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Cameroun:Equilibre régional ou projet national ?

Extrait du AEUD.INFO : L'action prend corps


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Cameroun:Equilibre régional
ou projet national ?
- ACTUALITE - Société -

Date de mise en ligne : vendredi 20 juillet 2012

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Cameroun:Equilibre régional ou projet national ?

Par Franklin Nyamsi

Agrégé de philosophie

Paris, France

La publication récente d'une lettre de Monseigneur Tonye Bakot, Archevêque de Yaoundé et Grand Chancelier de
l'Université catholique d'Afrique centrale replace au coeur du débat l'une des épines dorsales de la crise du
vivre-ensemble au Cameroun : la question ethniciste. En celle-ci, j'ai vu depuis belle lurette l'une des sources vives
du ravitaillement quotidien de l'obscurantisme et du dogmatisme à la camerounaise. Quelques polémiques
désormais célèbres, m'ont du reste, en ces matières, opposé ces derniers mois aux prétentions des Mono Ndjana,
Mouangué Kobila, Shanda Tonmé, entre autres, à nous priver du fond du débat sur l'ethnicisme. Privés de
citoyenneté par 60 ans de mascarades électorales et de bricolages politiciens, livrés à la misère rampante par 50
ans d'indépendance gérée par une élite anti-nationale, privés d'éducation, de santé et d'avenir par deux régimes
violents et ivres de mensonges, les Camerounais se sont repliés dans leurs bantoustans ethniques, espérant y
trouver l'ultime barrage contre la malemort et l'insignifiance sans vergogne qui les étreignent. A la misère matérielle,
l'empire ubuesque de la corruption d'Etat dans les moeurs collectives a ajouté les affres d'une misère morale et
intellectuelle qui désormais, s'attaque aux fondements même de la spiritualité de la personne humaine, telle que la
proclament les textes les plus généreux du christianisme. Incapable de construire un paradigme d'universalité
exemplaire pour la communauté nationale, voici que les universités elles-mêmes s'agenouillent devant le veau d'or
du repli ethniciste. Lorsque l'université d'un pays ne pense plus l'universel, n'est-ce pas une saison de machettes
qu'on prépare ? Lorsque l'Eglise, cette vocation à la communion intérieure des personnes morales, se sent
prisonnière des ornières de l'ethnie, n'est-ce pas l'enfer même qui nous sourit ? N'est-ce pas ce que révèle le
désarroi profond de la lettre sortie de la plume de l'Archevêque de la capitale à l'adresse d'un de ses administrés ?
J'aimerais cependant aller plus loin que les seuls cris d'orfraie qu'on entend pousser çà et là dans la plaine de
l'opinion nationale et internationale camerounaise. Contrairement à la vulgate émotionnelle qui se répand dans les
ondes de la médiasphère, je soutiens que paradoxalement, Monseigneur Tonye Bakot ne fait que mettre en
application les principes énoncés dans les revendications ethnicistes des professeurs Kobila, Shanda, voire même
dans la théorie de la « justice ethnique » élaborée par le Dr. Ernest Mbonda, professeur de philosophie à l'Université
catholique de Yaoundé. Ironie du sort. Comment reprocher à Monseigneur Bakot de vouloir rétablir les quotas qu'on
voudrait faire respecter par le régime impénitent de Paul Biya ? Je voudrais donc, dans la présente tribune, rappeler
d'abord en quoi les principes des revendications ethnicistes renvoient à la continuation abusive de la propagande
mensongère dite de « l'équilibre régional » ; ensuite, j'aimerais montrer que Monseigneur Bakot, comme tous les
doctrinaires de l'équilibre régional « amélioré » par la surenchère à la majorité ou à la minorité ethnique, ou sous les
concepts de justice ethnique, se trompe profondément de projet collectif pour le Cameroun ; enfin, j'insisterai de
nouveau sur la seule voie de succès qui s'offre au peuple camerounais, à savoir la construction d'une nation
démocratique, pluraliste, solidaire, écologique et prospère, où la question ethniciste sera liquidée par la réalisation
acharnée et déterminée de l'Etat-national. C'est le projet upéciste qui est l'humanisme camerounais par excellence.

