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Les premiers siècles chrétiens en Thrace, en Macédoine, en Grèce et à Constantinople

Author(s): Jacques Zeiller


Source: Byzantion, Vol. 3, No. 1 (1926), pp. 215-231
Published by: Peeters Publishers
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/44169470
Accessed: 20-02-2018 12:41 UTC

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Les premiers siècles chrétiens
en Thrace, en Macédoine,
en Grèce et à Constantinople (ł)

Les pays divers de la péninsule balkanique, la Thrace,


la Macédoine, la Grèce (Achaïe), et une partie au moins de
la Mer Égée avaient été évangélisés dès le début de la prédi-
cation du christianisme, par saint Paul lui-même ou ses dis-
ciples, comme Tite, qui fut l'apôtre de la Crète. Philippes
de Macédoine, Thessalonique, Béroé, Nicopolis d'Épire, Athè-
nes, semble-t-il, dont le premier évêque fut Denys l'Aréopagite,
Corinthe, Cenchrées, près de Corinthe, eurent ainsi des Églises
dès le deuxième tiers du Ier siècle. Celles de Develtum et

d'Anchialé en Thrace, de Larisse en Thessalie, de Lacedèmone


et de Céphalonie sont attestées au IIme siècle ; celle de Byzance
ne paraît pas dater d'aussi haut. Saint André est-il mort en
Achaïe, comme le racontaient ses Actes ? Ceux-ci ne remontent
pas plus loin que la fin du IIIme siècle et sont d'allure essen-
tiellement légendaire. Mais ils ont pu se faire Techo de sou-
venirs plus anciens et moins indignes de crédit, et le fait
qu'Eusèbe, sur la foi peut-être d'Origene, relate la tradition
d'une mission d'André en Scythie, c'est-à-dire apparemment
sur les côtes de la Mer Noire, qui étaient peuplées de colonies
grecques, autorise l'hypothèse qu'André ait été en rapport
avec le monde hellénique. Mais ceci demeure conjectural.
(x) Cet article forme un des chapitres du volume sur Y Église et V Empire romain ,
à paraître prochainement dans V Histoire du Monde, dirigée par M. Cavaignac.

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216 J. ZEILLER

A la fin du Ier siècle, la p


bien être celle de Corinthe
fut, vers la fin du règne d
sentiments intérieurs, qu
pape Clément, le troisièm
membres du collège presb
parti de jeunes, dans des co
quelque scandale. L'Église de
trois de ses membres pour
porter une lettre de Clém
fraternelle et le respect de
fut plein de déférence ; les
nombre des écrits canoniqu
rent entièrement à résipisc
chez eux.

Soixante-dix ans plus tard environ, on voit à la tête de cette


même Église de Corinthe, où il avait succédé à un évêque du
nom de Primus; un personnage très considéré, Denys, que l'on
consultait de tous côtés et dont les lettres devinrent assez
célèbres pour qu'on en fit un recueil. Ce recueil contient
entre autres une lettre à l'Église de Rome qui constitue l'un
des anneaux de la chaîne des témoignages relatifs à l'apostolat
romain de Pierre, une à l'Église de Sparte et une autre à l'É-
glise d'Athènes, qui venait de passer par une crise très grave.
A la suite d'une persécution qui avait fait disparaître T'évêque
Publius, les chrétiens d'Athènes avaient presque abandonné
leur foi ; mais leur nouvel évêque, Quadratus, rétablit la
situation.

