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D A C I A
R E V U E D ’ A R C H É O L O G I E
ET D’HISTOIRE ANCIENNE
NOUVELLE SÉRIE
LVIII
2014
Rédacteur en chef :
ALEXANDRU VULPE
Collège de rédaction :
MARIA ALEXANDRESCU VIANU (Bucureşti), ALEXANDRU AVRAM (Le Mans), DOUGLAS W.
BAILEY (San Francisco), MIHAI BĂRBULESCU (Cluj-Napoca), PIERRE DUPONT (Lyon), SVEND
HANSEN (Berlin), ANTHONY HARDING (Exeter), RADU HARHOIU (Bucureşti), ATTILA LÁSZLÓ (Iaşi),
SILVIA MARINESCU-BÎLCU (Bucureşti), MONICA MĂRGINEANU-CÂRSTOIU (Bucureşti), VIRGIL
MIHAILESCU-BÎRLIBA (Iaşi), JEAN-PAUL MOREL (Aix-en-Provence), IOAN PISO (Cluj-Napoca),
CLAUDE RAPIN (Aix-en-Provence), WOLFRAM SCHIER (Berlin), VICTOR SPINEI (Iaşi)
Comité de rédaction :
CRISTINA ALEXANDRESCU, ALEXANDRU DRAGOMAN, EUGEN NICOLAE, ALEXANDRU NICULESCU,
CONSTANTIN C. PETOLESCU, DANIEL SPÂNU
© 2 0 1 5 , E D I T U R A A C A D E M I E I R O M Â N E
www.ear.ro
ACADÉMIE ROUMAINE
INSTITUT D’ARCHÉOLOGIE «V. PÂRVAN»
SOMMAIRE
CONTENTS
I N H A L T
ÉTUDES
NOTES ET DISCUSSIONS
SORIN COCIŞ, VITALIE BÂRCA, The “Sarmatian” brooches (headknob and full catchplate variant,
Almgren Group VII, Series I) in the Dacia province and the Barbarian environment of the Tisza
River Basin ........................................................................................................................................ 189
FLORIN-GHEORGHE FODOREAN, The Danubian road from Viminacium to Durostorum in the Roman
itineraries ........................................................................................................................................... 215
SORIN NEMETI, FELIX MARCU, A funerary aedicula wall from Şoimeni (Cluj county)........................ 231
IRINA NEMETI, SORIN NEMETI, Heros equitans in the funerary iconography of Dacia Porolissensis.
Models and workshops....................................................................................................................... 241
ÉPIGRAPHIE
CÉDRIC BRÉLAZ, Inscriptions de Macédoine Orientale dans la correspondance entre Fauvel et Barbié
du Bocage........................................................................................................................................... 257
ALEXANDRU AVRAM, Inscriptions d’Istros............................................................................................. 271
VALENTIN BOTTEZ, Three new inscriptions from Istros.......................................................................... 285
CONSTANTIN C. PETOLESCU, Notes prosopographiques (VII) .............................................................. 293
LUCREŢIU MIHAILESCU-BÎRLIBA, Une nouvelle inscription de Topolog (Mésie Inférieure).............. 303
MIRCEA BABEŞ, CĂTĂLIN I. NICOLAE, Rival archaeological congresses in inter-war Europe ............ 309
RADU-ALEXANDRU DRAGOMAN, SORIN OANŢĂ-MARGHITU, Romanian Archaeology in the
Neoliberal era: fragments ............................................................................................................................... 325
COMPTES RENDUS
A. V. Simonenko, Rimskij import u sarmatov Severnogo Prichernomor’ya [Roman Import for the Sarmatians of
North Pontic Region], St. Petersburg State University, Faculty of Philology – Nestor Historia, St.-
Petersburg, 2011, 271 p., 117 fig. (Vitalie Bârcă) ......................................................................................... 349
Mihai Bărbulescu, Inscripţiile din castrul legionar de la Potaissa. The Inscriptions of the Legionary
Fortress at Potaissa, Editura Academiei Române, Bucharest, 2012, 288 p. (Liviu Petculescu) ........ 358
