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l se servit un verre de vin blanc,
tira les rideaux et s’allongea d’années, la possibilité d’utiliser la essentiellement différent, pouvant
pour réfléchir. Les équations de mécanique quantique pour effectuer varier sur des ensembles continus de
la théorie du chaos ne faisaient des calculs est de plus en plus discu- valeurs, mais n’en fournissant
aucune référence au milieu physique tée dans la communauté scientifique. qu’une en cas de mesure. De plus,
dans lequel se déployaient leurs Dans les années 1980, Richard plusieurs qubits peuvent être intri-
manifestations ; cette ubiquité leur Feynman a proposé d’utiliser des qués, c’est-à-dire présenter des cor-
permettait de trouver des applica- éléments quantiques pour simuler de rélations entre eux absentes en infor-
tions en hydrodynamique comme en manière efficace le comportement de mation classique. Un exemple bien
génétique des populations, en systèmes quantiques. En effet, un connu d’effets de l’intrication appa-
météorologie comme en sociologie système quantique à n corps évolue raît dans le paradoxe Einstein-
des groupes. Leur pouvoir de modé- dans un espace de Hilbert dont la Podolsky-Rosen. En effet, pour deux
lisation morphologique était bon, dimension croît exponentiellement qubits √dans l’état intriqué (|00+
mais leurs capacités prédictives avec n. Par exemple, un système de |11)/ 2, la mesure d’un qubit
quasi nulles. A l’opposé, les équa- n spins pouvant prendre deux influera l’état de l’autre quelle que
tions de la mécanique quantique valeurs évolue dans un espace de soit la distance entre eux.
permettaient de prévoir le comporte- dimension 2n . Cela oblige un ordina- Un ordinateur quantique est géné-
ment des systèmes microphysiques teur classique à effectuer un nombre ralement vu comme un ensemble de
avec une précision excellente, et énorme d’opérations pour simuler le qubits sur lesquels on agit par des
même avec une précision totale si comportement de ces systèmes transformations unitaires. Ces trans-
l’on renonçait à tout espoir de retour même pour des n modérés. En formations s’écrivent comme pro-
vers une ontologie matérielle. Il était revanche, si les opérations sont phy- duits de matrices unitaires élémen-
au moins prématuré, et peut-être siquement effectuées par des élé- taires appelées portes quantiques et
impossible, d’établir une jonction ments quantiques, il est possible de agissant sur un ou deux qubits (enca-
mathématique entre ces deux théo- faire le même calcul avec des res-
dré). Le principe de superposition
ries. (M. Houellebecq, Les parti- sources bien plus petites. La ques-
permet alors de créer un état quan-
cules élémentaires, Flammarion, tion se posait donc de construire une
théorie de l’information et une algo- tique regroupant un nombre expo-
1998).