Une analyse du courrier du 12 juin, adressé par Mgr Bakot au Révérend Père Martin Briba sous le n° de référence
VTB/06/12/106/2263/een, montre d'emblée qu'il s'agit de la poursuite d'une tâche que l'institution lui aurait
collectivement confiée, à savoir « se pencher sur les statistiques des étudiants et des enseignants de la faculté de
sciences sociales et de gestion », lesquels travaux se seraient du reste poursuivis « du 07 au 09/06/12 ». Ainsi, la
question « statistique » est loin d'être une affaire taboue à l'Université catholique d'Afrique centrale, puisqu'en moins
d'une année, entre 2011 et 2012, pas moins d'une demi-dizaine de réunions l'ont mise à l'ordre du jour. Mais, par
quel extraordinaire phénomène de cristallisation les statistiques des étudiants et des enseignants, fait banal de

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monitoring éducatif, ont retenu comme unique critère de classification l'appartenance ethnoculturelle des concernés
? Pourquoi n'avoir pas, par exemple, pris en compte les critères intellectuels, économiques, géographiques, les choix
d'orientation, ou tout simplement le déterminisme fluctuant du hasard ? Il y a dans le courrier de Mgr Bakot,
omission absolue de cette précaution épistémologique élémentaire en matière de statistiques appliquées au
recrutement universitaire. Pourtant, je suis loin d'être surpris par cette omission. C'est un effet de la normalité
ambiante au Cameroun de Paul Biya. Elle révèle le paradigme qui gouverne la moralité politique là-bas. Lequel ?
C'est la notion qui veut que la citoyenneté commence chez nous par l'appartenance ethnique et que par conséquent,
l'individu doive être a priori intégré dans la nation à partir de cette grille primaire. On connait le poids de plus en plus
massif de la fameuse question : « tu es d'où ? » au Cameroun d'aujourd'hui. Que de Camerounais vous diront
aujourd'hui encore : « je suis d'abord de mon ethnie avant d'être du Cameroun » ? N'est-ce pas que Shanda se
définit d'abord comme Bamiléké, tandis que Kobila se définit d'abord comme Duala ? Combien d'entre-nous avons
encore la lucidité de nous considérer simplement d'abord comme des êtres humains avant de nous attribuer comme
des hérédités éternelles, les déterminismes de nos héritages culturels ? C'est dans la défense de la citoyenneté
ethnique que Mgr Bakot - qui n'en est pas à son premier mouvement d'humeur ethniciste- puise son référentiel
aveugle. Largement revendiquée par les Shanda et Mouangué Kobila, mais aussi par le philosophe Ernest Mbonda,
la citoyenneté ethnique est le refus du plus grand mouvement de transcendance au Cameroun, ce vouloir-vivre
ensemble impulsé par le projet national upéciste des années 50 qui s'engageait à fonder le pays sur les trois bases
de son triptyque : la souveraineté démocratique et citoyenne, l'unité nationale, l'élévation socioéconomique et
culturelle de tous. Sans s'en rendre explicitement compte, la citoyenneté ethnique, c'est l'idéologie différentialiste et
primitiviste nourrie par l'administration coloniale française au Cameroun d'une part, par les réflexes ethnocentristes
propres aux groupes socioculturels humains en général, mais aussi par l'échec du projet national à répondre aux
aspirations légitimes des peuples africains, d'autre part. Ce paradigme, dis-je, c'est le mythe éculé de l'équilibre
régional, cette fausse bonne idée qui veut que la justice politique au Cameroun procède essentiellement d'une
distribution équitable des richesses et positions sociopolitiques entre les deux cent cinquante groupes ethniques qui
composent le pays, et que certains ont cru bon de compartimenter en cinq grands ensembles géostratégiques clos :
le grand Nord, le grand Centre-Sud-Est, Le grand Ouest, le pays Sawa, et le Cameroun anglophone. Mgr Bakot veut
justement rétablir un équilibre ethnique là où il croit percevoir objectivement un déséquilibre ethnique. Qui, des
grands défenseurs d'une meilleure application de l'équilibre régional pourra légitimement le lui reprocher ? Deux
hypothèses absurdes s'imposent dès lors, dans le réduit mental étriqué de l'équilibre régional, bien entendu : ou bien
on présuppose que les Bamiléké sont majoritaires dans la démographie du pays, et dans ce cas il serait normal que
Mgr Bakot entérine leur présence majoritaire dans les effectifs de l'Université Catholique ; ou bien on doute de cette
présupposée majorité démographique des Bamiléké, et alors, Mgr. Bakot serait fondé à rétablir une péréquation des
statistiques ethniques dans cette université. Mais qui ne voit pas que dans les deux cas, le réductionnisme ethniciste
du problème politique national tournerait toujours à plein régime ? N'est-ce pas Mgr. Bakot qui écrit : « A valeur
égale sur le plan intellectuel, il faudrait penser aussi à recruter des enseignants venant d'autres régions, et si
possible, respecter les quotas de telle manière que l'Ouest ne soit plus majoritaire en enseignants associés ni en
enseignants permanents » ? On peut seulement se demander comment un prélat de ce rang ne voit pas qu'il fout
ainsi le doigt dans un bien infernal engrenage. Car si l'on doit procéder ainsi pour les enseignants de l'Université
catholique de Yaoundé, comment procéder ainsi pour le recrutement des étudiants dans une université privée
comme celle-là, dont la scolarité individuelle coûte près d'un million de francs cfa par an aux familles, sans compter
les frais de logement, de sustentation, de santé, de transport, de documentation, etc ? Comment faire de l'équilibre
ethnique entre les enseignants si au recrutement, seuls finalement sont scolarisés, ceux qui peuvent bourse délier
pour une si onéreuse formation ? Singulière imprudence, Monseigneur. Les voies du Cameroun de demain vous
restent décidément impénétrables. On le sait, en soixante ans de désillusions. L'équilibre régional n'a pas été
réalisé, parce qu'il est foncièrement irréalisable au regard de la distribution et de la dynamique des mixités ethniques
en cours. Les ethnies ne sauraient être fossilisées, elles ont une histoire. L'Etat national, après l'Etat colonial, devait
leur en donner une nouvelle, dans le cadre d'une vision cosmopolitique de l'intégration africaine. Hélas, l'Etat
postcolonial a zappé cette orientation sublime et a aggravé les abîmes du repli identitaire. On le sait, en soixante
ans de dépits. L'équilibre régional a été exploité par les régimes Ahidjo et Biya pour constituer, chacun à son compte
des Réseaux Oligarchiques Centraux, dont le coeur appartenait à la contrée du président, la périphérie étant assurée
par des comptoirs d'oligarques de toutes les ethnies où des opportunistes efficaces étaient cooptables. On le sait.
La revendication par les élites du Nord de faveurs exclusives pour leurs cadets, comme la revendication par

