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UE1
La réplication de l'ADN
Cours du Professeur P. COHEN
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SOMMAIRE
I. DEFINITION ................................................................................................................................................. 3
II. REPLICATION CHEZ LES PROCARYOTES (E. COLI) .......................................................................................... 3
II.A. ELEMENTS NECESSAIRES ........................................................................................................................................ 4
II.B. MECANISME DE REPLICATION : ............................................................................................................................... 7
1. Initiation de la réplication .............................................................................................................................. 7
2. Réplication des 2 brins d’DN parentaux ......................................................................................................... 8
3. Evénements qui modifient les ADN synthétisés ........................................................................................... 11
III. REPLICATION CHEZ LES EUCARYOTES.........................................................................................................11
III.A. SPECIFICITES ..................................................................................................................................................... 11
III.B. LES ENZYMES ET PROTEINES EUCARYOTES .............................................................................................................. 13
III.C. SCHEMA GENERAL DE LA REPLICATION EUCARYOTE .................................................................................................. 14
III.D. PARTICULARITE EUCARYOTE ................................................................................................................................ 14
1. 1ère particularité eucaryote : La présence de nucléosomes .......................................................................... 14
2. 2ème particularité eucaryote : les télomères à l’extrémité des chromosomes .............................................. 14
3. Méthylations ................................................................................................................................................ 16
IV. CONCLUSION ............................................................................................................................................17
I. DEFINITION
RAPPEL :
Les eucaryotes ont un noyau isolé du cytoplasme et un ADN linéaire.
Les procaryotes n’ont pas de noyau : leur matériel génétique est directement dans le cytoplasme, et se
présente sous la forme d’un chromosome unique et d’un ADN circulaire.
La réplication de l’ADN est un mécanisme très important elle permet la duplication du patrimoine génétique
pour obtenir 2 exemplaires, chacun transmis à une des deux cellules filles lors de la division cellulaire. La
réplication a donc lieu avant la division cellulaire.
Ce mécanisme doit être le plus fidèle possible, pour que le patrimoine génétique qui va être transmis aux
cellules filles soit le plus parfaitement identique à celui de la cellule mère. En effet, la survie à court terme de
la cellule et de l’organisme dépend de la prévention de la modification de son ADN, puisque les modifications
peuvent conduire à des évènements extrêmement délétères : mutations, associées à certaines pathologies
(cancer). Cependant, à long terme, il peut y avoir des mutations qui entraineront l’évolution de l’espèce.
La duplication est un évènement crucial où peuvent se produire des erreurs, il y a donc des mécanismes de
contrôle, pour limiter ces erreurs. Ces mécanismes peuvent être complétés par des mécanismes de
réparation de l’ADN. C’est pourquoi, lorsque ces mécanismes sont fonctionnels, il y a un taux de mutations
de génome extrêmement bas : un seul nucléotide modifié pour 109 nucléotides à chaque cycle de réplication.
La réplication de l’ADN est un mécanisme cellulaire semi conservatif : sur la double hélice d’ADN de la cellule
fille, un des deux bras provient du brin parental et l’autre est synthétisé lors de la réplication par
polymérisation (brin fils). Chaque brin parental est lu dans le sens 3’5’ et sert de matrice à la synthèse d’un
brin complémentaire et anti-parallèle, appelé brin fils ou brin néosynthétisé, synthétisé dans le sens 5’3’.
Pour cela les deux brins parentaux doivent se séparer, une rupture des liaisons hydrogènes est donc
nécessaire.
• L’ADN parental, où chacun des deux bras sert de matrice pour synthétiser le brin anti-parallèle. Séparation
des deux brins (dénaturation) : pour passer à un état simple brin et le rendre accessible aux enzymes de la
polymérisation. Il est aussi appelé ADN matrice.
• Les dNTP (dATP, dCTP, dTTP et dGTP) rentrent dans la réaction sous forme triphosphate, et sont intégrés
dans le brin sous forme monophosphate : le relargage du pyrophosphate apporte l’énergie nécessaire à la
réplication.
