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Nous allons d’une part analyser quelle est l’ampleur des conflits et des coopérations entre États autour des
ressources en eau ? De plus, quelles sont la nature et la portée du droit international de l’eau ? D’autre part,
quelles sont les formes et les effets des situations d’hydrohégémonie ? L’enjeu est d’expliquer la nature des
conflits autour du partage des ressources et comprendre la nature des coopérations autour de l’usage des
ressources à travers une grille d’analyse de la position des États dans leurs interactions transfrontalières
autour des ressources en eau.
Sommaire
1 Le débat scientifique sur les guerres de l’eau
1.1 Les limites des guerres de l’eau
1.2 Au-delà des « guerres » : conflits ou coopérations
1.3 Du continuum conflit – coopération...
2 Hydrohégémonie et interactions transfrontalières
2.1 Du continuum conflit-coopération ... aux interactions hydriques [Zeitoun & Mirumachi, 2008]
2.2 Sans règle internationale, l’hydrohégémonie comme variable clé des interactions entre États
3 Interactions transfrontalières : le cas du Nil
3.1 Antécédents historiques
3.2 Hydrohégémonie ou puissance économique ? La position dominante de l’Égypte [Lasserre, 2009,
Cascão, 2009]
3.3 La précarité hydrique croissante de l’Égypte
3.4 Le renforcement de la position des États en amont
3.5 Le basculement de la position du Soudan [Cascão, 2009] ?
3.6 La Chine comme nouvel acteur hydraulique régional
3.7 Analyse de l’hydrohégémonie, de ses stratégies et des interactions transfrontalières
3.8 Les trois dimensions de l’hydrohégémonie dans le bassin du Nil
3.9 Conclusions
4 Annexes
5 Références
En Suisse, le stress hydrique est faible parce qu’il y a une grande disponibilité de l’eau pour un faible usage.
Cependant, à l’échelle planétaire, les 1/3 des 3% d’eau douce est extrêmement inégalitairement répartie
comme en Afrique. Par ailleurs, il y a aussi une question de disponibilité dans le temps mais aussi à l’échelle
d’un cour d’eau qui créé des interdépendances entre l’amont et l’aval et c’est le cas des pays qui partagent
des fleuves transfrontaliers. L’eau est inéquitablement répartie, peu abondante et nécessité des ajustements
entre États et communautés au cours de l’année et sur le plan géographique.
La première série de questions est le partage des ressources, ensuite les questions d’infrastructures. On
retrouve les mêmes questions liées à la quantité d’eau.
L’eau est avant tout vue comme une source de coopération. Il une prolifération de traités liés à l’eau. Les
premiers traités internationaux ont porté sur l’eau et la pêche. À l’heure actuelle, se sont plus de 3600 traités
internationaux, binationaux, multilatéraux en lien avec les questions d’eau en vigueur et 300 de ces traités
sont liés à la question de partage de la quantité de ressources. Malgré tout, on constate que permanence des
conflits d’intensité moyenne et une tendance à une dégradation continue des ressources en eau sous l’effet
du changement climatique. On assiste à la fois à une pression récurrente sur les ressources du fait des conflits
mais on peut estimer que ces conflits d’intensité moyenne risquent d’augmenter du fait du changement
climatique qui engendre une dégradation des écosystèmes hydriques partout dans le monde. Il y a aussi,
malgré le fait que l’eau est une ressource qui pousse à la coopération, toute une série de situation
hégémonique où il y a des positionnements plus ou moins asymétriques qui apparaissent et des pays en
position d’hégémon.
Position riparienne
Position d’exploitation économique
Position militaire de contrôler ou de détourner une partie de la ressource
L’échelle de Yoffe reprend les différents niveaux de coopération et montre que les relations entre États
peuvent se situer en même temps sur deux niveaux. Cette échelle permet à la fois de montrer les différents
niveaux de conflits mais aussi de démontrer que l’on peut être simultanément à deux endroits afin de
discuter de la même ressource. Il peut y avoir simultanément « conflit » et « coopération » et une relation
étroite entre les deux.
