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www.alternatives.areva.com
Parler autrement de l’énergie
RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
QUELS ENJEUX POUR
COPENHAGUE? p. 04
SOMMAIRE
L’ÉDITO
DU DOCTEUR RAJENDRA K. PACHAURI,
DOSSIER Président du Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC).
15
l’horizon 2050, mais la priorité reste une décision qui engagera les
12
La fonte des glaces nations sur cette réduction dès 2020. Les pays développés doivent
est l’un des premiers
phénomènes par ailleurs s’engager sur une logique d’emploi pour l’aide financière
observables des qu’ils recevront, à la fois pour s’adapter et pour réduire leurs émis-
effets du réchauffe- PERSPECTIVES
ment climatique. DÉCRYPTAGE (
( Des utopies aux sions, ainsi que pour faciliter les transferts de technologies.
18 19
parce que les gouvernements ont pris conscience des avantages de
DR Médiathèque Lafarge - Jacques Ferrier (p. 16- L’ESSENTIEL KIOSQUE Une sélection d’ouvrages
17), Evacentrum (p. 17), Algenol Biofuels, Inc (p. 18), Recherche, environnement, transport… et de sites Internet pour approfondir celles-ci. Nous ne pourrons plus continuer comme avant. Le monde
Solar Sailor Holdings Ltd (p. 18), quartetbooks (p. 19).
L’actualité de l’énergie au crible d’Alternatives. les thèmes abordés dans ce numéro. doit changer. ■
Illustrations: Mr Suprême (p. 11), A. Dagan (p. 12-13).
Conception et réalisation: : 9050
(1) Réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre, développer les énergies renouvela-
bles à concurrence de 20% du mix énergétique total, améliorer de 20% l’efficacité énergé-
www.areva.com tique, le tout à l’horizon 2020.
Les opinions exprimées dans ce magazine ne reflètent pas (2) Kerry-Boxer Clean Energy Jobs and American Power Act.
nécessairement celles d’AREVA et n’engagent que leur auteur.
ISSN 1637-2603
Conformément à la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978
modifiée par la loi du 6 août 2004, toute personne dispose d’un droit de
modification ou de suppression des données personnelles la concernant.
REPÈRES
Ce droit peut être exprimé par voie postale auprès de T.M.S.
À
partir des années 1990, à contenir, ni sur les instruments devant per-
Il s’agit du dioxyde de carbone (CO2),
mot à mot
prenant conscience de mettre d’atteindre cet objectif.
du méthane (CH4), du protoxyde d’azote (N20),
l’impact potentiel du L’adoption du protocole de Kyoto en 1997, des hydrofluorocarbures (HFC), des perfluoro-
changement climatique après deux ans et demi de négociations, carbures (PFC) et des hexafluorures (SF6).
(rapport GIEC et rapport a constitué la deuxième étape importante
Stern) et de la nécessité dans la mise en œuvre de la convention cadre. LES CRÉDITS D’ÉMISSIONS
Le protocole de Kyoto réserve aux entreprises
d’agir au niveau inter- Par rapport à celle-ci, le protocole de Kyoto et aux pays qui ont des objectifs de réduction
national, les États ont fait de la réduction pose des engagements chiffrés de réduction d’émissions de gaz à effet de serre à atteindre
des émissions de gaz à effet de serre (GES, des GES pour les pays industrialisés et pro- la possibilité d’échanger des crédits d’émissions,
voir « Mot à mot ») et de l’adaptation au chan- pose des mécanismes afin de permettre le que l’on pourrait appeler « crédits de réduction
d’émissions ». Ils constituent la monnaie
gement climatique les axes principaux des respect de ces engagements. du marché. Lorsqu’une entreprise réduit ses
négociations internationales sur le climat. émissions au-delà du niveau fixé réglementai-
Grâce à l’adoption de la Convention cadre des Du bilan mitigé de Kyoto… rement, elle peut faire certifier cette réduction
Nations unies sur les changements clima- Le protocole de Kyoto a constitué le premier supplémentaire et la transformer en crédits
d’émissions, afin de la vendre à une entreprise
tiques (CCNUCC) en 1992 et à la dynamique engagement chiffré de réduction des émis- qui, elle, serait en retard dans la réalisation
impulsée par le protocole de Kyoto (période sions dans les pays industrialisés. Fini le de ses objectifs de réduction.
d’application 2008-2012), des progrès ont été droit de rejeter des quantités illimitées de GES
RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
réalisés. Le renouvellement d’un cadre inter- dans l’atmosphère ! En outre, il a permis aux
national d’action au-delà de 2012 constitue États et aux citoyens du monde de prendre
l’enjeu des débats de la conférence de Copen- davantage conscience du phénomène de
COPENHAGUE?
donc rendez-vous afin de décider de la suite coût de la réduction de leurs émissions. dent des crédits d’émissions constituent le
à donner au protocole de Kyoto. Tout d’abord, les émetteurs ont le choix entre premier mécanisme de flexibilité.
La CCNUCC, adoptée lors du Sommet de la réduire leur propre empreinte carbone et finan- (1) Qualifie tout élément provoqué directement
Terre à Rio de Janeiro et entrée en vigueur le cer un effort équivalent en achetant des crédits ou indirectement par l’action de l’homme.
21 mars 1994, a constitué une première étape
importante. Ratifiée aujourd’hui par 192 pays,
elle reconnaît l’existence du changement Le Japon: une position singulière
climatique d’origine humaine et stipule que
les États signataires s’engagent « à stabiliser Le Japon a déjà fait beaucoup d’efforts d’efficacité énergétique dans le passé (tech-
[…] les concentrations de gaz à effet de serre nologies « propres », mesures d’économies d’énergie…). Sa structure énergétique
dans l’atmosphère à un niveau qui empêche est assez proche de celle de la France (qui a un objectif de 0 %), avec une part importante
toute perturbation anthropique(1) dangereuse de l’énergie nucléaire dans le parc électrique. L’annonce récente par le gouvernement
du système climatique ». Cependant, cette japonais de relever l’objectif de réduction des émissions – initialement de 6 % – à 25 %
convention n’a donné aucune indication chif- s’avère donc très ambitieuse.
frée sur le niveau des concentrations de GES
✔ Selon les climatologues, le réchauffement
04 / NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES
climatique présente un accroissement des risques
d’incendie, de sécheresse et d’inondation.
NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES / 05
DOSSIER
ZOOM
L’augmentation de la température
des économies de l’ex-bloc soviétique
(- 34,2 % à elles seules) après la fermeture
en raison de leur plus forte croissance et de
l’utilisation de techniques de production La Chine face
de nombreuses installations énergétiques et industrielle à forte intensité carbone. Il n’est
de la planète industrielles obsolètes. Il ne s’agit donc pas pas certain que les pays émergents et les pays
au réchauffement
Grâce aux travaux du Groupe d’experts inter-
gouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),
du résultat de mesures volontaires visant à en développement acceptent un resserrement climatique
diminuer les émissions de GES. Selon le relevé de leurs quotas de CO2, de crainte que cela
on dispose d’une connaissance précise des enjeux
liés au réchauffement climatique. Dans son dernier
de l’ONU, parmi les mauvais élèves figurent pèse sur leur croissance. La Chine, l’Inde, le La Chine, plus grand émetteur mondial
rapport, publié en 2007, le GIEC révèle que onze l’Espagne (+ 50,6 % par rapport à 1990), le Mexique et le Brésil, par exemple, ont indi- de gaz à effet de serre avec les États-
des douze dernières années étudiées (1995-2006) Portugal (+ 40 %), l’Irlande (+ 25,6 %), l’Is- qué qu’ils ne souhaitaient pas payer le coût Unis, a ratifié le protocole de Kyoto en
ont été parmi les plus chaudes jamais enregistrées lande (+ 24,2 %) et le Canada (+ 21,7 %). des efforts de réduction des émissions. Ils 2002. Considérée comme un pays en
depuis 1850, date à laquelle les premiers relevés considèrent que les pays riches sont histori- développement au moment des négocia-
ont été réalisés. Entre 1906 et 2005, la température … aux lourds enjeux quement responsables des émissions passées tions de Kyoto, elle n’a aucune obliga-
mondiale s’est accrue de 0,74 °C, avec une vitesse de Copenhague et que leurs propres émissions par habitant tion de réduction de ses émissions.
moyenne de réchauffement qui a plus que doublé Le plan d’action adopté en 2007 lors de la sont encore faibles. Enfin, la participation Toutefois, elle s’est rapprochée depuis
au cours des cinquante dernières années.
conférence de Bali a fixé la feuille de route des États-Unis dans le futur dispositif est éga- des principes du protocole. En 2007,
Le deuxième est la mise en œuvre conjointe de Copenhague : lement l’un des éléments délicats de la elle a ainsi créé un Groupe national du
(MOC) qui permet aux pays développés ayant • avoir une vision à long terme de la maî- négociation internationale (voir encadré changement climatique et a lancé son
ratifié le protocole de Kyoto d’investir en trise des émissions de GES; p. 09). Le succès de la conférence de Copen- Programme national sur le changement
dehors de leur territoire national, dans un autre • renforcer les actions de réduction des émissions hague repose sur quatre décisions politiques climatique. Ce dernier a pour objectif
pays développé signataire du protocole avec de tous les pays en prenant soin que les mesu- essentielles : d’abaisser la consommation énergétique
des objectifs de réduction. Et de bénéficier des ✔ Àretrouvés
Kyoto, 159 pays se sont
pour signer le premier
res puissent être vérifiables et comparables ; • l’engagement précis des pays industrialisés par unité de PIB de la Chine de 20 % d’ici
crédits d’émission ainsi générés. engagement chiffré de réduction • engager des actions de développement et à réduire leurs émissions à l’horizon 2020 ; à 2010, par rapport au niveau de 2005. Un
Le troisième est le mécanisme de développe- des gaz à effet de serre. de transfert de technologies propres dans les • une implication, elle aussi précise, des pays Plan pour le développement durable à
ment propre (MDP) qui fonctionne sur le PED et lancer des actions pour mobiliser les en voie de développement ; moyen et long termes prévoit de porter
même principe que le MOC, mais les investis- gents (Chine, Inde, Brésil et Corée du Sud) de Kyoto est, dans l’ensemble, mitigé. Les investissements. • la mise en place de ressources financières la part des énergies durables dans les
sements sont effectués dans un pays en ont généré plus de 90 % des crédits à la données publiées fin 2008 par le secrétariat Cependant, les politiques de l’environnement pérennes pour aider les pays en développement; parts relatives des différentes sources
développement, n’ayant pas d’objectifs régle- mi-2009. Les pays africains regrettent de la CCNUCC révèlent qu’en 2006, les posent des problèmes d’équité entre les États. • l’équité dans la répartition des ressources d’énergie à 10 % d’ici à 2010 et à 15 % à
mentaires de réduction. d’accueillir très peu de projets MDP. La émissions de GES dans les pays industria- La tâche la plus délicate du sommet de Copen- financières. l’horizon 2020. Avant la conférence de
Le MDP suscite un intérêt considérable communauté internationale devra donc lisés avaient diminué de 4,7 % par rapport hague consistera justement à les résoudre. Copenhague, la Chine a ainsi indiqué
de la part d’investisseurs privés et des trouver d’autres instruments ou renforcer à 1990. Cependant, entre 2000 et 2006, les Le niveau des émissions dans les pays indus- Des situations sources qu’elle attendait que les États-Unis et
grandes banques de développement inter- l’efficacité des mécanismes existants pour émissions de ces mêmes pays ont augmenté trialisés est nettement supérieur à celui des de divergences l’Europe s’engagent à réduire leurs émis-
nationales. Au 1er janvier 2009, 1 300 projets agir dans les pays les moins développés. de 2,3 %. Ces résultats en demi-teinte s’ex- pays en développement. Toutefois, les pays Les deux semaines de discussion sur le sions de 40 % et consacrent 1 % de leur
MDP ont été enregistrés. Les pays émer- Concernant la réduction des GES, le bilan pliquent par le déclin, dans les années 1990, émergents sont en train de combler cet écart climat, qui se sont déroulées au mois d’octo- PIB au transfert de technologies vers les
bre à Bangkok, se sont terminées par un appel pays du Sud d’ici à 2020.
aux pays riches. « La balle est maintenant
dans le camp des pays développés », a estimé
Michael Cutajar, qui préside l’un des groupes
KYOTO COPENHAGUE
de travail de la CCNUCC. « Je pense que la
balle est dans le camp de tous les pays », lui négociations internationales sont très labo-
a répondu Jonathan Pershing, numéro deux rieuses. « Pour la première fois, l’Afrique aura
11 déc. 1997 ≤ 13 mars 2001 16 février 2005 3-14 déc. 2007 1-12 juin 2009 7-18 déc. 2009 fin 2009 2012 de la délégation américaine. La position une position commune » au sommet de
américaine provoque la colère des pays en Copenhague, s’est félicité au mois d’octobre
Adoption Refus des Entrée en vigueur du développement, qui estiment qu’elle fait fi le Président de la Commission de l’Union afri-
du protocole États-Unis de ratifier protocole de Kyoto après Conférence Conférence Conférence Date butoir pour Expiration de la responsabilité historique des pays déve- caine, Jean Ping, lors de la septième édition
de Kyoto le protocole de Kyoto ratification par 141 pays de Bali de Bonn de Copenhague un nouvel accord du protocole de Kyoto
loppés dans l’accumulation du CO2 dans du Forum mondial du développement dura-
Ce protocole Ce refus a retardé 36 pays industrialisés s’engagent Première conférence Deuxième conférence L’enjeu de cette Fixée à Bali, elle l’atmosphère. L’Afrique, continent le plus ble consacré aux changements climatiques.
