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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2010 -Grenoble 7-9 juillet 2010

EVALUATION DE L’IMPACT DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR


L’ALÉA « MOUVEMENT DE TERRAIN »

EVALUATION OF THE IMPACT OF GLOBAL WARMING ON GROUND


MOVEMENT HAZARD

Héloïse PALHOL, Fabrice ROJAT, Sébastien RUCQUOI, Muriel GASC-BARBIER


Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées, Toulouse, France

RÉSUMÉ – Une méthodologie d’étude d’impact des phénomènes climatiques sur


l’occurrence des mouvements de terrain dans la région Midi-Pyrénées est proposée, à partir
d’une analyse régionale sous forme d’atlas combinée aux résultats des scénarios d’évolution
du climat. De premiers résultats qualitatifs sont obtenus et les principales difficultés sont
soulignées.

ABSTRACT – A methodological approach is proposed to assess the influence of climate


change on ground movement hazard. Current ground movements in the Midi-Pyrénées
region are evaluated and scenarios of global warming evolution are applied to the regional
scale to identify the ground movement hazard. A few qualitative results are presented and
the main difficulties are detailed.

1. Introduction

Les mouvements de terrain sont des phénomènes capables de causer d’importants


dommages. Ils provoquent en moyenne la mort de 800 à 1 000 personnes par an dans le
monde et occasionnent des préjudices économiques importants. Les dommages sur les
infrastructures sont également nombreux.
Les mouvements de terrain sont souvent générés lors d’événements climatiques « hors-
normes » tels des périodes à pluviométrie importante. Les observations de terrain mettent
fréquemment en relation les mouvements constatés et les conditions climatiques (Faure et
al., 2008 e.g.). L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact du changement climatique sur
le risque « mouvements de terrain » à l’échelle de la région Midi-Pyrénées.
Afin d’effectuer cette évaluation, un examen des différents types de mouvements, ainsi
qu’une synthèse typologique sont menées, avec une mise en valeur des facteurs de
prédisposition et de déclenchement. Dans un deuxième temps, les évolutions climatiques
observées et futures sont détaillées, afin, dans une troisième phase, de mettre ces
évolutions en regard de l’aléa « mouvements de terrain » de la région Midi-Pyrénées, défini
par l’élaboration d’un atlas régional. Cette mise en relation permet une première évaluation
des impacts probables du changement climatique sur les mouvements de terrain en Midi-
Pyrénées et met en lumière les principales difficultés restant à traiter pour affiner la
démarche.

2. Analyse de l’aléa « mouvement de terrain » en Midi-Pyrénées

La région Midi-Pyrénées, située dans le sud-ouest de la France, regroupe huit


départements : l’Ariège, l’Aveyron, la Haute-Garonne, les Hautes-Pyrénées, le Gers, le Lot,
le Tarn et le Tarn-et-Garonne. Elle comprend des zones montagneuses de terrain rocheux
avec les Pyrénées au Sud et la partie sud du Massif Central au Nord-Est de la région, ainsi
que des zones de terrains meubles de types argilo-marneux et pélitique, pouvant inclure une
fraction sableuse variable. Il en résulte une grande diversité de natures de matériaux,

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autorisant de multiples formes de mouvements de terrain, comme cela apparaît sur la figure
1 a-. On peut identifier également plusieurs bassins plus sensibles et multipathologiques,
comme sur la figure 1 b-, en rappelant toutefois que la représentativité de ce type de carte
reste limitée par la méthodologie de la BDMVT (consultation de communes et de divers
organismes, avec un taux de réponse de l’ordre de 70 %).

b
a
Figure n°1 : a- Divers types de pathologies à l’échelle régionale ; b- Carte de densités de
points en Haute-Garonne (source : banque de données mouvements de terrain (BDMVT)
développée par le BRGM – www.bdmvt.net)

La typologie des mouvements de terrain a été qualifiée dans ce travail suivant un


découpage classique (Sève et al., 1998 ; Potherat et al., 1999 e.g.) en distinguant : les
mouvements rocheux (chutes de blocs, éboulements et écroulements), les glissements, les
déformations par « fluage », les écoulements, le fauchage, le retrait-gonflement. Dans
chaque cas, les facteurs de prédisposition et de déclenchement ont été détaillés (voir
tableau 1). Les effondrements de cavités souterraines et les érosions de berges n’ont pas
été pris en compte du fait de leur caractère localisé, se manifestant dans des conditions
particulières, rendant les cartographies d’aléa peu pertinentes à l’échelle régionale.