On connaît à la même époque deux chrétientés en Crète,


celle de Knossos, qui avait pour évêque Pinytos, et celle de
Gortyne, dont l'évêque se nommait alors Philippe ; l'un et
l'autre reçurent aussi des lettres de Denys.
Ces lettres ne nous fournissent cependant pas des rensei-

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LES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS 217

gnements très abondants sur la Grèce chrétienne


siècle. Aussi bien ne semble-t-il pas qu'à cette époqu
au siècle suivant, son histoire soit, à beaucoup pr
riche que celle de l'Asie hellénique. Peut-être le chri
y progressa-t-il avec plus de lenteur : il ne serait pas
prenant que sa propagande ait eu plus de mal à triom
résistances d'un des milieux les plus pénétrés, dans le
populaires, des traditions du vieux polythéisme m
néen et les plus inclinés, dans les couches supérie
critique rationaliste. C'est en Grèce en tout cas qu
païen a eu, sous l'Empire chrétien, son dernier centr
tance, que le paganisme doctrinal, si l'on peut ris
expression, a survécu le plus longtemps ; l'empereur
est nourri à l'École d'Athènes et cette École, qui a d
temps encore après lui, en a été le dernier foyer.
Cependant la Grèce chrétienne a produit, outre
Corinthe, deux hommes fort intéressants et dist
forment au IIme siècle, comme le pendant d'un g
logue de la Grèce asiatique : ce sont les apologistes, q
la raison hellénique au service de la foi. Martianus
d'Athènes, composa une apologie, où il établissait
lèle entre les idées que se faisaient de Dieu les Bar
Grecs, les Juifs et les chrétiens, pour montrer la s
de la conception chrétienne ; il la présenta à l'em
Antonin aux environs de l'an 140. Athénagore,
Athénien, écrivit entre 177 et 180, à l'adresse de M
et de Commode, une Legalio pro christianis où il ju
chrétiens des accusations d'athéisme et d'immoralité dont ils

étaient l'objet. Dans un autre livre, le De Resurredione , qui


n'est qu'un appendice du premier, il répondit aux objections
que soulevait chez les païens la doctrine de la résurrection
des morts-

Parée de l'antique éclat qui, pour tous les esprits cultivés,

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218 J. ZEILLER

s'attachait au nom d'Athènes et de la réputation récente


de ces défenseurs intelligents de la religion du Christ, il n'est
pas étonnant que l'Église athénienne ait attiré l'attention
d'un homme tel qu'Origène ; il la visita, comme il visita Rome,
au cours d'un de ses nombreux voyages, entre 230 et 240.
On ne rencontre plus, après les apologistes de l'époque
antonine, comme figure marquante des Églises de la pénin-
sule hellénique, qu'un hérétique, Théodote de Byzance, riche
tanneur, homme fort instruit, qui fut le premier à enseigner
une christologie adoptianiste, selon laquelle Jésus n'était devenu
Dieu qu'après sa résurrection. Ayant transporté à Rome cette
doctrine, il y fut excommunié par le pape Victor (189-199). La
première apparition de Byzance dans l'histoire de la théolo-
gie chrétienne est ainsi une manisfestation d'hétérodoxie, qui
met son auteur en conflit avec Rome.

Au IIIme siècle, la Grèce eut un certain nombre de mar-


tyrs, notamment lors de la persécution de Dèce ; les Églises
d'Athènes, de Corinthe, de Crète payèrent leur tribut. Sur
la persécution de Dioclétien, la pénurie de documents ne nous
laisse presque rien savoir ; mais il faut sans doute expliquer,
jusqu'à un certain point, par le développement relativement
faible du christianisme dans la Grèce propre, le fait qu'on ne
connaisse alors qu'un seul martyr à Athènes, l'évêque Leonide.
Les lendemains de la victoire constantinienne ne furent

pas pour les chrétientés de la province d'Achaïe ce qu'ils furent


pour tant d'autres : elles échappèrent aux troubles de l'aria-
nisme. Elles ignorèrent les disputes qui déchirèrent celles de
l'Asie hellénique, avec lesquelles elles accusent ainsi un nou-
veau contraste.

On sait qu'il n'en fut pas de même à Byzance, à ce point


de vue, comme à d'autres, plus asiatique qu'européenne, et
qui prend alors dans l'histoire de l'Église une place absolu-
ment à part.