rithmique en tenant compte de ces nentiel d’états computationnels et
effets quantiques. Cela a été résolu d’agir sur eux tous en une seule opé-
INTRODUCTION ces dernières années et l’on sait ration. Par exemple, pour n qubits
maintenant décrire un modèle théo- initialement dans l’état |00...0,
rique d’information quantique, fon- l’application de n portes d’Hada-
Le problème soulevé ci-dessus
dée sur la notion de « qubits » (c’est- mard (encadré) permet de créer
devient encore plus frappant si l’on
à-dire des systèmes quantiques à 2
n −1
imagine que la dynamique chaotique −n/2
deux états |0 et |1) sur lesquels on l’état 2 |x qui regroupe
est simulée par un ordinateur quan-
agit par des transformations uni- x=0
taires conservant la probabilité. Le tous les états computationnels de
qubit est l’équivalent quantique du |00...0 à |11...1. Des travaux ont
– Laboratoire de physique théorique, UMR bit et décrit l’unité d’information permis d’établir que cette « paralléli-
5152 CNRS, IRSAMC, université Paul quantique de la même manière que sation » massive due au nombre
Sabatier, 31062 Toulouse cedex 04. le bit en information classique. exponentiel d’états multi-qubits
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dans l’espace de Hilbert pouvait per- d’au moins 1 000 qubits serait néces- écrire un algorithme quantique, on
mettre d’accélérer de manière spec- saire pour les factoriser suivant la requiert d’écrire les transformations
taculaire la vitesse de résolution de méthode de Shor. Étant donné la du système en fonction de transfor-
certains problèmes, d’abord dans la taille des processeurs quantiques en mations élémentaires appelées aussi
simulation de la mécanique quan- construction, il est donc important de portes (encadré). Un algorithme
tique, mais aussi dans d’autres cas trouver des algorithmes quantiques quantique spécifie donc un état initial
comme la décomposition en facteurs dont l’utilité se manifesterait pour facile à préparer, puis une suite de
premiers d’un grand nombre, ce qui des nombres de qubits moins impor- transformations élémentaires (portes)
a des applications fondamentales en tants, par exemple quelques dizaines. à appliquer à cet état, et précise
ensuite quelle information retirer de
cryptographie. Une très grande acti- Un exemple de ce type d’algo- la mesure effectuée sur l’état final du
vité se développe donc dans le rithme est représenté par la simula- système.
monde en ce moment pour essayer tion de systèmes chaotiques, clas-
de construire un tel ordinateur, un siques ou quantiques. En effet, les L’algorithme de Shor précédem-
problème technologiquement très systèmes classiques chaotiques pré- ment évoqué suit cette structure géné-
ardu où plusieurs voies sont exploi- sentent des propriétés d’instabilité rale. Il utilise le fait que le problème
tées pour la réalisation physique de exponentielle locale. Cela implique de factorisation peut se ramener à la
qubits. A présent, des algorithmes que deux trajectoires initialement détermination de la période d’une cer-
simples ont été implémentés dans voisines s’éloignent exponentielle- taine fonction f. Les qubits de l’ordi-
des systèmes comportant jusqu’à ment vite l’une de l’autre, ce qui nateur quantique sont regroupés en
sept qubits en utilisant les spins rend les simulations de tels systèmes registres, l’un d’entre eux contenant
nucléaires de molécules par réso- très difficiles. Pour cette raison, de toutes les valeurs de x de 0 à N − 1 .
nance magnétique nucléaire (RMN) tels systèmes sont de bons candidats Si ce registre contient n qubits,
ou des ions piégés. de problèmes pour lesquels un ordi- N = 2n et x peut ainsi varier de 0 à
nateur quantique pourrait être utile. 2n − 1. N est choisi entre M 2 et 2M 2 ,
L’algorithme le plus célèbre est Il est donc important d’étudier la
celui développé par Peter Shor, qui où M est le nombre à factoriser. Shor
simulation de tels systèmes sur des
permet de factoriser un grand a alors montré qu’il était possible de
ordinateurs quantiques. Un point
nombre en facteurs premiers expo- calculer en parallèle toutes les valeurs
crucial est également de comprendre
nentiellement plus rapidement que comment les erreurs dues aux impré- de f (x) de manière efficace sur un
n’importe quel algorithme classique cisions et imperfections expérimen- deuxième registre, permettant de pas-
connu à ce jour. En effet, le meilleur tales affectent la précision du calcul
N −1
algorithme classique nécessite un quantique, dans le régime d’extrême ser de l’état N −1/2 |x|0 à
nombre d’opérations qui croît comme instabilité représenté par le chaos
x=0
O(exp [(log M)1/3 (log log M)2/3 ])
N −1
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Mieux comprendre par la simulation numérique
Encadré
PORTES QUANTIQUES
Un ordinateur quantique est un ensemble de n qubits sur des portes élémentaires, puisqu’elles s’écrivent toutes les unes
lesquels on agit par des transformations unitaires bien en fonction des autres. Un processus est polynômial si le
choisies. Toute transformation unitaire de l’espace de Hilbert nombre d’opérations nécessaires est une puissance du nombre
de dimension 2n peut s’écrire comme des combinaisons de de bits/qubits manipulés et exponentiel s’il en est une
transformations locales agissant sur seulement quelques exponentielle. On peut vérifier que les opérations
qubits, appelées portes quantiques. Un ordinateur quantique arithmétiques apprises à l’école primaire sont toutes des
réel devra permettre l’implémentation répétée de algorithmes polynômiaux. L’ordinateur quantique peut de plus
quelques-unes de ces transformations élémentaires ; un additionner ou multiplier plusieurs nombres en parallèle.
