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COMITE DIRECTEUR DU MOUVEMENT D’UNION CALEDONIENNE

LE 21 AVRIL 2018. Salle Socio-culturelle – Commune de Sarraméa (Xûa Chârâmèa)

PAYS CÎÎRÎ – REGION XÂRÂCUU

DISCOURS D’OUVERTURE DU PRESIDENT

Militantes, Militants bonjour

Sarraméa est certainement un des tous derniers CODIR qui se tiendra dans le cadre de la dernière mandature de
l’accord de Nouméa. Comme toutes les occasions de nous réunir, elles sont importantes pour le mouvement pour
décider de nos actions par rapport à nos motions et ce CODIR revêt tout particulièrement une importance capitale
car nous devons nous mettre en ordre de bataille pour la consultation référendaire.
Je remercie vivement notre comité local qui nous accueille et J’adresse avec une grande humilité et un grand
respect mon bonjour à tous les vieux du Pays XARACUU (xârâcùù). Je leur demande de nous guider dans un
dernier effort pour que notre peuple et les populations invitées, puissent accéder à notre dignité de femmes et
d’hommes libres.
Je salue et remercie les autorités coutumières de la région, les chefs de clans et familles pour l’accueil de ce
CODIR où nous devrons nous dire les choses. Merci pour la liberté de parole que vous nous accordez pour que
nous puissions faire le travail.
Enfin un grand merci aux mamans, aux jeunes et à tous les militantes et militants qui assurent l’intendance avec
abnégation et une grande compétence pour que ce comité se tienne dans les meilleures conditions.

Nous sommes rentrés dernièrement du dernier comité des signataires de l’Accord de Nouméa et le point central
des discussions était de s’entendre sur la validation de la date et la formulation de la question de la consultation
référendaire. Nous pouvons affirmer que cette question est conforme à ce que les indépendantistes disent depuis
toujours et qu’elle ne déroge pas à l’esprit de l’Accord de Nouméa.
Ce point a été âprement discuté et les loyalistes souhaitaient avec insistance que la question porte sur l’accession
à l’indépendance ou un retour dans la France.


Voilà vingt ans qu’ils défendent ce retour dans la France, alors que la question négociée et signée le 5 mai 1998,
par Jaques Lafleur, Pierre Frogier, Simon Louechote, Jean Lèques et Bernard Deladrière, dans le cadre de
l’accord de Nouméa, portait sur l’accession ou non à la pleine souveraineté, sans jamais qu’il soit question d’un
retour dans la France.
Mensonges ou jeu de dupes, en tous les cas beaucoup d’électeurs calédoniens auront été trompés et abusés, car
vingt ans durant ils leur ont fait espérer ce retour dans la France.
Lors des discussions, après beaucoup d’insistance et des joutes assez sévères et relevées, ils ont fait rajouter le
mot indépendance. Alors qu’ils crient victoire pour ne pas perdre la face, nous y voyons le ralliement au discours
datant de 1988 de notre Président Jean Marie Tjibaou. Les choses ont donc bien évolué et c’est tant mieux, car il
parlait déjà « de souveraineté et d’indépendance », et reliait les deux termes en expliquant leurs sens utiles dans
son livre « Théories et pratiques Kanak de la souveraineté » en page 103.

Avant de me rendre à Paris, je suis passé par la Polynésie au titre de porte-parole du FLNKS à l’invitation du
Président du TAVINI, Monsieur Oscar TEMARU qui tenait son congrès. Nous avons également rencontré toutes
les composantes de la vie politique polynésienne.
Nous avons porté un message fort de paix, au peuple polynésien concernant leurs citoyens vivant en Nouvelle
Calédonie pour leur dire de ne pas s’inquiéter sur leur avenir. Ils y ont toute leur place.
Ce message a été reçu haut et fort et nous remercions vivement les polynésiens, toutes composantes confondues
pour leur légendaire accueil et l’intérêt qu’ils portent à la question calédonienne et le référendum. Eux aussi auront
leurs élections demain et nous leur souhaitant le meilleur pour leur Pays. Plusieurs d’entre eux viendront nous
soutenir en septembre. Je vous porte un message d’amitié et fraternité océanienne de la part de tous les partis
politiques polynésiens.
A Paris nous avons également rencontré toutes les forces anti coloniales et beaucoup d’associations soutiennent
notre lutte et participeront activement à leur niveau, pour sensibiliser le peuple français sur ce référendum. Qu’elles
en soient vivement remerciées.
Nous avons rencontré un représentant des forces séparatistes basques et nous avons programmé un séminaire
des nationalistes de France en septembre 2018 à Bruxelles pour sensibiliser la communauté européenne. Nous
les remercions également.
Voilà très succinctement un rendu de ce voyage et de ces rencontres faites sous l’égide de ma mission de Porte-
parole du FLNKS.