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LES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS 219

II

Byzance devint Constantinople, et la création de ce


pitale politique nouvelle, qu'un mouvement progr
traînera à jouer aussi le rôle d'une capitale religieu
plus grand événement de l'histoire extérieure des ch
helléniques. On sait comment et combien vite se mar
tendance : dès le temps de la crise arienne, l'évêque
tantinople fait déjà figure de chef de l'Église oriental
dente opposée à Rome. Au moment où cette crise se
enfin, le concile, réuni en 381 dans la ville impérial
accorde une première fois à son évêque une primaut
neur, le plaçant immédiatement après celui de Ro
spécifie pourtant pas que sa juridiction soit accrue de
manière, et les évêques d'Alexandrie et d'Antioche
encore prétendre être tenus à cette époque pour les d
du deuxième et du troisième siège episcopal de l'É
verselle. Mais, dépassant, presque par la force des ch
limites de sa juridiction nouvelle, et même non exp
attribuée, qui étaient celles du diocèse civil de T
comprenant les provinces de Mésie Inférieure, de
d'Hémimont, d'Europe et de Rhodope, l'évêque de
tinople intervint bientôt dans les affaires ecclésiast
diocèses du Pont et de l'Asie. Saint Jean Chrysost
le premier, qu'on accuserait difficilement d'ambitions hu
déposa l'évêque de Nicomédie, Gerontius, qui appar
ressort ponti que, et il ouvrit une instruction canoni
l'évêque Antonin d'Éphèse, premier siège du dio
d'Asie. Ainsi commença de se constituer, un demi-si
le concile de Chalcédoine, la vaste juridiction patr
l'évêque de Constantinople. Jean Chrysostome succo
doute dans la mauvaise querelle que lui chercha
d'Alexandrie, premier épisode de la lutte qui mit au

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les deux sièges au Vme siècl


motifs, sinon avec une just
par Cyrille d'Alexandrie ; m
à Chalcédoine (451).
Le concile de Chalcédoine
la juridiction patriarcale de
explicitement de lui le chef
analogue à ceux d'Alexandri
moins expressément la prés
canons le rendaient juge,
survenant entre évêques o
toutes les provinces orienta
tantinople devenait officiel
la hiérarchie ecclésiastiqu
refusa de sanctionner le 28me canon du concile et déclara

qu'Alexandrie et Antioche devaient garder le rang que leur


donnait une tradition d'ailleurs moins continue et moins

formelle qu'il ne la présentait, mais à laquelle, en tout cas,


Constantinople n'avait rien à opposer avant le texte de 381.
Pratiquement le siège de Constantinople fut, dès le Vme siècle,
en vertu de sa situation de siège episcopal de la ville impériale,
le premier évêché de l'Orient. Le pape finit par ratifier cet état
de choses.

Non content de l'accroissement de prestige et d'autorité


reçu en 381 d'abord, puis en 451, l'évêque de Constantinople
chercha en outre, dès la première moitié du Vme siècle, à
étendre sa juridiction sur une région qui lui était en droit
absolument étrangère, PIllyricum oriental, c'est-à-dire la ma-
jeure partie des pays de la péninsule balkanique. La préfec-
ture d'Illyricum, qui comprenait les deux diocèses civils de
Dacie et de Macédoine, avec les provinces de Mésie Supérieure,
des deux Dacie, de Dardanie, de Prévalitane (démembrement
de la Dalmatie), des deux Épire, de Thessalie, d'Achaïç et de .

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LES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS 221