engage les pays l’entrée en vigueur à réduire leurs émissions et de négociation d’un de négociation. conférence est détermine la fin
industrialisés à du protocole, les 107 pays en développement nouvel accord pour Le clivage se creuse de régler les divergen- des négociations vulnérable au réchauffement climatique Le Président du comité d’organisation du
réduire les GES de émissions américaines s’engagent à dresser un inventaire l’« après-Kyoto ». entre pays ces qui persistent de l’« après-Kyoto ». mondial, a exigé mi-octobre des « réparations forum, le ministre burkinabé de l’Environ-
5,2 % d’ici à 2012 représentant environ de leurs émissions polluantes. 180 pays, des organi- industrialisés après les négociations et dédommagements », demandant que nement, Salifou Sawadogo, a estimé à
par rapport au 20 % des émissions sations internationa- et pays émergents. de Bangkok (septembre)
niveau de 1990. mondiales. les et des ONG fixent Ces derniers et Barcelone (novem- les pays industrialisés pollueurs soient 65 milliards de dollars (44 milliards d’euros)
la feuille de route d’un réclament des bre), ainsi que lors des les payeurs. Ces exigences du continent les financements nécessaires pour que son
nouveau protocole. soutiens financiers. sommets des G8 et G20
Le calendrier des (voir « Zoom » p. 08). le moins pollueur (et le plus pauvre du continent puisse faire face aux dérèglements
négociations est fixé. monde) interviennent au moment où les du climat.
Protocole de Kyoto :
coopérative, ainsi qu’une expertise technologique, économique et que nous n’avons pas d’autre choix. Il n’y a
scientifique importante au débat sur le changement climatique. Artur Runge-Metzger, chef de l’unité climat pas de plan B », a estimé, au début de l’été,
de la Commission européenne, a estimé le ministre de l’Environnement suédois,
que « tout le monde est déçu du rythme
des négociations ».
Andreas Carlgren, dont le pays préside
l’Union européenne depuis le 1er juillet. l’Union européenne
Copenhague, Le négociateur européen a fait état de « décla-
rations d’intention », mais aussi « d’obstructions »
à Bangkok. « Chacun est retourné dans sa tran-
Comme toujours, les États sont libres de
s’engager. Mais tous devraient être persuadés
que le changement climatique est l’affaire
en bonne voie
un « New Deal » chée et n’en sortira qu’à Copenhague », a-t-il
commenté. Le Président de la Commission
de chacun. ■ Les pays membres de l’Europe des 15 sont proches
d’atteindre les objectifs fixés par Kyoto. Se pose
pour l’Amérique? européenne, José Manuel Barroso, a pris Sources :
• Sénat, Commission des finances, groupe de travail sur la
moins de précautions. « Nous sommes dan- fiscalité environnementale, « Conclusions sur la création maintenant la question de l’Union européenne des 27.
gereusement proches d’une impasse », a-t-il d’une taxe carbone, les enjeux liés au fonctionnement et
à la régulation des marchés de quotas de CO2 et les perspec-
affirmé. tives d’instauration d’un mécanisme d’inclusion carbone
Alternatives : Quelle u titre du protocole de Kyoto, les Aucun objectif collectif n’a été fixé en revan-
A
mécanisme de financement, technologies. Mais ils atten- aux frontières de l’Europe », juillet 2009.
peut être l’issue du ni sur les montants. dent des choix clairs de la Concilier l’irréconciliable • OCDE, « Perspectives de l’environnement de l’OCDE à
l’horizon 2030 ».
15 États membres que comptait che pour les émissions de l’UE des 27. Sur
sommet de Copenhague ? • Il devrait y avoir une procé- part de notre administration. Concrètement, les discussions seront menées • Le Changement climatique, Aurélie Vieillefosse, La Documen- l’Union européenne (UE) au moment les 12 États qui ont rejoint l’UE en 2004 et
Eileen Claussen : Ne soyons dure permettant de mesurer, Le débat est toujours en cours. par une multitude d’acteurs. Il y a tout d’abord tation française, 2009. de son adoption se sont engagés à réduire 2007, 10 ont souscrit, au titre du protocole
• Nations unies, Convention cadre sur les changements
pas trop optimistes, mais de rendre publics et de véri- les délégations de chaque pays. À cela collectivement leurs émissions de gaz à effet de Kyoto, des engagements individuels leur
climatiques. World Resources Institute: Climate Analysis
réalistes. Si les pays dévelop- fier les engagements. On en L’attitude positive de se superposent des blocs de pays, voire des Indicators Tool. de serre de 8 % par rapport à l’année de réfé- imposant, d’ici à 2008-2012, de réduire leurs
pés ont mis sur la table des est encore loin. l’administration américaine coalitions. En outre, de nombreuses organi- • Le site du World Business Council for Sustainable Deve- rence choisie (1990 dans la plupart des cas) émissions de 6 ou 8 % par rapport aux
lopment : www.wbcsd.org.
objectifs clairs, les États-Unis • Quelle sera la forme légale et la crise financière sations avec un statut d’observateur, seront au cours de la période niveaux de l’année de
n’en sont pas encore là. Ce du nouvel accord ? Ajoutera- créent-elles de nouvelles présentes, tel le World Business Council for 2008-2012. Cet engage- référence. Seules Chy-
sommet ne débouchera pas t-on au protocole de Tokyo opportunités pour relever Sustainable Development qui regroupe plus À la mi-novembre, juste avant que la rédaction ment collectif a été traduit Un objectif pre et Malte n’ont pas
sur la ratification d’un traité,
mais plutôt sur un accord
des accords avec les pays
émergents ou définira-t-on
le défi climatique ?
E. Claussen : L’administration
de 200 entreprises multinationales ou encore
l’International Chamber of Commerce. Par-
d’Alternatives boucle ce numéro, tout (ou en objectifs nationaux de
réduction des émissions
de - 20% d’objectif en matière
d’émissions.
politique en vue d’un traité. un instrument légal unique considère en effet que relever venir à une unité entre tous ces acteurs – dont
presque) restait à régler avant le sommet
de Copenhague : les chiffres de réduction des pour chacun des membres des émissions À plus long terme,
Copenhague doit en outre et contraignant ? ce défi est une nécessité certains se sont encore retrouvés début émissions de gaz à effet de serre, de même que de l’UE des 15. La plupart en 2020. l’UE s’est imposée en
examiner au préalable cinq Mieux vaut s’entendre sur environnementale et une novembre à Barcelone – est une gageure. le financement du futur accord, indispensable des pays membres « sont décembre 2008 d’impor-
grandes questions. ce que l’on peut effective- opportunité économique. Elle « Nous devons parvenir à un accord inter- pour garantir une transition économique vers en passe de respecter les engagements de tantes contraintes pour limiter d’ici à 2020
• Quel est le niveau d’ambition ment faire plutôt que de investit d’ailleurs de manière national à Copenhague, en décembre, parce un développement propre et pour aider les pays réduction ou de limitation des émissions qu’ils ses émissions de gaz à effet de serre de 20 %
des pays développés ? Le s’engager sur tout et ne rien conséquente dans le « stimu- les plus vulnérables à s'adapter aux changements ont contractés au titre du protocole de Kyoto », par rapport à leur niveau de 1990, voire de
GIEC(1) rappelle que les pays faire. lus package » pour une énergie climatiques. Ne préjugeant pas de l’issue de ce estimait la Commission fin 2008(1). Les mesu- 30 % en cas d’accord international. À ce jour,
développés – y compris les
États-Unis – s’étaient engagés Comment convaincre
propre. Mais on s’interroge.