Lors de nos entrevus, nous avons constamment rappelé le sens que nous donnons à cette consultation
référendaire, à savoir :
• Le premier sens du référendum est l’invitation du peuple premier faite à toutes les communautés invitées à
choisir pour faire le pays souverain avec nous.
• Le deuxième sens à donner est le constat de la fin officielle de la colonie de peuplement avec l’avènement du
corps électoral des listes provinciale et référendaire.
• Le troisième est la restitution de l’identité Kanak préalable à la nouvelle souveraineté et nous attendons de
l’Etat, comme négocié dans l’accord de Nouméa, qu’il le fasse et nous dise le contenu de cette restitution.
Nous devrons également parler à un moment de la dette coloniale.


La route s’ouvre vers cette consultation référendaire et nous devons faire l’unité. Je vous le demande depuis
plusieurs années car unis, nous convaincrons et porterons le discours officiel de l’Union Calédonienne, celui
décidé par nos militants.
Cette unité de parole apportera de la clarification, car aujourd’hui les tergiversations de certains indépendantistes
sèment le trouble dans l’esprit de la population. Nous n’avons pas besoin de cela et ceux qui préparent déjà les
élections provinciales de 2019 doivent s’effacer devant l’intérêt supérieur du peuple Kanak c’est-à-dire l’accession
à sa pleine et entière souveraineté.
Dans le cadre du processus de décolonisation engagé en 1986, il n’y a que deux interlocuteurs reconnus par
l’ONU : l’état français et le FLNKS représentant le peuple premier. Personne d’autre. Toutes les composantes du
front doivent être mobilisées sur l’enjeu de l’UNITÉ et s’aligner pour garder une cohésion politique. Je vous redis,
un peuple qui perd UNI est un peuple qui a été rendu minoritaire chez lui. S’il perd parce qu’il est DESUNI, qu’elle
crédibilité gardera t’il pour la suite de sa revendication ?
Les partis indépendantistes qui ne s’aligneront pas, marqueront ainsi leur position quant à la question de
l’indépendance. Ce sera le premier référendum en interne sur l’indépendance, un test intéressant pour le monde
indépendantiste...

Seule la ligne politique de l’Union Calédonienne doit compter et être portée. Les militants de notre mouvement qui
sont dans le RIN doivent choisir, Ils restent à l’Union Calédonienne ou alors ils s’en vont avec le RIN. Ils ne
tromperont plus personne avec le discours pseudo révolutionnaire qui ne sert qu’à attiser des vielles querelles d’un
autre temps et faire peur. Ils sont les vrais alliés de la droite locale et aurait bien plus leur place dans les
républicains calédoniens ou le Front National pour défendre le maintien de la France.
Pour être encore plus clair et cohérent, j’annonce que l’Union Calédonienne ne fera pas de listes communes dans
Sud pour les élections de 2019. Elle portera seule le programme de l’Union Calédonienne et de sa ligne politique.
Plutôt que d’aller crier dans les rues « les blancs dehors, faire des revendications de terres hasardeuses ou dire
que les dirigeants FLNKS auraient invité le Président MACRON à Ouvéa » ces personnes sont forcément guidés
par des personnes non Kanak car ces slogans sont contre toutes les valeurs KANAKS.
Je rappelle que nous avons donné notre parole pour qu’il y ait un peuple calédonien et nous ne pouvons pas la
renier. Je rappelle que les terres claniques doivent être revendiquées par les clans propriétaires et non des clans
arrivés, et enfin au nom de la coutume KANAK, il est impossible qu’un Kanak ne s’aventure à lancer une invitation
à une personnalité sur la terre d’un clan.
Je m’interroge vivement sur les motivations de ceux qui déclarent une telle énormité dans une émission de
télévision, venant de personnalités Kanak en mal de reconnaissance, ce ne peut être que de la démagogie
politicienne.
Nous ne cautionnerons plus ces écarts et atteintes à l’unité, nous devons nous concentrer et savoir comment
convaincre les autres par le pari sur l’intelligence comme nous nous y sommes engagés.

Les calédoniens non indépendantistes ont peur de ce trou noir du lendemain, et nos insuffisances et nos erreurs
de communication ne les encouragent pas à venir avec nous.
De plus en plus ; ils sont convaincus et nous le voyons chaque jour car nous sommes interrogés, questionnés et
encouragés. Il suffirait de lever ces doutes et ces peurs, car ils veulent savoir comment nous financerons nos


besoins budgétaires, comment se passera l’éducation, la santé, la solidarité sociale, le respect de la propriété
privée.
Nous avons ces réponses et nous devons les donner et nous expliquer pour que tous adhèrent et c’est ainsi que
nous convaincrons.