Crète, après avoir fait partie de l'Empire d'Occide


été cédée par Gratien à Théodose et rattachée à l'
d'Orient. Mais elle n'avait pas pour autant échappé, au
de vue ecclésiastique, à la juridiction qu'y exerçai
comme métropolitain supérieur ou patriarche de t
cident. Le Pape jugea utile, après la cession faite par
de resserrer les liens, jusqu'alors un peu lâches, qui u
à Rome ces provinces désormais orientales, en y ét
un représentant ou vicaire : ce fut tout naturellemen
de .Thessalonique, la plus grande ville et la capita
préfecture, siège aussi d'une Église illustre et rem
saint Paul, que désigna le pape Damase, auteur de la c
du vicariat. Son successeur Sirice précisa le fonctionn
de l'institution : le vicaire papal devait confirmer
sacrer les évêques d'Illyricum, présider les synodes d
vinces du ressort vicarial, y trancher les différen
siastiques, sauf recours au Saint-Siège dans les cas gr
cas d'appel à Rome par les intéressés ; une place pr
lui était renonnue dans les conciles généraux, où il s
médiatement après les patriarches orientaux. Cette s
primatie n'était pas une prérogative inhérente au
Thessalonique ; c'était une délégation renouvelable à
ment de chaque titulaire comme de chaque pape.
l'avait donnée à l'évêque Acholius ; Sirice la donna
cesseur d'Acholius, Anysius, à qui la renouvelèrent l
Anastase et Innocent ; Anysius étant mort, Innocent
ensuite la même autorité à l'évêque Rufus. Mais, d
l'évêque Atticus de Constantinople essayait d'atti
rillyricum oriental et obtenait de l'empereur Th
une loi défendant à qui que ce fût de décider d'affair
tantes concernant cette région sans l'autorisation de
de la nouvelle Rome, héritière de l'ancienne. Ce co
porté à la suprématie romaine en Illyricum demeura san
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222 J. ZEILLER'

le pape Boniface II protesta


Honorius, qui transmit sa
la loi fut rapportée. Les am
pas pour battues. En 437, a
de rillyricum occidental,
être la Dalmatie, venait au
l'occasion du mariage de V
de Théodose II, l'évêque de
en épilogue de la querelle n
sition de foi, qu'il adressa à
comme ayant à recevoir ses
parmi les destinataires. Ma
de la même année, adressée
riens, firent entendre au pr
remémorèrent aux seconds
Une résistance s'était d'ai
de l'affaire nestorienne. Le
avait été le métropolitain d
Marcianopolis, qui n'appar
Thessalonique ; mais le mé
Julianus de Sardique, l'ava
avec le patriarche condam
la province de Scythie, Jean
de Dorothée, après avoir a
se résolvaient à la soumissio
son opposition, malgré les
Rufus de Thess-alonique. Ju
lement exilé. On ne voit p
ou des autres provinces de
mentanément. La lettre d
que la docilité des évêques i
sujette à quelques fléchissem
pour laquelle le pape saint L

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LES PREMIERS SIECLES CHRETIENS 223

les prérogatives de son représentant, en spécifian


métropolitains cTIllyrie avaient le droit d'ordonner les
de leur province, eux seuls devant être consacrés par l
Le Code Theodoren, publié en 438, parut bien, entre
rendre vigueur à la loi pourtant abrogée de 421, q
insérée ; Léon la tint toujours pour non avenue. Il
pas non plus sans la relever la tentative que passait a
pour avoir faite Anatole de Constantinople de rallier le
illyriens à sa cause dans l'affaire du 28me canon.
Le schisme acacien, provoqué par le compromis ten
le patriarche Acace, par l'empereur Zénon pour ra
monophysites, mit momentanément fin au vicariat, le
de Thessalonique ayant observé vis-à-vis de l'Héno
même ligne de conduite que l'ensemble de l'épiscopat b
Mais, chose curieuse, il n'existe aucun indice que Con
nople, après deux essais manques, ait cherché à pro
cette occasion, incomparablement meilleure, pour s'a
ecclésiastiquement l'Illyricum. Il fut abandonné à lui-
Une partie de ses évêques resta ou rentra promp
en communion avec Rome- : ceux de la province de D
correspondirent avec les papes Gélase (492-496); A
(496-498) et Symmaque (498-514) ; ceux des deux p
de Dacie se joignirent bientôt à eux. Enfin, en 515, q
évêques, tant du diocèse dacique que du diocèse macéd
c'est-à-dire de la région danubienne et de la Grèce, as
en concile, rompirent avec le primat de Thessalo
Dorothée, entièrement passé au monophysisme, et fire
au pape Hormisdas qu'ils étaient en communion a
L'empereur Anastase voulut sévir contre ces prélat
gré trop indépendants, et il fit amener à Constant
métropolitain d'Épire, Alcyso de Nicopolis, Laurent d
nidos, en Nouvelle-Epire, le métropolitain de Dacie Int
Dbmnio de Sardique, et deux de ses suffragants, Gaïa

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224 J. ZEILLER

Naissus et Evangelus de Pa
rurent ; les autres furent r
s'associa en suite son neveu
impérial et, à peine au pou
fit l'union avec Rome.