• Les ions Mg2+ stabilisent les dNTP en les protégeant d’une hydrolyse enzymatique et sont également
importants pour l’ADN polymérase.
• Les enzymes suivantes :
- Les hélicases, à l’initiation de la réplication
- Les topoisomérases
- Les ADN polymérase
- Les primases
• Les hélicases
• Les topoisomérases
RAPPEL :
Plusieurs étapes :
1) Coupure transitoire de l’ADN
2) Libre rotation de l’ADN
3) Ressoudure de l’ADN (= ligation), toujours par la topoisomérase
Les topoisomérases agissent derrière l’action de l’hélicase, qui induit des surenroulements positifs (en avançant)
qui vont super vriller la double hélice d’ADN. La gyrase va supprimer ces surenroulements positifs et introduire
des surenroulements négatifs. Cette action est simultanée aux hélicases et permet une bonne accessibilité aux
enzymes de la réplication à la molécule d’ADN.
Elles permettent la synthèse du brin fils par polymérisation en utilisant un brin de l’ADN parental comme matrice.
L’activité ADN-polymérasique est la synthèse de l’ADN dans le sens 5’3’ dans la chaine du brin en cours de
synthèse. Cette activité nécessite une initiation : démarrage par une amorce de nucléotides. Pour la réplication,
l’amorce est un ARN synthétisée par polymérisation par une primase (ARN polymérase).
Tutorat Santé Lyon Sud (2016-2017) 5/17
réplication de l'ADN | Biologie moléculaire • UE1
L’ADN-polymérase se positionne sur l’extrémité 3’OH pour polymériser de l’ADN dans le sens 5’3’ après
incorporation successive de nucléotides. La synthèse se fait de manière complémentaire et anti parallèle à
l’ADN parental.
Lors de la formation de la liaison phosphodiester, il y a libération de deux pyrophosphates qui s’hydrolysent en
deux phosphates inorganiques.
La survie de la cellule à court terme dépend de la fidélité de la réplication. Cette haute-fidélité nécessite plusieurs
mécanismes de vérification des nucléotides :
- Avant addition covalente du nucléotide : Le dNTP entrant est celui qui possède la meilleure affinité et un
état énergétique optimal. A ce moment il y a une transconformation de la polymerase : elle change de
conformation pour vérifier la bonne géométrie de la paire de base.
- Après addition covalente du nucléotide : activité exonucléasique (= fonction d’édition) de la polymérase
: correction des erreurs d’appariement en 3’5’ par clivage entre deux nucléotides adjacents en bout de
chaine.
RAPPEL :
Une activité nucléasique aboutit au clivage d’une liaison phosphodiester entre 2 nucléotides adjacents, sur un
même brin d’ADN. Il s’agit de l’activité inverse d’une polymérase.
- Exo : à l’extrémité de la chaine d’ADN. Les enzymes exonucléases hydrolysent les liaisons phosphodiesters qui
se trouvent en bout de chaine (soit extrémité 5’ soit 3’, d’un même brin d’ADN). Si l’enzyme exonucléase n’est
active qu’à l’extrémité 5’, l’activité est dite 5’-3’ et inversement.
- Endo : à l’intérieur de la chaine d’ADN
L’ADN polymérase a une activité exonucléasique dans le sens 3’5’. C’est une fonction primordiale dans
la réplication, qui est possédée par toutes les ADN polymérases dans le sens 3’ 5’. C’est un mécanisme
qui concourt à l’augmentation de la fidélité de la réplication. L’enzyme se modifie pour retirer la mauvaise
liaison, l’emmène au niveau de son site catalytique P (site de polymérisation), et la détruit.
Chez E. Coli, on retrouve trois ADN polymérases : les ADN polymérases I II, III.
L’ADN polymérase III ne fonctionne pas seule mais est associée à un complexe multimérique appelé
holoenzyme. Holoenzyme ADN pol III est l’enzyme majeure, qui réalise la synthèse de l’ADN (des brins fils).
La 2e enzyme qui intervient dans la réplication chez la bactérie est l’ADN POL I, qui possède en plus une
activité exonucléasique 5’3’ permettant la dégradation des amorces d’ARN.