algorithme quantique doit fournir la suite de portes Une transformation unitaire générale est donnée par une
nécessaires pour parvenir à l’état final. Quelques exemples matrice N ×N et nécessite O(N ) portes élémentaires.
usuels : Cependant, certaines transformations importantes se
– porte d’Hadamard décomposent en un nombre polynômial de portes. Un exemple
√ s’appliquant à un qubit √
|0 → (|0 + |1)/ 2 ; |1 → (|0 − |1)/ 2 ; d’une telle transformation, utilisée dans beaucoup
d’algorithmes quantiques, est la transformée de Fourier quan-
– porte de phase s’appliquant à un qubit |0 → |0 ;
tique (QFT). Elle utilise n qubits pour transformer un vecteur
|1 → i|1 ;
de taille 2n par :
– controlled not ou CNOT s’appliquant à deux qubits :
2
n −1 2
n −1 2n −1
|00 → |00 ; |01 → |01 ; |10 → |11 ; |11 → |10 ; le
ak |k −→ exp(2πikl/2n )ak |l .
deuxième qubit est inversé si le premier est dans l’état |1 ; k=0 l=0 k=0
– controlled controlled not ou porte de Toffoli s’appliquant à Elle peut s’écrire au moyen des transformations élémentaires
trois qubits : le troisième qubit est inversé si les deux premiers
Hj (porte d’Hadamard appliquée au qubit j) et B jk (porte
sont dans l’état |1.
à deux qubits appliquée aux qubits j et k et caractérisée par
Certains ensembles de portes sont suffisants à eux seuls pour
construire toutes les transformations unitaires, comme par |00 → |00 ; |01 → |01 ; |10 → |10 ;
exemple CNOT combiné aux transformations à un qubit. On |11 → exp(iπ/2k− j )|11 ). On peut vérifier que la séquence
parle alors de portes universelles. nj=1 [(nk= j+1 B jk )Hj ] effectue bien la transformation de
Une partie d’un algorithme quantique s’écrit donc comme une Fourier d’un vecteur de taille 2n en n(n + 1)/2 opérations.
suite de portes, dont le nombre quantifie la complexité En pratique, le choix des portes universelles dépend de
quantique du processus. Cette notion ne dépend pas du choix l’implémentation expérimentale.
mique de l’algorithme de Shor, exponentiellement grand et l’effica- ne soit pas évidente à concrétiser
mesurée par le nombre de portes cité quantique disparaît. sous forme d’un algorithme pratique.
