de
Médenine et de Tataouine). On remarque pour la majorité des puits de surface que
l’accroissement de la salinité des eaux n’est pas accompagné d’un enrichissement isotopique.
L’absence de corrélations entre ces deux paramètres indique que la minéralisation des eaux de
la nappe n’est pas liée à l’évaporation. Elle est en revanche liée à la dissolution des minéraux
au contact eau-roche.
Cependant, on remarque, sur la figure V. 5, l’existence d’un ensemble des points qui
montre un enrichissement isotopique en fonction de l’accroissement de la salinité. Ce cas est

78
Etude isotopique

représenté par les puits Zoummit (21), Sidi Marzoug (28), Gsir echtawa (29), Edalia (30), Jbil
(33) etc. Ils sont représentatifs des nappes phréatiques d’underflow dont la recharge se fait par
infiltration des eaux de précipitations et qui ont subi de l’évaporation. Cet effet d’évaporation
est observé aussi au niveau des nappes phréatiques de la région de Médenine (figure V.6),
(ces mêmes points se situent au niveau du domaine d’évaporation dans le diagramme 18O/2H,
figure V. 2, figure V. 3).

14000
12000
10000
RS (mg/l)

8000
6000 Enrichissement par
effet d’évaporation
4000
2000
0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1
18
O°/°°vsSMOW

Figure V. 5: Evolution des teneurs en oxygène 18 en fonction du résidu sec des eaux des
nappes phréatiques de la région de Kébili

25000

20000

15000 Enrichissement par


effet d’évaporation
RS (mg/l)

10000

5000

0
-8 -7 -6 -5 -4 -3 -2 -1
18
O°/°°vsSMOW

Phréatique de Gabès Phréatique de Médenine


Phréatique de Tataouine

Figure V. 6: Evolution des teneurs en oxygène 18 en fonction du résidu sec des eaux des
nappes phréatiques de la Jeffara

Le chlorure est considéré comme un traceur chimique conservatif. En effet, les


corrélations des teneurs en chlorure en fonction du résidu sec (Figure V. 7 et Figure V. 8)
79
Etude isotopique

permettent de confirmer l’effet de l’évaporation. Cet effet n’est observé qu’au niveau des
puits de surface d’underflow de la région de Kébili et au niveau des nappes phréatiques de
Médenine.

160
140
120
100 Enrichissement par
Cl- (méq/l)

effet d’évaporation
80
60
40
20
0
-12 -10 -8 -6 -4 -2 0
18
O (°/°°vs SMOW)

Figure 7: Relation entre les teneurs en oxygène 18 et en chlorures des eaux des nappes
phréatiques de la région de Kébili

120

100

80
Cl- (méq/l)

60 Enrichissement par
effet d’évaporation

40

20

0
-8 -6 -4 -2 0
18
O°/°°vs SMOW
Phréatique de Gabès Phréatique de Médenine
Phréatique de Tataoiune

Figure V. 8: Relation entre les teneurs en oxygène 18 et en chlorures des eaux des
nappes phréatiques de la Jeffara
III. Traçage des eau souterraines par le carbone 14 (14C : isotope radioactif du carbone)

Le carbone existe sous trois formes :


 Carbone 12, isotope stable et communs (98.99%)
 Carbone 13, isotope stable et rare (1,108%)

80
Etude isotopique

 Carbone 14, isotope radioactif ; il ne constitue qu’une part infime du carbone


total.
L’ensemble des espèces carbonées minérales, précipitées lors des prélèvements,
constitue le carbone inorganique total dissous (CITD).

III.1. LE CARBONE 14 :