L’ADN pol III a une activité ADN polymérasique dans le sens 5’3’ et une activité de correction
exonucléasique dans le sens 3’5’.
L’ADN pol I a trois activités : deux identiques à l’ADN pol III et une activité exonucléasique dans le sens 5’-
3’.
Les primases
1. Initiation de la réplication
Chez E. Coli, il n’y a qu’un seul chromosome, et environ 4,6 .106 paires de bases.
Il existe une seule origine de réplication (appelée oriC : environ 245 pb), contenant des séquences répétées riches
en A et T. C’est ici que se fixent les protéines d’amorçage, qui initient la réplication par l’ouverture locale de la
double hélice d’ADN. Localement on va avoir le passage à la forme simple brin, c’est l’œil de réplication.
A partir de là se propage la réplication. C’est une propagation bidirectionnelle. On a deux fourches de réplications
: une à droite et l’autre à gauche du point d’initiation.
Les deux fourches progressent jusqu'à avoir deux molécules d’ADN double brin. On obtient donc un chromosome
pour chaque cellule filles (donc deux au total), le plus fidèle possible au chromosome bactérien de la cellule mère.
Chacune des deux cellules filles possède un chromosome à deux brins, qui correspondent à un brin synthétisé et
à un brin parental.
La synthèse des brins fils se fait par l’ADN polymérase III. L’activité enzymatique se fait toujours dans le sens 5’
3’.
Le sens de propagation de la réplication doit s’effectuer dans le sens d’ouverture de la boucle d’ADN, c'est à-dire
dans le sens 5’ 3’. La réplication est donc discontinue sur un des deux brins.
Il existe un modèle démontré chez la bactérie et qui semble aussi être démontré pour
les cellules eucaryotes.
Chez la bactérie : mise en jeu de deux molécules d’ADN polymérase III qui travaille en même temps au niveau de
la fourche de réplication : une qui synthétise de manière continue le brin avancé et l’autre qui synthétise de
manière discontinue le brin retardé.
Le brin d’ADN parental, qui sert de matrice au brin d’ADN retardé, forme une boucle pour repositionner l’amorce
de façon à ce que l‘allongement du fragment d’Okazaki par l’ADN polymérase se fasse dans le sens 5’3’ mais
aussi dans le sens de propagation de la fourche de réplication.
Processivité de l’enzyme :
La vitesse de réplication procaryote est de 500 et 1000 nt/s, ce qui permet à la réplication du chromosome
bactérien de se faire en 40min.
Pour avoir un fragment d’ADN continu, l’ADN POL I se positionne au niveau 3’OH
d’un fragment d’Okasaki et comble la lacune qui le sépare de l’amorce d’ARN
suivante.
Dès qu’elle va rencontrer l’amorce d’ARN, de par son activité exonucléasique 5’-
3’, elle hydrolyse cette amorce d’ARN et continue, de par son activité
ADNpolymérasique, à synthétiser de l’ADN à partir du fragment d’Okasaki
précédent. Elle remplace ainsi l’amorce d’ARN en ADN.
La dernière étape consiste à relier ces fragments d’ADN grâce à une enzyme,
appelée ADN ligase, qui permet la création d’une liaison phosphodiester entre 2
nucléotides adjacents.
On obtient alors un fragment continu.
Quand la synthèse d’ADN est terminée, les 2 fourches de réplication vont se rencontrer (car l’ADN est circulaire. Il
y a alors séparation des 2 doubles hélices par la gyrase.
Chez la bactérie, l’ADN peut être méthylé au niveau de 2 bases : sur la cytosine ou sur l’adénine. L’enzyme qui
produit ces méthylations est la méthylase. Elle catalyse l’ajout d’un groupement méthyle (-CH3) sur un A ou un C
du brin fils. La méthylation du brin fils se fait toujours avec un temps de retard.
Importance de la méthylation :
Le chromosome bactérien possède des séquences répétées : plusieurs séquences GATC, donc la méthylation est
un mécanisme de régulation, qui contrôle l’initiation de la réplication suivante.
