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I.

L’Anti Atlas : la marge nord du craton


Les terrains précambriens affleurent dans une série de « boutonnières »
disposées, du SSW au NNE, le long de l’axe anticlinorial de l’Anti Atlas. De
part et d’autre de cet axe on rencontre les séries sédimentaires paléozoïques,
souvent peu déformées.
1. Les terrains précambriens :
Les séries paléoprotérozoïques ont subi l’orogenèse éburnéenne, documentée
par les nombreux granites datés à environ 2000 Ma. Il n’existe pas actuellement
d’affleurements amenant la preuve de l’existence de cette orogenèse au NE de l’
« Accident majeur de l’Anti Atlas ».
Les séries Néoprotérozoïques témoignent d’un rifting au cours duquel une
marge passive s’est constituée, avec le dépôt des calcaires et quartzites du PII.
Au-delà de cette marge, l’accrétion océanique a engendré au moins localement
une croûte océanique que l’on retrouve dans les ophiolites de Bou Azzer et du
Siroua dont l’âge est fixé à 788-762 Ma. Enfin, des formations volcano
sédimentaires correspondent à une situation d’arc magmatique associé à une
subduction.
L’orogenèse panafricaine résulte de la subduction de la lithosphère océanique et
de la collision des terrains d’avant arc, de l’arc magmatique et du craton lui-
même, à environ 685 Ma. Les structures qui en résultent impliquent un
charriage vers le sud-ouest et une composante transpressive sénestre. Les séries
détritiques et les volcanites rouges du Groupe de Ouarzazate dont le groupe
supérieur (« PIII ») s’est déposé après 600 Ma, en discordance sur les structures
panafricaines. Il existe des arguments pour lier le développement des bassins
faillés où certaines de ces séries rouges se déposent à un épisode extensif qui se
poursuit localement jusque dans l’extrême base du Paléozoïque. Au cours de ce
rifting, la remobilisation de la croûte profonde se traduit par la montée de dômes
gneissiques et la mise en place de magmas alcalins et tholéiitiques.

2. Les terrains paléozoïques et l’orogenèse hercynienne :


La colonne paléozoïque est exclusivement sédimentaire. Après les dépôts
carbonatés et argileux du Cambrien, elle s’organise en un mégacycle
sédimentaire conduisant, schématiquement, des séries surtout gréseuses de
l’Ordovicien aux shales et argilites du Silurien, puis aux calcaires du Dévonien
inférieur et moyen (à part l’Anti Atlas occidental, où les Rich contiennent des
éléments gréseux et argileux). Ceci traduit la progression de la transgression
marine sur le craton et l’éloignement des rivages et donc le tarissement
progressif des apports détritiques, en même temps que l’évolution vers des
conditions climatiques tropicales réalisées au Dévonien. Après le Dévonien
supérieur, les apports détritiques réapparaissent, venant cette fois du domaine
anti atlasique lui-même en cours de surrection et de diversification. Le retrait de
la mer s’effectue vers l’est, au Carbonifère moyen.
La déformation hercynienne est, dans l’ensemble, peu intense et, en tout cas,
exempte de toute mise en place de granites. Dans l’Anti Atlas occidental, des
plis et des chevauchements à vergence est, comme dans le Zemmour,
accidentent la série du Paléozoïque inférieur, mais, là encore comme dans le
Zemmour, le gradient tectonique est fortement et rapidement décroissant vers
l’est. Dans l’Anti Atlas central et oriental, la couverture paléozoïque n’est guère
déformée qu’aux abords des boutonnières précambriennes dont on montre
qu’elles ont poinçonné les séries sus-jacentes. Même si des dysharmonies de
plissement sont visibles çà et là, causées par l’existence de niveaux plastiques
comme ceux du Silurien, il est clair que le raccourcissement hercynien, si
modéré soit-il, affecte aussi le socle précambrien. Au sud de l’Anti Atlas, à la
hauteur du Jbel Ouarkziz, la déformation hercynienne est extrêmement peu
marquée : nous sommes ici à la limite sud de la chaîne.