Le carbone 14 (14C), isotope radioactif du carbone a une période de demie vie de


5730±30 ans (Godwin, 1962). Le carbone 14 se forme dans la haute atmosphère
(stratosphère), à partir d’azote 14 sous l’impact des neutrons secondaires cosmiques (ou
produits lors des essais thermonucléaires), par réaction de spallation selon la réaction
suivante :
14
7N + 10n 14
6C + 11H
Le carbone 14 ainsi formé s’oxyde rapidement avec l’oxygène de l’air, donne une
14 14
molécule de CO2 radioactif qui entre dans le cycle bio géochimique du carbone. Le C
formé est instable, il se désintègre suivant la réaction:
14 14
6C 7N +β-
Le principe de datation du carbone 14C comme radiochronomètre est fondée sur la loi
de la radioactivité, exprimé ici en activité spécifique, A (désintégration par unité de temps et
unité de masse).
At = A0 e-λt donc: t = 1/ λ ln (A0/A1)
Avec: At : activité de l’échantillon au temps t ;
A0 : activité initiale du carbone moderne ;
λ : ( = ln2/ T) : constante de désintégration du 14C ;
T : période (ou temps de demie -vie) du carbone 14(T= 5730±30ans) ;
Donc : t (ans B.P.) = (T/ln2) (ln A0/A), (Maliki, 2000).
La mesure des teneurs en14C du carbone inorganique total dissous (CITD) des eaux
échantillonnées a été réalisée au laboratoire de Radio Analyse et Environnement de l’ENIS
par la méthode classique, préconisée par l’AIEA dite à scintillation liquide.
Sur terrain, L’opération consiste à précipiter le carbone dissous par addition de
chlorure de baryum hydraté (Bacl2, 2H2O) après avoir ajuster le pH (10-11) par ajout de la
soude (NaOH). Ainsi, L’échantillon doit être isolé de l’atmosphère, dès l’introduction de la
soude, pour éviter toute absorption de CO2 atmosphérique.

81
Etude isotopique

Au laboratoire, ce même échantillon doit être attaqué par l’acide orthophosphorique


(H3PO4).
Il en résulte du CO2 absorbé sur le lithium. Cette dernière réaction dégage de
l’acétylène qui, par passage sur un catalyseur, se transforme en benzène. L’activité du carbone
14 est mesurée sur le benzène auquel on ajoute un agent scintillateur avant comptage par
spectromètre en scintillation liquide (Fontes, 1971).
Les activités en 14C obtenues sur les échantillons sont exprimées en pourcentage par
rapport au carbone moderne (pcm). Les activités ainsi obtenues correspondent à des âges
apparents.

III.2. PRESENTATION DES RESULTATS

Dans le cadre de cette étude, 26 échantillons prélevés des nappes phréatiques de la


Jeffara (de Gabès, de Médenine, et de Tataouine) au cours de l’année (2004-2005) et 12
échantillons prélevés des nappes phréatiques de la région de Kébili (Janvier 2006), ont fait
l’objet de datation en 14C. Les analyses ont été effectuées au laboratoire de Radio Analyses et
Environnement (LRAE) de l’ENIS. Les résultats ont été reportés sur la figureV.9 et la
figureV.10.
14
Les cartes de répartition des activités en C de la zone d’étude montrent une
répartition hétérogène pour toute la zone. Pour la région de Kébili, (figure V. 9), la majorité
des puits de surface montrent des activités en carbone 14 qui varient entre 80% et 100% dont
les âges apparents (Tableau V. 2), témoignent de l’actualité de ces eaux. Les puits El Henchir
et Sidi Marzoug montrent des activités moyennes de l’ordre de 50%. Pour la Jeffara, on
remarque que les activités sont élevées (figureV.10). Elles évoluent dans le même sens que la
piézométrie, exception faite pour la plaine d’El Ouara. Au niveau de cette zone, les activités
sont inférieures à 35%. Ces sont les puits Mabrouk El Hadaf, Ali Litim, P. P Remtha dont la
profondeur peut atteindre les 50 m. Ce ci peut être expliqué par l’effet de surcharge de la
nappe profonde par rapport à la nappe phréatique (hypothèse proposée en partie
hydrogéologie).

82
Etude isotopique

Tableau V. 1: Teneurs en 14C des eaux des nappes phréatiques de la Jeffara (de Gabès, de
Médenine et de Tataouine)

N° NOM PUITS ACTIVITE C14% AGE (ANS BP)


1 Abdelaziz Ammar 101±1,7 actuel
2 Med ben said el 38,5±1 7666±138
Mdou
3 Khlifi Mohamed 46,5±1,8 6131±315
4 Mabrouk Nafti 95±1,5 410±128
5 Hassen Oudi 83±1,3 1507±132
6 Brahim Rhouma 50,4±1 5508±173
7 Salem Mohsen 42,2±0,9 6920±183
8 Chettaoui Med 38±1,4 7783±307
9 Haj Ltaief 98±1,3 166±111
10 Talmoudi 59 ±1 4192±141
Abdelmajid
11 Salem Gari 89,1±1,35 926±122
12 Ali Litim 28,5±1,06 10084±299
13 Dhibi Zarroug 60±1,5 4140±200
14 P.P Maghni 96±2,16 333±180
15 P.P Remtha 28±1,53 10225±438
16 P. Mabrouk el 14,1±1,5 15729±872
Hadaf
17 Abdallah Mansouri 89,5 ± 1,2 890 ± 105
18 Triki Ali 75,1 ± 1 2290 ± 110
19 Merzougui Dehibi 53,8 ± 1,6 4968 ± 238
20 P. Abdelkabir 40,4±1,5 7281±300
21 Mahdhi 38±1,9 7793±401
22 Ben Babis 62,2±1,3 3813±174
23 Ben Mouusa Lazhar 87,5±1,7 1077±161
24 Tannich 51,5±2,9 5322±449
25 Mehdi Boussnoun 16,8±1,5 14303±740
26 Mhemed Arfa 76,3 ± 1,3 2168 ± 144