nécessaires pour factoriser un Il est plus surprenant d’imaginer
D’autres algorithmes ont été
nombre M comportant n bits qu’un ordinateur quantique puisse
développés ; celui de Grover en par-
(n ≈ log2 M), est de l’ordre de n 3 . simuler efficacement la mécanique
ticulier permet de faire une
Ce résultat est obtenu grâce à l’utili- recherche dans une base de données classique. Pourtant, les problèmes
non ordonnée de taille√N, avec un présentant du chaos classique sont
sation de plusieurs propriétés spéci-
gain quadratique (O( N ) opéra- très difficiles à simuler sur un ordi-
fiquement quantiques : la possibilité
tions au lieu de O(N ) classique- nateur classique. En effet, l’instabi-
d’agir sur tous les états computation-
ment). Des algorithmes ont égale- lité exponentielle conduit à une
nels en même temps (principe de
ment été construits permettant de croissance exponentielle au cours du
superpositions) puis (par l’action de
simuler efficacement certains sys- temps de la moindre imprécision sur
la QFT) de les faire interférer de la distribution classique initiale. Un
manière constructive (interférences tèmes quantiques, en accord avec la
suggestion originale de Feynman. exemple d’application chaotique très
quantiques). Cela est impossible sur connu est l’application du chat d’Ar-
un ordinateur classique et cela nold : ȳ = y + x(mod L) ;
explique pourquoi l’algorithme de Simulation quantique du chaos x̄ = x + ȳ(mod1), où ȳ, x̄ désignent
Shor est plus efficace que n’importe classique
les variables après une itération. Le
quel algorithme classique connu. Il mouvement a lieu dans l’espace de
est possible d’implémenter l’algo- Il peut paraître naturel de pouvoir phase (x, y) sur un tore de taille L
rithme de Shor sur un ordinateur simuler la mécanique quantique (entier) dans la direction y et 1
classique mais, dans ce cas, le efficacement sur un ordinateur quan- dans la direction x. Des résultats
nombre d’opérations classiques est tique, bien qu’en fait une telle tâche mathématiques ont permis de prou-
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ver que la dynamique de ce système itérés des O(22n ) points initiaux.
possède les caractéristiques du chaos Une mesure de tous les qubits à ce
très développé, avec par exemple un stade donnerait seulement un point
exposant de Lyapounov positif de cette distribution et ferait perdre
h ≈ 1. Cela caractérise une diver- l’efficacité quantique. Pour éviter
gence rapide d’orbites voisines dans cela, il est possible d’appliquer une
tout l’espace de phase, la distance QFT et de mesurer par ce biais des
entre elles augmentant avec le temps propriétés globales d’un nombre
comme exp(ht). En raison de cette exponentiel d’orbites, obtenant ainsi
instabilité, les erreurs d’arrondi dues une information nouvelle qui n’est
à la précision finie d’un ordinateur pas accessible efficacement classi-
classique vont se propager très vite quement.
dans le système. Par exemple, pour
un Pentium III en double précision, Un ordinateur quantique réaliste
l’orbite sera complètement modifiée comportera nécessairement des
après un nombre d’itérations t = 40. imprécisions dues au couplage avec
Même si la dynamique exacte est le monde extérieur qui feront que les
réversible, l’existence de ces fautes portes idéales seront remplacées par
couplée à l’instabilité du chaos des portes approximées qui vont
détruit la réversibilité de l’évolution introduire des fluctuations d’ampli-
du système dans le temps. tude ε dans les transformations uni-
taires associées. Il est important de
Grâce au parallélisme quantique, comprendre si la dynamique chao-
un ordinateur quantique peut simuler tique va entraîner une augmentation
l’évolution d’un nombre exponentiel exponentielle de ces fautes quan-
de trajectoires classiques en un temps tiques comme c’était le cas pour les
polynômial. Cela permet de calculer fautes d’arrondi dans l’ordinateur
de manière fiable des quantités glo- classique. La figure 1 montre un Figure 1 - Dynamique de l’application du chat
bales du système en dépit de l’insta- exemple de la dynamique donnée
d’Arnold simulée sur un ordinateur classique (à
bilité exponentielle qui amplifie très gauche) et quantique (à droite), sur un réseau
par l’application du chat d’Arnold de 27 ×27 points avec une seule cellule (L = 1
vite toute imprécision. Trois registres simulée par l’ordinateur classique et dans l’application du chat d’Arnold). Première
sont nécessaires, deux spécifiant les ligne : distribution initiale ; deuxième ligne :
par l’ordinateur quantique.