Tableau 1 : Exemple de tableau récapitulatif des principaux facteurs influant les


mouvements de type « glissement »
Type de Nature et Facteurs influents et/ou de
mouvement morphologie des Facteurs de déclenchement (hors activités
de terrain terrains affectés prédisposition anthropiques)
Massifs hétérogènes Géologie (structure, Climat : pluviométrie, fonte des neiges,
et/ou anisotropes nature et sources, variation de la nappe,
(glissement plan) ; caractéristiques suppression de la butée de pied par
Matériaux meubles et des terrains). érosion des terrains, gel.
roche très fracturée. Pente des terrains. Activité anthropique : terrassements en
Glissements
Terrains de pente Conditions tête ou en pied, modification des
variable (seuils à hydrogéologiques conditions hydrauliques, vibrations,
définir) originelles. modification du couvert végétal, etc.
Séismes.
Occupation des sols (forêt e.g.).

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3. Prévisions du changement climatique en Midi-Pyrénées

La majorité des scientifiques s’accorde à dire que le changement climatique d’origine


anthropique est un phénomène avéré. Différents scénarios co-existent pour évaluer
l’ampleur de ce changement (A1, A2, A1B, B1, B2) en fonction des options de
développement socio-économique envisageables sur le prochain siècle. On ne les reprendra
pas ici mais le lecteur intéressé pourra se rapporter aux travaux du Groupe d’experts
Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC 2007, IPCC 2001 e.g.).
Les modèles de calcul climatiques ont permis d’évaluer à partir de ce travail les grandes
tendances météorologiques du prochain siècle à l’échelle de la planète, avec une maille
spatiale relativement étendue et une incertitude liée aussi bien au choix du scénario qu’à la
modélisation numérique. Des techniques de descente d’échelle permettent ensuite
d’aborder les évolutions au niveau national voire régional. Ces données, en cours de
diffusion par Météo-France, ne sont pas encore disponibles et l’étude présentée ici s’est
généralement limitée à l’usage du simulateur climatique en accès libre, permettant de
dégager des tendances sommaires à l’échelle régionale (http://climat.meteofrance.com). Ont
été examinées en particulier les températures maximale et minimale et les précipitations,
mais le simulateur permet aussi de visualiser le rayonnement solaire en surface et la réserve
en eau dans le sol, même si l’exploitation de ces derniers paramètres reste très délicate tant
leurs variations sont importantes. Soulignons enfin que, du fait des incertitudes, seules les
tendances comme les moyennes sur plusieurs années ou la fréquence des extrêmes sont
significatives, les valeurs sur une année donnée n’ayant pas de sens physique réel. On peut
alors effectuer les analyses suivantes (scénario A2 retenu compte-tenu des observations
récentes d’émissions de CO2 à l’échelle planétaire).
L’augmentation de la température en Midi-Pyrénées devrait être visible à toutes les
saisons, mais plus perceptible en été. Par rapport aux températures enregistrées en
moyenne pendant la période 1960-1990, il est envisagé une augmentation de la maximale
estivale journalière moyenne de -0,4 à +7,5°C, sur la décennie 2050-2060 et de +3,5 à
+11,3°C pour 2090-2099. La température minimale journalière moyenne en été augmen-
terait également du même ordre de grandeur, et de façon moindre en hiver. Globalement, à
horizon d’un siècle, les précipitations auraient tendance à diminuer au printemps et en été
et à se maintenir en moyenne durant l’automne et l’hiver (voire une légère diminution). Les
épisodes de précipitations exceptionnelles devraient en revanche augmenter. Dans
l’ensemble, il reste difficile d’extraire une véritable tendance régionale (figure 2) du fait de la
variabilité des phénomènes. Par exemple, sur une période inférieure à 50 ans, le rapport
signal / bruit reste trop faible pour envisager une quelconque représentativité.
Le nombre de jours secs devrait également augmenter sur la région d’ici la fin du siècle.
L’augmentation serait beaucoup plus marquée sur le Nord de la région pour le scénario B2
et généralisée dans le cas du scénario A2.
La réserve en eau du sol diminuerait sur la région Midi-Pyrénées en été, au printemps et
en automne pour 2070-2090. En hiver, la tendance serait globalement au maintien, avec
toutefois de nettes disparités régionales.