III

Le vicariat fut rétabli sous Justinien, après que l'évêque


de Thessalonique, le dernier à se rendre, eut opéré une tardive
soumission. Mais il paraît avoir eu moins d'importance qu'au-
paravant, et surtout il fut partagé entre deux titulaires,
ayant chacun leur ressort distinct, en vertu d'une innovation
de l'empereur, très- féru de politique ecclésiastique. Ayant
reconstruit sous son nom l'ancienne cité de Scupi (Uskub),
métropole de la Dardanie, voisine de son village natal, Tau-
resium, il voulut que cette Justiniano, Prima occupât un rang
supérieur dans la hiérarchie religieuse comme dans la hiérar-
chie administrative. La préfecture du prétoire de l'Illyricum
fut transférée de Thessalonique à Justiniana Prima et l'évêque
métropolitain élevé, avec le titre, alors supérieur, d'archevêque,
au rang d'un exarque ou primat, en même temps que le
pape, ratifiant cette nouvelle organisation, le reconnaissait
pour son vicaire. Il y eut donc deux vicariats et deux prima-
ties dans l'Illyricum : à l'archevêque de- Justiniana, les pro-
vinces du diocèse dacique, les deux Dacie, la Dardanie, la
Prévalitane, la Macédoine IIe, la Mésie Supérieure et ce que
l'Empire gardait de la Pannonie, toutes provinces de langue
latine ; à son collègue de Thessalonique, les provinces du dio-
cèse macédonien, les deux Épire, la Thessalie, TAchaïe et la
Crète, provinces de langue grecque. A vrai dire, ce vicariat
ne fut plus guère alors qu'une distinction honorifique ; les
épreuves du schisme avaient resserré les liens entre l'Illyri-
cum et le Saint-Siège ; les dispositions favorables de Justinien

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LES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS 225

aidant, le pape y exerça directement la plupart de


de patriarche occidental sans utiliser d'intermédia
me* coup les tentatives de rattachement au siège
de Constantinople cessèrent complètement.
Elles devaient reprendre avec le patriarche by
riaque, qui prétendit convoquer en synode autour
les évêques Illyriens (559) ; mais l'allégeance romai
tint jusqu'au VIIIme siècle d'un bout à l'autre de
et, au temps même de Cyriaque, les actes juridicti
pape comme Grégoire-le-Grand y furent pour
incessants.

Les* deux vicariats dépendant ainsi directement de Rome


comptaient une centaine d'évêchés, nombre approximatif,
car il y eut parfois des variations et nos sources ne sont pas
toujours précises. Le diocèse dacique, correspondant à l'obé-
dience de Justiniana Prima, en avait, ou du moins en aurait
eu, si certains n'avaient pas disparu par suite des invasions
barbares, huit en Macédoine IIe, dont la métropole était
Stobi, trois en Prévalitane (métropole Scodra), cinq en Dar-
danie (métropole Scupi, devenue Justiniana Prima), quatre
en Dacie Intérieure (métropole Sardique), quatre en Dacie
Ripuaire (Ratiaria) et quatre en Mésie Ire (Viminacium) ; le
lambeau de Pannonie que conservait l'Empire de Justinieri
ne possédait pas d'autre Église que celle de Bassianae, peu
éloignée de Sirmium ; du moins elle est la seule que mentionne
la Novelle définissant la juridiction de Justiniana Prima.
Dans le diocèse macédonien, la province de Crète (métropole
Gortyne) était répartie entre deux sièges épiscopaux ; celle
d'Achaïe (Corinthe), la plus riche, entre vingt-et-un ; l'Épire
ancienne (Nicopolis), entre neuf ; l'Épire Nouvelle (Dyrra-
chium), entre huit ; la Thessalie (Larissa), entre onze ; la Ma-
cédoine Ire (Thessalonique), entre quartorze.
Le patriarche de Constantinople, lui, règne à cette époque