Est-ce que cela créera ou
ZOOM
Le G20 souhaite la fin des subventions
rendez-vous crucial pour l’avenir de la planète,
ce dossier a simplement l’ambition de donner
res supplémentaires à l’étude devraient
réduire encore les émissions de 3,3 %, ce qui
aucun autre pays riche n’a pris d’engagement
similaire, et aucun n’accepte de prendre 1990
à Tokyo sur une réduction les industriels d’investir coûtera des emplois? Cela en faveur des énergies fossiles des clés de compréhension. permettrait à l’UE des 15 de dépasser son comme année de référence. ■
des gaz à effet de serre de massivement et rapide- profitera-t-il ou nuira-t-il Lors du sommet de Pittsburgh, qui s’est tenu objectif. (1) Source: http://ec.europa.eu
25 à 40 %, inférieure à 1990. ment dans des activités à l’industrie ? Par exemple, fin septembre, le G20 (qui associe, outre les pays
On en est de 11 à 18 %. non émettrices de CO2 ? nous développons le solaire les plus industrialisés, les grands pays émergents
• Les pays émergents sont-ils E. Claussen: Nous travaillons et l’éolien, mais nous impor- que sont la Chine, l’Inde et le Brésil…) s’est mis
prêts à prendre des engage- avec un groupe de 46 grandes tons la technologie solaire
d’accord sur la suppression à moyen terme
ments fermes, même si ce sont entreprises américaines au de Chine et celle-ci nous
des subventions publiques en faveur des sources
d’énergies fossiles, mais ils n’ont pas fixé de
Le retour des États-Unis au cœur du débat
des orientations politiques sein du Business Environmen- a dépassés en puissance date butoir. Le communiqué publié à l’issue de ce
plutôt que des objectifs ? tal Leadership Council, et éolienne installée. sommet indique que « les subventions inefficaces Pour justifier la non-adhésion des États-Unis au protocole de Kyoto, l’administration Bush avait repris l’argument selon lequel
Ils mettent en place des nous participons à la US De même, nous avons décidé aux carburants fossiles encouragent le gaspillage, « le mode de vie américain n’est pas négociable ». Aujourd’hui, les États-Unis vont venir à la table des discussions avec un état d’esprit
programmes substantiels, Climate Action Partnership de relancer le nucléaire, mais créent des distorsions sur les marchés, freinent plus ouvert. L’administration de Barack Obama a décidé de s’impliquer davantage et d’accroître sa coopération dans ce domaine avec
mais ils n’en ont pas encore Coalition, constituée de nous sommes plus lents que les investissements dans les énergies propres la Chine et l’Inde. Le Président américain a obtenu fin juin que la Chambre des représentants adopte un vaste projet de loi de lutte contre
démontré le caractère 25 entreprises et de 5 ONG. d’autres. Nous avons donc et nuisent aux efforts pour lutter contre le le réchauffement climatique. Ce plan climat, qui doit encore être voté au Sénat cet automne, vise à réduire les émissions de gaz à effet
réchauffement climatique ». Les membres du G20
légalement contraignant. Nous en tirons les conclusions encore beaucoup de chemin
comptent également intensifier leurs efforts,
de serre, notamment le CO2, de 17 % d’ici à 2020 par rapport au niveau de 2005, tout en incitant au développement des énergies propres.
• Le soutien à ces pays n’est que les industriels sont prêts à parcourir. ■ afin de parvenir à un accord sur la lutte contre Pour cela, il prévoit notamment la création d’un marché de droits d’émissions dit « cap and trade ». Dans ce système, ces droits seront
toujours pas défini. Aucun à réduire leurs émissions et (1) Groupe d’experts intergouvernemen- le réchauffement climatique lors de la future soit vendus, soit accordés gratuitement pour les industries les plus vulnérables. Les revenus financeront notamment le développement
accord n’existe, ni sur le à investir dans les nouvelles tal sur l’évolution du climat. conférence de Copenhague. des énergies propres.
L
e 26 juin dernier, la C’est précisément cela qui fait la
Chambre des repré- supériorité du cap and trade sur
sentants des États- les taxes. Lorsque l’on met en place
Unis a adopté le pro- un système où les émissions (ou
jet de loi sur le les consommations) sont taxées,
climat, dans lequel
l’État fédéral vise
il est toujours possible de choisir de
payer au lieu d’essayer d’atteindre ZOOM
Les marchés
une réduction des émissions de l’objectif. Il suffit de regarder l’effet de 1 euro. En cause, la publication l’activité économique. Or, quand Il ne faut pas se leurrer, limiter les
d’émissions
CO2 de 17 % en 2020 par rapport des taxes sur les produits pétro- d’un premier bilan des émissions l’activité économique décline, le émissions de CO2 aura forcément un
L’AVIS DE au niveau de 2005. Son principal liers, essence et gasoil. Il est nul ! En européennes de CO2, qui montrait prix du CO2 suit. Mais les objectifs, coût. Et ce sera la société qui paiera. Le premier grand
ANDREI MARCU instrument pour y parvenir sera un Europe, et notamment en France, que les 11500 établissements avaient quant à eux, restent valables, et les Reste à savoir quels secteurs et marché d’échange
marché national de crédits carbone, où ces taxes sont très lourdes, les globalement atteint leurs objectifs émissions devraient quand même comment pondérer ce coût selon de permis d’émissions
mis en œuvre a concerné
basé sur le cap and trade. consommateurs les ont finalement sans difficulté en raison de la sur- décroître. les individus ou les pays. Car le le dioxyde de soufre
Andrei Marcu est l’un des intégrées dans leur quotidien. Ils allocation des quotas. même problème s’est posé lors
grands spécialistes mondiaux (SO2) et les oxydes
Un objectif atteint paient, et les émissions liées au Mais ce krach ne remet pas en cause Les taxes, un système du protocole de Kyoto, lorsque d’azote (NOx), rejetés
des marchés du CO2. Après quoi qu’il arrive transport augmentent. le système des crédits carbone. complémentaire les pays en développement ont par les industries utili-
avoir fait ses armes chez De tous les processus pouvant D’abord, parce que le marché était Pourtant, aussi efficace qu’il soit, le réclamé le droit à pouvoir dévelop- sant des combustibles
l’hydroélectricien Hydro être mis en œuvre pour réduire les Éviter la surallocation encore jeune et toujours dans une cap and trade ne peut être l’unique per leur économie. Des aménage- fossiles, surtout
Ontario et participé au pollutions atmosphériques, le cap de crédits carbone phase de test, d’apprentissage. réponse pour lutter contre les émis- ments ont été trouvés, à la fois sur le charbon. Ces deux
programme de développement and trade est le meilleur si l’on veut Mais, pour qu’un système de crédits Ensuite, parce que l’effondrement sions de CO2. En Europe, il couvre, les objectifs et sur les moyens (méca- polluants étaient
de l’ONU, il est devenu le PDG directement responsa-
atteindre des objectifs globaux, à une carbone fonctionne correctement des cours est la preuve que le marché à l’heure actuelle, 40 % des émis- nismes de développement propres
de l’IETA, l’International bles des pluies acides
échelle nationale ou continentale. d’un point de vue économique, il faut fonctionne et réagit exactement sions de CO2, en agissant sur les ou mises en œuvre conjointes, qui s’abattaient sur les
Emissions Trading Association, L’efficacité du système repose sur absolument remplir une condition: comme il est censé le faire. En effet, énergéticiens et les industries les par exemple). À l’échelle d’un pays, régions industrielles
où, de 1999 à 2007, il a mis le cap, le fait de fixer un plafond ne pas allouer trop de quotas d’émis- dans cette période pré-Kyoto, la plus consommatrices d’énergies fos- il est aussi possible de trouver du Nord des États-Unis.
