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M aude B o n e n fa n t
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Identité et
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m ultiplicité
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Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec
et Bibliothèque etArchives Canada
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>J sO ^ Presses de PUniversité du Québec
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P Le Delta 1,2875, boulevard Laurier, bureau 450, Québec (Québec) G1V 2M2
s “ S5 ^
■g S = Téléphone: 418 657-4399 Télécopieur: 418 657-2096
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U 4 CX UJ uJ
s :_i Z O 0 Courriel: puq@puq.ca Internet: www.puq.ca
Diffusion/Distribution:
O Canada Prologue inc., 1650, boulevard Lionel-Bertrand, Boisbriand (Québec) J7H 1N7
fM
Tél.: 450434-0306/1 800 363-2864
France AFPU-D- Association française des Presses d’université
Sodis, 128, avenue du Maréchal de Lattre deTassigny, 77403 Lagny, France
Q.
O Tél.: 0160078299
U
Belgique Patrimoine SPRL, avenue Milcamps 119,1030 Bruxelles, Belgique
Tél.: 027366847
Suisse Servidis SA, Chemin desChalets 7,1279 Chavannes-de-Bogis, Suisse
Tél.: 022960.95.32
DANGER La Loi sur le droit d’a u te u r in te rd it la repro d u ctio n des oeuvres sans autorisation des titu la ire s de droits.
Or, la p h o to c o p ie n o n a u to risé e - le « p h o to c o p illa g e » - s’est généralisée, p ro v o q u an t un e baisse des
ventes de livres e t c o m p ro m ettan t la rédaction et la p ro d u c tio n de nouveaux ouvrages par des profes
sionnels. L’objet d u logo apparaissant ci-contre est d ’a le rte r le lecteur sur la m enace que représente p o u r
l’avenir de l’écrit le d éveloppem ent m assif du « p h o to co p illa g e» .
Id e n t it é e t m u lt ip lic it é
e n lig n e ?
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13 Sous la d ire ctio n de
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M aude B o n e n f a n t
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C h a rle s P e r r a t o n
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> Études de cas
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109 Le p ro fil Facebook a-t-il un sexe ? Quand le design perform e
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■Q l’identié de l’usager — Rania A oun
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(/)
eu 123 La vie publique des objets: un survol des objets inanim és
ayant un compte sur Tw itter — Marc Rowley
O 143 L’approche jurid ique au profit des identités num ériques: la
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>-
159 C o n so m m atio n et id e n tité en lig n e : élém ents d’une
Q.
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gram m aire de la recom m andation — Benoit C ordelier
179 L’identité num érique à Père de l’e-réputation — Xavier M anga
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I d e n t it é s e t m u l t i p l i c i t é ) e n lig n e j)
C h a rle s P er r a to n e t M a u d e B o n e n fa n t
Te3
u objectifs fonctionnels qui n’ont pas nécessairement d’équivalent
dans le monde hors ligne. On comprend également que le code de
programmation des environnements en ligne transform e en règles
«structurelles» des normes sociales et change par là la capacité des
O
(N usagers à modeler leur identité.
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CT A ux identités personnelle, sociale et culturelle s’ajoute aujourd’hui
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Cl
O
l’identité num érique comme autre représentation de l ’in d ivid u .
U
L’im portant reste toujours au plan juridique de pouvoir faire le
lien entre l’identité num érique et l’identité civile des personnes,
de m anière à pouvoir établir la responsabilité des actes de chacun.
Toutefois, comme le soutient Ervin g Goffm an, le moi se produi
sant dans l’interaction, nous serions en droit de considérer que les
individus ont plusieurs identités - ou, du m oins, plusieurs «faces».
Les interactions étant m ultiples, il en résulterait une m ultitude
d’identités de synthèse. La question de l’identité porterait alors sur
8 — Cahiers du gerse
L’ensemble des textes qui suivent est organisé en trois parties qui
en facilitent la lecture. Dans la première partie, intitulée Id e n tité
et su bjectivation et qui comprend deux contributions, le lecteur est
invité à prendre connaissance d’un certain nombre de propositions
théoriques propices au renouvellem ent des catégories relatives à
с. Perraton et М. Bonenfant — Identité et multiplicité en ligne — 9
La dernière partie, intitulée Étu des de cas, regroupe les cinq dernières
contributions qui offrent l’occasion de repenser les nouvelles formes
de subjectivation dans le Web en général et dans les cas de Facebook,
Tw itter, des forum s et des blogues en particulier. Contrairem ent
à ce que l’on p ourrait penser, l’identité en ligne n’est pas, pour
R an ia Aoun, du simple ressort de l’usager puisque les plateformes
inform ent déjà la m anière dont l’internaute pourra se présenter
10 — Cahiers du gerse
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I d e n t it é s e t p r o c e s s u s d e s u b j e c t i v a t i o t b
C h arles P e r r a t o n
F e r v e n ts e t c r it iq u e s d u c y b e r e s p a c e
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Le thème « identités numériques » peut éveiller la ferveur des uns
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X3
et la méfiance des autres. Pour moi, c’est l’occasion d’une réflexion
'(L) critique sur la portée de cette idée selon laquelle l’identité peut se
CD
> construire ou se déconstruire dans le cyberespace. Pour dram atiser
c
P la question, j ’aim erais l’aborder sous l’angle critique, et donc la
T033 mettre en état de crise de m anière à ce qu’elle nous apparaisse sous
U)
0
1Л) un autre jour. Pour le dire autrement, j ’aim erais problématiser la
(Л
03
question de l’identité en m’interrogeant sur les conditions de subjec-
tivation^. Pour cela, il me faudra être prudent de m anière à ne pas
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excéder les uns n i les autres.
TO3) fait de sa sensibilité, elle peut les affecter ou être affectée par elles. Le
U)
O )
(/) rapport des forces en présence constitue la puissance de l’individu.
10
O) Dans l’effort de spiritualisation dont ce dernier pourra faire preuve.
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4. T ous les c o m m e n ta te u r s n e s’e n te n d e n t p as s u r ce p o in t: c e r ta in s
p r é f è r e n t p a rle r d ’u n e « te n s i o n e n tr e m u ltip lic ité e t u n ic ité d u m o i»
>- (N iz e t e t R igaux, 2 0 0 5 : 92), d ’a u tre s c o m m e A n th o n y G id d e n s c o n sid è re n t
Q.
O q u e la c o n tin u ité est a ssu ré e p a r « la co n scien ce q u e le su jet a de lu i-m êm e »
U
(N iz e t e t R igaux, 2 0 0 5 : 92).
5. «[L ]a v o lo n té n ’est p as à c o m p re n d re c o m m e u n e re la tio n cau sale,
m é c a n iq u e , q u i p ro d u ir a it à to u t c o u p u n effet, m a is c o m m e u n e re la tio n
de c o m m a n d e m e n t e t d ’o b éissan ce in te rv e n a n t au sein d ’u n e c o m m u n a u té
h ié ra rc h isé e d ’in s ta n c e s de m ê m e n a tu re , q u e N ietzsch e d é sig n e ra p a r les
te rm e s d ’in s tin c t, d ’affect, o u e n co re de p u lsio n , re la tio n q u i su p p o se à so n
to u r de la p a r t de c h aq u e in s ta n c e c o n c e rn é e u n e é v a lu a tio n des ra p p o rts
de force a u sein de c e tte c o m m u n a u té .» (W o tlin g , 2 0 0 7 [1999]: 37-38)
14 — Cahiers du gerse
O
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Id e n t it é e t c o n t r ô le
nom de Tam erlan Tsarnaev, plus particulièrem ent dans les listes du
F B I, explique en partie pourquoi il a échappé au radar du F B I et des
services secrets russes...
Le lien entre le nom et les coordonnées pèse si lourd que les identités
d’em prunt et l’anonymat deviennent les principaux moyens de se
protéger et de résister. Un exemple encore me permet d’illu strer
le propos. Considérons le cas de ce blogue m exicain anonym e,
Del Narco, où l’auteure (on a appris récem m ent, après trois ans
d’existence du blog, qu’il s’agissait d’une jeune femme) inform e
les internautes sur les m éfaits des narcotrafiquants. L’anonym at
permet à l’auteure du blog et à ses collaborateurs d’exprim er ce que
les médias n’osent dire (plusieurs dizaines de m illiers de personnes
ont été assassinées dans la guerre que mènent les gangs et les forces
de l’ordre). Partageant l ’idée qu’il existe un lien fort (c’est-à-dire
fort déterm inant et coercitif) entre l’identité et les coordonnées,
l’auteure du blog encourage ses lecteurs à lu i écrire anonymement.
C ’est le sens même de l’énoncé apparaissant dans un encart de la
U page d’accueil de son blog^: « En via inform ación de tu localidad y
O)
JD
-O) será publicada de manera anónim a blogdelnarco@hotmail.com^ ».
13
a
■z¡a Cet exemple illu stre non seulement le lien étroit entre identité
(qui suis-je?) et coordonnées (où suis-je?), mais il en met aussi les
0
>3 conséquences en lum ière: moins on en saura sur la personne (le
’c
P groupe ou l’organisation), m oins on sera en mesure d’agir sur elle
CL) (ou sur eux).
TD
T r o u b l e s d ’i d e n t i t é
O
On compte parm i les personnes souffrant d’un trouble d’identité
>- certains cas ayant hanté l’im aginaire co lle ctif On pense notam
Q.
O ment à ceux de Sybil (de son vrai nom Shirley Mason), personnage
U
inspiré d’un fait vécu aux États-Unis, au début des années 1 9 7 0 , et
de W illiam Stanley M illigan (plus connu sous le nom de B illy ), le
prem ier individu à avoir bénéficié aux États-Unis d’un non-lieu
dans une affaire crim inelle en raison de ce trouble. À propos de
Sybil, la journaliste Debbie Nathan a publié une enquête détaillée
dans laquelle elle soutient qu’une m anipulation croisée entre la
psychanalyste Cornelia W ilbur et sa patiente eut lieu. Elle estime
C. Perraton — Identités et processus de subjectivation — 19
q u e la th é r a p e u te e t sa p a tie n te a v a ie n t é té c o n s c ie n te s de fr a u d e r
e n c o n s t r u is a n t de to u te s p iè c e s ce p e rs o n n a g e de s y n th è s e . Le
cas de S y b il e u t l ’e ffe t d ’u n e b o m b e , à l ’é p o q u e , s u r les c ro y a n c e s
p a rta g é e s e n m a tiè re d ’id e n tité . A v a n t la p u b lic a t io n de S y b il e n 1973
e t la d if f u s io n d u f i l m p o u r la té lé q u i e n a é té t i r é e n 1976 (d a n s
le q u e l S a lly F ie ld in c a r n a it ce p e rs o n n a g e ), o n n ’a v a it s ig n a lé q u e
75 cas de t r o u b le d is s o c ia tif de l ’id e n tité ( T D I ) o u d u s y n d r o m e de
p e r s o n n a lité m u lt ip le (S P M )^ a u x É ta ts -U n is . C e c h if f r e est passé
d a n s les a n n é e s q u i o n t s u iv i à 4 0 0 0 0 cas d ia g n o s tiq u é s , s u r t o u t
a u x É ta ts -U n is .
P r o c e s s u s d e s u b je c t iv a t io n
R e v e n o n s s u r la d é f in it io n d u m o t id e n tité . O n d it de ce te r m e q u ’i l
a le « c a ra c tè r e de ce q u i d e m e u re id e n tiq u e o u é g a l à s o i-m ê m e
d a n s le te m p s » ( C N R T L , D ic t io n n a ir e e n lig n e d u C N R S ). Id e n
t it é est d it à la fo is de ce q u i est id e n tiq u e ( u n it é ) e t de ce q u i est
d is t in c t ( u n ic ité ) . P o u r P a u l R ic œ u r, l ’id e n tité tr o u v e d ’a b o rd d a n s
ce q u i p e r d u r e de la p e rs o n n e la ré p o n s e o b je c tiv e à la q u e s tio n
« q u e s u is - je ? » ; i l n o m m e « m ê m e t é » (le m ê m e ) c e tte p r e m iè r e
d im e n s io n . L’id e n tité tr o u v e e n s u ite d a n s l ’u n ic it é de la p e rs o n n e ,
c’e s t-à -d ire d a n s ce q u ’e lle a d ’u n iq u e e t de d is t in c t if , la ré p o n s e
s u b je c tiv e à la q u e s tio n « q u i s u is - je ? » ; i l n o m m e « ip s é it é » (le
s o i-m ê m e ) c e tte d e u x iè m e d im e n s io n ( R ic œ u r , 1 9 90). M a is q u e
l ’o n c o n ç o iv e l ’id e n tité c o m m e n é g o c ia tio n in d iv id u e lle o u c o m m e
n é g o c ia tio n c o lle c tiv e , e lle re s te t r i b u t a i r e d ’u n e lo g iq u e d e la
re p ré s e n ta tio n s e lo n la q u e lle le s u je t se ré p è te o u s’a ju s te d a n s u n
m o u v e m e n t de d if f é r e n t ia t io n s u b o r d o n n é à l ’id e n tité .
U
O n n e s a u r a it d o n c p o s e r la q u e s tio n de l ’id e n t it é sans s u p p o s e r
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X3 la r é p é t it io n d u M ê m e , p u is q u ’u n e ch ose n e re s te id e n tiq u e à e lle -
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a m ê m e q u ’aussi lo n g te m p s q u ’e lle se ré p è te o u q u e ses d iffé r e n te s
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m a n if e s t a t io n s se s u b o r d o n n e n t à u n e lo g iq u e id e n t it a ir e . C ’est
d u re s te p o u r c e tte r a is o n q u e F ra n ç o is J u llie n (2012) p r é fè r e le
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'c c o n c e p t d ’é c a rt à c e lu i de d iffé re n c e , ju s te m e n t p a rc e q u ’i l n e r é p o n d
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O e n m e t t a n t e n te n s io n u n e n s e m b le d ’é lé m e n ts h é té ro g è n e s les u n s
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avec les a utres, u n espace o ù se d é p lo ie n t les d e v e n irs (J u llie n , 2012:31).
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O N o u s a b o rd e ro n s ce tte q u e s tio n p lu s lo in d a n s cet o u v ra g e .
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U n e lo g iq u e de la r é p é t it io n d u M ê m e n ’a r r iv e à s’im p o s e r q u ’e n
d é n ia n t les fo rc e s de c h a n g e m e n t s’e x e rç a n t s u r les choses e t les
ê tre s. C e q u i est censé r e v e n ir d a n s la r é p é t it io n d u M ê m e , c ’est u n
s u je t v e n u à b o u t de lu i- m ê m e o u e n v o ie de l ’ê tre . P o u r N ie tz s c h e ,
la ch o se n e r e v ie n t q u e p a rc e q u ’e lle m a n q u e d ’a f f ir m a t io n . S o n
r e t o u r m a r q u e la r é p é t it io n « d e ce q u i est c o m m u n » p lu t ô t q u e
l ’a f f ir m a t io n « d e ce q u i est s in g u lie r » (Sasso e t V i l l a n i , 2 0 0 3 : 298).
C. Perraton — Identités et processus de subjectivation — 21
P o u r M ic h e l F o u c a u lt, l ’a f f ir m a t io n d u p r im a t de « la p e n s é e d u
d e h o rs » im p liq u e la c r it iq u e des n o tio n s d ’id e n tité e t de re p ré s e n ta
t io n , p u is q u e « [c ]e tte p e n sé e [ . . . ] se t ie n t h o rs de to u te s u b je c tiv ité
22 — Cahiers du gerse
O)
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c S in g u la r it é s e t a g e n c e m e n t
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T3 L e p e rs p e c tiv is m e n ie tz s c h é e n se fo n d e s u r u n p r in c ip e d ’a f f ir m a
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O )
(/) t io n p lu t ô t q u e d ’e x c lu s io n e t de n é g a tio n . C e q u i est a ffir m é , c ’est
10
O)
la p o s s ib ilité d ’a g e n c e r u n e m u lt ip lic it é d ’é lé m e n ts d is jo in ts les u n s
d ’u n é v è n e m e n t v i r t u e l so u s f o r m e de « p o in t s r e m a r q u a b le s » ;
e lle se c a r a c té r is e e n s u ite c o m m e u n e e n t it é « p r é - i n d i v i d u e l le
e t im p e r s o n n e lle » fo u r n is s a n t les é lé m e n ts « d e la c o n s t r u c t io n
d ’in d iv id u s , p a r a c tu a lis a tio n » (L e c e rc le , 2 0 0 8 ). L e r e g r o u p e m e n t
e t la r é p a r t it io n de s in g u la r ité s f o r m e n t u n a g e n c e m e n t. E t l ’a g e n
c e m e n t d é c le n c h e u n p ro c e s s u s de m é ta m o r p h o s e s o u de « d e v e
n ir s » e n tr e les é lé m e n ts q u i le c o n s titu e n t. O n c o m p re n d a u s s itô t
q u ’u n e p e n sé e de l ’a g e n c e m e n t e t des s in g u la r ité s f a it é c la te r les
syn th è se s id e n tita ir e s (c o n n e c tiv e s e t c o n jo n c tiv e s ). A in s i les n o tio n s
de s u je t e t d ’id e n tité p e r d e n t de l ’in t é r ê t « a u p r o f it des s in g u la r ité s
p r é - in d iv id u e lle s e t des in d iv id u a t io n s n o n p e r s o n n e lle s » (D e le u z e ,
2 0 0 3 d [1 9 8 8 ]: 328).
R e p r e n a n t à s o n c o m p te c e tte id é e d e le u z ie n n e q u e le c o n c e p t
r é p o n d à u n p r o b lè m e q u i le s o u s - te n d , J e a n -J a c q u e s L e c e rc le
e n te n d g é n é r a lis e r le p r in c ip e e n r a p p o r t a n t to u te s s in g u la r ité s
a u x p ro b lè m e s q u i les s o u s -te n d e n t. E n m a tiè r e d ’a r t e t de c o m m u
n ic a tio n , se p o s e r a it a lo rs la q u e s tio n de s a v o ir q u e ls s o n t les a ffe c ts
U
O) c o n d it io n n a n t les s in g u la r ité s à r e n d r e p o s s ib le u n a g e n c e m e n t au
-O)
D s e in d u q u e l le « s u je t » s e ra it « s a n s id e n tité fix e , to u jo u r s d é c e n tré »
a
U (D e le u z e e t G u a tt a r i, 1972: 27) e t d o n t les a ffe c ts c o n d itio n n e r a ie n t
T3
n o u s p o u r r io n s a in s i c o n t r ib u e r à l ’é la b o r a tio n de n o tr e « ê tr e e n
lig n e » . D a n s c e t e s p rit, n o s d iffé re n te s id e n tité s s e ra ie n t a u ta n t d ’é lé
>-
Q.
O m e n ts d is tin c ts m a is s e m b la b le s se s u b o r d o n n a n t à l ’id e n tité p r in c i
U
p a le , a u ta n t de d iffé re n c e s s o u m is e s à la lo g iq u e d u M ê m e . P o u r des
ra is o n s é v id e n te s de r a tio n a lis a t io n e t de s é c u rité , c e tte o p é r a tio n
est ré d u c tr ic e . L a lo g iq u e q u i l ’a n im e est d ’u n e g ra n d e u t i l i t é aussi
b ie n p o u r les p ro fe s s io n n e ls de la c y b e r c r im in a lit é q u e p o u r les
th é ra p e u te s q u i t r a it e n t les p e rs o n n e s s o u f f r a n t d u s y n d r o m e de
p e r s o n n a lité m u lt ip le . L e t r a v a il d u c y b e r c r im in o lo g u e c o n s is te
à r e m o n t e r à l ’id e n t it é c iv ile o r ig in a le d ’u n i n d i v i d u e n s u iv a n t
la tr a c e d e ses m u lt ip l e s id e n t it é s , v r a ie s o u fa u s s e s . C e lu i d u
24 — Cahiers du gerse
th é r a p e u te c o n s is te à fa ir e c o n v e rg e r l ’e n s e m b le des p e r s o n n a lité s
ve rs u n e s e u le de s y n th è s e ; l ’o b je c t if é ta n t to u jo u r s de r e m o n t e r à
la p e rs o n n e q u i se cache d e r r iè r e la m u lt ip lic it é . P e n s e r e n te rm e s
d ’id e n tité ris q u e a lo rs de n o u s fa ir e p e r d r e le sens des m u lt ip lic it é s
e t des s in g u la r it é s . Les s in g u la r it é s n e s o n t pas r é d u c t ib le s a u
s ta tu t de d if fé r e n c e ; les m u lt ip lic it é s n e s a u r a ie n t se r é d u ir e a u x
m a n if e s t a t io n s de l ’u n e t d u M ê m e .
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M au d e Bonen fa n t, M arc M én a rd ,
A n d r é M oN D O ux e t M a x im e O uellet
D é f i n i r P id e n t it é
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O r, c e tte v is io n e s s e n tia lis te de l ’id e n tité a é té la r g e m e n t re m is e e n
>
’c cause e t, p lu s e n c o re d e p u is l ’a v è n e m e n t des te c h n o lo g ie s n u m é
P
P a r t a n t d e ce p r in c ip e p a r a d o x a l, n o u s te n te r o n s de d é f i n i r ce
t ie r s s y m b o lis a n t c o l l e c t i f q u i s’a v è re n o n s e u le m e n t e s s e n tie l
p o u r c o m p r e n d r e la c o m m u n ic a t io n , m a is aussi la c o n s t r u c t io n
id e n tita ir e . E n e ffe t, si ce p ro c e s s u s id e n t it a ir e de l ’in d i v i d u néces
s ite u n e e x t é r io r is a t io n e t u n e re c o n n a is s a n c e q u i p a s s e n t p a r
la c o m m u n ic a t io n avec les a u tre s , n o u s v e r r o n s d a n s ce c h a p itr e
q u e ce tr o is iè m e p ô le d o it ê tre p r is e n c o m p te p o u r c o m p re n d r e
les p ro ce ssu s id e n tita ir e s e n g é n é ra l e t les s p é c ific ité s de l ’id e n tité
U
O) n u m é r iq u e . C e tr o is iè m e p ô le , e n t a n t q u e tie r s s y m b o lis a n t, te n d
X3)
-O
D à se tr a n s f o r m e r a u f u r e t à m e s u re de l ’e x p a n s io n des te c h n o lo g ie s
O '
U n u m é r iq u e s d a n s n o s v ie s q u o tid ie n n e s , p a s s a n t d ’u n e c o n v e n tio n
T3
O A v a n t d ’e n tr e r d a n s le v i f d u s u je t, i l est c e p e n d a n t n é c e s s a ire d ’é ta
rM
b l i r u n e d is t in c t io n im p o r t a n t e e n tr e « t e c h n iq u e » e t « m a c h in e » .
CT A u s e in de la t r a d it io n h e id e g g é rie n n e , la te c h n iq u e j o u i t à la fo is
’s_
>-
Q.
O d ’ u n s t a t u t o n t o lo g i q u e ( c o m m e d é - v o ile m e n t d u m o n d e ) e t
U
d ’u n a s p e c t i n s t r u m e n t a l ( u t i li s a t i o n p a r l ’ h u m a in ) . L a m e n a c e
h e id e g g é r ie n n e a u s u je t de la te c h n iq u e m o d e r n e p r o v ie n t de ce
q u ’a u s e in d e c e tte d o u b le d y n a m iq u e , l ’a s p e c t « o n t o lo g iq u e »
s’im p o s e e t s u b s u m e sa c o n t r e p a r t ie in s t r u m e n t a le d e m a n iè r e
à ce q u e la te c h n iq u e d e v ie n n e u n e f i n e n so i a u d é t r im e n t de
l ’ h u m a in . G i l b e r t S im o n d o n a p a r a ille u r s b ie n e x p lic it é c e tte
t e c h n iq u e « l i v r é e à e lle - m ê m e » o ù la m a c h in e e s t d é s o r m a is
p o rte u s e de l ’o u t il. C ’est la p o s it io n c y b e r n é tiq u e q u i e n v ie n d r a it
à c o n fo n d r e p ro g rè s te c h n iq u e (c ré a tio n ) e t m a c h in is m e ( r é p é t it io n
d u m ê m e ) : « L a m a c h in e q u i est d o u é e d ’u n e h a u te te c h n ic ité est
u n e m a c h in e o u v e r te , e t l ’e n s e m b le des m a c h in e s o u v e rte s su p p o s e
l ’ h o m m e c o m m e o r g a n is a t e u r p e r m a n e n t , c o m m e in t e r p r è t e
v iv a n t des m a c h in e s les u n e s p a r r a p p o r t a u x a u tre s » ( S im o n d o n ,
2 0 0 1 [1 9 5 8 ]: I I ) . N o u s c o n s id é ro n s p o u r n o tr e p a r t le m a c h in is m e
c o m m e u n e te c h n ic ité « f e r m é e » c o n fo r m e à la v is io n c y b e r n é tiq u e
q u i m e t l ’e m p h a s e s u r les d im e n s io n s d ’a u to m a tis a tio n ( r é p é t it io n
d u m ê m e - h o m é o s ta s ie ) e t d ’a u to n o m ie (a y a n t sa p r o p r e té lé o lo g ie ).
L’e n s e m b le de la r é fle x io n q u i s u it s u r l ’id e n tité d o it ê tre c o m p ris
c o m m e u n e c r it iq u e d u m a c h in is m e .
u
O)
-0)
D
O '
C o m m u n ic a t io n e t i d e n t it é
Tu3
E n c o n s id é r a n t l ’id e n tité c o m m e u n c h a m p de d is c o u rs p a r le q u e l
CD
> l ’i n d i v i d u se r e c o n n a î t « id e n t i q u e à lu i- m ê m e » , i l e s t a is é de
’c
p c o m p re n d r e q u e c e tte id e n tité se c o c o n s t r u it a u c o n ta c t des a u tre s :
O)
T3 l ’in d iv id u s’o b je c tiv is e à tra v e rs le re g a rd des a u tre s g râ ce à u n e sé rie
U)
0 )
(/) d ’in s t it u t io n s s o c ia le s - q u i a g is s e n t ic i c o m m e le tr o is iè m e te r m e
10
O)
de la r e la t io n - d o n t la p lu s im p o r t a n t e est c e r ta in e m e n t le la n g a g e .
o
rM
Il n’y a ni comme réalité ni comme fiction cohérente d’individu humain
comme substance a-, extra, ou pré-sociale. Nous ne pouvons concevoir
un individu sans langage, par exemple, et il n’y a de langage que comme
>- création et institution sociale. Cette création et cette institution ne
Q.
o
u peuvent pas être vues, sans ridicule, comme résultant d’une coopération
délibérée des individus - ni d’une addition de réseaux intersubjectifs:
pour qu’il y ait intersubjectivité, il faut qu’il y ait des sujets humains et
la possibilité qu’ils communiquent - autrement dit, des êtres humains
déjà socialisés et un langage qu’ils ne sauraient produire eux-mêmes en
tant qu’individus (un ou plusieurs réseaux intersubjectifs), mais doivent
recevoir de leur socialisation. (Castoriadis, 1996: 222)
28 — Cahiers du gerse
A in s i, la c o m m u n ic a t io n p a r t ic ip e a u p ro c e s s u s de c o n s t r u c t io n
id e n tita ir e . E lle d é f in it le p a rta g e de sens e t l ’é c h a n g e de re p ré s e n ta
>-
Q.
O tio n s p a r le s q u e lle s l ’in d iv id u se r e c o n n a îtr a o u n o n , se d iffé r e n c ie r a
U
o u n o n , p a rta g e ra u n e id e n tité c o m m u n e o u n o n . L a la n g u e , e t p lu s
la r g e m e n t le la n g a g e , fo r m a lis e n t l ’id e n tité p r o d u ite e t r e p r o d u ite
q u o t id ie n n e m e n t c o m m e u n e « p e r f o r m a t iv i t é d e s o i» ja m a is
a ch evée. S’i l y a d if f é r e n c ia t io n d a n s les p ro c e s s u s id e n tita ir e s , i l
(U
E n e ffe t, la f ic t io n n a lis a t io n est u n e s tra té g ie d is c u rs iv e e s s e n tie lle
TD
à l ’id e n t it é p e r m e t t a n t d e s’im a g in e r p o u r p e n s e r les p o s s ib le s ,
s’in v e n te r p o u r d e v e n ir, se r a c o n te r p o u r e n tr e r e n r a p p o r t avec les
a u tre s . I l y a m is e e n r é c it de so i, m a is aussi m is e e n r é c it d u c o lle c tif.
O S e lo n R o g e r O d in (2011), la c o n tr a in te n a r r a tiv e , c ’e s t-à -d ire la m is e
ГМ
O e n i n t r ig u e c o m m e p e r c e p tio n e t o r g a n is a tio n d u m o n d e , est u n e
x:
CT « c o n tr a in te u n iv e r s e lle m e n t p a rta g é e » : to u te s o c ié té se ra c o n te des
>•
CL
O h is to ir e s e t se ra c o n te e n h is to ir e s . C e p ro ce ssu s d ’o b je c tiv a tio n de
U
soi est trè s a p p a re n t p a r l ’usage des T IC a lo rs q u e le g r o u p e s o c ia l
est d é m u lt ip lié , les o c c a s io n s de se m o n t r e r s o n t e x p o n e n tie lle s , les
c o m m u n a u té s s o n t d iv e rs ifié e s , e tc . A u j o u r d ’h u i, o n s’o b je c tiv is e
p lu s q u e ja m a is à tra v e rs des p h o to s , m essages, tiv e e t^ p o sts, b lo g u e s ,
e tc. Se m o n tr e r , c o m m u n iq u e r , p a rta g e r, c ’est e x-iste r, s o r t ir de so i
p o u r ê tre re c o n n u e t se re c o n n a ître u n e id e n tité . P a tric k C h a ra u d e a u
(2 0 0 5 ) a i n t r o d u i t l ’id é e d ’u n im a g in a ir e « s o c io d is c u r s if » p o u r
p a r le r de ces c o n fig u r a tio n s de re p ré s e n ta tio n s q u i s o n t m a té ria lis é e s
30 — Cahiers du gerse
L e t ie r s s y m b o lis a n t
C o m m e l ’a f f ir m e Q u é ré , « la c o m m u n ic a t io n h u m a in e n e se r é d u it
pas à u n a c te d e tr a n s m is s io n de m e ssa ge » (1 9 8 2 : 29), c a r t o u t
é c h a n g e d o it ê tre p e n s é c o m m e r a p p o r t d ’a c tio n m é d ia tis é p a r d u
s y m b o liq u e . Q u é ré e x p liq u e q u e d e u x p la n s s o n t e s s e n tie ls à la
c o m m u n ic a t io n : c e lu i d u m essage, c o m m e c o n te n u de l ’é c h a n g e ,
m a is aussi c e lu i d u m é ta m e s s a g e q u i cré e u n é c a r t p a r r a p p o r t au
m essage. C e m é ta m e s s a g e c o m p r e n d l ’e n s e m b le des signes d é fin is
U
O) s a n t la r e la t io n in te r p e r s o n n e lle : « l ’é c h a n g e s o c ia l se f a it le ré c e p
'CU
D ta c le d ’u n m é ta m e s s a g e q u i le tra n s c e n d e sans le s u r p lo m b e r , q u i le
O '
U p ré c è d e sans c o n s titu e r u n e d é t e r m in a t io n m é c a n iq u e » (ib id . : 32).