Figure 2 : Évolution de la pluviométrie hivernale en Midi-Pyrénées de 2050 à 2099 (scénario


A2), écart calculé par rapport à la pluviométrie moyenne de 1960-1990.
D’autres paramètres, non détaillés ici, ont également été examinés dans le cadre de ce

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travail à partir des données rendues publiques par Météo-France : nombre de jours de gel,
nombre de journées estivales, insolation, durée des périodes sèches, nombre de tempêtes.
Seuls les deux premiers montrent des tendances significatives.
Le tableau 2 synthétise les données de température et de précipitation, calculées à partir
du simulateur climatique de Météo-France selon le scénario A2 sur deux années « repère ».
Si l’évolution de la température à la hausse paraît évidente, celle des précipitations, en
revanche, montre bien la difficulté de dégager des tendances dans un signal relativement
brouillé par la variabilité naturelle des phénomènes.

Tableau 2 : Exemples d’évolutions calculées par le simulateur climatique (scénario A2)


Paramètre climatique Actuel 2050 2099
Température Tmax été en °C 23,6 25,5 28,6
Tmin été en °C 12,8 14,8 16,4
Précipitation P journalières hiver en mm/j 3,1 2,8 3,5

4. Conséquence du changement climatique sur l’aléa mouvement de terrain en


Midi-Pyrénées

Un atlas régional des mouvements de terrain a été réalisé. Le but est de représenter la
susceptibilité des diverses configurations géomorphologiques recensées à l’échelle
régionale face aux risques de glissement de terrain, d’éboulement, de retrait-gonflement,
etc. Le zonage régional ainsi obtenu peut alors être mis en regard de certaines perspectives
de changement climatique afin d’analyser leur impact.

4.1. Représentation cartographique des aléas mouvements de terrain

L’atlas régional est une analyse spatiale de la susceptibilité des terrains basée sur une
méthode déterministe consistant à hiérarchiser plusieurs facteurs de prédisposition aux
mouvements avant de les pondérer et de les combiner. Les éléments recensés (voir partie
2) mettant en évidence un rôle systématique de la géologie et de la topographie (pentes) sur
l’aléa, ce sont ces deux paramètres qui ont été retenus en première approche. La
méthodologie a été établie par Rucquoi et al. (2009) et a déjà été appliquée à plusieurs
départements de la région Midi-Pyrénées.
La lithologie est ici issue de la carte géologique de la France au 1/1 000 000e, dont les
formations géologiques similaires de par leur lithologie et leur âge ont été regroupées. Il en
résulte 17 méta-formations géologiques auxquelles ont ensuite été affectés des coefficients
de sensibilité aux glissements de terrain et aux éboulements (1 pour une sensibilité faible,
10 pour une sensibilité moyenne, 100 pour une sensibilité forte). Une sensibilité résultante a
également été étudiée en estimant que les formations les plus sensibles aux glissements
« sols » sont les moins sensibles aux éboulements et réciproquement. Cette démarche a
permis d’aboutir à une carte résultante définissant la prédominance du type d’aléa, entre les
glissements de terrain et les éboulements, pour chaque zone (figure 3).
La topographie a été prise en compte à partir d’une carte des pentes, dans laquelle
différentes catégories de pendage ont été définies. Les seuils ont été déterminés à partir de
l’expérience locale et vérifiés grossièrement par des calculs de stabilité de pente en rupture
plane ou circulaire, en conditions défavorables (argiles saturées non consolidées) ou
favorables. Des valeurs seuil de 7, 10,5° et 25° ont été retenues, délimitant quatre classes
de pentes résultantes affectées des coefficients 1 (pente de 0 à 7°),10 (pente de 7 à 10,5°),
20 (pente de 10.5 à 25°), et 50 pour les pentes > 25°. D’autres seuils, issus de l’expérience
acquise sur le terrain, ont été appliqués aux éboulements.
Les données topographiques et lithologiques ont ensuite été croisées pour obtenir
différentes classes auxquelles on affecte un niveau d’aléa pour chaque type de mouvement.
Par exemple, les zones les plus susceptibles de subir des glissements se situent

