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2017 08:40
URI : id.erudit.org/iderudit/007487ar
DOI : 10.7202/007487ar
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Katharina Reiss, qui souligne à maintes reprises la rigidité de sa
classification. Mais, rigueur oblige : une méthode se doit d’avoir des
contours nets, sous peine de ne pas être utilisable : « Commencer par
déterminer le type de textes dont relève le texte en cause et ce, en se
fondant sur le texte original. Cette étape une fois franchie […], on se
demandera si le traducteur s’est conformé à la hiérarchie des
éléments à conserver dans la version-cible. » (p. 68) Et, par la vertu
d’une rédaction limpide, tout, du début à la fin de l’ouvrage, donne
prise à une compréhension sans équivoque. Ce qui n’est pas une
mince qualité pour un texte « informatif ».
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Catherine, fidèle traductrice, mais bien de Katharina ― et cette erreur
n’est rien d’autre que le reflet de la confusion qui régnait encore dans
les années soixante-dix autour de la notion d’expressivité, souvent
confondue avec celle d’impressivité, voire (comme ici) avec des
aspects purement esthétiques. La fonction expressive, chez Karl Bühler
comme chez Nicolas Troubetzkoy et Roman Jakobson, est bien centrée
sur l’émetteur, mais en cela précisément qu’elle renseigne sur l’état
d’esprit de celui-ci, sur l’opinion qu’il « exprime » vis-à-vis de
l’information référentielle qu’il émet ― renseignant aussi parfois, à son
insu, sur sa personne physique, sa personnalité, son appartenance
sociale, son degré d’instruction, son origine géographique, etc.
L’ambiguïté est patente chez Katharina Reiss entre un contenu (cette
information caractérisant l’émetteur) et la forme linguistique que prend
ce contenu.
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attestée depuis l’Antiquité et ressortissant à une communication de type
très particulier ? Par ailleurs, ne faut-il pas traiter le problème de la
forme séparément et au coup par coup? (Quelle est son rôle dans la
formulation d’un contenu pertinent? A-t-elle une valeur esthétique?).
Ne perdons pas de vue que ce redoutable problème formel se pose
inlassablement (avec des degrés de complexité certes différents) pour
chaque texte à traduire, quel que soit le type auquel il appartient. Ce qui
nous amène au second aspect pris en compte par mon compte rendu,
celui de l’écriture. (Ici, une précision terminologique : je désigne par le
terme écriture la forme donnée à un texte particulier, et par style les
traits de style récurrents qui caractérisent l’ensemble des écrits d’un
auteur ― écriture d’un texte, style d’un auteur.)
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C’est pourquoi, retournant à la question typologique des trois
types fondamentaux, je préfère, d’une part, substituer texte littéraire à
texte expressif et, d’autre part, considérer l’expressivité comme un
contenu informant sur l’auteur du texte (intentionnellement : ce qu’il
écrit pour exprimer sa réaction personnelle au sujet traité dans son
texte, ou involontairement : ce qui transparaît de lui dans le texte, par
exemple son origine sociale ou géographique). Un contenu dont il faut,
comme toujours, évaluer la pertinence à partir de la finalité accordée au
texte d’arrivée.
Claude Tatilon,
Collège Glendon,
Université York
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