valeurs de x et y et un servant d’es- distributions après t = 10 itérations ; troisième
pace mémoire temporaire. En effet, Dans le cas de l’ordinateur clas- ligne : distributions à t = 20, avec renverse-
on peut construire sique, 10 itérations sont suffisantes ment du temps effectué à t = 10 ; dernière
un état initial pro- ligne : distributions à t = 400, avec renverse-
portionnel à ai, j |xi >|y j > |0 > pour que la faute minimale sur le
ment du temps effectué à t = 200. A gauche :
où les ai, j valent 0 ou 1, dernier bit détruise la réversibilité.
une erreur classique de la taille d’une cellule
1 i, j 2n . Il est possible d’effec- En revanche, dans le cas de l’ordina- (ε = 1/128 ) est effectuée au moment du renver-
tuer les deux additions conduisant teur quantique, la réversibilité est sement du temps uniquement ; à droite : toutes
à l’état ai, j |2xi + y j > préservée avec une bonne précision les portes quantiques opèrent avec des erreurs
quantiques d’amplitude = 0.01 ; la couleur
|xi + y j > |0 > de manière parallèle en présence de fautes quantiques
représente la probabilité |ai j |2 , de bleu (zéro) à
en seulement O(n) opérations, en avec une amplitude comparable. La rouge (maximale) ; n = 7 ce qui fait 20 qubits
utilisant uniquement n − 1 qubits précision du calcul quantique reste au total.
dans le troisième registre pour les raisonnable pendant un nombre
retenues. De cette façon, O(22n ) tra- d’itérations t f ∝ 1/(n 2 ). La raison
jectoires classiques sont simulées en physique de ce résultat réside dans le
même temps par un ordinateur quan- fait que chaque porte imparfaite
tique comportant 3n − 1 qubits au transfère une probabilité ε2 de l’état une très petite faute classique est très
total. D’autres applications chao- exact vers d’autres états. Ce résultat grande du point de vue quantique
tiques peuvent être simulées de souligne la nature très différente du (renversement d’un qubit) et se pro-
manière similaire en un nombre comportement des fautes dans le cal- page exponentiellement rapidement
polynômial de portes quantiques. cul classique et le calcul quantique. dans le calcul classique comme dans
Même une dynamique dissipative La théorie des perturbations quan- le calcul quantique. Chaque ordina-
menant à un attracteur étrange peut tiques explique la stabilité par rap- teur a donc son type naturel de fautes
être simulée de manière efficace. port aux erreurs quantiques. En qui se comportent très différemment
Après t itérations, l’état quantique du revanche, les fautes classiques ne dans le cadre de la dynamique chao-
système contient les positions des rentrent pas dans ce cadre car même tique.
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Mieux comprendre par la simulation numérique
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N = 2n . Une itération nécessite est l’amplitude du bruit. La décrois- et couple un niveau à n 2 autres
O(n 3 ) opérations pour le rotateur sance à taux peut être considérée niveaux au plus. Au-dessus de ce
pulsé et O(n 4 ) pour le potentiel de comme une manifestation de la seuil, les caractéristiques du chaos
double puits, contre O(N log N ) opé- décohérence, c’est-à-dire une perte quantique apparaissent, un nombre
rations sur un ordinateur classique. de la cohérence quantique due au exponentiel d’états sont mélangés,
L’élément essentiel de l’algorithme couplage avec l’extérieur du sys- les fonctions propres de l’ordinateur
quantique est l’utilisation de la QFT tème. La dépendance polynômiale isolé deviennent ergodiques et les
qui permet de passer efficacement de de dans le nombre de qubits niveaux d’énergie obéissent à une
la représentation θ à celle en
. montre qu’il est possible d’effectuer statistique de matrices aléatoires.
des simulations de systèmes quan-
La figure 3 montre un exemple Un exemple de « fusion » de l’or-
tiques de très grande taille sur des
d’une oscillation d’un « chat de dinateur induite par les couplages
ordinateurs quantiques réalistes.