Michel Sève et Patrick Weber, Guide du forum de Philippes, Sites et monuments 18, École française
d’Athènes, Athènes - Paris, 2012, 91 p. avec 60 fig. (Alexandru Avram) .......................................... 362
NÉCROLOGIE
ALEXANDRU AVRAM*
Il y a quelques années, je faisais le point sur des addenda et corrigenda au corpus des inscriptions
d’Istros (ISM I) publié par D. M. Pippidi en 19831. Depuis lors, plusieurs autres inscriptions ont été
éditées ou rééditées avec des remarques critiques2. J’y ajoute à cette occasion quelques fragments
recueillis au fil du temps pendant les campagnes de fouilles entreprises annuellement dans le téménos
(« zone sacrée ») d’Istros3. La moisson est assez modeste, il est vrai : il n’empêche que, fidèle au projet
porté par l’équipe chargée des fouilles dans la « zone sacrée », qui propose de publier l’ensemble des
trouvailles archéologiques et épigraphiques issues de nos fouilles, je juge utile de présenter dans ce qui
suit une dizaine de menus fragments d’inscriptions grecques sur pierre, posant presque chacun quelques
problèmes plus ou moins importants. Les graffiti découverts pendant les mêmes campagnes de fouilles
seront prochainement publiés par Iulian Bîrzescu, mon proche collaborateur, que je remercie également
pour l’illustration accompagnant cet article.
1. Fig. 1. Fragment supérieur droit d’une stèle en marbre à fronton et acrotères, trouvé pendant la
campagne 1994 dans la couche de destruction de la fin du VIe et du début du VIIe siècle apr. J.-C. parmi
plusieurs débris d’édifices écroulés au moment de l’abandon de la ville (carré C7). L’acrotère central et
celui de l’extrémité droite sont conservés, bien qu’endommagés, de même que la partie supérieure du
bord droit.
H = 0,155 m. L = 0,120 m. Ép. = 0,055 m.
Écriture assez soignée, mais avec des lettres gravées de manière superficielle, difficilement lisibles ;
alpha à la barre médiane brisée, pi au pied droit sensiblement plus court que l’autre, oméga à pieds
obliques ; h = 0,8-0,9 cm.
Seule chose que les lettres conservées permettent de rétablir est qu’il s’agit du commencement d’un
décret.
K. Maurer, Bemerkungen zu Inschriften des westpontischen Koinons (Adnotationes epigraphicae III, 26-32), Tyche
27, 2012, p. 229-231 et pl. 6-8 [quelques corrections entre autres à ISM I 143, 180, 207 ; cf. Bull. ép. 2013, 294] ;
F. Panait Bîrzescu, A New List of Priests of Dionysos Karpophoros from Histria, Il Mar Nero 8, 2010-2011 [2013],
p. 103-112 ; V. Bottez, Three New Inscriptions from Istros, Dacia N. S. 58, 2014, p. 285-292. – Toujours d’Istros
devrait provenir, selon toute vraisemblance, un menu fragment d’une stèle portant le texte d’un décret, trouvé à
Barboşi, sur la rive gauche du Danube : S. Sanie, A Fragment of Hellenistic Inscription Discovered in the Getic
Fortress of Barboşi – Galaţi County, Istros 14, 2007, p. 155-175 [cf. Bull. ép. 2009, 358]. En ce qui concerne
l’inscription de Dragomirna (SIG3 707 = ISM I 65), la question de sa provenance demeure ouverte, même si Olbia
semble pourtant s’imposer : voir V. Cojocaru, Inscripţia greacă de la Dragomirna, Pontica 43, 2010, p. 323-345
(version en allemand dans Acta Musei Varnaensis 8, 2012, p. 267-291 ; version en russe dans Acta linguistica
petropolitana 7, 2011, 1, p. 297-318 (cf. Bull. ép. 2011, 453 ; 2012, 304 ; 2013, 293). – Quant à un autre décret, pris
à coup sûr par Istros, révélé par une pierre errante trouvée à Pliska (SEG 52, 724), voir maintenant A. Avram, Les
premiers peuples germaniques sur le bas Danube. Autour du décret SEG 52, 724, dans B. Virgilio (éd.), Studi
ellenistici, XXIX, Pise, 2015 (en cours d’impression).
