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CLIMAT –
ACTION DES ÉLÉMENTS
DU CLIMAT SUR LA VÉGÉTATION
par
R. DURAND
Maître de Recherches à la Station de Bioclimatologie Agricole de l’INRA à Versailles
SOMMAIRE ANALYTIQUE
I. Facteurs climatiques et facteurs physiques d’action (1 et 2)
Liste
II. Croissance et développement (3 à 7)
III. Action de la température sur les végétaux (8 à 41)
A. Sur la croissance et le développement (8 à 12)
Ta b l e
B. Sommes de températures (13 à 16)
C. Thermopériodisme (17)
D. Action létale des basses températures (18 et 19)
Index E. Action létale des températures élevées (20 et 21)
F. Gelées de printemps (22 à 41)
1. Conditions de formation (23 à 28)
2. Le risque de gelée (29 à 31)
3. Les avertissements gelée (32)
Glossaire 4. La protection contre les gelées (33 à 41)
Liste
Ta b l e
I n dex
Glossaire
70
-06
60
-05
50
-04
Logistique
40 Gompertz
-03
Mesuré
Liste
30
-02
20
-01
Ta b l e
10 1 (cm)
0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
Jours
0
0 10 20 30 40 50 60 80 90 100 Fig. 3. – Accroissements relatifs I/t
chauds, les deux autres de pays tempérés. Elles ont toutes I n dex
Fig. 2. – Variations des accroissements quotidiens ∆l/∆t
été établies par des procédés différents.
7.– Les divers stades de développement jalonnent la 9.– La courbe relative au lin est une des plus classiques ;
croissance et, pour une plante ou un organe donné, cor- elle se rapporte à une phase de développement, la germi-
respondent à des valeurs de l/L bien définies. Le temps nation. On mesure le temps, t, qui s’écoule entre la mise
séparant deux stades est alors fonction des valeurs que en germination de graines sur buvard humide et l’appa- Glossaire
prendra le taux de croissance entre ces deux stades, et par rition de la radicule hors des téguments, pour différentes
conséquent des facteurs du milieu qui agissent sur k, et températures maintenues constantes pendant la germi-
on pourra indifféremment étudier les variations de k nation. On mesure donc la croissance de la plantule entre
avec la température à partir de notations de phases phé- deux longueurs arbitraires, mais toujours les mêmes. Le
nologiques ou à artir de mesures d’accroissement. taux de croissance est alors inversement proportionnel
Cependant le développement peut être bloqué par au temps t.
d’autres facteurs du milieu tels que photopériode insuffi-
sante, besoin de froid... On examinera plus loin ces cas et Moyennant quelques précautions, cette courbe peut faci-
nous supposerons pour l’instant que le développement lement être réalisée dans toute la gamme des températu-
n’est pas bloqué. res compatibles avec la vie.
10.– La courbe relative au Poirier se rapporte également
III. ACTION DE LA TEMPÉRATURE à une phase de développement : on note pendant plu-
SUR LES VÉGÉTAUX sieurs années les dates d’apparition de deux repères phé-
nologiques des bourgeons de poirier, le début du gonfle-
ment du bourgeon et le début de la chute des pétales. Les
A. Sur la croissance et le développement mesures sont faites dans les conditions naturelles, donc
8.– Compte tenu de ce qui précède l’étude de l’action de les températures varient pendant la réalisation de la
la température sur la croissance ou le développement doit phase. On démontre facilement, en faisant l’hypothèse
passer par celle du taux de croissance k. Une étude por- qu’à chaque température correspond un seul taux de
tant directement sur l’accroissement quotidien, absolu croissance, que la somme des taux de croissance élémen-
ou relatif, comme on en rencontre souvent dans la litté- taires est constante.
rature scientifique, risque de conduire à des conclusions La courbe représentée à la figure 4 a été obtenue à partir
erronées, sauf si les comparaisons sont faites au même de 24 années d’observations et en poussant le développe-
stade de croissance. Les courbes (Fig. 4) montrent la loi ment polynomial jusqu’au 5e degré. Il est évidemment
d’action de la température sur le taux de croissance de illusoire de calculer la courbe au-delà de la gamme des
quatre espèces différentes : deux originaires de pays températures rencontrées.