en place les bases des marchés d’émissions. Le trade signifie que sions aux entreprises concernées. Commission avait alloué trop de siles. Mais il n’est pas déclinable à des arrangements: les Suédois ont En 1990, le législateur
d’échange d’émissions. les quotas sont des biens négocia- Si un trop grand nombre de quotas quotas aux pays membres et, en certains secteurs, où la pollution est mis en place, depuis 1991, une américain a donc voté
Il a ensuite dirigé BlueNext, bles, échangeables sur un marché. est donné aux entreprises, celles-ci définitive, aux industriels. Dans ce diffuse. Dans le transport, par exem- taxe carbone surla consommation l’Acid Rain Program,
la Bourse internationale Aucune entreprise ne peut dépasser n’ont aucun mal à remplir leurs contexte, l’effondrement des cours ple, il n’est pas possible de mettre en d’énergie avec succès. Et la France, qui, pour limiter les
des crédits carbone, avant de ses quotas, mais elle a le choix des objectifs sans changer leurs proces- était la réaction normale du marché place une telle contrainte. à son tour, vient d’opter pour une émissions, a opté pour
un système cap and
rejoindre le cabinet juridique moyens : diminuer ses émissions en sus de production. L’offre sur le mar- à un signal. Pour ce secteur, comme pour le bâti- taxe carbone sur les produits pétro-
trade. En quelques
canadien Bennett Jones. changeant les processus de produc- ché des crédits carbone dépasse la De même, le fait que la tonne de CO2 ment, un système de taxes adapté liers, le gaz et le charbon. Celle-ci années, les rejets de
Andrei Marcu apporte, depuis tion, acheter des crédits carbone mis demande. Le prix de la tonne de CO2 se négocie aujourd’hui autour de pourrait être efficace et incitatif. vise les émissions diffuses, qui SO2 ont été réduits
septembre dernier, son en vente par les entreprises ayant s’effondre, et les entreprises qui ont 15 euros est également une réaction Va-t-il peser sur les activités ou les sont justement exclues des marchés de 50 %, et les pluies
expertise à Mercuria Energy dépassé leurs objectifs ou mettre en dépassé leurs objectifs ne sont pas à un signal : le ralentissement de consommateurs les plus fragiles ? d’émissions. ■ acides diminuent.
Group, une compagnie œuvre des mécanismes de dévelop- récompensées de leurs efforts.
de trading énergétique. pement propres. Dans tous les cas, Cela s’est produit sur le marché euro-
au final, sur l’ensemble des instal- péen en mai 2006. Après à peine
lations concernées – 11 500 dans un an d’existence, le cours du CO2, Le cap and trade est le meilleur processus pour atteindre des
l’Union européenne –, le total des qui s’établissait entre 25 et 30 euros
10 / NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES
émissions diminuera. la tonne, s’est effondré sous la barre objectifs globaux, à une échelle nationale ou continentale.
NUMÉRO 22 / ALTERNATIVES /
”11
V DÉCRYPTAGE Un guide pour mieux comprendre un phénomène naturel, une technique, un mécanisme…
4 ÉNERGIE HOULOMOTRICE
1
1. Mouvements de la houle
La marée n’a pas attendu
L
2. Rotor lié à un ressort a ressource gigantesque les Britanniques à lancer l’ambitieux
5 3. Lien attachant la bouée et intrinsèquement renou- la haute technologie projet d’une usine marémotrice géante
3 au fond marin
velable que constituent Depuis les premiers moulins à marée sur la Severn, en Écosse, qui serait
les énergies marines est installés au Moyen Âge dans les dotée de 216 turbines avec 8,6 GW de
au cœur de l’actualité. La estuaires européens pour moudre le puissance installée.
mer étant toujours en mouvement, grain, les progrès ont été fort lents.
on doit parler d’« énergies marines », Ainsi, la vénérable usine marémo- L’énergie houlomotrice doit
ÉNERGIE MARÉMOTRICE au pluriel. Elles se répartissent en trice de la Rance (Côtes-d’Armor), encore faire ses preuves
1. Turbine quatre filières principales : avec ses 24 turbines pour une puis- L’exploitation du mouvement des
2. Barrage
3. Niveau de haute mer • l’énergie marémotrice, produite sance installée de 240 MW, reste la vagues pour actionner un générateur
4. Niveau de basse mer par les marées ; doyenne mondiale et la plus puis- d’électricité est séduisante, et les
5. Fond de l’estuaire 4 • l’énergie houlomotrice, provoquée sante usine marémotrice à ce jour. projets abondent, mais nombreux
par les vagues ; Le procédé est simple : les flux mon- sont ceux qui resteront sur la grève.
• l’énergie hydrolienne, portée par tants et descendants circulent dans L’énergie des vagues peut en effet
les courants ; des groupes bulbes constitués d’une être captée selon différents procédés.
1 • l’énergie thermique des mers, due turbine associée à un alternateur. Les Des systèmes à oscillation, équipés
1 3 à la circulation de masses d’eau pales des turbines sont orientables de vérins pneumatiques ou hydrau-
2 de températures différentes. pour exploiter la force des marées liques, intégrés dans des bouées,
S’y ajoutent deux autres filières : dans les deux sens, et les turbines, sont mis en mouvement par la houle
l’énergie algale (voir encadré page 14), lorsqu’elles sont alimentées par le et transmettent leur énergie à un
qui s’apparente davantage à une réseau, peuvent servir au pompage générateur. D’autres systèmes à vérins,
2 forme spécifique d’agriculture de la pour compléter le remplissage du installés sur des digues artificielles,
mer, et l’énergie osmotique(1), tirant bassin en amont du barrage. Mais, sont mus par le ressac. Ou encore,
parti de la salinité. comme tout barrage, celui de la des capteurs de houle, immergés
Mais, si les développements sont Rance n’a pas manqué de provoquer sous le fond sous-marin, envoient
ÉNERGIE HYDROLIENNE ÉNERGIE THERMIQUE riches de promesses, les réalisations divers déséquilibres sur l’écosystème: par une canalisation de l’eau compri-
1. Générateur électrique DES MERS sont encore rares, et les équations envasement de l’estuaire, impact sur mée vers des turbines à terre et
2. Rotation 1. Eau de mer chaude
2. Eau de mer froide
économiques (exploitation versus les faunes piscicole et aviaire… Des actionnent celles-ci. Tous ces concepts
3. Condensateur et évaporateur rentabilité) très partiellement résolues. craintes qui font hésiter, entre autres, sont en cours de développement,
4. Turbine
ZOOM
L’énergie houlomotrice
Le potentiel énergétique des vagues est considéré comme
très prometteur, car les installations, dès lors qu’elles
sont flottantes et non pas immergées, sont notamment
plus facilement réalisables que celles des autres filières. ✔
Le potentiel est estimé entre 1,3 et 2 TW(1), et pourrait Installée en 2008,
donc atteindre près de la moitié de la puissance électrique la centrale électrique
mondiale installée (4 TWe selon l’AIE). avec turbine double de
Marine Current Turbines
(1) 1 TW = 1000 milliards de watts. Ltd., appelée SeaGen,
produit 1,2 MW d’élec-
mais aucun n’a véritablement fait ses tricité pour environ
preuves. Des progrès restent donc encore 800 maisons dans les
secteurs de Portaferry
à faire pour que cette source d’énergie ne et Strangford en Irlande
devienne pas un « serpent de mer », à l’image du Nord.