3
Voir, pour l’ensemble des fouilles, P. Alexandrescu et alii, Histria VII. La Zone Sacrée d’époque grecque
(Fouilles 1915-1989), Bucarest – Paris, 2005. – Pour les recherches des dernières années, voir : A. Avram,
K. Zimmermann, M. Mărgineanu Cârstoiu et I. Bîrzescu, Nouvelles données sur la Zone Sacrée d’Histria, dans
A. Bresson, A. Ivantchik et J.-L. Ferrary (éds), Une koinè pontique. Cités grecques, sociétés indigènes et empires
mondiaux sur le littoral nord de la mer Noire (VIIe s. a.C. – IIIe s. p.C.), Actes du colloque de Bordeaux, 14-16
novembre 2002, Ausonius, Mémoires, 18, Bordeaux, 2007, p. 241-249 ; A. Avram et I. Bîrzescu, Fouilles récentes
dans la Zone Sacrée d’Istros, Études de lettres 290, 2012, 1-2 (= P. Burgunder [éd.], Histoire,
historiographie et sites archéologiques du bassin de la mer Noire), p. 279-310 + 6 pl. hors texte ; A. Avram,
I. Bîrzescu, M. Mărgineanu Cârstoiu et K. Zimmermann, Archäologische Ausgrabungen in der Tempelzone von
Histria, 1990-2009, Il Mar Nero 8, 2010-2011 [2013], p. 39-101.
3 Inscriptions d’Istros 273
Fig. 1. Inscription n° 1.
2. Fig. 2. Fragment d’une stèle en marbre brisé de tous les côtés, trouvé pendant la campagne 1991 dans
la couche de destruction correspondant à l’abandon de la ville (carré C5). Il ne reste que la partie
supérieure du champ de l’inscription et les traces d’une niche peu profonde en dessus, dans laquelle est
sculptée une couronne en relief. Il est bien possible qu’il y en ait eu une autre à gauche.
H = 0,180 m. L = 0,160 m. Ép. = 0,060 m.
Écriture assez soignée, avec des lettres profondément gravées et pourvues d’apices ; alpha à la barre
médiane brisée, nu au pied droit plus court que l’autre, sigma à des extrémités obliques ; h = 1,6-1,8 cm.
Il s’agit du commencement d’un décret pris par les Tauréastai, une association cultuelle déjà
attestée à Istros vers la même époque : ISM I 57 (l. 26/27), 60-614.
4
Cf. N. Ehrhardt, Milet und seine Kolonien. Vergleichende Untersuchung der kultischen und politischen
Einrichtungen, Francfort – Berne – New York – Paris, 21988, p. 113, 172, 410-411 (n. 228, avec bibliographie) ;
274 Alexandru Avram 4
Fig. 2. Inscription n° 2.
3. Fig. 3. Deux minuscules fragments informes d’une stèle en marbre trouvés l’un à côté de l’autre
pendant la campagne 1994 parmi les débris écroulés sur le pavage de la rue II, laquelle bordait vers l’est
un îlot urbain daté de la première moitié du VIe siècle apr. J.-C. (complexe 24/1994).
a. H = 0,072 m. L = 0,115 m. Ép. = 0,050 m.
b. H = 0,085 m. L = 0,095 m. Ép. = 0,050 m.
Écriture soignée, avec des lettres profondément gravées ; alpha à la barre médiane brisée, oméga à pieds
horizontaux, desquels partent vers le haut deux hastes reliant les pieds avec le corps de la lettre ; h = 1,3
cm (omikron plus petit).
a --------------------
traces indistinctes des bases de trois lettres
[ - - - - - - - - - - - - - - - ]αι τὸν
D. Chiekova, Cultes et vie religieuse des cités du Pont Gauche (VIIe-Ier siècles avant J.-C.), Publications
universitaires européennes, série XXXVIII, Archéologie, vol. 76, Berne et autres, 2008, p. 212-214.
