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vaîl pendant lequel les ouvriers produisent, d’autant plus grande est,
par application rigoureuse de la loi de la valeur, la quantité de valeur
qu’iîsont ajoutée aux moyens de production et qu’ils ont nouvellement
créée, Et cette quantité de valeur, que le capitaliste retire de la, force
\ de travail qu’il a achetée» peut être et sera plus grande que la valeur
de la force de travail elle-même. La force de travail, en effet, est une
marchandise achetée sur le marché comme toutes les autres marchant
dises, et, comme toutes les autres marchandises, la force de travail ne
tombe pas du ciel, mais sa production et son entretien coûte de la dé
pense de travail. L’ouvrier doit se nourrir, se vêtif, se l.oger, etc., pour
vivre et conserver sa force de travail, il doit acheter sur le marché sa
nourriture, ses vêtements, son logement. La dépense de travail conte
nue dans ces vêtements, dans celte nourriture» c'est ce qui constitue
la dépense de travail nécessaire pour l’entretien de la marchandise
force de travail et détermine comme telle la valeur de celle-ci. Cette
valeur est relativement faible, d’environ, comme le suppose Marx, six
heures de travail et rien n'empêche le capitaliste omnipotent, s’il doit
payer entièrement cette valeur h l’ouvrier, de le faire travailler plu$
longtemps, îî, 10, 12 ou 14 heures et de lui extorquer ainsi une plus
grande quantité de valeur. C’est cette quantité de valeur, contenue
dans le nouveau produit et pour laquelle le capitaliste n'a rien eu
a payer, que Marx appelle la plus-value. Ce fait que le possesseur d’ar
gent, qui emploie son argent industriellement, s’approprie de la plus-
value pendant la production et par conséquent qu’il retire par la vente
du nouveau produit, sans devoir le vendre au-dessus de sa valeur, un
excédent sur la somme avancée, ce fait nous donne la clef pour com
prendre méthodiquement le mécanisme compliqué du système c a p i
taliste,
*
De tout cela il résulte que le capital consiste dans une valeur qui
s’accroît d’elle-même. La somme d’argent que le capitaliste emploie
industriellement consiste dans une certaine quantité de valeur qu’il
échange contre des marchandises (moyens de production, force de tra
vail) d’une valeur égaie. La force de travail et les moyens de produc
tion sont consommés dans le processus de production qui donne un
produit nouveaui mais un produit d’une valeur supérieure et qui est
ensuite converti en une quantité d’argent plus grande que la quantité
dépensée. Ce processus, dans lequel la valeur du capital se convertit
de forme argent en forme marchandise, de celle-ci dans la forme
d’un nouveau produit dans lequel est cristallisée plus de valeur et
enfin dans un quantum d’argent plus élevé, ce processus de repro-
LE Hl° VOLUME DU CAPITAL DB KARL MARX 187
üuclion, se répétant et se renouvelant incessamment, nous dévoile la
nature propre du capital industriel qui sert en même temps de fon
dement, dans la société bourgeoise moderne, au capital commercial et
au capital prêté..
Il est évident que, si le capitaliste industriel tire de la plus-value du
processus de production, cette plus-value n’est due qu'à une partie de
son capital, à celle qu’il a employée à l’achat de la force de travail
vivant. Tout le surplus du capital, dépensé en machines, matières pre- >
inières, fie peut pas de lui-même augmenter de valeur. Cependant on >
ne peut pas se passer de cette partie du capital, car, sans elle, les for
ces de travail achetées ne peuvent évidemment créer aucun produit,
et par suite ni valeur ni plus-value. Donc les marchandises inertes et
sans vie achetées par celte partie du capital ne transmettent au produit
achevé que la valeur qu’elles contiennent, dans la mesure où elles sont
utilisées par le processus de production. Celte transmission de va
leur n’est pas création de valeur, et moins encore de plus-value. Pour
mettre en évidence ces différences caractéristiques, Marx appellera
partie du capital employée dans l’achat de la force de travail le capital
variable (c’est-à-dire ajoutant de la plus-value dans le processus de
production), et capital constant (c’est-à-dire transm ettant simplement
sa valeur dans le processus de production) la partie du capital em
ployée à l’achat des moyens de production. Le rapport entre la quan
tité de plus-value créée par le sur-travail des ouvriers et la valeur que
le capitaliste a payée en salaires aux ouvriers, c’est-à-dire le capital
variable, c’est ce que Marx appelle le tauæ de la plus-value. La plus-
value extorquée aux ouvriers par chaque capital industriel dans le
processus de production est d’autant plus grande qu’est plus petite 1%
valeur de la force de travail, plus longue (à intensité égale de travail)
la durée du travail et plus considérable le nombre des ouvriers em
ployés p a rle possesseur de capital.
* S
II
jusqu’à ce que les prix soient fixés partant de telle façon qu’ils garàn-l
tissent aux capitalistes qui emploient le même capital un profit moyen
égal danig toutes les branches d’industrie.