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226 J. ZEILLER

sur vingt-huit province


l'Hémimont, la Mésie Infé
civil de Thrace ; l'Asie, l
tienne, la Lydie, la Pisid
Salutaire, la Pamphylie, la
diocèse' d'Asie ; la Bithy
{.Pontique IIe, mais n'ayant jamais porté ce nom), la
Paphlagonie, la Galatie ITe, la Galatie IIe ou Salutaire, la
Cappadoće Ire, la Cappadoce IIe, l'Hellénopont, le Pont Polé-
moniaque, l'Arménie Ire et l'Arménie IIe, pour le diocèse de
Pont ; soit environ 450 évêchés et une trentaine de métropoles,
l'organisation ecclésiastique ne cadrant pas d'une façon ab-
solument rigoureuse avec l'organisation politique : ainsi la
Scythie n'avait qu'un évêque, qui n'était point un métropo-
litain ou était un métropolitain sans suffragants, et la Bithynie,
par contre, possédait trois métropolitains, les conciles de 325
et de 451 ayant donné, eri Nicée et en Chalcédoine, deux ri-
vales à Nicomédie.

Cette juridiction sur ces trois diocèses civils aurait suffi à


faire de Constantinople le plus important des patriarcats
orientaux. La prééminence que lui a accordée le 28me canon
de Chalcédoine ne tarde pas en outre à s'affirmer en actes.
Le patriarche Mennas consacre en 514 Paul d'Alexandrie ;
Jean III en fait autant pour Jean d'Alexandrie en 569, et
Anastase Ier d'Antioche, qui reproche aux deux évêques
ce qu'il considère comme une usurpation, y perd son propre
siège. C'est encore le titulaire du siège de Byzance, Eutychius,
qui préside le concile de 553, convoqué pour régler l'affaire
des Trois Chapitres, ses deux collègues d'Alexandrie, Apol-
linaire, et d'Antioche, Domnin, étant présents. Bref, l'éléva-
tion de l'archevêque de Constantinople à la tête de tout
l'épiscopat oriental est un fait bien acquis à partir de Jus-
tinien.

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LES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS 227

Vis-à-vis de Rome, àepuis le concile de Chalcé


qu'à celui de Constantinople en 553, le patriarca
oscille sans cesse, entre la subordination et l'ém
Lorsque, au lendemain de la rédaction du 28me can
Léon proteste et s'en prend à. Anatole de Const
celui-ci répond qu'il n'y est pour rien et qu'il sait c
à l'autorité romaine. Mais, trente ans après, Acace
avec son collègue monophysite d'Alexandrie et
Zénon, lance l'Hénotique et provoque ainsi la ru
le Saint-Siège. L'union se rétablit en 519. En 535 le
de l'impératrice Théodora réussissent à faire mo
siège patriarcal un monophysite dissimulé, Anthim
Agapet obtient sa »déposition. Qiiand, dans l'espoir
les monophysites modérés, l'empereur, qui souv
l'Église orientale beaucoup plus que le patriarche, v
condamner les Trois Chapitres, Mennas de Cons
plie, quoique à regret, devant la volonté impériale
que le pape Vigile acquiesce d'abord, par son ju
568. Mais, quand, avant que se fût rassemblé le c
voqué pour ramener la paix dans les Églises tro
cette décision, Justinien promulgue un nouvel é
même sens, malgré la promesse contraire faite au p
frappe de censure le patriarche, resté comme d'ha
côté de l'empereur. La confirmation qu'il finit par
décrets conciliaires, dûment expliqués, ramène pour
l'harmonie entre les deux sièges.
Ces contentions si fréquemment renouvelées, s
des tentatives précitées d'empiétement sur les
Siège romain en Illycicum, n'empêchent point le p
comme l'empereur de rendre, à de nombreuses repr
mage à la suprématie du Pape dans l'Église.. Lors
se rend à Constantinople en 536. il a le pas sur le p
Anthime, qu'il dépose, sur Mennas, qu'il consac