T3
'CD
Q u é ré n o m m e « t ie r s s y m b o lis a n t » c e tte in t e r a c t io n s o c ia le q u i
O) m e t e n je u u n tr o is iè m e p ô le à la fo is tr a n s c e n d a n t e t im m a n e n t à
>
'c
P la c o m m u n ic a tio n , c’e s t-à -d ire u n e m é ta c o m m u n ic a tio n n é ce ssa ire
e
u
T3 a u x in te r a c tio n s c o m m u n ic a tio n n e lle s , m a is q u i p r e n d fo r m e lo rs
U)
e
u
ел
(Л des in te r a c tio n s g râ c e a u s y m b o liq u e .
e
u
P o u r d é f in ir le s y m b o liq u e , Q u é ré se ré fè re à H a n s -G e o rg G a d a m e r
O ch e z q u i le s y m b o le re n v o ie à q u e lq u e ch ose a u -d e là de s o i-m ê m e .
ГМ
P lu s p ré c is é m e n t, le s y m b o le r e n v o ie à « u n lie n e n tr e le v is ib le
CT e t l ’i n v is ib le » (G a d a m e r, 1996 [ i9 6 0 ] : 91) e n fa is a n t c o ïn c id e r le
>-
Cl
O « s e n s ib le e t ce q u i n e l ’est pas » (ib id . : 92). Le s y m b o le p e r m e t « a u x
U
m e m b re s d ’u n e c o m m u n a u té de se r e c o n n a ît r e » (ib id . : 9 0 ), c a r ce
lie n n ’est pas a lé a to ire , m a is est p lu t ô t s itu é s o c io h is to r iq u e m e n t.
I l re n v o ie à l ’im a g e q u e l ’o n se f a it d ’u n r a p p o r t a r b it r a ir e e n tr e le
« s e n s ib le e t ce q u i n e l ’est p a s » e n p r o d u is a n t u n e u n it é de sens
p o u r les in te r lo c u te u r s . P o u r G a d a m e r, le s y m b o le est p lu s q u ’u n
sig n e , c a r n o n s e u le m e n t i l a tte s te d ’u n e « a p p a r te n a n c e c o m m u n e »
e n tre des m e m b re s d ’u n e c o m m u n a u té , m a is i l e n « f a it la p re u v e e t
la re p ré se n te d ’u n e m a n iè re v is ib le » (ib id . : 172). I l y a « in s t it u t io n » d u
M. BoNENFANT, M. MÉNARD, A. MoNDOUXet M. OuELLET— De l’identité — 31
s y m b o le , c a r « ce n ’est pas s o n c o n te n u o n to lo g iq u e q u i l u i c o n fè r e
sa s ig n ific a tio n », m a is b ie n u n e c o n v e n tio n : « P a r in s t it u t io n , n o u s
e n te n d o n s l ’o r ig in e de l ’a d o p tio n d u s ig n e o u de la f o n c t io n s y m b o
liq u e » (ib id . : 173). E n ce sens, l ’i n s t it u t i o n s y m b o liq u e est le p a rta g e
d ’u n e g r ille c o m m u n e p a r la q u e lle n o u s p o u v o n s c o m p r e n d r e le
m o n d e : to u te c o m m u n ic a t io n e t d o n c to u te c o n s tr u c tio n id e n t i
ta ir e p a s s e n t p a r ce tie r s s y m b o lis a n t. C e d e r n ie r r e n d p ré s e n te ,
p o s s ib le e t v is ib le l ’a p p a rte n a n c e c o m m u n e e n tr e des in d iv id u s .
C e r a p p o r t passe p a r ce tr o is iè m e p ô le , à la fo is im m a n e n t a u x
in t e r a c t io n s in d iv id u e lle s e t tr a n s c e n d a n t to u t e c o m m u n ic a t io n
h u m a in e , e t d e v ie n t u n e ré fé re n c e c o m m u n e p o s s ib le a f in d ’u n i r
des i n t e r lo c u t e u r s : « L ’i n t e r a c t io n s o c ia le m e t n é c e s s a ir e m e n t
e n je u u n “ tie r s s y m b o lis a n t” , le p ô le e x té r ie u r d ’u n n e u tr e , q u i,
n ’é ta n t n i ( p o u r ) l ’u n , n i ( p o u r ) l ’a u tre , e t o c c u p a n t u n e p o s itio n de
ré fé re n c e p o s s ib le p o u r l ’u n e t p o u r l ’a u tre , les c o n jo in t d a n s le u rs
d iffé re n c e s » (Q u é ré , 1982: 33). C e p e n d a n t, ce « n e u tr e q u i fo n d e la
c o m m u n ic a t io n est n o n pas u n d o n n é , m a is u n c o n s t r u it » (id e m ) :
U
O) si le tie r s s y m b o lis a n t re p ré s e n te u n « d é jà - là » , i l n ’est pas d é t e r m i
JD
'O) n is te . I l y a c o n s ta n te n é g o c ia tio n s o c ia le des te rm e s q u i le m e t t e n t
U
(y
U e n fo r m e g râ c e à l ’a c tiv ité c o m m u n ic a tio n n e lle . I l est u n p r o d u it
T3
(5) « a u t r e e x té r ie u r » , ja m a is fix e o u u n iv o q u e , e n c o n s ta n te n é g o c ia
O) t io n , m a is q u i p r e n d fo r m e d a n s des « d is p o s itifs d ’o b je c t iv a t io n »
>-
Cl
O s o c io h is to r iq u e s q u i s e rv e n t de r é fle x iv ité à la c o m m u n ic a t io n e t
U
la r e n d e n t p o s s ib le . Si le tie r s s y m b o lis a n t possède u n e o b je c tiv ité ,
i l n ’est pas « o b je c t if » c o m m e les o b je ts de la n a tu r e , c a r i l est « le
p r o d u it d ’u n e a c tiv ité s o c ia le d ’a u t o - in s t it u t io n » (Q u é ré , 1982: 4 0 ).
32 — Cahiers du gerse
T ie r s s y m b o lis a n t e t id e n t i t é
u n e ré fé re n c e p o s s ib le e t c o m m u n e p o u r les in te r lo c u te u r s . E n ce
O) sens, l ’id e n tité c o lle c tiv e n ’est pas la s o m m e des id e n tité s in d iv id u e lle s ,
>
'c
P m a is b ie n ce processus (en d e v e n ir) de t r ia n g u la t io n p a s s a n t p a r le
CL)
X> tie rs s y m b o liq u e n é g o c ié c o lle c tiv e m e n t.
in
CL)
C/)
CO
eu
O r, « le p ro c è s de d é t e r m in a t io n d u tie r s s y m b o lis a n t ( s tr u c tu r e s e t
re p ré s e n ta tio n s q u i d é t e r m in e n t la s o c ia b ilité ) m e t n é c e s s a ire m e n t
O e n je u des r a p p o r ts de p o u v o ir , le p r o p r e d u p o u v o ir é ta n t d ’a g ir s u r
(N
C e tte id é e d u p o u v o ir e n t a n t q u e m a n if e s t a t io n d ’u n r a p p o r t f a it
é c h o a u x tr a v a u x de M ic h e l F o u c a u lt p o u r q u i i l n ’y a de p o u v o ir
q u ’e xe rcé p a r les u n s s u r les a u tre s , p u is q u e le p o u v o ir n ’e x is te q u ’en
a cte (1994 [1982] : 1055) e t « n e s’exe rce q u e s u r des “ s u je ts lib r e s ” e t en
M. BoNENFANT, M. MÉNARD, A. MoNDOUXet M. OuELLET— Dc l’identité — 33
À p lu s ie u r s é g a rd s , les te c h n o lo g ie s n u m é r iq u e s c é lè b r e n t c e tte
é m a n c ip a tio n in d iv id u e lle (e m p o w e rm e n t), e n m e t t a n t l ’e m p h a s e
s u r le p r im a t de l ’i n d i v i d u q u i p e u t « f a ir e ce q u ’i l v e u t » - d ’o ù
l ’é m e rg e n c e de l ’h y p e r in d iv id u a lis m e , s o it c e tte te n d a n c e à v o u lo ir
U
0) s’é m a n c ip e r des g ra n d e s a u to r it é s m o r a le s , d is c ip lin a ir e s , i n s t i
JD
-O) t u t io n n e lle s e t id é o lo g iq u e s ( M o n d o u x , 2011, 2012). L ib é r é de la
a
U t r a d it io n , l ’h y p e r in d iv id u est d o n c o u v e r t à des r e c o n f ig u r a tio n s
T3
'CD
id e n tita ir e s o ù p r é d o m in e la v e llé ité de s’a u t o d é f in ir c o m p lè te m e n t.
CD
> D a n s ce c o n te x te o ù i l fa u t q u e l ’id e n tité s o it d a v a n ta g e c o n s tr u it e
’c
P (d o n c a ffic h é e e t d iffu s é e ) q u e s o c ia le m e n t re ç u e ( c o m m e le d i t
e
u C a s to ria d is ), l ’h y p e r in d iv id u s’a u to - e x p r im e a fin d ’a d v e n ir « p o u r
T3
U)
e
u
e/)
e t p a r lu i- m ê m e » . C e tte d y n a m iq u e est p a r t ic u liè r e m e n t p ré s e n te
(/1
e
u a u s e in des m é d ia s s o c io n u m é r iq u e s o ù a b o n d e n t les p r a tiq u e s
d ’e x p re s s io n s id e n t it a ir e s e t d e p e r s o n n a lis a t io n a in s i q u e to u s
O
(N
les p h é n o m è n e s « d ’a u to v e d e tta r ia t» , d ’e x p e rts « a u to p r o c la m é s » ,
e tc. L’id e n tité s e m b le d é s o rm a is c o n s tr u it e d a n s u n r a p p o r t in t e r
CT
>- s u b je c t if d ir e c t , sans m é d ia tio n s y m b o liq u e e x p lic ite p a s s a n t p a r
Cl
O u n tie rs , g râ c e à u n e m a c h in e in f o r m a t iq u e po sée c o m m e n e u tr e ,
U
o b je c tiv a n te e t f a c ilit a n t l ’a u to -e x p re s s io n g râ c e à l ’é m e rg e n c e de
n o u v e lle s m o d a lité s d ’e x p re s s io n e t de d if fu s io n .
D e P id e n t it é à P id e n t if î c a t io n
O r, c e tte te c h n iq u e n u m é r iq u e tr a n s fo r m e le r a p p o r t à so i, e n tre
a u tre s p a r l ’in t r o d u c t io n d ’u n e v a r ia b le d e v e n u e e x p o n e n tie lle : c e lle
des tra ce s. D a n s l ’u n iv e r s n u m é r iq u e , « o n n e p e u t p lu s n e pas la is s e r
M. BoNENFANT, M. MÉNARD, A. MoNDOUXct M. OuELLET— De l’identité — 35
C e tte a u t o n o m is a t io n i n f o r m a t iq u e d e l ’i d e n t i f i c a t i o n p r e n d le
n o m de « p r o f il » , o ù c e lu i- c i est e n te n d u c o m m e le r é s u lta t d ’u n e
r e c h e r c h e d ’i n f o r m a t io n s d o n t les c r itè r e s s o n t p r é d é t e r m in é s
a v a n t le t r a it e m e n t des d o n n é e s . E n d ’a u tre s m o ts , des « r è g le s » ,
« c o n s ig n e s » , « b a lis e s » s o n t p r é é ta b lie s a v a n t le t r a it e m e n t des
in f o r m a t io n s re la tiv e s à u n in d iv id u e t c h a q u e d o n n é e p r o d u ite p a r
ce d e r n ie r sera a u to m a tiq u e m e n t tr a ité e à tra v e rs c e tte « g r i l l e de
le c t u r e » p o u r p r o d u ir e u n e ré p o n s e : le p r o fila g e de c e t in d iv id u
( M o n d o u x , 2 0 ii) . I l e x is te d o n c u n e m u lt it u d e de p r o fils p o u r u n
m ê m e in d iv id u , c a r les o b je c tifs , e t d o n c la g r il l e de le c tu r e p a r
la q u e lle les d o n n é e s s e ro n t tra ité e s , d iflfè r e n t d ’u n e p la te fo r m e à
l ’a u tre . Les id e n tific a tio n s se m u l t i p l i e n t à m e s u re q u e d iffé r e n ts
p r o fils d u m ê m e c o n s o m m a te u r s’a c c u m u le n t d a n s d iffé re n te s bases
de d o n n é e s ( Z w ic k e t D h o la k ia , 2 0 0 4 : 33).
U
O)
JD A u fin a l, l ’in d i v i d u s’e ffa ce a u p r o f it de ce p r o fila g e p a r le q u e l o n l u i
'(V
3
O ' r e c o n n a ît a u to m a tiq u e m e n t des p r o fils d o n t l ’id e n t if ic a t io n est de
U
T3
'CD
p lu s e n p lu s p ré c is e . L a g r ille n ’est d o n c p lu s c o m m u n e , c o lle c tiv e
e t in s c r ite d a n s l ’i n s t it u t i o n s y m b o liq u e , m a is p lu t ô t d é fin ie p a r
CD
>
’c des a c te u rs o r g a n is a tio n n e ls , d o n t b ie n s û r les e n tre p ris e s p riv é e s ,
P
e
u
m o rc e lé e s e t à b u t l u c r a t i f
T3
U)
e
u
e/)
(/1
e
u C a p it a lis e r F id e n t if î c a t io n
O Le d a n g e r q u i a c o u rs d e p u is lo n g te m p s d é jà e t q u i d e v ie n t e x p o
rM
(5) n e n t ie l est u n e c a p ita lis a tio n d u p r o f il, c ’e s t-à -d ire u n e m a r c h a n
d is a tio n de s o n id e n tific a tio n . E n e ffe t, les d o n n é e s ré c u p é ré e s p a r
>- le s y s tè m e m a r c h a n d d e v ie n n e n t m o n n a y a b le s c o m m e n ’im p o r t e
Q.
O
U q u e lle a u tre re s s o u rc e o u b ie n de c o n s o m m a tio n . U n e n s e m b le de
p ro ce ssu s, te ls q u e les systèm es de r e c o m m a n d a tio n e t le m a r k e tin g ,
p r o f it e n t de ce p r o fila g e p o u r a u g m e n te r e t a c c é lé re r la c o n s o m
m a tio n ( M é n a r d , 2014). O r, c o n fo r m é m e n t a u n é o lib é r a lis m e o ù le
c o n s o m m a te u r p r o d u it sa p r o p r e s a tis fa c tio n d a n s l ’a cte de c o n s o m
m a tio n (B e c k e r, 1964), l ’i n d iv id u e n v ie n t d é s o rm a is à se r e c o n n a îtr e
à tra v e rs sa p r o p r e c o n s o m m a tio n .
M. BoNENFANT, M. MÉNARD, A. MoNDOUXet M. OuELLET— De l’identité — 37
E n e ffe t, d a n s le c o n te x te d u p r o fila g e in f o r m a t iq u e a u x v is é e s
m e r c a n tile s , l ’i n d i v i d u n e se r e c o n n a î t p lu s « e x c lu s iv e m e n t » à
tra v e rs le r e g a r d des a u tre s d a n s u n r a p p o r t c o m m u n ic a t io n n e l
p a s s a n t p a r u n tie r s s y m b o lis a n t c o lle c tif, m a is p lu t ô t à tra v e rs des
v a le u r s in s c r ite s d a n s la m é d ia t io n te c h n iq u e e t se m a n if e s t a n t
p a r des c ritè re s d é te r m in é s e n a m o n t p a r des e n tre p ris e s q u i d é fi
n is s e n t les te rm e s d u p r o f il. I l n ’y a p o u r t a n t pas n é c e s s a ire m e n t
de lie n e n tr e l ’id e n t if ic a t io n e t l ’id e n tité de l ’in d iv id u . P lu s e n c o re ,
u n d é ca la g e i m p o r t a n t p e u t ê tre fo r m a lis é e n tre ce q u e l ’in d iv id u
r e c o n n a ît de lu i- m ê m e e t ce q u e l ’id e n tific a tio n , c o m m e r é s u lta t,
r e c o n n a ît de l ’in d iv id u .
P o u r t a n t , d a n s ce c o n te x te p ré c is , ce d é c a la g e , a u lie u d ’ê tre u n
« p r o b lè m e » , est u n e v a r ia b le in s ig n if ia n t e p u is q u e l ’id e n t it é de
l ’in d i v i d u n ’i n t e r v ie n t pas n é c e s s a ire m e n t s u r le r é s u lta t de l ’id e n
t if ic a t io n . S eules l ’e ffic a c ité des c ritè re s d é fin is e n a m o n t a in s i q u e
la c o lle c te e t l ’a n a ly s e d ’in f o r m a t io n s les p lu s fru c tu e u s e s p o s s ib le
in f lu e n c e r o n t le c o e ffic ie n t de ré u s s ite .
U
O)
'CU
The consumer becomes a blended (or, in some cases,fractured) digital simulation
D whose “nature” depends on the composition of the databases. There are now as
a
Zi
XJ many identities per “real” consumer as there are database representations of
him or her. The real power of CRM [Consumer relationship management] and
O) database marketing is not to get as close as possible to the real customer but to
>
'c
P constitute an individualized, measurable, and comparable customer as a series
OJ
T3 of digital representations. (Zwick et Dholakia, 2 0 0 4 : 37-38 )
U)
e
u
C/J
(/)
(U E n d ’a u tre s m o ts , p o u r v u q u e les c a lc u ls a s s o c ia n t ce p r o f i l avec ce
b e s o in s o ie n t e ffica ce s p o u r « a g i r » de fa ç o n à p r o v o q u e r l ’a c h a t,
O l ’id e n t if ic a t io n est p e r tin e n te , ju s te e t e n a d é q u a tio n , c’e s t-à -d ire ,
(N
O sans d é ca la g e p a r r a p p o r t à ce q u e l ’in d i v i d u r e c o n n a ît de lu i- m ê m e .
x:
DJ L a p e r tin e n c e de l ’id e n t if ic a t io n re lè v e de la c a p a c ité à p e r s o n n a lis e r
>-
CL
O l ’o ffr e de b ie n s e t s e rv ic e s o u de c ib le r p ré c is é m e n t la p u b lic it é p o u r
U
q u e l ’in d iv id u s’y re c o n n a is s e ; e n d ’a u tre s m o ts , i l s’a g it d ’id e n t if ie r
a u to m a t iq u e m e n t les « b o n n e s » c ib le s , s o it c e lle s q u i a c h è te ro n t
e ffe c tiv e m e n t le b ie n o u le s e rv ic e . C e tte a u to n o m is a tio n d u p r o f i
la g e e t de l ’id e n t if ic a t io n p ro c è d e d ’u n e d é s a ffe c ta tio n de l ’in d i v i d u
p u is q u e les a ffe c ts , p a r le s q u e ls n o u s ju g e o n s de la v a le u r de ce q u i
n o u s e n to u re , s o n t évacués des d o n n é e s tra ité e s p a r p r o g r a m m a tio n .
38 — Cahiers du gerse
L ’i d e n t i f i c a t i o n e st a lo r s lit t é r a le m e n t d é s a ffe c té e p u is q u e , p e u
im p o r t e l ’in d iv id u , u n p r o f il, o u p lu t ô t des p r o fils l u i s o n t asso
ciés. I l y a c r is ta llis a t io n de d o n n é e s sans id e n tité , c a r i l n ’y a p lu s
de r a p p o r ts c o ll e c t i f e t s y m b o liq u e p a r le s q u e ls n o u s p o u r r io n s
e x p lic it e m e n t n o u s r e c o n n a ît r e e t q u e n o u s p o u r r io n s n é g o c ie r.
N o u s c é d o n s à l ’a u to m a tis a tio n in f o r m a t iq u e n o tr e id e n t if ic a t io n
a lo rs q u e l ’in d i v i d u n ’est p lu s n é c e s s a ire d a n s ce s y s tè m e : s e u le la
p u ls io n - de l ’a c h a t - im p o r te . A n t o in e t t e R o u v r o y e t T h o m a s B e rn s
e x p liq u e n t : « C ’est d o n c de p r o d u ir e d u passage à l ’a cte sans fo r m a
t io n n i f o r m u la t io n de d é s ir q u ’i l s’a g it » (2 0 1 3 : 177). Les a u te u rs
a jo u te n t q u e n o u s s e m b lo n s « de ce f a it s ig n e r l ’a b o u tis s e m e n t d ’u n
p ro c e s s u s de d is s ip a tio n des c o n d it io n s s p a tia le s , te m p o r e lle s e t
la n g a g iè re s de la s u b je c tiv a tio n e t de l ’in d iv id u a t io n a u p r o f it d ’u n e
r é g u la tio n o b je c tiv e , o p é r a tio n n e lle des c o n d u ite s p o s s ib le s » (id e m ).
U
O) I l y a a lo rs o b je c tiv a tio n de so i g râ c e à u n tr o is iè m e p ô le q u i est de
X3)
-O
D m o in s e n m o in s u n tie r s s y m b o liq u e c o lle c t if e t de p lu s e n p lu s u n e
O '
U m é d ia tio n s y m b o liq u e a u d e v e n ir m a c h in iq u e .
T3
CD
> C é lé b r e r la t r a n s p a r e n c e
’c
P
O) U n e des v a le u rs p riv ilé g ié e s e t m is e s de l ’a v a n t est la « tra n s p a re n c e »
T3
U) id e n t it a ir e p e r m e t t a n t u n e in t e r s u b je c tiv it é e n a p p a re n c e d ir e c te
O
1)
Л
(Л (d o n c sans tie r s s y m b o liq u e c o lle c tif) . E n e ffe t, i l e x is te d iffé r e n ts
O)
lie u x o ù s’e x p r im e l ’id e n t it é , m a is l ’o n o b s e rv e u n e r e d é f in it io n
O des espaces in tim e s , p riv é s e t p u b lic s d a n s les espaces n u m é r iq u e s .
ГМ
n é o lib é r a l, u n e c o m m u n ic a t io n h o n n ê te est d o n c u n e c o m m u n i
c a tio n d ir e c te e t tr a n s p a r e n te o ù , e n tr e so i e t l ’a u tre , n ’in t e r v ie n t
q u ’u n e m é d ia t io n m a c h in iq u e , u n t ie r s p ré s e n té c o m m e é t a n t
e s s e n tie lle m e n t p ro c e s s u e l, d o n c n e u tr e .
T3
eu
G o o g le , les e x p lo it e n t . P o u r Q u é ré , c e t a p p e l à la tr a n s p a r e n c e
est u n s y m p tô m e « d ’u n e n o u v e lle s t r u c t u r e de l ’espace p u b lic »
(1982: 45) o ù , à la s u ite de J ü rg e n H a b e rm a s , n o u s p o u v o n s a f f ir m e r
q u e l ’é c o n o m iq u e a r e m p la c é le p o lit iq u e . D é s o r m a is , to u s les
O
fM d is c o u rs , d u p o lit iq u e a u p e rs o n n e l e n p a s s a n t p a r le m a r k e t in g o ù
®
x:
DJ
>-
O.
O
U
4. C f <http://nation.foxnews.com/2013/06/10/must-see-flashback-video-
google-ceo-privacy-2009-if-you-have-something-you-dont-want> (en ligne ;
dernière consultation le 19 février 2014) et <http://www.huffîngtonpost.
com/2009/i2/o7/google-ceo-on-privacy-if_n_383i05.html> (en ligne ;
dernière consultation le 19 février 2014).
40 — Cahiers du gerse
CL)
je u à l ’a u tre . A lo r s q u e des a v a ta rs p e u v e n t ê tre in v e n té s , le jo u e u r
T3
СЛ est a p p e lé à re p re n d r e s o u v e n t le m ê m e p s e u d o n y m e p o u r s’id e n
CL)
СЛ
(Л t i f i e r d a n s les je u x . Les r a p p o r ts avec la c o m m u n a u té des jo u e u r s
CL)
d e v ie n n e n t c o n s t i t u t i f s d e s o n i d e n t it é d e j o u e u r p u is q u ’i l e st
O r e c o n n u c o m m e te l. L a p la te fo r m e S te a m , la r g e m e n t u tilis é e p a r les
CN
D ’a ille u r s , F a c e b o o k , p a r l ’o r g a n is a tio n de la p la te fo r m e e t l ’e x p a n
s io n de s o n u sa g e d a n s p lu s ie u r s a u tre s p la te fo r m e s , a jo u é u n
g r a n d r ô le d a n s c e tte c o n s o lid a tio n de l ’id e n t if ic a t io n n u m é r iq u e
u n iq u e : t o u t e s t f a i t p o u r q u e l ’id e n t it é d e l ’u s a g e r n e s o it pas
« fa u s s e » , p a r e x e m p le avec le c r o is e m e n t des in f o r m a t io n s s u r les
p r o fils des a u tre s usagers « a m is » . D e la m ê m e m a n iè r e , L in k e d in
e n c o u ra g e le c r o is e m e n t des d o n n é e s e n p e r m e t t a n t l ’in t e r v e n t io n
des a u tre s s u r s o n p r o f i l p o u r v a lid e r les in f o r m a t io n s e t a in s i
g a r a n t ir u n e c e r ta in e « tr a n s p a r e n c e » . G o o g le fa v o ris e a ussi u n
s e u l p r o f i l p o u r ses d iffé r e n ts se rv ic e s , c o m m e si l ’id e n tité u n iq u e
(s in g le id e n tity ) é ta it u n gage d ’a u th e n tic ité e t q u ’i l f a l la i t p a r to u s
les m o y e n s é lim in e r les id e n tité s m u lt ip le s - ce q u i n o u s r a m è n e à
u n e v is io n e s s e n tia lis te de l ’id e n tité (V a n Z o o n e n , 2013). C e tte v is é e
e s s e n tia lis te , p r in c ip a le m e n t basée s u r la b io lo g ie , s tr u c tu r e e n c o re
U
O) la r g e m e n t l ’id é e d ’id e n tité « v r a ie » . P o u r c e tte ra is o n , u n e n s e m b le
JD
-O) de te c h n o lo g ie s b io m é tr iq u e s se b a s e n t s u r le c o rp s c o m m e u n it é
a
z¡ s u b s ta n tia lis te p o u r v a lid e r n o tr e id e n t it é : « O u r bodies a re th o u g h t
■a
to p ro v id e a n o b je c tiv e a n d v e rifia b le source o f tr u th a b o u t o u r id e n titie s ,
O) m o tiv a tio n s a n d in te n tio n s a n d these te ch n o lo g ie s g iv e access to these
>
'c
p “ t r u th s ” » ( M a r t i n e t W h it le y , 2013). L a b io m é t r ie e st d ’a ille u r s
cu
T3 a p p e lé e à p r e n d r e de p lu s e n p lu s d ’im p o r t a n c e d a n s les d iv e rs
(/)
cu
C /) systè m e s de re c o n n a is s a n c e des in d iv id u s e t ce ty p e de te c h n o lo g ie
10
cu
d e v ie n d r a g a r a n t de n o tr e « v r a ie » id e n tité .
o
rM
E n ce sens, la v a le u r associée a u x r e p ré s e n ta tio n s é v o lu e e t là o ù l ’o n
c r o y a it a u x id e n tité s m u lt ip le s e t a u x tr o m p e r ie s , a p p a ra is s e n t des
OI te c h n o lo g ie s e t des p ra tiq u e s c o m m u n e s e t n o rm a lis é e s d ’u n e id e n
>-
Q.
o
t it é e n lig n e u n iq u e e t r e c o n n u e q u i s e m b le a s s u re r u n e p lu s g ra n d e
u
« a u th e n tic ité ». O r, Q u é ré d is tin g u e , à ju s te t it r e , la p ré s e n ta tio n de
soi de la p e r s o n n a lité : c e t a p p e l à la tra n s p a re n c e e t l ’a u th e n tic ité ,
n é ce ssa ire p o u r les r a p p o r ts s o c ia u x , re lè v e d u p r e m ie r , a lo rs q u e
l ’o n o b s e rv e d é s o rm a is u n e c o n fu s io n avec le s e c o n d . D ’u n e p ré s e n
t a t io n de so i tr a n s p a r e n te e n a d é q u a tio n avec les e x ig e n c e s s o cia le s
e t n o r m a tiv e s , n o u s p a ssons à u n e « p e r s o n n a lité tr a n s p a r e n te » o ù
42 — Cahiers du gerse
le p r iv é d e v ie n t p u b lic . D i t a u tr e m e n t, n o u s s o m m e s e n t r a i n de
c o n fo n d r e l ’id e n t if ic a t io n c o m m e p r é s e n ta tio n de so i avec l ’id e n tité
de n o tr e p e r s o n n a lité .
S’a d a p t e r à s o n i d e n t i f i c a t i o n e t se r e c o n n a î t r e
A in s i, le p lu s g r a n d r is q u e e s t de c o n s id é r e r s o n i d e n t i f i c a t i o n
c o m m e é ta n t s o n id e n tité a lo rs q u e l ’in d i v i d u lu i- m ê m e o b je c tiv is e
le r é s u lta t m a c h in iq u e d u t r a it e m e n t de ses d o n n é e s n u m é r iq u e s
a f in de se r e c o n n a ît r e s o i-m ê m e . L a t e n t a t io n d e c o n s id é r e r les
sig n e s de l ’id e n t if ic a t io n a u to m a tis é e c o m m e les sign e s de so i est
g ra n d e p u is q u e les p r o fils d e v ie n n e n t de p lu s e n p lu s p ré c is e t les
o u tils , de p lu s e n p lu s n o m b r e u x . L a p e r s o n n a lis a tio n des p la te
fo rm e s s e m b le r é p o n d r e à n o tr e p e r s o n n a lité e t n o u s n o u s re c o n
n a is s o n s de p lu s e n p lu s d a n s « l ’im a g e » q u i n o u s est re n v o y é e .