Si cette OriC n’a pas une méthylation qui est exactement en miroir sur les 2 brins, aucune nouvelle initiation de la
réplication ne peut démarrer.
Le fait que le brin fils soit méthylé avec un temps de retard cela permet de distinguer les deux brins. (Cf cours
réparation de l’ADN).
La méthylation est importante aussi pour les défenses de la bactérie, en effet elles ont leur propre virus
(bactériophage= virus des bactéries). Une fois que ces virus ont infectés la bactérie, elle ne peut se défendre qu’en
synthétisant des enzymes de restriction qui sont des endonucléases. Ces endonucléases clivent une liaison
phosphodiester à l’intérieur d’une chaine d’ADN. Les enzymes bactériennes clivent le génome viral, c’est le
phénomène de restriction.
Chaque enzyme reconnait une séquence particulière : le palindrome.
La bactérie doit protéger son propre génome de l’action de ces enzymes, ce qui est permis par les méthylations.
III.A. SPECIFICITES
La réplication chez les eucaryotes est grande majorité semblable à celle de la bactérie E. Coli mais il y a quelques
spécificités.
- Son organisation : le génome eucaryote est organisé sous forme de chromosomes, formés de molécules
d’ADN linéaire et double brin. Contrairement à la bactérie, le génome eucaryote est organisé sous forme de
chromatine.
- Sa structure : structure en nucléosomes pour faciliter la condensation de l’ADN afin que le génome puisse
rentrer dans le noyau cellulaire. On a donc un ADN qui n’est pas nu.
La vitesse de réplication chez les eucaryotes est plus faible. En effet, elle est de 50 nt.s-1 : elle est donc 10 fois plus
faible que celle de la bactérie.
On a donc un génome beaucoup plus grand, qui se réplique à une vitesse plus faible et qui est associé à des
structures. Cependant on a quand même une réplication active.
Chez les eucaryotes, il y a plusieurs origines de réplication : de 20 000 à 100 000 origines de réplication par cellule.
Ces origines de réplication ne sont pas toutes activées en même temps, mais par petits groupes de 20 à 80 OR. Ces
groupes constituent une unité de réplication.
Ces unités de réplication sont activées de manière asynchrone. Selon la localisation, la réplication s’effectue plus
ou moins tardivement : les unités de réplication dans l’euchromatine (chromatine décondensée) sont activées
précocement alors que les unités de réplication dans l’hétérochromatine (chromatine condensée) sont activées
plus tardivement.
Sur un chromosome, on retrouve donc plusieurs milliers d’OR, à partir desquelles il y a les deux fourches de
réplication. A partir de chaque point de réplication, quand il y a activation, il va donc y avoir un œil de réplication
qui va se former, avec les deux fourches qui vont progresser dans des sens opposés (bidirectionnel). Ces portions
de chromosome répliquées s’appellent les réplicons.
Sur un même chromosome, il y a différents yeux de réplication qui s’agrandissent, et qui progressent jusqu’à ce
que la fourche rencontre une autre fourche qui progresse en sens inverse ou atteigne l’extrémité du chromosome.
Le cycle cellulaire est une autre spécificité des cellules eucaryotes. Le cycle est subdivisé en plusieurs phases : la
phase de mitose et les interphases G1, S et G2. Les événements qui aboutissent à la réplication ont lieu juste avant
que la cellule ne se divise en deux cellules filles. La réplication intervient pendant la phase S du cycle cellulaire.
Suivant l’état de condensation de la chromatine, la réplication s’effectue après une activation plus ou moins tardive
: si la chromatine est décondensée, elle est répliquée plus précocement, car elle offre une meilleure accessibilité
aux enzymes et est donc plus apte à être répliquée. En revanche, si la chromatine est fortement condensée, alors
la réplication aura lieu beaucoup plus tard
Le niveau de condensation de la chromatine fait varier le moment de réplication.
ADN POL δ :
C’est une ADN polymérase ADN-dépendante. C’est l’enzyme principale de la réplication des deux brins fils :
- Elle réalise la réplication totale du brin avancé en 5’3’ (initiation et élongation)
- Elle réalise la majorité de la réplication du brin retardé (élongation
- Elle a une activité polymérasique en 5’3’ et une fonction d’édition en 3’5’.