k (échelle arbitraire)
Maïs
(L)
Bananier (T)
Lin
Liste
Poirier
Ta b l e Température (°C)
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45
Fig. 4. – Loi d’action de la température sur le taux de croissance du Lin, du Maïs, du Poirier et du Bananier
Index
11.– Pour le Maïs, nous avons retenu deux courbes : l’une fier les semis en fonction des températures moyennes de
(marquée L sur la figure 4) est déduite de l’étude de la région. Cette planification est facilitée si on remarque
Lehenbauer qui, en 1914, étudia l’élongation horaire de que le développement élémentaire (en un jour ou en une
pousses de maïs à diverses températures. Il notait que heure) est proportionnel au taux de croissance k et indé-
Glossaire l’accroissement horaire augmentait avec le temps d’expo- pendant de l’état de développement (contrairement à
sition à la température considérée. Mais si l’on fait l’accroissement journalier). La somme des taux de crois-
l’hypothèse que la croissance en fonction du temps est sance du semis à la maturité est donc, en principe, indé-
exponentielle (début de la courbe de croissance), on pendante des températures subies par la plante. Si les tem-
constate que le taux de croissance se maintient sensible- pératures sont basses, les taux de croissance sont faibles
ment constant. La seconde courbe (marquée T) est due à et la durée de la phase de développement est longue ; au
Tollenaar (1979) et représente la variation du rythme contraire, à des températures élevées correspondent des
d’apparition des feuilles pour des plantes maintenues à taux de croissance élevés et une réalisation rapide du
température constante. La concordance des deux courbes développement. Diverses méthodes ont été proposées
est remarquable, d’autant plus qu’il s’agit de phases de pour réaliser ces sommes.
développement différentes. 14.– On peut relever chaque jour la température moyenne
12.– La courbe relative au bananier a été établie par (on prend généralement la demi-somme des températu-
Ganry en 1973 en mesurant l’accroissement horaire de res maximale et minimale sous abri météorologique) et
feuilles de bananier et en en tirant le taux de croissance. déterminer la valeur de k correspondant sur la courbe
Les températures étaient mesurées au niveau des zones représentant la variation en fonction de la température
de croissance (base du pseudo-tronc) qui étaient chauf- pour la variété considérée, et effectuer la somme, pen-
fées ou refroidies par des enceintes pour obtenir une dant toute la période de développement, de ces taux de
large gamme de températures. croissance. Cette méthode a été proposée par Livingston
en 1916, mais n’a pas eu beaucoup de succès à cause de la
B. Sommes de températures lourdeur des calculs. L’utilisation des ordinateurs permet
maintenant de lever cet obstacle.
13.– Lorsque l’on sème des pois au mois de mars, les
températures sont plus basses qu’au moment de la 15.– L’examen des courbes de variation des taux de crois-
récolte au mois de juillet. Le développement s’effectue à sance k en fonction de la température θ montre que les
un rythme plus lent et une semaine d’écart entre deux différentes courbes ont une portion importante assimila-
dates de semis se traduit par un écart de 3 à 4 jours dans ble à une droite.
