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Publié le 19 Février 2018 - Mis à jour le 19 Février 2018


Glurps

Misophonie : si vous faites partie de ceux qui ne supportent pas


les bruits de mastication, de respiration ou autres sons du
quotidien, la science comprend désormais pourquoi

Une étude menée par des chercheurs de l'université de Newcastle s'est intéressée à ce que l'on appelle
communément la "misophonie", soit l'énervement que produirait chez des individus certains sons (dont
les bruits de mastication par exemple).

Avec Philippe Vernier


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Une étude menée par des chercheurs de l'université de Newcastle s'est


intéressée à ce que l'on appelle communément la "misophonie", soit
l'énervement que produirait chez des individus certains sons (dont les
bruits de mastication par exemple). Les chercheurs ont demandé à une
quarantaine de personnes d'écouter divers sons, dont des bruits de
mastication et de respiration forte, et se sont aperçus que, chez les sujets
atteints de misophonie, les mêmes zones cérébrales s'activaient et l'on
observait un emballement de l'activité cérébrale dans le lobe frontal et le
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cortex insulaire antérieur. Que contrôlent ces zones dans le cerveau et quel
lien établir entre l'activation de ces zones et la sensation d'énervement ?
1.
Philippe Vernier : Cette étude est la première qui montre quelles sont les anomalies du fonctionnement
cérébral associées à la pathologie misophonique. Elle a permis d’impliquer en premier lieu une
hyperactivation du cortex insulaire inférieur - la région cérébrale qui nous permet d’orienter notre attention
vers les évènements -, les stimuli qui surviennent dans notre environnement et qui sont les plus importants
à considérer pour que nous puissions réagir de façon appropriée. Cette région du cerveau est aussi
importante dans l’appréciation de nos sensations internes, de nos pensées quand elles sont tournées vers
nous mêmes.

Les auteurs de l’étude montrent aussi que, chez les patients misophoniques, le cortex insulaire inférieur est
fortement connecté au cortex préfrontal médian, qui joue un rôle central dans la prise en compte du contexte des
évènements vécus, sur la qualité bonne ou mauvaise que nous leur accordons (la valeur émotionnelle), et sur les
réponses qu’il faut y apporter, ce que l’on appelle la prise de décision. Ainsi, les personnes victimes de
misophonie ont une valeur très négative aux sons qui déclenchent leur réaction de rejet, de dégoût ou de colère,
parce qu’ils sont interprétés comme étant dérangeants, agressifs, alors que ce même contexte sera perçu comme
tout à fait neutre par une personne normale.

Quel est l'intérêt concret de cette découverte ?


Ce travail est important parce qu’il est le premier à fournir les bases cérébrales précises, un fondement objectif, à
un trouble souvent considéré comme une simple « manie » désagréable de la part des personnes qui en sont
victimes. Il permet de montrer clairement que la misophonie est une maladie neuro-psychiatrique associée à des
anomalies cérébrales identifiées et qui se développent probablement très tôt au cours de la vie des personnes
misophoniques. Cette étude est donc très importante pour que cette maladie soit reconnue à sa juste place et que
les patients misophoniques ne soient pas considérés comme des personnes désagréables ou présentant des
lubies irrationnelles.

Est-ce que cela ouvre des pistes de recherche à terme pour soigner cette
pathologie ? Quelles pourraient être les pistes à l'étude qui permettraient
d'atténuer cette anomalie cérébrale ?
L’étude publiée par ces chercheurs anglais tend à montrer qu’il existe une anomalie dans la façon dont certaines
structures cérébrales sont connectées les unes aux autres. Il s’agit très certainement d’un trouble qui se met en
place très tôt au cours de la vie, mais on ne sait pas si c’est le symptôme d’un trouble plus général de l’attention
à soi-même, ou si le trouble est restreint à la réponse à certains sons. A l’heure actuelle, il n’y a
malheureusement pas vraiment de piste pour soigner les troubles misophoniques, en dehors d’une prise en
charge psychologique et de thérapies comportementales classiques pour essayer d’atténuer l’effet des sons qui
déclenchent la réaction aversive. Cette pathologie est souvent méconnue des médecins et même des psychiatres,
et il est important que la misophonie soit effectivement reconnue comme une maladie, pour que les personnes qui
en sont victimes puissent être correctement prises en charge.

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