S e lo n la v is é e m a rc h a n d e , l ’id é a l s e ra it a lo rs q u e l ’id e n tité s o it e n
a d é q u a tio n p a r fa ite avec l ’id e n t if ic a t io n , n o n pas e n « d é c o u v r a n t »
l ’id e n tité p a r la q u e lle l ’i n d i v i d u se r e c o n n a ît (te l q u e m e n tio n n é
U
(U
JD p ré c é d e m m e n t, ce fa c te u r n ’a a u c u n e im p o r ta n c e ) , m a is p lu t ô t en
'(V
O P o u r r é u s s ir à r é a lis e r a ve c le p lu s d e p r é c is io n p o s s ib le c e tte
rM
« p r o p h é t ie a u t o r é a lis a n t e » (o ù l ’i n d i v i d u c o n s o m m e e ffe c t iv e
03 m e n t ce q u ’o n a p r o f i l é d e l u i ) , i l f a u t d é v e lo p p e r des c a lc u ls
’s_
>-
Q.
O in f o r m a t iq u e s p lu s p e r fo r m a n ts e t a u g m e n te r la q u a n t it é d ’i n f o r
U
m a tio n s ( p e r t in e n te s ) p o u r l ’i d e n t if ic a t io n . P o u r a c c u m u le r ces
in f o r m a t io n s , au m o in s d e u x fa c te u rs s o n t à id e n t if ie r : la tr a ç a b ilité
de l ’ i n d i v i d u e t l ’e x p re s s io n de s o i. L ’e x p re s s io n de s o i, v a lo r is é e
d e p u is le « W e b 2 .0 » , d e v ie n t u n m o d e de r a p p o r t a u x a u tre s q u i
est n o r m a lis é a lo rs q u e la s u r v e illa n c e e t la m is e à j o u r de sa v ie
p riv é e d e v ie n n e n t b a n a lis é e s - e x a c te m e n t c o m m e le d é m o n tr e le
d ir e c t e u r g é n é ra l de G o o g le . C e tte e x p o s itio n de s o i n é c e s s a ire à
M. BoNENFANT, M. MÉNARD, A. MoNDOUXct M. OuELLET— De l’identité —43
P lu s e n c o re , la d is t in c t io n a u p a ra v a n t te n u e e n tr e « m o n d e v i r t u e l »
e t « m o n d e r é e l» est de m o in s e n m o in s v a la b le , n o n s e u le m e n t
s u r le p la n th é o r iq u e , m a is aussi s u r le p la n p r a tiq u e a lo rs q u e les
p ra tiq u e s q u o tid ie n n e s in t è g r e n t de p lu s en p lu s les a c tiv ité s « e n
lig n e » d a n s le « h o r s - lig n e » e t v ic e ve rs a . O n c o m m u n iq u e p a r
te x to s , c o u r r ie l, e n face à face avec ses p ro c h e s , ses c o llè g u e s , etc.
O n s e m b le sans cesse « d is p o s é » à c o m m u n iq u e r , la b o îte de ré c e p
t io n é ta n t to u jo u r s o u v e r te e t le c e llu la ir e s o u v e n t a llu m é lo rs de
re n c o n tre s a m ic a le s , a u tr a v a il, d a n s les tr a n s p o r ts , e tc. G râ c e à u n e
p a n o p lie d ’a p p lic a tio n s , o n m u lt ip l ie les o c c a s io n s de se c ro is e r e n
id e n t if ia n t , e n te m p s ré e l, n o s a c tiv ité s . O n est p ré s e n t s u r p lu s ie u rs
U
O) m é d ia s s o c io n u m é r iq u e s a lo rs q u e n o u s v a q u o n s à n o s a c tiv ité s
JD
-O) q u o tid ie n n e s . L a c o m m u n ic a t io n est d o n c o m n ip r é s e n te e t le « e n
a
Di lig n e » e t « h o r s - lig n e » n e s o n t p lu s des fr o n tiè r e s , m a is des m o d e s
XJ
C e tte a d a p t a t io n d e l ’i n d i v i d u à u n e id e n t i t é « in f o r m a t i s é e »
tr o u v e u n é c h o p a r f a it d a n s le m o u v e m e n t, e n f o r t e c ro is s a n c e ,
de la q u a n t if ic a t io n de so i (q u a n tijïe d s e lf). L a q u a n t if ic a t io n de soi
est la te n d a n c e q u i c o n s is te à « t e n i r u n jo u r n a l de sa v ie » ( life lo g )
à tra v e rs u n e r e p ré s e n ta tio n m a th é m a tiq u e o ù to u te s les fa c e tte s
de l ’in d i v i d u s o n t q u a n tifié e s (S w a n , 2 0 1 3 ; P h a ra b o d e t a l , 2 0 13 ;
A r r u a b a r r e n a e t Q u e ttie r , 2 0 13 ; W h its o n , 2 0 13 ; Y o u n g , 2012). L a
te n d a n c e a c tu e lle est à la q u a n t if ic a t io n de so i d a n s le d o m a in e de
la sa n té o ù , g râ c e à des c a p te u rs a in s i q u ’a u p a rta g e d ’in f o r m a t io n s
p a r l ’i n d iv id u , o n e n r e g is tr e u n e n s e m b le de p a r a m è tr e s lié s a u
c o r p s : p u ls a tio n , te m p é r a t u r e , h e u re s de s o m m e il, c a lo rie s , e tc .
O u tr e c e tte a p p lic a tio n trè s p o p u la ir e e n s a n té , la q u a n t if ic a t io n de
soi s’a p p liq u e p lu s la r g e m e n t a lo rs q u e s o n t aussi c a lc u lé s le n o m b r e
d ’« a m is » , le te m p s passé s u r u n e p la te fo r m e , la d is ta n c e e t le t r a je t
U
0) p a rc o u ru s , la q u a n t it é d ’é m is s io n s de gaz à e ffe t de s e rre p r o d u ite ,
JD
-O) e tc . À b ie n des é g a rd s , ces p r a tiq u e s i l l u s t r e n t la n u m é r is a t io n
a
Di d u m o n d e s e n s ib le e t n e s o n t pas sans é v o q u e r ce q u e H e id e g g e r
XJ
e n te n d a it p a r la te c h n iq u e m o d e r n e .
O)
>
'c A u m o m e n t o ù l ’in d i v i d u se r e c o n n a ît de p lu s e n p lu s d a n s c e tte
P
r e p ré s e n ta tio n de so i, p ré s e n té e c o m m e u n e « t e c h n iq u e de s o i»
OJ
T3
U) a u to r é fle x iv e e t in s t r u m e n t a le , l ’id e n t if ic a t io n q u a n t if ié e est de
e
u
C /J
(/J
(U
p lu s e n p lu s c o n s id é ré e e t é v a lu é e c o m m e u n r a p p o r t id e n tita ir e .
D e la q u a n t if ic a t io n de so i n o u s p a sso n s à u n e id e n t it é c a lc u lé e
O (G eorges, 2010) p a r la q u e lle l ’in d iv id u se re c o n n a ît lu i-m ê m e e t te n d
(N
R o u v r o y e t B e rn s (2013) q u i d é m o n tr e b ie n les ro u a g e s de l ’é va
c u a t io n de la s u b je c tiv ité d a n s le t r a it e m e n t a lg o r it h m iq u e des
d o n n é e s . O n se base d é s o rm a is s u r l ’e n s e m b le de ces te c h n o lo g ie s
p o u r « s e c o n n a î t r e » e t, p a r la s u ite , se fa ir e r e c o n n a îtr e a u x y e u x
des a u tre s a lo rs q u e l ’in t e r s u b je c tiv it é passe m a in t e n a n t à tra v e rs
c e tte m é d ia t io n s y m b o liq u e m a c h in iq u e p ré s e n té e c o m m e p lu s
« v r a ie » e t tr a n s p a r e n te - p a rc e q u ’« o b je c tiv e » - a u c o n tr a ir e d u
tie rs s y m b o lis a n t c o lle c tif.
D e la d é t é r io r a t i o n d u t ie r s s y m b o lis a n t c o l l e c t i f
à la m é d ia t io n s y m b o liq u e m a c h in iq u e
C e p e n d a n t, a u c o n tr a ir e de l ’id é e la r g e m e n t p r o m u e d ’u n e te c h n iq u e
n e u tre , t o u t a p p a re illa g e est u n v e c te u r s o c io h is to r iq u e tra v e rs é de
je u x de p o u v o ir e t p ré s e n te u n e g r ille de le c tu r e p o u r fa ir e l ’e x p é
rie n c e de so i, des a u tre s e t d u m o n d e . O r, l ’h is t o r ic it é de l ’é c h a n g e
s o c ia l passe p lu s q u e ja m a is à tra v e rs u n e v is io n p a r t ic u liè r e de la
te c h n iq u e - le v e c te u r m a c h in iq u e - e t, m a lg r é l ’im p r e s s io n d ’u n e
U
O) c o m m u n ic a tio n p lu s d ire c te e t tra n s p a re n te , le tie rs s y m b o lis a n t n ’a
JD
'(V
CL)
te m p s , ses r e la tio n s so cia le s, e tc. L’id e n tité a in s i c o n s id é ré e d e v ie n t
T3
in « r e n ta b le » e t l ’in d iv id u c r o it a v o ir le c o n tr ô le s u r c e tte r e n t a b ilit é
CL)
(/)
p a r l ’in t é r io r is a t io n des rè g le s de l ’id e n tific a tio n . Ces rè g le s m a c h i-
n iq u e s p e u v e n t fa c ile m e n t d e v e n ir des n o rm e s , c o m m e e n té m o ig n e
O la c o m p a g n ie T h e O u ts id e V ie w q u i u t ilis e u n e n s e m b le d ’a p p lic a
(N
O tio n s de q u a n t if ic a tio n de soi p o u r s u r v e ille r ses e m p lo y é s ( s o m m e il,
s:
en e x e rc ic e , re p as, e tc.) e t m ê m e fa ir e d u m o n ito r a g e s u r le u r n iv e a u
’v_
>-
CL
O de « b o n h e u r » avec l ’a p p lic a tio n M a p p in e s s . « A s th e q u a n tifie d s e lf
U
m o v e m e n t g ro w s , a n u m b e r o f co m p a n ie s a re lo o k in g to s m a rtp h o n e app s
to d e liv e r d a ta -d riv e n in s ig h ts to cre a te a m o re p ro d u c tiv e w o rk fo rc e ^ »
n o u s a p p re n d The G u a rd ia n .
CL)
■D
U)
eu
E n g u is e d e c o n c lu s io n
in
(/)
(V
D a n s le c o n te x te de la « g o u v e r n e m e n ta lit é a lg o r it h m iq u e » , l ’id e n
de la g o u v e r n e m e n ta lité a lg o r it h m iq u e n e s o n t p lu s s o c ia le m e n t
n é g o c ia b le s , c a r e lle s s e m b le n t é m e rg e r d u ré e l lu i- m ê m e , u n ré e l
p a r d é f in it io n « n o n n é g o c ia b le » p u is q u e t o u t s y m b o lis m e s e m b le
é va cu é au p r o f it des « s ig n a u x » .
E n ce sens, le p r o b lè m e est d ’a v o ir d é lé g u é le p o u v o ir s o c ia l à l ’a u to
n o m is a tio n m a c h in iq u e e n é v a c u a n t la d if fé r e n c ia tio n n é c e s s a ire à
l ’é m a n c ip a tio n , c ’e s t-à -d ire e n é v a c u a n t la p a r t v ir t u e lle d u m o n d e
p o u r la re m p la c e r p a r u n m o n d e c a lc u lé s u r la base des « p o s s ib le s »
p r é d é te r m in é s . E n e ffe t, le v i r t u e l, in d é f i n i e t i n f i n i , e st la p a r t
p r o p r e m e n t c ré a tiv e d u m o n d e g râ ce à la q u e lle i l y a in t r o d u c t io n de
la n o u v e a u té p a r d if fé r e n c ia tio n . A u c o n tr a ir e , les p o s s ib le s , d é fin is
e t lim it é s , se r é a lis e n t p a r r é p é t it io n d ’u n e o c c u rre n c e q u i a d é jà
e u lie u o u q u i a d é jà é té c o n c e p tu a lis é e : les a rb re s s to c h a s tiq u e s
re p ré s e n te n t b ie n ce r a p p o r t a u m o n d e d é f in i p a r les p o s s ib ilité s
to u te s p r é a la b le m e n t d é te r m in é e s . L a g e s tio n a lg o r it h m iq u e des
d o n n é e s se base s u r c e tte m a th é m a tis a tio n d u m o n d e re p ré s e n té e
d a n s les in te rfa c e s in fo rm a tis é e s o ù p r e n n e n t fo r m e les id e n tific a tio n s
U
0) e t a u tre s p r o fils .
JD
'0)
U
(y P o u r re n v e rs e r la te n d a n c e , i l fa u t re c ré e r des « espaces de je u » (d u
U
T3
v ir t u e l) , c’e s t-à -d ire de la n o n - a d é q u a tio n d u s y m b o liq u e a u « ré e l » ;
des é c a rts à c o m b le r (p ra x is ) d o n t les ré s u lta ts p e r m e t te n t ju s te m e n t
CD
>
’c les d y n a m iq u e s id e n tita ir e s . C e p e n d a n t, avec u n s y m b o liq u e « i n f o r
P
CL)
m a tis é » ( in d u s t r ia lis a t io n des m é d ia tio n s s y m b o liq u e s ), l ’im p é r a t i f
T3
in de la r é p é t it io n d u m ê m e f a it a p p a r a îtr e les espaces de v i r t u a li t é
CL)
(/)
10 c o m m e s u b v e rs ifs a u lie u de c r é a tifs . C e r t a in s g ro u p e s h a c k e rs ,
CL)
p a r le u r a n o n y m a t r e v e n d iq u é , r e n d e n t s a illa n te c e tte s u b v e rs io n
O p o s s ib le de l ’id e n tité s in g u liè r e v e rs u n e id e n tité c o lle c tiv e . D a n s
(N
CD
>
’c
P
O)
T3
U)
0 )
(/)
10
O)
O
rM
>-
Q.
O
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О)
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>-
Cl
о
и
Id e n tité ;) p o st m o r t e m
e t n o u v e lle s p ra tiq u e s m é m o ria le s e n lig n e s
L'identité du créateur de la page mémoriale sur Facebook
Fanny G eo rg es
I n t r o d u c t io n
(U
ment le décès de leur défunt. De surcroît, les services du Web parti
T3
cipatif comme Facebook relancent d’autant plus les contacts d’un
sujet que ce dernier est inactif Ne pouvant diflférencier un usager
défunt d’un usager simplement inactif sur son compte, Facebook
O envoie des notifications automatiques de reprise de contact aux
(N
O proches des défunts, provoquant un sentiment d’étrangeté et avivant
x:
DI
’v_
la douleur du deuil. Les pages Web peuvent également être créées
>-
CL
O à l’initiative des proches, pour l’annonce du décès et des funérailles
U
(Wrona, 20Tt), ou encore pour exprimer leur douleur à destination
des vivants comme du défunt. Ces questions interrogent les limites
de l’identité numérique, après le décès des individus. Si l’étude de
ce domaine de l’identité numérique est bien représentée dans la
recherche actuelle, la question du devenir de ces identités et de leur
transformation après le décès des usagers est encore émergente. Elle
est vouée à prendre de plus en plus d’importance dans la société du
fait du vieillissement des usagers du Web.
52 — C a h ie rs d u g erse
1. L ’ id e n t i t é n u m é r iq u e in t e r r o g é e s o u s F a n g le
U
O) s é m io p r a g m a t iq u e
JD
'(V
a
13 L’«identité numérique» constitue un phénomène sociotechnique
X3
apparu avec la communication numérique et les premières formes
O) de profils d’internautes sur le Web (Georges, 2 0 0 9 ). Les pages qui
>
'c
P
présentent l’identité des usagers interrogent à la fois le transfert des
03
T3
modalités de p ré se n ta tio n de so i sur le Web (Georges, 2 0 0 9 ; Coûtant
et Stenger, 2 0 10 ) et les problématiques de gestion des données de
l’usager et de p riva cy, ou propriété des données personnelles, et de droit
à Voubli (Ertzcheid e t a l , 2 0 13 ).
O
(N
les signes qui sont une trace de l’activité du sujet, de ses amis ou
du site Web, permettant d’interroger le lien de contiguïté entre
le sujet et sa page de profil. Le modèle de l’identité numérique a
ainsi permis de discerner les signes saisis directement par l’usager
pour créer sa présentation de soi numérique (nom, prénom, genre,
photographies, centres d’intérêt, activités, humeur, etc.) de ceux qui
sont le produit d’une captation et d’une notification du site Web sur
54 — C a h ie rs d u g erse
2. T y p o lo g ie d e s s ite s d e p r é s e n t a t io n d e s d é f u n t s
03
en lieu de recueil et d’hommage,
T3
U)
03
c/) 3. les sites qui proposent à l’usager de créer et gérer lui-même
(/3
03
ses données de son vivant dans la perspective de son décès à
O
venir (i’'^ personne).
(N
3. L ’ i d e n t it é d u p r o d u c t e u r d e la p a g e m é m o r ia le
U
O)
-O) La typologie présentée dans la section précédente a permis de
a
U mettre en évidence la question de l’énonciation dans les pages
T3
'CD mémoriales. Dans les réseaux socionumériques en particulier
CD (catégorie 2 ), on observe une rencontre entre les représentations du
>
’c
P
défunt à la deuxième et à la première personne. En particulier, les
O) pages Facebook présentant des hommages à des personnes défuntes,
T3
U)
O ) qu’elles soient créées par l’usager de son vivant ou par son entourage
(/)
10
O) après son décès, posent la question de la rencontre entre le sujet
et l’objet de la représentation. Afin d’expliciter la problématique
O de l’énonciation, nous allons repositionner ce phénomène dans le
rM
O
Plus spécifiquement, dans ce dernier ensemble, nous avons recueilli
CT
les informations sur le sujet de l’énonciation dans les textes publiés
’s_
>-
Q.
(«je», «nous», formule passive, signature). Sur les 15 pages analy
O
U sées, 10 présentent un sujet producteur different de l’objet de la page,
les 5 autres étant des pages de profil ayant pour objet l’usager de la
page, et présentant un hommage à un tiers défunt.
semble en revanche implicite dans les usages et n’est pas sans être
sujette à questionnement de la part des participants, comme nous
le montrerons plus loin.
Sur les pages de profils personnels présentant une formule dédiée à
l’hommage funèbre, on distingue deux ensembles: sur les 6 profils
de cette catégorie, 3 mentionnent, entre parenthèses et à côté
du nom et prénom de l’usager, l’expression «Repose en paix»
suivie du prénom ou du nom du défunt. Les 3 autres présentent
la formule « Repose en paix » entre parenthèses après les nom et
prénom du défunt.
Le premier ensemble, qui présente un procédé semblant usuel au vu
du grand nombre d’occurrences dans cet échantillon réduit, réfère à
un hommage à un défunt temporaire sur le profil d’une personne de
son entourage. Dans l’échantillon que nous avons consulté, en un mois
d’intervalle, l’un des 3 profils présentant cette mention l’a supprimée.
La seule page de notre corpus présentant un profil d’usager défunt
U
O)
JD
ne fait mention ni de la date du décès, et ne présente aucune publi
'(V
a
cation textuelle : seules des photographies de la défunte sont présen
U tées, sans commentaire. En revanche, les entretiens ont fourni des
T3
>-
ment à une mère, à une sœur et à une fan du défunt. Dans les autres
CL
O
U
cas, il est employé en alternance avec des tournures à tendance
impersonnelle (« nous » générique, « on », « il serait apprécié »). En
particulier, lors de la création de la page, la tournure impersonnelle
ou le « nous » générique est plutôt utilisé, et le sujet de l’énonciation
se dévoile progressivement pour laisser place au «je» qui s’accom
pagne d’anecdotes ou de publications plus personnelles ou plus
centrées sur le sujet, sa douleur et ses émotions. Par exemple « moi.
F. G eo r g es — Id e n tité post m ortem e t n o u v e lle s p ra tiq u e s — 63
de valeur portés sur son projet mémorial, négatifs dans son cas, et
justifie de même son entreprise par la douleur ressentie. La dernière
expression est particulièrement signifiante relativement à la ques
tion de la « récalcitrance » en lien avec l’entretien de la page comme
on entretiendrait le souvenir du défunt: ici, l’utilisatrice parle de
«faire vivre» la page chaque jour. L’entretien de la page est bien
concu comme un entretien de la mémoire vivante du défunt.
F. G eo r g es — Id e n tité post m ortem e t n o u v e lle s p ra tiq u e s — 65
OJ 4. C o n c lu s io n : F é n o n c ia t e u r d e s p a g e s m é m o r ia le s
>
’c
P dans Facebook
O)
T3
1/3 L’analyse de la présentation identitaire et du positionnement énon-
(U
1/3
1/3
03 ciatif des créateurs des 15 pages mémoriales à l’étude a montré que
Facebook présente la particularité de rendre floues les limites entre
O
fM le créateur de la page mémoriale (membre de l’entourage ou du
cercle de fans) et l’objet de la page mémoriale (le défunt).
>- L’échantillon analysé montre que les usagers emploient des straté
Q.
O
U gies pour expliciter cette différence, notamment en mentionnant
explicitement un hommage au défunt dans le titre de la page.
Cette présentation complexe de Fénonciateur et son dévoilement
progressif sont propres à Facebook, et peut-être au domaine des
réseaux socionumériques, qui ne sont pas initialement dédiés à la
production de mémoriaux.
66 — C a h ie rs d u g erse
U
O)
JD
'(V
ü
a
13
X3
O)
>
'c
P
03
■Q
O
rM
03
’s_
>-
Q.
O
U
Id e n tité (s) d u jo u e u r ’ e t d u p erso n n ag e^
Au-delà de l’analyse mimétique des jeux vidéo
Simon D or
C’est la moindre des choses de dire que le jeu vidéo a Vavatar bien
chevillé au corps, pour s’approprier une formule célèbre de Christian
Metz (1 9 6 4 : 62 ). Alison Gazzard, en affirmant qu’«il y aura toujours
une présence “avatariale” dans des environnements interactifs
U
immersifsG> (2 0 0 9 : 192 ), semble bien illustrer l’idée qu’on ne peut
O)
'CU jamais vraiment se détacher du concept d’avatar pour analyser
a les jeux vidéo. Pourtant, nombre d’entre eux n’impliquent pas un
13
■a personnage-joueur au sens traditionnel du terme^, comme c’est
e
u
évidemment le cas dans la plupart des jeux de stratégie.
>
c
P Certes, les jeux vidéo représentent bien souvent des corps anthropo
(U
T3 morphes, ceux des personnages. Or, dans ce cas, le fait que le person
nage incarné soit un corps et que le joueur possède lui-même un
corps implique-t-il qu’il doit y avoir des relations analogues entre
O
eux? Autrement dit, le corps fictionnel représenté dans un jeu a-t-il
fM
O
un rapport, du point de vue de l’identité, avec un corps réel usant de
sz boutons, de clics de souris ou de touches de clavier pour agir dans
>- le jeu? L’idée principale que je veux soutenir dans ce texte est que
Cl
O V iden tité e t le corps d a n s les je u x vidéo ne so n t p a s n écessa irem en t liés à
U
un a v a ta r ou p erson n age jo u e u r. Le corps du personnage-joueur n’est
1. Traduction libre.
2. Le terme « personnage-joueur » est typiquement utilisé pour désigner
le personnage fictionnel que le joueur va contrôler. Plusieurs jeux ne
proposent qu’un seul personnage-joueur, alors que d’autres en proposent
plusieurs, en alternance ou simultanément.
68 — C a h ie rs d u g erse
3. Traduction libre.
4. Traduction libre.
5. Traduction libre.
70 — C a h ie rs d u g erse
e
u
T3
influencé par la grandeur de son armée. Par ailleurs, selon le camp
U)
e
u
U) auquel il appartient, son genre (g en d er) peut être problématique:
U)
e
u un W iza rd sera toujours représenté sur la carte comme un vieil
homme à la barbe blanche, même s’il s’agit d’une jeune femme.
O
rM
Autre exemple, assiéger une forteresse ne prendra jamais plus d’un
@
jour et n’affectera pas la distance que son armée peut parcourir
>- dans cette même journée. Quant aux unités d A g e o f Empires^ elles
Q.
O coûtent une quantité fixe de nourriture dépensée une seule fois (ex. :
U
défend réquipe contre les ennemis. Si Гоп suit cette logique, les
personnages « accompagnateurs » du principal disparaîtraient à la
manière d’un F inal F a n ta sy (SquareSoft, 198 7 ), où un protagoniste
vaut pour les quatre. Toutefois, à certains moments dans le jeu, nos
trois héros rencontrent de nouveaux personnages qui les aident le
temps d’un passage spécifique. L’un de ceux-ci est Furball, un chat qui
peut se faufiler dans des endroits difficiles d’accès. Il n’est présent
que pour un obstacle spécifique et se faufile à travers des tuyaux
pour traverser un mur. Dès lors, le joueur d e v ie n t Furball pour
passer cet obstacle : à la sortie du tunnel, Furball laissera la place
à l’un des trois protagonistes du joueur, qui seront étrangement
eux aussi passés dans le tunnel étroit qui leur apparaissait
auparavant impénétrable.
Le cas de D u n geon s & D ra g o n s: D ra g o n sh a rd (Liquid Entertainment,
2 0 0 5 ) est pour le moins étrange, dans la mesure où l’univers
médiéval-fantastique de cette adaptation du célèbre jeu de rôle sur
table se veut tout de même plutôt analogue à notre monde. Dans
U
0) la campagne de l’Order of the Flame, quatre personnages viennent
JD
-O) d’atterrir sur un continent et vont l’explorer. On demande alors
13
a
13
T3
au joueur de choisir lequel des quatre il veut incarner. Mais celui
'CD
qu’il incarnera est le seul héros qui restera présent, les trois autres
(U
> ayant mystérieusement disparu de l’expédition. Comme un jeu de
'c
P stratégie typique, le joueur devra gérer un village et recruter des
e
u
T3
unités militaires qui accompagneront son héros dans sa quête. À
1Л
0
1)
Л la fin de la première mission, accomplie avec un seul des quatre
(Л
O) héros, les quatre reviendront discuter entre eux le temps d’une ciné
matique - et les quatre discutent de leur quête comme s’ils avaient
O
ГМ
tous participé à ce qui vient de se passer ! -, puis le joueur pourra
O
x: choisir à nouveau avec lequel des quatre personnages il voudra jouer.
DI
’v_
>. L’histoire implique les quatre, mais la jouabilité, un seul à la fois.
D.
O C’est qu’au fond, cette alternance d’un personnage à l’autre reprend
U
2. L ’a n a ly s e d e la j o u a b i l i t é :
c o n t r a in t e s i d e n t it a ir e s r é e lle s
03
sens un espace lisible plutôt qu’un espace visible, pour reprendre
T3
(Л la distinction de Jean-François Lyotard: l’image est constituée
0
1)
Л
(Л
O)
d’éléments codés, « aisés à reconnaître pour le lecteur qui en a appris
le lexique» (1 9 7 1 : 17 0 ). L’important ne serait pas de v o ir l’image, mais
O
ГМ
de sa vo ir ce que chacun de ses éléments constituants signifie^, que
ce soit en termes de règle du jeu ou en termes de fiction. Dans Final
03 F a n ta sy V I (SquareSoft, 19 9 4 ), par exemple, les ennemis dans un
>-
Cl
O
U
gagnés, etc. L eague o f Legends est gratuit, mais les joueurs peuvent
dépenser de l’argent réel ou des points gagnés à force de jouer
pour acheter de nouveaux personnages à incarner et des objets
qui amélioreront leurs statistiques. Les achats du joueur sont aussi
regroupés dans un compte accessible d’une partie à l’autre. Autant
un joueur peut s’attacher à un personnage qu’il décide d’acheter,
autant cet achat a été fait par des milliers d’autres joueurs avec qui
il partage une identité fictionnelle. La mise en évidence de cette
distinction entre avatar et identité en ligne dans les jeux vidéo
devrait pouvoir montrer la limite d’une analyse mimétique dans
des circonstances où la frontière est plus floue.
Dans le contexte de L eague o f Legends, quel est le rôle du référent
en tant qu’avatar, en tant que personnage incarné? Le personnage
choisi est un personnage partagé par la communauté; le joueur ne
fait que l’incarner le temps d’une partie. Pour un joueur qui s’initie,
il y a très certainement une attraction envers un personnage en
fonction de son apparence ou de l’image qu’il projette. Ashe, par
U
0) exemple, est une archère qui met en évidence ses attraits féminins
JD
-O) et Tryndamere est un guerrier avec des muscles hypertrophiés et
a
Di
T3
une lame surdimensionnée. Au-delà de ces exemples d’hypersexua-
lisation des personnages, d’autres vont jouer sur des images plus
CD
> ou moins stéréotypées ou marginales pour susciter un intérêt: un
c
P arbre animé (Maokai), une armure infusée d’un esprit mort-vivant
CL)
T3 (Mordekaiser), une petite fille qui appelle un ours en peluche géant
U)
eu
in pour l’aider (Annie), etc. Leur rôle fictionnel n’est pas très développé.
(/)
(V
U
O)
Penser en termes d’identité ludique nécessite d’intégrer le jeu à
JD
'(V l’identité. C’est aller au-delà de la fiction pour penser l’identité de
a personnages-joueurs. Imaginons, par exemple, l’identité ludique
13
X3
du roi et de la reine aux échecs. Le roi incarne bien davantage un
O) sentiment d’impuissance, un élément fragile, rarement à l’offensive,
>
'c
P
qu’il faut protéger à tout prix. La reine, au contraire, incarne la
03 puissance, les nombreuses possibilités de jeu. Elle aura vraisembla
T3
blement un rôle clef dans la plupart des stratégies. Les héros des
campagnes de S ta rC ra ft (Blizzard Entertainment, 19 9 8 ) sont plus
près du roi aux échecs. Ils sont certes un peu plus puissants que
O des unités typiques, mais il n’en reste pas moins que leur mort
(N
8. Traduction libre.
S. D o r — Id e n tité ( s ) d u jo u e u r e t d u p e rs o n n a g e — 83
« a u -d e là » d u je u lu i- m ê m e - p a r e x e m p le , la le c tu r e des sign e s n o n -
v e rb a u x lo rs de p a r tie s de p o k e r - , d o n t les h a b itu d e s s tra té g iq u e s
d ’u n e c o m m u n a u té de je u (2 0 1 1 :1 3 6 ).
O
rM
L e jo u e u r in c a r n e u n p e r s o n n a g e d o n t l ’ h is t o r iq u e des a c tio n s
@ l i m i t e les p o s s ib le s q u e le jo u e u r se d o n n e , p a rc e q u ’i l c o n n a î t le
CT
’s_
m é ta je u e t les h a b itu d e s s tra té g iq u e s . P u is q u ’i l jo u e e n c o m m u n a u té
>-
Q.