5 Inscriptions d’Istros 275
[ - - - - - - - - - - - - - - ∆]ιονύσωι̣
----------------------
b ----------------------
- - - - - - - - - ΟΥ̣ - - - - - - - - - -
- - - - - - - - - ΣΚΟ - - - - - - - - -
----------------------
La position des deux fragments n’est pas sûre : notre fragment b pourrait être placé à n’importe
quel moment en dessus du fragment a. Il est impossible de se prononcer sur le caractère de cette
inscription : à retenir quand même la mention du dieu Dionysos dans un document datant de la fin de
l’époque hellénistique5.
Fig. 3. Inscription n° 3.
4. Fragment de stèle en calcaire brisé à gauche et en bas découvert pendant la campagne 2009 (complexe
2/2009). La surface en dessus du champ n’est pas travaillée.
H = 0,115 m. L = 0,150 m. Ép. = 0,070 m.
Lettres profondément gravées ; nu au pied droit plus court que l’autre ; upsilon exagérément ouvert ; h =
2,8 cm.
5
Voir infra, sous le n° 6.
276 Alexandru Avram 6
vac.
[ - - - - - - ]τη
[τοῦ δεῖνος] γυνὴ
[δὲ τοῦ δεῖνος]
------------
Les quelques lettres conservées m’incitent à supposer qu’il s’agit d’une dédicace, à condition que
le nom féminin finissant en -τη ait été précédé par le nom, au datif, d’une divinité. Une inscription
funéraire semble moins probable, vu le contexte archéologique de la découverte.
5. Fig. 4. Fragment d’une architrave en marbre brisé à gauche et à droite, trouvé pendant la campagne
2000 parmi les débris abandonnés dans le remplissage de l’ancienne « fosse sacrée »6. Double moulure en
relief à la partie supérieure. La face à inscription présente un aspect lisse et est finement martelée.
Fig. 4. Inscription n° 5.
Vu les quelques parallèles qu’offre Istros pour des dédicaces consacrées par des prêtres ou des
prêtresses au moment de la sortie de leurs charges, l’on pourrait voir dans ce modeste débris un fragment
d’une architrave appartenant à un petit édifice cultuel consacré dans un contexte pareil. Le nom de la
divinité peut être complété, à chaque fois au datif, soit ∆ι[ί] (suivi éventuellement d’une épiclèse), soit
∆ι[ονύσωι] ; décidément moins probablement ∆ι[οσκόροις]. Toutes ces divinités sont représentées dans le
panthéon d’Istros7.
6
Pour la « fosse sacrée » et les circonstances de son abandon vers le début du Ier siècle av. J.-C., voir la
bibliographie citée à la note 3.
7
Zeus : D. M. Pippidi, Studii de istorie a religiilor antice. Texte şi interpretări, Bucarest, 1969, p. 38-40 ;
cf. I. Bîrzescu, SCIVA 54-56, 2003-2005, p. 201-205. Pour une éponymie de Zeus à l’époque impériale, voir SEG
50, 683 (infra, note 10). Les Dioscures : D. M. Pippidi, op. cit., p. 57-59. Pour Dionysos, voir le commentaire au
numéro suivant.
7 Inscriptions d’Istros 277
6. Fig. 5. Fragment de stèle en marbre brisé à gauche, en bas et à droite, trouvé pendant la campagne 2000
remployé dans un mur daté du VIe siècle apr. J.-C., situé entre les carrés A8 et B8.
Fig. 5. Inscription n° 6.
[Ἀπόλ]λων̣[ι]
[∆ιον]ύ̣σω[ι]
---------
La restitution des noms des deux divinités n’est pas assurée : elle est plutôt inspirée du contexte
sacré dans lequel ce menu fragment a été découvert. Toujours est-il que Dionysos, non attesté jusqu’il y a
peu de temps encore avant l’époque impériale8, figure de plus en plus souvent dans les documents
épigraphiques récemment découverts, et cela à partir de l’époque archaïque9. Il convient d’ailleurs
d’ajouter notre fragment n° 3 (voir supra), lequel date de la basse époque hellénistique. Mieux encore, si
ma restitution s’avère finalement recevable, il serait question d’une combinaison intéressante entre
Apollon et Dionysos, des dieux peut-être moins opposés l’un à l’autre qu’on ne le croyait
traditionnellement. Quoi qu’il en soit, si à la première ligne il est permis de restituer le nom d’Apollon, il
est exclu qu’une épithète accompagnant ce même dieu ait figuré à la ligne suivante : il s’agirait plutôt
8
Pour les catalogues mentionnant les prêtres de Dionysos Karpophoros, datés du IIe siècle apr. J.-C., voir, à
l’occasion de l’édition d’un nouveau document de ce genre, F. Panait Bîrzescu, op. cit.