la date de maturité. Pour obtenir un approvisionnement On constate en outre que la gamme de température pour
régulier des conserveries, il est donc nécessaire de plani- laquelle la relation linéaire est acceptable correspond
Altitude 0
300m
Plafond
d'inversion
-2 0 2 4 6
100m
Liste 0
50m
0
Index
0,50 m
Profondeur
S N -2,0°
P
B 1,5° B -3,7° 1,0°
SSE NNW 15 m
2,0°
40 m C
C
300 m AVIZE
0,9° (115 m)
P 3,0°
S N C
+ 0,1° A
-0,9°
-2,0°
D
-2,9° B Liste
E 15 m
LE MESNIL S/ OGER B
(120 m)
-1,0° 5,2° 500 m -5,8°
A
S N
P -3,5° SSW
10 m NNE Ta b l e
0,8° VERTUS D
-3,0° (120 m)
-3,0°
250 m C
B
A 25 m I n dex
-3,0°
P
-1,5° -3,0°
-4,0°
-40° 750 m
Glossaire
Fig. 6. – Influence de la répartition des cultures sur les risques de gelées
Une couche de neige constitue un très bon isolant ther- Il est nécessaire de disposer de longues séries de données car
mique. Si le ciel se dégage la nuit après une chute de neige les gelées ont une occurence marginale et présentent des
de quelques centimètres d’épaisseur seulement, la tempé- fluctuations à long terme. La figure 7 représente la fréquence,
rature de l’air chute brutalement. On observe le même établie sur une quarantaine d’années, d’occurence d’une ou
phénomène, mais heureusement atténué, lorsqu’une plusieurs gelées après une date donnée ; elle montre donc le
couche de paille, un mulch, un sol enherbé ou même un risque d’avoir des dégâts après cette date. Elle est établie
sol fraîchement travaillé entrave la remontée de chaleur directement en indices actinothermiques (ou température
du sol. La température sous l’isolant est par contre plus minimale au sol, fasc. 1040) à 40 cm de hauteur. Cette don-
élevée. née est plus proche de la température subie par la végétation
c) Facteurs topographiques que la température sous abri météorologique. Les stations de
la Météorologie Nationale peuvent fournir de telles courbes,
28.– L’air, refroidi au contact de la surface du sol est plus mais celles-ci sont généralement établies à partir des tempé-
dense, il a donc tendance à s’écouler le long des pentes et ratures sous abri. Il est donc nécessaire de transposer ces
a s’accumuler derrière les obstacles (murs, haies,...) et données par quelques comparaisons pour tenir compte des
dans les bas-fonds qui, de ce fait, sont plus gélifs que les variations topographiques et des écarts moyens entre tempé-
zones qui les entourent (Fig. 6). rature sous abri et indice actinothermique.
La répartition des cultures peut accentuer ces différences, 30.– Les courbes de la figure 7 peuvent être utilisées
les températures étant plus basses sous une friche ou une directement pour les plantes annuelles. On voit par
culture couvrant bien le sol que sous un sol nu. exemple qu’après le 1er mai, le risque d’avoir des dégâts
29.– L’agriculteur qui veut produire des primeurs ou sur une plante sensible à -3 °C est de 20 %, soit une année
implanter une vigne ou un verger doit pouvoir mesurer sur 5. On voit également que, si l’on dispose d’un pro-
le risque qu’il prend. Il est alors nécessaire de procéder à cédé permettant de relever la température de 2 °C, le ris-
une étude climatique qui présente un certain nombre de que d’avoir des températures au-dessous de -3 °C après le
difficultés. 15 avril tombe de 52 % à 8 % seulement.
Fréquence
100
90
80
70 0°
-1°
60
-2°
-3°
50
40 -4°
30
Liste -5°
20
-6°
-7°
Ta b l e 10
-8°
-9°
1 5 10 15 20 25 30 5 10 15 20 25 30 5 10 15 20 25 30 5 10 15
Mars Avril Mai Juin
Index
Fig. 7. – Fréquence d’occurence d’une gelée après une date donnée
Leur utilisation est plus délicate pour les plantes péren- mètre avertisseur, mais celui-ci doit être mis en indice
nes dont la sensibilité varie avec l’état de développement actinothermique, au point le plus froid de l’exploitation
Glossaire (Fig. 8) lui-même variant à la même date d’une année à (et non à la fenêtre, ni dans la cour de ferme).