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228 J. ZEILLER

avant la rupture, reçoit les


déclare, dans une constitut
que toutes les questions d
communiquées au « hiérarq
chef de tous les saints pr
Novelle de 535, qui définit
il appelle Rome « la sourc
siège du très grand apôtre P
ne doute que la sublimité du
Comme leur basileus , les
aussi la primauté romaine
y a beaucoup de souverains
comme le Pape, régnant sur
aussi l'on voit, au début d
les moines acémètes, en gu
trancher leurs différends.

IV

Cette querelle de moines, assez vite apaisée, eût pu devenir


grave, car le monachisme fut, au VIe siècle, dans tout son
épanouissement à Byzance et dans les pays qui se ratta-
chaient à son obédience immédiate. En 536, le diocèse ecclé-
siastique de Constantinople comptait au moins soixante-huit
monastères d'hommes et celui de Chalcédoine, de l'autre côté
du Bosphore, quarante. La capitale de l'Empire et sa banlieue,
tant européenne qu'asiatique, étaient devenues « le centre
monastique le plus important de l'époque » (*). Les plus nom-
breux de beaucoup des moines étaient des cénobites, qui
menaient d'un bout à l'autre de l'année une existence com-

mune. Les solitaires, vivant ou tout seuls ou deux à deux,


portaient le nom d'ermites, quand le lieu de leur retraite
n'avaient point de caractère original, de stylites, quand ils

(Ł) Pargoire, 'U Eglise byzantine de 527 à 847 , p. 67,

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LES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS 229

avaient adopté le sommet d'une colonne, de dendrite


se perchaient sur un arbre, de reclus, quand ils s'enfer
en un étroit réduit. Entre les deux catégories, les ke
passaient la majeure partie de la semaine dans une
particulière,. mais se groupaient en un centre commun,
laure, pour la soirée du samedi et la journée du dim
Les supérieurs des couvents s'appelaient archimandr
hégoumènes ; le premier terme ne désigna dans la suit
les chefs des monastères les plus anciens ou les plus
tants.

La vie monastique fleurit aussi parmi les femmes, sancli-


moniales et virgines , comme les nomme Justinien ; le latin
juridique de Byzance appelle les unes ascelicae ou monaster iae,
moniales, et les autres canonicae , chanoinesses.
L'incroyable diffusion de l'ascétisme dans l'Église byzan-
tine à partir du Ve siècle ne paraît pas avoir entraîné un pro-
grès parallèle de la vie religieuse du peuple chrétien. La con-
version officielle de l'Empire au christianisme avait fait entrer
dans l'Église des masses dont les convictions moins fermes et
les mœurs plus relâchées que celles des chrétiens de l'époque
primitive abaissèrent le niveau religieux du milieu qu'elles
avaient envahi plus peut-être qu'il ne les avait conquises.
Néanmoins il y avait, dans le ressort du patriarcat de Cons-
tantinople, comme dans celui des patriarcats asiatique ou
égyptien et de la primatie de Thessalonique, beaucoup de
laïcs pleins de piété, même parmi les étudiants et les soldats,
qui s'employaient avec ardeur à donner plus de lustre au culte
et à propager la foi. Les zélés, spoudaei, philopones , formaient
parfois de véritables confréries. Enfin l'esprit de l'Évangile
se manifesta encore et dans les modifications de la législation
impériale, qui, avec Justinien, sévit contre la prostitution,
la sodomie, la castration, les jeux de hasard, les blasphèmes,
améliora le sort des femmes, abolit le divorce par consente-