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certaines élites Sawa d'un statut de citoyens péagistes éternels de la République, ou encore la revendication par
certaines élites Bamiléké du droit à la sur-représentation politique en raison d'une prétendue majorité
démographique, tout comme la revendication par certaines élites Béti du droit de préemption naturelle sur la
magistrature suprême du Cameroun, renvoient uniformément à la même cécité : celle qui croit qu'on peut faire
régner la justice au Cameroun en appliquant une bonne politique de quotas entre les ethnies. La politique de
l'équilibre régional doit résolument être derrière-nous, ou alors, nous lui paierons une terrible dîme de sang, de
larmes et de sueurs. Mais comment, pourtant, Mgr Bakot peut-il penser autrement, si un professeur de philosophie
de sa propre université, le Dr. Ernest-Marie Mbonda, sans doute obnubilé par sa prétendue citoyenneté ethnique
primordiale de Bamiléké, croit avoir trouvé la panacée au problème national camerounais quand il écrit dans son livre
: « Aux revendications identitaires, il est devenu dès lors inefficace ou en tout cas insuffisant de répondre par les
simples appels à l'oubli de soi, au nom de la mystique de l'unité nationale. Ce que suggère en premier lieu la notion
de « justice ethnique », c'est une voie de sortie de l'ethnicité de la « clandestinité » dans laquelle elle a été
longtemps tenue, donnant lieu, sous couvert des idéologies insidieuses de l'unité et de l'intégration nationales, à la
manipulation clientéliste. On propose ici un plaidoyer en faveur d'une certaine institutionnalisation de l'ethnicité, qui
viendrait se substituer à sa redoutable manipulation coloniale et postcoloniale. »[1] Le propos ci-dessus est
inapplicable, comme nous l'allons montrer, au cas du Cameroun et par extension, ne saurait servir de paradigme
pertinent à la modernisation politique de l'Afrique. D'abord, Mbonda attribue l'épithète de « mystique » à la quête de
l'unité nationale au Cameroun ? Mbonda confond sans coup férir l'instrumentalisation de l'unité nationale par les
dictatures postocoloniales avec l'usage qu'en firent les combattants de la liberté et de la dignité des Africains. Je lui
répondrai donc volontiers que pour Um Nyobè, Ouandié, Moumié, Ossendé Afana, l'unité nationale n'était pas une
mystique, mais un combat historique et tragique pour l'émergence d'une dignité humaine partagée par toutes les
populations colonisées du Cameroun. Ensuite, Mbonda estime que l'ethnicité a été tenue en clandestinité ? Il
confond l'attitude des régimes héritiers de l'ordre primitiviste et différentialiste du colon, avec celle des forces
civiques africaines qui, dans le cas du Cameroun par exemple, se réglaient sur la pensée suivante de l'UPC du
Mpodol Ruben Um Nyobè : « Le tribalisme est l'un des champs les plus fertiles des oppositions africaines. Nous ne
sommes pas des « détribalisateurs » comme d'aucuns le prétendent. Nous reconnaissons la valeur historique des
ethnies de notre peuple, c'est la source même d'où jaillira la modernisation de la culture nationale. Mais nous n'avons
pas le droit de nous servir de l'existence des ethnies comme moyen de luttes politiques ou de conflit de personne. Or
à quoi assistons-nous ? Nous assistons précisément à l'utilisation du tribalisme et du régionalisme comme moyen de
pression politique. »[2]