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essentiellement sur les fortes pentes argileuses formant les collines molassiques ainsi que
sur les escarpements fluviatiles bordant les principales vallées (figure 3). Les éboulements,
quant à eux, seraient plus susceptibles de se produire au Nord et au Sud de la région
(zones montagneuses). De la même façon, une cartographie du retrait / gonflement a été
réalisée mais n’est pas présentée ici.
Ce type d’atlas peut être utilisé à l’échelle départementale comme un outil de
programmation, par exemple en le combinant avec des « enjeux » comme les zones bâties
pour évaluer la vulnérabilité et définir des communes prioritaires vis-à-vis de la réalisation de
PPR. Ici, il a été utilisé dans un but de prospective, en regard des évolutions climatiques
envisageables.

Aléa nul
Éboulements :
Aléa faible
Aléa moyen
Aléa fort
Glissements :
Aléa faible
Aléa moyen
N Aléa fort

Figure 3 : Carte régionale résultante glissement et éboulement.

4.2. Analyse qualitative à l’aide du simulateur climatique

À partir de ces atlas régionaux des mouvements de terrain basés sur les facteurs de
prédisposition de lithologie et de topographie, il peut être ensuite intéressant de prendre en
compte les facteurs de déclenchement et divers facteurs influents (voir tableau 1). Par
exemple, des éléments comme le zonage sismique de la région ou l’occupation des sols font
déjà l’objet de cartographies détaillées et peuvent être aisément obtenus. La pluviométrie
journalière, les températures maximales et minimales, le rayonnement solaire ou la réserve
en eau du sol peuvent être tirés de données Météo-France.
Dans le travail présenté ici et en première approche, la pluviométrie est apparue comme
le principal facteur de déclenchement des mouvements gravitaires. Une comparaison
qualitative avec les cartes d’aléas a donc été effectuée. La figure 4 présente une mise en
regard de l’atlas régional des glissements et de la pluviométrie annuelle actuelle. Par
exemple, certaines terrains meubles de couverture des Pyrénées, à aléa moyen à fort
présentent conjointement une pluviométrie annuelle plus élevée et paraissent plus
susceptibles de subir des glissements de terrain. La pluviométrie est regardée ici comme un 5
facteur de déclenchement et a donc des conséquences à la fois sur l’occurrence des
glissements, mais aussi sur l’amplitude des mouvements. Notons toutefois que cette
approche globale masque de fortes disparités, une zone peu arrosée en moyenne pouvant
subir quelques épisodes exceptionnels aux conséquences fortement préjudiciables. Une
analyse plus détaillée serait donc nécessaire, avec la définition de seuils statistiquement
représentatifs (voir section 4.3).
À titre d’exemple également, la figure 4c permet la comparaison entre l’atlas régional et
les prévisions météorologiques pour un hiver particulièrement humide (année 2083, scénario
A2). On remarque alors que les zones qui subissent les écarts de pluviométrie les plus

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importants correspondent aux contreforts du Massif Central et aux Pyrénées. Si on compare


ensuite un hiver à très faible pluviométrie (figure 4d, année 2090 selon le scénario A2), on
s’aperçoit que ce sont les mêmes régions qui sont concernées.
Des analyses comparables peuvent être effectuées sur les autres mouvements
gravitaires. Une telle approche permet donc d’estimer que les parties Nord et Sud de la
région, qui combinent un aléa relativement élevé et apparemment une sensibilité accrue aux
années de pluviométrie exceptionnelle (déficit ou excès) constitueraient probablement des
points de surveillance et d’action majeurs des gestionnaires de la région dans l’avenir (sur la
base du scénario climatique A2).