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230 .J. ZEILLER

ment, mutuel, et dans l'é


d'œuvres charitables. "Les institutions de bienfaisance de

Constantinople en particulier, que la tradition faisait remonter


jusqu'au règne de Constantin, répondaient à tous les besoins
du temps : crèches pour les nouveaux-nés, orphelinats pour
les enfants, asiles pour les vieillards, hôpitaux pour les ma-
lades, hospices pour les lépreux, abris pour les pauvres, ces
divers établissements sont surtout connus par les dispositions
que le Code Justinien édicta en leur faveur. Les autres villes
de l'Empire, sans en compter autant, possédaient également
leurs institutions de bienfaisance. Il convient enfin, si Ton
veut garder une idée complète et équitable de l'histoire reli-
gieuse du monde byzantin entre Théodose et Justinien, de
ne pas oublier ce qu'y fut, pendant, il est vrai, de trop courtes
années, l'action d'un homme dévoré d'un zèle aussi ardent
pour la réforme des mœurs et le progrès spirituel que saint
Jean Chrysostome. Ajoutons encore que ce furent deux
avocats de Constantinople, devenus écrivains, Socrate et
Sozomène, qui nous ont laissé, en dépit des imperfections de
leur double Histoire ecclésiastique, quelques-uns des plus pré-
cieux éléments de nos connaissances sur cette société chré-
tienne de l'Orient aux IVe et Ve siècles.

Ainsi, malgré les querelles th'éologiques, les défaillances


morales, les troubles politiques, s'opérait peu à peu la chris-
tianisation de la vie sociale à Byzance et dans les contrées
dont elle était le centre. Mais en même temps, au cours des
Ve et VIe siècles, la civilisation romaine et chrétienne reculait
en diverses provinces, refoulée graduellement ou brusquement
par l'envahissement barbare : si, aux deux extrémités, occi-
dentale et orientale, de l'ancien monde romain, Gaule et Es-
pagne et provinces asiatiques, les Églises se maintiennent et
même demeurent conquérantes, en dépit des invasions ger-
maniques et des occupations perses, dans la région inter-

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LES PREMIERS SIÈCLES CHRÉTIENS 231

médiaire, en deçà de cette frontière du Danube, dont


inférieur dépendait directement du gouvernement de
tinople, les villes succombent les unes après les autre
chrétientés,, en plusieurs provinces, disparaissent elle
pour un tempsģ

BIBLIOGRAPHIE

On ne mentionne ici que des sources et un choix d'ouvrages mo


rapportant plus spécialement à l'histoire des origines chrétiennes dan
sule hellénique.
I. Sources :

Clément de Rome (Saint), Lettres éd. Funk : Patres Apostolici , 2e éd., I.


Tubingen, 1901.
Denys de Corinthe (Saint), Lettres (éd. Routh : Reliquias Sacrœ, 2e éd., I,
pp. 175-201. Oxford, 1846).
Aristide d'Athènes, Apologie (éá. J. Armitage Robinson : Texts and Studies ,
contribution to biblical and patristic Literature , 2e éd. Cambridge, 1893).
Athénagorè, Apologie pour les chrétiens (éd. E. Schwartz, Texte und Unter-
suchungen, IV, 2. Leipzig, 1891).
- De la Résurrection (même édition).
Jean Chrysostome (Saint), Œuvres (Patrol, grec., XLVII-LXIV).
Nestorius, Le Livre ďHéraclide de Damas, traduit en français par F. Nau,
avec le concours du R. P. Bedjan et de M. Brière, suivi du texte grfec des trois
Homélies de Nestorius sut les tentations de Notre-Seigneur et de trois appen-
dices. Paris, 1910.
II. Travaux modernes :

Diehl (Ch.), Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle. Paris, 1901.


Duchesne (Mgr. L.), Les anciens évêchés de la Grèce (Mélanges ď archéologie
et ďhistoire , publiés par l'École française de Rome, XV (1893), pp. 375 seq.).
Gelzer (H.), Die kirchliche Geographie Griechenlands vor den Slaveneinbriiche
(Zeitschrift für wissenschaftliche Theologie, XXXII (1892), pp. 419 seq.).
Pargoire (J.), L'Église byzantine de 527 à 847. Paris, 1905.

Jacques Zeiller.

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