9
I. Bîrzescu, SCIVA 54-56, 2003-2005, p. 208.
278 Alexandru Avram 8
d’un autre dieu, qui ne saurait alors être que Dionysos. Nous aurions, par conséquent, affaire à une
dédicace consacrée à plusieurs dieux.
7. Fragment d’une stèle en calcaire brisé de tous les côtés, trouvé pendant la campagne 1994 parmi les
débris de la couche de destruction correspondant au moment de l’abandon de la ville (carré C7).
H = 0,084 m. L = 0,103 m. Ép. = 0,071 m.
Seules trois lettres disposées à la même ligne sont visibles. Il n’est pas clair s’il y avait encore d’autres
lignes. Lettres profondément gravées, mais sans apices ; h = 4,2 cm.
[ - - - ]ΙΣ Β[ - - - ]
Il s’agit peut-être d’une stèle votive – consacrée à une divinité qui demeure, certes, inconnue – par
un homme ou une femme dont le nom finissait en - ]ις et dont le patronyme commençait par Β.
8. Fig. 6a-e. Bloc en marbre découvert pendant la campagne 2005 à l’ouest du temple d’Aphrodite (aire
notée « ε »), dans une couche de remplissage contenant des débris issus de la destruction provoquée par
les Goths vers le milieu du IIIe siècle apr. J.-C. À en juger d’après ce qu’il reste de l’inscription a
(figurant du côté droit du bloc), il s’agissait à l’origine d’un monument honorifique (fig. 6a). Dans un
deuxième temps, l’ancien monument a été réutilisé à l’époque impériale, lorsqu’on l’a retaillé, afin de
faire graver sur le côté long l’inscription b. Le bloc est brisé en haut et légèrement à gauche (fig. 6b).
H = 0,350 m. L = 0,680 m. Ép. = 0,255 m.
a. Lettres espacées et disposées en stoichèdon ; h = 2,2 cm (fig. 6a).
b. Lettres élégantes, profondément gravées et ornées d’apices très prononcés ; tendance à entrecroiser
bien au-delà du point d’incidence les hastes de certaines lettres (alpha, mu, sigma) ; oméga à pieds
horizontaux ; kappa à hastes obliques recourbées vers le haut et le bas respectivement ; h = 2,3-2,4 cm
(omikron visiblement plus petit = 1,5-1,7 cm). La dernière ligne est martelée, mais il est possible de
rétablir, d’après les restes assez difficilement lisibles, le nom qui y figurait (fig. 6b-e).
a [-----]Υ Ε[--]
[ - - ] Σ vac.
Peut-être :
10
A. Avram et M. Marcu, Monument epigrafic inedit de la Histria, SCIVA 50, 1999, 1-2, p. 71-77 (EBGR
2000, 8).
9 Inscriptions d’Istros 279
Fig. 6 c-d. Inscription n° 8 : c – face b, partie inférieure gauche ; d – face b, partie inférieure centrale.
11 Inscriptions d’Istros 281
b -----------------
[..].ιλο.ο[ - - - - - - - - - ]
[Τ]ιµογένης Μητροβ̣[ίου]
[∆]ιονύσιος Κρατησίππου̣ [vac.?]
4 [Θ]εόγνητος βʹ vac.
[Ἀ]πολλόδωρος Ποσιδωνίου vac.
Ἀλέξανδρος Ἡγησαγόρου vac.
Ἡ̣φ̣α̣ι̣σ̣[τ]ό̣[δ]ω̣ρ̣ο̣ς̣ Ἡ̣γ̣η̣σ̣α̣γ̣ό̣ρ̣ο̣υ̣
vac.
L. 1 : la première lettre pourrait être un phi, car on conserve un reste, à la partie inférieure, d’une haste
manifestement plus longue que les autres lettres ; d’autre part, après ΙΛΟ (lecture assurée), l’on pourrait
éventuellement distinguer des traces d’un sigma : donc [..]φ̣ιλος̣ Ο[ - - ].