la suivante. Il faut alors calculer la probabilité d’être, à
une date donnée, à un stade de développement donné et 4. La protection contre les gelées
d’avoir, par la suite, un minimum inférieur au seuil cor-
respondant à ce stade. a) Méthodes passives
31.– La transposition des statistiques effectuées à la sta- 33.– La crise de l’énergie et l’augmentation du prix des
tion météorologique la plus représentative du lieu produits pétroliers qui l’accompagne donnent un regain
d’exploitation peut se réaliser soit à partir d’un réseau de d’intérêt pour les méthodes préventives qui peuvent
thermomètres à minimum, soit par prospection au cours diminuer le risque de gel d’une façon sensible et réduire
de nuits claires en déplaçant un thermomètre. Il est pro- le coût de la lutte active lorsqu’elle est encore nécessaire.
bable que dans un avenir assez proche, il sera possible de Il faut tout d’abord éviter de planter des cultures sensi-
réaliser une cartographie assez précise grâce à la thermo- bles dans les zones gélives (bas-fonds, trous à gelée...),
graphie infrarouge aéroportée ou par satellite. Il subsis- contrôler l’écoulement de l’air froid pour éviter qu’il ne
tera cependant des difficultés pour interpréter les résul- stagne : suppression des murs et des haies au-dessous des
tats car les modifications culturales locales et celles de cultures ou au moins ménager des trous à leur base ;
l’environnement peuvent modifier les microclimats. création de haies au-dessus des cultures sensibles pour
détourner le flux d’air froid ; éviter les cultures sensibles
3. Les avertissements gelée au milieu des friches.
32.– La Météorologie fournit actuellement des prévisions Tout ce qui empêche la remontée de chaleur du sol doit
à courte échéance très fiables. Elle les diffuse par radio ou être proscrit. Il faut ainsi éviter le paillage et le mulch
par répondeur téléphonique (il y en a maintenant dans pendant la période sensible au gel. Il faut supprimer les
de nombreux départements). Mais là encore il y a un mauvaises herbes et le faire suffisamment tôt pour que le
problème d’adaptation des données : le minimum sol ait le temps de se tasser. L’emploi des herbicides est
annoncé, même et surtout si c’est le minimum au sol, est favorable puisqu’il ne modifie pas la conductibilité ther-
valable pour la station météorologique et l’agriculteur mique du sol. L’enherbement des vergers est à éviter dans
doit se « caler » sur cette donnée pour évaluer ses propres les zones gélives et l’herbe doit être coupée ras pendant la
minimums. Il peut être prudent d’installer un thermo- période sensible si l’on désire cependant la garder.
6
Aucun dégât signalé
Aucun dégât observé
7
Dégâts légers
Dégâts moyens
8
Dégâts graves
Liste
9 Poiriers Versailles 1930-1977
10
Ta b l e
11
I n dex
Fig. 8. – Risques de gelées
On doit éviter de planter trop tôt les plantes annuelles ancien, mais aussi le moins efficace. Depuis la combus-
(pommes de terre, tomates...) et choisir des variétés à tion de paille humide ou de fumier du temps des
débourrement tardif pour les espèces pérennes (un Romains jusqu’aux procédés modernes de camouflage en Glossaire
retard moyen de 15 jours diminue le risque par deux). temps de guerre, de nombreux systèmes ont été testés.
Il est souvent possible de gagner un ou deux degrés par Tous provoquent de la gêne dans la circulation sans rele-
ces méthodes préventives, le graphique de la figure 7 ver substantiellement la température. La réalisation de
montre que la réduction du nombre de gelées est subs- brouillards aussi développés et à même granulométrie
tantiel . que les nuages naturels nécessite en effet la mise en
œuvre de moyens puissants.
b) Méthodes actives
Des essais ont été tentés, consistant à augmenter le rayon-
34.– Le bilan énergétique (n. 24) montre que le refroidis- nement atmosphérique à l’aide de panneaux radiants à
sement est dû aux pertes par rayonnement ; on peut donc infrarouge, mais l’investissement est considérable et le
lutter contre les gelées en cherchant à réduire ces pertes. fonctionnement, à base de produits pétroliers, est égale-
On sait également que l’air en altitude est plus chaud ment très élevé.