Tableau V. 2: Teneurs en 14C des eaux des nappes phréatiques de la région de Kébili

N° NOM PUITS ACTIVITE C14% AGE (ANS BP)


1 Bir El Henchir 45,1±1,2 6384±216
2 Mghatta 88,6±1,5 968±140
3 Mustpha Zagdoud 108,8±1,5 Actuel
4 Abdelah Jabrane 105,4±1,2 Actuel
5 Nouil Forêt 97,7±1,3 182±109
6 Fowar Forêt 93,5±1,3 543±115
7 Tembib 4 109,4±1,5 Actuel
8 Rekeb 85,4±1,2 1264±1,5
9 Sidi Marzoug 55±1,5 5290±234
10 Gsir Echtawa 99,5±1,2 40±100
11 P. Elhjela 107±1,7 Actuel
12 P. Elatrous 87± 1,8 1110±168

83
Etude isotopique

8° 9° 10° 11°

Bir El Henchir
Mghatta 34°
Rekeb

Gabès
Abdelah Jabrane
Ile de Jerba
Chott Jérid Tembib 4
Mustpha Zagdoud
J. Tebaga
Matmata
Forêt Nouil Zarzis
P Elhjela
Gsir Echtawa
Fowar foret

Sidi Marzoug Dahar Médenine


P Elatrous

Grand Erg oriental


33°
Tataouine

Légende :
: Act. 14C > 80%

: Act. 14C entre


40% et50%

Echelle :
0 40Km
Dehibat 32°

Figure V. 9: Carte de répartition des activités en 14C des eaux des nappes phréatiques de la région de Kébili (janvier 2006)

84
Etude isotopique

8° 9° 10° 11°

34°

98.0 Gabès 51.5


38.5
59.0 87.5
46.5
101.0
95.0 62.2 Ile de Jerba
Chott Jérid 83.0
50.4
38.0
Matmata
Zarzis

Médenine
89.1
40.4
Dahar 89.5 38.0
75.1
76.3 95
33°
16.8
60.0 Tataouine
14.1
28.5
75
Plaine
Légende : 28.0 d’El Ouara
55

: puit de surface
35

et activité en 14C
15
Echelle :
40Km 96.0
0

Dehibat
53.8 32°

Figure V. 10: Carte de répartition des activités en 14C des eaux des nappes phréatiques de la Jeffara (de Gabès, de Médenine et de
Tataouine), (2004-2005)

85
Etude isotopique

Le diagramme de l’évolution des activités en carbone 14 en fonction des teneurs en


oxygène 18 de quelques points échantillonnés dans la région de Kébili (figure V. 11) montre
que les puits de surface emmagasinent en général des eaux avec des activités très élevées, ces
sont des eaux récentes provenant de l’infiltration des eaux de précipitation et des eaux
d’irrigation. On remarque sur ce diagramme un ensemble des points avec des activités
moyennes de l’ordre de 50%. Ces sont les puits El Henchir et Sidi Marzoug. Ces mêmes
points ont été portés sur un diagramme de variation des activités en fonction de la profondeur
(figure V. 12). On remarque que l’activité diminue avec la profondeur. On distingue ainsi un
groupe des points avec des activités supérieures à 80% et des profondeurs inférieur à 12 m.
Ces points sont représentatifs des nappes phréatiques dont les eaux proviennent de la recharge
actuelle. On trouve aussi un autre groupe représenté par le puit Sidi Marzoug avec une activité
en carbone 14 de l’ordre de 55% et une profondeur de l’ordre de 16 m et le puit El Henchir
avec une activité en carbone 14 de l’ordre de 45% et une profondeur de l’ordre de 26 m. Ces
points illustrent bien l’effet de la profondeur sur l’actualité des eaux. Donc plus la profondeur
augmente, plus l’activité diminue et l’eau devient de plus en plus ancienne.