O
U
9. T ra d u c tio n libre.
10. Il est à n o te r q u e p lu sie u rs jo u e u rs , de League of Legends n o ta m m e n t,
c a lc u le n t e ffe c tiv e m e n t les a c tio n s les p lu s o p tim a le s d a n s u n c e r ta in
c o n te x te à p a r tir de fo rm u le s m a th é m a tiq u e s : o n ap p elle c e tte te n d a n c e la
theorycraft Ce calcu l ne se fa it c e p e n d a n t pas sur-le-ch am p , m a is h o rs d ’u n e
p a rtie , avec p lu sie u rs sta tistiq u e s de je u à p o rté e de m a in ; les jo u e u rs assi
m ile n t les ré s u lta ts de ces calculs e n a c tio n s p lu s précises q u ’ils a p p re n n e n t
e t a p p liq u e n t plu s fa c ile m e n t.
84 — C a h ie rs d u g e rse
p r i n c i p e : les a c tio n s p ré c é d e n te s f o r g e n t l ’ id e n t it é q u e l ’o n se
c o n s t r u it avec ce p e rs o n n a g e , q u ’e lle s o it u n e id e n tité fic t io n n e lle
o u u n e id e n tité lu d iq u e .
C o n c lu s io n
a sa p r o p r e m a n iè r e de jo u e r a u m é ta je u e t a u x h a b itu d e s s tra té g iq u e s
13
X3 q u e p lu s ie u r s c o m m u n a u té s de jo u e u r s m e t t e n t de l ’a v a n t.
CD E n a p p e la n t à a lle r a u -d e là de l ’a n a ly s e m im é t iq u e e t d ’u n c e r ta in
>
’c « a v a ta r o c e n tr is m e » d a n s les je u x v id é o , c ’est à m o n sens to u te
P
03
T3
la q u e s tio n de l ’id e n t it é q u i d o it ê tre c e n tr a le . A u t r e m e n t d it , i l
U) m ’a p p a r a ît i m p o r t a n t de s’é lo ig n e r de ce q u i re s s e m b le à u n e id e n
03
С
UЛ
)
03 t i t é ré e lle d a n s le je u p o u r c o n s id é r e r ce q u i est r é e lle m e n t u n e
id e n t it é d a n s le je u : la p ris e de d é c is io n s , la p e n s é e s tr a té g iq u e ,
O
fM l ’in s c r ip t io n de s o n a c tiv ité d a n s u n h is t o r iq u e de je u , e tc . L’id e n tité
est lo in d ’ê tre in c o m p a tib le avec u n e a n a ly s e de la jo u a b ilit é . C ’est
a u c o n tr a ir e t o u t u n p a n des q u e s tio n s id e n tita ir e s q u ’i l m e s e m b le
>-
CL
O n é c e ssa ire d ’a lle r e n c o re e x p lo r e r d a v a n ta g e .
U
и
О)
'О )
и
а
и
тз
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О)
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(Л
(Л
C
U
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гм
Oí
'l_
>-
Cl
ио
P a r -d e là j) r id e n t it é ? e t les a s s e m b la g e s ,
le c o n c e p t" d ’a g e n c e m e n t"
C h a r le s P e r r a t o n
Le c o n c e p t d ’a g e n c e m e n t s e m b le a v o ir d a v a n ta g e d ’in té r ê ts th é o
riq u e s e t p r a tiq u e s p o u r l ’a n a ly s e des e x p é rie n c e s d u jo u e u r q u e
la n o t io n d ’a s se m b la g e te lle q u ’e lle est p ro p o s é e a c tu e lle m e n t ch e z
T. L . T a y lo r ( 2 0 0 9 ) . C e p r e m ie r c o n c e p t p e r m e t t r a i t de m ie u x
c o m p re n d r e les r e la tio n s d a n s le s q u e lle s le jo u e u r est im p liq u é avec
les a u tre s é lé m e n ts de la p r a tiq u e d u je u ( p lu s p a r t ic u liè r e m e n t
les je u x e n lig n e m a s s iv e m e n t m u lt ijo u e u r s o u M M O G ) . A f i n de
s o u t e n ir c e tte id é e , je p a r t i r a i d ’u n e r é f le x io n g é n é r a le s u r les
choses de n o tr e e n v ir o n n e m e n t q u o t id ie n , p o u r c o n s id é re r e n s u ite
la p r o p o s itio n de T a y lo r (2 0 0 9 ) s u r la m a n iè r e de p o s e r le p r o b lè m e
de n o t r e r a p p o r t à l ’o b je t te c h n iq u e e t a u x a u tre s d a n s le c o n te x te
U
O) des je u x v id é o , e t f in a le m e n t e x p o s e r le c o n c e p t d ’a g e n c e m e n t
'C
U
D
O ' d é v e lo p p é p a r D e le u z e e t G u a t t a r i q u i n o u s s e ra u t i l e p o u r
U
T3 p r o b lé m a t is e r a u t r e m e n t la q u e s t io n de l ’id e n t it é .
e
u
> Choses e t non-choses
'c
P
Te3
u
O n c o n ç o it d a n s la t r a d i t i o n h e id e g g é rie n n e q u e les choses de n o tr e
e n v ir o n n e m e n t , e t p lu s p a r t ic u liè r e m e n t les o u t ils avec le s q u e ls
n o u s fo n c tio n n o n s , t é m o ig n e n t de n o tr e c a p a c ité de p r o d u ir e e t
a ussi de n o u s lib é r e r des c o n tr a in te s n a tu r e lle s . D a n s l ’o u v r a g e
O
(N
q u ’i l c o n s a c re a u x Choses e t non-choses (1996 [1993]), V ilé m F lu s s e r
p r é te n d p o u r sa p a r t q u e si c e la est v r a i p o u r l ’o u t i l e n g é n é ra l,
>- ce la n e l ’est pas p o u r les g a d g e ts e n p a r t ic u lie r q u i, l o i n de n o u s
CL
O
U lib é r e r , s o n t p lu t ô t des « t r u c s id io ts G > q u i n o u s p r o g r a m m e n t .
F lu s s e r p o r te s o n in t é r ê t s u r la d im e n s io n in te r s u b je c tiv e e t s u r
l ’im p a c t des choses s u r n o tr e ê tre -a u -m o n d e , ra is o n p o u r la q u e lle i l
a d o p te d a n s so n liv r e u n p o in t de v u e a n th r o p o lo g iq u e p e r m e t t a n t
de d é c r ir e le f o n c tio n n e m e n t des a p p a re ils de n o tr e q u o t id ie n , te ls
q u e les a p p a re ils p h o to g r a p h iq u e e t c in é m a to g r a p h iq u e , a u x q u e ls
n o u s p o u v o n s a s s u ré m e n t a jo u te r l ’o r d in a te u r , la c o n s o le de je u e t
le p o r ta b le . P lu t ô t q u e de les c o n s id é re r sous l ’a n g le te c h n o lo g iq u e ,
F lu s s e r c r o it p e r t in e n t de s’in t e r r o g e r s u r la m a n iè r e q u e les choses
o n t de c h a n g e r n o tr e r a p p o r t a u m o n d e e t a u x a u tre s sans e n fa ir e
u n e s im p le q u e s tio n d ’usage e t d ’a p p r o p r ia tio n .
O les d é f in it io n s p ro p o s é e s p a r F lu sse r. D a n s le p r e m ie r re g a rd q u ’i l
x:
03 p o r te s u r les choses d u q u o t id ie n , ce d e r n ie r p ro p o s e u n e p r e m iè r e
>~
CL
O c a té g o ris a tio n a u x a llu r e s de « c la s s ific a tio n c h in o is e » à la B o rg e s ^:
U
i l f a u t d is t in g u e r p a r m i les ch o se s, les « c h o s e s n a t u r e lle s » , les
« a p p a re ils », les « tr u c s id io ts » e t les « choses de v a le u rs ». Les choses
n a tu re lle s s o n t c e lle s d o n t s’o c c u p e n t les sciences de la n a t u r e ; les
a p p a re ils s o n t « u t ile s » , m a is d o n n e n t à p e n s e r q u ’ils n o u s s e rv e n t
Se p o se dès lo r s la q u e s tio n de s a v o ir c o m m e n t se re p ré s e n te r le
O m o n d e « d a n s u n e n v ir o n n e m e n t à ce p o in t n o n -c h o s a l » (ib id . : lo i) .
(N
F lu s s e r f a it r e m a r q u e r q u e d a n s ce f u t u r « n o n -c h o s a l », i l n e re ste
p lu s de la m a in de l ’h o m m e q u e le b o u t des d o ig ts p o u r (se) ta p e r
des p r o g r a m m e s o u p o u r c h o is ir les to u c h e s q u i d é c id e r o n t de
n o tr e s o rt. C ’est q u e « [ l] e b o u t des d o ig ts est l ’o rg a n e d u c h o ix , de
la d é c is io n » (ib id . : 107). D a n s u n e s itu a tio n o ù les « choses » q u i
n o u s e n to u r e n t d im in u e n t , e t o ù les « n o n - c h o s e s » ( in fo r m a tiq u e s )
a u g m e n te n t, la m a in p r o d u c tr ic e d e v ie n t s u p e r flu e . « L e n o u v e l
h o m m e n ’a g it p lu s , m a is jo u e : ''h o m o lu d e n s ' \ e t n o n p lu s "h o m o
U
0)i f a b e f » (ib id . : 102). D ès lo r s , p e u t - o n e n c o r e p a r le r d ’a c t io n d a n s
'S
C
U
D
O '
d e p a r e ille s c o n d it io n s ? C e rte s , la p e r s o n n e s’é m a n c ip e de s o n
U r ô le d e p r o d u c t i o n p o u r m ie u x se c o n c e n tr e r s u r c e lu i de p ris e
T3
de d é c is io n , m a is p o u r F lu s s e r « [ l ] a lib e r t é de d é c is io n p r o p r e à
O)
> la p re s s io n exe rcée p a r le b o u t des d o ig ts se ré v è le ê tre u n e lib e r t é
'c
P p r o g r a m m é e . U n c h o ix de p o s s ib ilité s p r e s c rite s » (ib id . : 107-108).
TO3)
U
(tnU) T o u t se passe c o m m e si la s o c ié té d u f u t u r à la q u e lle n o u s c o n v ie n t
Qt/1J les n o n -c h o s e s se d iv is a it e n d e u x classes : c e lle des p r o g r a m m e u r s -
q u i c o n ç o iv e n t les p r o g r a m m e s - e t c e lle des p r o g r a m m é s - q u i les
O e x é c u te n t. M a is q u ’i l s’agisse des u n s o u des a u tre s , c h a c u n d é c id e
fM
à l ’in t é r ie u r d ’u n p r o g r a m m e : le p r o g r a m m e p o u r le p r o g r a m m é
e t le « m é ta p r o g r a m m e » p o u r le p r o g r a m m e u r . C e tte ré g re s s io n
>-
CL
O des p r o g r a m m e u r s a u s ta tu t de p r o g r a m m é s p a r l ’e ffe t p r e s c r ip
U
t e u r des p r o g r a m m e s e n g lo b a n ts d o it- e lle ê tre c o n s id é ré e c o m m e
la m a r q u e de n o tr e c o n d it io n d a n s ce f u t u r n o n -c h o s a l f a i t d ’u n e
se u le classe: les p r o g r a m m é s p r o g r a m m a n t ? L a lib e r t é d u jo u e u r
e t de l ’u t ilis a t e u r se lim it e r a it - e lle à l ’e n fe r m e m e n t d a n s u n u n iv e r s
p r o g r a m m é t o t a lit a ir e e t d a n s u n e fo r m e a s s u je ttie d ’id e n tific a tio n ?
C ’est la q u e s tio n q u e p o s e F lu s s e r, m a is p o u r y r é p o n d r e , je n e
s u iv r a i pas la p is te q u ’i l p ro p o s e , à s a v o ir : « a n a ly s e r p lu s p ré c is é
m e n t le c o n c e p t de “ p r o g r a m m e ” » (ib id . : 109) p o u r é v a lu e r n o tr e
C . P e r r a t o n — P a r-d e là P id e n tité e t les a s s e m b la g e s — 91
L’assem blage
T a y lo r p ro p o s e la n o t io n d ’a s s e m b la g e p o u r a n a ly s e r la p r a tiq u e
des je u x v id é o d é fin ie e n te rm e s d ’in t e r r e la tio n s e n tr e les é lé m e n ts
q u i la c o n s titu e n t, te ls q u e le s o n t le d is p o s itif, le jo u e u r , le c o rp s ,
la c o m m u n a u té , les rè g le s , la s o c ié té de d é v e lo p p e m e n t e t d ’é d it io n
d u je u v id é o , les s tr u c tu r e s ju r id iq u e s , etc.
O
(N
T a y lo r r e p re n d n o n s e u le m e n t à s o n c o m p te le p r in c ip e de s y m é
t r i e de B r u n o L a to u r s e lo n le q u e l o n d o it t r a it e r d a n s les m ê m e s
te rm e s la n a tu r e e t la s o c ié té , de m a n iè r e à « é la r g ir la g a m m e
des e n tité s a g is s a n te s a u x n o n - h u m a in s » (G ro s s e tti, 2 0 0 7 : § 10),
m a is e lle le c o m p lè te de l ’h y p o th è s e de S e th G id d in g s (2 0 0 6 ) s u r
la « c o n f i g u r a t i o n r é c ip r o q u e » e n tr e le jo u e u r e t le d is p o s it if .
E lle c o m p r e n d d o n c l ’a s s e m b la g e c o m m e u n e n v ir o n n e m e n t à
l ’i n t é r ie u r d u q u e l le je u se c o n fig u r e à l ’usage d u jo u e u r e t le jo u e u r
à la p r a tiq u e d u je u . Le je u n e se r é d u ir a it pas à l ’a c tu a lis a tio n d ’u n
U
O) p r o g r a m m e e t à la s im p le a p p lic a t io n des rè g le s d u je u , m a is i l
'C
U
D n e ce ss e ra it d ’é v o lu e r à l ’usage, m e t t a n t a in s i à c o n t r ib u t io n n o n
a
U s e u le m e n t la c r é a tiv ité des c o n c e p te u rs , m a is aussi c e lle des jo u e u r s ,
T3
'CD
in c lu a n t ces d e r n ie r s d a n s u n e c h a în e (ré s e a u ) o ù n e c e s s e n t de
CD
> s’a m e n d e r e t de se r e d is t r ib u e r les c o m p é te n c e s des u n s e t des a u tre s ,
C aussi b ie n c e lle s des h u m a in s q u e c e lle s des n o n - h u m a in s .
P
CL)
T3
in T r o is p o in t s m é r it e n t d ’ê tr e r e te n u s i c i : d ’a b o r d q u e la n o t i o n
CL)
C/)
10 d ’a sse m b la g e p e r m e t t r a it de m ie u x s a is ir la n a tu r e d u je u , ses in t e r
CL)
H u m a in s e t n o n -h u m a in s
P o u r B r u n o L a t o u r ( 2 0 0 0 ) , le s f a it s n e s o n t p a s « s o c ia le m e n t
c o n s tr u it s » , m a is p r o d u its p a r l ’a s s o c ia tio n d ’a c te u rs h u m a in s e t
d ’a c te u rs n o n h u m a in s . F a ir e des n o n - h u m a in s des a c te u rs , les
re n d re v is ib le s e t les in t é g r e r à la s o c ié té , te lle est l ’a m b it io n p r in c i
p a le de sa th é o r ie de l ’a c te u r-ré s e a u ^. C o m m e l ’illu s t r e la m é ta p h o r e
q u ’i l e m p lo ie , o n n e s a u r a it pas p lu s s é p a re r les h u m a in s des n o n -
h u m a in s d a n s les ré s e a u x o ù ils œ u v r e n t, q u ’o n n e s a u r a it s é p a re r
d a n s u n e b a ta ille les c o rp s n u s des b e llig é r a n ts de le u rs a rm e s e t
a r m u r e s ( L a to u r , 2 0 0 6 ). Les a c te u rs n o n - h u m a in s s o n t des d is p o s i
t if s te c h n iq u e s . D a n s le te x te a u q u e l T a y lo r ré fè re , L a to u r d é v e lo p p e
l ’e x e m p le d ’u n d i s p o s i t i f m é c a n iq u e de f e r m e t u r e d e p o r t e , le
« g r o o m » , a u q u e l des h u m a in s d é lè g u e n t des a c tio n s q u ’i l p e u t
a c c o m p lir avec p lu s de « d is c ip lin e » q u e les h u m a in s n e s a u ra ie n t
le fa ir e . E n r e t o u r de ce tr a n s fe r t, l ’a c te u r n o n h u m a in p r e s c r it des
c o m p é te n c e s a u x u tilis a te u r s h u m a in s ^ .
U P o u r L a to u r, e t c ’est ce q u i in té re s s e T a y lo r, le n o n - h u m a in a d o n c
0D
X)
'CU e n r e t o u r u n e ffe t p r e s c r ip t if s u r les h u m a in s . D a n s l ’e x e m p le q u ’e lle
D
O ' d é v e lo p p e , le m o d p r e s c r it a u x jo u e u r s u n c e r ta in n o m b r e d ’a c tio n s
U
T3
a u m i l i e u d u r a id , c o m m e e n t é m o ig n e n t c e r ta in s p r e s c r ip t if s
é d ic té s p a r le m o d a u m o m e n t d u c o m b a t avec le m o n s tr e : « V o lk
C
>D
’c is th e b o m b ! V o lk, r u n a w a y f r o m th e g r o u p a l» I l e x is te , s e lo n L a to u r,
P
u n e m o r a le e t u n e é th iq u e des d is p o s itifs , q u e ces d e r n ie r s s o ie n t
TCL)
3
in m é c a n iq u e s o u n o n , c a r e n e ffe t le g r o o m est aussi p r e s c r ip t if q u e
CL)
(/)
10 l ’est le C T R A . P lu s e n c o re , a jo u te r a L a to u r, « a u c u n h u m a in n ’est
CL)
aussi im p ito y a b le m e n t m o r a l q u ’u n e m a c h in e , s p é c ia le m e n t si e lle
O
(N
@
O)
>-
C
O
l
U 6. C o n sid é ra n t q u e la c o n jo n c tio n des n o tio n s d ’a c te u r e t de ré sea u av ait
fa it p lu s de m a l q u e de b ien , L a to u r (2 0 0 0 ) a c ru n é ce ssa ire de p ré c ise r
q u e sa sociologie de fa c te u r-ré se a u é ta it u n e sociologie des m o y en s, des
m é d ia tio n s e t des a tta c h e m e n ts. C a r si les ré sea u x d is trib u e n t les forces,
ils a rra c h e n t aussi à la p ro x im ité e t ra tta c h e n t a u lo in ta in .
7. « J ’a p p e lle ra i le c o m p o rte m e n t im p o sé à l’h u m a in en r e to u r p a r des
d é lég u é s n o n -h u m a in s u n e prescription. » (L ato u r, 2 0 0 6 : 62)
8. E x tr a it d u w ik i de World of War craft \ h ttp ://w w w .w o w w ik i.c o m /
B aro n G e d d o n .
с. P e r r a t o n — P a r-d e là P id e n tité e t les a s s e m b la g e s — 95
est aussi “ a m ie de l ’u s a g e r” [ . . . ] q u e m o n o r d in a t e u r M a c in t o s h »
(L a to u r , 2 0 0 6 : 62). L a s u ite de la c ita tio n est é lo q u e n te s u r la p o r té e
a n th r o p o lo g iq u e de s o n p ro p o s :
N ous avons été capables de tran sférer à des n o n -h u m ain s n o n seu lem en t
la force, m ais aussi des valeu rs, des devoirs e t u n e éth iq u e . C ’est en
raison de cette m o ralité que nous autres, h u m a in s, nous co m p o rto n s
de m an ière si raisonnable, quelles que soient la faiblesse et la m é ch a n
ceté que nous pouvons ressen tir in té rie u re m e n t. La som m e de m o ralité
ne se co n ten te pas de rester stable, m ais elle croît é n o rm é m en t avec la
po p u latio n des n o n -h u m ain s [...] (ibid. : 62)
A v a n t q u e le g r o o m n e le re m p la c e , c’est le p o r t ie r q u i a c c o m p lis s a it
la tâ c h e d ’o u v r ir e t de fe r m e r la p o r te . O r le c o m p o r t e m e n t de ce
d e r n ie r p o u v a it ê tre e r r a tiq u e , e t a in s i d is c r im in e r les p e rs o n n e s à
q u i i l a lla it o u v r i r la p o r te , le fa ir e avec p lu s o u m o in s de succès e t
d ’a s s id u ité , e tc. P o u r sa p a r t, le d is p o s it if m é c a n iq u e va , de m a n iè r e
d is c ip lin é e , a d o p te r u n c o m p o r t e m e n t ir r é p r o c h a b le s u r le p la n
m o r a l e t é th iq u e , n e fa is a n t a u c u n e d is c r im in a t io n . I l o u v r ir a la
U
p o r te à t o u t le m o n d e , p e u im p o r t e q u i se p ré s e n te . P o u r L a to u r,
JO
)
D
-eu
d ir e q u e « le g r o o m est e n g rè v e ^ » n ’est pas fa ir e de l ’a n t h r o p o
a
13
X3 m o r p h is m e - a u sens o ù o n p r o je t t e r a it des p r o p r ié té s h u m a in e s
'(L) à l ’o b je t - , c ’e s t p l u t ô t r e c o n n a î t r e a u d i s p o s i t i f s o n c a r a c tè r e
O) a n t h r o p o m o r p h iq u e , a u d o u b le sens d u te r m e , c ’e s t-à -d ire q u ’zV a
>
'c
P f o r m e h u m a in e e t q u ’zV d o n n e f o r m e a u x h u m a in s . N o n s e u le m e n t a -t-il
03
T3 é té fa b r iq u é p a r des h u m a in s p o u r les r e m p la c e r d a n s c e r ta in e s
U)
03
СЛ a ctio n s, m a is i l p re s c rit aussi en r e to u r des c o m p é te n c e s e t des c o m p o r
(Л
03
te m e n ts a u x u tilis a te u rs e n d é te r m in a n t les ty p e s d ’u tilis a te u rs e t en
f ix a n t les c o n d itio n s d ’u t ilis a t io n .
O
ГМ
O M a lg r é l ’i n t é r ê t e t l ’o r i g i n a l i t é d u p o i n t de v u e e t d e la d é m a r c h e
d e L a t o u r , le c o n c e p t d e « n o n - h u m a i n » , a u q u e l i l a s s o c ie
>•
O.
O c e lu i d e ré s e a u , e st n o n s e u le m e n t a n th r o p o m o r p h iq u e ^ ® m a is
U
a u ssi a n th r o p o c e n tr iq u e ^ ^ L o in de v o u lo ir c o n te s te r le f a it q u e ce
c o n c e p t, de m ê m e q u e to u s les c o n c e p ts e n g é n é ra l, s o ie n t p r o d u its
p a r u n h u m a in e n v u e de c o m p r e n d r e e t de c h a n g e r le m o n d e ,
j ’a im e ra is p r o p o s e r l ’id é e q u e n o u s a v o n s in t é r ê t à n e pas les p o s e r
d a n s les lim it e s d ’u n e é p is té m o lo g ie a n th r o p o lo g iq u e , c’e s t-à -d ire
c e n tré e s u r « l ’h o m m e » te l q u e le d é f in it la t r a d it io n h u m a n is te :
l ’axe c e n tr a l a u to u r d u q u e l le m o n d e se c o m p r e n d e t se c o n s tr u it .
Je v e u x s o u lig n e r le f a it q u e , p ré s e n té e d a n s ces te rm e s , la n o t io n
d ’a s s e m b la g e re p o s e s u r des p ré s u p p o s é s n o n s e u le m e n t d is c u
ta b le s m a is aussi p ré ju d ic ia b le s . L e ty p e de lie n s e t la n a tu r e des
é lé m e n ts c o n s titu tifs d ’u n a s se m b la g e e x ig e n t q u e n o u s f o r m u lio n s
le p r o b lè m e d a n s des te rm e s d iffé r e n ts , q u e n o u s l ’a b o r d io n s d a n s
u n e p e rs p e c tiv e p lu s o u v e r te q u i n e p ré ju g e pas d u s ta tu t e t d u s o r t
des é lé m e n ts e n p ré se n ce . Je v o u d r a is aussi m e ttr e e n q u e s tio n c e tte
n o t io n de « c o n f ig u r a t io n r é c ip r o q u e », n o n s e u le m e n t p a rc e q u e le
te r m e m ê m e de c o n f ig u r a t io n est c o n n o té p a r l ’u n iv e r s in f o r m a
tiq u e , la is s a n t a in s i e n te n d r e q u e l ’e x p é rie n c e d u je u a u r a it p o u r
e ffe t de « ré g le r le jo u e u r u n e fo is p o u r to u te s » ( c o n fig u r e r p r e n a n t
U
J0D
)
-O) le sens de « se r e n d r e s e m b la b le » o u « c o n fo r m e à » q u e lq u e chose)
13
a c o m m e o n le f a it à l ’a c h a t d ’u n a p p a r e il (o n le c o n fig u r e ) , m a is p a rc e
Di
T3 q u e s’i l y a e n e ffe t u n tr a v a il de la fo r m e - o u p lu t ô t s u r la fo r m e -
-O)
q u i s’e ffe c tu e , i l n e cesse de se fa ir e d a n s u n p ro ce ssu s i n in t e r r o m p u
0
>3
’c de t r a n s f o r m a t io n des c o rp s q u i s’in t e r p é n é tr e n t. M ie u x d é fin i, le
P
c o n c e p t d ’a g e n c e m e n t p e r m e t q u a n t à l u i de p r e n d r e c o n g é d ’u n e
CL)
T3
in te lle é p is té m o lo g ie p o u r p r o b lé m a tis e r a u tr e m e n t l ’e x p é rie n c e d u
CL)
C
10/) je u e t la q u e s tio n de l ’id e n tité d u jo u e u r .
CL)
O G enèse d ’u n co n c e p t
rM
D e le u z e e t G u a t t a r i in v e n te n t le c o n c e p t d ’a g e n c e m e n t a u d é b u t
>- des a n n é e s 1970. Ils le c o n ç o iv e n t p o u r é c a r te r u n e d if f ic u lt é in h é
Cl
O
U re n te à la n o t io n de s tr u c tu r e q u i a v a it c o u rs à c e tte é p o q u e . L a
s tr u c tu r e « é t a n t c o n ç u e c o m m e u n s y s tè m e r e la tiv e m e n t h o m o
g è ne e t s ta b le » ( K r to lic a , 2 0 0 9 : 98), i l r e s ta it à ré s o u d re u n c e r ta in
O D a n s l ’o u v ra g e q u ’i l l u i c o n s a c re ap rès sa m o r t , D e le u z e v o it chez
x:
03 F o u c a u lt u n a llié d a n s l ’é la b o r a tio n d u c o n c e p t d ’a g e n c e m e n t. C ’est
>-
CL
O ce q u ’i l ré a lis e à c o n s id é re r la p a r e n té c o n c e p tu e lle de la n o t io n
U
de « d ia g r a m m e » d é v e lo p p é e d a n s S u r v e ille r e t p u n i r (1975). L e
d ia g r a m m e y a p p a r a ît e n e ffe t c o m m e « le p la n s u r le q u e l s’a c tu a
lis e n t c o n te n u e t e x p re s s io n e t [ce q u i] c o n s titu e le u r cause im m a
n e n te » ( K r to lic a , 2 0 0 9 : 99). E n in t r o d u is a n t c e tte n o t io n . F o u c a u lt
ré u s s is s a it à s u r m o n t e r le d u a lis m e e n tr e c o n te n u e t e x p re s s io n e t
p e r m e t t a it a in s i de p e n s e r le r a p p o r t q u i les d é fin is s a it e n te rm e s de
p r é s u p p o s it io n r é c ip r o q u e . P o u r D e le u z e , la le c t u r e des d e r n ie r s
l iv r e s d e F o u c a u lt l u i a u r a p e r m is d e m i e u x c o m p r e n d r e ce
98 — C a h ie rs d u g erse
q u e f u t s o n p r o j e t : « U n e e s t h é t iq u e i n t r i n s è q u e de s m o d e s
d ’e x is te n c e , c o m m e u l t i m e d im e n s io n des d is p o s it if s » ( D e le u z e ,
2 0 0 3 c {1 9 8 9 ]: 321).
O C h a q u e é p o q u e se tr o u v e d é te r m in é e p a r u n e m a n iè r e de d ir e e t
x:
03 p a r u n e m a n iè r e de v o ir e t de fa ir e v o ir . Les é n o n c é s e t les v is ib ilité s
>-
Q.
O les r e n d e n t p o s s ib le s . M a is si les é n o n c é s o n t le p r im a t , les v is ib ilité s
U
le u r s o n t ir r é d u c tib le s . L e c o n te n u a u n e fo r m e ( p a r e x e m p le , a v a n t
d ’ê tre u n e fig u r e de p ie r r e , la p r is o n est u n r é g im e de lu m iè r e , u n e
fo r m e de lu m in o s it é q u i d is tr ib u e ) e t u n e s u b s ta n c e (les p r is o n n ie r s
c o m m e m a n iè r e de v o ir e t de fa ir e v o ir le c r im e e t le c r im in e l) .
L’e x p re s s io n a u n e fo r m e (le d r o it p é n a l c o m m e r é g im e de la n g a g e
C o m m e n t le d ia g r a m m e se d is t in g u e - t- il a lo rs de la s tr u c tu r e , se
d e m a n d e D e le u z e . Q u e l r ô le jo u e - t - il e t q u e l lie n p e u t- o n fa ir e
e n tre c e tte n o t io n e t le c o n c e p t d ’a g e n c e m e n t? C h e z F o u c a u lt, le
d ia g r a m m e est u n e m a n iè r e p a r t ic u liè r e de fa ir e f o n c t io n n e r les
r a p p o r ts de fo rc e s . I l « a g i t c o m m e u n e ca use im m a n e n t e n o n -
u n if ia n t e , c o e x te n s iv e à t o u t le c h a m p s o c ia l » (D e le u z e , 1 9 86 : 44),
c o m m e u n e « c a u s e [d ’ ja g e n c e m e n ts c o n c re ts q u i e n e ffe c tu e n t les
r a p p o r ts » , d i t D e le u z e (ib id . : 4 4 ). M a is « q u e v e u t d ir e ic i cause
i m m a n e n t e ? » C ’e st u n e cause « d o n t l ’e ffe t l ’a c tu a lis e , l ’in t è g r e
U
e t la d if fé r e n c ie » (ib id . : 45), e t q u i p e r m e t d o n c d e r é s o u d r e le
JO
D)
-O) p r o b lè m e de p r é s u p p o s itio n ré c ip r o q u e e n tr e c o n te n u e t e x p re s s io n .
a
Di
XJ
L’a c tu a lis a tio n d u d ia g r a m m e se f a i t e n re s p e c t d ’u n p r in c ip e de
d if f é r e n c ia t io n d ’in s p ir a t io n b e r g s o n ie n n e , e n ce sens q u ’e lle n e
O) se f a it pas e n v u e d ’u n e u n it é s o u v e ra in e , m a is s e lo n « d e s fo rm e s
>
'c
P h é té ro g è n e s [q u i r e n v o ie n t] to u te s à u n e m ê m e cause im m a n e n te
O) i n f o r m e lle » ( K r to lic a , 2 0 0 9 :1 0 6 ) .