Aléa nul
Aléa faible
Aléa moyen
Aléa fort
Aléa très fort a b

c d
Figure 4 : Région Midi-Pyrénées : a- atlas régional des glissements de terrain, b- cumuls
moyens annuels des précipitations sur la période 1971-2000, c- pluviométrie journalière
hivernale moyenne (en mm/j) estimée en 2083 (année exceptionnelle humide) d-
pluviométrie journalière hivernale moyenne (en mm/j) estimée en 2090 (année
exceptionnelle sèche) écarts calculés par rapport à la pluviométrie moyenne de 1960-1990

5. Réflexion sur les facteurs utiles à la démarche d’analyse d’impact

La démarche présentée dans ce travail a été réalisée avec des moyens limités en
particulier au niveau des données météorologiques. L’atlas des mouvements de terrain
souffre également de certaines imprécisions du fait de l’usage d’une géologie au
1/1 000 000ème et de la non prise en compte dans un premier temps de certains facteurs
influents (voir ci-après). Ce travail reste donc trop général pour tirer de véritables
conclusions quantitatives, mais ses deux principaux buts ont été atteints : montrer une

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possible méthodologie d’analyse de l’impact du changement climatique sur les mouvements


de terrain et faire surgir les principales questions afin d’ouvrir des pistes de recherche pour
obtenir des résultats davantage quantifiables dans l’avenir.

5.1.Difficultés liées aux facteurs climatiques

Dans cette étude, la prise en compte du climat reste approximative et ne s’est faite que
par la mise en regard des cartes d’aléa et des constats ou prévisions pluviométriques. La
récupération des données a constitué l’un des principaux problèmes, en attendant la
diffusion à grande échelle des résultats obtenus par Météo-France. Toutefois, même avec
ces données à disposition, une réflexion importante restera à mener afin de déterminer les
paramètres les plus pertinents. Par exemple faut-il s’intéresser à des pluviométries
maximales, moyennes mensuelles, décadaires ? Y aurait-il des paramètres plus significatifs
comme la pluviométrie efficace (pluie - évapotranspiration) ou le SWI (Soil Wetness Index)
pouvant être tiré de la chaîne de calcul S.I.M. (Safran – Isba – Modcou) de Météo-France ?
Différents paramètres pourraient également être pris en compte : l’ensoleillement, les
températures (cas du retrait-gonflement), les niveaux de nappe, l’humidité du sol, le gel etc.
Afin d’affiner la prise en compte du climat, il serait donc nécessaire de s’interroger sur les
données météorologiques les plus significatives vis-à-vis du risque mouvement de terrain.
On pourrait par exemple privilégier une approche statistique basée sur un recensement plus
approfondi des mouvements de terrain à l’échelle régionale, d’après les inventaires locaux
déjà réalisés par différents organismes (dossiers du RTM et des LRPC, PPR, expertises
CatNat). L’idée serait alors de comparer les périodes d’occurrence des mouvements à divers
paramètres météorologiques supposés représentatifs, afin de sélectionner ceux qui sont
véritablement pertinents. D’autres approches plus empiriques pourraient également être
envisagées.
Enfin, on rappellera que la démarche d’étude d’impact nécessite d’envisager plusieurs
scénarios climatiques pour l’avenir (non présentés ici).