-1

-2

-3 Eaux provenant de la
recharge actuelle
(°/°°vs SMOW)

-4

-5

-6
18O

-7

-8
0 50 100 150
14
Activité C (%)

Figure V. 11: Relation entre les activités en 14C et les teneurs en deutérium des eaux des
nappes phréatiques de la région de Kébili

86
Etude isotopique

14
Activité C (%)

0 20 40 60 80 100 120
0

Profondeure (m)
10
P. Sidi Marzoug
15

20
P. El Henchir
25

30

Figure V. 12: Evolution des activités en 14C en fonction de la profondeur de captage des
eaux des nappes phréatiques de la région de Kébili

Dans la Jeffara, le diagramme de l’évolution des activités en carbone 14 en fonction


des teneurs en oxygène 18 (figure V. 13) montre trois groupes d’eau :
 Un premier groupe s’individualise avec des activités inférieures à 30% et des
teneurs moyennes en oxygène 18 de l’ordre de -6‰ vs SMOW. Il est
représenté par les puits Mabrouk El Hadef (46), Ali Litim (42) et le puit public
Remtha (45). Ces sont les activités enregistrées au niveau des aquifères de la
plaine d’El Ouara et qui témoignent d’une eau relativement ancienne.
 Un deuxième groupe représentant un pôle enrichi. Les activités en carbone 14
sont supérieures à 80%. Ce sont les eaux des puits de surface qui captent les
aquifères de grès du Trias et qui se chargent par infiltration directe des eaux de
précipitation.
 Un troisième groupe caractérise la zone de mélange. Il est représenté
essentiellement par les puits de surface qui se localisent prés de la faille de
Médenine.

87
Etude isotopique

-1
Zone de mélange

-2 Pôle enrichis

O (°/°°vs SMOW)
-3 Pôle appauvris
-4
18
-5

-6

-7

-8
0 20 40 60 80 100 120

Activitée (14C °/°)

Figure V. 13: Relation entre les activités en 14C et les teneurs en deutérium des eaux des
nappes phréatiques de la Jeffara

V. Conclusions

Les teneurs en isotopes stables (18O, 2H) des eaux des nappes phréatiques de la Jeffara
ainsi que de la région de Kébili sont d’origine météorique. Les masses de vapeur
condensantes sont probablement d’origine mixte, avec une influence atlantique et
méditerranéenne.
La relation oxygène 18/ deutérium des eaux des nappes phréatiques de la zone d’étude
permet de déterminer des nappes qui subissent l’influence de la drianance vertical. Ce sont
essentiellement les nappes phréatiques d’El Hamma. Un ensemble des puits se distingue par
une infiltration rapide des eaux de précipitation. Un troisième groupe des points d’eau
enregistre l’effet de l’évaporation surtout au niveau des niveaux phréatiques de la région de
Médenine et des underflows de Kébili. Cet enrichissement isotopique par effet de
l’évaporation à été aussi montré par les relations oxygène 18/ résidu sec et oxygène 18/
teneurs en chlorures.
Les activités mesurées dans les niveaux phréatiques de la Jeffara et de la région de
Kébili témoignent d’une recharge actuelle. Exception faite pour les puits El Henchir et Sidi
Marzoug, situés dans la région de Kébili. Ces points montrent que l’âge des eaux des niveaux
phréatiques augmente avec la profondeur de captage. Au niveau de la Jeffara, la plaine d’El
Ouara montre des activités en carbone 14 inférieurs à 35%. Ceci peut être lié à un effet de
surcharge de la nappe profonde à la nappe phréatique.
Un calcul approximatif de l’altitude isotopique de recharge montre que les nappes
phréatiques de la région de Kébili s’alimentent à partir des affleurements au piémont du
Dahar.
88
Conclusion Générale

Conclusions générales

Le climat du sud tunisien est soumis par sa position à deux centres d’actions
climatiques totalement opposées l’un situé au sud-ouest, est le lieu de climat subtropical
saharien chaud et sec, l’autre situé dans le golfe de Gabès, profite d’un climat méditerranéen
relativement humide et tempéré.