Schrödinger » simulée par l’ordina- résiduels est montré sur la figure 4.
teur quantique en présence de bruit Ce processus commence au centre
dans les portes. Ce bruit induit une IMPERFECTIONS DE L’ORDINATEUR ISOLÉ de la bande d’énergie où la densité
décroissance des oscillations suivant d’états est maximale et touche peu à
une loi en e−t avec ∼ ε2 n 4 où ε Le bruit dans les portes considéré peu tout l’ordinateur quand le cou-
ci-dessus correspond à une décohé- plage J augmente. Il est clair qu’il
rence due à un couplage avec le est préférable d’opérer l’ordinateur
monde extérieur. Cependant, même en-dessous du seuil de chaos. Au-
en l’absence d’un tel couplage, un dessus du seuil, le chaos se déve-
ordinateur quantique isolé contient loppe sur une échelle de temps
des imperfections statiques. En effet, τ ∼ nδ/J 2 . Au-delà de τ, l’usage de
la distance en énergie entre les deux codes correcteurs d’erreurs quan-
niveaux peut varier d’un qubit à tiques sera nécessaire pour continuer
l’autre, dans un intervalle δ. De plus, le calcul. De tels codes ont été déve-
un couplage résiduel d’amplitude J loppés, permettant d’effectuer des
entre les qubits est toujours présent. calculs très longs en corrigeant au
En effet, une interaction entre qubits fur et à mesure les erreurs, pourvu
est nécessaire pour réaliser les portes que le bruit et les imprécisions quan-
quantiques. A première vue, il peut tiques restent suffisamment petits.
sembler que J est toujours plus
grand que la distance n entre les
niveaux voisins de l’ordinateur
quantique isolé. En effet, la densité
de niveaux augmente exponentielle-
ment avec n dans un tel système
quantique à n corps, donnant la loi
n ∼ δ×2−n où n est le nombre de
qubits dans l’ordinateur. On pourrait
penser que pour J > n les niveaux
sont mélangés par l’interaction entre
les qubits et que les états propres de
l’ordinateur sont fortement modifiés
par rapport à ceux de l’ordinateur
Figure 3 - Évolution du chat de Schrödinger parfait. Il est clair qu’il serait impos-
(paquet d’onde) animé par l’ordinateur quan- sible de limiter les interactions rési- Figure 4 - Fusion de l’ordinateur quantique
tique pour l’application quantique avec un duelles à de telles valeurs, même induite par le couplage entre les qubits. La cou-
potentiel de double puits. La probabilité de pré- pour quelques dizaines de qubits. leur reflète l’entropie des états propres qui
sence en θ (axe horizontal −π < θ < π ) est caractérise le mélange des états parfaits, du
représentée en fonction du temps t (axe verti-
Heureusement, le mélange de bleu (entropie nulle) au rouge (entropie maxi-
cal), de t = 0 (en haut) à t = 180 (en bas). Les niveaux n’apparaît en fait que pour male). Sur l’axe horizontal est représentée
paramètres sont ici K = 0.04, a = 1.6 , des valeurs de J beaucoup plus l’énergie des états propres de l’ordinateur
= 4π/N avec N = 2(n−1) . Le calcul quan- grandes, qui dépassent le « seuil de comptée depuis l’état de plus basse énergie.
tique est effectué avec n = 6 qubits, les portes chaos quantique » J > δ/n. Cette L’axe vertical correspond de bas en haut à des
sont imparfaites avec une amplitude de bruit valeurs croissantes du couplage résiduel J/δ ,
ε = 0.02. La couleur représente la densité de
valeur est beaucoup plus grande que de 0 à 0.5 . L’ordinateur quantique contient ici
probabilité, de bleu (minimale) à rouge (maxi- n (exponentiellement) et est liée au 12 qubits. Le seuil de chaos correspond à
male). fait que l’interaction est à deux corps J/δ ≈ 0.3.
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