du projet Pelamis (serpent en grec), première ✔ Créé en 2000, le quartier de BedZED
(près de Londres) allie une soixantaine
centrale houlomotrice au monde inaugu- comme elles sont immergées, leur discré- en surface fournit la chaleur nécessaire à de logements à 2300 m² de bureaux, démon-
rée sur la côte portugaise en novembre tion est indiscutable, et le cycle des la formation de vapeur, tandis que l’eau trant ainsi qu’il est possible d’aménager
2008, mais qui a dû être démontée au marées les rend plus régulières en termes froide pompée à quelques centaines de des espaces de vie et de travail en cohérence
avec les principes de développement durable.
printemps 2009 en raison de problèmes de production par rapport aux sautes de mètres de profondeur assure la condensa-
techniques récurrents. vent que subissent leurs homologues tion. Certes, les surfaces des mers tropi-
L’efficacité avérée
des hydroliennes
aériennes. Mais leur installation et leur
maintenance en milieu sous-marin ne
sont pas les moindres inconvénients sur
cales sont immenses (plus de 60 millions
de km2), et la conversion par le procédé
ETM(2) de cette ressource d’origine solaire
Des utopies aux
ÉCOSYSTÈMES URBAINS
Plus classiques, en revanche, sont les les plans technique et financier. permettrait la production de 100 000 TWh
hydroliennes, transposition sous-marine d’électricité par an. Mais le faible diffé-
des éoliennes à terre ou en mer. Avec une Un rendement encore faible pour rentiel des températures n’offre qu’un
densité de l’eau 800 fois supérieure à l’énergie thermique des mers maigre rendement de l’ordre de 2,7 %, et
celle de l’air, les pales des turbines se Si, à 20 000 lieues sous les mers, la tem- le transport par câble sous-marin suppose
contentent de faibles courants (environ pérature de l’eau est autour de 4 °C, elle d’importants investissements. ■
3 m/s) pour entraîner les rotors des géné- peut atteindre jusqu’à 28 °C en surface
E
n explorant l’Amérique centrale, écologie humaine à l’université de Genève,
rateurs d’électricité. Autre avantage : la sous les latitudes tropicales. Et le principe (1) L’énergie osmotique exploite l’augmentation de
Depuis Milet, en Grèce, les conquistadors s’attendaient- parle d’axes de progrès, d’écosystème urbain.
grande compacité des hydroliennes en de l’échange thermique générateur d’élec-
la pression lors de la migration d’une eau douce vers
une eau salée, lorsque celles-ci ne sont séparées que par
jusqu’à Brasilia, les politiques ils à découvrir une civilisation Mais pas d’utopies. Car, aux dimensions
comparaison de leurs homologues à l’air tricité en mer – qui n’avait pas échappé à une très fine membrane semi-perméable. Cette pression
actionne une turbine, qui sert à créer un courant électrique
ont recherché des cités urbaine ? Certainement pas. sociales, politiques et esthétiques de l’urba-
libre. Ainsi, pour une puissance d’1 MW, Jules Verne – se révèle là aussi un formi- Tenochtitlán, la capitale de l’Em- nisme, sont venues s’ajouter deux nouvel-
les pales d’une hydrolienne développe- dable réservoir d’énergie, pour l’instant
à hauteur de 1 MW pour un débit de 1 m3/s.
(2) Énergie thermique de la mer, OTEC/Ocean Thermal
utopiques, reflets d’une pire aztèque, était pourtant un véritable les priorités : abriter le plus de monde pos-
ront un diamètre de 16 m, contre 60 pour toujours inexploité. Sur le principe de la Energy Conversion en anglais. organisation sociale idéale. modèle. Construite au centre d’un lac, on y sible tout en tenant compte des enjeux
une éolienne en pleine mer. Enfin, pompe à chaleur, l’eau chaude prélevée accédait par quatre digues artificielles. planétaires que sont le changement clima-
Aujourd’hui, ces villes
@ • Énergie osmotique:
http://www.statkraft.com/energy-sources/
osmotic-power
rêvées intègrent également
Elle abritait près d’un million d’habitants
et était quadrillée de larges avenues recti-
tique, la perte de la biodiversité et la pro-
motion de la santé publique.
• Énergie houlomotrice: la préservation de l’environ- lignes débouchant sur C’est un virage indispen-
Les microalgues, carburant de troisième génération? une place centrale carrée,
UTOPIE Le monde anglo-saxon a poussé très loin la tables par l’homme », insiste Nathalie Blanc.
mot à mot
Mot forgé par l’humaniste anglais Thomas More périurbanisation, tandis que l’Europe conti- Pour ce faire, elle travaille notamment sur
au XVIe siècle, à partir du grec ou-topos, « nulle
part » et eu-topos, « lieu de bonheur ». nentale a construit des villes plus denses les trames vertes: un réseau végétalisé, tissé
Dans son ouvrage L’Utopie, ce philosophe, qui fut – jusqu’à 20 000 habitants/km² dans Paris sur la ville, qui assure une continuité entre
aussi le chancelier du roi Henri VIII, baptise ainsi intra-muros. Cette densité, certains urba- différents espaces verts (parcs, forêts…). Mais
l’île sur laquelle il place sa civilisation rêvée, nistes, architectes et politiques la plébisci- ce n’est pas son seul rôle. « Le tracé végé-
un idéal d’ordre moral et de justice sociale.