XJ
U)
O
(/)
10) O r c o m m e le f a i t r e m a r q u e r D e le u z e , ju s q u ’à la p a r u t io n de L a
O)
v o lo n té de s a v o ir e n 1976, les a g e n c e m e n ts s o n t r a p p o r té s c h e z
O F o u c a u lt à u n d ia g r a m m e q u i re ste e n t o u t é ta t de cause u n d is p o
rM
s i t i f de p o u v o ir , c ’e s t-à -d ire u n e m a c h in e « à fa ir e v o ir e t à fa ir e
CT p a r le r » e t d o n c à d o n n e r f o r m e a u v is ib le (au m ilie u , a u c o n te n u
>-
Cl
O e t a u x o b je ts ) e t à l ’é n o n ç a b le (à l ’e x p re s s io n e t a u x é n o n cé s). U n
U
d is p o s it if q u i n ’in c lu t pas e n lu i- m ê m e les fa c te u rs de sa tr a n s fo r
m a tio n . I l fa u d r a a tte n d r e q u e lq u e s a n n é e s e n c o re , à la p a r u t io n de
ses d e u x d e r n ie r s liv r e s . L ’usage des p la is ir s (1984b) e t Le s o u c i de so i
(1984a), p o u r q u ’i l in c lu t la s u b je c tiv a tio n c o m m e a u tre tr o is iè m e
d im e n s io n a p rè s c e lle s d u s a v o ir e t d u p o u v o ir . L e d é p la c e m e n t
c o n c e p tu e l p e r m e t t a n t d ’in t é g r e r la s u b je c tiv a tio n c o m m e a u tr e
d im e n s io n v a s’o p é re r chez F o u c a u lt, a u m o m e n t de tra v e rs e r la c ris e
d a n s la q u e lle i l se tr o u v e p lo n g é d e p u is la p u b lic a t io n de L a v o lo n té
100 — C a h ie rs d u ge rse
de s a v o ir. P o u r c o m p re n d r e c o m m e n t F o u c a u lt a p u in t é g r e r u n e
tr o is iè m e d im e n s io n a u d ia g r a m m e , D e le u z e s u g g è re e n eflfet F id é e
q u e la lo g iq u e de la p e nsé e de ce d e r n ie r se tr o u v e d a n s les crises
q u ’e lle tra v e rs e . E t c o m m e to u te c ris e est lit t é r a le m e n t la tra v e rs é e
d ’u n d a n g e r, D e le u z e p r é te n d q u e la p e n sé e à l ’œ u v re chez F o u c a u lt
s’est avé rée u n e e x p é rie n c e a u sens f o r t d u te r m e , c’e s t-à -d ire u n e
s o rtie d u p é r il (d u la t in p e r ic u lu m « essai, e x p é rie n c e , é p re u v e ») d a n s
le q u e l i l se t r o u v a it p ris . C e tte c ris e f u t l ’o c c a s io n d ’u n e r é in v e n tio n
(m é ta p h y s iq u e ) de sa p r o p r e e x is te n c e , u n e te c h n iq u e (a u sens de
c ré a tio n ) l u i p e r m e t t a n t de se d é p re n d re de soi^^.
La pensée d u d e h o rs
Le c o n s ta t de l ’im m a n e n c e d u p o u v o ir d a n s S u r v e ille r e t p u n ir e t
d a n s L a v o lo n té de s a v o ir s’est a c c o m p a g n é d ’u n d o u te s u r n o t r e
c a p a c ité « à f r a n c h ir la lig n e , à passer de l ’a u tr e c ô té » (F o u c a u lt,
2 0 0 ie [1977]: 241). D ’o ù c e tte q u e s tio n à la q u e lle F o u c a u lt s’est v u
c o n f r o n t é : c o m m e n t se d é p re n d re de s o i-m ê m e ? C o m m e n t, d e v a n t
U
JO
)
D
'(V
l ’im p a s s e d u p o u v o ir , p e n s e r l ’im p e n s é ? S u r g it a lo rs le « d e h o r s »
a de l ’in t é r ie u r .
13
X 3
L’appel au dehors est u n th è m e c o n sta n t de Foucault, et signifie que
p e n se r n ’est pas l’exercice in n é d ’u n e facu lté, m ais doit a d v en ir à la
O)
> pensée. Penser ne dépend pas d ’u n e in té rio rité qui ré u n ira it le visible et
'c
P
l’énonçable, m ais se fait sous l’intrusion d’un dehors qui creuse l’intervalle...
03
T3 (Deleuze, 2003a: 237)
de l u i ré s is te r? O n c o m p r e n d a u s s itô t q u e T a ff ir m a tio n d u p r im a t
de « la p e nsé e d u d e h o rs » im p liq u e la c r it iq u e des n o tio n s d ’id e n tité
e t de re p ré s e n ta tio n , p u is q u e c e tte p e nsé e « s e t ie n t h o rs de to u te
s u b je c tiv ité p o u r e n fa ir e s u r g ir c o m m e de l ’e x té r ie u r les lim ite s , e n
é n o n c e r la f in , e n fa ir e s c in t ille r la d is p e rs io n e t n ’e n r e c u e illir q u e
l ’in v in c ib le a b s e n c e » (F o u c a u lt, 2 0 0 ig [1 9 6 6 ]: 549).
L’a ge nce m en t
Le d e u x iè m e axe de t o u t a g e n c e m e n t est l ’o c c a s io n de r e v e n ir s u r
l ’id é e fo u c a ld ie n n e de la fo rc e q u i se r e t o u r n e s u r e lle -m ê m e a fin
U
d ’é c h a p p e r - d u m o in s p r e n d r e ses d is ta n c e s p a r r a p p o r t - a u x
O)
JD
'(V fo rc e s c o n tr a ig n a n te s des d is p o s itifs . S e lo n c e t axe, l ’a g e n c e m e n t est
a le p la n s u r le q u e l d iv e rs e s lig n e s se r e n c o n tr e n t. P a r m i ces lig n e s ,
13
X3
'(L) c e rta in e s s o n t des lig n e s de p o u v o ir (le d is p o s it if a u sens fo u c a ld ie n )
q u i te n d e n t à d é lim it e r le t e r r i t o ir e e t y e n fe r m e r les fo rc e s . M a is
O)
> u n a g e n c e m e n t n e se l i m i t e pas à sa t e r r i t o r ia l it é e t à ses m o u v e
'c
P
03
m e n ts de r e t e r r it o r ia lis a t io n , p u is q u ’o n y d é n o m b r e aussi les lig n e s
T3
U ) de d é t e r r it o r ia lis a t io n q u i o u v r e n t s u r l ’e x té r ie u r e t in v e n te n t de
03
c/)
l/l
03
n o u v e lle s fo r m e s de v ie . C ’est p o u r q u o i n o u s p o u v o n s d ir e q u e les
a g e n c e m e n ts s o n t a v a n t t o u t p o u r D e le u z e des a g e n c e m e n ts de
O d é s ir e t n o n de p o u v o ir , q u ’ils s o n t fa its de la c o n n e x io n d ’é lé m e n ts
fM
h é té ro g è n e s e t q u ’ils se d é fin is s e n t p a r le u rs « p o in te s de c r é a tio n e t
03 de d é t e r r it o r ia lis a t io n » (D e le u z e e t G u a tt a r i, 1 9 8 0 :1 6 ), e t d o n c p a r
>~
CL
O le d e h o rs , e t s e c o n d a ire m e n t p a r le u rs lig n e s de r e t e r r it o r ia lis a t io n .
U
Les d e v e n irs
O n a v u d a n s ce q u i p ré c è d e q u e le p r o b lè m e n ’est pas t a n t c e lu i
de s a v o ir si le t e r m e a s s e m b la g e est p e r t in e n t p o u r a n a ly s e r les
p ra tiq u e s de je u e t les fo r m e s de s u b je c tiv a tio n , q u e c e lu i de b ie n
d é f in ir les c o n c e p ts u tilis é s . Le te r m e a n g la is a s se m b la g e est s o u v e n t
c o m p ris e n sciences h u m a in e s c o m m e u n d é riv é d u te r m e fr a n ç a is
106 — C a h ie rs d u ge rse
a g e n c e m e n t q u ’u t i li s e n t D e le u z e e t G u a t t a r i d a n s le u r s tr a v a u x .
O r le c o n c e p t d ’a g e n c e m e n t q u e ces d e r n ie r s o n t d é v e lo p p é à
p a r t i r des a n n é e s 1970 im p liq u e des c o n n e x io n s s p é c ifiq u e s avec
d ’a u tre s c o n c e p ts d o n t o n n e p o u r r a i t fa ir e l ’é c o n o m ie sans e n
r é d u ir e la p o rté e .
a n e p ré c is a n t pas ce q u ’e lle e n te n d p a r « c o n f ig u r a t io n r é c ip r o q u e » ,
13
X 3 T a y lo r la is s e a in s i se p r o f i l e r l ’id é e q u e la f o r m e des é lé m e n ts
c o n s t it u t if s é v o lu e à la r e n c o n tr e des a u tre s sans p ré c is e r la n a tu r e
O)
> d u p ro ce ssu s a u c o u rs d u q u e l les r e n c o n tre s se f o n t e t les fo r m e s se
'c
P d é v e lo p p e n t. E lle illu s t r e s o n p ro p o s e n d é v e lo p p a n t l ’e x e m p le d ’u n
03
"O r a id m e n é c o n tr e u n boss m o n s te r s u r W o rld o f W a r c ra ft avec l ’a id e
in
0 )
(/)
10 d ’u n m o d q u i a g it c o m m e u n n o u v e a u m e m b r e d u g r o u p e (de la
03
g u ild e ). E n in t r o d u is a n t ce b ia is th é o r iq u e (c o n c e p tu e l e t m é th o d o
O lo g iq u e ) q u i p la c e « l ’h u m a in » a u c e n tre de l ’a s se m b la g e , e lle r é d u it
rM
les c h a n c e s d e c o m p r e n d r e les p ro c e s s u s e n je u , a u tr e m e n t q u ’à
p a r t i r de c o n s id é ra tio n s m o r a le e t é th iq u e , c o m m e le f a it L a to u r.
>- Sans d o u te r d u f a i t q u e , lo rs q u e le jo u e u r est à s o n c la v ie r d a n s
Q.
O
U u n e r e la t io n avec d ’a u tre s jo u e u r s m é d ia tis é e p a r le d is p o s itif, i l s’y
tr o u v e u n « h u m a i n » e n r e la tio n avec d ’a u tre s h u m a in s , o n p e u t
v o ir d a n s ce te r m e e t d a n s ce q u ’i l c o n n o te u n e in c a p a c ité à p e n s e r
les p ro ce ssu s à l ’œ u v r e d a n s la r e n c o n tr e des c o rp s , des choses e t
des n o n -c h o s e s .
C . P e r r a t o n — P a r-d e là l ’ id e n t it é e t les a s s e m b la g e s — 107
O n p e u t r e p ro c h e r à T a y lo r de p e n s e r P assem blage e n te rm e s fo n c
t io n n e ls ( é lé m e n ts in t e r r e lié s ) e t a n t h r o p o c e n t r iq u e s ( h u m a in s
e t n o n - h u m a in s ) , de f a ir e d o n c d a n s le p r e m ie r cas u n e s im p le
d e s c r ip t io n d u f o n c t io n n e m e n t de l ’a s s e m b la g e e t de r e c e n t r e r
e n s u ite le t o u t s u r l ’h u m a in . I l fa u t o p p o s e r à l ’a n th r o p o c e n tr is m e
r é d u c te u r u n e p e n sé e d u d e h o rs p e r m e t t a n t d ’« [a lle r ] c h e rc h e r ce
q u i p ré c è d e l ’h u m a in , le d é b o rd e e t l ’a p p e lle à s o r t ir de lu i- m ê m e » ,
c a r « [ l ] e d e h o rs re n v o ie à c e tte p a r t d ’i n h u m a in o ù l ’h o m m e cesse
de s’a p p ré h e n d e r d e p u is sa c o n s c ie n c e e t s o n v o u lo ir p o u r la is s e r
q u e lq u e ch o se d ’a u tr e é m e rg e r à la s u rfa c e , se fr a y e r u n passage,
d a n s la fê lu r e » (G é B a r t o li e t G o s s e lin , 2 0 0 9 ).
A u x n o tio n s d ’a s se m b la g e e t de c o n f ig u r a t io n r é c ip r o q u e i l v a u d r a it
m ie u x s u b s t it u e r les n o t io n s d ’a g e n c e m e n t e t de d e v e n ir p o u r
a n a ly s e r la s it u a t io n d é c r it e p a r T a y lo r d a n s s o n a r t ic le . A i n s i
108 — C a h ie rs d u g erse
p o u r r a it - o n p o s e r q u e le jo u e u r a p p a r t ie n t à u n n o u v e l a g e n c e
m e n t f o r m é p a r la p e r s o n n e ( jo u e u r ) , le p e r s o n n a g e (a v a ta r), le
lo g ic ie l (m o d ), les a u tre s jo u e u r s ( g u ild e ) e t le d is p o s it if te c h n iq u e
( m a c h in e ) . L ’a g e n c e m e n t jo u e u r -a v a t a r -m o d -g u ild e - m a c h in e f o r m e
u n e n o u v e lle u n it é v id é o lu d iq u e ( lu d iq u e e t e x p lo r a t o ir e ) q u i
tr a n s fo r m e la n a tu r e d u jo u e u r e t d u je u . I l a n o n s e u le m e n t p o u r
e ffe t d ’a u g m e n te r la p u is s a n c e d u jo u e u r , m a is aussi de s u b je c tiv e r
a u tr e m e n t la p e rs o n n e q u i jo u e . L e m o d i n d u i t u n n o u v e a u r a p p o r t
e n tre les é lé m e n ts de l ’a g e n c e m e n t q u i est p ro p ic e à la c ir c u la t io n
de n o u v e a u x a ffe c ts e t, d a n s le c o n te x te d ’u n M M O G , i l d é c u p le les
ca p a cité s c o m m u n ic a tio n n e lle e t e x p lo r a to ir e d u jo u e u r . L’a n a ly s e
p o u r r a i t fa ir e r e s s o r t ir q u e c e t a g e n c e m e n t e st p r o d u c t e u r d ’u n
m o n d e p e rs is ta n t e t « d u ra b le ^^ » o ù se tr o u v e n t associés d iffé r e n ts
é lé m e n ts (c o rp s , choses e t n o n -c h o s e s ) m o b ilis é s d a n s l ’e x p lo r a tio n
de n o u v e a u x t e r r it o ir e s e t l ’in v e n t io n de n o u v e lle s fo r m e s de v ie .
U
0)
JD
'0U)
(y
U
T3
C
>D
c
P
TCL)
3
in
CL)
(/
10)
CL)
O
(N
(5)
O)
>-
Cl
O
U
R a n ia A o u n
O c h a n g e r o u a jo u te r des id e n tité s .
x:
03
>- P o u r r a p p e l, la p r e m iè r e v e r s io n de F a c e b o o k é t a it d ’a b o r d u n
CL
O ré se a u fe r m é , ré s e rv é a u x é tu d ia n te s e t é tu d ia n ts de l ’ U n iv e r s ité
U
H a r v a r d . Sa s p h è re a e n s u ite é té é la rg ie p o u r in c lu r e les é tu d ia n te s
e t é tu d ia n ts des a u tre s u n iv e r s ité s e t c o llè g e s a m é r ic a in s e t a e n fin
é té re n d u e p u b liq u e e n s e p te m b re 2 0 0 6 .
D ès ses p re m iè re s v e rs io n s , F a c e b o o k d e m a n d e à ses u sa ge rs d ’i n d i
q u e r des in f o r m a t io n s p e rs o n n e lle s pré cise s. D e f a c t o , i l d é c id e d u
c o n te n u q u i sera i n t r o d u i t d a n s la p la te fo r m e , le ty p e e t la q u a n t it é
d ’in f o r m a t io n s d iv u lg u é e s p a r l ’usa ge r. A in s i, s e lo n l ’in t e r p r é t a t io n
de la d é f in it io n fo u c a ld ie n n e d u d is p o s it if p a r G io r g io A g a m b e n ,
F a c e b o o k v is e , « à tra v e rs u n e s é rie de p ra tiq u e s e t de d is c o u rs , de
R . A o u n — L e p r o f il F a c e b o o k a -t- il u n sexe? — 111
F a c e b o o k est a in s i d o té d ’u n e s tra té g ie de c o n tr ô le e t de m a n ip u
la t io n q u i c h e rc h e à s a is ir le s u je t d a n s u n s y s tè m e e t à in flu e n c e r ,
p a r to u s les m o y e n s , le c o m p o r t e m e n t de l ’in d i v i d u e t n o t a m m e n t
sa m a n iè r e de s’id e n tifie r . D ’a ille u r s , A g a m b e n s o u lig n e q u e « le s
d is p o s itifs d o iv e n t to u jo u r s im p liq u e r u n p ro ce ssu s de s u b je c tiv a -
t io n . Ils d o iv e n t p r o d u ir e le u r s u je t» (A g a m b e n , 2 0 0 7 : 26), e t c ’est
p a r le f a it de re la y e r l ’i n d iv id u d a n s le p ro ce ssu s de s u b je c tiv a tio n
q u e ces d is p o s itifs d é s u b je c tiv is e n t c e lu i-c i.
U
« N o m de f a m i ll e » , « A d re s s e é le c t r o n iq u e » , « C o n f i r m a t i o n de
O)
JD
'(V l ’adresse é le c tr o n iq u e » , « M o t de p a sse» , « D a t e de n a is s a n c e » e t
a « Sexe ». L a m a rg e de « lib e r t é » a c c o rd é e p a r F a c e b o o k à ses f u t u r s
13
X3 u s a g e rs a u m o m e n t de l ’i n s c r i p t i o n s’a r r ê te a u x t r o is p r e m iè r e s
lig n e s ( « P r é n o m » , « N o m de f a m i ll e » , « A d re s s e é le c t r o n iq u e » ,
O)
> « C o n f ir m a t io n de l ’adresse é le c tr o n iq u e », « M o t de passe », « D a te
c
P
O) de n a is s a n c e »). O r, p o u r d é f in ir s o n « sexe », F a c e b o o k im p o s e u n
T3
{fl « c h o i x » b in a ir e , q u i c o r r e s p o n d p a r f a it e m e n t à la n o r m a t iv it é
03
tn
{fl
Q J s e x u e lle e n n ’in c lu a n t q u e « F e m m e » e t « H o m m e » (fig . i).
O facebook
fM
inscription
FKtbook vous p«rm*t de rester en contact C««ÿrxuc (ft ça 'ntentou|Oun)
et d'échanger avec les personnes qui vous
entourent.
>-
Q.
O i. -S- A A
U JL
X i. JL Omc dt naissance
WM I ttm» I eI
rtmiTK Hommt
re n v o ie (s o n o b je t) de la m ê m e m a n iè r e , l ’in t e r p r é t a n t d e v e n a n t, à
so n to u r , u n s ig n e e t a in s i de s u ite a d i n f i n i t u m (2 .3 0 3 )» (P e irc e ,
1 9 7 8 :1 2 6 ). C e la in c lu t u n e s é rie de r e p ré s e n ta tio n s sexuées. D ès lo rs ,
les d e s ig n e rs de F a c e b o o k p r o d u is e n t - à tra v e rs u n e d é c lin a is o n de
ces d e u x é lé m e n ts g ra p h iq u e s a in s i q u e d ’a u tre s é lé m e n ts p la s tiq u e s ,
c o m m e les c o u le u rs - de n o u v e lle s c o m b in a is o n s ic o n iq u e s s u r le
p r o f i l ; l ’u s a g e r n e p e u t n i les ô te r, n i in t e r v e n ir s u r le u r d e s ig n p o u r
les d é c h a rg e r de to u te s ig n ific a tio n sexuée.
O
rM
>~
Cl
O
U
Fig. 2. Les illustratio n s fém in in /m ascu lin su r Facebook. C ap tu res d ’écran. 2013
d e u x b u lle s s u p e rp o s é e s e n b le u e t e n ro s e a f i n d ’ i d e n t i f i e r la
r u b r iq u e m essage. L a s u b s titu tio n des m o t if s fe m m e e t h o m m e n e
cré e pas de s u b v e rs io n d a n s la r e p r é s e n ta tio n d u m a s c u lin e t d u
f é m in in e t les c o u le u r s associées à c h a q u e sexe s o n t re c o n n a is s a b le s
p o u r la p lu p a r t des s u je ts issus de s o c ié té s o ù le ro s e e t le b le u
s o n t a ttr ib u é s re s p e c tiv e m e n t à la fe m m e e t à l ’h o m m e . D e p lu s ,
la c o m b in a is o n des b u lle s c o n s e rv e le fa v o r itis m e q u i est p r a tiq u é
a u p r o f it d u m a s c u lin e t a u d é t r im e n t d u f é m i n in : la b u lle b le u e
o c c u p e le p r e m ie r p la n e t la ro s e re s te p a r t ie lle m e n t v is ib le , re lé
g u é e a u s e c o n d p la n e t cachée p a r la b u lle b le u e . L a d e r n iè r e fo r m e
de r e p r é s e n ta tio n s’e x p r im e p a r l ’a b s e n c e d u m o t i f f é m i n i n s u r
c e rta in e s ic ô n e s , c o m m e ce lle s q u i d é s ig n e n t la r u b r iq u e p h o to s ,
l ’a jo u t d ’a m is , la p e rs o n n e à la q u e lle o n est a b o n n é e o u le F a c e b o o k
M o b ile (e t la lis te s’a llo n g e , si l ’o n c o n s id è re d ’a u tre s pages a n ne xe s,
c o m m e p a r e x e m p le celles q u i a ffic h e n t les ré s u lta ts d ’u n e re ch e rch e ).
A in s i, l ’é tu d e des p la n s p la s tiq u e e t ic o n iq u e (S a o u te r, 2 0 0 0 ) de l ’e n
s e m b le de ces ic ô n e s , de la c o n c e p tio n de ces m o tifs , de le u rs asso
U
O) c ia tio n s les u n s a u x a u tre s e t de le u r r é p a r t it io n s u r les d iffé r e n te s
'X
C
U
D
3
r u b r iq u e s d u p r o f il m o n tr e q u e les d e s ig n e rs de F a c e b o o k tr a n s fo r
O '
U m e n t le p r o f il sexué e n u n p r o f il g e n ré , o ù les la n g a g e s v is u e ls e t
T3
te x tu e ls se c r o is e n t a fin de fa ir e s u r g ir les sig n e s d ’u n c o n t in u u m
O) h ié r a r c h iq u e p r ô n a n t la d o m in a n c e m a s c u lin e .
>
'c
P
Q u o iq u e des é tu d e s a n té r ie u r e s , c o m m e c e lle m e n é e p a r D o n n a
Te3u
H a r a w a y , a ie n t d é f e n d u l ’ h y p o t h è s e d ’u n e a b s e n c e d u c o r p s
b io lo g iq u e d a n s le c y b e re s p a c e a f in d ’a r g u m e n t e r e n fa v e u r de
la lib e r t é q u ’a v a it l ’i n d i v i d u de s u b v e r t ir le g e n re s u r le W e b , le
O « c h o i x » d u sexe q u ’im p o s e F a c e b o o k i n f i r m e c e tte h y p o th è s e .
(N
O F a c e b o o k re p re n d v o lo n ta ir e m e n t la c o n s tr u c tio n d u g e n re s e lo n
la n o r m e b in a ir e s o u v e n t c r itiq u é e p a r les é tu d e s fé m in is te s a fin de
>-
Cl
O r é p a n d re l ’id é e q u e le g e n re se d é f in it e n f o n c tio n d u c o rp s e n c h a ir
U
e t ja m a is e n d e h o rs de la s p h è re b io lo g iq u e .
C e lie n b io lo g iq u e , q u e les d e s ig n e rs de F a c e b o o k r e p r o d u is e n t au
m o y e n de l ’im p o s it io n d ’u n c h o ix b in a ir e e n tre d e u x sexes, c o n s titu e
l ’é lé m e n t c lé d o n t se s e r t le d is p o s i t i f a f in de fo n d e r s o n d is c o u r s
i d e n t i t a i r e . A i n s i, se r é f é r e r a u sexe « b i o l o g i q u e » a f in d e n e
R . A o u n — L e p r o f il F a c e b o o k a -t-il u n sexe? — 115
Le second niveau est d é fin i par le fa it que l ’id e n tité se dessine par
les tra its q u i sont associés respectivem ent au m o t if de la fem m e (les
cheveux longs) et au m o t if de l ’ho m m e (les cheveux courts). Les
U
m o tifs reflètent des archétypes d ’une apparence fé m in in e et mascu
J O
D)
'(V line . Les représentations visuelles des concepts^m m c et homme sur
a Facebook reposent évidem m ent sur u n ra p p o rt de con ven tion na lité
13
X3 entre le m o t et la chose (De Saussure, 1 9 7 4 : 7 ). Or, aucun lie n logique
ne fig u re entre les concepts fem m e et homme et leurs représentations
O
>)
'c visuelles, à p a rt u n lie n établi par une convention q u i puise dans
P
des références culturelles normalisées. A in si, les dikta ts assignés aux
T033
femmes et aux hom m es com m encent à prendre fo rm e à p a rtir de
ces représentations distinguées. D ’une représentation stéréotypée
du fé m in in et du m a s c u lin à u n ra p p o rt in é g a lita ire en tre les
O
fM femmes et les hom m es, les designers de Facebook nous proposent
une panoplie de représentations où la fem m e, ta n tô t occupe une
03 seconde po sitio n en é ta n t dom inée par l ’hom m e, ta n tô t est to u t
>~
CL
O sim plem ent absente.
U
F a c e b o o k : u n s y s tè m e d e s ig n e s
TO3) tion ne lle), ensuite, les placer à la fin de la fiche d’in s c rip tio n après
(/)
O )
(/) avoir inséré les in fo rm a tio n s personnelles (phase organisationnelle)
10
O) et lim ite r l ’in d iv id u à u n cho ix b in a ire entre fem m e et ho m m e
(phase orien ta tion ne lle ). Certes, ces fonctions ne se lim ite n t pas à
O
rM
l ’étape de création du p ro fil p o u r se répandre dans l ’ensemble des
@
représentations, fo n ctio n n a lité s et applications de Facebook.
>-
Cl
O
U
2. C ’est-à-dire « u n e n se m b le ré s o lu m e n t h é té ro g è n e , c o m p o r ta n t des
d isco u rs, des in s titu tio n s , des a m é n a g e m e n ts d ’a rc h ite c tu re s , des d écisio n s
règlem entaires, des lois, des m esures ad m in istrativ es, des énoncés scientifiques,
des propos philosophiques, m o rau x , p h ila n th ro p iq u e s, bref: d u d it aussi bien
que d u non-dit, voilà les é lém en ts d u d isp o sitif Le d isp o sitif lui-m êm e, c’est
le réseau q u ’o n p e u t é ta b lir e n tre ces é lé m e n ts» (F oucault, 1977: 63).
1 1 8 — C a h ie rs d u ge rse
F a c e b o o k p e r f o r m e le g e n r e p a r s o n d e s ig n
U
La conception de cette com binaison, son placem ent sur le site et la
O)
-O3
X ) rh é to riq u e de la ré p é titio n déployée par les designers de Facebook
D
O ' p e rm e tte n t une m ém o risa tion de cette icône. En effet, la réflexion
U
T3
de B ru n o L a to u r (citée par Trom p, H e kke rt et Verbeek) sur le rôle
CD
du design dans l ’influence du com p ortem e nt explique ce lie n é tro it
> entre le designer et l ’influence in te n tio n n e lle sur l ’usager, n o ta m
’c
P
m en t dans ce que La tou r désigne par in scrip tio n . Cependant, « L a to u r
"Q
O J
(/) distinguishes ''in s c rip tio n s ” w hich refers to the effects on user’s actions
O
tnJ
(/)
QJ
intended by the designer » (Trom p, H e kke rt et Verbeek, 2 0 1 1 : 4 ). Or,
l ’in té rio ris a tio n de l ’ensemble de ces éléments visuels q u i illu s tre n t
O des stéréotypes sexuels assure la rep ro d u ctio n de ces norm es dans
fM
la société.
Elle a ttire égalem ent no tre a tte n tio n sur le rôle des médias dans la
diflfusion de ces stéréotypes, en a ffirm a n t que «[s]i la re lig io n jo u a it
autrefois u n rôle pré po nd éra nt dans la d iffu s io n des stéréotypes
sexuels, les médias o n t a u jo u rd ’h u i pris la relève» (Descarries et
M athieu, 2 0 1 0 : 68 ). Or, si les médias trad ition ne ls diffu sen t les stéréo
types sexuels, les nouveaux médias com m e Facebook les p e rform en t
com m e le souligne D o m in iq u e C ardon: «Le design des interfaces
relationnelles exerce u n effet p e rfo rm a tif sur la m anière d’h a b ille r
ses identités. Chaque plateform e propose des systèmes d’enregistre
m ent, des descriptions signalétiques et des assignations identitaires
très différentes » (Cardon, 2 0 0 8 : 10 4 ). Cette réflexion nous p e rm et
de penser que les designers de Facebook p e rfo rm e n t le genre à
p a rtir du p ro fil par le design q u i est u n langage. À ce propos, A n d y
D ong a ffirm e que « ce rta in ly, designing is a language on its ow n, p a rtly
p e rfo rm in g w h a t cannot be conversed o r said b u t only enacted through
designing and the designed w o rk » (Dong, 2 0 0 7 : 5). A in si, considérer le
design com m e u n langage p e rfo rm a tif renvoie à la th é o rie d’A u s tin
par laquelle le th é o ricie n a fh rm e que dans les « p e rfo rm a tifs » , il
U
O)
'C
U ne s’agit pas de discuter la vérité ou la non-vérité de l ’a ffirm a tio n ,
D
O ' m ais ce q u i est im p o rta n t est d ’é tu d ie r les faits p ro d u its par ces
U
T3 a ffirm a tio n s en te n a n t com pte du contexte des « p e rfo rm a tifs »
'CD
(A ustin, 19 7 0 [ 19 6 2 ] : 25 ).