- Sa processivité (capacité de l’enzyme à rester associer sur le brin d’ADN parental) est régulée par un anneau
ou clamp, qui est une protéine particulière nommée la PCNA (Proliferating Cellular Nuclear Antigen).
- Elle intervient aussi sur la finition des brins d’ADN (pour compléter les lacunes).
ADN POL α :
- Elle intervient uniquement sur le brin retardé pour initier la réplication.
- Elle est associée à la primase : elle prend le relai direct au niveau des fragments d’Okazaki eucaryote (100-
200 nt), sur le brin retardé.
ADN POL ϒ :
Elle est impliquée dans la réplication de l’ADN mitochondrial.
Une enzyme de la classe des RNases (H-1 et FEN-1) élimine les amorces d’ARN. Le comblement est réalisé par
l’ADN POL δ, puis l’ADN ligase ligue les morceaux entre eux pour former un seul brin.
L’ADN POL α réalise le début de la synthèse du brin retardé, en initiant la polymérisation, puis elle est remplacée
par l’ADN POL δ, qui continue la synthèse dans le sens 5’3’ du brin en cours de synthèse. On retrouve sur le brin
retardé des fragments d’Okazaki (100 à 200 nt), comme pour le chromosome bactérien.
Pour la finition du brin retardé, l’ADN POL δ élonge le fragment en synthétisant de l’ADN, et remplit la lacune
jusqu’à rencontrer le 1er nucléotide du fragment suivant.
Notion de boucles : il y un repliement structurel de l’ADN du brin fils, de façon à ce que l’allongement se fasse dans
le sens 5’-3’ mais aussi dans le la fourche de réplication.
Les nucléosomes sont des structures composées de protéines basiques : les histones. L’ADN est enroulé autour de
ces histones, et enroulé sur lui-même, dans un état de condensation. D’après les connaissances actuelles, la
présence des nucléosomes ne semble pas affecter les fourches de réplication.
Les génomes des cellules filles doivent être identiques au génome de la cellule mère, ce qui concerne également
les nucléosomes.
Les nucléosomes parentaux restent associés, puis une répartition équivalente se fait entre les deux brins (brin
parental et brin fils) de la molécule d’ADN. Pendant la phase S du cycle cellulaire, de nouveaux nucléosomes sont
synthétisés pour compléter les nucléosomes parentaux dans les cellules filles. Chaque brin possède alors 50% de
nucléosomes parentaux et 50% de nucléosomes néosynthétisés.
La présence de ces nucléosomes est à l’origine du fait que la réplication chez les eucaryotes est beaucoup plus
lente que chez les procaryotes.
Les télomères sont des séquences d’ADN situées aux extrémités des chromosomes. On y retrouve une séquence
répétée en tandem (chez l’homme : TTA GGG).
La réplication du brin parental débute grâce à la primase qui synthétise pour amorce la séquence CCC UAA,
séquence complémentaire et antiparallèle de la séquence répétée (TTAGGG). En fin de réplication, cette séquence
va être éliminée par les RNases par hydrolyse. Ce n’est pas un fragment d’Okasaki, donc une fois dégénérée, elle
n’est pas remplaceé par de l’ADN par polymérisation.
En fin de réplication, on a donc le brin 3’ plus long que le brin 5’ (puisque l’on a une lacune au niveau du brin fils).
Lorsque les cellules filles se divisent, les deux brins deviennent les brins parentaux. Le brin 5’ qui est alors répliqué
a perdu 10 nt, qui correspondent à l’amorce d’ADN dans la génération précédente. Donc sans aucun phénomène
compensatoire, il y aurait une perte de nucléotides (10 nt) à chaque cycle de réplication, et donc une perte
d’information génétique.