Les calédoniens ont marre de notre système actuel de société, ils n’en peuvent plus et sont de plus en plus
sollicités sur leurs deniers personnels. Notre système dérive inexorablement et ce sont toujours les petites classes
qui trinquent et les nantis ne paient pas, pourtant ils évadent, ils pillent. Tout ceci est très favorable pour notre
combat et notre projet indépendantiste car nous voulons le mieux vivre, le partage.
L’indépendance n’est pas la rupture avec la France ou la région, telle qu’elle est décriée par les loyalistes, c’est
avant tout le changement de notre société pour que cessent la gabegie budgétaire, le pillage économique
orchestré par les multinationales, l’impossibilité d’accéder à notre ressource, mais aussi changer les gouvernances
de nos administrations et du Pays.

Je vous ai annoncé qu’au lendemain du référendum plus rien ne serait comme avant, et bien c’est nous allons faire
et entreprendre dès maintenant. L’union Calédonienne dénoncera avec force tous ces travers de notre vie
économique et politique qui nuit aux intérêts du peuple calédonien. Nous porterons l’avènement d’un nouveau
modèle social. Nous poserons systématiquement des questions aux administrations, aux responsables politiques
et aux personnes concernées pour comprendre certains us de la vie locale et certaines pratiques perverses de
notre économie.
Je prendrai un seul exemple pour illustrer ce qui va se passer, le gouvernement s’est doté d’une politique de
transition énergétique que nous soutenons. Tous les derniers quotas de l’an dernier, ont été attribués à une
société française, la société QUADRANT, qui n’investit rien dans ce pays, bénéficie de défiscalisation, ne fait pas
travailler les entreprises locales ni la main d’œuvre locale. Elle se trouve attributaire de l’ensemble des derniers
quotas alors qu’elle n’est pas la mieux disante et surtout qu’elle est payée 5 Francs plus cher pour la production
d’un KWH que son concurrent direct. De qui se moque t’on et cela coutera aux contribuables calédoniens, pour
une ferme de 12 MGW, une somme supérieure à 100 millions par an et sur 20 ans, environ de 2 milliards.
Ces attributions douteuses vont faire que nous rebâtissons de nouveaux monopoles pour des sociétés extérieures
et c’est encore du pillage qui s’installe. Nous enquêterons sur ce dossier et n’hésiterons pas à alerter le procureur
de la République pour révéler des faits délictueux si besoin.
Nous le ferons désormais systématiquement dès que nous aurons connaissance de nouveaux dossiers et nous
avons hélas de nombreux autres exemples. Nous pouvons déjà citer d’autres cas sur lesquels nous interviendrons
dans les semaines à venir :
1. OPT, Citius, le câble sous-marin,
2. Enercal, la centrale à gaz et les attributions de fermes solaires,
3. la royaltie minière Nickel, Cobalt et autres métaux rares,
4. Les monopoles des multinationales.
5. La calédonisation des emplois de la fonction publique et des organismes para-administratifs, et
nous donnerons 2 ans aux institutions pour mettre en œuvre cette mutation.
6. Les embauches non locales.


Nous poserons ainsi des ultimatums, et informerons la population calédonienne. Nous irons jusqu’à la mobilisation
de nos bases si il le faut et si l’intérêt du Pays est reconnu.

Pour conclure, l’actualité politique reste la venue du Président MACRON le 5 mai prochain. Nous l’accueillerons
comme le veux notre tradition, et ce sera l’occasion de discuter avec notre colonisateur de notre avenir pour lui
expliquer les enjeux et nos visions pour notre futur pays.
Nous lui demanderons quel sens, donne t’il en tant que Président de la France en 2018, à une prise de possession
unilatérale faite en 1853, et le maintien d’un lien de sujétion sur un peuple premier, lui qui a reconnu que la
colonisation était un crime contre l’humanité.
On nous demande de reconnaitre dans le document sur nos valeurs porté par le Premier ministre Edouard
Philippe, le préambule de la constitution de 1946. Or pour les quatre derniers paragraphes, la France n’arrivent
même pas à les respecter et à les appliquer, notamment la décolonisation.
Nous sommes prêts à discuter de ces points de litiges qui figent notre histoire et notre évolution. Nous devons
envisager avec lui des solutions d’avenir pour que notre identité soit ainsi restituée conformément à l’accord de
Nouméa et que les intérêts supérieurs de la France soient préservés. Nous sommes convaincus que la Nouvelle
Calédonie et la Kanaky demain pourra jouer un rôle dans ce domaine. C’est ce que nous appelons les
interdépendances.

Militantes et militants, telles sont les pistes à explorer et je vous invite à y réfléchir pour porter le débat entre nous.
Je déclare ce comité directeur ouvert, que nos travaux soient fructueux et qu’ils nous engagent irrévocablement
sur le chemin de notre émancipation, de notre dignité et notre liberté. J’appelle à l’unité des forces
indépendantistes et progressistes. J’appelle tous les calédoniens à nous rejoindre pour qu’ils participent à la
construction de leur pays.

Daniel Goa
Président de l’Union Calédonienne.

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