CD
>
’c
P A u s tin pense également que la p e rfo rm a tiv ité se p ro d u it en fo n ctio n
CL)
"D de deux aspects de l’acte. Il distingue alors celui de Villocution, où l ’acte
in
CL)
(/) est établi au m om ent de la prononciation du discours, et celui de la
U)
CL)
perlocution, où l’acte est comme une conséquence du discours prononcé:
O N ous avons reconnu, en p rem ier lieu, l’ensem ble de ce que n ous faisons
(N
en d isa n t quelque chose, et n o u s l’avons n o m m é acte locutoire. N ous
e n te n d o n s p a r là, so m m a ire m e n t, la p ro d u c tio n d ’u n e p h rase dotée
>- d ’u n sens et d ’u n e référence, ces deux élém ents c o n stitu a n t à peu près
CL
O
U la signification - au sens tra d itio n n e l du term e. N ous avons avancé, en
second lieu, que n ous pro d u iso n s aussi des actes illocutoires: inform er,
c o m m a n d er, avertir, e n tre p re n d re , etc., c’est-à-dire des é n o n cia tio n s
ay an t u n e v a le u r co n v en tio n n elle . E nfin n o u s avons défini les actes
perlocutoires - actes que nous provoquons ou accom plissons p ar le fait
de dire u n e chose. (A ustin, 1970 [1962]: 119)
1 2 0 — C a h ie rs d u g erse
C o n c lu s io n
P orter son in té rê t sur le rôle stru ctu re l de Facebook, ainsi que sur
celui des autres plateform es sim ilaires, dans la co n stru ctio n iden
tita ire en ligne n ’a pas p o u r b u t de le valoriser, n i de l ’appuyer. Il
s’agit de proposer u n autre regard qu i perm et de penser les processus
et les stratégies d’em prise du sujet par le d is p o s itif et ainsi réflé chir
sur d ’éventuelles solutions p o u r rem é dier à ce renversem ent des
rapports de forces dans lesquels l ’in d iv id u est saisi.
U
JOD
'(V
)
a
13
X3
O)
>
'c
P
03
T3
O
(N
O
x:
03
>-
O.
UO
и
О)
'О)
и
а
и
тз
C
>U
'с
р
О)
"О
сси
л
(Л
(Л
C
U
о
гм
Oí
'l_
>-
Cl
ио
L a viej» p u b liq u e ? des o b je ts
Un survol des objets in an im és ayant u n com pte sur T w itte r
M a r c R o w ley
I n t r o d u c t io n
U
D ans Les lia is o n s n u m é riq u e s, A n to n io C a s illi va plus lo in que
JOD
'(V
)
G ranovetter, en proposant que :
a
13
X3 [d]ans to u s les cas, la q ualité du capital social d ’u n usager se base m oins
sur la force de ses liens que sur leu r activabilité. L’activation d ’u n lien,
CD
> qui serait difficile hors ligne, devient praticable avec l’aide de l’In tern et.
’c
P (Casilli, 2010: 222)
TO3)
U
O )) L’appartenance d’u n m em bre à u n groupe ne se révèle pas u n iq u e
(/)
10
O) m en t bénéfique p o u r lu i-m êm e : sa présence e n ric h it aussi l ’expé
rience des autres m em bres du réseau en v e rtu des lien s q u ’ils
O
rM partagent et q u i deviennent alors activables par d’autres membres.
Chez Shirky, on trou ve égalem ent des traces d ’une telle prise de
p o s itio n , n o ta m m e n t dans le cha pitre de son liv re consacré au
>-
O.
O site de réseautage social M eetupL II observe en effet que, p a rm i les
U
groupes les plus populaires de ce réseau, on trou ve des associations
de sorcières, de païens, d’anciens tém oins de Jéhovah, de vam pires
et d ’athées (ib id . : 19 9 ), et que les membres de chacune de celles-ci
partagent « a la te n t desire to meet b u t had fa ce d previou sly insuperable
hurdles » (ib id . : 2 0 0 ). Le succès de ces groupes dépend ainsi de la
I. h ttp ://w w w .m e e tu p .c o m
M . R o w l e y — L a v ie p u b liq u e des o b je ts — 125
S u r F id e n t it é d e s o b je ts
Dans son essai S’o rie n te r dans le v irtu e l (2 0 12 ), M arcello V itali-R osati
disting ue l ’id e n tité nu m é riq u e de l ’id e n tité v irtu e lle . La prem ière
correspond à 1’« id en tité d’u n usager telle q u ’elle est com prise par
une m achine » (ib id . : 14 9 ), alors que l ’id e n tité v irtu e lle serait celle
que « l ’u tilis a te u r peut [...] gérer com m e il v e u t» (ib id . : 15 0 ). Cette
U
O)
JD nuance se situe au fondem ent de n o tre analyse des p ro fils créés au
'O)
U n o m d’objets sur T w itter. L’id e n tité d’u n objet sur T w itte r devient
(y
U une id entité « v irtu e lle » ta n t que le lecteur suspend v o lo n ta ire m e n t
T3
L a s in g u la r it é d e la c o n s t r u c t io n d e T id e n t it é s u r T w it t e r
CD
>
’c
P
De toutes celles des RSN, l ’architecture de T w itte r offre la plus grande
capacité au lecteur de créer u n p ro fil au no m d ’u n objet in a n im é
TC3
L)
СЛ et ainsi de lu i conférer une sorte d’id e n tité v irtu e lle . L’élém ent le
CL)
СЛ
(Л
e
u plus p e rtin e n t à évoquer à cet égard est la non-hiérarchisation des
types de p ro fils au sein du site. O n peut com parer cette stru ctu re
O
ГМ à celle de Facebook p o u r m ie u x com prendre sa s in g u la rité : dans
O Facebook, u n u tilis a te u r peut créer différents types de pro fils. Si
x:
DI l ’on est u n in d iv id u , on peut créer u n « T im e lin e » q u i p e rm e t à
>•
CL
O l ’u tilis a te u r de reg rou pe r ses « a m is » . A u tre m e n t, si l ’on agit au
U
nom d’une entreprise ou d’une m arque de commerce, on peut créer
une «page» p e rm e tta n t d’a ccu e illir des « fa n s » qui, au lie u d ’avoir
fa it une demande d’« a m itié », auraient to u t sim plem ent cliqué sur
« j’aim e». Ces deux types de pro fils im p liq u e n t u n ra p p o rt d iffé re n t
Cependant, sur Tw itter, cette hiérarchie im p lic ite n ’existe pas. Tous
les comptes, qu’ils soient créés au nom d’u n in d iv id u , d ’une compa
gnie, d’u n p a rti p o litiq u e , d’une m arque de commerce ou d’u n appa
re il ménager, dé tien ne nt le mêm e sta tu t: u n p ro fil. Toute personne
q u i ajoute des tweets de ce com pte à son flu x d’actualité devient u n
abonné. En théorie, tous les pro fils sont égaux (il fa u t rem arquer
que certains pro fils détiennent u n p e tit logo bleu dans lequel une
coche blanche est incrustée, ce q u i c o n firm e que la personne en
question a v é rifié la correspondance entre son id e n tité c iv ile et
son avatar, mais ce processus de vé rifica tio n n ’est pas systématique
et s’observe le plus souvent dans le cas des personnes célèbres -
artistes, personnalités politiques, athlètes, etc.). Si l ’architecture de
U
O) Facebook signale clairem ent au lecteur les p ro fils q u i renvoient à
'X
C
D
3
U des in d iv id u s - cela confère aux ad m in istra te u rs du site le d ro it de
a
U
T3
supprim er les comptes q u i n ’adhèrent pas à ce classement - de m ême
que ceux q u i renvoient à des entités n o n hum aines, l ’architecture de
CD
> T w itte r pousse le lecteur à deviner cette in fo rm a tio n en se basant
’c sur le contenu du p ro fil et de ses tweets.
P
TC3
L)
СЛ Par conséquent, si l ’on accepte que l ’avatar est une pro je ction de
CL)
СЛ
(Л
CL)
soi dans u n espace nu m é riq u e tel que T w itter, qu’on accepte que
les p ro fils sur T w itte r con stitue nt des exemples d ’avatars et qu’on
O re c o n n a ît que, dans la s tru c tu re de T w itte r, aucune d is tin c tio n
(N
A u t o n o m ie p e r ç u e e t a g e n t iv it é d e s o b je ts
Il est toutefois cla ir que toutes les identités de ce type ne sont pas
équivalentes, n i dans le u r vraisem b lan ce n i dans le u r capacité
d’in te ra g ir avec d’autres profils. Par exemple, u n p ro fil au no m d’u n
objet q u i écrit à la troisièm e personne au ra it peut-être une faible
capacité à se faire accepter par u n in te rlo c u te u r com m e représen
ta n t une entité autonom e, car la présence de l ’auteur derrière les
messages serait tro p évidente. De même, u n p ro fil q u i se se rvira it
d’u n ré p ertoire très restreint de phrases répétées en fo n c tio n des
messages q u i lu i sont adressés a u ra it aussi une certaine d iffic u lté à
é ta b lir une id en tité autonom e, à cause des lim ite s évidentes de sa
capacité à in te ra g ir avec d’autres avatars sur le site. A in si, il est u tile ,
dans l ’optique de m ie u x com prendre les qualités et les faiblesses de
U
O) ces identités, de p o u v o ir les analyser selon une m atrice, do nt les
-0)
a deux axes correspondent i) à une plus ou m oins grande autonom ie
■a perçue par ra p p o rt à la personne-qui-agit sur le réseau ; et 2 ) à une
plus ou m oins grande a g e n tivité q u a n t à le u r capacité à in te ra g ir
O)
> avec d’autres p ro fils sur le site.
c
P
e
u Le p re m ie r axe, celui q u i mesure l ’au ton om ie perçue d ’u n objet
T3
U
e u
) sur T w itter, se d é fin it en fo n c tio n de l ’indépendance présumée du
e /)
(/1 p ro fil par ra p p o rt à la personne q u i a créé le com pte et q u i l ’a activé.
e
u
UO É tu d e d e s p r o f ils d ’o b je ts s u r T w it t e r
@ B ig_Ben_Clock
CT @ m yto a ster
>-
Cl
O
U Le deuxièm e exemple de p ro fil que nous citerons constitue u n cas u n
peu plus complexe. 11 s’agit de « m yto a ste r» (tw itter.com /m ytoaster),
qui com pte 2 4 4 т abonnés. Ce compte est abonné à 88 profils et a
@ pin k_bracelets
TC3
L) très grande capacité à faire circu le r de l ’in fo rm a tio n par le réseau :
in
CL)
(/) autrem ent d it, il possède une agentivité relativem ent forte, bien que
U)
CL)
lim ité e par la tendance de l ’auteur à ne pas répondre souvent aux
messages q u i lu i sont adressés.
O
CN
@ M arsC u riosity
UO
C o n c lu s io n
m e n t ce qu’il trouve a ille urs sur la Toile. Il est dès lors cla ir que la
CD
> richesse de l ’id en tité d ’u n objet sur T w itte r correspond aux attentes
'c
P que nous avons par ra p p o rt à l ’id e n tité d ’une personne: ta n t que
OJ
T3 l ’avatar en question est accepté par ses interlocuteurs, m algré ses
invraisem blances, et que l ’avatar in te ra g it avec d ’autres avatars sur
le réseau, son id en tité s’e n rich it.
'CD
dans l ’e n viro n n e m e n t nu m é riq u e perm et une plus grande variété
d ’Autres que jam ais, mêm e si ces interactions sont, p o u r l ’in sta nt,
CD
> typ iq u e m e n t médiatisées sur T w itte r par le texte.
’c
P
Q
J
"O O n accuse souvent les réseaux socionum ériques d’être des « chambres
{/
(U)
tn d’échos », où les in d iv id u s o n t tendance à chercher des o p in io ns ou
t/1
QJ
des avis avec lesquels ils ou elles sont déjà plus ou m oins en accord.
O n souligne les ressemblances dém ographiques de base des u tilis a
O
fM
teurs, q u i sont m a jo rita ire m e n t des jeunes personnes occidentales
x: pourvues de téléphones in te llige nts. Les cas exceptionnels, où les
ai
>- u tilisa te u rs se servent du réseau p o u r d iffu se r les nouvelles d ’u n
CL
O m ouvem ent de masse, ou suivre des évènements po litiqu es com m e
U
des débats présidentiels, o n t p o u r effet, par le u r rareté même, de
c o n firm e r que la m a jo rité de la co m m u n ic a tio n q u i passe par le
site est banale et sans in té rêt. Cependant, on peut com prendre ces
comptes aux nom s d ’objets (sans m e n tio n n e r ceux aux nom s de
personnages fic tifs ou historiques) com m e une prem ière tentative
1 4 2 — C a h ie rs d u g erse
TCL)
3 sur l ’expérience vécue en lign e, nous nous préparons à u n avenir
in
CL)
(/ où ces questions d é b o rd e ro n t des cadres de la T oile p o u r nous
10)
CL) c o n fro n te r directem e nt.
O
rM
(5)
O)
>-
Cl
UO
L ’a p p ro c h e j ju rid iq u ej> a u p ro fit"
des id e n tité s n u m é riq u e s
La défense des droits des femmes sur le Web
I s a b e l l e B o u r g e o is
I n t r o d u c t io n
1. T ra d u c tio n libre.
2. T ra d u c tio n libre.
1 4 4 — C a h ie rs d u g e rse
1. L e s « v o ix v ir t u e lle s » : le d é v e lo p p e m e n t
d ’u n e id e n t it é c o lle c tiv e
CD
>
’c
P
O)
T3
U
O )
(/))
to
0)
É g a le m e n t, en d é te r m in a n t les te rm e s de ce q u i u n it ce tte
com m u na uté n u m ériqu e, u n processus d ’in clu sio n et d ’exclusion
est m is en place. C’est par la com préhension de luttes com m unes et
d’oppositions partagées qu’une u n ité se crée. A lb e rto M elucci d é fin it
U
alors l ’id en tité collective com m e étant « une d é fin itio n interactive et
O)
'X
C
U
D
3 partagée créée par plusieurs in d iv id u s [...] préoccupés par les o rie n
O ' tations des actions et les o p p o rtu n ité s et contraintes avec lesquelles
U
T3
'CD
les actions doivent survenir^ » (M elucci, 1 9 9 6 : 4 6 ). Le groupe partage
ainsi des objectifs, des in té rê ts semblables et des expériences et
CD
> d é te rm in e alors une id e n tité collective propre par l ’interm édiaire
'c
P
e
u
« d’u n cadre délim ité, de prise de conscience et de niveaux complexes
T3
U ) de négociation po u r situer les individus et le groupe dans la m atrice
e u
e /)
(/1 plus grande d’u n système d o m in an t de croyances^ » (Ayers, 2 0 0 3 : 152 ).
e
u
5. T ra d u c tio n libre.
6. T ra d u c tio n libre.
I. B o u r g e o is — L’a p p ro c h e ju r id iq u e a u p r o f it des id e n tité s — 1 4 7
2. L a r é a p p r o p r ia t io n d u la n g a g e j u r i d i q u e
d a n s le c y b e r e s p a c e
7. T ra d u c tio n lib re .
1 4 8 — C a h ie rs d u g erse
a
13
X3 C’est par l ’entremise d’une structure et d’une organisation à diffé
rents degrés que le phénomène de «stratégies d’entraide par les
O)
> pairs^°» (Bahdi, 1 9 9 9 : 892 ) vient à être constaté. Les femmes mettent
'c
P
en commun leurs efforts et leurs outils dans le but de répondre stra
03
T3 tégiquement à des objectifs. Cette méthode, incluant l ’usage d’une
10
0)
to
10 terminologie spécifique pour l ’obtention d’une protection ou d’un
O)
changement futur, fait partie d’un processus complet de transpo
8. T ra d u c tio n lib re .
9. T ra d u c tio n lib re .
10. T ra d u c tio n lib re .
I. B o u r g e o is — L’a p p ro c h e ju r id iq u e a u p r o f it des id e n tité s — 1 4 9
2.2 L e d i a l o g u e p o u r V é m e rg e n c e d^u n e s o l i d a r i t é e n t r e le s f e m m e s
CD
ment, le cyberespace, par ces caractéristiques intrinsèques, permet
>
’c la com m unication au-delà des frontières de to u t genre: in te r
P
U
0) L’ensemble des points précédents permet de constater l ’existence
JD
-O)
13 d’un pouvoir discursif qui porte et qui oblige la prise en compte de
a
U la femme comme nouveau sujet de la sphère publique. La m obili
T3
'C D
sation, ralliée autour d’une opposition ou d’un soutien, transcende
0) les frontières géographiques, économiques, sociales, culturelles et
>
'c
P religieuses. Elle oblige ainsi le débat public:
e
u
T3
in Sur In te rn e t, les personnes m arginalisées peuvent in te rp e le r les d o m i
eu
(/)
10 nants et fo rce r ces derniers soit à re co n n a ître la m a rg in a lité ou à s’é lo i
O)
gne r davantage des dépossédés en les ignorant^^. (M itra , 2001: 31)
O
fM Les femmes obtiennent une présence et une v is ib ilité dans la
sphère publique qui sont nécessaires pour défendre leurs droits
CT
>- dans le monde physique. Pour Michel Eoucault, l’accession à une
CL
O parole écoutée rend le discours intrinsèquement lié au pouvoir
U
(Eoucault, 19 6 9 ), donnant une force et une capacité de changement
encore plus importantes pour les femmes. Lorsque les personnes
marginalisées acquièrent la capacité de faire entendre leur voix, sans
même que cela ait un impact effectif sur les situations à améliorer.
3. L ’a c c è s à la s p h è r e p u b liq u e e t à la ju s t ic e
g râ c e a u c y b e re s p a c e
a;
T3 3.1 V influence d e la m obilisation n u m ériqu e su r la p o litiq u e
lA
O )
(/) e t su r le ju r id iq u e à V in tern ation al
10
O)
En 1995 eut lieu à Beijing la C o n féren ce s u r les fe m m e s t r a it a n t de la
O lu tte p o u r lé g a lité , le d é v e lo p p e m e n t et la p a ix . Le rassemblement fu t
fM
(5) d’une eiïicacité sans conteste compte tenu de l ’im portant réseautage
>- des besoins et des intérêts communs. Par l ’entremise d’un dialogue
CL
O a ctif entre les utilisatrices et utilisateurs du site Web, des lignes
U
C o n c lu s io n
U
O) Internet n’est pas seulement un o u til pour accéder à une justice
JD
'(V
autrefois inatteignable vu la stigmatisation de la sphère privée: il
a
13
X3 devient un moyen ultim e pour mobiliser les différents protagonistes
en matière de droits des femmes, et cela, par un processus d’appro
O) priation de concepts juridiques relatifs aux droits humains. C’est
>
'c
P par le développement d’une identité collective rendue possible par
03
T3 le biais du cyberespace que les mouvements féministes en viennent
à u n ir leurs forces pour acquérir un pouvoir de dissuasion par l ’éta
blissement d’une justice et d’une égalité envers les femmes. Le cas
U
O)
JD
'CU
DJ
a
DJ
TJ
QJ
>
'c
P
OJ
TJ
U)
e
u
C/J
U)
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>-
Cl
о
и
C o n s o m m a t io n - » e t id e n t it é ; » e n lig n e ; »
Éléments d’une grammaire de la recommandation
Benoit CO R D ELIER
Dans cette perspective, cet article mettra l ’accent sur des pratiques
de consommation qui s’éloignent d’une approche économique ou
marchande. Il s’agit de s’intéresser avant tout à leurs dimensions
sémiotiques comme a pu le faire Jean Baudrillard (19 6 8 , 19 7 0 ) ou
culturelles tel que proposé entre autres par Grant McCracken (19 8 6 ).
Si la vie sociale et la culture ne peuvent être réduites dans la notion
de consommation, il n’en reste pas moins que le XX^ siècle a vu
l’avènement de la consommation comme élément structurant de
nos sociétés contemporaines, voire d’une complexification de nos
constructions identitaires.
1. I d e n t it é e t r e c o n n a is s a n c e p a r la r e la t io n
à la c o m m u n a u t é d e c o n s o m m a t io n e n lig n e
U
O) 1.1 I d e n tité in dividu elle e t con som m ation
X3)
-0
D
O ' La consommation d’objets, produits ou marques est l’occasion d’une
U
T3 production sémiotique qui met symboliquement en relation l ’iden
tité d’un individu avec l ’objet consommé^. Ce dernier est souvent
CD
> considéré dans la recherche comme une extension de l ’individu
’c
P
ou e x te n d e d s e l f (Belle, 1 9 8 8 , 2 0 1 3 ). Il existe une relation étroite
0)
T3
(/) entre notre identité et ce que nous achetons. Qui nous sommes
0 )
(/)
10 influence ce que nous achetons^. La consommation est hautement
0)
symbolique^ et nous rattache à une communauté^. L’expression du
O self^y pour reprendre l ’expression de George Herbert Mead (19 6 2 ),
rM
CD ont été l’une des principales unités de mesure qui ont permis de
>
’c justifier le bien-fondé de cette dynamique. Les relations sociales se
P
CL)
d’Internet a facilité la m ultiplication des groupes autour de centres
X)
in d’intérêt très diversifiés et des plateformes presque aussi nombreuses
CL)
C/)
CO
CL) comme les sites Web, les blogues, les forums qui deviennent des
lieux d’expression de soi, de développement d’expertises et donc où
O se construisent des réputations. La reconnaissance de l ’autre permet
(N
2.1 L a m o n s t r a t io n
(U
forum Audiofanzine après la mise en ligne d’une photo.
>
c
P P u tin g , c’est v ra im e n t beau à v o ir ! Et à jo u e r? Raconte nous G reig (en
T3 to u t cas to n avis m ’interresse)
U)
(U
СЛ
(Л P o u r ce q u i est des a m p lis , v a u t m ie u x in v e s tir u n e b o n n e fo is
Ф
(m û re m e n t ré fléchi) et ne plus changer après (ou co m p le te r la collée...)
O
fM P o u r la B u rn y F a m ily, tu as v ra im e n t u n e d iffe re n ce e n tre les deux
m odèles? (« O u i - O u i - W e w a n t - d é ta il ! » !) [sic]
CT
Q. Il n’est pas nécessaire d’être un musicien confirmé. Le partage de la
O
U passion se fait à divers titres, que l’on soit amateur, professionnel,
collectionneur comme peut en témoigner l ’extrait d’un message de
présentation d’un nouveau membre dans le forum Guitarsbyleo
ci-dessous.
2 .2 Le p a rta g e d e connaissances
A couple o f months into 1984, an new circ u it was used in Skyhawks to make
them more d istin ct fro m the S-500 (as it was back then) and give more o f a
tra d itio n a l Strat-type sound.
I don’t think either circ u it w ould have a clear edge over the other. W hat m atters
is that the g u ita r sounds good, which a ll o f these do. I t ’s m ainly a m atter o f c u ri
osity, as there were probably aren’t many o f these tra n sitio n a l models around.
The only way to te ll the difference is by checking the w iring. There are no old
S-500, N ighthaw k or Skyhawk w irin g diagram s in the G allery fo r reference. I f
you w ould like, I can try to get photos o f my N ighthaw k and ’85-’86 Skyhawk
control circuits fo r comparison.
Ken
U
- les T o k a i neuves so n t de trè s b o n n e s g u ita re s , to u t c o m m e les
O)
JD E d w a rd s. Si t u v e u x u n e n e u ve , n ’h é s ite pas, t u p e u x a c h e te r
'(V
03
T3 - P o ur les guita re s neuves, i l y a b ien sûr une T V A à payer !
CL)
■D im pose au groupe'^.
in
CL)
(/)
10 Toutefois, l ’identification du tro ll est le résultat d’une interpréta
CL)
tion qui n’est pas forcément toujours consensuelle. Il est même
Ln
O surtout intéressant de noter qu’il peut avoir une place dans le
rM
(5) développement d’une communauté. C’est ce qu’avance Antonio
ai
>-
C3.
O
U 12. T ra d u c tio n lib r e : « T ro llin g is a gam e about id e n tity deception, a lb e it one
th a t is played w ith o u t the consent o f m ost o f the players. The tro ll attem pts to pass
as a le g itim a te p a rtic ip a n t, sh a rin g the g ro u p ’s common interests and concerns;
the new sgroup members, i f they are cognizant o f tro lls and other id e n tity decep
tions, a tte m p t to both d istin g u ish re a l fro m tro llin g postings and, upon ju d g in g a
poster to be a tro ll, make the offending poster leave the group. T h e ir success a t the
fo rm e r depends on how w e ll they - and the tro ll - understand id e n tity cues; th e ir
success a t the la tte r depends on whether the tro ll’s enjoym ent is sufficiently dim inished
or outweighed by the costs imposed by the g ro u p .» (D o n a th , 1999: 45)
B . CoRDELiER — C o n s o m m a tio n e t id e n t it é e n lig n e — 173
3. L e p r o f e s s io n n e l, le c o lle c t io n n e u r e t le t r o l l :
CD
> ic ô n e s d ’ u n f o r u m d ’a m a t e u r s d e g u it a r e
c
P
e
u Dans l ’un des forums que j ’ai étudié, à savoir Guitarsbyleo, j ’ai
T3
U l’ensemble des messages, 0 ,12 message par jour), cet individu n’est
O)
X3
'CU pas véritablement un des membres les plus actifs de la commu
O '
U nauté. S’il est apprécié, c’est avant tout en raison de sa participation
T3
reconnue à l ’industrie musicale que ce soit en tant que musicien
CD
de studio ou membre d’un trio de guitaristes emblématiques. Bien
>
'c que ses interventions soient peu nombreuses, son expérience et ses
P
e
u traitant plus spécifiquement des instruments et de la musique. Il
T3
U) sait également se montrer attentif aux sujets des autres ainsi qu’à
e
u
e/)
U) leurs attentes. C’est en conséquence une personne qui est visible
e
u
guitariste amateur qui tourne sur des scènes locales et même des
foires internationales de l’industrie musicale. C’est un participant au
forum avec une présence des plus imposantes puisqu’il représentait
plus de 3 4 % des messages du sous-forum le plus fréquenté. S’il ne
semble pas être un acheteur effréné de matériel, il a des opinions
tranchées sur tout ce qui touche à l’instrum ent de musique. Ses
arguments apparaissent ancrés dans une expérience réelle. Toute
fois, il se fa it rapidement reconnaître par un style direct, sec et
qui peut être perçu comme agressif. S’il n’est pas qualifié de troll
par les autres membres du forum , ses idiosyncrasies choquent,
amusent, lassent, mais ne laissent pas vraiment indifférent. Après
quelques rappels à l’ordre, il se fait bannir temporairement, mais
depuis la dernière fois ne semble plus vouloir revenir. Certains le
regrettent, d’autres pensent que c’est pour le mieux. Il était pourtant
écouté. Une certaine confusion règne quant à l ’appréciation de son
attitude puisqu’il partage, comme dans la définition du tro ll que
donne Donath (19 9 9 ), des caractéristiques de socialisation propres
au groupe. Mais, également, un peu à l’instar du tro ll tel qu’il est
U
O)
JD défini par Casilli (2 0 12 ), il nuisait (faisant fu ir des membres anciens
'(V
03 C o n c lu s io n
T3
La recherche sur les plateformes socionumériques im pliquant des
consommateurs s’est grandement développée depuis une dizaine
U
O)
JD
'(V
13
a
13
X3
'(L)
O)
>
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03
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0 3
1/3
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L ’id e n tité ? n u m é r iq u e ?
à P ère? d e l ’e -ré p u ta tio rL ?
X a v ie r M a n g a
In tr o d u c tio n
U
u n e r é p u t a t io n n u m é r iq u e .
O)
JD
'(V
L e d o m a in e de l ’e - r é p u ta tio n re lè v e a v a n t t o u t d ’u n d is c o u rs d ’ex
a
13
T3
p e rts de la v is ib ilit é q u i p r é te n d e n t re n d r e s e rv ic e à des o rg a n is a
tio n s o u à des a c te u rs s o c ia u x d o n t les im a g e s s o n t e n b e r n e o u
CD c o n s t a m m e n t s o u s la m e n a c e L C es e x p e r ts d é t e r m in e n t ce q u i
>
’c
P re lè v e d u ris q u e lié à la r é p u t a t io n de ce q u i n e l ’est pas, a v a n t d ’e n
O) l iv r e r les s o lu tio n s . L’in flu e n c e re c h e rc h é e p a r ces a c te u rs é v o lu e
T3
U)
O )
(/) e n p a r a llè le de la v is ib ilit é . Ces e x p e rts d e v ie n n e n t v is ib le s lo rs q u e
10
O)
le u rs c o m m e n ta ir e s e t o p in io n s r e m o n t e n t s u r les p re m iè re s pages
des ré s u lta ts des m o te u r s de re c h e rc h e . L e u r in flu e n c e se ré s u m e
O
(N
O
x: T.
03 Q u ’i l s ’a g is s e d ’e n t r e p r i s e s o u d e p a r t ic u lie r s , la g e s t io n d e l ’im a g e e t
>- d e s tra c e s la is s é e s s u r le N e t d e v ie n t u n e p r é o c c u p a t io n d e p lu s e n p lu s
O.
O
U g r a n d e . L ’id é e q u ’u n e r e q u ê te d a n s le s m o te u r s d e re c h e rc h e p u is s e n o n
t e r n ir l ’im a g e d ’u n e e n tr e p r is e o u d ’u n in d iv id u c o n s t it u e u n e v é r it a b le
c r a in t e . L a « m é m o ir e » d e l ’I n t e r n e t a p a r e x e m p le e n tr a în é le lic e n
c ie m e n t d ’u n c e r t a in n o m b r e d e s a la r ié s a y a n t c r itiq u é o u v e r te m e n t e t
p u b liq u e m e n t le u r s e m p lo y e u r s d a n s le s ré s e a u x s o c ia u x . D ’a u t r e s o n t s u b i
d e s m is e s à p ie d p o u r a v o ir e x p r im é le u r s o p in io n s e n p o s ta n t d e s b ille t s
P o u r ê tre re c o n n u s c o m m e p ro fe s s io n n e ls de la v is ib ilit é , a u d e m e u
r a n t e x p e rts e t in flu e n c e u r s , ces d e r n ie r s d o iv e n t de p r im e a b o r d
U
O) fa ç o n n e r le u r e - r é p u ta tio n e t c o n s tr u ir e le u r id e n tité p a r la m a s s i
X3
'CU fic a tio n e t la d iv e r s ific a tio n de l ’é c r it u r e n u m é r iq u e d a n s les d if f é
D
a
U re n te s p la te fo r m e s e x is ta n te s . L’im p a c t des o p in io n s e x té r ie u r e s
T3
'CD
à le u r s u je t é ta n t d é c is if e n m a tiè r e de lé g it im it é , le u r n o to r ié té
CD
> d e v ie n t u n p a r a m è tr e p r im o r d ia l d a n s la p é r e n n is a t io n de le u r
c
P c r é d ib ilit é s u r le m a rc h é de la v is ib ilit é .