La zone d’étude est largement influencée par son climat à caractère aride. Ainsi,
elle subit l’effet des vents chauds et secs d’origine saharienne, ce qui fait augmenter la
température et l’évaporation. L’analyse de la température montre un contraste
thermique entre une longue saison chaude et une saison relativement douce, durant
cette saison chaude, les précipitations sont rares.
Dans la région de Kébili les épaisseurs du Quaternaire augmentent en allant du
piémont du Dahar vers les Chotts avec la prédominance de la fraction fine à sédimentation
lacustre. La région de Gabès se caractérise par des Horsts et des Grabens. C’est au niveau des
Graben que la sédimentation quaternaire est épaisse. Jalonnée par la faille de Médenine, la
plaine de la Jeffara est caractérisée par la présence de deux systèmes hydrogéologiques, en
amont de la faille, ces sont les grès du Trias alors qu’en aval c’est plutôt le Quaternaire qui
s’épaissit en se dirigeant vers la mer.

Dans le Sud, on distingue la présence de trois types de nappes à savoir les nappes
phréatiques d’underflow, les nappes phréatiques des alluvions et les nappes d’oasis de Kébili.

L’étude des cartes piézomètriques de la zone d’étude montre :

 Pour les nappes phréatiques de la Jeffara : un sens d’écoulement ouest-est, vers la mer,
les zones de recharges se situent au Piémont du Dahar.
 Pour les nappes phréatiques de la région de Kébili, un sens d’écoulement qui converge
vers les Chotts, les zones de recharge sont représentées par les chaînes du Dahar , le
grand Erg oriental et les plaines de Segui et de Chareb.

L’étude de l’évolution temporelle de la piézomètrie des nappes phréatiques permet de


distinguer :

 des nappes à niveau piézomètrique stationnaire;


 des nappes surexploitées avec un niveau piézomètrique qui tend à s’abaisser.
 des nappes avec une recharge qui dépasse l’exploitation et un niveau piézomètrique

89
Conclusion Générale

qui tend à s’élever.


La température des puits de surface des nappes phréatiques s’aligne avec la
température ambiante.
La répartition spatiale de la salinité est faible au niveau des zones de recharges
situées au piémont de la chaîne de Dahar. Elle est élevée au niveau des oasis, prés des
Chotts et en s’approchant de plus en plus vers la mer.
La zone d’étude présente des faciès spécifiques pour chaque type de nappe, ainsi :
 Les nappes phréatiques de la région de Gabès présentent une évolution entre un
pôle sulfaté- calcique en amont du bassin et un pôle mixte à chloruré sodique
dans la partie aval du bassin.
 Les nappes phréatiques de la région de Médenine présentent aussi une évolution
entre un pôle sulfaté-calcique, prés des sebkhas et un pôle chloruré sodique. Le
faciès devient mixte prés de la faille de Médenine.
 Les nappes phréatiques de la région de Tataouine présentent un faciès mixte
bicarbonaté- chloruré- calcique- sodique résultant du lessivage du sable,
d’argile avec parfois des intercalations des bancs de calcaire sableux.
Donc, toutes les nappes phréatiques de la Jeffara présentent une évolution de faciès
chimique entre un pôle sulfaté-calcique en amont du bassin et un pôle chloruré-
sodique vers l’aval.
Les nappes phréatiques de la région de Kébili présentent deux types de faciès:
 Un faciès à dominance de bicarbonates de calcium et de magnésium. Il
caractérise les nappes d’underflow.
 Un faciès sulfaté-chloruré-calcique rencontré au niveau des nappes d’oasis.
Donc, le faciès sulfaté- calcique caractérise les zones de recharge alors qu’au
niveau des exutoires des bassins (la cuvette du Chott pour la région de Kébili), c’est
plutôt le faciès sulfaté- chloruré- calcique.
La minéralisation des eaux des nappes phréatiques de la zone d’étude est
essentiellement due à la mise en solution de l’halite et du gypse, avec parfois une
dissolution des carbonates surtout pour les nappes d’underflow de Kébili.