Bien comprendre le mot du Mpodol qui précède, c'est saisir, contre l'institutionnalisation des ethnies que
revendiquent plus ou moins explicitement avec des originalités certes variées, Shanda, Mouangué Kobila, Mbonda et
bien sûr Paul Biya et Mgr Bakot, l'essence de l'intention politique de l'upécisme. Quelle est-elle ? L'upécisme c'est la
vision d'un Etat national basé sur un humanisme africain radical. Um Nyobè la comprime dans l'expression « valeur
historique des ethnies ». C'est dans l'histoire que l'ethnie apparaît, non dans un ciel des Idées archétypiques. Elle est
donc davantage une pâte à modeler qu'un emblème a priori consacré. On modèle une pâte pour en tirer le meilleur,
ou alors on n'est qu'un bousilleur. Or, en cherchant bien dans l'expression culturelle de nos ethnies, nous pouvons
rencontrer l'idée universelle de l'homme qui bâtira le Cameroun et l'Afrique. C'est la vision upéciste que certains
s'empressent injustement d'enterrer avec la mystique des bonimenteries rdpcistes de « l'unité nationale ». La vision
upéciste signifie que le fait humain est supérieur au fait ethnique, qu'une personne est d'abord et surtout humaine
avant n'importe quelle autre détermination. Um n'importe pas cette idée de l'Occident. Elle fait partie des possibles
de la pensée africaine elle-même. On trouve, dans les terroirs camerounais d'alors, des idées de l'humain qui ne se
réduisent pas au tribal ou à l'ethnique, qui échappent hélas aux ornières de nos philosophes du bantoustan. Le
modèle politique upéciste fait de l'ethnie une création, une construction, une variable d'étape de l'expression
humaine. Il s'agit d'une mise en valeur de la grandeur que confère la vie symbolique de l'humain. Non point que
l'ethnie doive être dépassée pour accomplir l'Etat-Nation. L'humain est plus ancien que l'ethnie. Il doit aussi pouvoir
lui survivre. Dans tous les cas, l'humain importe plus que tout. Il est la pierre de touche des grandes civilisations. Il
s'agit donc, chez Um et ses compagnons de l'UPC, de produire un Etat qui élimine toutes les formes d'aliénation
favorisée par l'historicité ethnique elle-même. Le statut des femmes, le statut des enfants en héritage, le statut
régalien des chefs traditionnels abusifs, la gestion des terres et du patrimoine, la modernisation du système éducatif,
la construction d'une citoyenneté égalitaire devaient passer non pas par l'institutionnalisation de chacun des 250

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groupes ethniques du Cameroun, mais par la critique historique, par la transformation matérielle et théorique des
pratiques régnantes au nom d'une idée de l'homme qui transcende toutes les appartenances historiques sans les
nier pour autant.

Il s'agit donc d'ores et déjà de reprendre en main, le projet national camerounais. Dans la république upéciste que
nous espérons, celle pour laquelle la marche de notre peuple commença il y a plus d'un demi-siècle, voici comment
peuvent se résoudre les scandales ethnicistes des universités camerounaises : par une révolution de la méthode, qui
privilégierait d'emblée, contre les arguties des coteries ethnicistes qui campent et se cramponnent arrogamment sur
des pans entiers de nos universités, l'exigence révolutionnaire d'un enseignement supérieur de masse, mobilisant les
meilleures ressources du pays à l'éducation nationale et à la formation exemplaire de tous les enfants du pays en
capacité d'apprendre et d'entreprendre.

Dans le Cameroun pour lequel j'ai pris langue avec le destin, les Universités privées seront contraintes de pratiquer
des taux de scolarités compatibles avec le niveau de vie moyen des populations, et pourront d'ailleurs sous des
conditions équitables, bénéficier de subventions publiques qui rendront superflues les statistiques ethniques
honteusement proférées sous nos yeux ahuris dans les temples du savoir. Dans ce Cameroun qui vient, l'on aura
résolument choisi le projet national contre l'équilibre régional. C'est le seul choix qui nous appelle, Camerounaises et
Camerounais. Et seul ce choix nous éloignera durablement des saisons de machettes que nous redoutons à bon
droit.

Paris, le 20 juillet 2012.

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