qu’au niveau du sol, d’où les méthodes de lutte par bras-
Un procédé, développé au Canada, consiste à recouvrir
sage de l’air. Enfin on a vu que les pertes pouvaient
les plantes basses (jeunes plants de tomate) par de la
atteindre 100 Wm-2 (1 MW ha-1) soit des puissances de mousse à base de protéine. Un générateur de mousse uti-
chauffe facilement réalisables, d’où les méthodes par lisé contre les incendies de forêts permet de répandre
chauffage. rapidement cette mousse sur la végétation. Il semble que
35.– La réduction du rayonnement net peut être réalisée ce procédé soit efficace, mais le matelas isolant doit
de diverses manières : l’utilisation des coiffes en paille ou empêcher la remontée de chaleur du sol vers l’air et les
des panneaux de toile ou de papier bituminé que nos surfaces protégées deviennent des sources d’air froid
grands-parents disposaient sur les vignes n’est plus réali- dangereuses pour les cultures voisines non protégées.
sable de nos jours, mais des solutions mécanisées sont 36.– Le brassage d’air est bien développé en Californie et
envisageables. Il faut se méfier toutefois des bâches en en Australie pour lutter contre le gel des agrumes. Dans
plastique, certaines étant transparentes à l’infrarouge ces régions où l’air est très sec, le rayonnement net est
lointain (Polyéthylène, par exemple). particulièrement intense et le gradient de température
L’émission des fumées ou des brouillards artificiels est avec l’altitude est élevé : on observe fréquemment des
sans doute le procédé de lutte contre les gelées le plus différences de 5 à 6 °C entre 11 m et 1 m, soit des gra-
10
dients moyens de 0,5 °C m-1. De puissants ventilateurs, l’on rabat après la période des gelées. On observait égale-
montés sur des tours, brassent l’air. Selon les prospectus, ment que les traitements au sulfate de fer contre les mala-
une seule machine peut protéger 4 à 5 hectares avec une dies cryptogamiques retardaient notablement le débour-
consommation de 20 à 50 litres de fuel à l’heure. rement. On peut remarquer que la taille de la vigne est
beaucoup plus précoce dans le Sud-Est que dans les
Malheureusement, en France, les inversions thermiques
autres régions et que les viticulteurs taillent de préférence
sont généralement plus faibles et le système est de ce fait
en dernier les tenements en situation les plus gélives,
moins efficace. Quelques essais sont actuellement en
mais il est souvent difficile de retarder encore plus la
cours dans la région méditerranéenne, un hélicoptère est
taille. Différents essais de traitement de la vigne ou des
utilisé pour brasser l’air.
arbres fruitiers par des substances retardant le débourre-
Des systèmes combinent le brassage d’air et le chauffage : ment ont été réalisés (par exemple, sur pêchers). Ces
un ventilateur propulse de l’air sur la flamme d’un brû- techniques ne sont pas encore parfaitement maîtrisées et
leur. Cependant la portée de ces appareils semble limitée, on peut se demander s’il ne vaut pas mieux renoncer à
d’autant plus que l’air est puisé près du sol et qu’on ne cultiver ces arbres dans les régions où les gelées sont fré-
profite pas ainsi de l’inversion thermique. quentes. On ne peut en effet prévoir longtemps à l’avance
37.– Le chauffage est sans doute le procédé le plus sûr. Il si l’on subira ou non des gelées néfastes et le traitement
est utilisé depuis longtemps, mais l’augmentation brutale doit être répété tous les ans.
du prix des produits pétroliers depuis quelques années en 40.– Signalons également les travaux de chercheurs améri-
réduit l’usage aux cultures à haute rentabilité. On a cru cains qui obtiennent un retard au débourrement substan-
longtemps que la protection dépendait surtout de la tiel en pratiquant une aspersion intermittente pendant les
Liste
fumée dégagée et on s’arrangeait pour réduire la com- heures chaudes. La vaporisation de l’eau permet de réduire
bustion. Pour des raisons d’économie et de protection de de 20 °C, dans certains cas, la température des bourgeons
l’environnement, on cherche actuellement au contraire à et par suite à retarder le débourrement. Une telle pratique
améliorer la combustion. Les combustibles les plus utili- ne peut cependant être efficace que si le rayonnement
Ta b l e sés sont le fuel et le gaz, ce dernier ayant une plus grande solaire est intense, l’air sec et le vent très faible, conditions
souplesse d’utilisation. rarement réunies en France au printemps.