tent à nouveau. Et les tours réapparaissent talisé doit rendre autant de services que pos-
devraient croître de 40 % entre 1995 et au travers d’ambitieux projets urbains. sible, en assurant des relais de biodiversité,
2030 en Europe, selon l’AEE. Et les émissions en captant le CO2 et en favorisant des modes
de CO2 vont suivre. Le recours à des véhi- Le grand retour des tours de transport plus écologiques (marche à pied
cules économes en énergie n’y suffira pas. À Shanghai, c’est ainsi un gratte-ciel futuriste ou vélo) », explique Nathalie Blanc. La trame
Il faudrait changer nos modes de déplace- pouvant loger 100 000 personnes sur 1 km2 ✔ Le projet d’écoquartier Eva-Lanxmeer est constituée de promenades plantées, de
est né de l’initiative de Marleen Kaptein,
ment (cf. dossier Alternatives n° 20). Mais qui pourrait voir le jour d’ici quinze ans. qui, en guise de travail de fin d’études, pieds d’arbres aménagés, de toits végétalisés…
comment faire ? « Les villes du XXe siècle ont Cette « tour bionique » conçue par trois archi- a conçu un projet de quartier durable. Autant de « corridors » qui assurent un lien
été construites pour favoriser le transport indi- tectes espagnols atteindrait 1 228 m sur envi- entre des espaces protégés, des parcs.
viduel. On tente aujourd’hui d’inverser le ron 300 étages. Une réponse aux besoins de Ces axes de recherche, qui visent à réinté-
phénomène, en instaurant par exemple la Chine, dont l’urbanisation s’emballe. grer la nature au sein de la ville, sont basés
des péages urbains, comme à Singapour ou D’autres projets plus réalistes voient le jour. sur une utopie ancienne: la cité-jardin, har-
à Londres », rappelle Roderick Lawrence. Les architectes, associés aux énergéticiens, monieuse et assurant à la ville son autosuffi-
Il faudrait aussi revoir les plans des villes. aux ingénieurs et aux industriels, planchent sur sance. Pour Nathalie Blanc, elle revient sur
Certains proposent de revenir aux villes com- des bâtiments à énergie positive, capables de le devant de la scène. « Le discours, aujour-
pactes, denses. En théorie, les distances y fournir plus d’énergie qu’ils n’en consomment. d’hui, amène à la réintroduction de l’agri-
sont réduites, les transports optimisés, et l’ef- L’architecte Jacques Ferrier a ainsi développé, culture en ville », confirme Roderick Lawrence.
ficacité énergétique meilleure. Mais jusqu’où à la demande de Lafarge, le concept Hypergreen, Des expériences ont déjà été réalisées à
peut-on pousser cette densité ? « L’écologie présenté en 2007 : une tour de 246 m, inté- Singapour, où des potagers collectifs ont été
humaine nous indique qu’en matière d’urba- grant 3000 m² de panneaux photovoltaïques, ✔ Le concept de la tour Hypergreen, haute implantés sur les toits des bâtiments. Aux Pays-
de 246 m avec une surface exploitable
nisation, il n’y a pas de normes absolues, que des éoliennes et une résille de béton haute de 94000 m², accueillerait commerces, Bas, certains projets visent à construire des
bureaux, logements, espaces verts, loisirs
les différences culturelles sont extrêmement performance, qui couvre la surface du bâtiment et parkings.
immeubles intégrant des bâtiments potagers
importantes », répond Roderick Lawrence. et favorise l’utilisation de la lumière naturelle. et d’autres consacrés à l’élevage de volailles.
Autant d’outils technologiques qui la rendent, encore réservées à quelques privilégiés, sou- L’eau au cœur des nouveaux enjeux
théoriquement, autonome à 70 % en énergie. lignent leurs détracteurs. Sur cette trame verte vient se superposer
Les Émirats arabes unis, S’ils poursuivent le même but – réduire l’em- une trame bleue. Car il s’agit aussi de réin-
nouveau laboratoire des cités utopiques preinte énergétique de la ville –, les concepteurs L’incontournable nécessité tégrer l’eau dans les villes. « De grandes erreurs
des écoquartiers proposent un autre modèle. d’intégrer la biodiversité ont été commises par le passé. L’enjeu autour
Tours ou écoquartiers, c’est l’efficacité énergé- du cycle de l’eau n’est pas seulement esthé-
C’est dans le désert qu’il faudra chercher les cités solaire et aux biocarburants fournis par les cultures
idéales de demain. Aux Émirats arabes unis, Abu situées à l’extérieur des murs. Celles-ci seront
Le cas exemplaire tique qui motive les changements. Pourtant, tique ou écologique, il s’agit aussi d’éviter les
Dhabi a ainsi annoncé en 2006 un investissement irriguées par les eaux recyclées de la ville.
mais privilégié des écoquartiers la maîtrise de l’énergie n’est pas le seul axe à inondations », rappelle Roderick Lawrence.
Là où les tours battent des records de hau- reconsidérer. « Il est urgent de tenir compte de la Ainsi, à Séoul, en Corée du Sud, il a été décidé
de 10 milliards d’euros dans une ville écologique L’an dernier, Dubaï a mis la barre plus haut encore
teur et de densité, les écoquartiers, eux, pro- biodiversité dans nos villes », insiste Nathalie en 2003 de supprimer une autoroute construite
modèle, baptisée Masdar (la source en arabe). Conçue en présentant un projet de ville-pyramide, qui pour-
posent un modèle plus aéré, à dimension Blanc, Directrice de recherche au CNRS, au sein sur la rivière Cheonggyecheon dans les années
par le cabinet britannique de design et d’architec- rait accueillir 1 million d’habitants sur une surface
humaine, où les habitations sont entourées du Ladyss (Laboratoire dynamiques sociales et 1960. Aux 168000 véhicules circulant chaque
ture Foster and Partners, cette cité carrée, d’une au sol de 2,3 km². Elle abriterait aussi des espaces
de verdure. Les écoquartiers misent eux aussi recomposition des espaces). Selon un rapport jour sur la route construite au-dessus de la
surface de 6 km², sera érigée en plein désert et verts cultivables, un système de transport per- Le projet ziggourat, initié
✔ à Dubaï, tire son nom des anciennes sur une énergie propre, le plus souvent solaire, publié par le Earth Policy Institute, le XXIe siècle rivière, le maire de Séoul a préféré un cours
devrait être, sur le papier, la première ville au monde mettant de se déplacer sur les trois axes de la ville
pyramides de la Mésopotamie. des matériaux et des bâtiments innovants, sera celui de la sixième extinction massive d’eau renaturé, avec des promenades réamé-
sans émissions de carbone, sans déchets et sans – à l’horizontale et à la verticale – et serait recou-
économes en énergie, et un plan de déplace- des espèces. La dernière en date, celle du nagées sur les deux rives, sur une longueur
voitures. Les 50 000 habitants qu’accueillera verte de panneaux solaires. Le vent s’engouffrerait
ment revu et corrigé pour favoriser le vélo, Crétacé, a balayé les dinosaures. Mais, d’après de presque 6 km. Le ministère des Transports
Masdar en 2016 seront protégés des vents chauds dans les interstices de la structure pour renouveler
la marche à pied et les transports en commun. ce rapport, d’ici à 2100, c’est plus de la moitié a profité de ce vaste chantier pour revoir
du désert par de hauts murs entourant la ville. l’air et actionner des éoliennes. Mais la ziggourat
C’est notamment le cas de BedZED, au sud des espèces qui pourraient disparaître. Et, pour le réseau de Séoul. En privilégiant les
Ils se déplaceront à pied, à vélo et en tramway est encore un concept. Pour la réaliser, il manque
de Londres, des quartiers Vauban à Fribourg, la première fois, à cause de l’homme, respon- déplacements multimodaux, mais aussi en
pour les grandes distances. Pour ses besoins éner- encore les technologies permettant de mettre en
Vesterbro à Copenhague et Eva-Lanxmeer à sable de la dégradation de leur habitat. « Nous construisant de nouveaux axes routiers : plus
gétiques, la ville aura surtout recours à l’énergie œuvre le système de transport à trois axes.