. Il résulte donc que le prix des marchandises produites capitalislique-
190 LE DEVENIR SOCIAL
profil qui reste aux industriels est ainsi plus petit que la quantité de
plus-value extorquée par eux à la classe ouvrière.
Les industriels, les commerçants, les prêteurs n’épuisent pas la liste
de» classes qui vivent du profit. Les propriétaires du sol moissonnent
aussi là oit ils n’onl pas semé, cl la renie foncière, qu’ils empochent,
est une des formes les plus importantes du revenu sans travail dans
la société moderne. En lenninanl, nous dirons quelques mois de la
théorie de la rente développée dans ce troisième volume du capital.
Le fait qu’un prix plus élevé doit être payé pour les meilleures caté
gories de lerres utilisées dans la production primitive, Marx l’explique
d ’après Iticardo (mais en approfondissant ses théories) comme un
résultat du sur-profit moyen produit par les capitaux qui travail
lent les meilleures terres. La valeur se détermine pour chaque espèce
de marchandises, comme Marx l’a développé amplement dans le pre
mier volume, d’après la quantité de travail moyen qui doit être em
ployée pour sa confection. Dans l’industrie, nous savons déjà que le
temps de travail nécessaire pour la confection de produits industriels
déterminés s’écarte considérablement de celte moyenne dans les dif
férents établissements. D’après la qualité de leur matériel technique,
les différents capitalistes dé celte branche industrielle dépensent plus
ou moins que le temps de travail moyennement nécessaire. Les éta
blissements les mieux outillés, dont le produit contient moins que le
travail nécessaire en moyenne, ont ainsi épargné du travail et de la
valeur. La valeur épargnée leur assure un profit supérieur à celui de
leurs concurrents, un surplus de profit, comme dit Marx. Celte règle
que les capitalistes, qui épargnent du travail par une technique amé
liorée, emploient moins que la dépense moyenne du travail, retirent
un surprofit correspondant, demeure vraie, si les prix du marché de
loulcs les branches s’écartent, à cause de l’égalisation des profijt d’après
la règle développée ci-dessus, de la valeur du travail. Dans l’agricul
ture et dans les mines, la circonstance qu’un entrepreneur emploie
moins que la dépense moyenne du travail pour la confection d’une
certaine quantité de produit ne dépend qu’en partie des moyens
techniques employés, mais elle dépend avant tout de la bonlé et de la
productivité du sol lui-méme, C’est ainsi que la propriété de celle
terre priviliégée est la source du surprofit qu’on lire de la production
primitive. Par la vente des propriétés, des mines, etc., le nouvel ache
teur aura à payer non seulement le capital fixe incorporé au sol, mais
de plus le montanl capitalisé du surplus de prolH annuel. S’il n’avait
pas à le payer, il aurait obtenu gratis, avec le sol, une source d’extra*
LE 111° VOLUME DU CAPITAL DE KARL MARX 193
profit, cl on ne fait cadeau de rien dans la société capitaliste. Ce mon-
lant capitalisé d ’exlra-profil, que la culture de pièces de terrains déter
minées donne au cultivateur, représente le prix de cette pièce de ter
rain. Si le propriétaire du sol ne veut pas cultiver lui même, mais s’il
ne veut pas non plus le vendre, il le loue et le fermier doit payer cha
que année Pexlra-proflt sous forme de renie foncière au propriétaire,
il ne lui (au fermier) reste que le profit moyen de son capital employé
îi la culture, et très souvent pas même autant. Mais le point de vue
rnis ici en évidence forme, pour Marx, seulement la base générale dont j
il part pour scs recherches plus étendues sur la nature et le mouve
ment de la rente foncière. Celle simple indication suffit ici.
Puisse ce troisième volume ne pas trouver trop peu de lecteursI La
lecture n’en est pas facile; mais la difficulté, comme aussi les répéti
tions nombreuses et les longueurs, ne devraient pas nous empêcher
d’éludier ce livre, ou plutôt ce manuscrit (car notre grand théoricien
n’a malheureusement pas pu l’achever). Incomparable est chez Marx là
pénétration de la pensée, incomparable la perspicacité, avec laquelle il
recherche partout la nature des phénomènes. L'ensemble de son œuvre
s’élève majestueusement au-dessus de toutes les constructions élevées
dans le domaine de la science économique; niais il va de soi que celte
œuvre ne peut ni ne veut être une limite posée k l’examen théorique.
Beaucoup de points restent obscurs, el nécessitent de nouvelles recher
ches: Marx aurait été le dernier k le contester. Mais il y a critique et
critique. Ce que les économistes officiels ont jusqu’ici eu l’habitude de
désigner sous ce nom ne consistait d’ordinaire qu’en un fatras d’er
reurs lamentables. La véritable critique consistera k continuer ces
recherches.
C o n r a d S c h m id t .