Si théoriquement, pour une surface plane infinie, il suffit 41.– D’autres recherches se poursuivent, en France et à
d’apporter l’énergie perdue par rayonnement (1 MWh l’étranger, pour tenter de favoriser le développement par-
ha-1, soit près de 0,1 tonne-équivalent-pétrole par hectare thénocarpique des fleurs touchées par le gel et ainsi de
Index et par heure), pratiquement les apports d’énergie en fin sauver, au moins en partie, la récolte. L’utilisation de
de nuit sont supérieurs à cause des pertes en bordure de l’acide gibberellique sur poirier semble prometteuse,
la zone protégée et des pertes par ascendance de l’air mais il faut encore mettre au point les modalités des trai-
chaud au-dessus des brûleurs. On obtient donc une tements (concentration, moment de l’application, etc.).
meilleure efficacité en répartissant la fourniture d’éner-
Glossaire gie sur le terrain et en renforçant les bordures. En général
on compte 200 à 400 chaufferettes par hectare, brûlant IV. AUTRES FACTEURS MÉTÉOROLOGIQUES
chacune un litre de fuel à l’heure.
38.– L’aspersion est également un procédé de chauffage
A. Rayonnement
puisque l’on utilise la chaleur de congélation de l’eau
pour compenser l’énergie perdue par rayonnement. 42.– Le rayonnement d’origine solaire est le facteur cli-
Cette énergie est apportée à basse température (l’eau se matique le plus important puisqu’il conditionne tous les
transformant en glace reste à 0 °C) et est répartie unifor- autres. Au point de vue énergétique, son action princi-
mément sur le terrain, ce qui réduit au mieux les pertes pale est le contrôle de la température et de l’évapotrans-
par ascendance. L’apport de 1 mm d’eau (10 m3 ha-1) piration. Mais une faible fraction (de l’ordre de 1 %) a
libère 0,93 MWh, soit l’équivalent des pertes par rayon- une action essentielle sur les plantes : elle permet la fixa-
nement, mais, là encore, il y a des pertes par effet de bor- tion du gaz carbonique de l’air et sa transformation en
dure et par ruissellement, si bien que l’on doit apporter matière vivante : c’est la photosynthèse. De plus, le
de 3 à 5 mm d’eau par heure. rythme du jour et de la nuit peut favoriser ou lever les
L’aspersion est un procédé efficace de lutte contre les blocages dans le développement (n. 7) : c’est le photopé-
gelées, mais à condition d’être bien utilisée : un retard riodisme.
dans la mise en route, une panne ou une aspersion insuf- Nous ne développerons pas l’étude de la photosynthèse
fisante peuvent être catastrophiques car les dégâts sont et du photopériodisme qui sont traités dans les fascicules
plus élevés que sans aspersion. Il est nécessaire d’avoir un 2010 et suivants ; nous ferons cependant remarquer que
sol drainant bien à cause du risque d’asphyxie des raci- l’intensité du rayonnement et la durée du jour entrent
nes. L’investissement est élevé, mais les frais de fonction- dans la plupart des modèles agrométéorologiques qui
nement sont faibles. permettent la prévision des rendements ou des stades
c) Méthodes biologiques et chimiques phénologiques.
39.– Déjà à la fin du siècle dernier, on proposait diverses 43.– De même l’eau a une importance capitale en agri-
méthodes pour retarder le débourrement : taille tardive culture ; nous n’entrerons pas non plus dans les détails
ou taille en deux temps laissant des sarments longs que puisque le lecteur peut se reporter au fascicule 1165.
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