CL)
T3
in C e t a r t ic le a a in s i p o u r o b je t d ’e x p lo r e r , à tr a v e r s les c h a m p s
CL)
C/)
10
CL)
n u m é r iq u e s , c’e s t-à -d ire I n t e r n e t e t ses ré s e a u x s o c ia u x , les e n je u x
des p ro ce ssu s id e n tita ir e s de ces p ro fe s s io n n e ls de la v is ib ilit é . L a
O c o n s tr u c tio n de l ’id e n tité n u m é r iq u e a u s e rv ic e d u p r o je t p ro fe s
(N
s io n n e l de ces a c te u rs sera ic i a n a ly s é e p a r le p r is m e de la c o n s tr u c
t i o n m é d ia tiq u e de s o i q u i se m e s u re à l ’è re de l ’e - r é p u ta tio n . I l
>-
C2L s’a g ira d ’é c la ir e r les lo g iq u e s q u i s o u s -te n d e n t c e tte v o lo n té q u i est
O
U
de n e p lu s s u b ir sa r é p u t a t io n e n lig n e , m a is de g é re r les m u lt ip le s
fa c e tte s de ses m a r q u e u r s id e n tita ir e s a fin d ’e x is te r e n t a n t q u ’e x p e r t
2. J e a n - C la u d e D o m e n g e t r é v è le c e p e n d a n t q u e le s p r o f e s s io n n e ls d e la
a d a p té d a n s le u r e x e r c ic e d e re c h e rc h e d e s in g u la r is a tio n e t d ’a c q u i s i t i o n
d e n o t o r ié té .
X . M a n g a — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 181
P o u r a p p o r te r q u e lq u e s é lé m e n ts de ré p o n s e s , n o u s a vo n s o p té p o u r
u n e é tu d e q u a lita tiv e q u i re p o s e s u r u n e o b s e r v a tio n p a r tic ip a n te
d a n s les b lo g u e s d e m o d e . C e tte a c tiv it é a p e r m is de p a r t ic ip e r
a u x fo r u m s , a u x d iffé r e n te s in t e r a c t io n s , a in s i q u e de r e c u e i l li r
les d is c o u rs des d iffé r e n ts a c te u rs de la b lo g o s p h è re p o u r e n fa ir e
l ’e x a m e n . Les a c te u rs de la v is ib ilit é a u x q u e ls n o u s fa is o n s ré fé re n c e
d a n s c e t a r tic le s o n t e x c lu s iv e m e n t des b io g u e u s e s de m o d e . Je m ’a p
p u ie r a i e s s e n tie lle m e n t s u r d e u x b lo g u e s de m o d e fr a n ç a is trè s s o lli
c ité s : le b lo g u e de B e tty (w w w .le b lo g d e b e tty .c o m ) e t c e lu i de M is s
U
0) P a n d o ra (w w w .m is s p a n d o r a .fr ). G râ c e à le u r s tra té g ie é d ito r ia le , ces
JD
-O) b lo g u e s e x e rc e n t u n e in flu e n c e a u p rè s d ’u n e la rg e c o m m u n a u té de
a
Di le c tric e s e t de le c te u rs (p lu s de 45 0 0 0 vis ite s en m o y e n n e p a r se m a in e )
XJ
OJ de la « fa c e » . E n q u o i p e r m e t- il d ’a n a ly s e r l ’id e n tité n u m é r iq u e à
T3
l ’è re de l ’e - r é p u ta tio n ? P o u r e x is te r, les a c te u rs de la v is ib ilit é se
d o iv e n t de t r a v a ille r le u r e - r é p u ta tio n e n p r o d u is a n t des tra c e s d a n s
les ré s e a u x s o c ia u x e t les b lo g u e s . A f i n d ’é c la ir e r les lo g iq u e s q u i
O s o u s -te n d e n t la « p r é s e n ta tio n de s o i» , n o u s a v o n s p o u r s u iv i c e tte
(N
a le u r e - r é p u ta tio n e n a lim e n t a n t s tr a té g iq u e m e n t le u r p r o f il te l u n
13
X3
C V. N o u s fa is o n s l ’h y p o th è s e se lo n la q u e lle l ’id e n tité n u m é r iq u e p e u t
ê tre co n sid é ré e , en p a r tie , c o m m e u n e c o n s tr u c tio n in s tr u m e n ta lis é e
O)
> de l ’e -ré p u ta tio n .
'c
P
03
T3
A n a ly s e r P id e n t it é n u m é r iq u e d e s p r o f e s s io n n e ls
d e la v is ib ilit é
O D a n s L a m i s e e n s c è n e d e l a v i e q u o t i d i e n n e ( 1973), le s o c io lo g u e E r v in g
fM
G o f f m a n a n a ly s e les r a p p o r t s q u e les i n d i v i d u s e n t r e t ie n n e n t
e n tr e e u x d a n s des s itu a tio n s d iv e rs e s e t c o u r a n te s . S’a p p u y a n t
03
>
~ s u r la d r a m a tu r g ie , l ’a u te u r m o n tr e q u e les r a p p o r ts q u ’e n tr e tie n t
CL
O
U l ’ i n d i v i d u a ve c u n g r o u p e p e u v e n t ê tr e c o n s id é ré s c o m m e des
m is e s e n scène in tr in s è q u e s à des c o n v e n tio n s e t h a b itu d e s de la
v ie q u o tid ie n n e . I l p a rle de th é â tr a lité d u q u o t id ie n . L a v ie s o c ia le
est d é c rite c o m m e u n sp e c ta c le th é â tr a l d a n s le q u e l u n e m is e e n
scène des in d iv id u s se d o n n e à v o ir . A u s e in de c e t u n iv e r s , n a n t i
de ses « d é c o r s » e t « c o u lis s e s » , c h a q u e a c te u r s o c ia l c o n s t r u it
X . M a n g a — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 1 8 3
sa « fa c e ^ » . S e lo n G o ff m a n , « [ l ] a face est u n e im a g e de so i q u ’u n e
p e rs o n n e r e v e n d iq u e à tra v e rs u n e lig n e d ’a c tio n » ( 1973 : 16). D a n s
n o tr e cas, c e lle -c i re p ré s e n te la p r e m iè r e c o u c h e q u i fo r m a lis e l ’e-
r é p u t a t io n à p a r t i r des in te r a c tio n s s o c ia le s q u e les in d iv id u s e n tr e
t ie n n e n t avec les a u tre s . T ra n s p o s é d a n s le c h a m p d u n u m é r iq u e , ce
d é v e lo p p e m e n t de la « fa c e » d e v ie n t u n e c o n s tr u c tio n de l ’id e n tité
e n lig n e p a r les in te r a c tio n s q u e l ’in t e r n a u te m è n e avec les a u tre s
e t le d is p o s i t i f C e tte in t e r a c t io n est p a r t ie lle m e n t g u id é e p a r la
re c h e rc h e d ’u n e e - r é p u ta tio n p o s itiv e . « L ’e - r é p u ta tio n se c o n s titu e
d ’in f o r m a t io n s : les tra c e s lié e s à l ’id e n tité n u m é r iq u e d ’u n e e n tité
(les in f o r m a t io n s q u ’e lle p r o d u it , s o n a g ir s u r les p la te fo rm e s ), les
in f o r m a t io n s e t o p in io n s p r o d u ite s p a r d ’a u tre s à l ’e n c o n tr e de
c e tte e n tité ( p o u r l ’é v a lu e r), e t les in f o r m a t io n s p r o d u ite s p a r les
c o n v e rs a tio n s des in te r n a u te s e n tr e e u x o u avec l ’e n t it é » ( A llo in g ,
2013 : 3). L a v a le u r de l ’im a g e est p r im o r d ia le . I l s’a g it d ’e x a m in e r
l ’im a g e q u e l ’o n se f a it d ’u n e e n tité o u d ’u n a c te u r e n p r e n a n t e n
c o m p te n o n s e u le m e n t les d o n n é e s r e c u e illie s , m a is aussi l ’im a g e
re flé té e . L a r é c e p tio n de c e tte im a g e de m ê m e q u e l ’a n a ly s e q u i e n
U
0)
JD est fa ite p o u r d é te r m in e r sa r é p u t a t io n s o n t « d é p e n d a n te s » d ’u n e
-0)
D
O ' é v a lu a tio n é ta b lie p a r les a lg o r ith m e s . L’e - r é p u ta tio n re lè v e d ’u n e
U
T3
p o s tu r e a m b iv a le n te . D ’u n e p a r t, e lle est c o n s tr u it e in d é p e n d a m
'CD
m e n t de la v o lo n té de l ’in d iv id u , d ’a u tre p a r t, l ’in d i v i d u p e u t a g ir
CD
> s u r e lle a f in de l ’a m é lio r e r . E lle est ce q u e les a u tre s p e n s e n t e t
’c
P
d is e n t d ’u n in d iv id u e n f o n c t io n de ses in te r a c tio n s avec e u x . T o u t
CL)
T3 c o m m e d a n s l ’œ u v r e de G o ff m a n , les « s tig m a te s ^ » de l ’in d i v i d u y
СЛ
CL)
C/)
O 3. C e q u e Г о п f a it s u r le W e b d e m a n iè r e in t e n t io n n e lle o u p a s e t c e q u e
ГМ
le s a u tre s d is e n t d e n o u s c o n s t it u e n t n o tr e « fa c e » n u m é r iq u e . L e s tra c e s
c o n te n u e s d a n s le s d o n n é e s n u m é r iq u e s e t g é n é ré e s p a r le s a lg o r it h m e s ,
O)
>- e n tr e a u tre s d e G o o g le , d e v ie n n e n t n o tr e e - r é p u ta tio n c o n s t it u é e d e n o tr e
CL
O
U « fa c e » n u m é r iq u e a v e c se s « s tig m a te s » .
4. P o u r e x p liq u e r la n o t io n d e « s t ig m a t e » à P è re d e Г е - r é p u t a t io n ,
p re n o n s l ’e x e m p l e d e N a th a n , a n c ie n o u v r ie r s y n d ic a lis t e d ’u n e u s in e d e
c o n s tr u c tio n a é r o n a u t iq u e . N a th a n a é té s y n d iq u é , a m e n é d e s g rè v e s , a
n ’im p o r te q u e l e m p lo y e u r a u r a it a c c è s s u r G o o g le , p o u r r a it l u i ê tr e n é fa s te
d a n s u n c e r ta in c o n te x te . E n e ffe t, il n ’e s t p a s d a n s l ’in t é r ê t d e N a th a n ,
d é s o r m a is c h ô m e u r e n re c h e rc h e d ’e m p lo i, d e v o ir c e p a s s é , q u i p o u r r a it
o n t u n e ffe t c o n tr a ig n a n t , n u is ib le s u r sa r e la tio n , s o n in t e r a c t io n
avec les a u tre s . I n t e r n e t e t ses ré s e a u x s o c ia u x s o n t le th é â tr e de la
v ie s o c ia le a u s e in d u q u e l les é c rits , les c o m p o r te m e n ts , les p h o to s ,
e n s o m m e les tra c e s issues des d o n n é e s n u m é r iq u e s de l ’in t e r n a u te
p a r t ic ip e n t à la c o n s t r u c t io n de sa « fa c e » avec ses lo ts de « s t ig
m a te s ». Si l ’e - r é p u ta tio n des a c te u rs de la v is ib ilit é se ré s u m e a v a n t
t o u t à l ’o p in io n c o m m u n e s u r le W e b o u à l ’im a g e q u e se f o n t les
in te r n a u te s à le u r s u je t, le u r id e n tité n u m é r iq u e , q u a n t à e lle , se
c a ra c té ris e p r in c ip a le m e n t p a r le u r c h o ix d é lib é r é de c o n s tr u c tio n
de l ’im a g e q u ’ils s o u h a ite n t v é h ic u le r . Les in d iv id u s c o n s tr u is e n t
le u r id e n tité p a r ce q u ’ils p e u v e n t d ir e o u fa ir e s u r les b lo g u e s , les
ré s e a u x s o c ia u x , les fo r u m s , e tc . C e tte id e n tité s’é t a b lit aussi p a r les
p h o to s e t v id é o s d a n s le s q u e lle s ils a p p a ra is s e n t o u é g a le m e n t p a r
les a rtic le s q u ’ils c o m m e n te n t. L’id e n tité n u m é r iq u e p e u t ê tre c o n s i
d é ré e c o m m e la « fa c e » q u e l ’in t e r n a u te n é g o c ie p a r le b ia is de ses
in te r a c tio n s avec les a u tre s , ta n d is q u e ses « s tig m a te s » c o n s titu e n t
les in d ic e s c a r a c té r is a n t sa r é p u t a t io n n é g a tiv e ^ . L’e - r é p u ta tio n p e u t
ê tre q u a lifié e de b o n n e o u de m a u v a is e ^ : e lle est u n e c o m p o s a n te
U
0)
JD de l ’id e n t it é n u m é r iq u e , la q u e lle p o u v a n t ê tr e ré s u m é e c o m m e
-O)
a m a « p ré s e n c e » s u r I n t e r n e t p a r t o u t m o y e n , u n e p ré s e n c e n u m é
Di
XJ r iq u e a c tiv e c a ra c té ris é e à t i t r e i l l u s t r a t i f p a r la d é t e n t io n d ’u n
b lo g u e , l ’a lim e n t a t io n d u p r o f il T w it t e r e t d ’u n c o m p te o u d ’u n e
CD
> page F a c e b o o k .
’c
P
CL)
X) P o u r M e rz e a u , la p ré s e n c e d a n s les ré s e a u x s o c ia u x c o n s is te « à
in
CL)
(/) m o d u le r s o n d e g ré d ’e x p o s itio n a u ta n t q u ’à n o u e r des c o n ta c ts »
U)
(V
(M e rz e a u , 2 0 0 9 c : 81). Si l ’id e n tité n u m é r iq u e p e u t ê tre m u lt ip le ,
r e v ê ta n t des fa c e tte s a lla n t de l ’id e n tité « d é c la r a tiv e » à l ’id e n tité
O
(N
O
JD
gj
a g ir d a n s s o n p ré s e n t. S o n p a r c o u r s e s t c o m p le x e e t le r é c it d e sa v ie n e se
>-
Cl
O ré s u m e p a s à u n s e u l fa it. L a « fa c e » q u ’i l n é g o c ie n e p e u t se r é d u ir e à u n e
U
s e u le in f o r m a tio n . E n c e la o n p o u r r a it d ir e q u e G o o g le e t se s a lg o r it h m e s
p r o d u is e n t d e s « s tig m a te s » , d e s « s c e a u x d e d é s a p p r o b a tio n » .
5. I l s ’a g i t d e b ille t s , d ’é v a l u a t i o n s , d ’o p i n i o n s , d e v id é o s , d e p h o to s , e tc .,
q u i é c h a p p e n t à s o n c o n t r ô le e t s e r a ie n t s u s c e p t ib le s d e t e r n ir s o n im a g e
6. Q u a lifie r l ’e - r é p u t a t i o n d e b o n n e o u d e m a u v a is e p e u t s ’a v é r e r n o n
p e r t in e n t d a n s la m e s u re o ù la r é p u t a t io n se c o n s t r u it b ie n s o u v e n t à p a r t ir
d e p ro c é d é s lié s à d e s s c o re s , à d e s c la s s e m e n ts , e tc .
X . M a n g a — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 185
« c a lc u lé e » e n p a s s a n t p a r l ’id e n tité « a g is s a n te » (G e o rg e s, 2 0 0 9 ),
c ’e st b ie n l ’id e n t it é c a lc u lé e , in h é r e n t e a u s c o re , a u n o m b r e de
t w e e t S j de b ille ts , d ’a b o n n e m e n ts , de v is ite s , etc., q u i d é f in it le c h a m p
des p ro fe s s io n n e ls de la v is ib ilit é . M a is ces tr o is ty p e s d ’id e n tité s
(« d é c la ra tiv e », « c a lc u lé e » e t « a g is s a n te ») s o n t lié s , c a r a v a n t q u e
les a c te u rs de la v is ib ilit é n ’a p p r e n n e n t à in t e r p r é t e r le u r id e n tité
e n d o n n é e s n u m é r iq u e s c h iffré e s , ils d o iv e n t de p r im e a b o r d passer
p a r l ’id e n tité « d é c la ra tiv e » e n e x p o s a n t le u rs p h o to s de p r o f il, le u rs
c e n tre s d ’in t é r ê t . Ils d o iv e n t e n s u ite se s o u m e ttr e a u f o n c t io n n e
m e n t d u d is p o s it if e n fa is a n t l ’o b je t de n o t if ic a t io n s é m a n a n t de
le u rs a c tiv ité s te lle s q u e les r a llie m e n ts à des g ro u p e s e t é v é n e m e n ts .
C e c i le u r c o n fè r e d o n c u n e id e n t it é n u m é r iq u e c o m p o s ite q u ’ils
fa ç o n n e n t à p a r t i r d ’u n s a v o ir-fa ire r e le v a n t d u r é g im e de v is ib ilit é
de le u r p r o je t p ro fe s s io n n e l.
L e « r é g i m e d e v i s i b i l i t é » : T e x p o s i t i o n d e s o i a u s e r v ic e
d u p r o je t p r o f e s s io n n e l
U
0) L e s p la t e f o r m e s des r é s e a u x s o c ia u x f o n c t i o n n e n t s e lo n u n e
JD
-O)
13 é c o n o m ie de r e c o m m a n d a tio n ^ d o n t le b u t s tra té g iq u e est d ’in c it e r
a
Di les in d iv id u s à p r o d u ir e des d o n n é e s n u m é r iq u e s , à se fa ir e le u r
■
a
p r o p r e p u b l i c it é : « A i n s i , d a n s les ré s e a u x s o c ia u x , la p ré s e n c e
O)
> r e v ie n t à m o d u le r s o n d e g ré d ’e x p o s itio n a u ta n t q u ’à n o u e r des
c
P c o n ta c ts » (M e rz e a u , 2 0 0 9 c : 81).
CL)
T3
in E n m o n t r a n t a u g r a n d p u b lic des fa c e tte s de « p r é s e n ta tio n de so i »
CL)
C/)
10
CL) les p lu s c o m p le x e s e t d é c o m p le x é e s , les in te r n a u te s o n t p r o b a b le
m e n t d é jo u é les p la n s des rè g le s à l ’o r ig in e de la c r é a tio n des p la te
O
(N fo rm e s des ré s e a u x s o c ia u x . L e p a rta g e des c e n tre s d ’in t é r ê t n e se
l i m i t e pas a u x ce rcles d ’a m is les p lu s p ro c h e s , de n o u v e lle s p ra tiq u e s
« e x p lo r a t o ir e s » a n im e n t de p lu s e n p lu s les in d iv id u s e n q u ê te
>-
CI
O d ’u n ré se a u r e la t io n n e l de p lu s e n p lu s é la r g i. Les m a r q u e u r s id e n
U
t ita ir e s s u r I n t e r n e t e t ses ré s e a u x s o c ia u x s o n t d é te r m in a n ts d a n s
7. T o u te s le s tra c e s , q u ’o n la is s e m a lg r é n o u s s u r I n t e r n e t m è n e n t à
n o u s e t p e r m e tte n t d ’a n t i c i p e r la c o n t in u ité d e n o s c o m p o r te m e n ts d a n s
u n e é c o n o m ie d e r e c o m m a n d a t io n . P a r e x e m p le , le s p r o p o s itio n s q u i m e
se s o n t fa ite s p r é s e n te m e n t p a r G o o g le e t q u i p o u r r a ie n t se c o n c r é t is e r
d a n s m o n f u t u r s o n t c a lc u lé e s p a r le s a lg o r it h m e s d e r e c o m m a n d a t io n , d e
re c h e rc h e , e tc ., e n fo n c tio n d e s c o m p o r te m e n ts q u e j ’a i e u s d a n s le p a s s é .
1 8 6 — C a h ie rs d u g erse
d ’in t é r ê t , la re c h e rc h e de c o n ta c t e t la q u ê te de l ’é la rg is s e m e n t de
so n réseau. Si le « p h a re » est u n r é g im e de v is ib ilit é , lié à la r é p u
>- t a t io n e n lig n e , d a n s le q u e l l ’i n d i v i d u a u n e ré e lle e n v ie de ré v é le r
CL
O
U
s o n id e n t it é o u p lu t ô t u n e fa c e tte n u m é r iq u e de sa v ie te l q u ’i l
a im e r a it ê tre v u e t p e rç u p a r les a u tre s , le « p o s t - it » p o u r sa p a r t,
r e m a r q u a b le s u r t o u t s u r le ré se a u T w itte r , se c a ra c té ris e p a r la m is e
e n v is ib ilit é de s o n a c tu a lité . D a n s le « p o s t-it », les a c te u rs r e n d e n t
v is ib le s le u r p ré s e n c e e t le u rs a c tiv ité s « en m u lt ip l ia n t les in d ic e s
c o n te x tu e ls » (C a rd o n , 2 0 0 8 : 105).
X . M a n g a — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 1 8 7
>
■
CL
O
U L ’id e n t it é n u m é r iq u e c o c o n s t r u ite :
l e c a s d e s b io g u e u s e s d e m o d e
p ré s e n te de la m a n iè r e s u iv a n te : je m ’a c h è te des v ê te m e n ts e t des
accessoires d its « te n d a n c e » , je p u b lie s u r m o n b lo g u e u n e p h o to
de m o i e n t r a i n de les essayer, je ré d ig e u n c o m m e n t a ir e e t je c liq u e
s u r « p o s te r » . U n e m a îtr is e c o n s ta n te de l ’im a g e s’im p o s e , de m ê m e
q u ’u n e « v e ille d ’o p in i o n » in d is p e n s a b le à la r é g u la tio n d u f lu x des
b r u it s e t des p u b lic a tio n s . Les o b je c tifs d ’u n e b io g u e u s e de m o d e ,
c o m m e p o u r u n c o n c e p te u r - r é d a c te u r , s o n t d ’ê tr e v is ib le , d e se
h is s e r au-dessus d u g r o u p e d ’in te r n a u te s , e t de s’im p o s e r p a r ses
p u b lic a tio n s « d e c o n te n u s à f o r te v a le u r a jo u té e » s u r des th è m e s
c la ir e m e n t e x p lic ite s . L’e x p o s itio n de le u r p r o f i l p a r la c o n s tr u c tio n
de le u r im a g e passe p a r « u n p r e m ie r m i r o i r » q u e les in te r n a u te s
le u r r e n v o ie n t e n ré p o n s e . « E lle re p o s e é g a le m e n t s u r le succès
de la c a m p a g n e d ’e x p o s itio n ( d e u x iè m e m i r o i r ) , m e s u r a b le p a r
e x e m p le , a u n o m b r e de c ita tio n s o u de v is ite s » (P e re a, 2 0 1 0 : 151).
E n cela, la re c o n n a is s a n c e des p r o fils de ces b io g u e u s e s de m o d e , de
le u rs ta le n ts de d é n ic h e u s e s de te n d a n c e s , est d é c r ite c o m m e u n e
« face » q u ’e lle s c o n s tr u is e n t e t n é g o c ie n t avec les a u tre s (le c tric e s )
q u i p a r ta g e n t le u r v é c u .
U
0)
JD
-O) L a p ré s e n ta tio n de l ’id e n tité e n lig n e des b io g u e u s e s est c o n s tr u it e
a
U e n fo n c t io n d u p u b lic im p liq u é a u q u e l e lle s f o n t a llu s io n e t q u i n e
T3
'CD
cesse de s’id e n t if ie r à e lle s. Les b io g u e u s e s se d é fin is s e n t p a r le u r
CD
> a p p a rte n a n c e à ce g ro u p e . « I l est d o n c t o u t à f a it p o s s ib le de tr o u v e r
’c de n o m b re u s e s a llu s io n s à d ’a u tre s p e rs o n n e s o u à des c o lle c tifs d a n s
P
CL)
T3 des p r o fils p o u r t a n t s itu é s d a v a n ta g e d a n s le n a rc is s is m e » ( C o û ta n t
in
CL)
C/) e t S te n g e r, 2 0 1 0 : to). L ’i m p l i c a t io n des in t e r n a u t e s a lim e n t e e t
10
CL)
f o r t i f i e la r é p u t a t io n e n lig n e des b io g u e u s e s .
O Ces d e rn iè re s se p o s it io n n e n t d a n s u n e p e rs p e c tiv e c o m m u n ic a
(N
t io n n e lle , « s t r a t é g iq u e » , v o ir e c o m m e r c ia le , c a r la « t r a ç a b ilit é
n u m é r iq u e » se ré s u m e b ie n s o u v e n t à e x h ib e r e t à p r o té g e r des
>-
CL
O « d o n n é e s p e r s o n n e lle s » (M e rz e a u , 2011). E x h ib e r , p a rc e q u e les
U
s ta tu ts , c o m m e n ta ir e s e t p h o to g r a p h ie s q u i o c c u p e n t la m a je u r e
p a r tie des a c tiv ité s de ces b io g u e u s e s s e rv e n t à p a r ta g e r des i n f o r
m a tio n s avec les le c te u rs . L’id e n tité n u m é r iq u e des b io g u e u s e s se
fo n d e ic i p a r des c o m p o r te m e n ts d é c o m p le x é s de lib re -é c h a n g e o ù
ces d e rn iè re s p o s te n t s u r le u r s site s les a r tic le s v e s tim e n ta ir e s e t
accessoires les p lu s e n v o g u e s d u m o m e n t e t in te r a g is s e n t avec le u rs
le c te u rs s u r la fa ç o n de les p o r te r . E n i ll u s t r a n t le u rs p ro p o s avec
des im a g e s de c o lle c tio n s de m a rq u e s te lle s q u e Z a ra , P epe Jeans
X. M ang a — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 1 8 9
a
Di Z a ra e t q u e v o u s p o s s é d e z e n c o re le tic k e t d e c a is s e , e n v o y e z - m o i s ’i l v o u s
XJ
p la it u n s c a n à e b e llo u is e ( @ ) g m a il. c o m , d e m ê m e si v o u s a v e z d e s p h o to s
d u t- s h ir t d a n s le s m a g a s in s , o u n ’im p o r te q u o i q u i p u is s e m ’a i d e r ! S i
O)
>
'c v o u s a v e z v u ce t- s h ir t d a n s u n m a g a s in h o rs d e la F r a n c e , je v o u s p r ie
P
OJ d e m ’e n in fo r m e r p a r m a iP [sic]
T3
L’e - r é p u ta tio n de ces b io g u e u s e s est c o n s titu é e de « c o m m e n ta ir e s »,
« i n f o r m a t i o n s » , « ju g e m e n t s » , q u e des tie r s e x p r im e n t à l e u r
e n c o n tre . C ’est n o n s e u le m e n t ce q u i c o n s titu e le u r ré p u ta tio n e n lig n e ,
O
(N
m a is é g a le m e n t u n « f e e d b a c k » q u e ces a ctrice s de la m o d e in c o r p o r e n t
O
d a ns la p e rc e p tio n q u ’elles o n t d ’elles-m êm es (C o û ta n t e t S te n g e r, 2011).
OJ
>-
CL
O
U
8. P e p e J e a n s , N e w L o o k , H & M e t Z a r a s o n t d e s g é a n ts m o n d ia u x d u
m e n ts à la p o in te d e la m o d e , p a r f o is d ir e c te m e n t in s p ir é e s d e s m a rq u e s
d e lu x e , le t o u t à d e s p r ix a c c e s s ib le s . S e lo n le s b io g u e u s e s P a n d o r a e t
B e tty , c e s e n s e ig n e s se s e r a ie n t in s p ir é e s d e s p h o to s d e le u r s b lo g u e s p o u r
p r o p o s e r d a n s le u r s ra y o n s d e s c o lle c tio n s d e te e - s h ir ts à le u r e f f ig ie , s a n s
a v o ir s o llic it é le u r c o n s e n te m e n t.