II. La Meseta :
1. Les terrains du socle
Au-dessus de roches volcaniques acides du Néoprotérozoïque terminal qui
affleurent ponctuellement, les couches paléozoïques s’organisent en plusieurs
cycles sédimentaires :
- le Cambrien, avec les carbonates du Cambrien inférieur, puis les shales
(Schistes à Paradoxides), les grauwackes et les quartzites du Cambrien moyen.
Les épaisseurs de la série grauwackeuse suggèrent qu‘elle s’est déposée dans un
graben NNE-SSW subsident. Le Cambrien supérieur est très peu représenté.
- de l’Ordovicien au Dévonien moyen, un méga-cycle semblable à celui observé
dans l‘Anti Atlas. Le milieu est une plate-forme marine peu profonde et peu
subsidente, parfois accidentée par des zones émergées orientées NNESSW.
A la frange nord de la Meseta, la zone des Sehoul est déformée et pénétrée par
un granite à l’Ordovicien. A l’est, les séries dévoniennes allochtones (voir plus
bas) contiennent des faciès turbiditiques, ce qui les distingue des calcaires
récifaux de la Meseta occidentale,
- à partir du Dévonien supérieur, la « révolution famennienne » change la
paléogéographie du domaine mésétien. Des bassins faillés s’y individualisent,
séparés par des zones en surrection relative. Dans les bassins une épaisse série se
dépose, jusqu’au Carbonifère moyen. Le plus oriental de ces bassins, celui
d’Azrou-Khenifra, fonctionne comme un bassin d’avant-pays à l’avant des
zones orientales en cours de déformation. Comme son prolongement dans les
Jbilete orientales, il accueille des nappes gravitaires à matériel surtout
ordovicien. Des roches magmatiques basiques se mettent en place au Viséen dans
ces bassins, en particulier dans le bassin du Sarhlef.
En Meseta orientale, les séries carbonifères sont discordantes sur les structures
de la « Phase éo-varisque » (ci-dessous). Ce sont des séquences volcano-
sédimentaires et les analyses géochimiques indiquent l’affinité calco-alcaline
des laves incluses. A Jerada, la série carbonifère s’achève par des niveaux de
houille paraliques. Le Carbonifère supérieur et le Permien sont représentés par
des séries continentales rouges accompagnées d’effusions volcaniques.
2. La déformation du socle
La zone des Sehoul, au nord de la Meseta, est affectée par des plis et des
chevauchements à vergence sud, d’âge ordovicien. Au sud de la zone, ces
structures « calédoniennes » sont reprises par la déformation hercynienne. Dans
la Meseta orientale, la déformation est datée à environ 360 Ma, c’est-à-dire à la
fin du Dévonien. C’est la « Phase éo-varisque », bien démontrée, par exemple, à
Midelt. Les plis sont serrés, une schistosité généralisée s’accompagne d’un
métamorphisme épizonal, les chevauchements vers l’ouest sont ductiles. Par la
suite, la déformation progresse vers l’ouest, et les séries du bassin d’avant-pays
d’Azrou-Khenifra sont plissées au Carbonifère.
En Meseta occidentale et centrale, la déformation est plus diversifiée. Elle se
déroule entre 330 et 300 Ma, du Viséen au Westphalien. Dans les anciens
bassins dévono-carbonifères, elle est relativement faible et le métamorphisme y
est pratiquement inexistant ou ne dépasse pas les conditions de l‘épizone. Dans
les zones « anticlinoriales» (Khouribga-Oulmès, Rehamna centraux ; etc.), elle
est plus importante, le métamorphisme pouvant atteindre localement la
mésozone (Rehamna).
Des plans de cisaillements précoces, subhorizontaux, sont ensuite ployés par des
structures plus tardives, parfois extensives, accompagnées par une diminution
des conditions de pression syn-métamorphique. A noter, enfin, que ces
évènements hercyniens sont accompagnés dans l’ensemble de la Meseta par la
mise en place de massifs de granites circonscrits.
3. La couverture post-hercynienne
Après les séries détritiques et volcaniques permiennes, mises en place dans des
bassins encore compressifs, les siltites rouges et les niveaux salifères du Trias
supérieur et du Lias basal, ainsi que les intercalations doléritiques qu’ils
contiennent se déposent dans des bassins extensifs liés au rifting atlantique.
Après la lacune du Jurassique et du Crétacé inférieur, la transgression
cénomanienne envahit tout le domaine, à l’exception d’îles comme les
Rehamna. Les dépôts marins les plus importants économiquement sont la série
phosphatée fini-crétacée, puis la mer se retire après l’Eocène.
4. La marge atlantique
Après un épisode de rifting triasico-liasique, l’accrétion océanique débute à la
fin du Sinémurien. Les dépôts post-rift s’organisent en une suite de séquences
sédimentaires variables de la plate-forme au talus et au glacis, d’une part, et
selon les divers segments (mésétien, haut-atlasique, anti-atlasique) d’autre part.

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