Aucun pays ne peut exploiter les trois positions mais pour comprendre la géopolitique autour d’un cours
d’eau partagé, on peut les mesurer. L’hydrohégémonie peut être une hégémonie positive [leadership] ou
négative [domination].
Antécédents historiques
1929 : le premier accord entre l’Égypte et les colonies britanniques du Soudan, d’Ouganda, du Kenya et de
Tanzanie est asymétrique. Les anciennes colonies se situent en amont du Nil. L’accord de 1929 prévoit de
donner 48 milliards de m3 de débit du Nil pour l’Égypte et 4 milliards de m3 pour le Soudan.
1959 : l’accord sur l’utilisation des eaux du Nil prévoit 55 milliards de m3 pour l’Égypte et 18 milliards de
m3 pour le Soudan sachant que le débit du fleuve à un total de 84 milliards de m3. C’est un accord qui
prévoit une allocation de 100% du débit pour 2 pays sur 9 pays à l’époque. Avec l’Égypte, il y a une
hydrohégémonie de longue date qui s’est transcrit dans des potentiels d’exploitation très différenciés. Dès
premières initiatives vont émerger pour tenter de dénoncer une « coopération » profondément inégale.
1993 – 2004 : élargissement des conférences et négociations sur le Nil avec le lancement du programme
d’action pour le Nil en 1995 et Nile Basin Initiative NBI en 1999. Il a fallu l’intervention de la Banque
mondiale au nom des pays en amont en lieu du développement économique et social pour mettre en place
des accords
2010 : négociation de l’accord cadre sur le Nil où seuls 6 pays furent signataires en mai 2010 à savoir le
Rwanda, l’Ouganda, l’Éthiopie, la Tanzanie, le Kenya et le Burundi.
En tant que pays aval, l’Égypte est celui qui a le plus sécurisé sa ressource en
eau. Pour Anouar el-Sadate en 1979 disait que « le seul facteur qui pourrait
déclencher l’entrée en guerre de l’Egypte est l’eau », pour Boutros-Ghali « la
prochaine guerre dans la région pourrait porter sur les eaux du Nil », enfin pour
Hosni Moubarak « Egypt’s national security is closely linked to water security
in the Horn of Africa region and the Great Lakes region ».
L’Égypte utilise le pouvoir de par ses acquis légaux et de son pouvoir plus
discursif à travers ses manœuvres sécurisantes. Par rapport à l’accorde 1959 qui
est de 55 milliards de m3 pour l’Égypte et de 18m3 pour le Soudan, le Soudan
n’a pas utilisé toute son quotas d’eau revendant une partie de ses quotas à
l’Égypte.
forte croissance démographique : la croissance démographie du delta du Nil est l’une des plus rapide au
monde entre 2% et 3% par an. C’est aussi l’une des zones d’urbanisation les plus dense au monde avec
une prévision d’augmentation de la population de 20 millions d’habitants d’ici à 2015. L’enjeu est une
pénurie comme pour Homer-Dixon qui est d’ordre hydro-alimentaire.
pression sur la production agricole : le secteur agricole est de plus en plus dépendant de l’eau. Le canal de
Canal Sheikh Zayed vise à faire de l’agriculture hors-sol irriguée et est construit sous la personnalité de
l’ancien président Moubarak avec des oasis créées de façon artificielles. Cette dérivation a posée un
véritable problème rendant l’Égypte encore plus dépendante à ses droits historiques que de par le passé.
L’Égypte est totalement dépendante de son quota lui servant pour son barrage d’Assouan mais aussi pour
le canal principal d’irrigation. Le pays dans son ensemble dépend à 95% des eaux du Nil pour sa
consommation d’eau et 85% de cette eau est directement prélevée par l’agriculture. Tout le secteur
agricole en dépend.