90
Conclusion Générale

L’étude de l’évolution des teneurs en nitrates en fonction de la charge saline


permet de mettre en évidence l’existence d’une pollution locale en nitrates qui touche
les niveaux phréatiques d’oasis de la région de Kébili.
L’étude de quelques rapports ioniques permet de mettre en évidence l’effet de
l’exploitation qui peut provoquer de l’intrusion marine signalée surtout au niveau de la
presqu’île d’El Jorf.
L’étude des isotopes du carbone montre que la recharge des nappes phréatiques
se fait en grande partie par une eau récente qui date de l’actuel. La contribution d’une
eau ancienne à été ressentit au niveau des puits de la plaine d’El Ouara et au niveau
des puits El Henchir et Sidi Marzoug situés dans la région de Kébili.
Le traçage naturel des eaux par les isotopes de la molécule d’eau (2H, 18
O) permet
d’affirmer l’actualité de ces eaux. Les teneurs moyennes en isotopes stables pour les
différents types de nappes phréatiques sont proches de celles de précipitations actuelles.
L’existence de quelques puits qui présentent des teneurs en oxygène 18 et en deutérium
relativement faibles témoigne d’un effet de mélange par des eaux plus anciennes
essentiellement ressentit au niveau des nappes phréatiques de la région d’El Hamma.
Les résultats des analyses hydrochimiques et isotopiques montrent que la dissolution
est le principal mode de minéralisation. Mais l’étude des relations de l’oxygène 18 en
fonction de la charge saline et de l’oxygène 18 en fonction du Chlorure permet de mettre en
évidence l’effet de l’évaporation surtout pour les niveaux phréatiques de la région de
Médenine et des underflows de Kébili.
Les activités en 14C mesurées dans les niveaux phréatiques de la Jeffara et de la région
de Kébili témoignent d’une recharge actuelle. Exception faite pour les puits El Henchir et Sidi
Marzoug, situés dans la région de Kébili. Ces points montrent que l’âge des eaux des niveaux
phréatiques augmente avec la profondeur de captage. Au niveau de la Jeffara, la plaine d’El
Ouara montre des activités en carbone 14 inférieur à 35%. Ceci peut être lié à un effet de
surcharge de la nappe profonde à la nappe phréatique.
Un calcul approximatif de l’altitude isotopique de recharge montre que les nappes
phréatiques de la région de Kébili s’alimentent à partir des affleurements au piémont du
Dahar.

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RÉSUMÉ

La zone d’étude englobe les nappes phréatiques de la Jeffara et de la région de Kébili. Située
dans le sud tunisien, elle se caractérise par un climat aride à semi aride influencé par les masses d’air
sahariennes sèches et chaudes soufflant du Sud et des masses d’air froides et humides en provenance
de la méditerranée. En effet, pour mieux comprendre le fonctionnement hydrodynamique de ces
niveaux aquifères, on a mené une étude pluridisciplinaire faisant appel aux méthodes de
l’hydrogéologie classiques et aux techniques isotopiques.

L’approche hydrogéologique montre trois types de nappes phréatiques : des nappes


d’underflows, des nappes alluviales et des nappes d’oasis. Pour la région de Kébili, les épaisseurs du
Mio- Plio- Quaternaires augmentent du piémont du Dahar vers les Chotts. Dans la Jeffara, le Mio-
Plio- Quaternaire affleure avec des épaisseurs considérables en aval de la faille de Médenine.

Les cartes piézomètriques de la zone d’étude montrent un sens d’écoulement vers la mer en ce
qui concerne les nappes phréatiques de la Jeffara et vers les Chotts pour les nappes phréatiques de la
région de Kébili. Un effet de surexploitation peut causer de l’intrusion marine au niveau de la
presqu’île d’El Jorf.
L’approche hydrochimique montre que les eaux des nappes phréatiques de la zone d’étude
sont fortement minéralisées. Seuls les niveaux phréatiques d’underflow de la région de Kébili sont
considérés de bonne qualité. Le faciès chimique est de type sulfato-calcique caractérisant les zones de
recharge alors qu’au niveau des exutoires c’est plutôt le faciès sulfato-chloruro-sodique qui domine.
L’étude isotopique montre que les eaux des nappes phréatiques sont des eaux récentes
provenant des précipitations actuelles. L’acquisition de la minéralisation est en grande partie réalisée
par la dissolution et favorisée par l’évaporation surtout pour les niveaux phréatiques de Médenine et
des underflows de Kébili.
La comparaison des cartes piézomètriques de la nappe profonde et des nappes phréatiques au
niveau de la plaine d’El Ouara montre la probabilité de l’existence d’un effet de surcharge de la nappe
profonde par rapport à la nappe phréatique. Ce ci peut être confirmé par les faibles activités en carbone
14 enregistrées au niveau de la plaine d’El Ouara.

Mots clés : Nappe phréatique, Kébili, Jeffara, Hydrochimie, Isotopes stables, Carbone 14, Recharge
actuelle.

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