Il s’agit d’un nouvel album, de quelques décennies plus ancien que les très nombreux catalogues déjà
connus de l’époque des empereurs Hadrien et Antonin le Pieux. Presque aucun de ces personnages n’est attesté
par d’autres documents. Seule exception serait fournie par ∆ιονύσιος Κρατησίππου, membre de la gérousie, et
plus exactement – à en juger d’après sa position parmi les premiers mentionnés (ISM I 193, col. I, l. 17) – à
une époque suivant de près l’an 46 apr. J.-C.11 Est-ce ce dernier le même que le nôtre ? Si l’on répond par
11
Pour l’interprétation de ce catalogue, voir, dernièrement, M. Musielak, Histria, Tomis und Kallatis:
Möglichkeiten der prosopographischen Forschung: Kataloge, dans L. Mrozewicz et K. Ilski (éds),
Prosopographica, Poznań, 1993, p. 102-103, de même que A. Avram, ISM III, étude introductive, p. 61-63. La date
assurée de l’inscription, 138 apr. J-C. (grâce à la titulature d’Hadrien), ne vaut que pour le moment de la gravure de
la stèle. Les premiers membres de la gérousie sont ceux de l’époque de Claude et de Néron, ce qui fournit un atout
majeur à la thèse, selon laquelle la gérousie aurait été constituée peu après 46 apr. J.-C., c’est-à-dire juste après
l’intégration de la Dobroudja à la province de Mésie, ce qui aura été perçu à Istros comme « une seconde fondation
de la cité » (δευτέρα κτίσις τῆς πόλεως ; cf. ISM I 191). – De l’intervention de feu A. Suceveanu à ce propos, La
“seconde fondation” d’Histria, dans Idem, Opuscula Scythica. Grecs et Romains au Bas-Danube, Bucarest, 2009,
282 Alexandru Avram 12
l’affirmative, la date de notre document serait à chercher à l’époque des derniers Flaviens plutôt qu’au temps
des premiers Antonins. Il s’agit, quoi qu’il en soit, d’un membre de la même famille.
Il y a, d’autre part, quelques nouveautés onomastiques : un nom (Τιµογένης) qui, en dépit de sa
banalité, n’était pas connu à Istros jusqu’à ce jour, et un autre (Μητρόβιος) qui ne l’était qu’à l’époque
hellénistique (ISM I 173).
Pour le reste, on retrouve des noms déjà attestés dès l’époque hellénistique – l’on connaît, par exemple,
un Ἀλέξανδρος Ἡγησαγόρου vers la fin de l’époque hellénistique (ISM I 126)12 –, ce qui témoigne, une fois
de plus, des traditions onomastiques jalousement conservées dans les familles des notables istriens.
9. Fig. 7. Fragment d’une stèle en marbre brisé à gauche et en haut, trouvé pendant la campagne 2011
(complexe 17/2011). Le champ de l’inscription, délimité par une moulure haute de 1 cm, est le seul à
avoir été rendu lisse, alors que les bords ne sont nullement travaillés.
Fig. 7. Inscription n° 9.
p. 361-371 (reprise d’une étude précédemment publiée dans Studia historica et archaeologica. In honorem
magistrae Doina Benea, Timişoara, 2004, p. 361-371), on ne retiendra que le langage de caniveau et l’incapacité
chronique de cet auteur de mener une véritable polémique académique.
12
Datée des Ier/IIe siècles apr. J.-C. par D. M. Pippidi, l’inscription est en fait beaucoup plus ancienne : IIe/Ier
siècles av. J.-C. d’après LGPN IV.
13 Inscriptions d’Istros 283
------------
vac.
[ - - - - ] Β̣ιάνορος
[ - - - Με]νίσκου
[ - - - Φί]λωνος
[ - - - Ἀρ]τ̣εµᾶ vac.
L. 1 : seule la partie droite de la boucle supérieure du bêta est visible. – L. 4 : après la cassure, on voit
l’extrémité droite de la barre horizontale du tau (qui semble être en ligature avec l’epsilon qui suit).