L e u r id e n t it é n u m é r iq u e est d o n c c o c o n s t r u it e ; « l ’i n d i v i d u d o it
c o m p te r s u r les a u tre s p o u r c o m p lé te r u n p o r t r a it de lu i- m ê m e q u ’i l
n ’a le d r o it de p e in d r e q u ’e n p a r t ie » ( G o ffm a n , 1973 : 75). À l ’in s t a r
de G o ffm a n , o n p o u r r a it p ré s e n te r ic i le soi des b io g u e u s e s c o m m e la
r é s u lta n te d ’u n e n é g o c ia tio n avec les le c te u rs ; n é g o c ia tio n a u c o u rs
de la q u e lle les le c te u rs n e d is p o s e n t q u e d ’u n e a u to n o m ie lim it é e e t
les b io g u e u s e s d ’u n e « a u to n o m ie re la tiv e ». Les d iffé r e n te s a c tiv ité s
q u ’e n t r e t ie n n e n t les b io g u e u s e s p e r m e t t e n t d ’é v a lu e r la p a r t d u
t r a v a il in d iv id u e l v is ib le s u r c h a q u e p r o f il. « V o ilà p o u r q u o i a u c œ u r
de la d y n a m iq u e h y p e r in d iv id u a lis t e est l ’in c e s s a n te d é f in it io n de
soi p a r so i p a r le b ia is d ’u n e c o n s o m m a tio n id e n t it a ir e o ü le s u je t se
m a n ife s te à lu i- m ê m e p a r p ro c è s de p e r s o n n a lis a tio n » ( M o n d o u x ,
2 0 0 9 : 160 ). Ces je u n e s fe m m e s m a n if e s t e n t c o n s ta m m e n t le u r s
c h o ix v e s tim e n ta ire s , de c o u le u rs , de s tyle s e t de p o s tu re s , m a is aussi
le u r c h o ix d u r é c it e t de la m is e e n pages de le u rs b lo g u e s .
s o ire s, b o u tiq u e s te n d a n c e ) s u r le u r b lo g u e e t e x p o s e r le u r p r o f il
CD
> c o n s titu e n t le u r m a r q u e de fa b r iq u e . A in s i, p lu t ô t q u e de p ré s e n te r
c
P t o u t s im p le m e n t la c h e m is e de la m a r q u e Z a ra s u r s o n site , B e tty
CL)
T3 p ré fè re s u s c ite r le d é b a t, l ’in t e r a c t io n avec ses le c tric e s e n p r o p o s a n t
in
CL)
(/) u n e a n e c d o te e t to u te u n e h is t o ir e a u to u r de c e lle -c i :
10
CL)
P e tite a n e c d o te c r o u s t illa n t e : J ’é t a i s d o n c c h e z zara, e n tr a in d ’é c u m e r
s: à u n m ir o ir p o u r te n te r d e v o ir ce q u e ç a d o n n e r a it s u r m o i... A r r iv e n t
en
’v_
>- u n e je u n e fe m m e e t s o n a m i. C e lle - c i m e m o n tr e d u d o ig t e t s o n s y m p a
CL
O
U th iq u e a m i s ’é c r i e : A a a h c ’e s t m o c h e ! ! E lle s ’a p p r o c h e e t tr a n s m e t d e
s o n re g a rd v il to u te la h a in e q u ’e l l e a c o n tre m a p a u v re tu n iq u e q u i n ’a
r ie n d e m a n d é « D e to u te fa ç o n zara c ’e s t m o c h e , fa u t v r a im e n t ê tre
im b é c ile p o u r a c h e te r ç a . . . » V o u s v o u s d o u te z b ie n q u e je n e s u is
p a s p a r t ie e n p le u r a n t re p o s e r m a liq u e tte la m o r t d a n s l ’â m e , c a r il
se tr o u v e q u e c ’é t a i t la d e r n iè r e e t je m e s u is d e m a n d é si fin a le m e n t
X. M anga — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 191
b iz a r r e m e n t j ’a i e u l ’im p r e s s io n d ’a v o i r é té s u iv ie p e n d a n t to u t le re s te
d e m a b a la d e c h e z Z a ra ^ ° ... [sic]
C e tte « d y n a m iq u e h y p e r i n d iv i d u a l i s t e » re lè v e de la r é p é t it io n ,
d ’u n p e r p é t u e l r e c o m m e n c e m e n t d ’e x h ib it io n n is m e e t d e r é c it
q u e les le c te u rs d o iv e n t v a lo r is e r e n d e v e n a n t c o m p lic e s . C ’est le
cas de S a b rin a q u i s o u tie n t c e c i: « Y a des fille s q u i s o n t v r a im e n t
“ P S Y C H O P A T E S ” m o i je la tr o u v e trè s b e lle ta liq u e tte ! E t j ’a d o re la
le re v e rs io n avec les b o tte s g ris e s c’est C A N O N ! » P lu s de 3 0 0 b ille ts
o ù les u n e s m a n if e s t e n t le u r e n v ie de fa ir e d é s o rm a is usage de c e tte
te c h n iq u e p o u r essayer d ’a c q u é r ir u n e p e tite « t r o u v a ille » . C e r ta in s
à l ’i n s t a r de K a e p r o je t t e n t d ’u s e r à l ’a v e n ir de c e tte t a c t iq u e :
« W o u u h ü E lle est m a g n ifiq u e c e tte liq u e t t e . . . e t p u is g râ c e à t o i
m a in t e n a n t je fe r a i usage de c e tte te c h n iq u e p o u r essayer de d é ro b e r
u n e p e tite t r o u v a ille ( q u i sera la s e u le e t u n iq u e d u m a g a s in e t e n
p o sse ssio n d ’u n e a u tre q u e m o i ! !) lo rs q u e je m e tr o u v e r a i e n p le in e
s itu a tio n de d é tre sse (ce q u i m ’est a r r iv é y a pas lo n g te m p s ! ! J’a i
U
O) te s té le re g a rd de p e tite m a lh e u r e u s e m a is sans succès !) ^_N <iss. »
JD
-e
u D ’a u tre s d é n o n c e n t la ja lo u s ie d ’u n e f i l l e désespérée. « C e tte f i l le
a
13
c r o y a it v r a im e n t q u e ça a lla it f o n c t io n n e r ? » se d e m a n d e E s te lle
T3
a v a n t de p o u r s u iv r e : « E lle d e v a it v r a im e n t ê tre désespérée = D . E n
CD t o u t cas c e tte liq u e tte te va trè s b ie n , e lle f a it trè s “ a u to m n e ” e t se
>
’c m a r ie b ie n avec t o n sac e t la c o u le u r des fe u ille s m o r te s ... J’a im e
P
M is e e n c h i f f r e de s o i e t i n s t r u m e n t a l is a t io n
d e fe - r é p u ta tio n
Si p o u r M e r z e a u , l ’i n t e r n a u t e « n ’e s t r é d u c t ib l e n i a u s t a t u t
d ’é m e tte u r - r é c e p te u r , n i à c e lu i de p a r t d ’a u d ie n c e , n i m ê m e à
c e lu i d ’a c te u r - f û t - i l ré se au » ( 2 0 0 9 c : 79 ), l ’id e n tité n u m é r iq u e q u e
les s p é c ia lis te s de la v is ib ilit é te n te n t de c o n s tr u ir e se c a ra c té ris e
r a it p a r le s ta tu t a c q u is p a r le n o m b r e d ’a b o n n é s e t de le c te u rs .
D o m in iq u e C a r d o n l ’a d é jà s o u lig n é , l ’e n je u c o n s is te à re c h e rc h e r
u n e b o n n e r é p u t a t io n e t u n é la rg is s e m e n t de s o n réseau r e la tio n n e l.
N o u s p o u v o n s d o n c a f f ir m e r q u e les p ro fe s s io n n e ls de la v is ib ilit é
n ’e x is te n t q u ’e n fo n c tio n de le u rs a c tiv ité s é va lu é e s q u a n t it a t iv e m e n t
(n o m b r e de « j ’a im e » , d ’a m is , de t w e e t s , de p o s t s ) . F a n n y G e o rg e s
é v o q u e , n o u s l ’a v o n s d é jà d it , la n o t io n d ’« id e n tité c a lc u lé e » ( 2 0 0 9 ).
U
O) N o u s l ’a vo n s s o u lig n é p lu s h a u t, les d is p o s itifs des ré s e a u x s o c ia u x
'CU
O '
p ré d is p o s e n t à la c o u rs e à la p o p u la r it é p a r l ’a c c u m u la tio n d ’a m is ,
U d ’a b o n n é s o u de le c te u rs , à la m u lt ip lic a t io n e t à la d iv e r s ific a tio n de
T3
O c o n tr ô le e t la m a îtr is e de so i. C e tte m é tr iq u e de so i o p é r e r a it u n e
(N
O « m is e e n v a r ia b le » des p e rs o n n e s q u i t e n d r a it à r e m p la c e r la « m is e
x: e n r é c it » de so i ( G r a n jo n , N ik o ls k i e t P h a ra b o d , 2011).
DI
>-
CL
O P a r la m is e e n p a g e s d e s o i, les p r o fe s s io n n e ls d e la v i s i b i l i t é
U
s u b s titu e n t u n e m a c h in e à le u r c o rp s q u i f a it a in s i « c o rp s avec la
m a c h in e » . L’é c r it u r e n u m é r iq u e de soi d e v ie n t u n e m is e e n sens
c o n s tr u it e à p a r t i r d u t r a v a il de la face de l ’a c te u r de la v is ib ilit é .
L e m a in t ie n de la fa ce t o u t a u lo n g de l ’in t e r a c t io n p e r m e t a u x
buzz e n g e n d ré p a r l ’a f f a i r e d e s t e e - s h ir t s d e la m a r q u e Z ara s é r ig r a p h ié s à
s o n e ffig ie s a n s s o n c o n s e n te m e n t.
X. M ang a — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 1 9 3
a c te u rs de g a g n e r de la c o n fia n c e e n so i e t d ’a s s e o ir le u r e x p e rtis e .
G o ff m a n é v o q u e la n o t io n de « m a n a g e m e n t des fa c e s » q u i se m a n i
fe ste à tra v e rs u n c e r t a in n o m b r e d ’in t e r a c t io n s e t d ’e x p re s s io n s
id e n tita ir e s . L’id e n tité n u m é r iq u e , n o u s l ’a v o n s é v o q u é p lu s h a u t,
e st c o n s t r u it e p a r les tra c e s laissé e s s u r I n t e r n e t e t ses ré s e a u x
s o c ia u x ( n o m o u p s e u d o n y m e , a v a ta r o u p h o t o d e p r o f i l, sexe,
c e n tre s d ’in t é r ê t , n o m b r e de c o m m e n t a ir e s e t d ’a v is , d ’a m is , de
s u iv e u rs , etc.), le s q u e lle s c o n s titu e n t le c a p ita l s o c ia l e n lig n e des
p ro fe s s io n n e ls de la v is ib ilit é . L e « m a n a g e m e n t de la fa c e » r e n fe r m e
des s tra té g ie s d é lib é ré e s d ’e x p o s itio n de so i. Les p ro fe s s io n n e ls de la
v is ib ilit é s o n t p a r fo is a m e n é s à c e n s u re r, v o ir e e ffa c e r e t re m p la c e r
c e rta in e s tra c e s n u m é r iq u e s ju g é e s n u is ib le s à le u r e - r é p u ta tio n . Ces
s tra té g ie s in tr in s è q u e s a u s o u c i de n e pas fa ir e p e rd re la face à l ’a u tre
s o n t n é cessaires à la c o n s tr u c tio n de la face de c h a q u e a c te u r. Les
p ro fe s s io n n e ls de la v is ib ilit é , de la m ê m e m a n iè r e q u e les p e rs o n n e s
q u i se r e n c o n tr e n t e n fa ce à face, t r a v a ille n t à p r o té g e r le u r im a g e
e n p r é s e n ta n t s tr a té g iq u e m e n t le u r p r o f i l a f in d ’ê tr e a cce p té s e t
lé g itim é s p a r les a u tre s .
U
O)
X)
-0)
D Ces te c h n iq u e s de p r o d u c t io n de so i se f o r m a lis e n t p a r u n e « h y p e r-
O '
U d o c u m e n ta tio n » c a lc u lé e q u i a v o c a tio n à ê tre p u b lié e e t p a rta g é e ;
T3
'CD
e lle se v é h ic u le d a n s les m é d ia s s o c ia u x p a r 1’« é c r it u r e de so i » sous
CD
> fo r m e de c o m m e n ta ir e s , d ’o p in o n s , de t w e e t s , d ’é tiq u e ta g e de b ille ts
’c
P d a n s u n e a m b ia n c e de c a p ta tio n d u « v é c u » e t de 1’« o r d in a ir e ». Le
CL)
T3 re c o u rs à la m é tr iq u e de so i p a r les a c te u rs de la v is ib ilit é p e u t aussi
in
CL)
(/) ê tre e n v is a g é « c o m m e u n e ré p o n s e à l ’i m p é r a t i f d ’u n e p r o d u c tio n
10
CL)
p e r s o n n e lle d e sa p r o p r e id e n t it é ( é g o c a s t i n g ) q u i f a i t é c h o a u x
d iv e rs e s th é o r ie s tâ c h a n t de p e n s e r l ’in d iv id u a lis m e à l ’è re de la
O
(N
p o s tm o d e r n ité , de la “ s e c o n d e m o d e r n it é ” o u de la “ m o d e r n it é
t a r d iv e ” » ( G r a n jo n , N ik o ls k i e t P h a ra b o d , 2011 : 20 ). L’id e n tité des
e t à u n g o u v e r n e m e n t de s o n e x is te n c e . L a p r o je c tio n d u s o i d a n s
l ’é c r it u r e n u m é r iq u e m e t t a n t e n q u e lq u e s o rte u n e d is ta n c e o b s e r
v a b le « de so i p a r soi » p e u t ê tre c o n s id é ré e c o m m e u n é lé m e n t de
« c o n s t it u t io n s o c ia le d ’u n e id e n tité d a n s des m o n d e s in d iv id u a lis é s
d é se rté s p a r la t r a d it io n » (B e c k , 2 0 0 8 : 164).
1 9 4 — C a h ie rs d u g erse
F o rc e est de c o n s ta te r q u e la q u a n t if ic a t io n de s o i est u n e d é m a rc h e
d ’o b je c tiv a tio n des d o n n é e s n u m é r iq u e s issues la p lu p a r t d u te m p s
de c o m p o r t e m e n ts s u b je c tifs . U n r a p p r o c h e m e n t e r r o n é e s t f a i t
e n tre la « g e s tio n de s o i» e t le « s o u c i de s o i» fo u c a ld ie n . C a r lo in
de p e r m e t tr e de m ie u x c o m p re n d r e sa p e rs o n n e a f in de r e p re n d r e
le c o n tr ô le de so i, la q u a n t if ic a t io n de so i e n tr a în e a c o n t r a r i o à la
p e rte d u c o n tr ô le de so i a u p r o f it d ’u n e m a c h in e c a lc u la n te . A u -d e là
de la re c h e rc h e de sco re e t d ’a u d ie n c e , la m is e e n r é c it de s o i à p a r t i r
de la p r o li f é r a t i o n de l ’é c r it u r e n u m é r iq u e v is e à d é v e lo p p e r la
p e nsé e n é o lib é r a le de m a r k e t in g de so i. « Si les p r o m o te u r s de ces
p ra tiq u e s v o ie n t d a n s les c h ififre s u n o u t i l d ’o b je c tiv a tio n de le u rs
é ta ts o u c o m p o r te m e n ts , r e v e n d iq u a n t l ’e x e rc ic e d ’u n e e x p e rtis e
s c ie n tifiq u e de s o i, le s e l f - t r a c k i n g s e m b le s u r t o u t lié à l ’id é o lo g ie
q u i f a it de l ’i n d iv id u u n e n tr e p r e n e u r de sa p r o p r e v ie » ( G r a n jo n ,
N ik o ls k i e t P h a ra b o d , 2011). Ces q u a n t if ic a tio n s des tra c e s n u m é
riq u e s p e r m e t t a n t d ’e ffe c tu e r u n e é v a lu a tio n e t u n « r e t o u r s u r so i »,
e lle s c o n s titu e n t de v é rita b le s o u t ils de m e s u re d ’in flu e n c e , « [d e ]
d é c o u v e rte , [d e ] s u r v e illa n c e , [d e ] c o n t r ô le » ( G r a n jo n , N ik o ls k i e t
U
0)
JD P h a ra b o d , 2011), e t in c it e n t les a c te u rs à a lim e n t e r p e r p é tu e lle m e n t
'0)
U
(y le u r p r o f il id e n t it a ir e p o u r e x is te r a u s e in de la « c o m m u n a u té ». À
U
T3
ce p ro p o s , G e o rg e s a f f ir m e q u e « le W e b 2 .0 c o m p r o m e t le d é v e lo p
p e m e n t d ’u n S o i c o n s is ta n t e t a u to n o m e p o u r le l iv r e r à la p r é c a r ité
CD
> de l ’u rg e n c e im m é d ia te » (2 0 0 9 : i 66 ).
’c
P
CL)
T3 E n a ffic h a n t des s ta tis tiq u e s p o r t a n t s u r les scores de le u rs usagers,
in
CL)
(/) les d is p o s it if s des b lo g u e s e t des ré s e a u x s o c ia u x à l ’im a g e de
10
CL)
F a c e b o o k , T w itte r , Y o u T u b e e t M y s p a c e p o u s s e n t à la p r o d u c tio n
d u m a r k e t in g de so i e n in c it a n t les in te r n a u te s à p u b lie r d a v a n ta g e
O
(N
de b ille ts , de t w e e t s , de b a la d o d iffu s io n s , de n o m b r e d ’é c o u te s de
(5)
m o rc e a u x , e tc. L e d is p o s it if e n tr a în e les p ro fe s s io n n e ls de la v is ib i
O)
>- lit é d a n s u n e p o s itio n d ’« e n tr e p r e n e u r de le u r n o to r ié té » (B e u s c a rt,
Cl
O 2 0 0 8 ). L ’u t i li s a t i o n des ré s e a u x s o c ia u x p a r les b io g u e u s e s p o u r
U
« f a ir e d u b r u i t » , c ré e r le b u z z e t m a n ife s te r le u r m é c o n te n te m e n t
lo rs q u e les m a rq u e s s’a p p r o p r ie n t le u rs p h o to s , re lè v e d ’u n e s tra té g ie
d é lib é ré e d ’e - r é p u ta tio n . L e b u z z u t ilis é re s te u n o u t i l s u s c e p tib le
d ’in s t r u m e n t a lis e r les p ro p o s des in te r n a u te s , c a r si l ’in f o r m a t io n
in h é r e n te a u x b lo g u e s est p r o d u ite p a r les b io g u e u s e s , le p r in c ip e
d ’a u t o r é g u la t io n la s t r u c t u r a n t est c o ll e c t i f Les d ia lo g u e s v ia les
b ille ts s p o ra d iq u e s in s ta u ré s sous f o r m e de g ro u p e s de d is c u s s io n
X. M anga — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 195
v is e n t m o in s à p r o d u ir e u n é c h a n g e de c o n te n u c o n s ta n t, n o u r r ic ie r
d ’u n espace c o m m u n q u ’à é t a b lir u n espace de lib r e c ir c u la t io n de
ju g e m e n ts e t d ’a r g u m e n ts é ta y a n t les p ro p o s e t a s p ir a tio n s p e rs o n
n e lle s des b io g u e u s e s . E n ce la , les b io g u e u s e s in s t r u m e n t a lis e n t
l ’espace p u b lic d u W e b à des fin s p riv é e s d ’e x p re s s io n id e n tita ir e .
A lo rs q u e les le c te u rs e n te n d e n t t o u t d ir e d a n s le b u t de m a n ife s te r
le u r lib e r t é d ’e x p re s s io n , les b io g u e u s e s e n te n d e n t t o u t s a v o ir p o u r
m ie u x e s p é re r c o n tr ô le r .
L a c o n s t r u c t io n de l ’id e n t it é n u m é r iq u e p a r le c h if f r e , q u a n t à
e lle , p o s itio n n e e n p e rm a n e n c e les a c te u rs de la v is ib ilit é face au
m i r o i r des v a le u rs é ta b lie s c o m m e é ta n t ce lle s de la n o to r ié té , les
p o u s s a n t à r é flé c h ir s tr a té g iq u e m e n t s u r le u rs m o d e s de p ré s e n c e
e t d ’é la rg is s e m e n t de le u rs p u b lic s . Les p ra tiq u e s in s tr u m e n ta lis é e s
de l ’u sa ge des ré s e a u x s o c ia u x d a n s la c o n s t r u c t io n de l ’id e n t it é
« c a lc u lé e » s u r T w itte r , p a r e x e m p le , s o n t c a ra c té ris é e s p a r u n e
s tra té g ie de c o u rs e e ffr é n é e à l ’a c c u m u la t io n e t à la p r o d u c t io n
de d o n n é e s n u m é r iq u e s c h iffré e s . C e tte c o u rs e a u x s u iv e u rs d a n s
U
O) la q u e lle se la n c e n t les m e n e u rs passe p a r des s tra té g ie s d iv e rs ifié e s
JD
'(V
13 p a r m i le s q u e lle s o n p e u t c o m p te r le « f l o o d » , l ’a n im a t io n d ’u n e
O '
13
T3
lig n e é d it o r ia le te in té e d ’h u m o u r e t de re c h e rc h e de p r o x im it é p a r
l ’id e n tific a tio n , la c r é a tio n de m u lt ip le s c o m p te s e t les s o llic ita tio n s
03
> c o n s ta n te s à l ’a b o n n e m e n t. « S i t u m e su is, je te s u is » o u « R T e t je
c
P te fo llo w ^ ^ » (D o m e n g e t, 2013). L a p o p u la r it é est d o n c c o n d itio n n é e
03
T3 p a r le n o m b r e p lé t h o r iq u e de tra c e s e ssa im é e s ( n o m b r e de p o s t s ,
U)
03
c/)
t w e e t s , c lic s , e tc.) q u i a s s u re n t le u r v is ib ilit é e t c o n s titu e n t le u r id e n
(/3
03
t it é « c a lc u lé e » , c’e s t-à -d ire ce q u e le d is p o s it if c a lc u le à p a r t i r de
le u rs in te r a c tio n s . L’absence p e r m a n e n te de « p ré s e n c e » de m ê m e
O
rM
q u e l ’im p o p u la r it é p ré d is p o s e n t à l ’o u b li e t à l ’in e x is te n c e . D ’o ù la
r é g u la r it é , l ’in jo n c t io n à la p ré s e n c e , à l ’in te n s ité de la p r o d u c tio n
à la « q u a lit é » de le u rs c o m m e n ta ir e s e t de le u rs « c o n t r ib u t io n s »
s u r la p la te fo rm e .
12 . L e R T o u r e tw e e t c o n s is te à r e p r e n d r e u n m e s s a g e p r é c é d e n t p o u r le
p a r ta g e r , ta n d is q u e le fo llo w c o n s is te à s u iv r e d e s tweets.
1 9 6 — C a h ie rs d u ge rse
L’e x is te n c e s u r T w it t e r r e q u ie r t u n e d is p o s itio n a u p a r ta g e , u n e
s tra té g ie de c a p ta tio n des p u b lic s q u i passe p a r u n e c o n n a is s a n c e
des h e u re s e t des m o m e n ts p ro p ic e s a u t w e e t . L a c ro y a n c e q u a s i
c o lle c tiv e e n l ’id é e s e lo n la q u e lle p lu s o n a u n p u b lic p lé t h o r iq u e
a in s i q u ’u n score a ffic h é é le vé , m ie u x est o n r e c o n n u c o m m e e x p e r t
c a p a b le d ’ê tre le re la is o u b ie n d ’ê tre à l ’o r ig in e d ’u n c o n te n u v ir a l
p o u sse à des a c tio n s o ù des s tra té g ie s e t des m é c a n is m e s s’é la b o r e n t
d e f a c t o a fin d ’a m é lio r e r u n e fo r m e de r é p u ta tio n . P o u r J e a n -C la u d e
re s s a n t» q u e c e lu i q u i n ’e n c o m p ta b ilis e q u e 9 0 . Le d e u x iè m e a sp e ct
CD
> é m a n e d u f a i t q u e s u r ce m ê m e o u t i l, les in s c r its p e u v e n t a t t r i
’c
P
b u e r des p o in ts K à des u tilis a te u r s , e t cela, in d é p e n d a m m e n t des
0)
T3 d o m a in e s de c o m p é te n c e s p o u r le s q u e ls ces d e r n ie r s s o n t c o n n u s .
Ces p o in ts p a r t ic ip a n t à l ’a u g m e n ta tio n des scores des p ro fe s s io n n e ls
de la v is ib ilit é s o n t d o n c s u s c e p tib le s de b ia is e r l ’e ffe t de la m e s u re
O de so i e t de l ’in flu e n c e q u i e n d é c o u le .
(N
©
JZ
L’e ffic a c ité d a n s la p r o d u c tio n de d o n n é e s n u m é r iq u e s est la r g e m e n t
P
>- m is e e n e x e rg u e . O n m u lt ip l ie ses p u b lic a tio n s e t c o m m e n ta ir e s s u r
Cl
O l ’e n s e m b le des p la te fo rm e s W e b , o n é v a lu e u n r e t o u r c h if f r é de ses
U
in te r a c tio n s , o n c o m p te p o u r m ie u x a g ir e n t a n t q u ’e x p e r t lé g itim é
p a r les a u tre s . « A in s i, la c a lc u la b ilit é des tra c e s n e d o c u m e n te pas
s e u le m e n t les in d iv id u s : e lle les c a té g o ris e e t les q u a lif ie » (M e rz e a u ,
2013a). R eflétées en score, les traces issues des p ro d u c tio n s n u m é riq u e s
des a c te u rs de la v is ib ilité , sources de le u r p ré sen ce n u m é r iq u e i n t r i n
sèque à le u r id e n tité « n a v ig a tio n n e lle », « c a lc u lé e » e t « a g is s a n te »,
f o n c t io n n e n t c o m m e des « in d ic e s d ’in flu e n c e o u de s o c ia b ilité » .
X. M ang a — L’id e n t it é n u m é r iq u e à l ’è re d e l ’e - r é p u ta tio n — 1 9 7
O n se m e s u re , o n a u n b o n score, d o n c o n p e u t ; « c’est le n o m b r e
q u i f a it se n s» . Les s p é c ia lis te s de l ’e - r é p u ta tio n o n t b â ti l ’in d ic e de
l ’in flu e n c e p o u r a n a ly s e r le g r a n d v o lu m e de c o m m e n ta ir e s laissés
s u r les fo r u m s , b lo g u e s , ré s e a u x s o c ia u x , presse e n lig n e , e tc ., e t
e n r é d u ir e les d o n n é e s p o u r le c o m p te d ’u n e e n tité . Les o p in io n s
in flu e n te s s o n t ce lle s q u i s o n t les p lu s s u s c e p tib le s de se p ro p a g e r
d a n s u n c o lle c tif, ce lle s q u i f o n t a u to r it é ; d ’o ù l ’i m p é r a t i f d ’a v o ir u n
p u b lic . L’a u to r ité , c ’est f in a le m e n t la c a p a c ité d ’a g ir s u r les a u tre s ,
le p o u v o ir de les in flu e n c e r . S u r In t e r n e t , c e tte a u to r it é se m e s u re
g é n é ra le m e n t p a r le n o m b r e de c ita tio n s re le vé e s s u r u n in t e r n a u te
d a n s d iv e rs e s so u rce s, e lle p e u t é g a le m e n t se m e s u re r p a r l ’im p a c t
q u e p e u t a v o ir s o n d is c o u rs s u r c e u x d ’a u tre s in te r n a u te s . I l d e v ie n t
a lo r s p lu s s im p le d e m e s u r e r la n o t o r ié t é ( v o lu m e d e d o n n é e s
c o n c e r n a n t u n s u je t, v is ib ilit é e t a u d ie n c e q u i e n d é c o u le n t) q u e
de m e s u r e r la r é p u t a t io n é m a n a n t de s e n tim e n ts , d ’o p in io n s , de
p e rc e p tio n s , e tc. L a n o to r ié té est q u a n tifia b le , e lle s’e x p r im e , a lo rs
q u e la r é p u t a t io n s’in t e r p r è te e t est in h é r e n te à u n c o n te x te . V o ilà
p o u r q u o i le b a r o m è tr e de l ’ag en ce Im a g e & S tratégie^^, s p é c ia lis é e
U
0)
JD d a n s l ’e x p e rtis e e n e - r é p u ta tio n , m e s u re la « n o t o r ié t é » e t n o n la
'O)
U
(y « r é p u t a t io n » . C a r i l est q u a s im e n t im p o s s ib le p o u r u n a lg o r ith m e
U
T3
d ’a n a ly s e r les p e r c e p tio n s des in te r n a u te s . L e t r a v a il des p r o fe s
s io n n e ls de la v is ib ilit é e t p lu s p a r t ic u liè r e m e n t de l ’e - r é p u ta tio n
CD
> c o n s is te d o n c à a n a ly s e r e t in t e r p r é t e r des d o n n é e s c o rré lé e s p a r
’c
P
l ’e n tre m is e des a lg o r ith m e s . Les m a té r ia u x b r u ts q u e re p ré s e n te n t
CL)
T3 les d o n n é e s n ’o n t de sens q u e si e t s e u le m e n t s’ils o n t f a it l ’o b je t
in
CL)
(/) d ’u n e c la s s ific a tio n : in flu e n c e , c o r r é la tio n , scores ( v is ib ilité ) , e tc., p a r
10
CL)
les a lg o r ith m e s .
O
(N
I l e s t c e p e n d a n t d i f f i c i l e m e n t im a g in a b le q u ’ u n s e u l i n d i v i d u
(5)
n o m m é in f lu e n c e u r p u is s e ê tre l'u n iq u e é lé m e n t d é c le n c h e u r d ’u n
O)
>- c o n te n u v ir a l. N o n s e u le m e n t u n e p a r t de h a s a rd est im p u t a b le
Cl
O a u p h é n o m è n e v ir a l, m a is s u r t o u t u n te l p h é n o m è n e d é p e n d aussi
U
d u c o n te x te de la c ir c u la t io n d u b o u c h e à o r e ille . C e rte s , le f a i t
d ’id e n t if ie r les in te r n a u te s clés, à l ’o r ig in e d u re la is , a so n im p o r
ta n c e , m a is a u f in a l, ce s o n t les in te r n a u te s q u i, e n p r e n a n t p a r t à la
d if f u s io n d u c o n te n u , in s t a u r e n t e t d é v e lo p p e n t le b u z z . L a q u e s tio n
de la v ir a lit é n ’est f in a le m e n t pas t a n t d ’id e n t if ie r les in flu e n c e u r s
C o n c lu s io n
Les ré s e a u x s o c ia u x a u p r e m ie r ra n g , p a r m i le s q u e ls o n c o m p te
F a c e b o o k , T w it t e r e t les b lo g u e s , c o n s t it u e n t des m é d ia s a u s e in
d e sq u e ls les p ro fe s s io n n e ls de la v is ib ilit é e x p o s e n t le u r e x is te n c e
e t d e s s in e n t le u r p r o f il n u m é r iq u e . Ces m é d ia s s o n t d é s o rm a is des
espaces d é c is ifs d a n s la c o n s tr u c tio n e t la c ir c u la t io n des id e n tité s
e t des d is c o u rs . L a c u lt u r e n u m é r iq u e im p o s e u n e n o u v e lle fo r m e
U
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Perron (Routledge, 2014) et au livre La ruse. Entre la règle et la triche
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dirigé par Charles Perraton et Maude Bonenfant (PUQ, 2011).
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>) Ses recherches actuelles portent sur les jeux de stratégie, le jeu
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P compétitif, les aspects cognitifs du jeu et la figure du champ de
Te3u bataille au cinéma.
Fanny Georges est maître de conférences en sciences de la commu
nication à l’Université de la Sorbonne Nouvelle (Paris). Partant
O
(N
d’une approche sémio-pragmatique, ses recherches portent sur la
O communication numérique et l’identité numérique. Elle a publié
x:O) de nombreux articles et chapitres dont «A ux frontières de l’iden
>-
Cl
O tité numérique. Éléments pour une typologie des identités numé
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riques p o st m ortem » (Frontières numériques^ 2013), « L’avatar comme
métaphore conceptuelle et interactive de l’image de so i» (L’Har
mattan, 2013) et quelques ouvrages dont Identités virtuelles. Les profils
utilisateur du Web 2.0 (Questions théoriques, 20T0).
t/1J
Q lement son mémoire, intitulé «Lire Twitter », sous la direction
de Sylvain David et de Sophie Marcotte. Depuis 2012, il vise à
O
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promouvoir une lecture littéraire des réseaux socionumériques,
dont Twitter, en animant des ateliers comme La machine à Tweets
CT (Université Concordia) et The Paper Twitter (Queen’s University).
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^1^ Collection
Cahiers du gerse
Dirigée par Charles Perraton
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(5)
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Collection
Cahiers du gerse
Dirigée par Charles Perraton
ISBN978-2-7605-4182-5