À partir de ce moment, le Soudan va avoir de plus en plus besoin de ses quotas tendant la situation avec
l’Égypte et le sud Soudan. La croissance des prélèvements potentiels du Soudan vient s’ajouter au
prélèvement de l’Éthiopie et des pays amont du Nil blanc et les riverains du lac Victoria. La question de
l’appropriation du Nil blanc résulte sur l’explosion de la consommation au Soudan estimé à 20 milliards de
m3.
Cela a un impact sur l’alimentaient du barrage d’Assouan et le lac Nasser qui irrigue le canal de Tochka et
l’ensemble de la production agricole égyptienne.
Une première tendance va vers la coopération suite au « printemps arabe ». Une autre tendance va vers une
exploitation unilatérale du fleuve soutenu par des IDE chinois allant vers d’avantage d’exploitation
unilatérale et quelque par de surexploitation globale et non-coordonné de la ressource soit une tragédie des
communs à l’échelle de bassins.
Ces deux graphiques présentent une analyse historique de l’évolution des rapports hydro-politique entre
l’Égypte et le Soudan. Après 1954 s’ouvre une période de décolonisation progressive. Un conflit de faible
intensité politique se créé autour du fleuve mais sans coopération puisque le Soudan subi davantage de
l’accord signé dans les années 1920. Le conflit de 1954 va mener à la négociation de l’accord qui va
renforcer le quota du Soudan étant un conflit ouvert de l’ordre de la sécurisation pas forcément violent mais
débouchant sur une coopération directe entre les deux pays se prolongeant des années 1960 jusqu’aux
années 1980 où le gouvernement soudanais va être enclin à collaborer avec l’Égypte afin d’éviter que le
risque de conflit ne se reproduise. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, avec l’émergence
de la dictature islamique de El Béchir va replacer les relations entre les deux pays dans un contexte plus
violente avec l’idée de remettre en cause les prélèvements fait par l’Égypte sur le Nil menant notamment à la
tentative d’assassinat de Moubarak par des milices soudanaise ou l’attaque du canal de Tonchka. Ce sont des
situations de coopération forcé malgré tout assez fréquente autour des cours d’eau transfrontalier.
Avec ce graphique, Zeitoun et Warner ont analysés toute une série de fleuve et arrive a travers la
compréhension de l’hydrohégémonie comme variable indépendante de départ expliquer comment on va de
l’hydrohégémonie jusqu’au conflit. Il n’y a pas d’hégémonie mauvaise ou bonne par nature.
Si l’hydrohégémonie est positive comme avec l’Égypte plus encline à s’inscrire dans la gestion du Nil
permettrait de mettre en œuvre une gestion intégrée de cette ressource, une coopération et un partage avec
une tendance a une distribution équitable de la ressource et l’évitement du conflit.
Dans les conflits froids, l’hydrohégémonie est dans une position négative avec un contrôle de la ressource et
où le contrôle du fleuve est dans une forme de concurrence entre États pour le partage des eaux du fleuve de
façon équitable ou non équitable.
Conclusions
Il y a une intensité variable une intensité variable des formes de conflits et de coopérations. La pénurie
relative peut être un facteur aggravant comme la thèse de Homer-Dixon le montre. L’hydrohégémonie est
génératrice d’inégalités mais l’hydrohégémonie n’est pas naturelle car elle dépend de capacités techniques et
économiques et de la position géographique. Se diffuse de la doctrine de l’usage équitable auprès des pays en
amont qui est une question fortement débattue.
L’eau est historiquement la ressource qui a fait preuve du plus d’actes de sécurisation avec l’émergence et le
poids des nationalismes hydriques comme le montre Allouche. Daoudy montre en quoi l’eau ne peut être
isolé des contextes diplomatiques plus généraux avec un emboîtement des enjeux liés à l’eau et des stratégies
diplomatiques domestiques.
Annexes
Références
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