Eu égard à nombre d’analogies13, il est presque sûr qu’il s’agit d’un catalogue des prêtres de
Dionysos Karpophoros. Si tel est le cas, la partie supérieure de la stèle, avant le vacat, aurait dû révéler la
formule consacrée : ∆ιονύσου Καρποφόρου ἱερεῖς.
Il est impossible de rétablir les noms de ces quatre personnes, dont seuls les patronymes peuvent être
complétés. Je constate toutefois que le catalogue des membres de la gérousie (ISM I 193)14 recense parmi les
membres plus récents (col. II, l. 38 : dernières années d’Hadrien) un Βιάνωρ Ἑκαταίου, lequel pourrait être le
père d’un supposé Ἑκαταῖος Βιάνορος de notre inscription, ainsi qu’un Ἀρτεµᾶς Φίλωνος (col. I, l. 101) et un
Φίλων Ἀρτεµᾶ (col. II, l. 73), lesquels (père et fils ?) pourraient appartenir à la même famille que les deux
derniers personnages figurant dans notre catalogue. Au vu de ces possibles connexions prosopographiques,
notre catalogue daterait des dernières années d’Hadrien ou du début du règne d’Antonin le Pieux, ce qui ne
s’opposerait guère aux traits paléographiques que présente son écriture.
10. Fig. 8. Fragment informe d’une stèle en marbre trouvé pendant la campagne 1991 parmi les débris de
la couche de destruction correspondant au moment de l’abandon de la ville.
13
Voir supra, note 8.
14
Voir supra, note 11.
284 Alexandru Avram 14
-------------
- - - - - Λ̣ΙC - - - - -
- - - - - Τ̣ΟCΙΝ vac.
----------..
BMC – H. Mattingly, Coins of Roman Empire in the British Museum, London, 6 vol., 1923–1962
BMI – Buletinul Monumentelor Istorice, Bucureşti
BNSR – Buletinul Societăţii Numismatice Române, Bucureşti
BNF – Bibliothèque nationale de France, Paris
Broughton, Magistrates – T. Robert S. Broughton, The Magistrates of the Roman Republic, I-II, New
York, 1952; Supplement, New York, 1960
BSNR – Buletinul Societăţii Numismatice Române, Bucureşti
BS – Bibliotheca Sanctorum, 12 vol., Roma, 1961–1970
BSAcad. – Buletin Ştiinţific al Academiei Republicii Populare Române. Seria Ştiinţe istorice, filologice şi
economico-juridice, Bucureşti
BullÉp (BÉ) – Bulletin Épigraphique, Paris
ByzZ – Byzantinische Zeitschrift, München
CAB – Cercetări Arheologice în Bucureşti, Muzeul Municipiului Bucureşti, Bucureşti
CArch – Cahiers Archéologiques, Paris
CCG – Cahiers du Centre Gustav-Glotz , Publications de la Sorbonne, Paris
Cercetări Arheologice – Cercetări Arheologice. Muzeul Naţional de Istorie a României, Bucureşti
CIL – Corpus Inscriptionum Latinarum, Berlin
CIMRM – J. M. Vermaseren, Corpus Inscriptionum et Monumentorum Religionis Mithriacae, 2. vol.,
1956–1960.
CIRB – V. V. Struve et al., Corpus Inscriptionum Regni Bosporani, Leningrad, 1965
CJ – The Clasical Journal, Athens
CN – Cercetǎri numismatice, Muzeul Naţional de Istorie a României, Bucureşti
ClAnt – Classical Antiquity, Berkeley, California
CRAI – Comptes Rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Paris
CRR (Grueber) – H. A. Grueber, Coins of the Roman Republic in the British Museum, 3 vol., London, 1910
Dacia – Dacia. Fouilles et recherches archéologiques en Roumanie, Bucureşti
Dacia N.S. – Dacia (Nouvelle Série). Revue d’archéologie et d’histoire ancienne, Bucureşti
DACL – Dictionnaire d’Archéologie Chrétienne et de Liturgie, 15 vols., Paris, 1899
DECA – Dictionnaire Encyclopédique du Christianisme Ancien, Paris, 1990
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