Il existe cependant un phénomène compensatoire, réalisé par la télomérase. La télomérase est une
ribonucléoprotéine, c’est-à-dire qu’elle est constituée de protéines et d’ARN. La fonction enzymatique portée par
cette enzyme est une fonction ADN polymérase dans le sens 5’3’. C’est une enzyme ARN dépendante, qui utilise
comme séquence matrice une séquence d’ARN. Elle va utiliser comme matrice son ARN interne (endogène).
Le mécanisme qui vise à synthétiser de l’ADN à partir d’une molécule d’ARN est appelé rétrotranscription (ou
reverse transcription). La télomérase est donc reverse transcriptase (ou retrotranscriptase).
La longueur des télomères dépend de l’équilibre entre le raccourcissement dû à la réplication et le niveau d’activité
de la télomérase.
Après l’action de la télomérase, l’extrémité 3’ des chromosomes simple brin plus longue que l’extrémité 5’. Cette
extrémité plus longue s’enroule vers l’arrière pour réaliser une boucle T (repliement), grâce à des protéines
spécialisées. Cette structure constitue un système de protection des chromosomes, et participe donc à l’intégrité
des chromosomes. Elle protège les chromosomes de l’action de certaines enzymes.
La sénescence :
C’est le vieillissement de la cellule. En effet, quand l’action des télomérases est limitée ou inexistante, les télomères
sont donc de plus en plus raccourcis, les chromosomes deviennent instables et il y a donc un arrêt de la division
cellulaire.
Dans des cultures in vitro de cellules dites normales, l’activité des télomérases est faible voire diminuée, il y a donc
une sénescence réplicative (la division cellulaire s’arrête).
Dans les cellules cancéreuses, l’activité des télomérases est forte, il n’y a pas de raccourcissements des
chromosomes, donc pas de phénomène de sénescence. La prolifération cellulaire est anormale, indéfinie. La
suractivation des télomérases pourrait ainsi être un des mécanismes de cancérisation. Actuellement, des
recherches sont faites sur les propriétés anti télomérasiques.
Les personnes atteintes de cette pathologie ont une copie fonctionnelle et une copie non fonctionnelle du gène
de la télomérase. Or lorsqu’il y a une copie non fonctionnelle de ce gène, on assiste à un raccourcissement du
chromosome. Cette maladie entraine des anomalies de la peau, des ongles et des muqueuses, des insuffisances
médullaires (affections de la moelle osseuse) et la mort.
Une copie non fonctionnelle du gène est liée à une mutation du gène TERT. En 2013 des chercheurs ont découvert
que les mutations du gène TERT (gène de la télomérase) sont présentes dans 83% des glioblastomes adultes
étudiés.
3. Méthylations
Chez les cellules eucaryotes, seule la cytosine peut être méthylée. Ces cytosines font généralement parties des
îlots CG. Elles seront méthylées sur le brin fils seulement si le brin parental est méthylé. Les méthylations sont
réalisées par les méthylases.
Rôle des méthylations :
La méthylation sur le brin fils s’effectue toujours avec un temps de retard par rapport à la réplication, ce qui
permet de discerner le brin fils du brin parental pour les mécanismes de réparation (cf. cours Réparation de l’ADN).
Elles jouent aussi un rôle dans la régulation de l’expression de certains gènes. Certains gènes sont régulés par un
mécanisme épigénétique de méthylation. L’hypométhylation entraine le déverrouillage du gène, alors que
l’hyperméthylation entraine le verrouillage du gène.
Exemple :
Le gène de l’insuline est présent dans toutes les cellules, or l’insuline est seulement sécrétée par les cellules
pancréatiques, les ilots de de Langerhans. Donc l’information n’est exprimée que dans les cellules pancréatiques,
où il y a donc hypométhylation. Dans toutes les autres cellules, il y a hyperméthylation.
IV. CONCLUSION
La survie à court terme de la cellule dépend de la transmission de l’information génétique. Cette transmission doit
donc être la plus fidèle possible.
Duplication du patrimoine génétique = la réplication se doit d’être fidèle.
Si l’activité polymérasique agissait seule : il y aurait une erreur toutes les 107 pb.
Après la réplication, il peut quand même y avoir des mutations, d’où la nécessité pour la cellule de posséder un
système de réparation compétent.