Utrecht. De beaux exemples, qui restent mal- devons désormais construire des espaces de 1 000 km sont à construire d’ici à 2020. Mais
gré tout très chers et dont les habitations sont partagés, qui ne soient pas seulement habi- pas sur des rivières, cette fois-ci. ■
KIOSQUE Lire, voir, découvrir
BIOÉNERGIES PÉTROLE
La Finlande à l’heure Par Francis Sorin – éditions Grancher – octobre 2009 – 312 pages
– 20 euros
Par Ian Plimer – Quartet Books – mai 2009 – 360 pages – 25 livres (environ 29 euros)
sur le site www.quartetbooks.co.uk (site en anglais uniquement)
des compteurs intelligents L’épuisement des réserves mondiales de pétrole et À rebours du consensus majoritaire, Ian Plimer, professeur de géologie à l’université d’Adélaïde
Après l’Italie et la Suède, c’est la consultation sur Internet et le de gaz et le réchauffement climatique imposent à la (Australie), soutient vigoureusement que « l’hypothèse que l’activité humaine est responsable
au tour de la Finlande de passer couplage du compteur avec certains planète une réorientation profonde de ses politiques du réchauffement climatique (…) est contraire à ce que nous apprennent la physique solaire,
aux smart grids. L’électricien national appareils électriques. Le marché des énergétiques et relancent le débat sur le nucléaire, l’astronomie, l’histoire, l’archéologie et la géologie ». À l’appui de sa thèse, l’auteur souligne,
Fortum prévoit d’investir 170 mil- compteurs intelligents pèse déjà indispensable recours pour certains, option dange- par exemple, que les pôles ne sont recouverts de glace que sur les derniers 20 % de notre
lions d’euros pour installer 550000 8 milliards de dollars et pourrait reuse pour d’autres. échelle géologique (4,5 milliards d’années), que le CO2 dans l’atmosphère ne représente que
compteurs intelligents d’ici à 2013 doubler dans les prochaines années, Dans ce livre, l’auteur aborde les dix grandes questions qui forment 0,001 % des quantités présentes dans les océans, ou encore que les cycles chauds ont toujours
et déployer en parallèle un réseau selon une étude publiée par Capge- aujourd’hui le cœur du débat nucléaire. Sur ses avantages tangibles correspondu à des périodes de richesse et d’abondance… Et d’ajouter malicieusement que
intelligent. Les compteurs fournis mini en juin dernier. Celle-ci prévoit comme sur ses aspects les plus controversés, il entend apporter aux les tenants « du fondamentalisme moderne » sur le réchauffement climatique vivent – comme
par la société espagnole Telvent et que 25 à 40 % des foyers européens citoyens concernés des éclairages, des explications, des argumenta- par hasard – dans des sociétés d’opulence ! Une position qui peut paraître iconoclaste, mais
l’infrastructure installée par l’amé- seront équipés de compteurs intel- tions… Bref, les repères essentiels capables de constituer autant de « clés dont le mérite est de rappeler que la rigueur scientifique fait trop souvent défaut, surtout
ricain Echelon permettront le suivi ligents d’ici à 2012, contre 6 % pour comprendre » et pour juger. Sans jargon, sans langue de bois et lorsque, comme le prétend l’auteur, les gouvernants manipulent à souhait les données
de la consommation en temps réel, aujourd’hui. ■ sans craindre de bousculer bien des idées reçues… statistiques sur le climat pour alourdir la fiscalité ou renforcer le protectionnisme…
Vos questions
… et nos réponses ✔ EGYPTE
Um appetebat
ab civit erat
inter fectus
Le nucléaire, une industrie sans carbone? buer à la propulsion de vaisseaux spatiaux
Or, ces dernières demeurent hors de
convo cat pour
suisportée
is de très longues missions.
clientib de la propulsion chimique
Lorsque l’on dit que le nucléaire est une énergie sans CO2, n’est-on pas traditionnelle. Une technique, testée avec succès en 1998 par la NASA
un peu trop vertueux? Ou bien considère-t-on comme négligeable pour la sonde Deep Space 1, a consisté à augmenter l’énergie de l’agent
la part de CO2 générée par l’extraction, le transport du minerai, propulsif par une source extérieure, fournissant graduellement à l’engin
la construction et l’exploitation des sites d’enrichissement et de spatial la vitesse nécessaire pour voyager à travers le système solaire.
retraitement ? Le système de propulsion fonctionne en ionisant des atomes de xénon
à partir de l’énergie fournie par les grands panneaux solaires. Les ions
Comparé aux énergies fossiles (gaz, charbon, pétrole), le nucléaire
sont alors expulsés vers la tuyère par de forts champs électriques.
demeure, avec les énergies renouvelables, l’énergie la moins émettrice
Mentionnons également les « voiles solaires », qui exploitent l’énergie
de CO2. Avec 15 % du mix énergétique mondial, le nucléaire évite
des photons qui viennent les percuter. Mais les contraintes de leur
chaque année l’émission de 2,2 milliards de tonnes de CO2, soit 10 %
taille et de leur déploiement ne sont pas entièrement résolues.
des émissions mondiales.
L’industrie nucléaire utilise effectivement des énergies fossiles depuis
l’extraction du minerai jusqu’à la livraison du combustible à ses
clients, ainsi que pour le fonctionnement de ses sites industriels et ter-
tiaires. Ces « externalités » (coûts associés à l’impact environnemental
Le CO2, ce «pestiféré»…
À longueur de colonnes (mais vous n’êtes pas les seuls…), vous
dû à la production et à l’exploitation) sont cependant dûment comp-
chargez le CO2 de tous les maux. N’y a-t-il pas moyen d’en faire
tabilisées par les industriels. Outre des programmes de réduction des
au contraire une ressource et de l’exploiter par exemple en chimie,
émissions de gaz à effet de serre qu’elles génèrent, elles sont intégra-
dans la fabrication de matériaux ?
lement compensées, notamment par le financement de projets dans la
biomasse, l’hydroélectricité… Cette démarche permet d’obtenir un Bilan
De nombreux scientifiques se posent effectivement la question, comme
Carbone des activités qui reste totalement neutre.
en témoigne le programme lancé en Allemagne par le ministère
Charbon
1 100
978 fédéral de l’Enseignement et la Recherche sur les procédés chimiques
(Source : Observatoire de l’énergie) Gaz Pétrole
Émission de CO2 en gramme/kWh
(construction et fonctionnement)
04 / NUMÉRO 9 / ALTERNATIVES
de nouveaux États pourront néanmoins s’en doter pour produire de l’électricité ou dessaler
l’eau de mer grâce à la coopération internationale. Sans pour autant disposer d’une industrie
nationale de l’enrichissement ou du traitement des combustibles usés.