5.2. Problèmes soulevés par la réalisation des cartes d’aléa

La réalisation des cartes d’aléa met en évidence la difficulté de superposition de données


possédant des échelles spatiales différentes. Cet obstacle survient notamment dans le
croisement des données lithologiques et topographiques où certaines erreurs de précision
(étendue des formations par exemple) doivent être rectifiées. Un travail plus exploitable
pourrait être obtenu par l’usage de cartes géologiques au 1/50000ème.
Par ailleurs, afin d’obtenir une attribution plus fiable des niveaux d’aléa pour les terrains
de la région, il serait intéressant de compléter cette étude en incluant divers facteurs
influents comme l’occupation des sols, le réseau de failles régional, la sismicité, etc. Pour
cela, des bases de données relativement précises existent et pourraient être superposées à
notre démarche. Le problème majeur restera alors d’affecter une pondération adéquate aux
différents facteurs. Cette pondération, nécessairement empirique, ne pourra être évaluée
qu’à partir d’un recensement approfondi des mouvements de terrain de la région.
Un troisième problème apparaît dans l’analyse de cartes à l’échelle régionale. Les
mouvements de terrain étant par nature relativement localisés, il est difficile d’identifier
précisément la totalité des zones sensibles. De plus, un inconvénient de la méthode est
d’attribuer à des milieux géologiques souvent hétérogènes des paramètres globaux,
conduisant à s’appuyer sur des critères moyens qui conviennent dans la plupart des cas
mais qui peuvent entraîner localement des imprécisions. Ainsi, l’atlas peut être considéré
comme pertinent vis-à-vis d’une analyse globale comme celle relative aux évolutions
climatiques, mais des analyses fines devront ensuite être réalisées en « zoomant » sur les
départements, cantons, communes,… en relation avec les services gestionnaires.

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6. Conclusions

Le travail présenté ici a permis de dégager une méthodologie d’étude d’impact du


changement climatique adaptée au phénomène de mouvements de terrain et d’en extraire
les principales difficultés, qui constituent des appuis pour les actions de recherche à venir.
De premières informations qualitatives ont pu être obtenues à partir du croisement
d’éléments issus de bases de données publiques. Les résultats, quoique globaux, donnent
déjà une première indication sur les zones particulièrement sensibles en Midi-Pyrénées et
sur les pistes à creuser pour améliorer la connaissance du phénomène. Compte-tenu des
variations spatiales des terrains géologiques et des précipitations, les analyses pourraient
être affinées zone par zone en divisant la région Midi-Pyrénées en trois : le Nord-Est
(contreforts du Massif Central), la région centrale, et le Sud correspondant au Nord des
Pyrénées.
Pour accroître la précision des cartes d’aléa et la prise en compte des facteurs
climatiques, on retiendra par ailleurs la nécessité : 1- d’une cartographie basée sur la
géologie au 1/50000ème ; 2- d’un travail de recensement approfondi des phénomènes de
mouvements de terrain qui servira de référence statistique ; 3- de mettre en place une
réflexion sur la prise en compte de la pluviométrie à l’échelle régionale.
De tels travaux pourront se faire notamment avec l’appui des services de recherche et
développement de Météo-France et seront certainement facilités dans les prochaines
années par la mise à disposition prévue de diverses analyses climatiques.
Le travail engagé ici ouvre donc de multiples perspectives et pourrait être engagé dans
plusieurs régions françaises particulièrement affectées par le risque mouvement de terrains.

7. Références bibliographiques

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205 p.
POTHERAT P., DORIDOT M., CHAHINE M., 1999 : L’utilisation de la photo-interprétation dans
l’établissement des plans de prévention des risques liés aux mouvements de terrain. Guide
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RUCQUOI S., CAMBEFORT C., 2009 : Atlas départemental des mouvements de terrain de la Haute-
Garonne : analyse spatiale de la susceptibilité des terrains aux glissements, aux coulées de boue,
aux chutes de masses rocheuses et aux érosions de berge – Rapport d’étude du LRPC Toulouse,
47 p.
SEVE G., POUGET P., 1998 : Stabilisation des glissements de terrain. Guide technique LCPC. 97 p.
Sites web utilisés : http://climat.meteofrance.com ; www.bdmvt.net , www.argiles.fr ;
www.infoterre.brgm.fr ; www.cnrm.meteo.fr ; www.climat.meteofrance.com ; www.prim.net

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